INTÉRIEURS - FRAC Basse-Normandie
INTÉRIEURS - FRAC Basse-Normandie
INTÉRIEURS - FRAC Basse-Normandie
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QUELQUES PISTES AUTOUR DE L’EXPOSITION<br />
Le lieu de l’intime.<br />
Les photographies de Bénédicte<br />
Hébert permettent au regard de<br />
pénétrer la chambre et proposent<br />
ainsi une intrusion dans l’univers<br />
intime ; chez Philippe<br />
Kuznicki c’est le lieu de vie avec son<br />
désordre d'objets personnels et la<br />
nudité du corps qui sont donnés<br />
à voir. Conversation de Farida Le<br />
Suavé est autant un mobilier d’intérieur<br />
qu’un élément qui rappelle<br />
l’intimité du corps.<br />
Entre lieu intime et lieu public.<br />
Farida Hajamadi créé une ambiguïté<br />
des lieux : les cordons et<br />
les vitrines sont les signes<br />
d’une présentation muséale,<br />
mais les fleurs, le sofa et le corset<br />
semblent le faire basculer<br />
dans un lieu de la sphère privée.<br />
Le lieu de la sensualité.<br />
Le mobilier peut également être<br />
l’évocation d’une sensualité.<br />
LE SERVICE ÉDUCATIF C’EST AUSSI :<br />
Un stage d’initiation<br />
à l’art contemporain<br />
en lien direct avec les œuvres de la<br />
collection et inscrit au Plan<br />
Académique de Formation Action<br />
Culturelle est proposé chaque<br />
année par le Frac.<br />
Chez Farida Hajamadi, le sofa<br />
suggère la position langoureuse<br />
du corps, le corset l’intimité<br />
féminine, et les insectes le sexe<br />
féminin dans sa symbolique<br />
psychanalytique. Chez Farida<br />
Le Suavé la couleur et les<br />
plis des céramiques évoquent la<br />
souplesse de la peau et l’intimité,<br />
elles sont présentées en<br />
couple.<br />
Les couleurs du temps.<br />
Farida Hajamadi assemble deux<br />
images qu’elle unifie par la couleur.<br />
Le sépia de l’image évoque<br />
les photographies du début du<br />
XXe siècle ou une image qui<br />
aurait vieilli auquel font écho le<br />
mobilier et les vitrines.<br />
Chez Bénédicte Hébert, l’image<br />
est entièrement colorée en bleu<br />
par la lumière de la télévision,<br />
seule source lumineuse mais<br />
aussi seule signe du temps qui<br />
passe dans cet univers immobile.<br />
L’ACTUALITÉ DU SERVICE ÉDUCATIF DU <strong>FRAC</strong> BN<br />
LE <strong>FRAC</strong> BN HORS LES MURS<br />
FAUX-SEMBLANTS<br />
Mac Adams, Jean-François Lecourt, Philippe Ramette<br />
Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />
DOUBLE FACE<br />
Bruno Peinado, Orlan, Patrick Tosani<br />
Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />
Ces deux expositions circuleront dans les<br />
collèges et lycées de la Région BN dans le<br />
cadre du Réseau d’espaces d’art actuel<br />
ORLAN, Self-hybridation africaine. 2002, Coll. Frac BN<br />
Des expositions<br />
itinérantes dans des écoles du<br />
Calvados : chaque année, des écoles<br />
élémentaires accueillent une ou<br />
plusieurs expositions d’œuvres de<br />
la collection du Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />
conçues en lien avec le projet<br />
départemental des conseillers<br />
pédagogiques en arts visuels.<br />
Une photographie qui se<br />
nourrit de l’histoire de l’art.<br />
Les intérieurs de Bénédicte<br />
Hébert prennent des couleurs<br />
qui rappellent la peinture. Le<br />
corps qui disparaît de Philippe<br />
Kuznicki évoque les distorsions<br />
que Francis Bacon fait subir à<br />
ses figures.<br />
L’image dans l’image.<br />
La télévision à la fois source<br />
lumineuse, reflet et image vide<br />
chez Bénédicte Hébert ; la<br />
vitrine comme deuxième cadre<br />
dans l’image de Farida<br />
Hajamadi, l’encadrement de la<br />
deuxième salle chez Philippe<br />
Kuznicki comme deuxième<br />
