24.06.2013 Views

Lire l'Article - retinavisionetretinaaudition.fr

Lire l'Article - retinavisionetretinaaudition.fr

Lire l'Article - retinavisionetretinaaudition.fr

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Livre.book Page 387 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

NEUROPATHIES OPTIQUES<br />

ET NEURO- OPHTALMOLOGIE<br />

En dehors des neuropathies optiques qui ont été évoquées<br />

dans les chapitres précédents, de nombreuses affections<br />

neuro-ophtalmologiques, au premier rang desquelles les<br />

pathologies oculomotrices, peuvent avoir une origine génétique.<br />

Cette composante génétique est largement suspectée<br />

depuis de nombreuses années en ce qui concerne les strabismes,<br />

bien qu’aucun gène n’ait encore été retrouvé. En revanche,<br />

plusieurs gènes responsables de myasthénies, de<br />

myopathies ou de syndromes de restriction ont été localisés<br />

et/ou identifiés, ce qui permet d’envisager un dépistage pré-<br />

CHAPITRE 27<br />

STRABISME, MYOPATHIES,<br />

NEURO- OPHTALMOLOGIE<br />

C. ORSSAUD<br />

natal ou chez des patients à risque. De plus, le rôle du produit<br />

de certains de ces gènes commence à être connu. Ces<br />

connaissances ont permis de développer un traitement adapté<br />

dans la maladie de Gaucher, souvent responsable de paralysies<br />

supranucléaires. D’autres développements de ces<br />

connaissances devraient suivre, en particulier dans la myopathie<br />

de Duchenne. Il ne faut néanmoins pas oublier le pourcentage<br />

important des formes sporadiques de ces anomalies<br />

oculomotrices le plus <strong>fr</strong>équemment rencontrées, telles que le<br />

syndrome de Stilling-Duane-Türk ou le syndrome de Brown.<br />

I – STRABISMES ET SYNDROMES DE RESTRICTION<br />

Le caractère génétique des strabismes essentiels est suspecté<br />

depuis plus d’un siècle et a donné lieu à de nombreux travaux<br />

[128, 234] . Cependant, aucune des études réalisées n’a permis<br />

d’affirmer de manière définitive le mode selon lequel ces<br />

pathologies ségrègent au sein des différentes <strong>fr</strong>atries [135] .<br />

Certaines études de ségrégations tendent à prouver que la<br />

transmission est de type multifactoriel [83] . En effet, la part de<br />

facteurs tels que la ré<strong>fr</strong>action, elle-même sous la dépendance<br />

de facteurs génétiques, mais aussi de facteurs environnementaux<br />

tels que des troubles gestationnels, influent sur l’apparition<br />

de ces deux pathologies [6, 128, 234] . La notion d’hétérogénéité<br />

génétique des strabismes a été renforcée par une étude de<br />

Parikh [167] . Enfin, on observe des strabismes symptomatiques<br />

au cours de différents syndromes polymalformatifs ou dans le<br />

cadre de pathologies multisystémiques. Le mode de transmission<br />

est alors celui de ces affections. Les syndromes de restriction<br />

ou de fibrose congénitale des muscles oculomoteurs sont<br />

des anomalies non évolutives aboutissant à une limitation des<br />

mouvements actifs et passifs du globe oculaire. La classification<br />

en cinq types établie par Brown a été révisée. Le<br />

syndrome de Stilling-Duane-Türk et celui de Brown sont<br />

considérés comme des entités séparées [135] . Le strabismus fixus,<br />

le syndrome de rétraction verticale et la fibrose congénitale du<br />

muscle droit inférieur sont regroupés au sein du « syndrome de<br />

fibrose congénitale des muscles extraoculaires », désigné par<br />

l’acronyme CFEOM. L’hétérogénéité phénotypique de ces différents<br />

syndromes de restriction est corrélée à une hétérogénéité<br />

génotypique [182] .<br />

GÉNÉTIQUE DES STRABISMES<br />

CONCOMITANTS<br />

De très nombreuses données concernant le caractère génétique<br />

du strabisme ont été publiées depuis que Parinaud, en<br />

1899, a constaté que certaines formes de strabismes essentiels<br />

avaient un caractère héréditaire. Des travaux ultérieurs ont<br />

démontré une plus grande prévalence des strabismes dans les<br />

<strong>fr</strong>atries d’enfants atteints que dans la population générale.<br />

Crone retrouve une incidence du strabisme de 3 % dans la<br />

population générale, mais de 13 % parmi les apparentés<br />

d’enfants strabiques [56] . Le risque pour le <strong>fr</strong>ère ou la sœur<br />

d’un enfant strabique de développer un strabisme est plus faible<br />

lorsque les parents sont eux-mêmes indemnes de strabisme.<br />

Cependant, la <strong>fr</strong>équence du strabisme essentiel, toutes<br />

formes confondues, chez des apparentés d’un patient strabique,<br />

varie de 4 à 65,4 % dans les différentes études portant<br />

sur des ensembles de population d’enfants strabiques avec<br />

analyse de la <strong>fr</strong>atrie [56, 65] . Cette <strong>fr</strong>équence est influencée par<br />

de nombreux facteurs. Elle dépend de l’importance relative de<br />

la forme de strabisme étudiée au sein de la population retenue.<br />

Maumenee retrouve une faible <strong>fr</strong>équence des formes<br />

familiales (15,8 %), mais elle n’a pris en compte que des<br />

enfants porteurs de strabismes congénitaux [130] ; or, l’incidence<br />

des formes familiales serait plus faible dans cette forme<br />

de strabisme que dans les exotropies intermittentes ou les<br />

ésotropies accommodatives [128, 234] . La <strong>fr</strong>équence des formes<br />

familiales dans ces différentes études dépend également des<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 387


Livre.book Page 388 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

apparentés (parents, grands-parents, oncles et tantes, cousins…)<br />

retenus dans l’analyse et des critères pris en compte<br />

pour s’assurer de l’existence ou de l’absence de strabisme au<br />

sein de cette population [183] . Les microstrabismes et certains<br />

strabismes peu importants n’ayant pas nécessité de prise en<br />

charge particulière sont parfois négligés lors des enquêtes<br />

génétiques de ces différentes études, entraînant une sous-estimation<br />

de la <strong>fr</strong>équence des formes familiales.<br />

Une étude portant sur 63 familles fait état d’une concordance<br />

du type de déviation oculaire entre le proposant et les<br />

apparentés au premier degré dans 44,4 % des cas, alors<br />

qu’une discordance n’est retrouvée que dans 11,1 % des cas.<br />

La concordance n’était pas analysable dans les autres <strong>fr</strong>atries<br />

(44,5 %) de cette étude [65] . La <strong>fr</strong>équence élevée des formes<br />

familiales de strabismes, tous types confondus, et des transmissions<br />

directes parent-enfant(s) — retrouvées dans un tiers<br />

des familles —, ainsi que l’existence de patients atteints sur<br />

plusieurs générations, ont fait évoquer une transmission<br />

dominante autosomique à pénétrance incomplète ou codominante<br />

avec un facteur récessif associé [65, 130, 183] . Ce mode de<br />

transmission n’est pas admis par tous les auteurs. Une transmission<br />

de type polygénique et multifactoriel est souvent<br />

évoquée [83, 119] . Le strabisme serait sous la dépendance de facteurs<br />

environnementaux et les facteurs génétiques ne seraient<br />

pas seuls responsables de sa survenue. Les études réalisées<br />

sur des cohortes de jumeaux, triplés ou quadruplés sont<br />

fondamentales. Elles confirment une plus grande concordance<br />

du strabisme chez les jumeaux monozygotes que<br />

chez les jumeaux dizygotes. Ainsi, une méta-analyse portant<br />

sur 206 paires de jumeaux monozygotes et 130 paires<br />

de jumeaux dizygotes retrouve une concordance à 73 % dans<br />

le premier groupe contre seulement 35 % dans le second [169] .<br />

Un tel résultat est en faveur du rôle essentiel du facteur génétique.<br />

Mais elle démontre aussi que des jumeaux monozygotes<br />

peuvent ne pas développer le même type de strabisme, ou<br />

qu’un seul des deux peut être strabique. Cette concordance<br />

incomplète peut s’interpréter de plusieurs manières. Elle constitue<br />

un argument en faveur de l’intervention de facteurs<br />

d’ordre non génétique dans le développement d’un strabisme,<br />

renforçant l’idée d’une transmission multifactorielle. Mais de<br />

telles observations de formes discordantes de strabismes chez<br />

des jumeaux monozygotes peuvent être observées dans le<br />

cadre d’une transmission dominante à pénétrance incomplète.<br />

Elles relèvent uniquement d’une différence de pénétrance<br />

chez des patients ayant un même patrimoine<br />

génétique. Parikh a récemment évoqué la possibilité d’une<br />

hétérogénéité génétique du strabisme lors d’une étude menée<br />

sur sept <strong>fr</strong>atries rassemblant de trois à dix-neuf patients<br />

atteints sur deux à six générations [167] . Lors de cette étude, cet<br />

auteur a retrouvé un locus de susceptibilité génétique pour le<br />

strabisme en 7p22.1 dans une famille avec un lod score très<br />

positif (supérieur à 4,51). Or, aucune liaison génétique n’a pu<br />

être retrouvée au sein des six autres <strong>fr</strong>atries de cette étude.<br />

Les facteurs ethniques constituent des sources de variations<br />

de la prévalence des strabismes ou de la <strong>fr</strong>équence des<br />

différentes formes de strabismes. Ainsi, il est observé une<br />

plus grande prévalence des strabismes chez les patients caucasiens<br />

que chez les patients a<strong>fr</strong>icains ou a<strong>fr</strong>o-américains.<br />

L’ésotropie est plus <strong>fr</strong>équente chez les Caucasiens que chez<br />

les patients d’origine asiatique. Ces derniers développent plus<br />

volontiers une exotropie. Ces variations de prévalence des<br />

strabismes ont vraisemblablement une origine génétique,<br />

mais le facteur génétique peut intervenir de manière indirecte<br />

sur le strabisme. Ainsi, la différence de déviation oculaire<br />

388 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

observée entre les Caucasiens et les Asiatiques peut être<br />

secondaire à la différence de ré<strong>fr</strong>action existant entre ces<br />

populations, elle-même génétiquement déterminée. La myopie,<br />

très souvent corrélée au strabisme divergent, est extrêmement<br />

<strong>fr</strong>équente en Corée. Contrairement à ce qui avait été<br />

évoqué, une plus grande <strong>fr</strong>équence du strabisme chez les<br />

femmes n’a pas été confirmée lors d’études d’autres cohortes<br />

— sex-ratio de 0,49 [65] .<br />

STRABISMES ESSENTIELS<br />

Il est fondamental de pouvoir constituer des groupes homogènes<br />

de patients. Or, les définitions et les critères utilisés<br />

pour regrouper les patients ne sont pas identiques d’une<br />

étude à l’autre, ce qui rend difficile toute comparaison des<br />

résultats. Cependant, tous les travaux s’accordent à reconnaître<br />

qu’il faut séparer les ésotropies des exotropies. S’il existe<br />

des arguments en faveur de l’existence d’un facteur héréditaire<br />

dans l’un et l’autre de ces deux groupes, la <strong>fr</strong>équence des<br />

cas familiaux y est très différente [65, 183, 234] . Les ésotropies<br />

constituent un ensemble de strabismes cliniquement très<br />

variés quant à l’âge de survenue ou le caractère accommodatif.<br />

C’est la raison pour laquelle, dans la plupart des études,<br />

plusieurs sous-groupes d’ésotropies sont constitués et analysés<br />

séparément. Mais il n’existe aucun consensus concernant<br />

les dénominations (strabismes congénitaux, strabismes simples,<br />

strabismes accommodatifs, strabismes avec amblyopie,<br />

strabismes anisométropiques…) et les définitions de ces sousgroupes<br />

[65, 234] . Le diagnostic de strabisme accommodatif est<br />

généralement retenu lorsque le port de la correction optique<br />

permet d’obtenir une disparition complète ou une diminution<br />

notable de l’angle de la déviation oculaire et devant un<br />

rapport AC/A élevé. Mais les critères ré<strong>fr</strong>actifs, avec une<br />

hypermétropie supérieure à + 3 dioptries, ou les critères de<br />

variabilité de l’angle à type d’incomitance loin-près ou<br />

d’intermittence sont parfois également utilisés [6] . En revanche,<br />

les critères retenus pour définir les strabismes congénitaux<br />

sont généralement univoques [130] . Enfin, les patients<br />

porteurs de microtropie ou de strabismes monoculaires sont<br />

généralement exclus des travaux concernant l’hérédité du<br />

strabisme, aussi bien en tant que proposant que dans la<br />

recherche d’apparentés [169] . Les conséquences de ces exclusions<br />

souvent involontaires sur le calcul de la <strong>fr</strong>équence des<br />

strabismes familiaux ont déjà été évoquées.<br />

Ésotropies<br />

Depuis plus d’un siècle, en dehors d’observations isolées, comportant<br />

néanmoins parfois plusieurs <strong>fr</strong>atries, de très nombreuses<br />

études ont été consacrées à la recherche des modes de transmission<br />

et des facteurs génétiques associés aux ésotropies, quelles<br />

que soient leurs caractéristiques cliniques [6, 65, 83, 128, 130, 183, 234] .<br />

L’incidence des formes familiales varie de 13 à 65,4 % lors des<br />

ésotropies, toutes formes confondues, et cette différence peut<br />

s’expliquer par le degré des apparentés pris en compte dans<br />

l’étude. La <strong>fr</strong>équence de l’hérédité diminue en suivant une<br />

courbe de probabilité d’haplotype commun entre les parents ou<br />

la <strong>fr</strong>atrie et les cousins germains (troisième degré) [183] . Cependant,<br />

on connaît des familles au sein desquelles un apparenté<br />

atteint n’est retrouvé qu’au troisième degré, alors que les apparentés<br />

du premier et deuxième degrés sont indemnes. De telles<br />

<strong>fr</strong>atries pourraient en imposer pour une forme non familiale si<br />

la recherche était limitée aux parents les plus proches. Lors<br />

d’une étude portant sur 181 familles, dont 114 au sein desquel-


Livre.book Page 389 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

les on retrouvait plus de deux patients strabiques, 44,7 % des<br />

apparentés atteints se situaient au-delà du deuxième degré [65] .<br />

En revanche, aucune différence significative n’a pu être mise en<br />

évidence entre les différents types de strabismes convergents<br />

[65] . Cependant, la <strong>fr</strong>équence des formes familiales est généralement<br />

variable en fonction du type d’ésotropie considéré [65, 234] .<br />

Ziakas a observé un pourcentage significativement plus élevé<br />

d’apparentés du premier degré strabiques en présence d’une<br />

ésotropie accommodative chez le proposant (26,1 %) que d’une<br />

ésotropie congénitale (14,9 %) ou d’une ésotropie anisométropique<br />

(12,1 %) [234] . Mais la différence n’atteint plus le seuil de la<br />

significativité lorsque l’étude porte sur les apparentés des<br />

deuxième ou troisième degrés. Des résultats identiques sont<br />

signalés à plusieurs reprises [128] .<br />

Il n’y a, à ce jour, aucun consensus quant au mode de<br />

transmission des ésotropies simples ou accommodatives [119] .<br />

Les caractéristiques des transmissions retrouvées sur différents<br />

arbres généalogiques sont volontiers en faveur d’un<br />

mode dominant autosomique. On en veut pour preuve le<br />

nombre important de transmissions entre apparentés du premier<br />

degré, avec des transmissions père-fils et un pourcentage<br />

égal d’hommes et de femmes atteints. Cependant, une transmission<br />

de type polygénique, pouvant relever de deux gènes<br />

ou plus, et/ou multifactorielle ne peut pas être écartée [119] .<br />

Enfin, un locus de susceptibilité pour le strabisme a été<br />

retrouvé dans une famille atteinte d’ésotropie sur le chromosome<br />

7, en 7p22.1 [167] . Quoique les caractéristiques de la<br />

transmission soient en faveur d’une dominance à pénétrance<br />

incomplète, l’analyse des haplotypes au sein de cette famille<br />

ne peut éliminer ni une transmission récessive autosomique<br />

ni une semi-dominance. Enfin, parmi les facteurs environnementaux,<br />

interviennent les troubles de la réfaction. Leur rôle,<br />

plus particulièrement celui de l’hypermétropie moyenne<br />

(jusqu’à + 3,75 dioptries) ou forte (au-delà de + 3,75 dioptries),<br />

est diversement apprécié. Une hypermétropie moyenne<br />

est physiologiquement observée chez les jeunes enfants. Les<br />

patients dont l’hypermétropie est supérieure à + 3,5 dioptries<br />

à l’âge d’un an ont un risque particulièrement important de<br />

développer un strabisme convergent [5] . De plus, l’existence<br />

d’une hypermétropie associée à un antécédent familial de<br />

strabisme augmente le risque de développer une ésotropie<br />

avec un odd ratio à 6,7 [6] . Le risque d’ésotropie est également<br />

important lorsque la ré<strong>fr</strong>action n’évolue pas vers l’emmétropisation<br />

avant l’âge de 4 ans [207] . Les enfants génétiquement<br />

prédisposés à développer un strabisme ne répondraient pas<br />

au stimulus que constitue une vision floue et, de ce fait,<br />

n’auraient pas une accommodation normale. La transmission<br />

de l’hypermétropie est génétiquement déterminée, soit dominante<br />

autosomique soit polygénique. Il serait donc intéressant<br />

de prendre en compte la valeur du rapport AC/A<br />

également impliqué dans le développement des strabismes<br />

partiellement accommodatifs. Ce rapport semble également<br />

transmis selon les lois de l’hérédité, en raison de la grande<br />

concordance de sa valeur chez des jumeaux monozygotes.<br />

Les ésotropies congénitales doivent être considérées à part.<br />

Les facteurs génétiques jouent un rôle certain, comme la <strong>fr</strong>équence<br />

