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Mise en page 1 - FRAC Basse-Normandie

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CCÔÔTTÉÉ JJAARRDDIINN<br />

Knut Asdam, Martine Aballéa, Jean-Luc André<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

Réseau académique des galeries d’art 2008-2009<br />

9 RUE VAUBENARD 14000 CAEN 02 31 93 09 00 www.frac-bn.org<br />

Le <strong>FRAC</strong>.BN bénéficie du concours du Ministère de la Culture et de la Communication, Direction Régionale des Affaires<br />

Culturelles de <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong> et de la Région <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong>.


CCÔÔTTÉÉ JJAARRDDIINN<br />

Knut Asdam, Martine Aballéa, Jean-Luc André<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

SOMMAIRE<br />

- PRÉSENTATION DU <strong>FRAC</strong> BASSE-NORMANDIE<br />

- TEXTE DE PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION CCÔÔTTÉÉ JJAARRDDIINN<br />

- “QUELQUES PISTES”<br />

- “QUELQUES RÉFÉRENCES”<br />

- KNUT ASDAM, MARTINE ABALLÉA, JEAN-LUC ANDRÉ :<br />

NOTICES BIOGRAPHIQUES ET REVUES DE PRESSE


CCÔÔTTÉÉ JJAARRDDIINN<br />

Knut Asdam, Martine Aballéa, Jean-Luc André<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

LE <strong>FRAC</strong> BASSE-NORMANDIE<br />

Une histoire de l'art au prés<strong>en</strong>t<br />

C'est bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> ces termes paradoxaux que peut se nommer l'action des Frac. Dès 1983, le parti a<br />

été pris de réunir des œuvres qui n'avai<strong>en</strong>t a priori que leur seule contemporanéité à faire valoir,<br />

afin de constituer un patrimoine, trésor régional au risque du prés<strong>en</strong>t.<br />

La collection du Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong> fait état aujourd'hui de plus de 900 œuvres de près de 400<br />

artistes. En évolution perman<strong>en</strong>te, la collection trouve sa cohér<strong>en</strong>ce dans des lignes de force qui<br />

vont de la peinture abstraite à un <strong>en</strong>semble photographique qui s'approprie le paysage, le portrait,<br />

le corps et dont une large part fait écho à la construction d'une image <strong>en</strong> relation à l'architecture.<br />

Plus récemm<strong>en</strong>t, c'est la place de l'humain dans la société contemporaine (systèmes urbains, sociaux<br />

et informatifs) qui est questionnée dans des œuvres aux médiums diversifiés (photographie,<br />

sculpture, vidéo, installation). Enfin une section est consacrée aux œuvres <strong>en</strong> rapport à l'Histoire<br />

contemporaine.<br />

Une collection <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t<br />

D'abord conçue comme un <strong>en</strong>semble d'œuvres disponibles pour des expositions sur le territoire<br />

régional dans les différ<strong>en</strong>ts lieux susceptibles de les accueillir (musées, c<strong>en</strong>tres, d'art, c<strong>en</strong>tres culturels,<br />

sites historiques), le Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong> bénéficie depuis 1996 d'espaces d'expositions<br />

propres. L'activité d'expositions se répartit donc selon ces deux axes : l'un de diffusion de la collection<br />

sur le territoire régional, l'autre d'expositions au Frac dans lesquelles sont invités des artistes<br />

contemporains dans des expositions monographiques ou thématiques. Il est <strong>en</strong> effet ess<strong>en</strong>tiel au<br />

Frac d'être <strong>en</strong> contact direct avec la création contemporaine, échanges fructueux dans le flux vivant<br />

de l'actualité de l'art.<br />

La r<strong>en</strong>contre<br />

Outre cette r<strong>en</strong>contre perman<strong>en</strong>te par l'exposition, c'est à une éducation du regard et à la s<strong>en</strong>sibilisation<br />

des publics que le Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong> consacre une large part de son activité. Les services<br />

culturels et éducatifs mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place ces formations dans le cadre de nombreux échanges<br />

et collaborations qui vont de l'école primaire à l'université. Au public adulte, il est proposé des r<strong>en</strong>contres<br />

avec des artistes, des confér<strong>en</strong>ces, des soirées vidéo ou <strong>en</strong>core la visite comm<strong>en</strong>tée du<br />

samedi après-midi.<br />

Le Frac propose <strong>en</strong> accès libre un important fonds docum<strong>en</strong>taire, monographies d'artistes contemporains,<br />

ouvrages généraux et revues. La banque de données Vidéomuseum qui répertorie l'<strong>en</strong>semble<br />

des collections des Frac et des principaux musées d'art contemporain français y est consultable.<br />

