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Livre.book Page 464 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />
parfois bulleux, qui s’étend secondairement en restant prédominant<br />
sur les zones photoexposées (fig. 29-39). Il existe<br />
aussi une kératodermie palmoplantaire (fig. 29-40), des anomalies<br />
des phanères, squelettiques, et un retard staturo-pondéral.<br />
Au plan oculaire, une cataracte est présente dans 50 %<br />
des cas (cf. chapitre 13). On note une prédisposition aux cancers<br />
cutanés et osseux. Le mode de transmission est récessif<br />
autosomique. Le gène RECQL4, codant une hélicase, a été<br />
identifié chez certains patients [4] .<br />
De transmission dominante autosomique, il est caractérisé<br />
par des polypes adénomateux coliques multiples, débutant<br />
dans l’enfance, qui ont un fort pouvoir de transformation en<br />
adénocarcinomes. S’y associent des kystes épidermoïdes<br />
cutanés multiples touchant essentiellement la face, le cuir<br />
chevelu et les extrémités, histologiquement proches du pilomatricome<br />
[8] . Ces lésions n’ont pas tendance à se transformer.<br />
D’autres lésions cutanées sont possibles : tumeurs<br />
desmoïdes, lipomes, léiomyomes, neurofibromes, lésions pigmentées,<br />
carcinomes basocellulaires. D’autres tumeurs, bénignes<br />
ou malignes, sont décrites au cours de ce syndrome :<br />
ampullome de Vater, carcinome de la thyroïde, ostéome et<br />
ostéosarcome, tumeur cérébrale… L’atteinte oculaire, présente<br />
dès le plus jeune âge chez 80 % des patients, peut permettre<br />
un diagnostic précoce. Il s’agit d’hyperplasie de<br />
l’épithélium pigmenté se présentant sous forme de lésions<br />
pigmentées multifocales et bilatérales à l’examen du fond<br />
d’œil (fig. 29-41 et cf. chapitre 4) [31] .<br />
Fig. 29-39 – Poïkilodermie de Rothmund-Thomson.<br />
Fig. 29-41 – Syndrome de Gardner. Hyperplasie de l’épithélium<br />
pigmenté de la rétine. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />
ÉPIDERMOLYSES BULLEUSES<br />
Fig. 29-40 –Poïkilodermie de Rothmund-Thomson. Kératodermie<br />
plantaire.<br />
SYNDROME DE GARDNER<br />
Les épidermolyses bulleuses (EB) héréditaires sont des génodermatoses<br />
transmises sur le mode dominant ou récessif<br />
autosomique, affectant la cohésion dermo-épidermique,<br />
aboutissant ainsi à la formation des bulles et érosions cutanées<br />
et muqueuses. On distingue trois types d’EB selon le<br />
niveau de clivage dermo-épidermique : les EB épidermolytiques<br />
ou simples (EBS), où le clivage est intra-épidermique au<br />
niveau de la couche basale épidermique, les EB jonctionnelles<br />
(EBJ) où le clivage se situe au niveau de la membrane basale<br />
(MB) elle-même, et les EB dermolytiques ou dystrophiques<br />
(EBD) où le clivage se situe sous la membrane basale au<br />
niveau des fibrilles d’ancrage du derme superficiel. Chacun de<br />
ces trois groupes d’EB comprend plusieurs formes de la maladie<br />
qui se distinguent par des critères cliniques et génétiques<br />
(mode de transmission, gène muté). La figure 29-42, qui<br />
détaille la structure de la membrane basale dermo-épidermique,<br />
permet de situer précisément les protéines et gènes<br />
impliqués dans la physiopathologie des trois types d’EB. Le<br />
tableau 29-IX précise la classification des EB.<br />
Les EB qui s’accompagnent de lésions oculaires sont essentiellement<br />
les formes dystrophiques, notamment le sous-type<br />
le plus sévère, la forme d’Hallopeau-Siemens. Elle constitue la<br />
forme d’EBD la plus grave. La <strong>fr</strong>agilité cutanée est extrême.<br />
Elle se manifeste dès la naissance par des bulles et érosions<br />
diffuses, souvent hémorragiques, touchant tout le tégument<br />
(fig. 29-43), évoluant vers des cicatrices dystrophiques<br />
(fig. 29-44) et des grains de milium, mais sans trouble pigmentaire<br />
ni lésions granulomateuses. Il existe une alopécie<br />
464 MALADIES SYSTÉMIQUES À COMPOSANTE OPHTALMOLOGIQUE