29.06.2013 Views

Lire l'Article - retinavisionetretinaaudition.fr

Lire l'Article - retinavisionetretinaaudition.fr

Lire l'Article - retinavisionetretinaaudition.fr

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Livre.book Page 159 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

ANNEXES PALPÉ-<br />

CHAPITRE 11<br />

GLAUCOMES CONGÉNITAUX PRIMITIF<br />

ET SECONDAIRES DYSGÉNÉSIQUES<br />

DÉFINITIONS<br />

Comme le strabisme et le nystagmus, le glaucome congénital<br />

est à la fois une maladie et un symptôme.<br />

Il constitue à lui seul une maladie dans ce qu’il est convenu<br />

d’appeler le glaucome congénital primitif classique, mais<br />

devient un symptôme pour tout un ensemble malformatif, les<br />

dysgénésies du segment antérieur de l’œil, responsables de<br />

glaucomes secondaires.<br />

Tous ont en commun une hypertonie oculaire plus ou<br />

moins précoce, des dysfonctionnements de l’horloge embryologique<br />

et une forte connotation héréditaire.<br />

D’autant plus graves que plus précoces, rapidement cécitants,<br />

ils ont vu leur pronostic transformé par une prise en<br />

charge chirurgicale immédiate dès le diagnostic porté, suivi<br />

d’une surveillance attentive et de la prévention des séquelles<br />

fonctionnelles.<br />

La date de survenue de l’hypertonie oculaire dans la vie de<br />

l’enfant détermine l’aspect clinique et permet de distinguer :<br />

– le glaucome congénital par sa buphtalmie liée à la distension<br />

rapide d’une sclère encore extensible chez le nouveau-né<br />

et le nourrisson ;<br />

– du glaucome juvénile, plus tardif, qui fait le lien avec le<br />

glaucome chronique de l’adulte et évolue à bas bruit sans<br />

modifier l’aspect extérieur de l’œil.<br />

L’âge de trois ans est le critère admis pour séparer ces deux<br />

formes cliniques puisque, dès lors, la sclère n’est plus extensible<br />

et le globe a pratiquement acquis sa taille adulte.<br />

Les dysfonctionnements de l’horloge embryologique<br />

impliquant les cellules des crêtes neurales céphaliques font, à<br />

juste titre, entrer le glaucome congénital dans le cadre des<br />

neuro-cristopathies. Leurs potentialités multiples et leur présence<br />

en deux cordons cellulaires tout au long du tube neural<br />

rendent compte des nombreuses associations pathologiques<br />

extraoculaires constituant autant de glaucomes syndromiques<br />

polymalformatifs.<br />

CARACTÈRE HÉRÉDITAIRE<br />

Le caractère héréditaire du glaucome n’est plus à démontrer<br />

du fait de la <strong>fr</strong>équence des cas familiaux, dans la <strong>fr</strong>atrie avec<br />

un fort taux de consanguinité pour le glaucome congénital<br />

primitif classique récessif autosomique, ou dans la lignée<br />

pour les glaucomes secondaires dysgénésiques transmis le<br />

plus souvent sur le mode dominant autosomique. L’examen<br />

J.-L. DUFIER, J. KAPLAN<br />

I – GÉNÉRALITÉS<br />

ophtalmologique de l’entourage du proposant à la recherche<br />

d’anomalies, même a minima (cf. chapitre 4), s’avère donc fondamental<br />

afin d’établir un arbre généalogique exploitable<br />

pour le conseil génétique et la recherche des gènes en cause.<br />

Actuellement, de nombreuses mutations ont été élucidées<br />

affectant des gènes exprimés dans le trabéculum ou impliqués<br />

dans le programme du développement de l’œil. L’altération<br />

de gènes modulateurs interférant avec plusieurs autres gènes<br />

pourrait expliquer la grande variabilité phénotypique intrafamiliale<br />

ou entre les deux yeux d’un même patient.<br />

EMBRYOLOGIE<br />

RÔLE DES CELLULES DES CRÊTES NEURALES<br />

PROSENCÉPHALIQUES<br />

La démonstration du rôle des cellules des crêtes neurales prosencéphaliques<br />

dans la formation de l’œil, plus particulièrement<br />

de son segment antérieur, constitue un apport essentiel<br />

dans la compréhension du glaucome congénital. Qui plus est,<br />

ces cellules participent non seulement à la genèse d’autres<br />

structures oculaires (sclérotique, choroïde, muscle ciliaire,<br />

tissu conjonctif de la musculature oculomotrice, squelette<br />

ostéomembraneux orbitaire) mais aussi à l’induction des arcs<br />

branchiaux d’origine ectodermique (fig. 11-1) : bourgeons<br />

maxillaires et mandibulaires, structures branchiales des 2 e , 3 e ,<br />

4 e arcs viscéraux [11, 17] . Des associations polymalformatives les<br />

plus disparates en apparence, oculaires, craniofaciales et viscérales,<br />

ne sont donc pas surprenantes (fig. 11-2).<br />

DÉVELOPPEMENT NORMAL<br />

DE L’ANGLE IRIDOCORNÉEN<br />

À la troisième semaine de la vie embryonnaire, les fossettes<br />

optiques apparues sur la plaque neurale se transforment en<br />

deux vésicules optiques de part et d’autre du tube neural<br />

antérieur, ou prosencéphale. Celles-ci s’invaginent en cupules<br />

optiques au cours de la quatrième semaine. Parallèlement, la<br />

placode cristallinienne, formée par l’épaississement de l’ectoblaste<br />

de surface, se creuse puis s’isole en vésicule cristallinienne.<br />

L’espace mésenchymateux, délimité entre la cupule<br />

optique en avant et la vésicule cristallinienne en arrière, constitue<br />

alors la future chambre antérieure (fig. 11-3).<br />

GLAUCOMES CONGÉNITAUX PRIMITIF ET SECONDAIRES DYSGÉNÉSIQUES 159


Livre.book Page 160 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Pour certains auteurs [2] , le clivage entre trabéculum uvéal<br />

et trabéculum scléral, sous l’effet du développement du muscle<br />

ciliaire au cinquième mois, expliquerait la distension des<br />

fibres trabéculaires. Pour d’autres (Bach, Seefelder, Ida Mann,<br />

Barber) [6] , la résorption incomplète de ce mésenchyme aboutirait<br />

à la formation de la membrane de Barkan, assimilée à<br />

un reliquat mésodermique dans l’angle de la chambre antérieure.<br />

Cependant, la matérialité de cette membrane n’a<br />

Fig. 11-1 – Migration des cellules des crêtes neurales prosencéphaliques<br />

dans les arcs branchiaux.<br />

Fig. 11-2 – Syndrome du premier arc. Glaucome congénital et microtie.<br />

Fig. 11-3 – Cupule optique (quatrième semaine). Formation<br />

de la chambre antérieure.<br />

160 ANNEXES PALPÉBRO-CONJONCTIVALES ET SEGMENT ANTÉRIEUR<br />

jamais été prouvée chirurgicalement, ni retrouvée sur des examens<br />

histologiques. Ceux-ci suggèrent plutôt un obstacle trabéculaire<br />

lié à une plus grande densité de la maille [4, 51] dont<br />

les fibres plus épaisses et comprimées ne laissent voir aucun<br />

espace inter-trabéculaire, surtout à proximité du canal de<br />

Schlemm, dont la paroi externe apparaît tapissée par un<br />

matériel amorphe et imperméable. Ces constatations sont en<br />

accord avec l’efficacité de la trabéculectomie externe qui<br />

emporte toute la paroi externe du canal de Schlemm et son<br />

plancher sans ouvrir la chambre antérieure [70] .<br />

Le rôle des cellules de la crête neurale est connu et démontré<br />

dans la formation de l’angle iridocornéen grâce aux travaux<br />

de Coulombre, Le Douarin et Lelièvre [43, 44] , utilisant les<br />

chimères caille-poulet (fig. 11-4), et ceux de Johnston [36] faisant<br />

appel aux cellules marquées par la thymidine tritiée.<br />

Dès la huitième semaine de vie embryonnaire, les cellules<br />

de la crête neurale prosencéphalique colonisent en trois<br />

vagues successives le mésenchyme primaire situé entre l’ectoblaste<br />

de surface et la vésicule cristallinienne (fig. 11-5). La<br />

première vague contribue à la formation de l’endothélium<br />

cornéen et du trabéculum. La seconde forme le stroma cornéen<br />

et la dernière fournit l’iris antérieur. Excepté l’épithé-<br />

Fig. 11-4 – Formation de la chambre antérieure. Chimère caille-poulet :<br />

présence de cellules de crêtes neurales de caille à gros noyau (↑↑) dans<br />

l’endothélium cornéen d’embryon de poulet. (Collection du Pr G. Couly.)<br />

Fig. 11-5 – Formation de la chambre antérieure. Schéma de migration<br />

des cellules de la crête neurale. Première vague : endothélium cornéen<br />

et trabéculum en rouge. En bleu, épithélium cornéen et cristallin d’origine<br />

épiblastique. Deuxième vague : stroma cornéen en jaune. Troisième<br />

vague : iris antérieur en vert.


Livre.book Page 161 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

lium cornéen — d’origine ectoblastique comme le cristallin —<br />

et l’épithélium pigmenté de l’iris — d’origine neurectoblastique<br />

comme la rétine —, la totalité de la chambre antérieure<br />

dérive des cellules de la crête neurale céphalique, qui constituent<br />

une couche ectomésenchymateuse continue depuis<br />

l’endothélium cornéen jusqu’à la face antérieure de l’iris, en<br />

passant par le trabéculum [5] .<br />

Au cinquième mois de gestation, l’angle iridocornéen est<br />

donc formé mais on l’imagine facilement encore peu perméable<br />

car l’iris, dont l’insertion se trouve très antérieure sur le<br />

trabéculum primaire, est tapissé par la couche des cellules<br />

endothéliales cornéennes et la région trabéculaire reste peu<br />

développée, l’angle étant comblé par du tissu uvéal. Par<br />

ailleurs, l’épithéliun ciliaire bi-stratifié sécrète l’humeur<br />

aqueuse, la fente colobomique est déjà fermée depuis la cinquième<br />

semaine, et la sclère fœtale, plus riche en fibres élastiques<br />

que collagènes, s’avère particulièrement extensible.<br />

Tous les facteurs sont donc réunis pour assurer la croissance<br />

du globe sous l’effet de la pression intraoculaire. De façon<br />

similaire, le développement cérébral et la pression du liquide<br />

céphalorachidien induisent la croissance céphalique. En<br />

Une cascade d’événements aussi sophistiqués ne doit rien au<br />

hasard et ne peut être que le résultat d’une orchestration<br />

rigoureuse par des gènes présidant à des phénomènes de<br />

croissance ou d’apoptose (cf. chapitre 5).<br />

Contrairement à ce qui est observé dans les dystrophies<br />

héréditaires de la cornée et de la rétine, les données de la génétique<br />

moléculaire n’ont pas fondamentalement bouleversé<br />

mais plutôt conforté la nosologie des glaucomes congénitaux et<br />

leur classification clinique reste toujours de mise [7, 24, 35] :<br />

– glaucome congénital primitif classique ;<br />

– glaucomes secondaires dysgénésiques ;<br />

– glaucome juvénile ;<br />

– glaucomes syndromiques.<br />

GLAUCOME CONGÉNITAL<br />

PRIMITIF CLASSIQUE<br />

Le glaucome congénital primitif est une affection grave <strong>fr</strong>appant<br />