La collection du Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong> est consultable <strong>en</strong> ligne : www.frac-bn.org/collection.htm<br />

Contact pour les <strong>en</strong>seignants :<br />

Julie Laisney, Chargée des publics<br />

julie.laisney@wanadoo.fr - 02 31 93 92 41


CCÔÔTTÉÉ JJAARRDDIINN<br />

Knut Asdam, Martine Aballéa, Jean-Luc André<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

TEXTE DE PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION CCÔÔTTÉÉ JJAARRDDIINN<br />

Les œuvres de Knut Asdam, Martine Aballéa et Jean-Luc André ouvr<strong>en</strong>t au spectateur les portes de<br />

jardins étranges et inquiétants. La végétation, loin de ses fonctions traditionnelles d'agrém<strong>en</strong>t ou<br />

d'alim<strong>en</strong>tation, y est la métaphore d'états psychologiques incertains ou sert de support à des fictions<br />

futuristes.<br />

Knut Asdam interroge la manière dont chaque individu vit aujourd'hui dans la ville, une ville qui est<br />

créée par ceux qui l'habit<strong>en</strong>t autant qu'elle les façonne. La série Psychasth<strong>en</strong>ia 10 (2000-2001) est<br />

constituée de photographies nocturnes d'immeubles d'habitation qui évoqu<strong>en</strong>t la capture d'image<br />

par des caméras de surveillance. La lumière verdâtre, l'abs<strong>en</strong>ce de toute trace d'activité humaine,<br />

la taille monum<strong>en</strong>tale des bâtim<strong>en</strong>ts - amplifiée par le cadrage <strong>en</strong> contre-plongée - confèr<strong>en</strong>t à ces<br />

scènes urbaines un caractère irréel, proche de la sci<strong>en</strong>ce-fiction. L'émerg<strong>en</strong>ce d'arbres au milieu<br />

des tours de béton r<strong>en</strong>force cette impression. Cette nature importée par la main de l'homme ne fait<br />

<strong>en</strong> effet que conforter, <strong>en</strong> donnant à l'œil un point de comparaison, le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t que la ville n'a pas<br />

été bâtie à son échelle.<br />

Martine Aballéa aime mélanger la fiction et la réalité, le beau et l'inquiétant. Possédant cette faculté<br />

de séduire avant de révéler des pouvoirs malfaisants, voire destructeurs, le monde végétal<br />

l'inspire régulièrem<strong>en</strong>t. Ainsi, la série Epaves du désir (1995) est constituée de photographies noir<br />

et blanc de paysages - marais aux eaux stagnantes, arbres morts, verdure <strong>en</strong>fermée derrière un<br />

portail sinistre - dont la désolation contraste avec les douces couleurs pastel qui les recouvr<strong>en</strong>t. Le<br />

texte qui leur est associé joue égalem<strong>en</strong>t sur l'ambiguïté <strong>en</strong> juxtaposant des termes a priori contradictoires.<br />

Comme le laisse <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le titre de la série, la végétation est ici, comme c'était le cas<br />

dans les peintures romantiques du XIXème siècle, la représ<strong>en</strong>tation métaphorique d'un état<br />

intérieur, psychologique ambival<strong>en</strong>t.<br />

Jean-Luc André crée <strong>en</strong> 1998 la BAnque Aléatoire DE Récit (Baaderbank). Selon lui, « le monde est<br />

un vaste réservoir de récits pot<strong>en</strong>tiels, la Baaderbank est l'organisme le plus adapté au travail de<br />

matérialisation de ces pot<strong>en</strong>tiels. ». Les Peintures transgéniques (2006-2007) sont représ<strong>en</strong>tatives<br />

de cette démarche qui procède par appropriation et piratage du réel tel qu'il apparaît notamm<strong>en</strong>t<br />

dans les médias. Utilisant la facture classique de la peinture figurative, Jean-Luc André y réunit et<br />

