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New Europe College Yearbook 1997-1998 - Free

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IOANA BOTH<br />

la communauté et ayant comme but d’assurer la cohésion de celle-ci. /... /<br />

Le mythe présuppose dégagement d’une vérité essentielle. Il a un sens<br />

profondément symbolique. Il présente en même temps un système<br />

d’interprétation et un code éthique ou un modèle comportemental; sa<br />

vérité n’est pas abstraite, mais elle guide la vie de la communauté<br />

respective. Le mythe est fortement intégrateur et simplificateur, ayant<br />

tendance à réduire la diversité et la complexité des phénomènes à un axe<br />

privilégié d’interprétation” (Boia, <strong>1997</strong>, p. 8). Le syntagme de “mythe<br />

culturel” (dans son acception de système créateur de sens qui sert à<br />

expliquer des attitudes, comportements et idéologies d’une société – cf.<br />

Campbell, 1995, p. 14) nous semble nuancer assez le terme pour nos<br />

propos. Toujours est-il que, à cause de la nature du matériel que nous<br />

avons eu à disposition pour l’analyse du mythe d’Eminescu (l’énorme<br />

majorité de notre corpus étant constituée de textes écrits), nous avons été<br />

obligée de nous appuyer sur la dimension discursive du mythe, bricolage<br />

fait de stéréotypes et de clichés, de citations re-contextualisées et d’autres<br />

pièces, en un puzzle réussissant à être en même temps hétérogène et<br />

intégrateur, à l’aide de mécanismes particuliers. Au sens (plutôt) barthesien<br />

du terme, le mythe est donc texte et parole, “une parole qui raconte,<br />

même si elle le fait allusivement, une parole toujours éloquente, quoique<br />

le sens qu’elle véhicule ne soit pas le même pour tous et toujours” (Belmont,<br />

1993, p. 7), une parole s’adressant à un public que les mécanismes<br />

psychologiques les plus profonds déterminent à “se fier aux narrations en<br />

tant que système de prise de possession et de signification du réel” (Coman,<br />

1994, p. 182).<br />

Il y aura, par la suite, deux relations fondamentales qui “raccrochent”<br />

le mythe, défini comme tel, aux autres phénomènes culturels de toute<br />

société moderne:<br />

1. La relation du mythe à la mémoire collective, assurée par la fonction<br />

légitimatrice des deux, qui fait que chaque période en déficit de légitimité<br />

enregistre un recours accru au patrimoine mythique de la société en<br />

question; le mythe se substitue ainsi à l’histoire comme texte légitimateur,<br />

et s’approprie le rôle avant tout stratégique de celle-ci, étant donné que<br />

“les déficits structurels de légitimité nourrissent l’appel constant à la<br />

tradition, aux ancêtres, la mobilisation du temps long, la réactivation<br />

militante du patrimoine, etc.” (Brossat, Combe, Potel, Szurek, 1990, p. 28).<br />

Comme “médiateur obligé dans les multiples conflits de l’existence”<br />

(Sironneau, 1982, p. 215), le mythe resurgit là où la mémoire fait défaut,<br />

dans toute “histoire inquiète et mal assurée dans ses fondements / ... /, en<br />

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