8 à 15 % des jeunes aveugles selon les centres, rare —<br />

cinq pour 100 000 naissances —, bilatérale dans 80 % des cas<br />

et héréditaire transmise selon le mode récessif autosomique.<br />

Présent dès la naissance dans un tiers des cas, ou apparaissant<br />

au cours de la première année de la vie, il impose, sitôt<br />

le diagnostic établi, un traitement chirurgical, seul à même<br />

d’éviter la cécité.<br />

CLINIQUE<br />

Signes d’appel<br />

La photophobie avec larmoiement clair et blépharospasme<br />

constitue le premier signe d’appel (fig. 11-6). Il est très vite<br />

II – PATHOLOGIE ET GÉNÉTIQUE<br />

pathologie, et par analogie, on serait tenté de penser que le<br />

glaucome congénital constitue l’« hydrocéphalie de l’œil ».<br />

Au cours des trois derniers mois de la gestation se produisent<br />

des événements très importants :<br />

– disparition progressive de la couche endothéliale irienne à<br />

partir du bord pupillaire de l’iris ;<br />

– formation de l’éperon scléral où s’insèrent les fibres longitudinales<br />

du muscle ciliaire ;<br />

– recul de l’insertion irienne au niveau de l’éperon scléral ;<br />

– formation du canal de Schlemm et de la ligne de<br />

Schwalbe avec développement du trabéculum.<br />

Comme pour d’autres structures oculaires, en particulier la<br />

macula, la maturation de l’angle ne va s’achever que pendant la<br />

première année de la vie. Il acquiert alors sa configuration normale<br />

avec l’apparition des fibres circulaires du muscle ciliaire,<br />

une insertion irienne en arrière de l’éperon scléral, un trabéculum<br />

et un canal de Schlemm bien développés et fonctionnels.<br />

Cette notion capitale rend compte des cas de glaucomes<br />

congénitaux spontanément résolutifs [48] et de l’évolution<br />

postopératoire habituellement favorable de ceux qui ont pu<br />

passer le cap d’une année.<br />

Fig. 11-6 – Glaucome congénital. Photophobie, buphtalmie.<br />

suivi d’une buphtalmie par augmentation du diamètre cornéen,<br />

d’un approfondissement de la chambre antérieure et de<br />

ruptures descemétiques horizontales du fait de la distension<br />

limbique sous l’effet de l’hypertonie oculaire. La cornée œdémateuse,<br />

d’abord dépolie, devient alors irrémédiablement<br />

opaque.<br />

L’écoute des antécédents familiaux, des conditions de la<br />

grossesse et de la naissance, l’examen des deux parents, la<br />

recherche de lésions associées éventuelles (malformation,<br />

hémangiome, névrome plexiforme, taches cutanées) et l’examen<br />

pré-anesthésique précèdent immédiatement l’examen<br />

sous anesthésie générale et le geste chirurgical.<br />

Examen sous anesthésie générale<br />

Avec le concours d’une équipe anesthésique rompue à la<br />

prise en charge de polymalformés ou de nouveau-nés de<br />

quelques heures, l’examen est conduit de façon méthodique à<br />

l’aide d’un blépharostat colibri, tous les résultats étant consignés<br />

sur la fiche préétablie.<br />

GLAUCOMES CONGÉNITAUX PRIMITIF ET SECONDAIRES DYSGÉNÉSIQUES 161


Livre.book Page 162 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Autoré<strong>fr</strong>actométrie<br />

L’autoré<strong>fr</strong>actométre portable, lorsque l’état cornéen l’autorise,<br />

peut mesurer une myopie axile déjà anormale à cet âge et<br />

parfois un fort astigmatisme.<br />

Diamètre cornéen<br />

Le diamètre cornéen mesuré au compas de Sourdille, sur le<br />

méridien horizontal, de « blanc à blanc », est normalement<br />

de : 9,5 mm à la naissance, 10,5 mm à 6 mois, 11,5 mm à<br />

1 an, 12-12,5 mm à 3 ans. Un diamètre cornéen dépassant ces<br />

valeurs de 1 à 2 mm est anormal.<br />

Microscope opératoire<br />

L’examen sous microscope opératoire retrouve les aspects<br />

caractéristiques du glaucome congénital :<br />

– les vergetures de la cornée, pathognonomiques lorsqu’elles<br />

sont associées à une mégalocornée, résultent de ruptures de la<br />

membrane de Descemet, créées par sa distension sous l’effet<br />

de l’hypertonie oculaire (fig. 11-7). Elles apparaissent sous<br />

162 ANNEXES PALPÉBRO-CONJONCTIVALES ET SEGMENT ANTÉRIEUR<br />

forme de stries sinueuses, horizontales au centre et parallèles<br />

au limbe en périphérie. Elles ne sauraient se confondre avec les<br />

ruptures descemétiques isolées, verticales et linéaires, dues à<br />

l’application de forceps ;<br />

– l’œdème de la cornée, diffus ou parfois localisé au voisinage<br />

des vergetures, épithélial au début, puis associé à une<br />

infiltration stromale, lui confère cet aspect terne et trouble,<br />

voire bleuté, empêchant l’examen de l’angle et du fond d’œil ;<br />

– la distension du limbe se traduit par un anneau blanc et<br />

large, modifiant les repères anatomiques de l’angle iridocornéen ;<br />

– la chambre antérieure apparaît anormalement profonde<br />

(fig. 11-8). La base de l’iris, étirée et amincie, semble s’insérer<br />

en arrière des arcades vasculaires du limbe. Il peut exister un<br />

ectropion de l’épithélium pigmenté de l’iris;<br />

– la microphakie relative et l’étirement des fibres zonulaires<br />

ne sont visibles qu’après dilatation pupillaire.<br />

Examen du fond d’œil<br />

La papille optique déjà bien excavée et le rapport C/D (cup/<br />

disc) constituent un élément précieux de la surveillance post-<br />

a b<br />

Fig. 11-7 – UBM. Constitution d’une vergeture de la membrane de Descemet. a. Œdème cornéen. Décollement endothélio-descemétique. b. Rupture<br />

et enroulement de la membrane de Descemet.<br />

Fig. 11-8 – Glaucome congénital. UBM. Distension de la chambre antérieure. Discret œdème cornéen.


Livre.book Page 163 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

opératoire : en effet, la normalisation tensionnelle induit une<br />

stabilisation de l’allongement du globe avec comblement de<br />

cette excavation.<br />

Chez le nourrisson normal, il n’y a pratiquement pas<br />

d’excavation papillaire. Les grandes excavations (0,2 à 0,5),<br />

rondes ou ovalaires, à grand axe horizontal, définitivement<br />

stables, correspondent à des colobomes d’entrée du nerf optique.<br />

L’hypertonie oculaire provoque un recul de la lame criblée<br />

sans altération des fibres visuelles au début, celles-ci étant<br />

simplement rejetées sur le côté. Puis l’excavation progresse<br />

d’abord en profondeur avec maintien d’un anneau neurorétinien<br />

épais et rosé, avant de s’élargir. La verticalisation de<br />

l’excavation, moins <strong>fr</strong>équente que chez l’adulte, est un signe<br />

de gravité traduisant la souf<strong>fr</strong>ance irréversible du nerf optique.<br />

Lorsque le glaucome existe dès la naissance, l’excavation<br />

peut devenir totale en quelques jours.<br />

Enfin, l’asymétrie papillaire reste très suspecte car présente<br />

dans 88 % des glaucomes congénitaux alors que seulement<br />

3 % des enfants normaux ont des disques optiques asymétriques.<br />

Pression intraoculaire<br />

La mesure de la pression intraoculaire (PIO) est un temps<br />

essentiel de l’examen. Seule la mesure à l’aplanation est fiable,<br />

soit avec le tonomètre de Perkins ou de Draeger, soit<br />

avec le tonographe et à condition d’être couplée à une pachymétrie<br />

cornéenne.<br />

Le chif<strong>fr</strong>e normal de PIO chez l’enfant éveillé est de<br />

10 mm Hg avant un an et de 10 à 15 mm Hg entre un an et<br />

cinq ans. Sous anesthésie générale utilisant des dérivés de<br />

l’halothane (Sévorane) — qui abaissent la pression intraoculaire<br />

de 6 mm Hg en moyenne par relâchement de la musculature<br />

extrinsèque de l’œil — et en tenant compte de la<br />

déshydratation du jeûne pré-anesthésique, la PIO normale est<br />

de l’ordre de 4 mm Hg avant un an et inférieure à 10 mm Hg<br />

entre un an et cinq ans. Des valeurs supérieures à 15 mm Hg<br />

sous anesthésie générale sont pathologiques.<br />

Examen de l’angle iridocornéen<br />

L’examen de l’angle iridocornéen a pour but de localiser les<br />

structures anormales de l’angle et de repérer les zones chirurgicales<br />

possibles. Son étude à la lampe à fente du microscope<br />

opératoire, soit avec le verre de Goldmann en gonioscopie<br />

indirecte, ou avec les verres de Köppe, Barkan ou Swann en<br />

gonioscopie directe, est d’interprétation délicate en raison de<br />

la modification des rapports anatomiques entre les diverses<br />

structures angulaires et parce que tous les aspects sont possibles<br />

dans les goniodysgénésies.<br />

Néanmoins, les anomalies généralement retrouvées évoquent<br />

un angle immature et inachevé, manifestement de type<br />

fœtal (fig. 11-9) :<br />

– anneau de Schwalbe et éperon scléral mal visibles ;<br />

– bande ciliaire courte, trabéculum pâle ;<br />

– stroma irien hypoplasique, laissant voir par endroits<br />

l’épithélium pigmenté et les vaisseaux radiaires de l’iris attirés<br />

vers le trabéculum ;<br />

– insertion irienne plate et antérieure sur le trabéculum, ou<br />

postérieure sur l’éperon scléral, ou concave élargissant<br />

l’angle ;<br />

– enfin, et contrairement à une description classique, rien<br />

n’évoque cliniquement une véritable membrane de Barkan<br />

dont l’existence même a été discutée (cf. supra).<br />

Fig. 11-9 – Glaucome congénital. Angle immature de type fœtal.<br />

(Collection du Dr M. Putterman.)<br />

Échographie<br />

En mode A, l’augmentation du diamètre antéro-postérieur,<br />

portant à la fois sur le segment antérieur et sur la cavité<br />

vitréenne, est responsable d’une myopie axile régressant partiellement<br />

après normalisation tensionnelle. Cette mesure a<br />

un intérêt pratique pour la correction optique de ces jeunes<br />

enfants : le tiers d’entre eux se trouve porteur d’une myopie<br />

supérieure à – 3 dioptries.<br />

En mode B, la biométrie s’avère encore plus précise et la<br />

profondeur de l’excavation papillaire quantifiable ; mais<br />

l’intérêt majeur réside dans l’exploration du segment postérieur<br />

lorsque l’œdème cornéen interdit l’accès au fond d’œil<br />

et que la stricte unilatéralité de la buphtalmie fait craindre un<br />

rétinoblastome.<br />

L’ultrabiomicroscopie (UBM) constitue l’examen de choix<br />

pour une exploration fine du segment antérieur de l’œil, en<br />

particulier pour le bilan et le typage des dysgénésies trabéculo-irido-cornéennes<br />

à cornée opaque.<br />

Au terme de l’examen sous anesthésie générale et après avoir<br />

recueilli le consentement éclairé des parents, le traitement<br />

chirurgical, bilatéral si nécessaire, est réalisé dans le même<br />

temps afin de prévenir les complications cécitantes inéluctables<br />

: cornées porcelaine, luxation du cristallin par étirement<br />

puis rupture de la zonule, décollement de la rétine, hémorragie<br />

intraoculaire, rupture traumatique du limbe, atrophie<br />

optique.<br />

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL<br />

Le larmoiement clair avec photophobie amène à éliminer aisément<br />

une kératite par l’épreuve à la fluorescéine et l’imperméabilité<br />

congénitale des voies lacrymales où le larmoiement<br />

est purulent.<br />

La buphtalmie avec ou sans opacité de la cornée pose essentiellement<br />

le problème des glaucomes secondaires dysgénésiques,<br />

car la fausse buphtalmie de la myopie forte ne résiste<br />

pas à la mesure de la ré<strong>fr</strong>action et à l’examen du fond d’œil<br />

en ophtalmoscopie directe. Quant aux glaucomes secondaires<br />

à une maladie infectieuse (embryofœtopathie de la rubéole<br />

ou de la toxoplasmose), à une maladie inflammatoire (arthrite<br />

chronique juvénile) ou tumorale (rétinoblastome, nævo-xantho-endothéliome<br />

de l’iris, diktyome du corps ciliaire), le<br />

GLAUCOMES CONGÉNITAUX PRIMITIF ET SECONDAIRES DYSGÉNÉSIQUES 163


Livre.book Page 164 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

contexte est bien différent et la buphtalmie pratiquement<br />

toujours unilatérale.<br />

Les ruptures descemétiques verticales sont quasiment pathognonomiques<br />

de séquelles d’une application de forceps et,<br />

dans certaines circonstances, constituent un argument<br />

médico-légal irréfutable.<br />

L’excavation papillaire du colobome d’entrée du nerf optique<br />

est plutôt à grand axe vertical, stable et sans hypertonie<br />

associée.<br />

ÉTUDE GÉNÉTIQUE<br />

Hérédité du glaucome congénital<br />

Elle a été extrêmement controversée au cours des années<br />

1960-1980, puisque plusieurs publications discordantes ont<br />

tantôt considéré ce type de glaucome comme répondant à un<br />

mode de transmission récessif autosomique avec une pénétrance<br />

plus ou moins complète selon les séries (Waardenburg<br />

1950 [74] , Beiguelman 1963 [8] ), tantôt au contraire considéré le<br />

glaucome congénital comme exemple d’hérédité multifactorielle<br />

et polygénique à seuil (Démenais [19-21] ). Les partisans de<br />

l’hérédité récessive autosomique s’appuyaient sur la <strong>fr</strong>équence<br />

de la consanguinité, d’une part [74] , et sur la ségrégation<br />

du caractère dans environ 25 % des germains d’une<br />

même <strong>fr</strong>atrie, d’autre part. Ceci avait été particulièrement<br />