tableau dans la photographie ;<br />
un objet double ou image de<br />
l’autre chez Farida le Suavé.<br />
Ces pistes ont été élaborées par le service éducatif<br />
du Frac BN pour les enseignants, dans le cadre de<br />
l’exposition Intérieurs à la Galerie Marie Laurencin,<br />
Valognes, février 2009.<br />
AU <strong>FRAC</strong> BASSE-NORMANDIE<br />
À <strong>FRAC</strong> OUVERT - 3ÈME ÉDITION<br />
du 11 au 29 janvier 2010<br />
Dewar & Gicquel, Polar Bear,<br />
2007, coll. Frac BN<br />
Le Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong> réserve ses salles<br />
d’exposition à la mise en œuvre de projets menés<br />
avec l’Education Nationale et l’Enseignement supérieur,<br />
prenant pour point de départ sa collection.<br />
Pour tout renseignement :<br />
Mathilde Johan, chargée des publics scolaires /<br />
t. 02 31 93 92 41 / mathilde.johan@orange.fr<br />
Anne Cartel, chargée des publics de l’enseignement supérieur<br />
/ t. 02 31 93 92 95 / a.cartel@wanadoo.fr<br />
La formation continue : le Frac<br />
<strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong>, en collaboration<br />
avec l’Inspection Académique du<br />
Calvados, met en place des séances<br />
d’initiation à l’art contemporain à<br />
destination des enseignants du 1er<br />
degré.<br />
<strong>INTÉRIEURS</strong><br />
Journal de l’exposition<br />
Les œuvres présentes dans l’exposition<br />
<strong>INTÉRIEURS</strong> engagent une exploration<br />
dans des univers particuliers tant privés que<br />
publics. Certaines sont le lieu de l’intimité<br />
quand d’autres sont le révélateur de codes<br />
sociaux.<br />
Si le médium photographique domine, ce<br />
dernier est employé dans sa capacité à<br />
transcrire le temps par des jeux de pose, de<br />
matière ou de mises en scène, et à révéler la<br />
richesse de ces espaces clos. La photographie<br />
est aussi l’œil qui pénètre l’envers du<br />
décor, dévoile l’antre de l’individu. Malgré la<br />
quasi-absence de ce dernier, ces lieux sont<br />
empreints de sa présence que ce soit dans<br />
son aménagement formel ou dans le ressenti.<br />
Entre espace public et privé, Fariba<br />
Hajamadi juxtapose dans Bed and Razors,<br />
Swarms of Reasons, deux univers intimes<br />
pourtant destinés à la vue de tous. Le décor<br />
d’un salon avec canapé côtoie ainsi un cabi-<br />
<strong>INTÉRIEURS</strong><br />
FARIBA HAJAMADI, BÉNÉDICTE HÉBERT,<br />
PHILIPPE KUZNICKI, FARIDA LE SUAVÉ<br />
COLLECTION <strong>FRAC</strong> BASSE-NORMANDIE<br />
exposition du 2 octobre au 26 novembre 2009<br />
à l’IUFM de <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong> 186 rue de la Délivrande, Caen<br />
9 rue Vaubenard 14000 Caen +33 (0)2 31 93 09 00 www.frac-bn.org<br />
net de curiosité où trône une guêpière entourée<br />
d’insectes, renvoi symbolique au corps<br />
féminin.<br />
Bénédicte Hébert saisit l’intimité d’une<br />
chambre par la source lumineuse de l’écran<br />
de télévision allumé ou dans le reflet de ce<br />
dernier. Il se dégage de ses photographies<br />
Sans titre une ambiance chaude et sensuelle<br />
accentuée par les formes rondes du mobilier<br />
et des tissus. En écho, les sculptures informes<br />
de couleur chair de Farida Le Suavé,<br />
tels des fragments de corps, se répondent<br />
comme un couple, ce que souligne leur titre<br />
Conversation. L’œuvre de Philippe Kuznicki<br />
plonge quant à elle le regard dans un cadre<br />
plus inquiétant, proche du cloisonnement. Le<br />
lieu “interroge le corps et son état”. Son<br />
corps ficelé tel un vestige de statue antique<br />
semble disparaître dans le désordre d’un<br />
atelier contrecarré par l’ordonnancement du<br />
reste de la pièce. Le corps est soumis par<br />
l’habitacle dans lequel il vit.