des formes familiales déjà évoquée tend à le prouver.<br />

Mais le rôle de facteurs environnementaux a été également<br />

bien documenté. La prématurité est un facteur <strong>fr</strong>équemment<br />

associé aux ésotropies congénitales, alors que la notion<br />

d’antécédents familiaux favorise les ésotropies accommodatives<br />

[128] . Le pourcentage de prématurité dans les ésotropies<br />

congénitales varie de 2 à 17 %.<br />

Exotropies<br />

Le mode de transmission de l’exotropie pourrait être dominant<br />

autosomique. Toutefois, le rôle de la réfaction dans le développement<br />

d’un strabisme divergent et le mode de transmission de<br />

ce trouble ré<strong>fr</strong>actif sont des paramètres essentiels. On observe<br />

volontiers une myopie ou une évolution vers la myopie chez un<br />

enfant porteur d’une exotropie [5] . De plus, l’exotropie est volontiers<br />

associée à la présence d’une myopie au sein de la famille,<br />

que le proposant soit lui-même myope ou non [127] . Or, la myopie<br />

est généralement transmise selon un mode dominant autosomique<br />

ou polygénique (cf. chapitre 8).<br />

STRABISMES ASSOCIÉS<br />

À DES ANOMALIES GÉNÉRALES<br />

Un strabisme est <strong>fr</strong>équemment observé au cours de nombreux<br />

syndromes polymalformatifs ou de pathologies dégénératives<br />

ou métaboliques. La présence du strabisme est alors<br />

la conséquence d’un trouble du développement craniofacial<br />

ou neurologique. Ces strabismes symptomatiques peuvent<br />

également être secondaires à des désordres neurologiques<br />

évolutifs, quelle qu’en soit l’origine. S’ils n’ont parfois aucune<br />

caractéristique clinique qui les différencie des strabismes<br />

essentiels, ils s’accompagnent volontiers de paralysie ou de<br />

parésie oculomotrice d’origine nucléaire ou supranucléaire. Le<br />

mode de transmission de ces strabismes symptomatiques est<br />

celui des affections auxquels ils sont associés, en sachant que<br />

la plupart des affections métaboliques sont généralement<br />

transmises selon un mode récessif autosomique. Les différentes<br />

étiologies de ces strabismes symptomatiques sont résumées<br />

dans le tableau 27-I.<br />

Les craniosténoses constituent une cause habituelle des<br />

strabismes orbitaires en raison des malpositions musculaires<br />

qu’elles entraînent. La classification clinique des craniosténoses<br />

repose sur la fermeture prématurée d’une ou de plusieurs<br />

sutures. À côté des formes simples, plusieurs syndromes<br />

complexes ont été décrits (tableau 27-II). Le retentissement<br />

cérébral est d’autant plus important que la fermeture de la<br />

suture limite les possibilités d’expansion de la boîte crânienne<br />

comme dans l’oxycéphalie et dans l’acrocéphalosyndactilie<br />

d’Apert. Lorsque la craniosténose s’accompagne d’hypertension<br />

intracrânienne, celle-ci peut se compliquer d’atrophie<br />

optique. La déformation crânienne retentit sur la forme et<br />

l’orientation des orbites ainsi que sur leur écartement, expliquant<br />

l’hypertélorisme et la <strong>fr</strong>équence des strabismes. Outre<br />

leur hétérogénéité phénotypique, les craniosténoses se caractérisent<br />

également par une hétérogénéité génétique. Des anomalies<br />

génétiques ont été retrouvées dans cinq gènes<br />

différents : le gène MSX2, le gène TWIST et les gènes des<br />

récepteurs du FGF de type 1, 2 et 3 [106] (tableau 27-III). Ces<br />

quatre derniers gènes sont impliqués dans la réponse des cellules<br />

au Fibroblast Growth Factor. Des mutations différentes<br />

survenant dans un même gène peuvent être responsables de<br />

plusieurs tableaux cliniques différents, comme dans la maladie<br />

de Crouzon ou l’acrocéphalosyndactilie d’Apert. Le rôle<br />

d’un âge paternel élevé a été évoqué dans la survenue de<br />

mutations de novo responsables de ces craniosténoses, ellesmêmes<br />

corrélées à des perturbations des mécanismes de<br />

réparation de l’ADN des spermatozoïdes [79] .<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 389


Livre.book Page 390 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

TABLEAU 27-I<br />

Localisation génétique et mode de transmission des principales causes de strabisme symptomatique.<br />

Syndrome Localisation chromosomique Gène Mode de transmission<br />

CFEOM1 12p11.2-q12 KIF21A DA ; (RA ?)<br />

CFEOM2 11q13 ARIX RA<br />

CFEOM3 16q24.2-q24.3 DA<br />

Stilling-Duane-Türk 8q13 ; 2q31 ; 22q DA<br />

Brown ?<br />

Mœbius 13q12.2-q13 ; 3q21-q22 ; 10q21.3-q22.1 ; 1p22 DA ; RA ; RLX<br />

Ophtalmoplégie externe progressive del ADNmt Mitochondrial<br />

Kearns-Sayre del ADNmt Mitochondrial<br />

Leigh 9q34.3 SURF-1 RA<br />

AMBLYOPIE<br />

Les bases génétiques de l’amblyopie fonctionnelle sont<br />

encore mal connues. Celle-ci est bien souvent secondaire à un<br />

trouble rétractif, à un nystagmus congénital ou à un strabisme.<br />

Or, le caractère génétique de ces différents facteurs<br />

amblyogènes est clairement établi. Cependant, dans certaines<br />

<strong>fr</strong>atries, l’amblyopie apparaît isolée et une composante héréditaire<br />

semble pouvoir être affirmée.<br />

Les facteurs neurobiologiques jouent un rôle certain dans<br />

le développement du cortex et dans les mécanismes de plasticité<br />

cérébrale. Ainsi, des neurotrophines, le NGF (nerve growth<br />

factor) présent dans le cortex visuel des mammifères, ou le<br />

BDNF (brain-derived neurotrophic factor), pourraient avoir un<br />

390 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

Xp22.2-p22.1 CPDH, E 1α RLX<br />

Sous-unité unité 5<br />

du complexe I<br />

NDUFS7<br />

NDUFV1<br />

NDUFS4<br />

5p15 flavoprotéine<br />

Waardenburg 2q37.3 DA<br />

Joubert 9q34.3 JTS1 RA<br />

11p12-q13.3 CORS2<br />

11p11.2<br />

X <strong>fr</strong>agile Xq27.3 RLX<br />

Cornelia de Lange 3q26.3 DA<br />

Cri du chat 5p DA<br />

Franceschetti 5q32-q33.2 DA<br />

Cat eye Tétrasomie 22 partielle DA<br />

Down Trisomie 21<br />

Patau Trisomie 13-15<br />

DA : dominant autosomique ; RA : récessif autosomique ; RLX : récessif lié au chromosome X.<br />

Mitochondrial<br />

effet protecteur vis-à-vis d’une amblyopie par déprivation [76] .<br />

Ces données suggèrent que ces molécules puissent avoir également<br />

un rôle de remodelage du système visuel en développement,<br />

dépendant de l’activité neuronale [107] . Or, les cellules<br />

rétiniennes présentent une activité électrique spontanée bien<br />

avant la naissance objectivée par des trains d’ondes dont<br />

l’organisation est précise. De même, il a été démontré que<br />

l’inactivation du récepteur aux neurotrophines p75NTR chez<br />

la souris diminue de façon plus ou moins marquée les projections<br />

géniculo-striées [133] . Les récepteurs au glutamate de type<br />

NMDA, impliqués dans la potentialisation à long terme (longterm<br />

potentialisation), ou des facteurs de transcription de type<br />

cAMP/Ca 2+ response element-binding protein participent également<br />

aux mécanismes de plasticité cérébrale [107, 143] . Mais ces<br />

RA


Livre.book Page 391 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

TABLEAU 27-II<br />

Caractéristiques cliniques et mode de transmission des craniosténoses.<br />

Syndrome<br />

de Crouzon<br />

Sutures<br />

Bicoronale<br />

et sagittale<br />

Parfois<br />

lambdoïde<br />

Complications<br />

neurologiques<br />

HTIC<br />

Hydrocéphalie<br />

Syndrome de Pfeiffer Diffuse HTIC<br />

Hydrocéphalie<br />

Syndrome<br />

de Crouzon<br />

et acanthosis nigricans<br />

Acrocéphalosyndactilie<br />

d’Apert (type 1)<br />

Syndrome<br />

de Saethre-Chotzen, ou<br />

acrocéphalosyndactilie<br />

de type III<br />

Coronale<br />

et sagittale<br />

Parfois<br />

lambdoïde<br />

HTIC<br />

Arnold Chiari<br />

Sténose de<br />

l’orifice jugulaire<br />

Diffus HTIC possible<br />

Hydrocéphalie<br />

Retard mental<br />

Unicoronale<br />

Rarement<br />

bicoronale<br />

Métopique<br />

différentes molécules semblent être aussi impliquées dans<br />

l’embryogenèse cérébrale. Ainsi, l’absence de récepteur NR1<br />

au NMDA stimule le développement de projections callosales<br />

vers les aires visuelles chez la souris. De nombreuses substances<br />

participent à la mise en place de la voie rétino-géniculostriée<br />

ou à l’embryogenèse du cortex visuel et commencent à<br />

être bien connues : la netrine-1 impliquée dans le guidage des<br />

cônes de croissance des axones, les sémaphorines, en particulier<br />

Sema3A et Sema5A, ou les éphrines, facteurs diffusibles<br />

présentant également un rôle inhibiteur dans la guidance axonale<br />

[163] . Il faut également souligner le rôle de ZIF268, dont<br />

l’activité est modulée par l’activité rétinienne. La multiplicité<br />

Autres<br />

anomalies<br />

Complication<br />

ophtalmologique<br />

Hypoplasie maxillaire AO par HTIC<br />

Exorbitisme et<br />

luxation du globe<br />

Hypertélorisme<br />

Anomalies auditives<br />

Sténose trachéale<br />

Ptosis<br />

Exorbitisme<br />

Hypertélorisme<br />

Acanthosis nigricans AO par HTIC<br />

Exorbitisme et<br />

luxation du globe<br />

Hypertélorisme<br />

Syndactilie totale<br />

ou partielle<br />

Anomalies des<br />

vertèbres cervicales<br />

Syndactylie<br />

(4 e -5 e doigts)<br />

Anomalies auditives<br />

Anomalies des<br />

vertèbres cervicales<br />

Hypertélorisme<br />

Exorbitisme<br />

AO par HTIC<br />

Hypertélorisme<br />

Obliquité<br />

antimongoloïde<br />

Blépharophimosis<br />

de ces différents facteurs, qui constituent autant de candidats<br />

au développement d’une amblyopie, et la difficulté de leur<br />

analyse in vivo chez l’homme, ne permettent pas pour l’instant<br />

de préciser les mécanismes physiopathogéniques et<br />

génétiques de l’amblyopie.<br />

HYPERTHERMIE MALIGNE<br />

Fréquence<br />

du strabisme<br />

36 %<br />

Xt > Et<br />

Présent<br />

Fréquence<br />

inconnue<br />

36 %<br />

Xt > Et<br />

Transmission<br />

DA<br />

Sporadique<br />

(âge paternel<br />

élevé)<br />

DA<br />

Sporadique<br />

(âge paternel<br />

élevé)<br />

DA<br />

Sporadique<br />

52 % DA<br />

Sporadique<br />

(âge paternel<br />

élevé)<br />

Présent<br />

Fréquence<br />

inconnue<br />

Scaphocéphalie Sagittale Rares 22 %<br />

Xt > Et<br />

Plagiocéphalie Unicoronale Orbite agrandie<br />

Ascension du globe<br />

oculaire<br />

Brachycéphalie Bicoronale HTIC Exophtalmie<br />

Hypertélorisme<br />

Obliquité<br />

antimongoloïde<br />

Oxycéphalie Multiples<br />

Crâne en « pain<br />

de sucre »<br />

53 %<br />

Hypertropie<br />

et hyperaction<br />

de l’OS<br />

DA<br />

Sporadique<br />

DA RA (?)<br />

Sporadique<br />

DA<br />

Sporadique<br />

38 % DA<br />

Sporadique<br />

HTIC AO par HTIC 28 % DA RA (?)<br />

Sporadique<br />

Trigonocéphalie Métopique Hypertélorisme<br />

Paroi orbitaire<br />

interne verticalisée<br />

18 %<br />

Xt > Et<br />

HTIC : Hypertension intracrânienne ; AO : Atrophie optique ; DA : Dominant autosomique ; RA : Récessif autosomique.<br />

AD<br />

Sporadique<br />

Si la prise en charge thérapeutique du strabisme et les différentes<br />

techniques chirurgicales n’ont pas à apparaître dans ce<br />

chapitre, en revanche, l’hyperthermie maligne, génétique-<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 391


Livre.book Page 392 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

TABLEAU 27-III<br />

Gènes impliqués dans les craniosténoses.<br />

Localisation Craniosténose Type d’anomalie génétique<br />

MSX2 5q34-q35 Turbrachycéphalie (type Boston) Mutation (Pro148His)<br />

TWIST 7p21 Syndrome de Saethre-Chotzen Mutations responsables de perte de fonction<br />

RFGF 1 8p11.2-p11.1 Syndrome de Pfeiffer Une mutation (gain de fonction)<br />

RFGF 2 10q26 Maladie de Crouzon<br />

Syndrome de Pfeiffer<br />

ment déterminée, doit y être traitée car elle constitue la complication<br />

peropératoire gravissime d’une intervention de<br />

strabisme sous une anesthésie générale utilisant des produits<br />

halogénés.<br />

Rien ne permet de laisser présager un tel accident. C’est la<br />

raison pour laquelle des enfants d’une même <strong>fr</strong>atrie ne doivent<br />

jamais être anesthésiés le même jour, ou à tout le moins<br />

avant que le précédent n’ait été totalement réveillé sans incident.<br />

Sa <strong>fr</strong>équence est d’un pour 10 000 à un pour 8 500 [66] .<br />

Cet accident nécessite dans un premier temps d’injecter du<br />

Dentrolène avant une prise en charge en réanimation. Celui-ci,<br />

qui a été préconisé par voie orale en prévention, agit en interférant<br />

avec le relargage de calcium à partir du réticulum sarcoplasmique.<br />

Il permet ainsi de diminuer le couplage entre<br />

l’excitation nerveuse à la surface de la fibre musculaire et la<br />

contraction de celle-ci qui intervient par relargage de calcium<br />

dans le cytoplasme.<br />

L’hyperthermie maligne est due à un désordre du contrôle<br />

du relargage du calcium au niveau des fibres musculaires qui<br />

aboutit à ce niveau à une hyperexcitabilité et à une augmentation<br />

du métabolisme. Cette affection est transmise selon un<br />

mode dominant autosomique à pénétrance variable. Plusieurs<br />

gènes ou loci ont été identifiés comme étant génétiquement<br />

liés à cette affection. Robinson estime que le risque de présenter<br />

une poussée d’hyperthermie maligne serait sous la<br />

dépendance et l’interaction de plusieurs de ces gènes [187] ,<br />

mais le gène le plus important et le plus <strong>fr</strong>équemment altéré<br />

en Europe est celui du canal calcique du réticulum sarcoplasmique,<br />

encore dénommé récepteur de la ryanodine, localisé<br />

en 19q13.1. Plus de trente mutations et une délétion dans ce<br />

gène ont été rapportées, responsables d’une diminution du<br />

seuil de contractibilité musculaire et de la sensibilité à la<br />

caféine et aux halogènes volatils [66] . Ce canal calcique situé<br />

au niveau de la membrane du réticulum sarcoplasmique intervient<br />

dans les phénomènes d’amplification du signal calcique.<br />

Le calcium, pénétrant dans la cellule par les canaux calciques<br />

de type L voltage-dépendants, interagit avec quatre à six<br />

récepteurs/canaux du réticulum sarcoplasmique pour produire<br />

un influx. Une liaison génétique a été retrouvée avec<br />

cinq autres loci ou gènes codant des protéines impliquées<br />

dans le contrôle du calcium dans les fibres musculaires ou<br />

392 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

Plusieurs mutations communes entre Crouzon<br />

et Pfeiffer, délétions et insertions<br />

Syndrome d’Apert Mutation Ser252Trp, Ser252Phe et Pro253Arg<br />

Syndrome de Saethre-Chotzen Insertion<br />

Délétion (codons 269 et 270)<br />

Craniosténose unicoronale Délétions<br />

RFGF 3 4p16.3 Maladie de Crouzon avec anomalie cutanée Mutation (Ala391Glu)<br />

dans le couplage excitation-contraction [40] . Citons le gène de<br />

la sous-unité 1α du canal calcique de type L voltage-dépendant<br />

(1q32) et celui de la sous-unité δ/α2 du canal calcique<br />

voltage-dépendant (7q21-q22) et les loci 3q13.1, 5p et<br />

17q11.2-q24. En ce sens, l’hyperthermie maligne apparaît<br />

comme une affection entrant dans le vaste cadre des canalopathies.<br />

Le test permettant un diagnostic des sujets à risque dans<br />

une <strong>fr</strong>atrie nécessite de disposer de <strong>fr</strong>agments de tissus musculaires<br />