démontré dans une étude portant sur 45 familles de Gitans de<br />

Slovaquie regroupant 118 individus atteints d’un glaucome<br />

congénital [30] . Au demeurant, dès 1980, deux rapports d’analyse<br />

de ségrégation avaient suggéré une forte hétérogénéité<br />

génétique à l’origine de cette anomalie [29, 56] . Quant aux<br />

défenseurs de l’hérédité polygénique et multifactorielle, il est<br />

probable que leurs analyses avaient été gênées dans leur<br />

interprétation par la confusion nosologique existant à cette<br />

date pour le glaucome congénital, les patients atteints de<br />

glaucome primitif et de glaucome dysgénésique ayant été<br />

mixés dans les échantillons de patients [20] .<br />

Aujourd’hui, à la lumière des premières études de liaison<br />

génétique effectuées dans des cohortes de patients dont le<br />

glaucome avait été rigoureusement classifié et grâce à l’identification<br />

des premiers gènes responsables, il est possible<br />

d’affirmer que, dans la grande majorité des cas, le glaucome<br />

congénital primitif classique, tel qu’il correspond à l’immaturité<br />

de l’angle iridocornéen exposée plus haut, obéit à une<br />

hérédité récessive autosomique à pénétrance complète, tandis<br />

que le glaucome congénital secondaire dysgénésique obéit à<br />

une hérédité dominante autosomique avec une très large<br />

variabilité d’expression, même intrafamiliale.<br />

Décryptage génétique<br />

II fallut attendre l’année 1995 pour que les premières études<br />

de liaison génétique affirment l’hérédité récessive autosomique<br />

et localisent le premier gène causal sur le bras court du<br />

chromosome 2, en 2p21 (GLC3A, Sarfarazi, 1995) [63] . Cette<br />

première étude de liaison, reposant sur une homogénéité clinique<br />

la plus parfaite possible (critères diagnostiques uniformes,<br />

patients vus par le même ophtalmologiste), s’est<br />

appuyée sur une population étroite, puisque dix-sept familles<br />

multiplex sur un total de 86 familles furent sélectionnées sur<br />

des critères cliniques rigoureux correspondant à la description<br />

faite plus haut et étaient toutes originaires de Turquie. Onze<br />

familles sur dix-sept ne montrèrent aucun événement de<br />

164 ANNEXES PALPÉBRO-CONJONCTIVALES ET SEGMENT ANTÉRIEUR<br />

recombinaison avec le locus GLC3A en 2p21, confirmant<br />

ainsi l’hétérogénéité génétique du glaucome congénital primitif<br />

[63] . Cette localisation en 2p21 fut démontrée en 1998 dans<br />

la population de Gitans de Slovaquie [60] .<br />

Mais, dès l’année 1996, l’équipe de Sarfarazi localisait en<br />

Ip36 un second locus de glaucome congénital primitif<br />

(GLC3B). L’étude de liaison génétique avait été effectuée<br />

dans huit familles multiplex non liées au locus GLC1A et une<br />

liaison forte en Ip36 était retrouvée dans quatre de ces huit<br />

familles, apportant la preuve d’au moins un troisième locus<br />

supplémentaire [1] . À ce jour, aucun gène n’a encore été identifié<br />

pour le locus GLC3B. En 1997, la même équipe identifiait<br />

le gène correspondant au locus GLC3A. Il s’agit du gène<br />

CYP1B1 codant le cytochrome P450 de type 1B1 [69] . Depuis,<br />

plusieurs études ont montré que le gène CYP1B1 est sans<br />

conteste le gène majeur à l’origine du glaucome congénital<br />

primitif, dans 50 à 60 % des cas selon les études [16] . Enfin,<br />

très récemment un troisième locus, GLC3C, vient d’être<br />

repéré sur le chromosome 14 (14q23.3-q31.1) (données non<br />

encore publiées, GeneBank n˚ 399565). À ce jour, cette localisation<br />

n’a pas encore été étudiée dans les quatre familles de la<br />

série d’Akarsu excluant GLC3A et GLC3B.<br />

GLAUCOMES SECONDAIRES<br />

DYSGÉNÉSIQUES<br />

Les cornéo-irido-gonio-dysgénésies sont considérées comme<br />

résultant d’une anomalie de migration ou de différenciation<br />

des cellules de la crête neurale céphalique.<br />

ANOMALIES DE MIGRATION<br />

DES CELLULES DE LA CRÊTE NEURALE<br />

Un premier groupe d’affections considéré comme résultant<br />

d’une anomalie de la migration des cellules de la crête neurale<br />

prosencéphalique constitue une suite cohérente de malformations,<br />

de gravité croissante, qui peuvent d’ailleurs s’associer<br />

entre elles chez un même patient ou dans une même famille.<br />

Elles ont pour dénominateur commun la survenue plus ou<br />

moins précoce d’un glaucome et sont le plus souvent transmises<br />

sur le mode dominant autosomique (DA).<br />

Gonio-dysgénésies<br />

Embryotoxon postérieur (DA)<br />

Cette anomalie, uni- ou bilatérale, s’observe dans 10 % de la<br />

population. Elle correspond à l’épaississement de la ligne de<br />

Schwalbe, qui apparaît très antérieure et visible à la lampe à<br />

fente en rétro-illumination, sous forme d’une ligne blanc grisâtre<br />

disposée en anneau rétrocornéen plus ou moins complet<br />

et parallèle au limbe (fig. 11-10).<br />

Habituellement isolé et longtemps muet, il fait cependant<br />

partie de l’hypoplasie ductulaire syndromatique du syndrome<br />

d’Alagille, et peut se compliquer d’hypertonie oculaire, surtout<br />

lorsqu’il est étendu, ce qui justifie la surveillance<br />

annuelle systématique du tonus oculaire.<br />

Anomalie d’Axenfeld (DA)<br />

En 1920, Axenfeld décrit une anomalie héréditaire, bilatérale,<br />

associant un embryotoxon postérieur à des adhérences iridocornéennes<br />

formant des ponts de tissu irien entre la base de


Livre.book Page 165 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

a b<br />

Fig. 11-10 – Embryotoxon. a. Épaississement de la ligne de Schwalbe. b. UBM. Embryotoxon et aniridie.<br />

l’iris et l’embryotoxon postérieur (fig. 11-11). Le glaucome,<br />

présent dans 50 % des cas, se manifeste le plus souvent dans<br />

l’enfance ou l’adolescence et se présente donc comme un<br />

glaucome juvénile.<br />

Irido-gonio-dysgénésies<br />

Anomalie de Rieger (DA)<br />

En 1934, Rieger retrouve les anomalies décrites par Axenfeld,<br />

mais associées à des déformations pupillaires : correctopie en<br />

regard des goniosynéchies, polycorie par déhiscences au sein<br />

des zones d’atrophie irienne (fig. 11-12).<br />

Le glaucome, bilatéral, est présent dans 50 % des cas, souvent<br />

dès la naissance. Il est difficile à traiter en raison de<br />

l’importance des anomalies de l’angle. D’autres anomalies<br />

oculaires sont possibles : cataracte, dégénérescence maculaire,<br />

hypoplasie du nerf optique, décollement de la rétine. Lorsque<br />

l’anomalie de Rieger s’associe à des anomalies dentaires,<br />

faciales, osseuses ou cardiaques, on parle alors de syndrome<br />

de Rieger (cf. in<strong>fr</strong>a, Glaucomes syndromiques).<br />

Étude génétique. — Les glaucomes dysgénésiques se<br />

caractérisent par une extrême variabilité clinique, puisque les<br />

Fig. 11-11 – Anomalie d’Axenfeld.<br />

anomalies décrites se déclinent isolément ou en association<br />

chez l’un ou l’autre des sujets atteints d’une même famille.<br />

L’hétérogénéité génétique est elle-même très grande, sans<br />

aucune corrélation avec l’hétérogénéité phénotypique, même<br />

si le mode de transmission est toujours dominant autosomique,<br />

au moins pour les anomalies oculaires exclusives. En<br />

revanche, la variabilité d’expression est extrêmement grande,<br />

ce qui souligne l’intérêt majeur de l’examen des apparentés<br />

d’un sujet atteint avant de conclure à une mutation de novo (cf.<br />

chapitre 4). Actuellement, deux loci situés sur deux régions<br />

chromosomiques ont été reconnus comme contenant un gène<br />

impliqué dans la genèse d’anomalies oculaires compatibles<br />

avec la description des anciennes « anomalies de clivage de la<br />

chambre antérieure de l’œil », anomalies en cascade :<br />

embryotoxon postérieur, anomalies d’Axenfeld et Rieger. Au<br />

sein de ces deux loci, un seul gène a été cloné et un second<br />

gène a été identifié par approche gène candidat. Le premier<br />

locus sur le chromosome 4q25-p26 a été nommé RIEG1 [33] ,<br />

du fait de son antériorité. Des mutations du gène PITX2 ont<br />

été identifiées comme responsables du phénotype oculaire en<br />

1996 [66] puis en 1998 [3] . Le gène PITX2 est un facteur de transcription<br />

à homéodomaine codant la protéine solurchin et<br />

l’importance de son implication dans la totalité des anomalies<br />

GLAUCOMES CONGÉNITAUX PRIMITIF ET SECONDAIRES DYSGÉNÉSIQUES 165


Livre.book Page 166 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Fig. 11-12 – Anomalie de Rieger.<br />

d’Axenfeld-Rieger n’est pas clairement évaluée. Une seule<br />

étude ferait état d’une <strong>fr</strong>équence de 9,4 % [46, 47] . La même<br />

méconnaissance existe pour le second locus, RIEG2, localisé<br />

en 13q14, au sein duquel aucun gène n’est aujourd’hui identifié<br />

[59] . Un second gène a été identifié à l’origine des dysgénésies<br />

de l’angle iridocornéen par une approche gène candidat.<br />

Il s’agit d’un facteur de transcription à homéodomaine<br />

FOXC1, également dénommé FKHL7 (Forkhead Homolog-Like<br />

7) [57] . Des mutations de ce gène auraient été retrouvées chez<br />

trois sur dix-huit patients dans une étude de Mears en 1998,<br />

soit 16,66 % [52] . Ce gène a été localisé dès 1995 dans la région<br />

chromosomique en 6p25 [42] . Il faut souligner que les mutations<br />

de PITX2 et FOXC1, ainsi que la liaison génétique au<br />

locus RIEG2 dans les formes familiales, ne couvrent pas la<br />

totalité des cas. D’autres gènes demandent à être reconnus à<br />

l’origine de ces anomalies d’Axenfeld-Rieger. De ce point de<br />

vue, il faut noter que tous les gènes programmeurs de l’œil<br />

sont des gènes candidats potentiels (cf. chapitres 5 et 6). C’est<br />

ainsi que Smith a criblé le gène FOXC2 (FKHL14) localisé en<br />

16q24.3 chez trente-deux patients, mais aucune mutation n’a<br />

pu être identifiée [68] . Le gène PITX3, localisé en 10q25, a également<br />

été testé et des mutations ont été mises en évidence<br />

Fig. 11-13 – Aniridie.<br />

166 ANNEXES PALPÉBRO-CONJONCTIVALES ET SEGMENT ANTÉRIEUR<br />

chez des patients atteints de dysgénésie mésenchymateuse de<br />

la chambre antérieure avec cataracte [65] , mais non chez des<br />

patients atteints d’Axenfeld-Rieger. De même, une mutation<br />

du gène FOXE3 (FKHL12), localisé en 1p32, a été identifiée<br />

dans une forme familiale de dysgénésie mésenchymateuse du<br />

segment antérieur avec cataracte [64] .<br />

Aniridie (DA)<br />

L’aniridie est un désordre complexe du développement oculaire<br />

touchant à un degré variable toutes les structures de<br />

l’œil, mais cette malformation tire son nom de son signe<br />

majeur qui est une aplasie ou une hypoplasie de l’iris. D’une<br />

<strong>fr</strong>équence estimée à 0,01 %, l’aniridie constitue une malformation<br />

congénitale bilatérale sévère, définie — dans sa forme<br />

habituelle de type I — par une absence subtotale de l’iris qui<br />

se trouve réduit à une mince collerette périphérique (fig. 11-<br />

13). Dès la naissance, elle entraîne photophobie, nystagmus<br />

de fixation, comportement visuel anormal et, parfois, buphtalmie.<br />

Toutes les structures oculaires sont impliquées, faisant<br />

suspecter l’altération d’un gène maître dans le développement<br />

de l’œil :