hybride deux événem<strong>en</strong>ts emblématiques du XXIème siècle : la guerre <strong>en</strong> Irak et les expérim<strong>en</strong>tations<br />

m<strong>en</strong>ées dans les champs d'OGM. Champignons méduses, Citrouilles gothiques et Salades<br />

verticales peupl<strong>en</strong>t un univers futuriste aux rel<strong>en</strong>ts apocalyptiques où la nature, comme l'indiqu<strong>en</strong>t<br />

les textes qui accompagn<strong>en</strong>t chaque peinture, a été bouleversée par des incid<strong>en</strong>ts industriels et<br />

autres manipulations génétiques. Un monde fictionnel et pourtant pas si éloigné du nôtre.


CCÔÔTTÉÉ JJAARRDDIINN<br />

Knut Asdam, Martine Aballéa, Jean-Luc André<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

“QUELQUES PISTES” (I)<br />

Le rapport de l’homme à son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t :<br />

- la végétation comme révélateur d’un milieu de vie inadapté à l’homme : les arbres prés<strong>en</strong>ts<br />

dans les photographies de Knut Asdam, <strong>en</strong> donnant à l’oeil un point de comparaison, une<br />

échelle, mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce le caractère disproportionné des immeubles par rapport aux<br />

êtres qu’ils abrit<strong>en</strong>t. Le titre de la série Psychasth<strong>en</strong>ia #10 - <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce à la psychasthénie,<br />

état névrotique caractérisé par le doute et la neurasthénie - semble confirmer le mal-être que<br />

peuv<strong>en</strong>t ress<strong>en</strong>tir les habitants dans un tel <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />

- le paysage comme métaphore d’un état psychologique incertain : comme l’indique le titre de<br />

la série (Epaves du désir) ainsi que des oeuvres (Espoirs moisis, Compassions fétides,<br />

Chagrins infestés, Larmes caustiques), les paysages dévastés de Martine Aballéa sont avant<br />

tout la métaphore d’un état psychologique ambival<strong>en</strong>t.<br />

- l’expression de préoccupations de type écologique : les Peintures transgéniques de Jean-<br />

Luc André et les textes qui les accompagn<strong>en</strong>t évoqu<strong>en</strong>t un monde où incid<strong>en</strong>ts industriels et<br />

manipulations génétiques ont profondém<strong>en</strong>t modifié la nature et transformé certains<br />

légumes <strong>en</strong> élém<strong>en</strong>ts nuisibles à l’homme.<br />

La création de fictions pr<strong>en</strong>ant pour point de départ la réalité :<br />

- une ambiance évoquant les films de sci<strong>en</strong>ce-fiction : les lieux photographiés par Knut<br />

Asdam (banlieues résid<strong>en</strong>tielles de Paris, Oslo et Berlin) p<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l’appar<strong>en</strong>ce, du fait de<br />

l’éclairage (photographies prises de nuit dont la lumière semble verdâtre), du cadrage (photographies<br />

prises <strong>en</strong> contre-plongée et tronquant les immeubles dont la hauteur apparaît<br />

alors pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t infinie) et de l’abs<strong>en</strong>ce de toute prés<strong>en</strong>ce humaine, de scènes de films<br />

de sci<strong>en</strong>ce-fiction.<br />

- des paysages à la fois vrais et faux : les marais, sous-bois et jardins qui apparaiss<strong>en</strong>t dans<br />

les oeuvres de Martine Aballéa sont bi<strong>en</strong> réels mais les couleurs pastels qui les recouvr<strong>en</strong>t ne<br />

correspond<strong>en</strong>t pas à celles observables dans la nature. Les paysages ainsi crées sont à michemin<br />

<strong>en</strong>tre fiction et réalité, beauté et inquiétude.<br />

- l’appropriation et le piratage du réel : Jean-Luc André s’inspire de faits marquants du début<br />

du XXIème siècle (la guerre <strong>en</strong> Irak, les champs d’OGM) pour créer des univers complètem<strong>en</strong>t<br />

fictifs mais qui mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lumière certains risques auxquels s’expose l’humanité.<br />