du patient, qui sont soumis à un test de contraction<br />

in vitro à l’aide de caféine ou d’halothane. Des discordances<br />

dans les résultats de ce test permettent de penser qu’il dépend<br />

des mutations causales. C’est la raison pour laquelle il est<br />

proposé d’utiliser également la ryanodine, alcaloïde végétal,<br />

et de pratiquer une recherche de mutation dans le gène du<br />

récepteur de la ryanodine [185] . Le risque de cette pathologie<br />

grave impose de ne pas anesthésier en même temps deux<br />

enfants de la même <strong>fr</strong>atrie, a fortiori des jumeaux.<br />

GÉNÉTIQUE DES SYNDROMES<br />

DE RESTRICTION<br />

Les trois formes de syndromes de restriction seront successivement<br />

envisagées : les syndromes de fibrose congénitale des<br />

muscles oculomoteurs, le syndrome de Stilling-Duane-Türk<br />

et le syndrome de Brown.<br />

SYNDROMES DE FIBROSE CONGÉNITALE<br />

DES MUSCLES OCULOMOTEURS<br />

L’apport de la génétique a permis d’individualiser trois formes<br />

de fibrose congénitale des muscles oculomoteurs<br />

(CFEOM, Congenital Fibrosis of the ExtraOcular Muscles), dont<br />

les gènes sont localisés sur des chromosomes différents. Le<br />

gène du CFEOM de type 1 (CFEOM1), transmis le plus souvent<br />

selon le mode dominant autosomique, est localisé au<br />

niveau de la région centromérique du chromosome 12 alors<br />

que le gène du CFEOM de type 3 (CFEOM3), transmis selon<br />

le même mode, est localisé sur le bras long du chromo-


Livre.book Page 393 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

some 16, en 16q24.2-q24.3 [63, 70] . Le CFEOM de type 2<br />

(CFEOM2) résulte de mutations au sein du gène ARIX, localisé<br />

sur le bras long du chromosome 11, en 11q13. Sa transmission<br />

est récessive autosomique [148] .<br />

CFEOM1<br />

Symptomatologie<br />

La symptomatologie de la forme classique du CFEOM<br />

(CFEOM1) est très stéréotypée. Un ptosis congénital, dont<br />

l’importance varie d’un sujet à l’autre au sein d’une même <strong>fr</strong>atrie<br />

et qui peut être asymétrique, et une limitation des mouvements<br />

oculaires verticaux sont retrouvés chez tous les patients<br />

(fig. 27-1) [123] . Au repos, les yeux sont déviés en hypotropie<br />

[194] . Ils ne peuvent pas dépasser la ligne horizontale tant<br />

lors des mouvements volontaires qu’au cours du test de duction<br />

forcée [70, 123] . Les mouvements horizontaux peuvent être<br />

totalement bloqués ou, à l’inverse, d’amplitude normale mais<br />

uniquement réalisés dans l’hémichamp inférieur [70] . Les strabismes<br />

horizontaux à type d’ésotropie ou d’exotropie sont <strong>fr</strong>équents<br />

et peuvent se majorer ou diminuer lors des efforts de<br />

verticalisation des globes [70, 194] . Le ptosis et la limitation des<br />

mouvements oculomoteurs verticaux obligent le patient à<br />

adopter une position compensatrice de la tête, menton relevé<br />

et éventuellement tête tournée dans le sens de la déviation<br />

horizontale [123] . Cette atteinte oculomotrice congénitale est<br />

isolée et non évolutive. La motilité intrinsèque est normale.<br />

Des troubles de la ré<strong>fr</strong>action à type d’astigmatisme sont souvent<br />

rapportés. En raison de la présence de ces différentes<br />

anomalies, le risque d’amblyopie est élevé, nécessitant une<br />

rééducation adaptée précoce [123] . Un traitement chirurgical<br />

peut être proposé pour réduire la position vicieuse de la tête,<br />

le ptosis et améliorer l’alignement des yeux [123] .<br />

Il était généralement admis que la symptomatologie du<br />

CFEOM1 était uniforme, mais la localisation du gène dans la<br />

région centromérique du chromosome 12 a permis de<br />

démontrer l’existence d’une hétérogénéité phénotypique au<br />

sein de certaines <strong>fr</strong>atries. Ainsi, dans une même famille certains<br />

patients sont porteurs d’anomalies oculomotrices évoquant<br />

un CFEOM de type 3 (CFEOM3).<br />

Physiopathogénie<br />

L’origine de ce syndrome semble être neurogène et non myogène<br />

[69] . L’examen anatomopathologique d’un patient atteint<br />

Fig. 27-1 – Patient porteur d’une ophtalmoplégie associée à un ptosis<br />

dans le cadre d’un syndrome de fibrose congénitale des muscles<br />

oculomoteurs (CFEOM). Les yeux sont en exotropie modérée et ne<br />

peuvent pas dépasser la ligne horizontale. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

de CFEOM1 a révélé une anomalie de différenciation de la<br />

portion supérieure des noyaux des nerfs moteurs oculaires<br />

communs, destinée aux muscles releveur de la paupière supérieure<br />

et droit supérieur [153] . Les anomalies musculaires observées<br />

seraient secondaires à une absence d’innervation.<br />

Plusieurs observations de syncinésie d’innervation ou d’innervation<br />

aberrante au cours du CFEOM1 sont également en<br />

faveur de l’hypothèse d’une anomalie du développement des<br />

nerfs crâniens. Ainsi, chez une enfant de neuf mois atteinte<br />

de CFEOM, la stimulation des dents ou de la gencive supérieure<br />

droite entraînait une élévation de l’œil droit, évoquant<br />

une innervation anormale du muscle droit supérieur par un<br />

rameau issu du nerf trijumeau [80] . Un syndrome de Marcus<br />

Gunn unilatéral a été rapporté chez une enfant dont le ptosis<br />

était bilatéral dans le cadre d’une CFEOM [72] . Une cocontraction<br />

anormale des muscles horizontaux ou des mouvements<br />

de convergence ont été rapportés lors des efforts d’élévation<br />

ou d’abaissement des globes [72, 194] . Une anomalie de développement<br />

de certains nerfs crâniens est également retrouvée au<br />

cours d’autres anomalies oculomotrices congénitales, dont<br />

le syndrome de Stilling-Duane-Türk ou le syndrome de<br />

Mœbius, dont les mécanismes physiopathogéniques se rapprochent<br />

ainsi de ceux du CFEOM1. Rappelons le rôle joué<br />

par les crêtes neurales et les rhombomères dans le développement<br />

du rhombencéphale et des nerfs crâniens.<br />

Génétique<br />

La prévalence du syndrome de fibrose des muscles extraoculaires,<br />

quelle que soit sa forme, est estimée à un pour 230 000<br />

dans le Wessex. Le CFEOM1 est observé dans toutes les<br />

régions du globe [70, 194] . Le mode de transmission dominant<br />

autosomique est habituel puisque le sex-ratio est égal à 1, la<br />

consanguinité est toujours absente au sein des familles et des<br />

transmissions père-fils ont été observées sur plus de trois<br />

générations [123, 194] . La pénétrance est dite complète, bien que<br />

de rares observations de pénétrance incomplète aient été<br />

rapportées [24, 70, 194] . Cependant, le mode de transmission du<br />

CFEOM1 pourrait être hétérogène [194, 211] . En effet, un<br />

CFEOM est transmis selon un mode récessif autosomique au<br />

sein d’une famille consanguine présentant une probable<br />

liaison génétique avec la région incluant le gène du<br />

CFEOM1 [211] . Toutefois, la structure de cette famille, ne comportant<br />

qu’un petit nombre de membres, ne permet pas d’éliminer<br />

la présence d’un second gène du CFEOM2, de<br />

transmission récessive autosomique, sur le chromosome 12.<br />

Le CFEOM1 est dû à l’existence de mutations dans le gène<br />

KIF21A, localisé au niveau du bras long du chromosome 12 à<br />

proximité du centromère. Ce grand gène de 38 exons qui<br />

code une kinésine, s’exprime dans l’embryon murin au<br />

jour 10,5, ce qui correspond à la cinquième semaine chez<br />

l’embryon humain. Cette période correspond à celle où le<br />

système oculomoteur se met en place. Les kinésines sont,<br />

avec les dynéines, des protéines responsables du transport<br />

intracellulaire associé aux microtubules. Dans les neurones,<br />

les kinésines sont impliquées dans le transport antérograde. À<br />

ce jour, six mutations faux-sens différentes ont été retrouvées,<br />

dont quatre dans plusieurs <strong>fr</strong>atries. Ces mutations aboutissent<br />

à des modifications d’acides aminés hautement<br />

conservés et situés pour la plupart au niveau d’un repliement<br />

en hélice α de la protéine. Il est probable que ces mutations<br />

aient un effet négatif sur les interactions que la protéine établit<br />

avec d’autres facteurs non identifiés. Ainsi, ces mutations<br />

pourraient altérer le transport d’éléments essentiels au développement<br />

des axones ou de leur terminaison synaptique.<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 393


Livre.book Page 394 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

CFEOM3<br />

Symptomatologie<br />

La variabilité phénotypique au sein d’une même <strong>fr</strong>atrie est un<br />

élément diagnostique du CFEOM3 [63] . Les manifestations<br />

oculomotrices retrouvées chez certains patients sont identiques<br />

à celles rapportées lors du CFEOM1. Le ptosis est<br />

minime ou absent chez d’autres patients pour lesquels on<br />

n’observe ni déviation oculaire ni position anormale de la<br />

tête. Mais l’étude de la motilité oculaire confirme une limitation<br />

portant principalement sur l’élévation, parfois in<strong>fr</strong>aclinique<br />

et nécessitant une exploration au coordimètre. Il est<br />

admis que pour évoquer un CFEOM3, il est nécessaire qu’au<br />

moins un patient atteint de la <strong>fr</strong>atrie ne présente pas un<br />

tableau évocateur de CFEOM1, soit du fait de l’absence de<br />

ptosis soit du fait de l’absence de déviation inférieure des globes<br />

oculaires en position de repos. Cependant, en étudiant<br />

onze familles dont les caractéristiques cliniques et la transmission<br />

génétique sont parfaitement concordantes avec un<br />

CFEOM1, Engle a montré que la présentation clinique et le<br />

mode de pénétrance ne sont pas suffisants pour différencier<br />

les CFEOM de type 1 de ceux de type 3 [70] . En effet, une<br />

liaison génétique avec le gène du CFEOM1 n’a été retenue<br />

que pour deux familles et a été exclue ou considérée comme<br />

improbable pour deux autres familles. Une liaison génétique<br />

avec le gène du CFEOM3 est simplement possible au sein de<br />

trois familles.<br />

Les examens tomodensitométriques pratiqués chez des<br />

patients atteints de CFEOM3 permettent de penser que ses<br />

mécanismes physiopathogéniques seraient identiques à ceux<br />

évoqués pour le CFEOM1 [63, 122] .<br />

Génétique<br />

Le gène du CFEOM3 a d’abord été localisé au niveau de la<br />

portion terminale du bras long du chromosome 16 (16qter)<br />

par Doherty qui a testé 162 marqueurs répartis sur l’ensemble<br />

du génome humain [63] . À l’aide de 22 marqueurs répartis sur<br />

ce <strong>fr</strong>agment du chromosome 16 et de l’analyse des événements<br />

de recombinaison au sein d’une <strong>fr</strong>atrie, cette localisation<br />

a été affinée. Le gène est situé dans une région de<br />

5,6 cM, ou 3,7 Mb, limitée par les marqueurs D16S486 et<br />

D16S671 et correspondant à la région cytogénétique 16q24.2q24.3.<br />

Aucun des vingt gènes localisés dans ou à proximité de<br />

cette région n’a pu être retenu comme gène candidat compte<br />

tenu de la physiopathogénie probable du CFEOM3. La désignation,<br />

parmi eux, d’un gène candidat pourrait être facilitée<br />

par l’analyse des profils d’expression. En effet, certains transcrits<br />

de cette région ne sont retrouvés que dans des librairies<br />

d’expression (tag sequences) de système nerveux central de<br />

l’enfant ; le ou les gènes correspondants pourraient constituer<br />

le ou les candidats. Mais, avant d’envisager d’entreprendre<br />

une approche de type gène candidat, il serait souhaitable de<br />

réduire encore la taille de cette région [63] .<br />

CFEOM2<br />

Symptomatologie<br />

Le CFEOM2 a été décrit en 1998 à partir de l’étude de trois<br />

familles consanguines d’origine saoudienne puis au sein d’une<br />

<strong>fr</strong>atrie d’origine turque [148, 227] . Ce syndrome de restriction est<br />

caractérisé par un ptosis bilatéral très marqué et une ophtalmoplégie<br />

congénitale non évolutive et totale. Tous les mou-<br />

394 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

vements oculaires sont absents, en dehors de l’abduction qui<br />

demeure très limitée. Les globes oculaires sont bloqués en<br />

exodéviation de plus de 50 dioptries prismatiques, à laquelle<br />

peut s’associer une déviation verticale unilatérale à type<br />

d’hypertropie plus que d’hypotropie. Le test de duction forcée<br />

confirme le syndrome de restriction. Cependant, une<br />

variabilité clinique est possible (fig. 27-2). Les globes oculaires<br />

peuvent être fixés en position orthophorique ou atteints de<br />

façon asymétrique, laissant persister des mouvements de verticalité.<br />

Le ptosis est généralement amblyogène et la vision<br />

binoculaire absente. De plus, des anomalies des muscles<br />

intrinsèques de l’œil ont été observées chez les patients les<br />

plus âgés sous forme d’un trouble du jeu pupillaire. Les<br />

pupilles sont bloquées en myosis ou peu réactives à la<br />

lumière et aux collyres myotiques.<br />

Les mécanismes physiopathogéniques du CFEOM2 sont<br />

peu différents de ceux évoqués pour le CFEOM1 et le syndrome<br />

de Mœbius. Le CFEOM2 serait lié à une anomalie de<br />

développement de l’ensemble des complexes nucléaires formant<br />

les noyaux des nerfs moteurs oculaires communs et trochléaires<br />

[227] . Il existe donc une implication des cellules des<br />

crêtes neurales et des rhombomères. Ainsi, cette anomalie de<br />

développement ne laisserait subsister que l’innervation du<br />

muscle droit latéral, issue du noyau protubérantiel du nerf<br />

abducens (moteur oculaire externe).<br />

Fig. 27-2 – Syndrome de fibrose congénitale des muscles oculomoteurs<br />

(CFEOM) très asymétrique. L’œil gauche de ce patient ne peut dépasser<br />

la ligne horizontale et reste en exotropie. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

Génétique<br />

Le CFEOM2 est transmis selon un mode récessif autosomique.<br />

Ce syndrome est dû à la présence de trois mutations au<br />

niveau du gène ARIX (PHOX2A), localisé en 11q13 [148] . Chacune<br />

de ces mutations est associée à un haplotype différent<br />

retrouvé au sein des trois familles saoudiennes et de la<br />

famille d’origine turque. Deux des mutations ont été retrouvées<br />

respectivement à la jonction intron-exon 1 et exon 3intron<br />

de ce gène. Elles pourraient l’une et l’autre aboutir soit<br />

à la synthèse d’un ARN messager incomplet et/ou instable,<br />

soit à la synthèse d’une protéine tronquée et non fonctionnelle.<br />

La troisième mutation dans l’exon 1 entraîne la substitution<br />

d’un acide aminé hautement conservé entre les<br />

espèces au niveau de l’un des sous-domaines de ce gène<br />

(domaine brachyury-like). Le gène Arix (Phox2a) murin a un<br />

rôle essentiel dans le développement et la survie des neurones<br />

adrénergiques ainsi que dans la détermination du phéno-


Livre.book Page 395 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

type des récepteurs adrénergiques. Il joue également un rôle<br />

dans le développement et la survie de neurones du tronc<br />

cérébral, en particulier dans la mise en place des motoneurones<br />

des noyaux du nerf moteur oculaire commun et du nerf<br />

trochléaire [168] . Le knock-out du gène Arix (Phox2a) chez la<br />

souris ou la mutation du gène Arix du poisson zèbre aboutit<br />

à l’absence de ces deux noyaux oculomoteurs, mais aussi du<br />

locus coeruleus et de plusieurs autres nerfs crâniens [168] . Les<br />

souris Arix –/– sont incapables de se nourrir et meurent à la<br />

naissance. Les anomalies observées au niveau des noyaux<br />

oculomoteurs chez ces souris de génotype Arix –/– sont en<br />

conformité avec les mécanismes physiopathogéniques évoqués<br />

chez l’homme dans le cadre du CFEOM2. Mais les<br />

mutations du gène ARIX ne sont pas responsables chez<br />

l’homme d’un phénotype aussi sévère que celui constaté<br />

chez l’animal. Les raisons de cette différence ne sont pas élucidées.<br />

On évoque l’existence de mécanismes de compensation<br />

à partir de gènes voisins, tels que le gène PMX2B<br />

(PHOX2B) qui possède une grande homologie avec le gène<br />

ARIX, ou une dissociation entre le rôle de ce gène dans la<br />

mise en place des noyaux oculomoteurs et le développement<br />

des autres structures du tronc cérébral [148] .<br />

SYNDROME DE STILLING-DUANE-TÜRK<br />

Le syndrome de Stilling-Duane-Türk (SSDT) est l’un des syndromes<br />

de fibrose congénitale des muscles oculomoteurs les<br />

plus <strong>fr</strong>équents. Ce syndrome est d’origine neurogène, mais<br />

les modifications musculaires induites par l’absence de nerf<br />

abducens (moteur oculaire externe) permettent de comprendre<br />

la survenue les manifestations cliniques [69] . Bien que<br />

généralement sporadique ou non héréditaire, une forme familiale<br />

du SSDT est possible. La transmission de cette dernière<br />

s’effectue selon un mode dominant autosomique. Ce syndrome<br />

est génétiquement hétérogène puisque deux gènes<br />

différents ont été localisés, l’un sur le bras long du chromosome<br />

8, l’autre sur le bras long du chromosome 2. Enfin,<br />

d’autres localisations ont été évoquées, en particulier au<br />

niveau des chromosomes 4 et 22.<br />

Symptomatologie<br />

L’existence du SSDT a été suspectée par Stilling dès 1887 puis<br />

par Türk en 1899 ; il n’a été décrit par Duane qu’en 1905.<br />

Dans la littérature anglo-saxonne, ce syndrome n’est connu<br />

que sous le nom de ce dernier auteur. Ce syndrome, présent<br />

dès la naissance, est généralement unilatéral, mais des cas<br />

bilatéraux ont été rapportés dans 10 à 57 % des observations.<br />

En revanche, le pourcentage de 96 % d’atteinte bilatérale<br />

retrouvé par Chung au sein d’une seule famille correspondrait<br />

à un caractère phénotypique propre à celle-ci [49] . Des formes<br />

unilatérales et bilatérales peuvent coexister au sein d’une<br />

même <strong>fr</strong>atrie lors de SSDT familiaux. Dans les formes unilatérales,<br />