Livre.book Page 167 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

– la dystrophie cornéenne limbique par incompétence des<br />

cellules souches est constante, entraînant un voile opaque<br />

superficiel lentement centripète et, parfois, des ulcérations ;<br />

– le glaucome, présent dans 50 à 75 % des cas, peut être<br />

de type congénital avec buphtalmie, ou tardif juvénile, ce qui<br />

justifie la surveillance annuelle du tonus oculaire de ces<br />

patients tout au long de leur vie ;<br />

– une cataracte congénitale totale ou partielle, avec reliquats<br />

de membrane de Wachendorf, n’est pas rare ;<br />

– l’aplasie maculaire bilatérale, quasi constante, rend<br />

compte du nystagmus et de la profonde amblyopie (fig. 11-14).<br />

Une forme partielle moins sévère, dite de type II, laisse un<br />

plan irien plus ou moins régulier et, surtout, épargne la<br />

macula, entraînant de ce fait un handicap visuel moins prononcé.<br />

Les types III et IV entrent dans le cadre des glaucomes syndromiques.<br />

Le syndrome de Gillespie, ou type III, associe aniridie,<br />

ataxie cérébelleuse et retard mental. Le syndrome<br />

WAGR, ou type IV, est l’acronyme de : tumeur de Wilms,<br />

Aniridie, anomalies des organes Génitaux externes, Retard<br />

des acquisitions [23] .<br />

En absence de complications, la prise en charge se limite à<br />

la prescription de verres correcteurs teintés, à la surveillance<br />

annuelle du tonus oculaire et à l’intégration scolaire la mieux<br />

adaptée au handicap. Le glaucome relève du traitement<br />

médico-chirurgical où la trabéculectomie externe a naturellement<br />

sa place, en raison de son efficacité et du moindre risque<br />

opératoire par rapport à la chirurgie perforante. En cas<br />

d’opacification cornéenne bilatérale et après normalisation<br />

tensionnelle, la greffe de cornée se discute mais son pronostic<br />

reste réservé en raison de la dystrophie épithéliale d’origine<br />

limbique et malgré l’allogreffe de limbe préalable et l’instillation<br />

de ciclosporine. La cataracte ne relève d’une intervention<br />

avec implantation intra-sacculaire et, si possible, iris artificiel<br />

que dans le cas d’un retentissement visuel majeur prenant en<br />

compte l’aplasie maculaire.<br />

Étude génétique. — L’aniridie peut être d’origine chromosomique<br />

ou génétique. Devant un cas isolé, il faut disposer<br />

d’une étude par FISH (Fluorescent In Situ Hybridization) à la<br />

recherche de la délétion chromosomique 11p13 responsable du<br />

Fig. 11-14 – Aniridie. Aplasie maculaire.<br />

syndrome WAGR dit « de gènes contigus » [18] . Elle expose au<br />

néphroblastome ou au gonadoblastome et justifie de maintenir<br />

chez ces enfants une surveillance régulière clinique et par échographie<br />

abdominale. Dans le cas contraire, il s’agit d’une mutation<br />

de novo inaugurant une nouvelle lignée. Dans sa forme<br />

génétique familiale, l’aniridie se transmet toujours comme un<br />

caractère dominant autosomique. Dès 1983, des translocations<br />

équilibrées, ayant toutes en commun un point de cassure en<br />

11p13, avaient suggéré la localisation du gène responsable de<br />

l’aniridie dans cette région chromosomique [55, 58, 67] . Les travaux<br />

de liaison génétique ultérieurs confirmèrent cette localisation [50] ,<br />

après qu’une tentative de localisation sur le chromosome 2 en<br />

1980 [27] fût infirmée par la mise en évidence d’une homogénéité<br />

génétique au locus 11p13 en 1992 [49] . Le gène PAX6 fut cloné<br />

par Ton et al. en 1991 [71] . Les travaux de cette équipe reposèrent<br />

sur la localisation chromosomique du locus de l’aniridie et les<br />

premières mutations furent retrouvées par l’équipe de van Heyningen<br />

en 1993 [32] . Depuis, de très nombreuses études confirmèrent<br />

l’implication de ce gène dans l’aniridie isolée d’une part<br />

(pour revue : OMIM) mais également dans d’autres tableaux cliniques<br />

et de multiples anomalies du développement de l’œil (cf.<br />

chapitres 5 et 6).<br />

Ectropion congénital de l’épithélium pigmenté<br />

de l’iris<br />

Cette anomalie est rare, généralement unilatérale, caractérisée<br />

par la présence d’épithélium pigmenté irien sur tout ou partie<br />

de la face antérieure du bord pupillaire. Le glaucome, très <strong>fr</strong>équent,<br />

se présente sous une forme congénitale avec buphtalmie<br />

ou tardive juvénile. La surveillance du tonus oculaire se<br />

doit d’être systématique devant tout ectropion congénital de<br />

l’uvée.<br />

Son association, très <strong>fr</strong>équente avec la neuro-fibromatose<br />

de von Recklinghausen, est également possible avec l’anomalie<br />

d’Axenfeld-Rieger et les autres dysgénésies du segment<br />

antérieur.<br />

Microcorie congénitale (DA)<br />

L’anomalie, bilatérale, rapportée à un trouble du développement<br />

du muscle dilatateur de l’iris, est définie par une pupille<br />

d’un diamètre inférieur à 2 mm dans le regard au loin. Presque<br />

virtuelle, la pupille peut se réduire à une pointe d’épingle.<br />

Le glaucome associé dans plus de 30 % des cas, apparu dès la<br />

naissance ou dans la première enfance, se caractérise par des<br />

pressions oculaires très élevées relevant d’une chirurgie combinant<br />

une corépraxie à l’intervention anti-glaucomateuse. La<br />

myopie forte, <strong>fr</strong>équente, et parfois une cataracte viennent<br />

encore compliquer la situation.<br />

Étude génétique. — Décrite en 1964, la microcorie<br />

congénitale est transmise en dominance autosomique. Un<br />

gène responsable a été localisé en 13q31-q32 mais non encore<br />

identifié [62] .<br />

Cornéo-gonio-dysgénésies<br />

Mégalocornée congénitale (RLX, DA, RA)<br />

La mégalocornée congénitale, ou mégalophtalmie antérieure<br />

congénitale, désigne une augmentation de taille du segment<br />

antérieur isolée, bilatérale et symétrique, parfois considérable,<br />

le diamètre cornéen pouvant atteindre 15 à 16 mm ; elle ne<br />

manque jamais d’évoquer l’Enfant du Docteur Roulin par Vincent<br />

van Gogh (fig. 11-15). Elle se distingue du glaucome con-<br />

GLAUCOMES CONGÉNITAUX PRIMITIF ET SECONDAIRES DYSGÉNÉSIQUES 167


Livre.book Page 168 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

génital par l’absence de dégradation de la fonction visuelle, de<br />

trouble cornéen, de vergetures de la membrane de Descemet,<br />

de distension du limbe, d’excavation papillaire et bien<br />

entendu d’hypertonie oculaire. Son pronostic est, a priori,<br />

favorable à condition de surveiller annuellement et à vie le<br />

tonus oculaire, car l’apparition insidieuse d’une hypertonie<br />

chronique est possible. Des complications cristalliniennes,<br />

ectopie, cataracte précoce, ont été observées.<br />

Étude génétique. — Lorsque la mégalocornée est isolée, sa<br />

transmission est récessive liée au chromosome X dans 90 % des<br />

cas, exceptionnellement dominante autosomique ou récessive.<br />

Une tentative de localisation en Xq21.3-q22 a été publiée en<br />

1989 mais aucun gène n’a été identifié à ce jour [14] . En revanche,<br />

associée à un retard mental, elle constitue le syndrome de Neuhauser<br />

de transmission récessive autosomique [61, 73] .<br />

Sclérocornée congénitale (RA, DA)<br />

Dysgénésie majeure du segment antérieur, presque toujours<br />

bilatérale, elle est bien reconnaissable par l’aspect d’une<br />

microcornée plus ou moins accusée, blanche comme la sclère<br />

et sillonnée d’anses vasculaires radiaires à départ limbique,<br />

qui en font d’emblée un terrain défavorable à la kératoplastie.<br />

Fig. 11-15 – Mégalocornée congénitale.<br />

168 ANNEXES PALPÉBRO-CONJONCTIVALES ET SEGMENT ANTÉRIEUR<br />

La perte de la transparence cornéenne est due à l’absence de<br />

la totalité du plan endothélio-descemétique, bien visible en<br />

UBM (fig. 11-16), et à l’inorganisation des fibrilles collagènes.<br />

Le bilan lésionnel par l’UBM est indispensable car la sclérocornée<br />

congénitale s’accompagne très souvent d’anomalies de<br />

l’iris, d’adhérences iridocornéennes — qui établissent une<br />

transition avec l’anomalie de Peters —, d’adhérence cristallinienne<br />

(fig. 11-17), de cataracte, parfois de microphtalmie<br />

sévère, et toujours d’une dysgénésie de l’angle responsable<br />

d’un glaucome plus ou moins précoce.<br />

Étude génétique. — La sclérocornée isolée se transmet<br />

comme un caractère dominant autosomique ou récessif autosomique.<br />

Elle est volontiers décrite comme plus sévère<br />

lorsqu’elle est récessive [9] . Néanmoins, des formes familiales<br />

sévères dominantes autosomiques existent, à forte variabilité<br />

clinique intrafamiliale, et peuvent s’accompagner d’une<br />

microphtalmie extrême (données personnelles). Lorsque sclérocornée,<br />

microphtalmie et aplasie dermique coexistent chez<br />

le même patient, on parle de syndrome de MIDAS dont<br />

l’hérédité serait dominante liée au chromosome X, avec létalité<br />

chez le garçon. Le gène responsable serait localisé en<br />

Xp22-pter [45] .


Livre.book Page 169 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Fig. 11-16 – Sclérocornée congénitale. UBM : irrégularité de la face postérieure de la cornée par absence de plan endothélio-descemétique ; œdème<br />

cornéen ; adhérence du pôle antérieur du cristallin.<br />

Fig. 11-17 – UBM. Sclérocornée congénitale. Non-disjonction du cristallin.<br />

Cornéo-irido-gonio-dysgénésies<br />

Anomalie de Peters (DA, RA)<br />

Découverte par von Hippel en 1887, puis décrite par Peters en<br />

1906, cette malformation apparaît comme une forme partielle<br />

de sclérocornée congénitale qui épargnerait une plus ou<br />

moins grande partie de la cornée périphérique en fonction de<br />

l’étendue plus ou moins large du déficit endothélial. Contrairement<br />

à la précédente, elle laisse voir à la lampe à fente les<br />

adhérences iridocornéennes caractéristiques partant de la collerette<br />

irienne pour s’insérer à la face postérieure de la cornée<br />

au bord du déficit endothélio-descemétique (fig. 11-18). Le<br />

plus souvent bilatérale, l’anomalie de Peters peut être aussi<br />

asymétrique ou unilatérale, associée à une autre forme de<br />

dysgénésie. Compliquée d’anomalies extraoculaires, elle<br />

devient le syndrome de Peters (cf. in<strong>fr</strong>a, Glaucomes syndromiques).<br />

Meilleur que pour la sclérocornée congénitale, le pronostic<br />

de la kératoplastie transfixiante est fonction de<br />

l’importance de l’opacité centrale, des lésions associées et du<br />

glaucome plus ou moins précoce. L’examen attentif des appa-<br />

rentés à la recherche d’anomalies minimes de la périphérie de<br />

la cornée est une donnée précieuse apportée au généticien<br />

pour son conseil génétique.<br />

Étude génétique. — L’anomalie de Peters isolée se transmet<br />

comme un caractère dominant autosomique à forte<br />

variabilité clinique. Il n’est pas rare, en effet, d’observer dans<br />

la même famille des anomalies de Peters, d’Axenfeld et de<br />

von Hippel (fig. 11-19). De nombreux gènes impliqués dans le<br />

développement oculaire peuvent être incriminés dans la survenue<br />

de l’anomalie de Peters, PAX6, PITX2, FOXC, et<br />

d’autres non encore identifiés (cf. chapitres 5 et 6). Lorsque<br />

l’anomalie de Peters est associée à d’autres malformations<br />

viscérales, elle constitue le syndrome de « Peters-plus » [12, 75] .<br />

Anomalie de von Hippel (DA, RA…)<br />

Parfois improprement dénommée kératocône postérieur ou<br />

staphylome postérieur de la cornée, n’ayant strictement rien à<br />

voir avec l’angiomatose de von Hippel-Lindau (cf. chapitre<br />

33), elle réalise un degré malformatif supérieur par rapport<br />

au syndrome de Peters, puisque, en plus du déficit endothé-<br />

GLAUCOMES CONGÉNITAUX PRIMITIF ET SECONDAIRES DYSGÉNÉSIQUES 169


Livre.book Page 170 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Fig. 11-18 – Anomalie de Peters.<br />

lio-descémétique, le stroma fait défaut au centre cornéen<br />

fermé par le seul épithélium — dont l’origine embryologique<br />

n’est pas neuro-ectoblastique comme le reste de la cornée<br />

mais exclusivement épiblastique comme le cristallin —<br />

(fig. 11-20). Il peut d’ailleurs arriver que ce dernier reste<br />

enchâssé dans le chaton cornéen dont il s’est mal dissocié<br />

(fig. 11-21). L’œil est constamment buphtalme, à la merci<br />

d’un <strong>fr</strong>ottement digital un peu appuyé qui va fissurer le bouton<br />