Le rapport texte/image :<br />

- le détournem<strong>en</strong>t des codes de la publicité : les oeuvres de Martine Aballéa emprunt<strong>en</strong>t à la<br />

publicité l’association d’une image et d’un texte ainsi que l’<strong>en</strong>jolivem<strong>en</strong>t de la réalité (ici, par<br />

l’ajout de couleurs pastels à des paysages tristes). Mais, contrairem<strong>en</strong>t à la publicité dont le<br />

message doit être facilem<strong>en</strong>t et rapidem<strong>en</strong>t compris par tous, les oeuvres de Martine Aballéa<br />

jou<strong>en</strong>t sur l’ambiguité.<br />

- l’illustration d’un récit imaginaire : l’écrit occupe une place importante dans l’oeuvre de<br />

Jean-Luc André. Ses Peintures transgéniques sont ainsi accompagnées de textes de fiction<br />

qui décriv<strong>en</strong>t, avec un humour et un style propres à l’artiste, le contexte dans lequel ces<br />

étranges légumes sont apparus.<br />

La série :<br />

toutes les oeuvres de l’exposition font partie de séries, c’est-à-dire d’<strong>en</strong>semble d’oeuvres<br />

explorant un même sujet ou témoignant d’une même recherche formelle.


CCÔÔTTÉÉ JJAARRDDIINN<br />

Knut Asdam, Martine Aballéa, Jean-Luc André<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

“QUELQUES RÉFÉRENCES” (I) : quelques jardins d’artistes<br />

Gloria FRIEDMANN (1950, Allemagne)<br />

Hier+Jetzt (Ici et maint<strong>en</strong>ant), 1997<br />

D'un propos fort <strong>en</strong>gagé, relevant parfois de l'acte militant,<br />

les œuvres de Gloria Friedmann soulèv<strong>en</strong>t les incohér<strong>en</strong>ces<br />

de l'individu face à son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t naturel. Fil conducteur<br />

de son œuvre depuis les années 80, la nature comprise<br />

tant sous la forme de l'animal, de l'organique que du<br />

paysage, est <strong>en</strong>visagée dans son rapport conflictuel au<br />

pouvoir politique, économique et les contradictions<br />

écologiques qui <strong>en</strong> découl<strong>en</strong>t. Puisant dans l'imagerie de la<br />

propagande politique, ou dans les composants technologiques<br />

emblèmes d'une société dictée par la r<strong>en</strong>tabilité, elle y superpose, mêle ou oppose des élém<strong>en</strong>ts<br />

naturels, animaux empaillés, ossem<strong>en</strong>ts créant le constat d'un « langage impossible », une sorte<br />

de « hiatus » inévitable.<br />

“Il y a des nombres qui font mal. 1933 est un nombre qui a fait mal et fera mal <strong>en</strong>core longtemps. Et qui<br />

doit faire mal. Le mémorial Hier und jetzt (ici et maint<strong>en</strong>ant) rappelle la justice nazie de Hambourg. Le<br />

côté de mur qui regarde la ville porte une photographie panoramique de Hambourg aujourd’hui. La biodiversité<br />

des plantes va du choux-fleur au cactus, de la rose à l’ortie. Des végétaux bons ou mauvais, d’ici<br />

ou des pays étrangers. Les juges, eux, ont signé chacun un contrat pour s’occuper d’une plante. J’espère<br />

que cette école de jardinage rappellera aux juges leur fonction de soigner et de bi<strong>en</strong> traiter ceux qui sont<br />

<strong>en</strong> face d’eux.” (Gloria Friedmann)<br />

Jeff WALL (1946, Canada)<br />

A Spaling Held by a Post (Arbrisseau sout<strong>en</strong>u par un tuteur), 2000<br />

ektachrome sur boîte lumineuse, 50,5 x 40,5 cm<br />

Tate Modern, Londres<br />

Depuis la fin des années 70, Jeff Wall crée des images photographiques<br />

qui se situ<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre le cinéma, la photographie et la<br />

peinture. Ses œuvres, qui sont rarem<strong>en</strong>t de simples instantanés,<br />

sont le résultat d'une rigoureuse mise <strong>en</strong> scène. L'artiste déjoue<br />

nos att<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>vers une photographie qui serait une "tranche dans<br />

le réel", il cherche surtout à questionner la représ<strong>en</strong>tation, à montrer<br />

que toute image est une fabrication, avec ses <strong>en</strong>jeux et son discours.<br />