l’œil gauche est plus volontiers atteint avec un ratio<br />

de 4/1.<br />

Dans sa forme classique, ou de type I, le SSDT est caractérisé<br />

par une absence, ou du moins un déficit très sévère,<br />

d’abduction d’un œil. La limitation des mouvements d’adduction<br />

de l’œil ipsilatéral est peu importante et doit être recherchée<br />

avec soin. Enfin, ces mouvements d’adduction<br />

entraînent une rétraction du globe qui présente un mouvement<br />

antéropostérieur, en raison de la brièveté des muscles<br />

horizontaux et de la cocontraction des muscles verticaux. Il<br />

s’y associe un rétrécissement de la fente palpébrale, secondaire<br />

à l’énophtalmie provoquée par la rétraction du globe<br />

(fig. 27-3). À l’inverse, un discret élargissement de la fente<br />

palpébrale peut être noté lors des mouvements d’abduction,<br />

sans doute du fait d’une protrusion du globe par mise en jeu<br />

des muscles obliques, ayant fonction d’abducteur, et s’insérant<br />

en avant de l’équateur. Il existe volontiers une discrète<br />

ésotropie en position primaire dans la forme de type I. En<br />

revanche, l’angle de déviation diminue lorsque les yeux se<br />

portent du côté opposé à l’œil présentant la limitation<br />

d’abduction. C’est la raison pour laquelle on observe volontiers<br />

chez ces patients une minime attitude vicieuse de la tête<br />

qui est tournée du côté pathologique. Un torticolis sévère est<br />

plus rare. Néanmoins, Chung a rapporté d’authentiques strabismes<br />

chez plus de 75 % des patients [49] . Des déviations verticales,<br />

en élévation plus qu’en abaissement, ont également<br />

été décrites lors des efforts d’adduction. Ces déviations verti-<br />

a b<br />

c<br />

Fig. 27-3 – Syndrome de Stilling-Duane-Türk de l’œil gauche.<br />

a. En position primaire, cet enfant est orthophorique. Mais, il existe un<br />

discret rétrécissement de la fente palpébrale gauche. b. Lorsque<br />

le regard est dirigé vers la gauche, l’abduction de l’œil gauche est<br />

impossible. Il ne dépasse pas la ligne médiane. c. Lorsque cet enfant<br />

regarde vers la droite, l’œil gauche peut se porter en adduction,<br />

mais il s’y associe un rétrécissement de la fente palpébrale gauche<br />

et une rétraction du globe oculaire gauche avec énophtalmie.<br />

(Collection de J.-L. Dufier.)<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 395


Livre.book Page 396 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

cales sont secondaires à la brièveté des muscles droit interne<br />

et droit externe, avec un mécanisme de glissement de ces<br />

muscles horizontaux au-dessus ou en dessous du globe. Elles<br />

sont également provoquées par la cocontraction des muscles<br />

verticaux lors des mouvements d’adduction. Une anisométropie<br />

est volontiers observée lors du SSDT. Elle est responsable<br />

de la survenue d’amblyopies dont la <strong>fr</strong>équence est évaluée à<br />

48 % [49] . En l’absence d’anisométropie, l’acuité visuelle de<br />

chaque œil est normale, de même que la vision binoculaire.<br />

Le traitement chirurgical n’est indiqué que lorsque l’attitude<br />

vicieuse de la tête devient gênante ou en cas de déviation<br />

strabique en position primaire.<br />

L’association d’un SSDT avec des pathologies telles que le<br />

syndrome de Rubinstein-Taiby ou le syndrome de De Morsier<br />

est vraisemblablement fortuite [8] . La <strong>fr</strong>équence d’anomalies<br />

générales chez les patients porteurs de SSDT (surdité,<br />

anomalies squelettiques, paralysie de nerfs crâniens) est de<br />

l’ordre de 50 %. Il n’est pas exclu que ces anomalies soient<br />

secondaires à des troubles du développement liés à des mécanismes<br />

génétiques voisins de ceux responsables du SSDT.<br />

Fréquence et physiopathogénie<br />

Épidémiologie<br />

La <strong>fr</strong>équence du SSDT est mal connue. Une étude récente<br />

estime à 0,1 % sa prévalence dans la population générale. Il<br />

représente de 1 à 5 % de tous les cas de strabismes [14] .<br />

La majorité des SSDT correspond à des cas sporadiques ou<br />

à des formes non génétiques. Les formes familiales, transmises<br />

selon un mode dominant autosomique, représentent de 8<br />

à 10 % des observations de SSDT [87] . La <strong>fr</strong>équence des strabismes<br />

chez les apparentés de patients porteurs de SSDT est<br />

comprise entre 17,5 et 22 %. Enfin, celle des anomalies neurologiques<br />

ou squelettiques observée chez les apparentés du<br />

premier degré de patients porteurs de SSDT apparemment<br />

idiopathiques est de 46 %.<br />

Physiopathogénie<br />

L’existence d’une fibrose du muscle droit externe éventuellement<br />

associée à des anomalies d’insertion de ce muscle a été<br />

le premier mécanisme évoqué pour expliquer la survenue du<br />

SSDT. Toutefois, les études électromyographiques ont<br />

démontré, d’une part, le caractère fonctionnel du muscle droit<br />

latéral et, d’autre part, des cocontractions de ce muscle lors<br />

des mouvements d’adduction. De plus, une étude anatomopathologique<br />

réalisée chez deux patients a confirmé que le<br />

muscle droit latéral fibreux présente des zones saines au<br />

point d’arrivée de rameaux nerveux aberrants provenant de la<br />

branche inférieure du nerf moteur oculaire commun. Il est<br />

maintenant admis que le SSDT est d’origine neurogène, par<br />

agénésie ou, plus probablement, par anomalie de développement<br />

du noyau du nerf abducens (moteur oculaire externe).<br />

Le SSDT rejoint ainsi le cadre des fibroses congénitales des<br />

muscles extraoculaires secondaires à une anomalie de développement<br />

des noyaux des autres nerfs oculomoteurs, en particulier<br />

de celui du nerf moteur oculaire commun [70] . Cette<br />

absence du noyau du nerf abducens (moteur oculaire externe)<br />

a été confirmée au cours d’études post mortem [137] . Les études<br />

in vivo réalisées en imagerie par résonance magnétique ont<br />

abouti à des conclusions identiques [165] . L’agénésie du noyau<br />

du nerf abducens entraîne une absence de développement du<br />

tronc du nerf abducens et cette dernière s’avère responsable<br />

des anomalies musculaires constatées. En revanche, le nerf<br />

396 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

moteur oculaire commun peut envoyer des rameaux aberrants<br />

vers le muscle droit latéral, autorisant son développement<br />

très partiel.<br />

Génétique<br />

L’analyse du caryotype de patients porteurs d’un SSDT associé<br />

à d’autres malformations générales ou à des déficits neurologiques<br />

pouvant entrer dans le cadre de syndromes de type<br />

gènes contigus, a permis de mettre en évidence des délétions ou<br />

des duplications au niveau des chromosomes 4, 8 et 22 [165] .<br />

Une délétion de novo a été trouvée dans la région 4q27-31<br />

chez un patient porteur d’un ptosis bilatéral, d’un SSDT de<br />

type I et d’un retard mental modéré [44] . Cependant, cette localisation<br />

n’a pas pu être confirmée au sein d’autres familles<br />

porteuses d’un SSDT familial et aucune autre étude n’a à ce<br />

jour apporté de nouveaux arguments permettant de penser<br />

qu’un gène du SSDT soit localisé au niveau du chromosome<br />

4.<br />

Une trisomie 22 complète ou partielle avec un caryotype<br />

47,XX ou 46,XY/47,XY a été retrouvée chez plusieurs<br />

patients porteurs d’un SSDT. Ces caryotypes traduisent la<br />

présence d’un chromosome 22 surnuméraire dans le premier<br />

cas, ou d’un <strong>fr</strong>agment submétamérique de chromosome 22<br />

dans 12 à 99 % des cellules dans le second cas. Les patients<br />

porteurs d’un SSDT associé à une trisomie 22 manifestent<br />

très souvent d’autres anomalies ophtalmologiques ou générales,<br />

qu’il s’agisse d’un cat eye syndrome, d’une tétralogie de Fallot,<br />

d’une surdité, d’un retard mental, d’une dysmorphie<br />

faciale, d’une agénésie rénale ou d’autres anomalies urogénitales,<br />

ou d’anomalies cutanées péri-auriculaires. Or le syndrome<br />

de Di Georges et le cat eye syndrome caractérisé par la<br />

présence d’un colobome irien et d’une anomalie d’orientation<br />

des fentes palpébrales ainsi que par des anomalies périauriculaires,<br />

anales et éventuellement génito-urinaires, sont<br />

associés à une trisomie 22. Il existe donc un chevauchement<br />

des manifestations cliniques observées lors des différents<br />

syndromes dus à une trisomie 22 complète ou partielle. Un<br />

marqueur surnuméraire bi-satellite provenant plus spécifiquement<br />

des régions 22pter-q11 et une microdélétion en 22q11<br />

ont été retrouvés chez des patients porteurs de SSDT.<br />

Deux patients atteints d’un SSDT associé à syndrome<br />

branchio-oto-rénal et à un retard mental dans le cadre d’un<br />

syndrome de gènes contigus portaient une délétion de la<br />

région 8q12.2-q21.2 pour l’un d’eux et une insertion/délétion,<br />

aboutissant à la délétion de la région 8q13-q21.2, insérée en<br />

6q25 pour l’autre [37, 224] . À l’aide de techniques de PCR et de<br />

l’utilisation de contig de Yac, le chevauchement de ces accidents<br />

chromosomiques a été localisé en 8q13, définissant une<br />

première localisation du gène du SSDT. La localisation de ce<br />

gène, DURS1, a pu être réduite à une taille inférieure à 1 cM<br />

grâce à l’étude de deux enfants porteurs d’une translocation<br />

de type t(6;8)(q26;q13) ou d’une délétion du gène EYA1 du<br />

syndrome branchio-oto-rénal, localisé en 8q13.3 [38, 186] . De<br />

plus, il a pu être montré que la translocation t(6;8)(q26;q13)<br />

aboutit à l’interruption d’un gène carboxy-peptidase entre le<br />

premier et le second exon. Ce gène constitue donc un bon<br />

gène candidat [135, 176] .<br />

Un second gène du SSDT, dénommé DURS2, a été localisé<br />

au niveau de la bande 2q31 au sein d’une grande famille<br />

mexicaine chez laquelle le SSDT of<strong>fr</strong>ait une grande variabilité<br />

phénotypique [14, 49] . L’intervalle contenant ce gène a été réduit<br />

à une distance de 8,8 cM, entre les marqueurs D2S326 et<br />

D2S364, après étude d’une seconde famille américaine très


Livre.book Page 397 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

informative. Plusieurs gènes candidats ont été retrouvés au<br />

sein de cet intervalle, dont les gènes HOXD1, D3 et D4. Ces<br />

derniers font partie de la famille des gènes HOX, contrôleurs<br />

du développement s’exprimant très précocement et régulant<br />

la morphogenèse et la division cellulaire chez l’animal. La<br />

suppression des gènes murins homologues des gènes<br />

humains HOXD1, D3 et D4, a confirmé leur importance dans<br />

le développement de la tête et des régions cérébrales postérieures<br />

[39] . Aucune mutation n’a pu actuellement être mise en<br />

évidence au niveau de l’un ou l’autre de ces gènes [14] .<br />

L’expression de ces gènes HOX est régulée par les rétinoïdes,<br />

en particulier le tout-trans et le 9-cis-acide rétinoïque. Il existe<br />

dans les régions 3’ et/ou 5’ des gènes hox murins, des systèmes<br />

de régulation de l’expression par les rétinoïdes. La suppression<br />

de ces séquences régulatrices aboutit à un tableau<br />

clinique identique à celui obtenu par la suppression du gène<br />

hox lui-même, avec une anomalie de développement des nerfs<br />

crâniens. Il n’est pas impossible que de telles régions existent<br />

également chez l’homme et qu’une anomalie à leur niveau<br />

s’avère responsable d’un SSDT [14] .<br />

Syndrome d’Okihiro<br />

Symptomatologie<br />

Encore dénommé Duane-Radial Ray syndrome, ce syndrome,<br />

décrit en 1975 par Temtamy, doit être étudié à part dans le<br />

cadre du SSDT. En effet, il s’agit d’une entité clinique particulière<br />

qui associe un SSDT à une surdité et à une dysplasie du<br />

radius [205] . D’autres anomalies musculaires et osseuses ont<br />

également été rapportées au cours de ce syndrome, portant<br />

principalement sur les membres supérieurs et leur racine.<br />

L’hypoplasie de l’éminence thénar semble être l’anomalie<br />

associée la plus constante au sein des différentes <strong>fr</strong>atries<br />

décrites dans la littérature [93] . Les autres malformations décrites<br />

sont une absence de pouce ou des anomalies des vertèbres<br />

cervicales.<br />

Génétique<br />

Le syndrome d’Okihiro est transmis selon un mode dominant<br />

autosomique. Au moins un gène responsable de ce syndrome<br />

a été identifié en 2002 [9] . Diverses mutations ont été retrouvées<br />

dans le gène SALL4, localisé sur le chromosome 20 en<br />

20q13.13-q13.2.<br />

Compte tenu du rôle des gènes de la famille Sall dans le<br />

développement des territoires cérébraux postérieurs chez<br />

l’animal, le gène SALL4 jouerait un rôle important dans la<br />

mise en place du noyau du nerf moteur oculaire externe [9] .<br />

SYNDROME DE BROWN<br />

Le syndrome de Brown, rapporté à la fibrose de la gaine du<br />

muscle oblique supérieur, peut être congénital ou apparaître<br />

secondairement, en particulier à la suite d’un traumatisme.<br />

Dans sa forme congénitale, ce syndrome entre dans le cadre<br />

des syndromes de restriction puisque les mouvements d’élévation<br />

ou d’abaissement actifs et passifs du globe en adduction<br />

sont limités. Lorsqu’il est congénital, le syndrome de<br />

Brown est le plus souvent sporadique, ce qui n’implique pas<br />

qu’il ne puisse pas être d’origine génétique. Ainsi, quelques<br />

rares observations font état de formes familiales de ce syndrome<br />

[98] .<br />

Symptomatologie<br />

Le syndrome de Brown peut être permanent ou simplement<br />

intermittent, y compris lorsqu’il est congénital. Son existence<br />

est évoquée devant une paralysie généralement unilatérale<br />

et d’intensité variable du muscle oblique supérieur et<br />

une impotence du muscle oblique inférieur homolatéral. En<br />

revanche, la motilité de l’œil n’est pas limitée dans les<br />

autres directions du regard. Ces anomalies oculomotrices<br />

permettent d’expliquer une éventuelle hypotropie de l’œil<br />

ipsilatéral ainsi qu’un syndrome « V ». L’attitude en torticolis<br />

est caractéristique, tête penchée sur l’épaule homolatérale.<br />

La fente palpébrale peut présenter un rétrécissement<br />

lors des mouvements d’adduction. D’autres anomalies de<br />

développement des nerfs crâniens ont été rapportées en<br />

association avec ce syndrome.<br />

Fréquence et physiopathogénie<br />

Épidémiologie<br />

La <strong>fr</strong>équence du syndrome de Brown est évaluée à 2 % des<br />

strabismes. L’atteinte oculomotrice est unilatérale dans 90 %<br />

des cas en moyenne, et il ne semble pas exister de côté préférentiel<br />

pour celle-ci (fig. 27-4). Dès les premières descriptions<br />

de ce syndrome, Brown avait différencié les formes congénitales<br />

et stables des formes tardives, dont la symptomatologie<br />

est variable. Cette classification ne préjuge pas du<br />

caractère génétique ou acquis de cette anomalie puisqu’un<br />

syndrome de Brown unilatéral apparu à l’âge de 12 ou 13 ans<br />

a été rapporté chez trois des quatre enfants d’une famille non<br />

consanguine [98] . Quoique d’apparition tardive, le syndrome<br />

de Brown observé au sein de cette <strong>fr</strong>atrie correspond vraisemblablement<br />

à une forme héréditaire.<br />

Fig. 27-4 – Jeune fille porteuse d’un syndrome de Brown du côté droit.<br />

Il existe une limitation des mouvements verticaux de l’œil droit lorsque<br />

ce dernier est en adduction avec, en particulier, une nette impotence<br />

de l’élévation. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

Physiopathogénie<br />

Initialement, Brown avait expliqué les formes congénitales<br />

de ce syndrome par la présence d’une fibrose musculaire ou<br />

d’une anomalie de longueur de la gaine du tendon du muscle<br />

oblique supérieur. Ses mécanismes physiopathogéniques<br />

ont été révisés : il serait la conséquence d’une anomalie de<br />

coulissement du tendon du muscle oblique supérieur au<br />

niveau de sa poulie, que la cause de ce blocage soit située au<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 397