épithélial et décomprimer transitoirement le globe voire<br />

précipiter son atrophie. Le traitement est extrêmement difficile<br />

et le pronostic très péjoratif. Fort heureusement, la malformation<br />

reste habituellement unilatérale, l’œil adelphe<br />

présentant un autre type de dysgénésie comme, par exemple,<br />

une anomalie de Peters, une anomalie d’Axenfeld ou un simple<br />

embryotoxon. Des malformations extraoculaires sont <strong>fr</strong>équemment<br />

associées, constituant le syndrome de Meckel (cf.<br />

in<strong>fr</strong>a, Glaucomes syndromiques).<br />

ANOMALIES DE PROLIFÉRATION<br />

ET DE DIFFÉRENCIATION<br />

Un second groupe d’affections est rattaché à des anomalies de<br />

la prolifération des cellules de la crête neurale prosencéphali-<br />

170 ANNEXES PALPÉBRO-CONJONCTIVALES ET SEGMENT ANTÉRIEUR<br />

que — comme le syndrome irido-cornéo-endothélial considéré<br />

comme sporadique — ou de leur différenciation — comme la<br />

dystrophie polymorphe postérieure de la cornée transmise sur<br />

le mode dominant autosomique. L’atteinte de l’endothélium<br />

cornéen est prédominante et le glaucome inéluctable [24] .<br />

Syndrome irido-cornéo-endothélial (ICE)<br />

(sporadique)<br />

Ce syndrome, très hétérogène, presque toujours unilatéral,<br />

regroupe :<br />

– l’atrophie essentielle et progressive de l’iris associant correctopie<br />

et ectropion uvéal ;<br />

– le syndrome de Chandler, forme très atténuée de la précédente<br />

mais avec un œdème cornéen constant ;<br />

– le syndrome de Cogan-Reese défini par un nodule pigmenté<br />

bénin de l’iris avec des éléments identiques au syndrome<br />

de Chandler ;<br />

– le syndrome nævique irien lorsqu’on est en présence,<br />

non pas d’un nodule irien, mais de nævi diffus.<br />

Le syndrome ICE débute chez l’adulte jeune, mais des cas<br />

ont été décrits chez l’enfant. Il est dû à une atteinte primitive<br />

de l’endothélium cornéen avec prolifération puis migration<br />

dans l’angle iridocornéen de cellules endothéliales anormales


Livre.book Page 171 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Axenfeld OD<br />

Von Hippel OG<br />

Peters ODG Axenfeld OG<br />

Von Hippel OD<br />

Enfant N. B.<br />

Enfant C.<br />

Enfant L.<br />

Fig. 11-19 – Pedigrees indépendants démontrant la variabilité clinique<br />

des glaucomes congénitaux dysgénésiques dominants autosomiques.<br />

Fig. 11-20 – Anomalie de von Hippel.<br />

Embryotoxon ODG<br />

Rieger ODG<br />

Embryotoxon<br />

ODG<br />

Von Hippel OG<br />

Peters OD<br />

qui sécrètent une substance collagène. L’hypertonie oculaire<br />

qui en résulte peut être très importante car la membrane<br />

fibrocellulaire forme des gonio-synéchies et participe, en se<br />

contractant, à la constitution de la correctopie et des trous<br />

iriens. Le diagnostic de syndrome ICE peut être facilité par la<br />

Fig. 11-21 – Anomalie de von Hippel. Cristallin dans le chaton cornéen.<br />

microscopie spéculaire, quand elle est possible, qui montre<br />

une diminution de la densité cellulaire et un pléiomorphisme<br />

en taille et en forme des cellules endothéliales.<br />

Dystrophie polymorphe postérieure (DA)<br />

Bilatérale, débutant dans l’enfance, elle résulte d’une différenciation<br />

incomplète des cellules endothéliales cornéennes. Un<br />

dépôt collagène, sécrété par cet endothélium anormal, recouvre<br />

une membrane de Descemet de type fœtal et envahit<br />

l’angle et l’iris, avec pour conséquences une perte progressive<br />

de la transparence de la cornée et un glaucome. Là encore, en<br />

microscopie spéculaire, on observe un pléiomorphisme des<br />

cellules endothéliales. La surveillance ophtalmologique<br />

annuelle permet, à temps, le traitement médical du glaucome<br />

et conduit à la greffe de cornée transfixiante lorsque l’altération<br />

de l’acuité visuelle n’est plus compatible avec les activités<br />

scolaires de l’adolescent. La maladie est transmise sur le<br />

mode dominant autosomique.<br />

GLAUCOME JUVÉNILE<br />

Cette terminologie déjà ancienne a le mérite de situer la date<br />

de survenue du glaucome mais ne préjuge pas de sa cause :<br />

soit glaucome dysgénésique d’expression retardée, soit glaucome<br />

primitif à angle ouvert de survenue très précoce. Il<br />

s’agit d’un glaucome toujours grave car de diagnostic tardif. En<br />

effet, il évolue à bas bruit comme un glaucome chronique<br />

sans distension du globe puisque la sclère n’est plus extensible<br />

au-delà de l’âge de trois ans.<br />

Très souvent secondaire à une anomalie minime de<br />

l’angle, embryotoxon ou anomalie d’Axenfeld de transmission<br />

dominante autosomique, il sera dépisté par l’examen<br />

biomicroscopique et la mesure systématique du tonus oculaire<br />

de tout enfant dont l’un des parents est porteur d’une<br />

dysgénésie du segment antérieur.<br />

Sinon, c’est l’observation d’une fatigue visuelle, de maladresses,<br />

d’un fléchissement scolaire, en rapport avec un déficit<br />

campimétrique témoignant d’un glaucome déjà très évolué<br />

avec une large excavation papillaire qui fera porter le diagnostic<br />

au cours de l’examen oculaire.<br />

GLAUCOMES CONGÉNITAUX PRIMITIF ET SECONDAIRES DYSGÉNÉSIQUES 171


Livre.book Page 172 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Ceci souligne la nécessité d’un examen ophtalmologique complet<br />

chaque fois qu’un enfant vient consulter pour un trouble visuel qu’il<br />

serait hâtif de mettre sur le compte d’une simple amétropie.<br />

Le traitement initial fait appel aux collyres hypotonisants,<br />

mais il faut bien souvent avoir recours à la chirurgie, en raison<br />

de l’échec du traitement médical.<br />

Étude génétique. — Les études génétiques sont en<br />

accord avec la présentation clinique et confirment la dualité<br />

des glaucomes juvéniles :<br />

– les altérations des gènes RIEG1, RIEG2, FOXC1, PITX3<br />

peuvent avoir une expression phénotypique tardive et être responsables<br />

de la manifestation retardée d’un glaucome secondaire<br />

dysgénésique tel qu’il vient d’être exposé ;<br />

– à l’inverse, les altérations des gènes GLC1A et GLCA1B,<br />

responsables du glaucome primitif à angle ouvert, se manifestant<br />

majoritairement à l’âge adulte (cf. chapitre 12), peuvent<br />

néanmoins être de révélation très précoce, dès l’âge de dix<br />

ans, sans dysgénésie de l’angle, et constituer la forme précoce<br />

infantile du glaucome chronique de l’adulte.<br />

GLAUCOMES SYNDROMIQUES<br />

L’implication des cellules des crêtes neurales dans la formation<br />

de l’œil mais aussi dans celle des structures dérivées des<br />

arcs branchiaux, rend compte des nombreuses associations<br />

malformatives craniofaciales et viscérales.<br />

Syndrome de Rieger (DA)<br />

Le syndrome de Rieger associe à l’anomalie de Rieger des<br />

malformations dentaires, faciales, ombilicales, osseuses et<br />

cardiaques. Les lésions dentaires prédominent sur les incisives<br />

supérieures qui sont absentes ou de petite taille (microdontie).<br />

La dysmorphie faciale consiste en une hypoplasie de la<br />

branche montante du maxillaire inférieur, un aplatissement<br />

de la base du nez et un hypertélorisme. Le défaut de régression<br />

du tissu péri-ombilical pourrait en imposer pour une<br />

véritable hernie (cf. chapitre 5).<br />

172 ANNEXES PALPÉBRO-CONJONCTIVALES ET SEGMENT ANTÉRIEUR<br />

Étude génétique. — Les gènes impliqués dans l’anomalie<br />

de Rieger isolée (cf. supra) sont également incriminés dans le<br />

syndrome de Rieger lequel, au demeurant, est très vraisemblablement<br />

sous-estimé eu égard aux signes souvent <strong>fr</strong>ustes<br />

permettant de le reconnaître, même pour un examinateur<br />

averti des associations malformatives.<br />

Syndrome de Peters ou « Peters-plus » (RA)<br />

Outre l’anomalie oculaire, il comporte de façon variable :<br />

retard mental et statural, brachymorphisme en particulier brachydactylie,<br />

visage rond avec parfois fente palatine, malformations<br />

cardiaques, cérébrales, auriculaires. Il se transmet<br />

comme un caractère récessif autosomique [12, 75] .<br />

Syndrome de Meckel<br />

Il est défini par l’association d’une anomalie de von Hippel<br />

ou, plus rarement, d’une dysgénésie apparentée, à une fente<br />

labio-vélo-palatine et à une méningoencéphalocèle par nonfermeture<br />

du neuropore antérieur, bien visible et palpable en<br />

région occipitale (fig. 11-22). Il peut coexister avec une malformation<br />

de Dandy-Walker, une dysplasie rénale multikystique,<br />

une fibrose hépatique et une polydactylie post-axiale [28] .<br />

Étude génétique. — Le syndrome de Meckel est transmis<br />

sur le mode récessif autosomique et trois loci ont été repérés,<br />

MKS1 en 17q22-q23 (OMIM 249000), MSK2 en 11q13<br />

(OMIM 603194) et MKS3 en 8q24 (OMIM 607361) mais<br />

aucun gène n’a encore été identifié.<br />

Syndrome de Marfan (DA)<br />

Il est caractérisé par la triade clinique : anomalies oculaires, cardiovasculaires<br />

et ostéoarticulaires (cf. chapitre 31). L’ectopie<br />

bilatérale des cristallins, due à une pathologie des fibres zonulaires,<br />

est présente dans 50 % des yeux dès l’âge de cinq ans.<br />

Le glaucome n’est retrouvé que chez 8 % des patients, en<br />

observant que, dans un tiers des cas, il s’agit d’un glaucome<br />

phacogène par blocage pupillaire causé par la subluxation du<br />

cristallin. L’exérèse de ce cristallin subluxé s’avère impérative<br />

pour mettre à l’abri de complications ultérieures à type de<br />

a b<br />

Fig. 11-22 – Syndrome de Meckel. a. Œil droit : anomalie de Peters. Œil gauche : anomalie de von Hippel. Fente labiopalatine. b. Absence de fermeture<br />

du neuropore antérieur.


