Mise en page 1 - FRAC Basse-Normandie

CCÔÔTTÉÉ JJAARRDDIINN
Knut Asdam, Martine Aballéa, Jean-Luc André
Collection Frac Basse-Normandie
TEXTE DE PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION CCÔÔTTÉÉ JJAARRDDIINN
Les œuvres de Knut Asdam, Martine Aballéa et Jean-Luc André ouvrent au spectateur les portes de
jardins étranges et inquiétants. La végétation, loin de ses fonctions traditionnelles d'agrément ou
d'alimentation, y est la métaphore d'états psychologiques incertains ou sert de support à des fictions
futuristes.
Knut Asdam interroge la manière dont chaque individu vit aujourd'hui dans la ville, une ville qui est
créée par ceux qui l'habitent autant qu'elle les façonne. La série Psychasthenia 10 (2000-2001) est
constituée de photographies nocturnes d'immeubles d'habitation qui évoquent la capture d'image
par des caméras de surveillance. La lumière verdâtre, l'absence de toute trace d'activité humaine,
la taille monumentale des bâtiments - amplifiée par le cadrage en contre-plongée - confèrent à ces
scènes urbaines un caractère irréel, proche de la science-fiction. L'émergence d'arbres au milieu
des tours de béton renforce cette impression. Cette nature importée par la main de l'homme ne fait
en effet que conforter, en donnant à l'œil un point de comparaison, le sentiment que la ville n'a pas
été bâtie à son échelle.
Martine Aballéa aime mélanger la fiction et la réalité, le beau et l'inquiétant. Possédant cette faculté
de séduire avant de révéler des pouvoirs malfaisants, voire destructeurs, le monde végétal
l'inspire régulièrement. Ainsi, la série Epaves du désir (1995) est constituée de photographies noir
et blanc de paysages - marais aux eaux stagnantes, arbres morts, verdure enfermée derrière un
portail sinistre - dont la désolation contraste avec les douces couleurs pastel qui les recouvrent. Le
texte qui leur est associé joue également sur l'ambiguïté en juxtaposant des termes a priori contradictoires.
Comme le laisse entendre le titre de la série, la végétation est ici, comme c'était le cas
dans les peintures romantiques du XIXème siècle, la représentation métaphorique d'un état
intérieur, psychologique ambivalent.
Jean-Luc André crée en 1998 la BAnque Aléatoire DE Récit (Baaderbank). Selon lui, « le monde est
un vaste réservoir de récits potentiels, la Baaderbank est l'organisme le plus adapté au travail de
matérialisation de ces potentiels. ». Les Peintures transgéniques (2006-2007) sont représentatives
de cette démarche qui procède par appropriation et piratage du réel tel qu'il apparaît notamment
dans les médias. Utilisant la facture classique de la peinture figurative, Jean-Luc André y réunit et
hybride deux événements emblématiques du XXIème siècle : la guerre en Irak et les expérimentations
menées dans les champs d'OGM. Champignons méduses, Citrouilles gothiques et Salades
verticales peuplent un univers futuriste aux relents apocalyptiques où la nature, comme l'indiquent
les textes qui accompagnent chaque peinture, a été bouleversée par des incidents industriels et
autres manipulations génétiques. Un monde fictionnel et pourtant pas si éloigné du nôtre.