Livre.book Page 398 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

niveau de la trochlée ou du tendon lui-même. Néanmoins,<br />

aucune anomalie de la région trochléaire n’a pu être objectivée<br />

à ce jour chez les patients atteints d’un syndrome de<br />

Brown congénital. En revanche, à la différence du syndrome<br />

de Stilling-Duane-Türk et des syndromes de fibrose congénitale<br />

des muscles oculomoteurs (CFEOM), aucune anomalie<br />

du développement des nerfs oculomoteurs n’a été<br />

retrouvée au cours de ce syndrome et il n’est pas encore<br />

possible de trancher entre une origine neurogène, myogène<br />

ou tendineuse [98] .<br />

PTOSIS<br />

398 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

Génétique<br />

Historiquement, le syndrome de Brown était considéré<br />

comme non génétique. Néanmoins, la publication de <strong>fr</strong>atries<br />

au sein desquelles l’existence d’un syndrome de Brown sur<br />

une ou deux générations ou chez des jumeaux monozygotes<br />

conduit à mettre cette notion en doute. Du fait du petit nombre<br />

de familles dans lesquelles le syndrome de Brown est<br />

manifestement héréditaire, il n’est pas possible de préciser un<br />

mode de transmission spécifique et il est probable qu’une<br />

hétérogénéité génétique soit encore une fois retrouvée [98] .<br />

II – GÉNÉTIQUE DES PARALYSIES OCULOMOTRICES<br />

PARALYSIES OCULOMOTRICES<br />

NUCLÉAIRES<br />

Les ptosis peuvent être classés en fonction de leur présentation,<br />

isolée ou symptomatique, et de leur caractère héréditaire<br />

ou non. La <strong>fr</strong>équence des formes héréditaires est difficile<br />

à apprécier. Aberfeld considère qu’elle avoisine 75 %, mais<br />

que 96 % des ptosis seraient « génétiques » [3] . Les ptosis<br />

héréditaires ne s’observent pas uniquement dans le cadre des<br />

formes congénitales isolées. En effet, les ptosis acquis peuvent<br />

également relever d’affections ayant une origine génétique.<br />

C’est le cas du ptosis symptomatique de la myasthénie,<br />

mais aussi lors des cytopathies mitochondriales ou des affections<br />

musculaires dégénératives.<br />

Ptosis congénitaux isolés<br />

Les ptosis congénitaux isolés sont non évolutifs, bilatéraux ou<br />

unilatéraux. Pour sa part, McMullan estime que les formes<br />

dites unilatérales correspondent en fait à des formes très asymétriques<br />

de ptosis bilatéraux [131] .<br />

Symptomatologie<br />

Sans vouloir détailler la symptomatologie du ptosis congénital<br />

isolé, il convient d’en rappeler quelques éléments importants,<br />

en particulier l’effacement du pli palpébral supérieur et la<br />

contraction compensatrice du muscle <strong>fr</strong>ontal. Au repos, il faut<br />

rechercher une asymétrie ou une anomalie de taille des orbites<br />

pouvant orienter vers un blépharophimosis (cf. chapitre 7) et<br />

une éventuelle compensation du ptosis par une contraction du<br />

muscle <strong>fr</strong>ontal. Le risque amblyogène, qui influe sur les indications<br />

thérapeutiques, s’évalue en appréciant l’empiétement de<br />

la paupière supérieure sur l’axe pupillaire. Le tonus du muscle<br />

releveur de la paupière supérieure est bien mesuré par l’amplitude<br />

d’excursion palpébrale. Enfin, il faut insister sur l’importance<br />

de certains signes associés : présence ou absence d’un<br />

signe de Charles Bell, anomalie de la sensibilité cornéenne<br />

dont il faut tenir compte lors d’un éventuel traitement chirurgical,<br />

existence d’un strabisme ou d’une ophtalmoplégie et,<br />

surtout, d’une limitation de l’élévation. Ces associations orientent<br />

soit vers une paralysie congénitale du nerf moteur ocu-<br />

laire commun, soit vers l’un des différents syndromes de<br />

fibrose des muscles oculomoteurs, soit enfin vers une cytopathie<br />

mitochondriale. Enfin, les mouvements de succion ou de<br />

diduction mandibulaire objectivent le phénomène de Marcus<br />

Gunn, syncinésie trigémino-palpébrale, généralement unilatérale<br />

se caractérisant par une élévation plus ou moins marquée<br />

de la paupière et traduisant une innervation aberrante du muscle<br />

releveur de la paupière supérieure par un rameau du<br />

contingent moteur du nerf trijumeau (fig. 27-5).<br />

Physiopathogénie<br />

Les mécanismes physiopathogéniques responsables du ptosis<br />

congénital isolé ne sont pas tous connus. Des anomalies du<br />

muscle releveur de la paupière supérieure ont été observées<br />

depuis de nombreuses années ; mais elles ne correspondent<br />

pas à une dystrophie puisque ce ptosis n’est pas évolutif. Il<br />

existerait une anomalie de migration neuronale lors de<br />

l’embryogenèse ou une anomalie de développement du muscle,<br />

peu différent de ce qui est observé lors des syndromes de<br />

fibrose des muscles oculomoteurs [17] .<br />

Génétique<br />

Le ptosis congénital isolé peut être transmis selon deux<br />

modes : dominant autosomique à pénétrance incomplète ou<br />

dominant lié au chromosome X [131] . L’existence du caractère<br />

héréditaire de certains ptosis congénitaux isolés est connue<br />

depuis le début du XX e siècle. Briggs avait déjà évoqué une<br />

transmission dominante autosomique à pénétrance incomplète<br />

ou à expressivité variable en 1919 après analyse d’une<br />

famille américaine comportant des membres atteints de ptosis<br />

congénital unilatéral isolé sur six générations. Cohen a calculé<br />

la pénétrance au sein d’une grande famille comportant<br />

des patients porteurs d’un ptosis uni- ou bilatéral et a estimé<br />

cette <strong>fr</strong>équence à 60 % [51] . Engle a entrepris d’étudier les événements<br />

de recombinaison au sein de cette même <strong>fr</strong>atrie. Il a<br />

ainsi déterminé l’existence, au niveau du bras court du chromosome<br />

1 en 1p32-p34.1, d’une région de 2,8 cM ségrégeant<br />

avec le ptosis. Cette région est bordée par les marqueurs<br />

D1S447/2733 et D1S1616 et est associée au gène PTOS1.<br />

Aucun gène candidat n’a été retrouvé dans cette région. Le<br />

syndrome muscle-œil-système nerveux est également localisé<br />

dans cette même région 1p32-p34.1 [54] . Ce syndrome est cliniquement<br />

peu différent du syndrome de Walker-Warburg


Livre.book Page 399 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

a b<br />

Fig. 27-5 – Ptosis congénital gauche associé à une syncinésie trigémino-palpébrale réalisant le phénomène de Marcus Gunn. a. Au repos, le ptosis gauche<br />

est très marqué, la paupière supérieure atteint l’axe optique. b. Lors des mouvements de succion, la paupière supérieure gauche se relève et les fentes<br />

palpébrales sont symétriques. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

puisqu’il est défini par l’existence d’un retard mental très<br />

sévère, d’une hydrocéphalie, d’anomalies oculaires à type de<br />

myopie forte, de glaucome congénital, de pâleur papillaire et<br />

d’anomalies rétiniennes et d’une dystrophie musculaire.<br />

Cependant, aucune atteinte du muscle releveur de la paupière<br />

supérieure n’est rapportée dans le cadre de cette dystrophie<br />

musculaire, ni aucun ptosis. Ce syndrome est lié à la présence<br />

de mutations au sein du gène de la protéine O-mannose-β-<br />

1,2-N-acétylglucosaminyltransférase. Cette dernière intervient<br />

dans la seconde étape de la synthèse du O-manosylglycane,<br />

jouant un rôle important dans la migration neuronale.<br />

L’hétérogénéité génétique du ptosis congénital isolé est<br />

suggérée par la connaissance d’un locus différent de la localisation<br />

1p32-p34.1. McMullan a décrit l’existence d’une translocation<br />

équilibrée t(1;8)(p34.3;q21.12) apparue de novo chez<br />

un patient porteur d’un ptosis [132] . La localisation précise des<br />

points de cassure sur les chromosomes 1 et 8 a été obtenue<br />

en utilisant les techniques d’hybridation in situ par fluorescence,<br />

de PCR et d’amplification de sites marqués. Le point<br />

de cassure sur le chromosome 1 est situé à distance du locus<br />

1p32-p34.1 tel qu’il a été défini par Engle. De plus, cette cassure<br />

n’affecte aucune séquence codante sur ce chromosome.<br />

En revanche, le point de cassure localisé sur le chromosome<br />

8, en 8q21.12, altère le gène humain ZFH-4, homologue<br />

du gène murin zfh-4. Celui-ci code une protéine possédant un<br />

homéodomaine à doigt de zinc qui est un facteur de transcription<br />

exprimé dans le muscle et le système nerveux [132] .<br />

McMullan évoque la possibilité qu’un second gène responsable<br />

de ptosis congénital isolé soit situé à ce locus et propose<br />

le gène ZFH-4 comme gène candidat. Toutefois, aucune<br />

mutation n’a été retrouvée dans ce gène chez aucun patient<br />

porteur de ptosis congénitaux [132] .<br />

Le ptosis congénital isolé peut être également transmis selon<br />

un mode dominant lié au chromosome X [131] . Une liaison<br />

génétique a pu être mise en évidence avec le chromosome X<br />

au sein d’une <strong>fr</strong>atrie de 94 membres répartis sur cinq générations<br />

dont 21 patients (6 hommes et 15 femmes) étaient porteurs<br />

d’un ptosis bilatéral. Le caractère dominant de la<br />

transmission liée au chromosome X est confirmé par l’absence<br />

de transmission père-fils et par l’atteinte systématique de toutes<br />

les filles d’hommes atteints. Ce gène PTOS2 est localisé<br />

dans la région Xq24-q27.1 [132] . Il n’existe actuellement aucun<br />

gène candidat dans cette région.<br />

Ptosis associés<br />

Les ptosis peuvent être associés à des anomalies neurologiques<br />

ou orbitaires secondaires à un trouble du développement,<br />

comme dans le blépharophimosis — qui associe des<br />

anomalies de l’orbite et des paupières — ou dans le syndrome<br />

de Saethre-Chotzen. Ce syndrome, secondaire à des<br />

mutations dans le gène TWIST, comporte une craniosténose<br />

de type plagiocéphalie, un blépharophimosis et des syndactylies.<br />

Le ptosis peut en être la manifestation essentielle. Il faut<br />

également citer les ptosis symptomatiques des syndromes de<br />

fibrose congénitale des muscles oculomoteurs, d’une paralysie<br />

congénitale du nerf moteur oculaire commun ou du syndrome<br />

myasthénique. Ces ptosis associés peuvent également<br />

constituer le premier signe d’une pathologie générale, héréditaire<br />

ou non. Tel est le cas des ptosis d’origine myasthénique,<br />

des ptosis révélateurs d’une dysthyroïdie, d’une myopathie<br />

mitochondriale, qu’il s’agisse d’une ophtalmoplégie externe<br />

progressive ou d’un syndrome de Kearns-Sayre. Ces affections<br />

sont l’objet du chapitre 28.<br />

PARALYSIE CONGÉNITALE<br />

DU NERF TROCHLÉAIRE (PATHÉTIQUE)<br />

Les paralysies congénitales du nerf trochléaire (IV) ne sont<br />

pas exceptionnelles. Elles constituent les plus <strong>fr</strong>équentes des<br />

paralysies des nerfs oculomoteurs et représentent plus de la<br />

moitié des paralysies du IV chez l’enfant. Il a été décrit des<br />

paralysies du IV d’origine héréditaire.<br />

Symptomatologie<br />

La symptomatologie de la paralysie congénitale du IV est<br />

relativement standardisée. Cette paralysie n’entraîne aucune<br />

diplopie tant qu’elle est bien compensée. Néanmoins, elle<br />

s’accompagne d’une attitude en torticolis caractéristique, le<br />

menton abaissé et la tête penchée sur l’épaule opposée au<br />

muscle paralysé. Cette position de la tête permet de compenser<br />

la déviation verticale du globe. L’examen retrouve<br />

l’hypoaction du muscle oblique supérieur paralysé, l’hyperaction<br />

du muscle oblique inférieur homolatéral, l’hypoaction du<br />

muscle droit supérieur controlatéral et la possible hyperaction<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 399


Livre.book Page 400 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

du muscle droit inférieur controlatéral (fig. 27-6). L’examen<br />

au coordimètre objective la persistance d’une vision binoculaire<br />

dans une grande partie du champ visuel. Cette particularité<br />

est liée à l’augmentation significative de la fusion<br />

verticale qui peut atteindre 30 dioptries prismatiques. Néanmoins,<br />

une neutralisation intermittente peut apparaître dans<br />

les directions du regard où existe une incomitance. Cette<br />

paralysie du IV est longtemps compensée et souvent méconnue.<br />

L’apparition d’une décompensation, qui peut survenir<br />

tardivement, parfois à l’âge adulte, se traduit par la survenue<br />

d’une diplopie souvent interprétée comme une vision trouble.<br />

Mais, il n’existe pas de cyclotorsion au test de Lancaster.<br />

Fig. 27-6 – Paralysie congénitale du nerf trochléaire droit se traduisant<br />

par une hypoaction du muscle oblique supérieur droit et une hyperaction<br />

du muscle oblique inférieur droit. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

Génétique<br />

Les paralysies du IV représentent de 29 à 67 % des paralysies<br />

congénitales de l’enfant selon les séries [29] . La majorité de ces<br />

paralysies sont sporadiques. Néanmoins, huit familles ont été<br />

rapportées au sein desquelles existent des paralysies familiales<br />

du IV, ce qui évoque une possible transmission génétique<br />

[29, 92] . Dans quatre de ces huit familles, la paralysie unilatérale<br />

du IV n’est retrouvée qu’au niveau d’une seule<br />

génération, affectant alors deux enfants, garçons ou filles.<br />

Dans trois autres familles, la transmission se fait d’une génération<br />

à l’autre, deux fois entre une mère et sa fille et une fois<br />

entre un père et sa fille. Chez ces six patients, l’atteinte est<br />

également unilatérale. Enfin, Botelho a rapporté une famille<br />

dans laquelle une paralysie du IV est retrouvée chez cinq des<br />

dix patients de la <strong>fr</strong>atrie sur trois générations. Quatre hommes<br />

sont atteints d’une forme bilatérale alors que l’on observe une<br />

forme unilatérale chez la seule femme atteinte. Un mode de<br />

transmission dominant autosomique est suggéré par un sexratio<br />

égal à 1, l’absence de consanguinité et des transmissions<br />

père-fils sur plusieurs générations. Il n’existe à ce jour aucune<br />

localisation pour le gène de cette paralysie ni de gène candidat.<br />

Récemment, une mutation a été retrouvée au niveau de<br />

l’exon 1 du gène ARIX chez quatre membres d’une même<br />

famille présentant une paralysie congénitale du IV [100] .<br />

PARALYSIE CONGÉNITALE DU NERF MOTEUR<br />

OCULAIRE COMMUN ET DU NERF ABDUCENS<br />

(MOTEUR OCULAIRE EXTERNE)<br />

Aucune observation ne permet d’affirmer l’existence d’une<br />

paralysie congénitale du nerf moteur oculaire commun (III) ou<br />

400 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

du nerf abducens (nerf moteur oculaire externe ou VI) génétiquement<br />

déterminée. Cependant, des ptosis isolés retrouvés<br />

dès la naissance ont été rapportés comme pouvant correspondre<br />

à des paralysies du III limitées au muscle releveur de la<br />

paupière supérieure. En l’absence d’autres arguments en<br />

faveur de cette origine, il semble qu’il faille classer ces anomalies<br />

du jeu palpébral parmi les ptosis congénitaux isolés.<br />

SYNDROME DE MŒBIUS<br />

Le syndrome de Mœbius est défini par une diplégie faciale<br />

associée à un trouble de l’horizontalité du regard avec paralysie<br />

bilatérale de l’abduction. Des atteintes d’autres nerfs crâniens<br />

et des malformations musculo-squelettiques peuvent<br />

s’observer. Considéré généralement comme sporadique, le<br />

syndrome de Mœbius peut être familial et plusieurs gènes<br />

responsables de ce syndrome ont été localisés.<br />

Symptomatologie<br />

Le syndrome de Mœbius associe une paralysie congénitale et<br />

non évolutive de différents nerfs crâniens. McDermot considère<br />

que le terme de syndrome de Mœbius devrait être<br />

réservé à l’association d’une atteinte des sixième et septième<br />

paires crâniennes et d’anomalies faciales ou squelettiques [121] .<br />

La diplégie faciale est constante et souvent symétrique<br />

(fig. 27-7). Cependant, Kremer a décrit une famille au sein de<br />

laquelle la paralysie faciale est asymétrique chez presque tous<br />

les patients porteurs du syndrome de Mœbius et le déficit<br />

moteur d’intensité variable en fonction des branches du nerf<br />

facial [115] . Malheureusement, les anomalies oculomotrices<br />

retrouvées au sein de cette <strong>fr</strong>atrie ne sont pas clairement précisées,<br />

et le diagnostic de paralysie faciale congénitale pourrait<br />

également être évoqué. Cette diplégie faciale est<br />

responsable de troubles de la succion, d’un défaut d’occlusion<br />

palpébrale plus ou moins sévère, d’une kératite ponctuée<br />

superficielle, d’un épiphora et parfois d’un syndrome des<br />

« larmes de crocodile » par anomalie de réinnervation des<br />

glandes lacrymales. La paralysie complète et bilatérale de<br />

l’abduction est due à l’atteinte des nerfs abducens (oculomo-<br />

Fig. 27-7 – Jeune garçon porteur d’un syndrome de Mœbius avec une<br />

diplégie faciale, se traduisant par un visage atone, une disparition des<br />

sillons naso-géniens et des rides du <strong>fr</strong>ont et un ptosis bilatéral. Les yeux<br />

sont en ésotropie du fait d’une paralysie bilatérale des nerfs moteurs<br />

oculaires communs. (Collection de J.-L. Dufier.)