Ses photographies,de grand format et prés<strong>en</strong>tées dans des<br />

caissons lumineux afin de faire référ<strong>en</strong>ce au tableau, sont souv<strong>en</strong>t<br />

inspirées d'œuvres appart<strong>en</strong>ant à l’histoire de l’art.<br />

“A Sapling Held by a Post (2000) offre un plan rapproché d’un<br />

arbrisseau sout<strong>en</strong>u par un tuteur, démonstration de l’interdép<strong>en</strong>dance manifeste qui règne <strong>en</strong>tre la<br />

nature et l’homme. Comme une allégorie de la fragilité de la nature dans cet <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t dominé,<br />

perverti par l’homme, la photographie du Canadi<strong>en</strong> Jeff Wall, surtout connu pour ses mises <strong>en</strong> scène, est<br />

étonnamm<strong>en</strong>t touchante. La perfection espérée du jardin confère à la viol<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>vers la nature des<br />

gestes artificiels et forcés qui rappell<strong>en</strong>t combi<strong>en</strong> la botanique et l’art des jardins emploi<strong>en</strong>t la force.<br />

L’image est ici ambiguë <strong>en</strong>tre le sauvetage, le soin et la blessure.”<br />

(source : Bénédicte Ramade, “Délicieux jardins de peintres”, L’Oeil, n°588, février 2007)


CCÔÔTTÉÉ JJAARRDDIINN<br />

Knut Asdam, Martine Aballéa, Jean-Luc André<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

“QUELQUES RÉFÉRENCES” (II) : quelques jardins d’artistes et de chercheurs<br />

Ian Hamilton FINLAY (1925, Ecosse)<br />

Little Sparta, depuis 1978<br />

Dabord poète, Ian Hamilton Finlay fait des expéri<strong>en</strong>ces <strong>en</strong><br />

matière de poésie concrète. A partir de 1967, il travaille à la<br />

réalisation de Stonypath (rebaptisé Little Sparta <strong>en</strong> 1978)<br />

au sud d’Edimbourg, à la fois jardin et oeuvre d’art, aidé de<br />

plusieurs collaborateurs et de sa femme. Il a déposé dans<br />

plusieurs jardins-musée d’Europe des ext<strong>en</strong>sions de son<br />

domaine et expose parfois des sculptures dans des salles<br />

de musées.<br />

“Le maître des lieux a un jardin très cultivé, mais il est vrai<br />

qu’il y travaille depuis plus de tr<strong>en</strong>te ans. Sa culture picturale<br />

est un fertilisant précieux, surtout celle qui concerne la peinture de paysage du XVIIème siècle<br />

français. Il <strong>en</strong> reti<strong>en</strong>t la rigueur et le s<strong>en</strong>s de la composition qui permett<strong>en</strong>t d’organiser le désordre végétal<br />

du jardin anglais. Délibérém<strong>en</strong>t néo-classique, Finlay <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d construire un espace maîtrisé , construit<br />

comme une sculpture, t<strong>en</strong>u comme une mise <strong>en</strong> <strong>page</strong>s. Il y dispose donc des petits monum<strong>en</strong>ts<br />

érigés ici et là. Chacun constitue un mom<strong>en</strong>t pour la méditation, le recueillem<strong>en</strong>t du visiteur et relève<br />

d’une attitude vis-à-vis du monde <strong>en</strong> invoquant des modèles dont l’histoire est chargée. Ici, chaque point<br />

de vue conti<strong>en</strong>t un tableau et chaque tableau conti<strong>en</strong>t une morale.”<br />

(source : Christophe Domino, A ciel ouvert, Editions Scala, 1999)<br />

Peter FISCHLI et David WEISS (1952 et 1946, Suisse)<br />

Gart<strong>en</strong> (Jardin), conçu et réalisé dans le cadre de<br />

Skulptur<strong>en</strong> Projekte 97, Münster (juin-septembre 1997)<br />

Peter Fischli et David Weiss travaill<strong>en</strong>t <strong>en</strong> duo et depuis<br />

plus de vingt ans à contre-courant de la culture savante,<br />

sur le monde du quotdi<strong>en</strong> qu’ils sav<strong>en</strong>t prélever sans<br />