Livre.book Page 173 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

luxation vraie, antérieure ou postérieure. Les anomalies extraoculaires<br />

sont de deux ordres : cardiovasculaires anévrysme disséquant<br />

ou coarctation de l’aorte — et ostéoarticulaires —<br />

arachnodactylie, hyperlaxité ligamentaire, cyphoscoliose.<br />

Étude génétique. — Le syndrome de Marfan se transmet<br />

toujours en dominance autosomique à pénétrance complète,<br />

mais la variabilité d’expression est telle que certaines formes<br />

très <strong>fr</strong>ustes ont fait suggérer jadis une pénétrance incomplète.<br />

C’est la raison pour laquelle l’examen des apparentés à un<br />

patient doit être le plus complet possible, à la recherche de<br />

signes mineurs. L’individualisation sans ambiguïté des sujets<br />

atteints et indemnes est d’une importance capitale pour le<br />

conseil génétique. Le gène responsable du syndrome de Marfan<br />

fut localisé pour la première fois sur le chromosome 15 en<br />

1990 (MFS1, Kainulainen, 1990) [37] . Cette localisation affinée<br />

en 15q21.1 fut confirmée par plusieurs études, mais Boileau<br />

en 1992 publia pour la première fois l’évidence d’une hétérogénéité<br />

génétique de la maladie [10] . Le gène responsable correspondant<br />

au locus MFS1 fut clone en 1991 par Dietz [22] . Il<br />

s’agit du gène codant la fibrilline/FBN. Des mutations de ce<br />

gène sont retrouvées dans une grande majorité des patients<br />

atteints de syndrome de Marfan, mais également chez des<br />

patients atteints d’ectopie cristallinienne isolée (OMIM<br />

129600), de syndrome de Sphrintzen-Goldberg (OMIM<br />

182212), de syndrome de MASS (OMIM 604308) et de syndrome<br />

de Weil-Marchesani dans sa forme dominante autosomique<br />

(cf. in<strong>fr</strong>a). Un second locus contenant un gène<br />

responsable de syndrome de Marfan (MFS2) fut localisé sur le<br />

bras court du chromosome 3 en 3p24.2-p25 par l’équipe de<br />

Boileau en 1994 [15] . Le gène, à ce locus, vient d’être identifié ;<br />

il code un récepteur au TGFβ (Transforming Growth Factor β),<br />

TGFBR2 [53] .<br />

Syndrome de Weil-Marchesani (RA-DA)<br />

Il se présente comme l’image en contre-type du précédent :<br />

petite taille, mains et pieds courts. Le cristallin petit et rond<br />

— microsphérophaquie — est la conséquence du relâchement<br />

circonférentiel de sa zonule. Il peut s’enclaver dans l’aire<br />

pupillaire réalisant le tableau d’un glaucome aigu par blocage<br />

pupillaire. Les mydriatiques, comme les myotiques, sont<br />

contre-indiqués et le traitement est essentiellement chirurgical<br />

: iridectomie périphérique ou ablation du cristallin migrateur.<br />

Étude génétique. — Le syndrome de Weill-Marchesani<br />

se transmet comme un caractère récessif ou dominant autosomique,<br />

posant le problème des cas sporadiques. Lorsqu’il est<br />

dominant, le syndrome de Weill-Marchesani est allélique au<br />

syndrome de Marfan et dû à des mutations du gène de la<br />

fibrilline-1, considérées comme différentes de celles identifiées<br />

dans le syndrome de Marfan [25] . Lorsqu’il est récessif<br />

autosomique, le gène est localisé en 19p13.3-p13.2 [26] , mais<br />

non encore identifié. Il n’y a pas de corrélation génotype-phénotype.<br />

Homocystinurie (RA)<br />

L’homocystinurie est une maladie métabolique due à un déficit<br />

en cystathionine-β-synthase. Elle est en tout point proche<br />

du syndrome de Marfan tant dans ses anomalies oculaires,<br />

avant tout cristalliniennes, que squelettiques (fig. 11-23). Il s’y<br />

ajoute un retard mental toujours accentué et, surtout, des<br />

thromboses artérielles et veineuses particulièrement à redouter<br />

lors d’interventions sous anesthésie générale si l’on n’a pas<br />

pris soin de préparer l’enfant par un régime pauvre en<br />

Fig. 11-23 – Homocystinurie. Aspect marfanoïde.<br />

méthionine et riche en agents de reméthylation, bétaïne, vitamine<br />

B12, acide folique (cf. chapitre 35).<br />

Étude génétique. — Le gène codant la cystathionine-βsynthase<br />

(CBS) est localisé en 21q22.3. Sa structure génomique<br />

fut identifiée en 1997 [13] et ses mutations reliées à<br />

l’homocystinurie en 1999 [40] .<br />

Phacomatoses<br />

Ce groupe d’affections neuro-glioblastiques ou angiomateuses<br />

à manifestations polyviscérales constitue, par excellence,<br />

un modèle de neurocristopathies.<br />

Maladie de von Recklinghausen,<br />

ou neurofibromatose de type 1 (DA)<br />

Les patients atteints associent en proportion variable des<br />

taches cutanées de couleur café au lait, multiples et disséminées<br />

sur tout le corps, des neurofibromes des nerfs périphériques<br />

et/ou du système nerveux central, une dysplasie<br />

osseuse, une hémi-hypertrophie faciale.<br />

Sur le plan oculaire, névrome plexiforme de la paupière<br />

supérieure, corps de Lisch iriens pathognonomiques, et<br />

gliome du nerf optique sont les manifestations les plus habituelles.<br />

Le glaucome est uni- ou bilatéral, habituellement précoce,<br />

de type congénital avec buphtalmie. Il s’associe dans<br />

50 % des cas à l’hyperplasie de l’épithélium pigmenté de l’iris<br />

et à un névrome plexiforme. Il semble résulter, comme lui,<br />

d’un processus tumoral : infiltration de la gaine de Schwann<br />

des nerfs ciliaires qui viendraient bloquer l’angle. Le traitement<br />

médical local hypotonisant est rarement longtemps suffisant<br />

et doit être relayé par la chirurgie.<br />

Étude génétique. — Cf. chapitre 32.<br />

Maladie de Sturge-Weber-Krabbe (sporadique, DA)<br />

L’angiomatose encéphalo-trigéminée comporte : un angiome<br />

cutané facial en général plan, unilatéral et limité au territoire<br />

de l’ophtalmique de Willis, parfois plus étendu, intéressant<br />

les autres branches du nerf trijumeau, exceptionnellement<br />

bilatéral (fig. 11-24) ; des calcifications intracrâniennes ; un<br />

angiome méningé responsable de signes neurologiques à type<br />

GLAUCOMES CONGÉNITAUX PRIMITIF ET SECONDAIRES DYSGÉNÉSIQUES 173


Livre.book Page 174 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

de crises convulsives ou de signes déficitaires spontanément<br />

régressifs ; enfin, un angiome choroïdien objectivé par<br />

l’angiographie, parfois associé à un angiome rétinien ou<br />

conjonctival. Le glaucome, homolatéral par rapport à<br />

l’angiome cutané, apparaît précocement et peut entraîner une<br />

buphtalmie. Il est dû au lacis capillaire qui infiltre tous les tissus<br />

oculaires, en particulier l’angle, et à l’inflation liquidienne<br />

qui en résulte, a fortiori lorsque l’angiome choroïdien est présent.<br />

Le rôle de l’élévation de la pression veineuse épisclérale<br />

paraît probable mais est discuté. La trabéculectomie externe,<br />

ou perforante d’évidence hémorragique, est efficace mais<br />

requiert souvent un traitement médical d’appoint.<br />

Fig. 11-24 – Syndrome de Sturge-Weber-Krabbe bilatéral.<br />

Maladie de Leber-Coats (sporadique),<br />

maladie de von Hippel-Lindau (DA)<br />

L’angiomatose miliaire de Leber-Coats (cf. chapitre 23) et<br />

l’angiomatose rétino-cérébelleuse de von Hippel-Lindau (cf.<br />

chapitre 33) peuvent se compliquer d’un glaucome ayant les<br />

mêmes caractères cliniques et obéissant aux mêmes mécanismes<br />

physiopathogéniques que la maladie de Sturge-Weber-<br />

Krabbe. En revanche leurs angiomes, du fait de leur localisation<br />

rétinienne, sont efficacement traités par la photocoagulation<br />

au laser et par la cryothérapie qui peuvent éviter ou<br />

retarder l’apparition du glaucome.<br />

Étude génétique. — Cf. chapitres 23 et 33.<br />

Syndrome de Pierre Robin (sporadique)<br />

Décrit en 1923, il désigne une neurocristopathie constituée,<br />

en proportions variables, d’un rétrognathisme avec division<br />

vélopalatine, glossoptose et détresse respiratoire, permettant<br />

de distinguer trois types de gravité croissante. La myopie<br />

forte y est très <strong>fr</strong>équente mais, exceptionnellement, l’aspect<br />

de gros œil peut être en rapport avec un authentique glaucome<br />

congénital (fig. 11-25). Le traitement chirurgical doit<br />

tenir compte des problèmes anesthésiques liés à la glossoptose<br />

et aux troubles cardiorespiratoires.<br />

174 ANNEXES PALPÉBRO-CONJONCTIVALES ET SEGMENT ANTÉRIEUR<br />

Fig. 11-25 – Syndrome de Pierre Robin.<br />

Syndrome oculo-cérébro-rénal de Lowe (LX)<br />

Décrit en 1952, ce syndrome est dû à une anomalie du métabolisme<br />

des acides aminés. Il se caractérise par une dysmorphie<br />

faciale très caractéristique (fig. 11-26), un sévère retard<br />

psychomoteur et staturo-pondéral, un rachitisme vitaminorésistant,<br />

une insuffisance rénale avec protéinurie, une hyperaminoacidurie<br />

et un déséquilibre phosphocalcique (cf. chapitre<br />

35). La cataracte congénitale partielle ou totale quasi constante<br />

s’associe dans 40 % des cas à un glaucome infantile par<br />

anomalie de l’angle. Les femmes conductrices peuvent être<br />

expressives et présenter des opacités cristalliniennes congénitales<br />

minimes (cf. chapitre 4).<br />

Fig. 11-26 – Dysmorphie du syndrome de Lowe.<br />

Étude génétique. — Le syndrome de Lowe est dû à une<br />

mutation dans le gène OCRL1 situé en Xq26.1 codant la<br />

phosphatidyl-inositol 4,5-biphosphate-5-phosphatase impli-


Livre.book Page 175 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

quée dans la polymérisation de l’actine dans l’appareil de<br />

Golgi. Le diagnostic anténatal est possible.<br />

Syndrome SHORT<br />

Cet acronyme désigne S pour « Stature », H pour « Hyperextensibility<br />

of joints », O pour « Ocular depression », R pour « Rieger<br />

anomaly », T pour « Teething delay ». Le syndrome a été décrit<br />

pour la première fois par Gorlin en 1975 [31] . Les signes caractéristiques<br />