Livre.book Page 401 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

teurs externes) ou de leurs noyaux, avec préservation partielle<br />

de l’adduction de chaque œil. Un déficit plus ou moins marqué<br />

de l’horizontalité du regard, ne laissant persister que des<br />

mouvements incomplets de convergence des deux yeux, peut<br />

s’associer à la paralysie des nerfs abducens. En revanche, la<br />

verticalité du regard est généralement préservée, et la persistance<br />

d’un signe de Charles Bell limite la kératite à la partie<br />

inférieure des deux cornées. La présence d’une ésotropie,<br />

d’une amblyopie unilatérale et d’une altération de la vision<br />

binoculaire n’est pas exceptionnelle. Certains auteurs, tels<br />

que Kremer, considèrent que les anomalies oculomotrices ne<br />

sont pas indispensables pour parler de syndrome de Mœbius,<br />

ce qui n’est pas sans poser des problèmes nosologiques vis-àvis<br />

de la paralysie faciale congénitale [115] .<br />

D’autres nerfs crâniens peuvent être non fonctionnels,<br />

principalement les nerfs grand hypoglosse, trochléaires<br />

(pathétiques), trijumeaux, auditifs et glossopharyngiens. Des<br />

malformations associées de la région faciale (microglossie,<br />

micrognatisme, anomalies de la mâchoire ou d’implantation<br />

des oreilles, télécanthus ou épicanthus) ou des membres<br />

(syndactilie, brachydactilie, déformation des phalanges, anomalies<br />

costales, contractures musculaires) sont également<br />

décrites lors de ce syndrome [115] . Un retard mental est noté<br />

chez 10 % environ des patients [115] . Une atrophie diffuse du<br />

tronc cérébral ou localisée aux nerfs crâniens paralysés ainsi<br />

que des calcifications dans la portion dorsale de la protubérance<br />

peuvent être retrouvées en IRM [73] .<br />

L’association d’un syndrome de Mœbius à un hypogonadisme<br />

par hyposécrétion d’hormone gonadotrophique est<br />

vraisemblablement fortuite puisqu’une hyposécrétion d’hormone<br />

gonadotrophique par défaut de sécrétion de GnRH<br />

d’origine hypothalamique a été décrite lors de multiples<br />

lésions du système nerveux central [30] . Néanmoins, un gène<br />

dénommé WDR10, codant une protéine produite au niveau<br />

des testicules et dans la région de la tige pituitaire et pouvant<br />

être impliquée dans l’hypogonadisme, a été retrouvé en 3q21,<br />

l’une des localisations primaires du syndrome de Mœbius [84] .<br />

L’association d’une anomalie de Poland (aplasie unilatérale<br />

d’un muscle grand pectoral) ou d’un syndrome de Poland<br />

(aplasie unilatérale d’un muscle grand pectoral et malformations<br />

ipsilatérales de la main) à un syndrome de Mœbius réalise<br />

le syndrome de Poland-Mœbius (fig. 27-8 et 27-9) [112] . La<br />

réalité de ce syndrome reste controversée, quoiqu’une même<br />

localisation génique au niveau du chromosome 1 ait été proposée<br />

par Nishikawa pour ces deux syndromes [152] . Le syndrome<br />

de Carey-Fineman-Ziter serait une variante du<br />

syndrome de Poland-Mœbius, associant à un syndrome de<br />

Mœbius une hypoplasie bilatérale du muscle grand pectoral,<br />

une dysmorphie et une parésie des extrémités [18] .<br />

La prise en charge du syndrome de Mœbius repose tout<br />

d’abord sur la prévention des complications cornéennes dues<br />

à la diplégie faciale. Une intervention chirurgicale portant sur<br />

les muscles horizontaux peut corriger un éventuel strabisme<br />

associé mais rarement réduire les conséquences de la paralysie<br />

bilatérale de l’abduction. La prise en charge maxillo-faciale<br />

nécessite de corriger initialement les malformations de la<br />

mâchoire avant d’envisager d’effectuer des transpositions<br />

musculaires (muscle temporal) ou nerveuses (nerf grand<br />

hypoglosse…).<br />

Physiopathogénie<br />

La physiopathogénie du syndrome de Mœbius reste mal<br />

connue et n’est sans doute pas univoque. Certains aspects<br />

anatomopathologiques permettent d’évoquer une origine<br />

génétique ou vasculaire. Ainsi, Verzijl définit deux catégories<br />

de syndrome de Mœbius [223] . La première catégorie correspond<br />

histologiquement à une agénésie ou hypoplasie des<br />

noyaux des nerfs crâniens en relation avec un trouble de la<br />

Fig. 27-8 – Jeune garçon porteur d’un syndrome de Poland-Mœbius.<br />

a. Il existe une ésotropie ainsi qu’une paralysie faciale bilatérale mais<br />

asymétrique, plus marquée à droite. b. Il est retrouvé chez ce même<br />

patient une anomalie de la main avec une aplasie et malformation<br />

des doigts. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

Fig. 27-9 – Dans le cadre du syndrome de Poland-Mœbius, les<br />

anomalies de la main peuvent être beaucoup plus sévères, comme chez<br />

cet enfant ayant une une aplasie presque complète de tous les doigts.<br />

(Collection de J.-L. Dufier.)<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 401<br />

a<br />

b


Livre.book Page 402 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

migration des cellules de la crête neurale d’origine génétique,<br />

encore que le rôle de facteurs épigénétiques ne puisse être<br />

exclu. Dans la seconde catégorie, les études anatomopathologiques<br />

retrouvent des lésions considérées comme ischémiques,<br />

l’ischémie pouvant être d’origine génétique ou<br />

épigénétique. Le développement du rhombencéphale, plus<br />

particulièrement du tronc cérébral, est sous la dépendance de<br />

la migration de cellules dérivées des crêtes neurales, d’une<br />

part, et provient des rhombomères, d’autre part. Ceux-ci sont<br />

particulièrement impliqués dans la mise en place des noyaux<br />

des nerfs oculomoteurs ainsi que du nerf facial. Un accident<br />

vasculaire précoce, entre la quatrième et la huitième semaine<br />

de vie embryonnaire, par régression ou obstruction du système<br />

vasculaire embryonnaire, peut être responsable d’une<br />

anomalie de développement soit des nerfs crâniens, soit du<br />

membre supérieur, soit encore du muscle pectoral dans le<br />

syndrome de Poland. L’importance respective des facteurs<br />

génétique et épigénétique reste imprécise. L’inadéquation de<br />

la vascularisation embryonnaire pourrait être de nature génétique.<br />

Lipson a retrouvé huit incidents lors de la grossesse<br />

chez quinze patients porteurs d’un syndrome de Mœbius :<br />

intoxication alcoolique, menace d’avortement prématuré,<br />

choc électrique ou rupture prématurée des membranes [118] .<br />

Génétique<br />

Le syndrome de Mœbius est habituellement sporadique, mais<br />

il existe néanmoins d’authentiques formes familiales, plus <strong>fr</strong>équentes<br />

dans les formes associées à une surdité, une ophtalmoplégie<br />

complète ou des troubles neurologiques à type de<br />

contracture [115, 121, 223] . Le syndrome de Mœbius peut être<br />

transmis selon trois modes différents : dominant autosomique,<br />

récessif autosomique ou récessif lié au chromosome X.<br />

Dans la forme dominante autosomique, la pénétrance est<br />

comprise entre 60 % et 95 % [115, 223] . Au moins trois gènes<br />

différents, MBS1, MBS2 et MBS3 ont été rattachés à ce syndrome.<br />

Deux d’entre eux, MSB2 et MSB3, l’ont été à des formes<br />

atypiques de syndromes de Mœbius, les anomalies<br />

oculomotrices étant minimes ou mal définies, ce qui pose un<br />

problème nosologique avec la paralysie faciale congénitale.<br />

Enfin, il n’est pas impossible qu’un quatrième gène puisse<br />

exister [152] .<br />

L’existence d’une translocation entre les chromosomes 1 et<br />

13 t(1;13)(p34;q13) chez tous les patients porteurs d’un syndrome<br />

de Mœbius au sein d’une même famille et la présence<br />

d’une délétion de novo localisée au niveau du bras long du<br />

chromosome 13, del(13)(q12.2), chez une fille atteinte d’un<br />

syndrome de Mœbius avec paralysie faciale unilatérale,<br />

paralysie bilatérale des nerfs moteurs oculaires externes et<br />

paralysie dans le territoire du nerf grand hypoglosse, ont<br />

permis de localiser un premier gène MBS1 dans la région<br />

13q12.2-q13 [199, 235] . Une translocation multiple t(7;8;11;13)<br />

chez un autre patient a confirmé cette localisation [28] .<br />

Cependant, la présence d’un gène sur le chromosome 1 en<br />

1p22 ne peut être éliminée devant des translocations<br />

(t(1;13)(p34;q13), t(1;11)(p22;p13) et t(1;2)(p22.2;q21.1))<br />

retrouvées chez des patients porteurs de syndromes de<br />

Mœbius ou Poland-Mœbius familiaux [135, 152] .<br />

Une analyse de liaison a été réalisée au sein d’une grande<br />

famille hollandaise dont trente et un membres sont porteurs<br />

d’un syndrome de Mœbius atypique posant un problème<br />

nosologique avec une paralysie faciale congénitale. Les anomalies<br />

ophtalmologiques observées au sein de cette <strong>fr</strong>atrie<br />

402 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

sont peu spécifiques. Cette étude de liaison a permis de localiser<br />

le gène MBS2 rattaché à ce syndrome de Mœbius atypique<br />

sur le bras long du chromosome 3 [115] . Par analyse du lod<br />

score et d’événements de recombinaison chez différents<br />

patients, l’intervalle dans lequel ce gène est localisé a été<br />

réduit à une distance de 10 cM dans la région 3q21-22. La<br />

stratégie des gènes candidats a été utilisée pour identifier le<br />

gène MBS2, en testant au moins vingt-cinq gènes dont celui<br />

du syndrome blepharophimosis-ptosis-epicanthus inversus et celui<br />

de la neuropathie de Charcot-Marie-Tooth de type IIB, localisés<br />

dans cette même région, mais aucune mutation dans ces<br />

gènes n’a pu être retrouvée. Il en est de même en ce qui<br />

concerne le gène SOX14, homologue humain d’un gène de la<br />

souris et du poulet impliqué dans le développement cérébral<br />

et de la moelle, localisé en 3q23 [228] . De même, aucune mutation<br />

n’a été retrouvée dans le gène GATA2, de la famille de<br />

facteurs de transcription GATA, ni dans le gène PGT codant<br />

un transporteur des prostaglandines, tous deux localisés dans<br />

cette région.<br />

Un quatrième gène a été localisé sur le bras long du chromosome<br />

10 dans la région 21.3-22.1 au sein d’une grande<br />

famille, rapportée par Verzijl, dont certains membres sont<br />

porteurs d’un syndrome de Mœbius atypique. Ce dernier<br />

pose les mêmes problèmes nosologiques avec la paralysie<br />

faciale congénitale que ceux évoqués pour le gène MSB2 [223] .<br />

La pénétrance du syndrome de Mœbius lié à MBS3 est calculée<br />

à 60 %. Le gène Early Growth Response 2, situé dans cet<br />

intervalle, pourrait être un bon gène candidat du syndrome<br />

de Mœbius. En effet, la suppression de l’équivalent murin de<br />

ce gène chez la souris, Krox-20, aboutit à la disparition des<br />

rhombomères 3 et 5 au cours du développement. Mais,<br />

aucune mutation n’a pu y être retrouvée chez les patients<br />

atteints de syndrome de Mœbius.<br />

SCLÉROSE EN PLAQUES<br />

La sclérose en plaques (SEP) peut être responsable de manifestations<br />

neuro-ophtalmologiques diverses, au premier rang<br />

desquelles se placent la neuropathie optique rétrobulbaire et<br />

les paralysies oculomotrices d’origine nucléaire ou supranucléaire<br />

(ophtalmoplégie internucléaire). L’existence de facteurs<br />

héréditaires ou de formes familiales de SEP est restée longtemps<br />

controversée. Différents arguments ont été avancés en<br />

faveur de l’une ou l’autre de ces hypothèses. Le risque de<br />

développer une SEP est plus élevé chez les apparentés de<br />

patients atteints que dans la population générale et certaines<br />

séries font état de cas familiaux. De plus, différents haplotypes<br />

ou allèles du système majeur d’histocompatibilité de<br />

classe II seraient retrouvés avec une plus grande <strong>fr</strong>équence<br />

chez des patients porteurs de SEP, du moins dans la population<br />

européenne. Il s’agit de l’haplotype HLA DRB1 (et des<br />

haplotypes associés HLA DRB1*1501, HLA DQB1*0602<br />

[DR2] et HLA DRB5*0101). Si ces données constituent des<br />

arguments en faveur du rôle de facteurs génétiques, ils ne permettent<br />

pas d’exclure la participation de facteurs environnementaux.<br />

L’existence d’une répartition géographique<br />

inhomogène de la SEP plaiderait en faveur de causes non<br />

génétiques (virales, alimentaires…). Une étude canadienne a<br />

récemment démontré que le risque de développer une SEP<br />

n’est pas plus élevé pour les personnes vivant avec un patient<br />

porteur de SEP que dans la population générale et que le risque<br />

pour leurs demi-<strong>fr</strong>ères et demi-sœurs est environ moitié<br />

moindre que celui des <strong>fr</strong>ères et sœurs. Ces résultats consti-


Livre.book Page 403 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

tuent des arguments forts en faveur de facteurs polygéniques.<br />

Il est actuellement admis que de nombreux facteurs génétiquement<br />

déterminés, comme les haplotypes du système<br />

majeur d’histocompatibilité de type II ou la Myelin Basic Protein<br />

(MBP), interagissent ensemble, sans qu’aucun d’entre eux<br />

ne soit prépondérant [19, 85] .<br />

Le rôle du système majeur d’histocompatibilité de classe II<br />

est diversement interprété. Il est admis que l’haplotype HLA<br />

DRB1 joue un rôle certain pour provoquer la survenue d’une<br />

SEP dans la population européenne ; toutefois, il n’est pas<br />

encore clairement établi si cet haplotype agit par lui-même ou<br />

si d’autres facteurs ou gènes voisins sont impliqués. Des facteurs<br />

associés en déséquilibre de liaison important avec cet<br />

haplotype HLA DRB1 (tels que l’haplotype DQB1*0602),<br />

pourraient être responsables de la survenue d’une SEP. Barcellos<br />

a retrouvé une <strong>fr</strong>équence très élevée (64 %) de l’haplotype<br />