complaisance et surtout avec une énergie à la fois critique<br />

et amusée.<br />

“Leur att<strong>en</strong>tion méticuleuse aux choses ordinaires leur<br />

fait concevoir et exécuter par de vrais jardiniers un<br />

jardin potager qui n’a ri<strong>en</strong> <strong>en</strong> somme de particulier. Prévu pour pouvoir nourrir une famille de douze personnes,<br />

il associe légumes, fruits et fleurs, avec juste un peu plus d’exubérance qu’il n’est strictem<strong>en</strong>t<br />

nécessaire. Microcosme complet, avec remise à outils, banc pour le repos, serres et compost, tout ou<br />

presque ici accepte les contraintes de la productivité, sans négliger les précautions écologiques : toute<br />

une série de considérations qui form<strong>en</strong>t elles aussi un ordre dans le projet de jardin, mais qui ne relèv<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> ri<strong>en</strong> de quelque idée d’art que ce soit, ni même de la moindre int<strong>en</strong>tion de cet ordre. Prés<strong>en</strong>té dans<br />

le cadre d’une exposition de sculpture, le jardin n’a pour autant ri<strong>en</strong> d’autre à dévoiler que ses qualités<br />

de jardin. En donnant le seul spectacle de la productivité potagère, Fischli et Weiss demand<strong>en</strong>t à leurs<br />

visiteurs de regarder un objet non-artistique comme un objet esthétique, et de retrouver ainsi au sein de<br />

la vision sur le monde ordinaire la puissance de fascination qu’ils ont pour le monde tel qu’il est, d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir<br />

le regard fasciné sur la réalité, <strong>en</strong> l’occur<strong>en</strong>ce végétale du potager, sur le rougissem<strong>en</strong>t des<br />

tomates ou sur ce qu’il y a de précieux et d’utile à un beau parterre de laitues.”<br />

(source : Christophe Domino, A ciel ouvert, Editions Scala, 1999)


Knut ASDAM<br />

Né <strong>en</strong> 1968 à Trondheim (Norvège), vit et travaille à Oslo et Paris.<br />

Psychasth<strong>en</strong>ia 10, #6 et #24, 2000-2001<br />

photographies couleur, 125 x 189 cm<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

Knut Asdam est photographe, il utilise égalem<strong>en</strong>t d'autres supports comme le film, la vidéo ou<br />

<strong>en</strong>core des dispositifs construits. Cherchant à définir la place et le rapport des hommes dans une<br />

architecture urbaine <strong>en</strong> constante mutation, il t<strong>en</strong>te d'analyser l'espace et de le compr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong><br />

terme d'usage, de désir et d'histoire. Ses photographies s'attach<strong>en</strong>t ainsi à retranscrire l'impact de<br />

l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t urbain sur la liberté individuelle et la communauté.<br />

Psychasth<strong>en</strong>ia 10, dont le titre fait référ<strong>en</strong>ce à un texte de Roger Caillois « Mimétisme et psychasténie*<br />

lég<strong>en</strong>daire » publié <strong>en</strong> 1935 dans la revue Minotaure, se compose d'une série de photographies<br />

nocturnes d'immeubles d'habitation qui évoqu<strong>en</strong>t la capture d'image par des caméras<br />

de surveillance. La tonalité particulière, à la fois livide et douce, de l'éclairage urbain confère à la<br />

rigidité verticale de l'architecture une étrange s<strong>en</strong>sualité. Les végétaux irradiés qui cern<strong>en</strong>t les<br />

immeubles soulign<strong>en</strong>t l'aspect fantomatique de la scène. En lieu et place d'une prés<strong>en</strong>ce humaine,<br />

ce sont les immeubles qui sembl<strong>en</strong>t s'élever comme des corps au milieu de la nuit.<br />

* Psychasthénie : état névrotique caractérisé surtout par le doute, la neurasthénie.