ont été réévalués par Toriello en 1985 qui note que<br />

le glaucome peut être observé dès la naissance ou très peu de<br />

temps après [72] . Une forte hypermétropie est possible (cf. chapitre<br />

8). Actuellement, on le considère comme une lipodystrophie<br />

partielle avec anomalie de Rieger et retard statural. Sa<br />

transmission est dominante autosomique à manifestation<br />

variable [39] .<br />

Mucopolysaccharidoses (RA)<br />

Ce groupe de maladies métaboliques est dû à des anomalies<br />

du métabolisme des mucopolysaccharides (MPS) et, selon<br />

l’enzyme déficiente, on en décrit six types : I, Hurler ; II,<br />

Hunter ; III, San Filippo ; IV, Morquio ; V, Scheie ; VI, Maroteaux<br />

et Lamy (cf. chapitre 35). L’accumulation du mucopolysaccharide<br />

intéresse tous les tissus, squelette, foie, rate,<br />

cerveau et l’œil. Les signes oculaires comportent de fines opacités<br />

cornéennes punctiformes grises, épithéliales et stromales,<br />

initialement asymptomatiques puis ultérieurement<br />

responsables de photophobie et d’une profonde chute de<br />

l’acuité visuelle — pouvant justifier une kératoplastie —, un<br />

Le glaucome congénital est une urgence chirurgicale.<br />

La goniotomie, introduite par Barkan en 1936, a longtemps<br />

été, entre des mains expérimentées, l’intervention de choix à<br />

condition que son indication ait été bien posée. Elle s’adressait<br />

aux glaucomes congénitaux primitifs dont les cornées<br />

étaient encore parfaitement claires, ce qui témoignait d’une<br />

forme peu évoluée et modérément sévère. Son but était, ab<br />

interno, d’inciser le trabéculum et de repousser l’insertion trop<br />

antérieure de l’iris.<br />

La trabéculectomie perforante, initialement dévolue au traitement<br />

du glaucome chronique de l’adulte, reste une excellente<br />

intervention pour les glaucomes congénitaux, surtout dans les<br />

formes sévères et dysgénésiques avec perte partielle de la<br />

transparence cornéenne. Cependant, deux conditions sont<br />

indispensables à sa réussite : en raison de la distension limbique,<br />

la dissection sclérale doit être poussée très en avant jusque<br />

dans les premières lames cornéennes et du fait de la forte<br />

pression intraoculaire, il convient de décomprimer lentement<br />

le globe lors de l’incision trabéculaire, puis de pratiquer l’iridectomie<br />

périphérique sans qu’aucune pression ne vienne<br />

provoquer une issue de vitré qui serait catastrophique sur de<br />

tels yeux.<br />

La trabéculotomie a la préférence de certains opérateurs lorsque<br />

la cornée est insuffisamment transparente. Elle consiste à<br />

introduire une sonde dans le canal de Schlemm et à lui imprimer<br />

un mouvement de rotation dans la chambre antérieure<br />

III – TRAITEMENT<br />

glaucome tardif par surcharge mucopolysaccharidique des<br />

structures trabéculaires et, parfois, une dégénérescence rétinienne<br />

et une atrophie optique.<br />

Étude génétique. — Les mucopolysaccharidoses se transmettent<br />

selon le mode récessif autosomique. Pour la maladie<br />

de Hurler, le gène de l’α-L-iduroniase (IDUA) est localisé en<br />

4p16.3 (cf. chapitre 35).<br />

Syndrome de Rubinstein-Taybi<br />

Décrit en 1963, il est caractérisé par un retard mental, un élargissement<br />

en spatule de la phalange terminale du pouce et du<br />

gros orteil et une dysmorphie faite de nanisme, microcéphalie,<br />

épicanthus, fentes palpébrales anti-mongoloïdes, micrognathie.<br />

Quelques cas de glaucomes congénitaux dysgénésiques<br />

ont été rapportés.<br />

Autres syndromes<br />

Des syndromes plus rares peuvent s’accompagner de glaucome<br />

congénital :<br />

– syndrome oculo-facio-cardio-dental ;<br />

– syndrome de Stickler (RA) (cf. chapitre 23) ;<br />

– syndrome de Marshall ;<br />

– syndrome de Lowry-MacLean (DA) : retard mental, crâniosténose,<br />

fente palatine, glaucome ;<br />

– syndrome de Melnick-Needles (RA) : brachycéphalie,<br />

hypertélorbitisme, cyphose, anomalies des extrémités, glaucome.<br />

afin d’en ouvrir l’angle, réalisant en fait une goniotomie ab<br />

externo.<br />

La trabéculectomie externe, plus sûre que la trabéculectomie<br />

perforante, et tout aussi efficace à la condition d’emporter la<br />

paroi externe du canal de Schlemm, semble actuellement<br />

l’intervention de choix dans la majorité des cas (fig. 11-27).<br />

Elle apporte un argument supplémentaire en faveur de l’existence<br />

d’un obstacle juxta-canalaire plutôt qu’angulaire.<br />

Les indications des valves de Krupin [41] , de Shocket,<br />

d’Ahmed, l’implant de drainage de Molteno [54] naissent des<br />

échecs répétés des interventions précédentes. Cependant, ces<br />

systèmes de drainage ne sont pas dénués de graves complications<br />

: l’hypotonie persistante, source de décollement choroïdien,<br />

d’hémorragies récidivantes, de cataracte, peut mettre en<br />

danger la trophicité même de l’œil ; a contrario, l’arrêt de la filtration<br />

par obturation du tube par l’iris ou par la formation<br />

d’un tissu cicatriciel à son orifice scléral, son déplacement ou<br />

son expulsion, le contact avec la cornée source de prolifération<br />

endothéliale et de dystrophie sont des écueils redoutables.<br />

C’est pourquoi les recherches thérapeutiques se sont tournées<br />

vers d’autres méthodes : chimiothérapie, ultrasons, laser.<br />

Le 5-fluoro-uracile (5-FU) est un antimitotique cytostatique [34] ,<br />

inhibiteur de la croissance fibroblastique, utilisé dans les suites<br />

immédiates de certaines interventions filtrantes antiglaucomateuses<br />

depuis 1984. En effet, l’échec de ces interventions est dû<br />

à une cicatrisation conjonctivale excessive dans la région limbique,<br />

qui colmate la bulle de filtration et empêche le drainage de<br />

GLAUCOMES CONGÉNITAUX PRIMITIF ET SECONDAIRES DYSGÉNÉSIQUES 175


Livre.book Page 176 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Fig. 11-27 – Chambre de filtration après trabéculectomie externe.<br />

l’humeur aqueuse vers les espaces sous-conjonctivaux. D’autres<br />

produits antimétabolites ont été proposés (daunorubicine,<br />

doxorubicine, colchicine…). Cependant, des complications cornéo-sclérales<br />

ont été rapportées, kératite ponctuée superficielle,<br />

ulcère cornéen, amincissement scléral particulièrement dangereux<br />

sur de tels yeux [38] .<br />

La greffe de cornée, après normalisation tensionnelle,<br />

s’impose lorsque les deux cornées sont totalement opaques.<br />

La goniotomie au laser Nd-YAG pulsé a pu être proposée en<br />

cas de glaucome congénital primitif et la cyclodestruction au<br />

laser diode comme traitement de dernière intention des glaucomes<br />

ré<strong>fr</strong>actaires multiopérés.<br />

Le traitement médical par des collyres hypotonisants est un précieux<br />

adjuvant de la chirurgie.<br />

La prévention de l’amblyopie repose sur la précocité du diagnostic<br />

et du traitement chirurgical, sur une correction optique<br />

exacte après examen sous atropine et sur la rééducation.<br />

La vie de l’enfant glaucomateux opéré et guéri doit être la<br />

plus normale possible, en fonction du handicap visuel résiduel,<br />

tout en sachant que la <strong>fr</strong>agilité de ses globes oculaires<br />

contre-indique certains jeux et sports violents. Plus tard,<br />

l’orientation professionnelle évitera les métiers exposés aux<br />

traumatismes oculaires. Si leur pronostic a été transformé par<br />

une prise en charge immédiate et une chirurgie à l’échelle histologique,<br />

les glaucomes congénitaux n’en demeurent pas<br />

moins des affections graves potentiellement cécitantes pouvant<br />

conduire à l’apprentissage du braille et à une scolarité en<br />

institut spécialisé.<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

[1] Akarsu AN, Turacli ME, Aktan SG, Barsoum-Homsy M, Chevrette L,<br />

Sayli tsà. A second locus (GLC3B) for primary congenital glaucoma<br />

(buphthalmos) maps to the Ip36 région. Hum Molec Genet 1996, 5 : 1199-<br />

1203.<br />

[2] Allen L, Burian H, Brall A. A new concept of the development of the<br />

anterior chamber angle. Arch Ophthalmol 1955, 53 : 783-79 S.<br />

[3] Alward WLM, Semina EV, Kalenak JW, Heon E, Sheth BP, Stone EM,<br />

Murray JC. Autosomal dominant iris hypoplasia is caused by a mutation<br />

in the Rieger syndrome (RIEG/PITX2) gene. Am J Ophthal 1998, 125 : 98-<br />

100.<br />

[4] Anderson DR. The development of the trabecular meshwork and its<br />

abnormality in primary infantile glaucoma. Trans Am Ophtalmol Soc 1981,<br />

79 : 458-85.<br />

176 ANNEXES PALPÉBRO-CONJONCTIVALES ET SEGMENT ANTÉRIEUR<br />

[5] Bahn CF, Falls HF, Vahley GA, Meyeh RF. Edelhauser HF, Bourne WM.<br />

Classification of corneo-endothelial disorders based on neural crest origin.<br />

Ophthalmology 1994, 91 : 558-5S3.<br />

[6] Barber AN. Embryology of the human eye. Mosby O, St Louis, 1955.<br />

[7] Bechetoille A. Glaucome. Japperenard, Angers, 1967 ; pp 373-391.<br />

[8] Beiguelman B, Prado D. Recessive juvenile glaucoma. J Genet Hum 1963,<br />

12 : 53-54.<br />

[9] Bloch N. Les différents types de sclérocornée, leurs modes d’hérédité et<br />

les malformations congénitales concomitantes. J Genet Hum 1965, 14 :<br />

133-172.<br />

[10] Boileau C, Alexandre JA, Hariti G, Babron MC, Coulon M, Salvat C, Jondeau<br />

G, Bourdarias JP, Bonaiti-Pellié C, Junien C. Evidence for genetic<br />

heterogeneity in Marfan syndrome. Cytogenet Cell Genet 58 : 1991, 1992.<br />

[11] Bolande RP. The neurocristopathies. Hum Pathol 1974, 5 : 409-429.<br />

[12] Cabrai de Almeida JC, Reis DF, Lerena Jr, Neto JB, Lopes Pontes R, Middleton<br />

S, Télés LF. Short stature, brachydactyly, and Peters’ anomaly<br />

(Peters’-plus syndrome) : confirmation of autosomal recessive inheritance.<br />

J Med Genet 1991, 28 : 277-279.<br />

[13] Chasse JF, Pul V, Escanez R, Kamoun P, London J. Human cystathionine<br />

beta-synthase : gene organization and expression of different 5-prime<br />

alternative splicing. Mammalian Genomic 1997, 8 : 917-921.<br />

[14] Chen JD, Mackey D, Fuller H, Serravalle S, Olsson J, Denton MJ. X-linked<br />

megalocornea : close linkage to DXS87 and DXS94. Hum Genet<br />

1989, 83 : 292-294.<br />

[15] Collod G, Babron M-C, Jondeau G, Coulon M, Weissenbach J, Dubourg<br />

O, Bourdarias J-P, Bonaiti-Pellié C, Junien C, Boileau C. A second locus<br />

for Marfan syndrome maps to chromosome 3p24.2-p25. Nature Genet<br />

1994, 8 : 264-268.<br />

[16] Colomb E, Kaplan J, Garchon H-J. Novel cytochrome P450 1B1<br />

(CYP1B1) mutations in patients with primary congenital glaucoma in<br />

France. Hum Mutat 2003, 22 : 496.<br />

[17] Couly G, Jacquier A, André J-M. Schmitt J. Crêtes neurales céphaliques<br />

et troubles de la morphogenèse cranio-faciale. Rev Stomatol Maxillofac<br />

1980, 6 : 332-348.<br />

[18] Davis LM, Stallard R, Thomas GH, Couillin P, Junien C, Nowak NJ,<br />

Shows TB. Two anonymous DNA segments distinguish the Wilms’s<br />

tumor and aniridia loci. Science 1988, 241 : 840-842.<br />

[19] Demenais F, Bonaiti C, Briard M-L, Feingold J, Frézal J. Congenital glaucoma<br />

: genetic models. Hum Genet 1979, 46 : 305-317.<br />

[20] Demenais F, Elston RC, Bonaiti C, Briard ML, Kaplan EB, Namboodiri<br />

KK. Segregation analysis of congenital glaucoma : approach by two different<br />

models. Am J Hum Genet 1981, 33 : 300-306.<br />

[21] Demenais F. Further analysis of familial transmission of congenital glaucoma.<br />

Am J Hum Genet 1983, 35 : 1156-1160.<br />

[22] Dietz HC, Cutting GR, Pyeritz RE, Maslen CL, Sakai LY, Corson GM,<br />

Puffenberger E, Hamosh A, Nanthajumar EJ, Curristin SM, Stetten G,<br />

Meyers DA, Francomano CA. Marfan syndrome caused by a recurrent<br />

de novo missense mutation in the fibrillin gene. Nature 1991, 352 : 337-<br />

339.<br />

[23] Dufier J-L, Le Hoang P, Schmelk P, Fekete C, De Grouchy J, Turleau C,<br />

Haye C. Délétion intercalaire du bras court du chromosome 11 : aniridie,<br />

glaucome, retard staturo-pondéral et mental, ambiguïté sexuelle, gonadoblastome,<br />

déficit en catalase. Bull Soc Ophtalmo Fr 1981, 81 : 747-749.<br />

[24] Dufier J-L, Tiret A. Glaucomes congénitaux. Éditions techniques, Encycl<br />

Med Chir (Paris, France). Ophtalmologie 21-280-C-10, 1994 ; 9 p.<br />

[25] Faivre L, Gorlin RJ, Wirtz MK, God<strong>fr</strong>ey M, Dagoneau N, Samples JR, Le<br />

Merrer M, Collod-Béroud G, Boileau C, Munnich A, Cormier-Daire V. In<br />

<strong>fr</strong>ame fibrillin-1 gene deletion in autosomal dominant Weill-Marchesani<br />

syndrome. J Med Genet 2003, 40 : 34-36.<br />

[26] Faivre L, Mégarbané A, Alswaid A, Zylberberg L, Aldohayan N, Campos-Xavier<br />

AB, Bacq D, Legeai-Mallet L, Bonaventure J, Munnich A,<br />

Cormier-Daire. Homozygosity mapping of a Weill-Marchesani syndrome<br />

locus to chromosome 19p13.3-p13.2. Hum Genet 2002, 110 : 366-<br />

370.<br />

[27] Ferrell RE, Chakraverti A, Hittner HM, Riccardi VM. Autosomal dominant<br />

aniridia : probable linkage to acid phosphatase-1 on chromosome 2.<br />

Proc Nat Acad Sci 1980, 77 : 1580-1582.<br />

[28] Fraser FC, Lytwyn A. Spectrum of anomalies in the Meckel syndrome,<br />

or may be there is a malformation syndrome with at least one constant<br />

anomaly. Am J Med Genet 1981, 9 : 67-73.<br />

[29] Gencik A, Gencikova A, Gerinec A. Genetic heterogeneity of congenital<br />

glaucoma. Clin Genet 1980, 17 : 241-248.<br />

[30] Gencikova A, Gencik A. Congenital glaucoma in gypsies <strong>fr</strong>om Slovakia.<br />

Hum Hered 1982, 32 : 270-273.<br />

[31] Gorlin RJ. A selected miscellany. Birth Defects Orig Art Ser 1975, XI : 46-<br />

48.<br />

[32] Hanson IM, Seawright A, Hardman K, Hodgson S, Zaletayev D, Fekete<br />

G, van Heyningen V. PAX6 mutations in aniridia. Hum Molec Genet 1993,<br />

2 : 915-920.<br />

[33] Heon E, Sheth BP, Kalenak JW, Sunden SLF, Streb LM, Taylor CM,<br />

Alward WLM, Sheffield VC, Stone EM. Linkage of autosomal dominant<br />

iris hypoplasia to the région of the Rieger syndrome locus (4q25). Hum<br />

Molec Genet 1995, 4 : 1435-1439.<br />

[34] Heuer DK, Parrish RK, Gressel MQ et al. Intermediate follow up of a<br />

pilot study Fluoro-uracil and glaucoma filtering surgery. Ophthalmology<br />

1986, 93 : 1537-1545.<br />

[35] Hoskins HD, Shafferrn, Hetherington J. Anatomical classification of the<br />

developmental glaucomas. Arch Ophthalmol 1984, 102 : 1331-1336.