<strong>INTÉRIEURS</strong><br />
Journal de l’exposition<br />
Fariba HAJAMADI<br />
Née en 1957 à Ispahan,<br />
vit et travaille à New York.<br />
Fariba Hajamadi développe une<br />
réflexion conceptuelle de l’image<br />
considérant que celle-ci doit être<br />
“travaillée comme les mots d’une<br />
phrase”. Ses œuvres présentent un<br />
univers ambivalent et polysémique.<br />
Puisant dans les archives qu’elle a<br />
constituées depuis des années lors<br />
de visites dans les musées du<br />
monde entier, elle réalise des<br />
montages où se juxtaposent les<br />
images provenant de lieux divers.<br />
Ces montages sont ensuite transférés<br />
sur toile ou sur panneaux de<br />
bois, parfois retouchés ou simplement<br />
recouverts d’un filtre coloré.<br />
Ces compositions « hybrides » s’articulent<br />
en polyptiques où les lieux<br />
sont recréés selon des thématiques<br />
imaginaires.<br />
Bénédicte HÉBERT<br />
Née en 1967 à Saint-Hilaire du Harcouet,<br />
vit et travaille à Caen.<br />
Bénédicte Hébert centre son travail<br />
sur les enjeux et les statuts de<br />
l’image. Qu’elle utilise la photographie<br />
ou la vidéo, ses œuvres sont<br />
autant de questionnements sur la<br />
notion de représentation.<br />
Ses photographies captent l’univers<br />
intimiste, la chambre, le fouillis<br />
d'objets quotidiens ou bien<br />
encore une nature morte de fleurs,<br />
dans le reflet éteint de l'écran du<br />
téléviseur. Celui-ci sert alors de<br />
cadre à l'image, perd sa fonction<br />
de diffuseur en ne devenant que<br />
récepteur passif d’une autre image.<br />
Bed of Rasors, Swarms of Reasons,<br />
dont le titre est emprunté au poète<br />
mexicain Octavio Paz, illustre la<br />
façon dont le jeu des images redoublé<br />
du jeu des mots attise la curiosité<br />
du spectateur et l’incite à<br />
démêler le sens des lectures possibles.<br />
Dans cette œuvre sont juxtaposés<br />
deux espaces. L’un, privé,<br />
évoque le salon d’une demeure historique<br />
; l’autre, public, celui d’un<br />
musée d’histoire naturelle où trône<br />
de façon incongrue parmi des<br />
insectes, une guêpière. La tonalité<br />
L'écran, “cette lucarne sur le<br />
monde", qui d'ordinaire déverse<br />
son flux d'images ininterrompu<br />
devient dans ces photographies<br />
tantôt source lumineuse, tantôt<br />
miroir réfléchissant l'espace environnant.<br />
Par de multiples mises en abymes,<br />
Bénédicte Hébert sème le doute en<br />
invitant le spectateur à s'interroger<br />
sur l'exactitude de ses perceptions<br />
visuelles.<br />
Bed of Razors / Swarms of Reasons, 1993<br />
photo émulsion sur panneau de frêne<br />
176,4 x 154,3 cm<br />
de l’ensemble est trouble, sensuelle.<br />
A l’évocation d’un monde<br />
plein de raffinement et de séduction<br />
s’opposent des signes de mort<br />
avec les collections d’insectes et de<br />
violence physique et sociale symbolisé<br />
par le corset. La question du<br />
temps et de la mémoire est mise à<br />
l’épreuve, les agrégats d’images de<br />
Fariba Hajamadi recomposent une<br />
sorte de “musée imaginaire” où<br />
chaque spectateur tentera vainement<br />
d’identifier son propre souvenir.<br />
Sans titre, 1997<br />
photographies couleur<br />
contrecollée sous plexiglass<br />