Knut ASDAM<br />

autres photographies de la série Psychast<strong>en</strong>ia 10, 2000-2001<br />

Psychasth<strong>en</strong>ia 10, #6, 2000<br />

photographie couleur, 125 x 189 cm<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

Psychasth<strong>en</strong>ia 10, #20, 2000<br />

photographie couleur, 125 x 189 cm<br />

Psychasth<strong>en</strong>ia 10, #10, 2000<br />

photographie couleur, 125 x 189 cm<br />

Psychasth<strong>en</strong>ia 10, #16, 2000<br />

photographie couleur, 125 x 189 cm<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

Psychasth<strong>en</strong>ia 10, #8, 2000<br />

photographie couleur, 125 x 189 cm<br />

Psychasth<strong>en</strong>ia 10, #8, 2000<br />

photographie couleur, 125 x 189 cm


Martine ABALLÉA<br />

Née <strong>en</strong> 1950 à New York, vit et travaille à Paris.<br />

Espoirs moisis, Compassions fétides, Chagrins infestés, Larmes caustiques,<br />

de la série Epaves du désir, 1995<br />

photographies noir et blanc coloriées, texte sérigraphié, 90 x 60 cm<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

“Martine Aballéa arrive à Paris <strong>en</strong> 1973. Sci<strong>en</strong>tifique de formation, elle aurait aimé dev<strong>en</strong>ir physici<strong>en</strong>ne.<br />

A défaut, elle nous propose de faire l’expéri<strong>en</strong>ce d’une réalité qui glisse peu à peu des rêves<br />

tantôt teintés de nostalgie et de merveilleux, tantôt d’angoisse et d’inquiétude. Son oeuvre regroupe<br />

des photographies, des objets, des installations, des livres d’artistes, des projets d’affiches et de<br />

placards publicitaires... Possédant cette faculté de séduire avant de révéler des pouvoirs malfaisants,<br />

voire destructeurs, le monde végétal inspire régulièrem<strong>en</strong>t Martine Aballéa. L’étrangeté<br />

s’infiltre dans ses photographies noir et blanc de fleurs, retouchées de couleur, dont l’esthétique<br />

proche du chromo nous révèle un monde situé <strong>en</strong>tre fiction et réalité. En incrustation, des textes de<br />

longueurs variables, écrits dans une typographie désuète, alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t cette “inquiétante étrangeté”.<br />

Quelquefois, c’est toute l’installation qui participe de la réalité et du m<strong>en</strong>songe, comme au C<strong>en</strong>tre<br />

d’art Le Parvis à Tarbes <strong>en</strong> 1998, où l’artiste a imaginé un Magasin fantôme. Chacun des produits<br />

exposés - des boîtes de conserve aux couleurs irréelles - a subi une transmutation esthétique inatt<strong>en</strong>due.<br />

Ou <strong>en</strong>core son exposition au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Hôtel passager, <strong>en</strong><br />

1999, qui jouait sur le désir d’accueillir le visiteur dans un simulacre d’hôtel où tout (depuis la réception<br />

jusqu’aux chambres, <strong>en</strong> passant par le bar-restaurant) semblait vrai et faux à la fois.” (“Martine<br />

Aballéa”, Le Livre du Frac-collection Aquitaine - Panorama de l’art d’aujourd’hui, Le Festin, 2002)<br />

Pour la série Epaves du désir, Martine Aballéa a coloré des photographies noir et blanc et leur a<br />

associé un texte, empruntant ainsi les codes des affiches publicitaires. Cep<strong>en</strong>dant, le texte, sérigraphié<br />

dans une typographie surannée, ne propose pas un slogan univoque mais associe des termes<br />

contradictoires. De même, la douceur des couleurs pastel contraste avec la désolation des<br />

lieux photographiés (marais aux eaux stagnantes, arbres morts, vue frontale d’un portail infranchissable<br />

et inquiétant). Comme le laisse <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le titre de la série, ces paysages ne décriv<strong>en</strong>t pas<br />

tant la réalité qu’un état intérieur, psychologique ambival<strong>en</strong>t. Ils sont représ<strong>en</strong>tatifs de la volonté de<br />

Martine Aballéa de créer des oeuvres mélangeant le beau et l’inquiétant, la fiction et la réalité.