DR2 dans les cas familiaux de SEP. Il semble que le risque de<br />

développer une SEP soit plus important et que celle-ci soit<br />

plus sévère chez les patients homozygotes pour l’haplotype<br />

DR2 [19] . Ce dernier serait également associé à des formes<br />

débutant par des névrites optiques et/ou des atteintes spinales.<br />

D’autres haplotypes pourraient également être en cause<br />

dans les familles non liées à DR2 : l’haplotype HLA DR13<br />

(DRB*1302) serait associé à des SEP peu évolutives.<br />

Le rôle des lymphocytes T est bien établi, puisque ces cellules<br />

répondent à un antigène dérivé de la myéline, la MBP. Il<br />

a été observé une modification des lymphocytes T avant le<br />

déclenchement d’une SEP et une activation des lymphocytes<br />

T dirigés contre la MBP chez les malades comparés à des<br />

témoins sains [88] . Enfin, leur rôle a été clairement démontré<br />

lors de l’encéphalite expérimentale auto-immune chez l’animal.<br />

Le gène du récepteur des lymphocytes T constitue donc<br />

un candidat comme facteur de risque génétique.<br />

Des anomalies ont été recherchées dans le gène de la protéine<br />

CD45 localisé sur le chromosome 1 en 1q31-q32, qui<br />

apparaissait comme un excellent gène candidat des facteurs<br />

génétiques de la SEP. En effet, la protéine CD45, exprimée<br />

dans les cellules lymphocytaires et les cellules progénitrices<br />

sanguines, est impliquée dans les réactions immunologiques.<br />

De plus, des lymphocytes activés CD45 + sont retrouvés dans<br />

le liquide céphalorachidien lors des poussées de la maladie et<br />

leur taux constitue un marqueur de l’activité de la SEP. Une<br />

mutation a été retrouvée dans le gène de CD45 chez quatre<br />

patients [139] . Les études ultérieures n’ont cependant pas permis<br />

de confirmer l’implication de cette mutation dans de<br />

grandes séries de patients.<br />

Le gène de la MBP constitue également un candidat<br />

comme facteur génétique de la SEP. Cette protéine existe<br />

sous plusieurs allèles, déterminés par le nombre variable de<br />

répétitions en tandem (TGGA) n présent. Le nombre de répétitions<br />

pourrait être important dans la détermination du risque<br />

de développer une SEP. Mais son action serait modulée par<br />

d’autres facteurs tels que le système d’histocompatibilité de<br />

type II [85] .<br />

Enfin, le rôle de l’apolipoprotéine E (APOE), dont le gène<br />

est situé sur le chromosome 19p13.2, a été évoqué comme<br />

facteur de risque génétiquement déterminé. Les patients porteurs<br />

de l’allèle APOE4 présenteraient une SEP d’évolution<br />

plus sévère que ceux porteurs de l’allèle APOE2. Ces différences<br />

seraient la conséquence des capacités des allèles de<br />

l’APOE à assurer un fonctionnement neuronal correct et à<br />

réparer les anomalies neuronales [43] .<br />

Des liaisons génétiques ont été retrouvées avec un grand<br />

nombre de loci, mais sans qu’aucune confirmation n’ait pu<br />

être apportée lors de l’étude d’autres séries. De plus, en<br />

dehors des gènes du système majeur d’histocompatibilité,<br />

plusieurs de ces loci ne sont pas associés à des gènes connus.<br />

PORPHYRIE AIGUË INTERMITTENTE<br />

La porphyrie aiguë intermittente peut être responsable d’accidents<br />

aigus caractérisés par la survenue de douleurs abdominales<br />

et de troubles neurologiques ou rénaux. Les accidents<br />

neurologiques réalisent principalement des neuropathies<br />

motrices, mais des accidents globaux ou focaux peuvent être<br />

observés. Des complications neuro-ophtalmologiques sévères<br />

à type de paralysie oculomotrice tronculaire ou nucléaire,<br />

mais aussi de cécité corticale, par infarcissement cérébral lors<br />

des épisodes aigus, ou de neuropathie par vasospasme ont été<br />

rapportées. Ces épisodes aigus rares chez l’enfant sont favorisés<br />

par des prises médicamenteuses ou des modifications hormonales.<br />

Des règles hygiéno-diététiques permettent d’éviter<br />

ces crises aiguës et d’améliorer le pronostic vital.<br />

Cette affection, transmise selon un mode dominant autosomique,<br />

est due à un déficit en porphobilinogène désaminase,<br />

enzyme codée par un gène localisé en 11q23.3. Cette<br />

enzyme dont le taux est réduit d’environ 50 % intervient<br />

dans la formation de l’uroporphyrinogène de type I. Elle<br />

s’exprime dans les cellules hépatiques, les hématies, les fibroblastes<br />

et les cellules amniotiques. La présence de cette<br />

enzyme dans le liquide amniotique permet un diagnostic<br />

anténatal de la porphyrie aiguë intermittente.<br />

Les autres types de porphyries sont également responsables<br />

d’atteintes ophtalmologiques cornéennes, sclérales, palpébrales<br />

ou conjonctivales.<br />

PARALYSIES OCULOMOTRICES<br />

SUPRANUCLÉAIRES<br />

SYNDROME DE LEIGH<br />

Le génome mitochondrial ne code que treize protéines de la<br />

chaîne respiratoire. Les autres protéines impliquées dans la<br />

respiration cellulaire sont codées par le génome nucléaire.<br />

C’est la raison pour laquelle le syndrome de Leigh, dû à un<br />

déficit énergétique cellulaire, peut être transmis soit selon le<br />

mode récessif autosomique ou selon le mode lié au chromosome<br />

X, traduisant une atteinte du génome nucléaire, soit<br />

selon un mode maternel caractéristique des atteintes de<br />

l’ADN mitochondrial (cf. chapitre 28) [60] .<br />

Symptomatologie<br />

Ce syndrome, d’abord dénommé « encéphalomyopathie<br />

nécrosante subaiguë », a été décrit en 1951 par Denis Leigh<br />

qui avait constaté la présence de foyers de nécrose et de prolifération<br />

capillaire cérébrale chez un garçon décédé à l’âge de<br />

8 mois. Les manifestations cliniques débutent très tôt au<br />

cours de la vie, souvent dans les premières semaines, et aboutissent<br />

au décès après une évolution de quelques mois.<br />

Cependant, des formes à début tardif ou d’évolution plus<br />

lente, compatibles avec une survie prolongée ne sont pas<br />

exceptionnelles [146, 204] . Les anomalies oculomotrices apparaissent<br />

parfois très précocement et sont au premier plan. Il s’agit<br />

de strabisme, d’apraxie oculomotrice, de paralysies horizontales<br />

du regard, d’ophtalmoplégies internucléaires, de lenteur<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 403


Livre.book Page 404 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

des saccades ou de secousses nystagmiques des yeux et de la<br />

tête, pouvant en imposer pour un spasmus nutans. Le syndrome<br />

de Leigh peut également se manifester par un tableau<br />

neurologique et général évocateur, au sein duquel s’intègrent<br />

les troubles oculomoteurs. Ce tableau général associe des<br />

vomissements diffus, une perte de poids, des anomalies respiratoires,<br />

une cardiomyopathie, des troubles de la conscience,<br />

des crises comitiales, un retard psychomoteur, une ataxie<br />

cérébelleuse et un syndrome pyramidal. À un stade plus tardif,<br />

peut s’observer une atrophie optique, témoignant d’une<br />

progression des foyers de nécrose à la substance blanche<br />

cérébrale.<br />

Le diagnostic de syndrome de Leigh repose sur la mise en<br />

évidence du dysfonctionnement de la chaîne respiratoire. Le<br />

rapport lactate/pyruvate dans le sang et, surtout, dans le<br />

liquide céphalorachidien est anormalement élevé. Les anomalies<br />

neuroradiologiques sont très évocatrices quoique non<br />

spécifiques. Elles traduisent une atteinte de la substance grise,<br />

particulièrement au niveau des ganglions de la base, mais<br />

s’étendant également aux pédoncules cérébraux et à la région<br />

de l’aqueduc de Sylvius. En IRM, elles se manifestent par une<br />

diminution de signal lors des séquences en T1 et d’hypersignaux<br />

lors des séquences en T2 [45, 146, 151] . À un stade plus tardif,<br />

les examens neuroradiologiques mettent également en<br />

évidence des anomalies de la substance blanche. Des lésions<br />

focales de démyélinisation, de gliose, de nécrose parfois<br />

spongiforme et des proliférations capillaires sont retrouvées<br />

histologiquement.<br />

Génétique<br />

Le syndrome de Leigh est lié à un déficit de la production<br />

énergétique cellulaire. Il peut être dû à l’existence de mutations<br />

affectant soit le génome nucléaire, soit le génome mitochondrial.<br />

Les mitochondries sont les principales sources<br />

énergétiques cellulaires ; le contrôle de leur structure et de<br />

leur activité, ainsi que l’organisation de la chaîne respiratoire<br />

sont sous la dépendance conjointe des génomes mitochondrial<br />

et nucléaire.<br />

Trois modes de transmission ont été rapportés, chacun<br />

d’eux étant caractéristique d’un ou plusieurs gènes mutés,<br />

dont dépendraient l’âge de début et le mode évolutif de ce<br />

syndrome [60, 180] . Ainsi, le syndrome de Leigh peut être transmis<br />

selon un mode récessif lié au chromosome X en cas de<br />

mutation dans le gène de la sous-unité E 1α du complexe de la<br />

pyruvate déshydrogénase (CPDH). La transmission s’effectue<br />

selon un mode récessif autosomique lorsque la mutation<br />

porte sur le complexe IV de la chaîne respiratoire, en particulier<br />

en présence d’une mutation du gène SURF-1 [209] . Enfin,<br />

elle est de type maternel en cas de mutation du génome mitochondrial<br />

[60] .<br />

La première mutation du génome nucléaire a été mise en<br />

évidence dans la sous-unité E α du CPDH, complexe constitué<br />

de trois sous-unités, E 1, E 2 et E 3 , après qu’une transmission liée<br />

au chromosome X du syndrome de Leigh eut été évoquée<br />

[129] . Le gène de cette sous-unité E α est localisé au niveau<br />

du bras court du chromosome X, en Xp22.2-p22.1. Plusieurs<br />

mutations ponctuelles ont été décrites, pouvant être responsables<br />

d’une diminution d’affinité de la sous-unité E α pour son<br />

substrat, la thiamine pyrophosphate, ce qui confirme le caractère<br />

hétérogène des mutations au sein de cette sous-unité<br />

E α [125, 147] . Des mutations ont également été rapportées dans la<br />

sous-unité E 3 de la CPDH [82] .<br />

404 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

Plusieurs mutations ont été mises en évidence au niveau<br />

du gène de la flavoprotéine, sous-unité de la succinate déshydrogénase,<br />

ou complexe II de la chaîne respiratoire, localisé<br />

en 5p15 et dont un pseudogène est localisé en 3q29 [166, 219] . Le<br />

caractère délétère de ces mutations sur l’activité de ce<br />

complexe II a pu être confirmé : elles entraînent soit le<br />

remplacement d’une arginine chargée positivement par un<br />

tryptophane neutre ou la transformation en leucine d’une<br />

méthionine au niveau du codon d’initiation de lecture [166] .<br />

Un déficit de l’activité de la cytochrome c oxydase (COX),<br />

ou complexe IV, est également associé au syndrome de<br />

Leigh [60, 180] . Cette COX est composée de treize sous-unités,<br />

dont les trois principales sont codées par le génome mitochondrial<br />

et les autres par le génome nucléaire. Dans le syndrome<br />

de Leigh, son déficit est souvent d’origine nucléaire,<br />

comme Tiranti a pu le démontrer à l’aide de cultures de fibroblastes<br />

hybrides constitués, d’une part, du cytoplasme de<br />

fibroblastes sains injecté dans des fibroblastes provenant d’un<br />

patient porteur du syndrome de Leigh et débarrassés de leur<br />

ADNmt, et, d’autre part, des cellules saines fusionnées avec<br />

des cellules issues du même patient [208] . Dans le premier<br />

groupe, les cellules hybrides ne présentent aucune activité<br />

COX, alors que celle-ci est retrouvée dans le second groupe.<br />

Grâce à cette même technique de fusion cellulaire, il a été<br />

possible d’une part de rétablir un phénotype COX + chez sept<br />

patients présentant un déficit d’activité de la COX et d’autre<br />

part de déterminer la localisation du gène responsable du<br />

déficit en COX sur le chromosome 9. Par analyse de liaison<br />

génétique, étude d’accidents de recombinaison et transfert de<br />

chromosomes dans des cellules, un intervalle de 4,5 cM<br />

contenant ce gène a été déterminé, correspondant à la bande<br />

chromosomique 9q34 [233] . La taille de cet intervalle a permis<br />

l’utilisation de la méthode des gènes candidats, aboutissant à<br />

l’identification du gène SURF-1 [157, 233] . Ce gène est l’homologue<br />

humain du gène de levure Shy-1. À l’état normal, la protéine<br />

SURF-1 pénètre dans la mitochondrie et participe à<br />

l’assemblage de la COX à partir de ces différents sous-complexes<br />

précurseurs [209] . En son absence, les quatre premières<br />

sous-unités de la COX ne peuvent être réunies [209] . En revanche,<br />

le rôle de cette protéine sur la synthèse des différentes<br />

sous-unités de la COX n’est pas élucidé. Plus de trente mutations<br />

différentes du gène SURF-1 ont été rapportées chez<br />

quarante patients. Ces mutations sont responsables de la synthèse<br />

d’une protéine tronquée et/ou d’une perte de fonction<br />

de la protéine [171] . Cependant, ces mutations ne rendent<br />

compte que de 75 % des observations de syndrome de Leigh<br />

par déficit en COX [209] . D’autres sous-unités de la COX peuvent<br />

présenter des altérations, telles que la sous-unité III. Une<br />

insertion d’une cytosine au nucléotide 9537 de cette sousunité<br />

est responsable d’un décalage du cadre de lecture aboutissant<br />

à la création d’un codon stop et à la synthèse d’une<br />

protéine tronquée. Dans une forme particulière du syndrome<br />

de Leigh, dite de type Saguenay-Lac Saint Jean, le déficit<br />

d’activité de la COX est lié à une mutation du gène LRPPRC,<br />

localisé sur le chromosome 2 en 2p21-p16 [140] .<br />

Deux mutations différentes à l’état hétérozygote dans le<br />

gène de la sous-unité NDUFS8 ont été mises en évidence<br />

chez un jeune garçon présentant un syndrome de Leigh avec<br />

déficit d’activité du complexe I de la chaîne respiratoire.<br />

D’autres mutations ont par la suite été retrouvées dans les<br />

gènes d’origine nucléaire d’autres sous-unités du complexe I,<br />

les sous-unités NDUFS7, NDUFV1 et NDUFS4 [22, 172] . Des<br />

mutations ont également été retrouvées dans le gène d’origine<br />

mitochondriale de la sous-unité 5 du complexe I [45, 204] .


Livre.book Page 405 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Enfin, une mutation a été découverte dans un gène<br />

nucléaire d’une sous-unité du complexe III (BCS1L) de la<br />

chaîne respiratoire et une autre dans celui de l’ATP6 d’origine<br />

mitochondriale. Un déficit fonctionnel en coenzyme Q, un<br />

transporteur d’électrons des complexes I et II au complexe III<br />

de la chaîne respiratoire, a également été rapporté chez un<br />

enfant porteur d’un syndrome de Leigh associé à des troubles<br />

hépatique et pancréatique.<br />

MALADIE DE WILSON<br />

La maladie de Wilson (MW) est définie par une accumulation<br />

de cuivre dans le foie, le système nerveux central, le rein et<br />

l’œil [71] . Les manifestations cliniques sont parfois précoces —<br />

avant l’âge de dix ans —, mais l’évolution est le plus souvent<br />

lente et les manifestations hépatique ou neurologique peuvent<br />

n’apparaître qu’après 55 ans. L’atteinte hépatique se<br />

manifeste par une cirrhose à gros foie. Elle peut aboutir à une<br />

hépatite fulminante chez l’adulte jeune. Les manifestations<br />

neurologiques traduisent l’atteinte des noyaux gris centraux.<br />

Les patients développent des troubles extrapyramidaux avec<br />

tremblement, dysarthrie et rigidité, ataxie et mouvements<br />

choréo-athétosiques (fig. 27-10). Il peut également être noté<br />

une tubulopathie, une anémie hémolytique, des troubles du<br />

rythme cardiaque ou des douleurs articulaires.<br />

L’anneau de Kayser-Fleischer, par dépôts de cuivre en périphérie<br />

de la cornée, est très évocateur de MW, mais inconstant<br />

et souvent incomplet, n’étant présent que chez un tiers<br />

des patients environ (fig. 27-11). Une cataracte en « fleur de<br />

tournesol » est également caractéristique mais peu <strong>fr</strong>équente.<br />

Une infiltration choriorétinienne péripapillaire est possible<br />

(fig. 27-12).<br />

Les manifestations neuro-ophtalmologiques témoignant de<br />

l’atteinte des structures oculomotrices, associent des paralysies<br />

de fonction à type de paralysie du regard volontaire vertical<br />

puis horizontal, une atteinte de la convergence et de<br />

l’accommodation et une apraxie d’ouverture des paupières.<br />

Fig. 27-10 – Jeune homme atteint d’une maladie de Wilson. Rictus<br />

particulier secondaire à des mouvements choréo-athétosiques du visage,<br />

témoins des manifestations neurologiques. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

Fig. 27-11 – Dépôts de cuivre en périphérie cornéenne, aboutissant à la<br />

formation d’un anneau de Kayser-Fleischer. Cet anneau est ici incomplet,<br />

limité à la portion supérieure de la cornée. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

Fig. 27-12 – Infiltration choriorétinienne verdâtre en anneau<br />

péripapillaire au cours d’une maladie de Wilson.<br />

(Collection de J.-L. Dufier.)<br />

Le traitement des manifestations neurologiques et hépatiques<br />

repose sur deux chélateurs du cuivre : le sulfate de zinc<br />

et la D-pénicillamine. Cependant, l’utilisation de cette dernière<br />

reste controversée car elle pourrait aggraver les manifestations<br />

neurologiques. Sous traitement, l’anneau de Kayser-<br />

Fleischer se <strong>fr</strong>agmente puis disparaît progressivement mais<br />

incomplètement et constitue un bon test de surveillance thérapeutique.<br />

La transplantation hépatique constitue une alternative<br />

intéressante en cas d’atteinte hépatique sévère. Enfin,<br />

un traitement préventif chez des patients porteurs de mutations<br />

à l’état homozygote semble réduire l’évolution de la<br />

maladie vers des manifestations symptomatiques [230] .<br />

La MW est transmise selon le mode récessif autosomique.<br />

Dans la population générale, la <strong>fr</strong>équence d’une mutation à<br />

l’état hétérozygote est évaluée à 1,1 % et la prévalence de la<br />

MW est estimée à 0,3 pour 10 000, hormis en Sardaigne où<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 405


Livre.book Page 406 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

elle est plus importante. Cette affection est due à une anomalie<br />

du transport du cuivre du compartiment intracellulaire, où<br />

il s’accumule, vers les secteurs extracellulaires, en particulier<br />

vers la cœruléoplasmine et vers la bile. Ce passage transmembranaire<br />

est assuré par un transporteur membranaire ATPdépendant<br />

de type P, situé à la face interne de la membrane<br />

cellulaire et codé par le gène ATP7B [55] . Ce gène est localisé<br />

au niveau du bras long du chromosome 13, en 13q14.3q21.1<br />

[114] . Du fait de sa très grande taille, environ 80 kb,<br />

l’étude d’haplotypes spécifiques d’anomalies géniques, à<br />

l’aide de microsatellites et de polymorphismes (répétition de<br />

paires de nucléotides CA), permet de rechercher plus facilement<br />

l’existence de mutations [27] . Celles-ci sont nombreuses,<br />

aboutissant à une absence de synthèse ou à la synthèse d’un<br />

transporteur tronqué et/ou non fonctionnel [71] . Les différentes<br />

formes que prend le transporteur muté permettent d’expliquer<br />

la diversité des tableaux cliniques, en particulier quant à<br />

l’âge d’apparition des désordres hépatiques et cérébraux. Les<br />

mutations semblent différer selon l’origine géographique des<br />

patients. En Europe, la mutation HIS1069GLN, la plus <strong>fr</strong>équente<br />