50 x 35 cm chaque<br />
<strong>INTÉRIEURS</strong><br />
Journal de l’exposition<br />
Farida LE SUAVÉ<br />
Née en 1969, vit et travaille à Flers.<br />
Farida Le Suavé modèle des sculptures<br />
en céramiques aux formes<br />
abstraites, qu’elle associe le plus<br />
souvent à des objets usuels,<br />
domestiques, relevant parfois de<br />
l’intime : matelas, table, drapé.<br />
Informes, ces sculptures de grès<br />
suggèrent le pli, le repli des drapés,<br />
tandis que leur texture de vernis<br />
et leur couleur rosée évoquent<br />
la sensualité du corps et de la<br />
chair. Sensation de l’intime qu’elle<br />
accentue quand elle les présente<br />
en couple, comme c’est le cas dans<br />
Conversation, 2003.<br />
Philippe KUZNICKI<br />
Né en 1970 à Valenciennes,<br />
vit et travaille dans le Calvados.<br />
Le mode de fonctionnement des<br />
photographies de Philippe Kuznicki<br />
se décline presque toutes selon<br />
des motifs identiques, voire d’obsessions.<br />
Le corps nu y occupe la majorité de<br />
l’espace : il s’agit le plus souvent<br />
d’un corps nu, souffrant, parce qu’il<br />
est mis en souffrance, parce qu’il<br />
est mis en difficulté, parce qu’il<br />
subit une action qui le transforme,<br />
le déforme. La lourdeur le prend,<br />
l’entraîne vers le sol, et peut-être<br />
au-delà.<br />
C’est un corps qui résiste malgré<br />
tout. C’est parfois un corps qui est<br />
effacé, qui disparaît soit parce qu’il<br />
est masqué par un objet, soit parce<br />
“Extravagant, baroque, simple, ce<br />
travail relève aussi du domaine de<br />
l’intime. D’abord parce qu’il résulte<br />
de la main qui le modèle, dresse,<br />
lisse, fait exister une matière malléable<br />
et palpable, onctueuse et<br />
ductile ; de “la terre à la chair”<br />
explique t-elle. Cette action induit<br />
tendresse et rondeur dans le même<br />
temps qu’elle brutalise la terre,<br />
contrariant sa montée régulière et<br />
bosselant sa surface”.<br />
Patrick Le Nouëne<br />
Sans titre, 2001<br />
photographie noir et blanc,<br />
110 x 160 cm<br />
que la photographie à un moment<br />
devient floue.<br />
Les photographies portent en elles<br />
une certaine interrogation dont on<br />
perçoit assez vite qu’il pourrait<br />
s’agir d’une traversée du miroir,<br />
vers un autre corps ignoré.<br />
Les images sont autant d’autoportraits<br />
- le corps mis en scène est<br />
toujours le même - et autant de<br />
questions sur la réalité d’un corps<br />
à vivre, à soigner ou à détruire,<br />
déformer, déranger et dont de<br />
toute façon il faudra assumer la<br />
“vanité”.<br />
“Le corps disparaît au profit du<br />
lieu, mais sa photographie reste<br />
axée comme toute la majorité des<br />
Conversation, 2003<br />
céramique, grès ciré<br />
photos sur le corps dans son entier<br />
ou fragmenté. Le lieu par son<br />
espace et son architecture interroge<br />
ce corps et son état. Le lieu ne<br />
vise pas une proximité avec le<br />
spectateur, la photographie empêche<br />
tout rapprochement “physique”<br />
avec le corps, ce dernier se<br />
confond avec le lieu. Mes autoportraits<br />
conservent la même caractéristique<br />
avec le choix du format, on<br />
est obligé de se reculer. »<br />
Philippe Kuznicki, 2003.