Martine ABALLÉA<br />

autres oeuvres de la série Epaves du désir, 1994-1995<br />

Âmes mutilées, 1995<br />

photographie noir et blanc coloriée,<br />

texte sérigraphié, 90 x 60 cm<br />

Collection FNAC<br />

Convulsion des <strong>en</strong>vies, 1995<br />

photographie noir et blanc coloriée,<br />

texte sérigraphié, 90 x 60 cm<br />

Collection FNAC<br />

Curiosité flétrie, 1995<br />

photographie noir et blanc coloriée,<br />

texte sérigraphié, 90 x 60 cm<br />

Collection FNAC<br />

Colères délabrées, 1995<br />

photographie noir et blanc coloriée,<br />

texte sérigraphié, 90 x 60 cm


Jean-Luc ANDRÉ<br />

Né <strong>en</strong> 1955 à Ca<strong>en</strong>, vit et travaille à Paris.<br />

Salades verticales, de la série des Peintures transgéniques, 2007<br />

acrylique sur toile, 65 x 54 cm<br />

Citrouilles gothiques, de la série des Peintures transgéniques, 2006<br />

acrylique sur toile, 92 x 73 cm<br />

Champignons méduses, de la série des Peintures transgéniques, 2006-2007<br />

acrylique sur toile, 73 x 92 cm<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

Jean-Luc André est artiste et théorici<strong>en</strong>, membre du groupe de musique expérim<strong>en</strong>tale Déficit des<br />

Années Antérieures (DDAA), il est égalem<strong>en</strong>t professeur à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Bourges.<br />

Son travail couvre un champ trés diversifié de pratiques : dessin, installation, vidéo, son, et aussi écriture.<br />

Il a publié Le bord du réel <strong>en</strong> 2000, ouvrage théorique sur le statut de l'image dans les pratiques<br />

contemporaines de l'art.<br />

La création de BAADERBANK, BAnque Aléatoire DE Récit, synthétise ces différ<strong>en</strong>tes pratiques <strong>en</strong> une<br />

organisation générale d'appropriation et de piratage du réel. Le monde est une vaste réserve de récits<br />

pot<strong>en</strong>tiels, la Baaderbank se donne pour objectif la matérialisation de ce pot<strong>en</strong>tiel. François Dagognet<br />

écrit dans Le trouble : "une perception directe, tranquille, nous trompe; il faut, <strong>en</strong> effet, une épreuve, une<br />

secousse, pour que surgisse ce qui était éloigné ou tapi..."<br />

Jean-Luc André écrit à propos de ses Peintures transgéniques : “Depuis les temps immémoriaux où<br />

Monsieur Onkkrr-Onkkrr recouvrait les parois de sa caverne jusqu’à nos jours, la représ<strong>en</strong>tation de<br />

champs de bataille est un registre de l’histoire de l’art qui traverse tous les siècles. Ce XXIe siècle débute<br />

par une guerre incertaine dont un des champs est l’Irak. Mais il y a aussi d’autres champs plus discrets<br />

où se déroule une autre bataille incertaine : l’expérim<strong>en</strong>tation secrète d’OGM.Il dev<strong>en</strong>ait donc urg<strong>en</strong>tissime<br />

pour la BAnque Aléatoire DE Récit de réunir et d’hybrider ces deux événem<strong>en</strong>ts emblématiques de<br />

ce nouveau siècle : la guerre impériale et les organismes génétiquem<strong>en</strong>t modifiés...<br />

La création des images est <strong>en</strong> rapport avec cette nouvelle combinaison. Il s’agit d’appréh<strong>en</strong>der le champ<br />

pictural comme champ opératoire de l’hybridation Guerre-OGM, donc à la fois comme champ de bataille<br />

et comme champ de culture des nouvelles formes (par exemple : culture de champignons-méduses, de<br />

courgettes-sapins de noël, de pommes de terre-profiterolles, etc.) La réalisation des tableaux fait appel<br />

à une facture classicisante pour éviter de polluer le champ d’expérim<strong>en</strong>tation des nouvelles pousses par<br />

une “écriture” trop idiosyncrasique. C’est ici la “neutralité” de la facture figurative classique qui est<br />

recherchée au bénéfice de la réussite de l’hybridation.Cep<strong>en</strong>dant un phénomène de “lars<strong>en</strong>” (amplification<br />

de décorations, de médailles, de cartouches etc.), que l’on pourrait attribuer à une résonance historique<br />

des symboles, peut, par <strong>en</strong>droit, v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong>combrer l’image et perturber l’expéri<strong>en</strong>ce... “ (texte de<br />

prés<strong>en</strong>tation de l’exposition DONG! DONG! à la Galerie Lara Vincy, 2007)

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