Livre.book Page 177 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

[36] Johnston MC, Noden DM, Hazelton RD et al. Origines of avian ocular<br />

and peri-ocular tissues. Exp Eye Res 1979, 29 : 17-43.<br />

[37] Kainulainen K, Pulkkinen L, Savolainen A, Kaitila I, Peltonen L. Location<br />

on chromosome 15 of the gene defect causing Marfan syndrome. New<br />

Eng J Med 1990, 323 : 935-939.<br />

[38] Knapp A. Hever DK, Georges A, Stern MD. Serious corneal complications<br />

of glaucoma filtering surgery with post-operative 5-fluoro-uracile.<br />

Am J Ophthalm 1987, 103 : 183-167.<br />

[39] Koenig R, Brendel L, Fuchs S. Short syndrome. Clin Dysmorph 2003,<br />

12 :45-49.<br />

[40] Kraus JP, Janosik M, Kozich V, Mandell R, Shih V, Sperandeo MP, Sebastio<br />

G, de Franchis R, Andria G, Kluijtmans LAJ, Blom H, Boers GHJ, Gordon<br />

RB, Kamoun P, Tsai MY, Kruger WD, Koch HG, Ohura T,<br />

Gaustadnes M. Cystathionine beta-synthase mutations in homocystinuria.<br />

Hum Mutat 1999, 13 : 362-375.<br />

[41] Krupin TA, Podos SM. Becker B et al. Valve implants in filtering surgery.<br />

Am J Ophthalm 1976, 61 : 232-235.<br />

[42] Larsson C, Hellquist M, Pierrou S, White I, Enerback S, Carlsson<br />

P. Chromosomal localization of six human forkhead genes, <strong>fr</strong>eac-1<br />

(FKHL5), -3 (FKHL7), -4 (FKHL8), -5 (FKHL9), -6 (FKHL10), and-8<br />

(FKHL12). Genomics 1995, 30 : 464-469.<br />

[43] Le Douarin N-M. Particularités du noyau interphasique chez la caille<br />

japonaise. Utilisation de ses particularités comme marquage biologique<br />

dans des recherches sur les interactions tissulaires et les migrations cellulaires<br />

au cours de l’oncogenèse. Bull Biol Fr Belg 1969, 270 : 2587-2860.<br />

[44] Lelievre C, Le Douarin N-M. Mesenchyma derivates of the neural crest<br />

analysis of chimere quail and chick emhryos. J Embryol Exp Morphol<br />

1975, 34 : 125-154.<br />

[45] Lindsay EA, Grillo A, Ferrero GB, Roth EJ, Magenis E, Crompe M, Hulten<br />

M, Gould C, Valdini A, Zoghbi HY, Ballabio A. Microphthalmia<br />

with linear skin defects (MLS) syndrome : clinical, cytogenetic, and<br />

molecular characterization. Am J Med Genet 1994, 49 : 229-234.<br />

[46] Lines MA, Kozlowski K, Kulak SC, Allingham RR, Heon E, Ritch R,<br />

Levin AV, Shields MB, Damji KF, Newlin A, Walter MA. Characterization<br />

and prevalence of PITX2 microdeletions and mutations in Axenfeld-<br />

Rieger malformations. Invest Ophthal Vis Sci 2004, 45 : 828-833.<br />

[47] Lines MA, Kozlowski K, Walter MA. Molecular genetics of Axenfeld-<br />

Rieger malformations. Hum Molec Genet 2002, 11 : 1177-1184.<br />

[48] Lockie P, Elder J. Spontaneous resolution of primary congenital glaucoma.<br />

Aust N Z J Ophtalmol 1989, 17 : 75-7.<br />

[49] Lyons LA, Martha A, Mintz-Hittner HA, Saunders GF, Ferrell RE. Resolution<br />

of the two loci for autosomal dominant aniridia, AN1 and AN2,<br />

to a single locus on chromosome 11pl3. Genomics 1992, 13 : 925-930.<br />

[50] Mannens M, Bleeker-Wagemakers EM, Bliek J, Hoovers J, Mandjes I, van<br />

Toi S, Frants RR, Heyting C, Westerveld A, Slater RL. Autosomal dominant<br />

aniridia linked to the chromosome 11pl3 markers catalase and<br />

D11S151 in a large Dutch family. Cytogenet Cell Genet 1989, 52 : 32-36.<br />

[51] McMenamin PG. A quantitative study of the prenatal development of<br />

the aqueous outflow system in the human eye. Exp Eye Research 1991,<br />

53 : 507-17.<br />

[52] Mears AJ, Jordan T, Mirzayans F, Dubois S, Kume T, Parlée M, Ritch R,<br />

Koop B, Kuo WL, Collins C, Marshall J, Gould DB, Pearce W, Carlsson<br />

P, Enerback S, Morissette J, Bhattacharya S, Hogan B, Raymond V, Walter<br />

MA. Mutations of the forkhead/winged-helix gene, FKHL7, in<br />

patients with Axenfeld-Rieger anomaly. Am J Hum Genet 1998, 63 : 1316-<br />

1328.<br />

[53] Mizyguchi T, Collod-Beroud G, Akiyama T, Abifadel M, Harada N,<br />

Morisaki T, Allard D, Varret M, Claustres M, Morisaki H, Ihara M,<br />

Kinoshita A et al. Heterozygous TGFBR2 mutations in Marfan syndrome.<br />

Nature Genet 2004, 36 : 855-860.<br />

[54] Molteno ACB, Ancker E, Van Biljon G. Surgical technique for advance<br />

juvenile glaucoma. Arch Ophthalm 1984, 102 : 51-57.<br />

[55] Moore JW, Hyman S, Antonarakis SE, Mules EH, Thomas GH. Familial<br />

isolated aniridia associated with a translocation involving chromosomes<br />

11 and 22 [t(11;22)(p13;q12.2)]. Hum Genet 1986, 72 : 297-302.<br />

[56] Morton NE. Heterogeneity in nonsyndromal congenital glaucoma. (Letter)<br />

Am J Med Genet 1982, 12 : 97-102.<br />

[57] Nishimura DY, Swiderski RE, Alward WLM, Searby CC, Patil SR, Bennet<br />

SR, Kanis AB, Gastier JM, Stone EM, Sheffield VC. The forkhead<br />

transcription factor gene FKHL7 is responsible for glaucoma phenotypes<br />

which map to 6p25. Nature Genet 1998, 19 : 140-147.<br />

[58] Pettenati MJ, Weaver RG, Burton BK. Translocation t (5 ; 11) (q13.1 ;<br />

p13) associated with familial aniridia. Am J Med Genet 1989, 34 : 230-<br />

232.<br />

[59] Phillips JC, Del Bono EA, Haines JL, Pralea AM, Cohen JS, Greff LJ,<br />

Wiggs JL. A second locus for Rieger syndrome maps to chromosome<br />

13ql4. Am J Hum Genet 1996, 59 : 613-619.<br />

[60] Plasilova M, Ferakova E, Kadasi L, Polakova H, Gerinec A, Ott J, Ferak<br />

V. Linkage of autosomal recessive primary congenital glaucoma to the<br />

GLC3A locus in Roms (gypsies) <strong>fr</strong>om Slovakia. Hum Hered 1998, 48 : 30-<br />

33.<br />

[61] Raas-Rotchschild A, Berkenstadt M, Goodman RM. Megalocornea and<br />

mental retardation syndrome. Am J med Genet 1988, 29 : 221-222.<br />

[62] Rouillac C, Roche O, Marchant D, Bachner L, Kobetz A, Toulemot PJ,<br />

Orssaud C, Urvoy M, Odent S, Le Marec B, Abitbol M, Dufier J-L. Mapping<br />

of a congenital locus to 13q31-q32. Am J Hum Genet 1998, 62 : 1117-<br />

1122.<br />

[63] Sarfarazi M, Akarsu AN, Hossain A, Turacli ME, Aktan SG, Barsoum-<br />

Homsy M, Chevrette, Sayli BS. Assignment of a locus (GLC3A) for primary<br />

congenital glaucoma (buphthalmos) on 2p21 and evidence for<br />

genetic heterogeneity. Genomics 1995, 30 : 171-177.<br />

[64] Semina EV, Brownell I, Mintz-Hittner HA, Murray JC, Jamrich M. Mutations<br />

in the human forkhead transcription factor FOXE3 associated with<br />

anterior segment ocular dysgenesis and cataracts. Hum Molec Genet 2001,<br />

10 : 231-236.<br />

[65] Semina EV, Ferrell RE, Mintz-Hittner HA, Bitoun P, Alward WLM,<br />

Reiter S, Funkhauser C, Daack-Hirsch S, Murray JC. A novel homeobox<br />

gene PITX3 is mutated in families with autosomal dominant cataracts<br />

and ASMD. Nature Genet 1998, 19 : 167-170.<br />

[66] Semina EV, Reiter R, Leysens NJ, Alward WLM, Small KW, Datson NA,<br />

Siegel-Bartelt J, Bierke-Nelson D, Bitoun P, Zabel BU, Carey JC, Murray<br />

JC. Cloning and Characterization of a novel homeobox transcription factor<br />

gene, RIEG, involved in Rieger syndrome. Nature Genet 1996, 14 :<br />

392-399.<br />

[67] Simola KOJ, Knuutila S, Kaitila I, Pirkola A, Pohja P. Familial aniridia and<br />

translocation (4;lI)(q22;pl3) without Wilms’s tumor. Hum Genet 1983,<br />

63 : 158-161.<br />

[68] Smith RS, Zabaleta A, Kume T, Savinova OV, Kidson SH, Martin JE,<br />

Nishimura DY, Alward WLM, Hogan BLM, John SWM. Haplo-insuffîciency<br />

of the transcription factors FOXC1 and FOXC2 results in aberrant<br />

ocular development. Hum Molec Genet 2000, 9 : 1021-1032.<br />

[69] Stoilov I, Akarsu AN, Sarfarazi M. Identification of three different<br />

truncating mutations in cytochrome P4501B1 (CYP1B1) as the principal<br />

cause of primary congenital glaucoma (Buphthalmos) in families linked<br />

to the GLC2A locus on chromosome 2p21. Hum Molec Genet 1997, 6 :<br />

641-647.<br />

[70] Tixier J, Dureau P, Becquet F, Dufier J-L. Sclérectomie profonde dans le<br />

glaucome congénital. Résultats préliminaires. J Fr Ophtalmol 1999, 22 :<br />

545-8.<br />

[71] Ton CCT, Hirvonen H, Miwa H, Weil MM, Monaghan P, Jordan T, van<br />

Heyningen V, Hastie ND, Meijers-Heijboer H, Drechsler M, Royer-<br />

Pokora B, Collins F, Swaroop A, Strong LC, Saunders GF. Positional cloning<br />

and characterization of a paired box and homeobox containing<br />

gene <strong>fr</strong>om the aniridia region. Cell 1991, 67 : 1059-1074.<br />

[72] Toriello HV, Wakefield S, Komar K, Higgins JV, Waterman DF. Report<br />

of a case and further delineation of the Short syndrome. Am J Med Genet<br />

1985, 22 : 311-314.<br />

[73] Verloes A, Journel H, Elmer C, Mission JP, Le Merrer M, Kaplan J, van<br />

Maldergem L, Deconinck H, Meire F. Heterogeneity versus variability in<br />

megalocornea-mental retardation (MMR) syndromes : report of new<br />

cases and delineation of 4 probable types. Am J med Genet 1993, 46 : 132-<br />

137.<br />

[74] Waardenburg PJ. Uber das familiaere Vorkommen und den Erbgang des<br />

praesenilen und senilen Glaukoms. Genetica 1950, 25 : 79-125.<br />

[75] Wenniger-Prick Lijmm de B, Henenkam RCM. The Peters’ plus syndrome<br />

: a review. Ann Genet 2002, 45 : 97-103.<br />

GLAUCOMES CONGÉNITAUX PRIMITIF ET SECONDAIRES DYSGÉNÉSIQUES 177


Livre.book Page 178 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!