(28 à 42 % selon les études), altère la configuration de<br />

la protéine et provoque une accélération de sa dégradation. Il<br />

semble exister un effet fondateur de cette mutation retrouvée<br />

soit à l’état homozygote, soit à l’état hétérozygote dans la<br />

population européenne. Compte tenu du grand nombre de<br />

mutations existantes et du statut d’hétérozygote composite<br />

des patients atteints, le diagnostic prénatal nécessite d’associer<br />

une analyse de liaison génétique à une recherche directe<br />

de mutation.<br />

MALADIE<br />

DE STEELE-RICHARDSON-OLSZEWSKI<br />

La maladie de Steele-Richardson-Olszewski (MSRO), encore<br />

dénommée paralysie supranucléaire progressive, réalise un<br />

syndrome extrapyramidal associé à une paralysie supranucléaire<br />

de la verticalité du regard. L’évolution, différente de<br />

celle observée lors des syndromes parkinsoniens, se fait vers<br />

la survenue d’un état démentiel et vers le décès en quelques<br />

années. Quoique de nombreuses observations soient sporadiques,<br />

la MSRO peut être familiale, transmise selon un mode<br />

dominant autosomique. Le gène responsable a été identifié.<br />

Ce gène MAPT (Microtubule-associated Protein Tau) est également<br />

responsable d’autres affections neurodégénératives telles<br />

que la maladie de Pick, une forme de démence pré-sénile,<br />

ou une forme de maladie de Parkinson avec démence.<br />

Aspects cliniques<br />

La MSRO débute par l’apparition d’un syndrome extrapyramidal<br />

avec un ralentissement des mouvements vers l’âge de<br />

65 ans en moyenne, comme la maladie de Parkinson. Mais<br />

elle en diffère par la rigidité axiale précoce, amenant le corps<br />

en hyperextension, alors que le tremblement est peu important.<br />

Les troubles de l’équilibre sont également sévères, aggravés<br />

par la rigidité axiale et l’akinésie, et sont volontiers<br />

sources de chutes <strong>fr</strong>équentes. Les plaintes à type de flou<br />

visuel ou de véritables épisodes de diplopie sont précoces et<br />

<strong>fr</strong>équentes. L’atteinte oculomotrice est caractéristique et réalise<br />

une paralysie supranucléaire intéressant les mouvements<br />

verticaux, qui sont difficiles à initier et dont l’amplitude est<br />

limitée. L’atteinte affecte d’abord les mouvements dirigés<br />

vers le bas, les saccades, puis les mouvements de poursuite.<br />

406 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

En quelques mois, tous les mouvements verticaux puis horizontaux<br />

deviennent limités. Mais l’amplitude de ces mouvements<br />

verticaux est d’autant plus grande que la taille du<br />

stimulus est importante, ce qui traduit une anomalie supranucléaire<br />

[193] . Il s’associe au déficit oculomoteur une apraxie de<br />

l’ouverture palpébrale [232] . Les troubles du langage sont<br />

secondaires aux troubles moteurs, mais ils peuvent aussi<br />

s’intégrer dans un tableau de fléchissement des fonctions<br />

supérieures, aboutissant à une démence. Les patients ne<br />

répondent pas aux traitements par la L-dopa et l’évolution se<br />

fait vers le décès en quelques années. Une variabilité<br />

d’expression clinique de la MSRO a été retrouvée au sein de<br />

certaines <strong>fr</strong>atries, les troubles de l’équilibre ou la démence<br />

pouvant être plus ou moins au premier plan. Cette variabilité<br />

phénotypique risque de faire sous-estimer la <strong>fr</strong>équence de<br />

cette affection et de ses formes familiales. De plus, elle pose<br />

des problèmes diagnostique et nosologique difficiles avec une<br />

maladie de Parkinson associée à une démence. La maladie de<br />

Parkinson avec démence est elle aussi associée à des mutations<br />

survenant dans le gène MAPT, mais ces mutations sont<br />

différentes de celles de la MSRO. De plus, sa symptomatologie<br />

est proche de celle de la MSRO. Ces deux affections diffèrent<br />

moins par les troubles ophtalmologiques — réalisant<br />

l’une et l’autre une paralysie supranucléaire verticale — que<br />

par l’aspect de la rigidité axiale : les patients parkinsoniens<br />

sont courbés vers l’avant, alors que les patients porteurs de<br />

MSRO restent droits. L’analyse histologique dans la MSRO<br />

met en évidence des amas neurofibrillaires dans les neurones<br />

sous-corticaux et dans les cellules gliales, ainsi que des territoires<br />

de gliose sans plaque sénile, contrairement à la maladie<br />

d’Alzheimer.<br />

Génétique<br />

La plupart des observations de MSRO sont sporadiques, mais<br />

la <strong>fr</strong>équence des formes familiales est sans doute sous-estimée.<br />

Cette affection neurodégénérative est transmise selon<br />

un mode dominant autosomique à pénétrance incomplète,<br />

quoique, dans une <strong>fr</strong>atrie espagnole, la transmission évoque<br />

un mode récessif autosomique. Un polymorphisme de répétition<br />

dinucléotidique a été identifié dans l’intron 9 du gène<br />

MAPT localisé en 17q21.1. Ce polymorphisme a été utilisé<br />

pour confirmer l’association de différentes affections neurodégénératives,<br />

dont la MSRO, avec ce gène MAPT [53] . Cinq<br />

haplotypes différents, A0, A1, A2, A3 et A4, ont été définis<br />

en fonction du nombre de répétition de dinucléotides. Les<br />

patients porteurs de MSRO sont plus volontiers homozygotes<br />

pour l’allèle A0 (génotype A0/A0), alors que celui-ci est moins<br />

représenté dans la population saine. Deux haplotypes, H1 et<br />

H2, couvrant l’ensemble du gène MAPT et recoupant les<br />

haplotypes de l’intron 9 ont été identifiés. Une sur-représentation<br />

de l’haplotype H1 réalisant le génotype H1/H1 a été<br />

retrouvée chez les patients porteurs d’une MSRO [16] . En<br />

revanche, le génotype H2/H2 n’a été retrouvé chez aucun<br />

patient MSRO. Deux mutations du gène MAPT responsables<br />

de MSRO ont été rapportées [177] .<br />

Le gène MAPT code six isoformes de la protéine tau obtenues<br />

par épissage alternatif. Cette protéine tau appartient à la<br />

famille des microtubule-associated proteins qui participe à la<br />

polymérisation des microtubules intracellulaires, en association<br />

avec la tubuline. Ces isoformes diffèrent par le nombre<br />

de répétitions d’un ensemble de 18 acides aminés dans la portion<br />

carboxyterminale de la protéine qui assure la fixation de<br />

la protéine tau aux microtubules. Dans les neurones sains, les


Livre.book Page 407 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

isoformes à trois ou quatre répétitions de cet ensemble de<br />

18 acides aminés sont présentes en quantité égale. Mais le<br />

profil biochimique de cette « tauopathie » résulte en l’accumulation<br />

anormale et prépondérante d’isoformes tau avec<br />

quatre motifs répétés. Quoique ces deux isoformes aient la<br />

même capacité de polymérisation des microtubules, celle à<br />

quatre répétitions les stabilise plus fortement. Il en résulterait<br />

une altération de la dynamique de ces microtubules. Une augmentation<br />

du taux de l’isoforme à quatre répétitions est responsable<br />

d’une démence et d’une mort cellulaire. Un<br />

équilibre correct entre isoformes à trois ou quatre répétitions<br />

nécessite une intégrité de l’exon 10 et de l’intron 10 [141] . L’une<br />

des mutations de la MSRO se trouve dans l’intron 10. La<br />

seconde mutation altérerait la capacité de la protéine tau à<br />

initier l’assemblage des microtubules, mais non la quantité de<br />

microtubules formés [177] .<br />

MALADIE DE NIEMANN-PICK<br />

La maladie de Niemann-Pick (MNP) est une sphingomyélinose,<br />

sous-catégorie des sphingolipidoses, caractérisée par<br />

une accumulation de sphingomyéline dans le réticulum<br />

endoplasmique et de cholestérol dans les organelles intracellulaires.<br />

Selon l’âge d’apparition et la symptomatologie prédominante,<br />

cinq formes de MNP ont été cliniquement<br />

isolées. Les anomalies oculomotrices s’observent uniquement<br />

dans la MNP de type C, encore dénommée syndrome<br />

DAF (Downgaze palsy, Ataxia-athetosis, Foamy macrophages).<br />

Celle-ci correspond à la forme chronique avec neuropathie,<br />

encore qualifiée de juvénile subaiguë. Elle rassemble plusieurs<br />

phénotypes selon l’âge d’apparition. La forme infantile<br />

apparaît précocement entre 2 et 4 ans et évolue vers une<br />

régression des acquisitions alors que surviennent des troubles<br />

neurologiques à type d’ataxie et de crises comitiales.<br />

Ces troubles neurologiques s’associent à une paralysie supranucléaire.<br />

Celle-ci se manifeste initialement par une paralysie<br />

du regard volontaire vertical vers le bas. Secondairement, la<br />

motilité oculaire horizontale est altérée par atteinte des centres<br />

de commande ponto-mésencéphaliques. Les réflexes<br />

vestibulo-oculaires sont préservés. L’atteinte viscérale est<br />

moins marquée qu’au cours des formes précédentes. Le<br />

décès survient entre 5 et 15 ans. Des formes plus tardives,<br />

pouvant survenir à l’adolescence ou à l’âge adulte, donnent<br />

des manifestations cliniques identiques mais d’évolution très<br />

lentement progressive. Cette MNP de type C est due dans<br />

95 % des cas à la présence de mutations dans le gène NPC1<br />

localisé en 18q11-q12 [41] . Ce gène code une glycoprotéine<br />

comportant treize domaines transmembranaires, principalement<br />

localisée au niveau du cerveau dans les cellules gliales<br />

proches des terminaisons synaptiques [220] . Cette protéine<br />

participe au transport intracellulaire du cholestérol vers la<br />

membrane cellulaire ou vers le réticulum endoplasmique. Les<br />

5 % restants sont dus à une mutation dans le gène NPC2<br />

localisé en 14q24.3, qui code une protéine lysosomale pouvant<br />

se lier au cholestérol. Ainsi, la physiopathogénie de la<br />

forme C de la NMP apparaît liée, d’une part, à une anomalie<br />

de transport ou de stockage du cholestérol libre au sein de la<br />

cellule aboutissant à une réduction de l’activité de la sphingomyélinase<br />

lysosomale, et, d’autre part, à des accumulations<br />

de microfibrilles intraneuronales, identiques à celles<br />

retrouvées dans la maladie d’Alzheimer, mais sans dépôt<br />

amyloïde. La forme D de MNP correspond à une variante de<br />

la MNP de type C, particulièrement <strong>fr</strong>équente en Nouvelle<br />

Écosse du fait d’un effet fondateur. Les manifestations dues<br />

à la surcharge seraient plus précoces que dans la MNP de<br />

type C.<br />

La MNP de type A correspond à la forme infantile de<br />

début précoce, au cours des six premiers mois. Il est noté<br />

chez les nourrissons une hépatosplénomégalie avec ictère,<br />

des troubles neurologiques sévères avec retard mental et<br />

retard des acquisitions. Les manifestations ophtalmologiques<br />

associent une tache rouge cerise, des opacités cornéennes et<br />

des anomalies cristalliniennes [225] . Cependant, l’atteinte<br />

maculaire peut être limitée à un halo [201] . Le décès survient<br />

vers l’âge de trois ans. Cette forme est due à des mutations<br />

dans le gène de la sphingomyéline phosphodiestérase-1, localisé<br />

en 11p15.4-p15.1, qui code la sphingomyélinase. Ces<br />

mutations font perdre son activité catalytique à la protéine<br />

qui clive la sphingomyéline en phosphorylcholine et céramide.<br />

La MNP de type B est une forme viscérale pure, sans<br />

atteinte neurologique. L’atteinte ophtalmologique est souvent<br />

limitée à un halo maculaire, sans tache rouge cerise (fig. 27-13).<br />

Cependant, cette dernière a été rapportée à plusieurs reprises<br />

chez des enfants porteurs d’une authentique MNP de type<br />

B [214] . Les manifestations hépatiques et spléniques sont identiques<br />

à celles observées lors de la forme A. D’autres anomalies<br />

viscérales, pulmonaires, vasculaires sont susceptibles de<br />

survenir chez ces patients atteignant l’âge adulte. Les mutations<br />

affectent également le gène de la sphingomyéline phosphodiestérase-1,<br />

mais la protéine synthétisée garde une<br />

activité enzymatique réduite suffisante pour éviter l’apparition<br />

des troubles neurologiques.<br />

Le diagnostic prénatal se fait par détermination de l’activité<br />

sphingomyélinase sur les villosités choriales ou à partir<br />

des cellules du liquide amniotique dans les types A et B. Pour<br />

le type C, le diagnostic prénatal repose sur la recherche<br />

d’anomalies cellulaires évocatrices. Il est possible de retrouver<br />

une proportion importante d’hétérozygotes dans les familles<br />

mais le dépistage des hétérozygotes est encore imparfait.<br />

Fig. 27-13 – Chez un enfant porteur d’une maladie de Niemann-Pick<br />

de type B, l’examen du fond d’œil objective un halo maculaire avec tache<br />

rouge cerise. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 407


Livre.book Page 408 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

III – APRAXIES OCULOMOTRICES ET ANOMALIES OCULOMOTRICES APPARENTÉES<br />

Une apraxie oculomotrice constitue la principale manifestation<br />

de l’apraxie congénitale de Cogan, au cours de laquelle<br />

seule la motilité oculaire horizontale est altérée. Cette même<br />

anomalie oculomotrice ou des anomalies oculomotrices peu<br />

différentes s’observent également dans des affections telles<br />

que l’ataxie-télangiectasie de Denise Louis-Bar, le syndrome<br />

de Joubert et l’hypoplasie vermienne isolée, la chorée de<br />

Huntington ou la maladie de Gaucher.<br />

APRAXIE CONGÉNITALE<br />

OCULOMOTRICE DE COGAN<br />

L’apraxie oculomotrice de Cogan (AOMC) est une anomalie<br />

congénitale et idiopathique, caractérisée par une anomalie de<br />

l’initiation des saccades volontaires horizontales s’améliorant<br />

avec l’âge. Quoique les formes sporadiques soient les plus<br />

<strong>fr</strong>équentes, un gène responsable de formes héréditaires serait<br />

localisé sur le bras long du chromosome 2, en 2q13, à proximité<br />

du gène NPHP1, responsable de la néphronophtise [23] .<br />

Symptomatologie et diagnostic<br />

Au cours de l’AOMC, seules les saccades volontaires horizontales<br />

sont perturbées. En revanche, les saccades réflexes et<br />

les phases rapides des nystagmus sont préservées, de même<br />

que les mouvements de poursuite. L’AOMC est une affection<br />

congénitale dont les manifestations ne deviennent évidentes<br />

que lorsque les bébés sont capables de maintenir leur tête et<br />

d’en contrôler les mouvements. En effet, les patients vont<br />

développer une stratégie visuelle reposant sur la réalisation de<br />

clignements palpébraux, afin de perdre la fixation initiale, suivis<br />

d’un mouvement brusque de la tête dirigé vers la cible<br />

périphérique qu’ils souhaitent fixer mais en la dépassant. Lors<br />

de ce mouvement céphalique rapide d’acquisition de la cible,<br />

les yeux effectuent un mouvement de contraversion du fait<br />

de la persistance du réflexe vestibulo-oculaire (phénomène<br />

des « yeux de poupée »). Puis, lorsque la fixation est assurée,<br />

la tête et les yeux reviennent en position primaire tout en<br />

continuant à fixer l’objet souhaité. Le mouvement céphalique<br />

ne serait pas uniquement un mécanisme de compensation<br />

mais il pourrait s’intégrer dans des syncinésies oculocéphaliques<br />

facilitant l’initiation des saccades. Ces manifestations<br />

ont tendance à s’atténuer dans le temps et elles ne sont presque<br />

plus perceptibles dès l’adolescence, hormis lors de situations<br />

de stress ou de fatigue [175] . L’AOMC est généralement<br />

isolée. Néanmoins, l’existence d’un retard des acquisitions ou<br />

de troubles de l’élocution est parfois signalée. Il est possible<br />

d’observer des malformations cérébrales à type d’agénésie du<br />

corps calleux, de porencéphalie, de syndrome de Dandy-Walker<br />

ou d’hypoplasie vermienne [91] . Cette dernière malformation<br />

est intéressante du point de vue de la nosologie et de la<br />

compréhension des mécanismes physiopathogéniques à<br />

l’origine de l’AOMC. Au sein d’une même <strong>fr</strong>atrie, certains<br />

patients porteurs d’une AOMC peuvent présenter une hypoplasie<br />

vermienne alors que le cervelet apparaît normal chez<br />

d’autres [91] . Mais les anomalies cérébelleuses peuvent être<br />

purement histologiques ou biochimiques [91] .<br />

408 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

Génétique<br />

La plupart des AOMC sont sporadiques. Néanmoins, avant<br />

d’éliminer une forme familiale, il faut rechercher de très discrètes<br />

anomalies des saccades horizontales chez les parents,<br />

puisque les manifestations cliniques vont devenir imperceptibles<br />

avec l’âge [175] . Les formes familiales d’AOMC rapportées<br />

dans la littérature sont peu nombreuses et présentent parfois<br />

quelques particularités intéressantes pour l’étude de la transmission<br />

génétique. Dans deux familles, les enfants porteurs<br />

d’AOMC sont des jumeaux monozygotes [188] . Une consanguinité<br />

au premier degré a été retrouvée dans deux <strong>fr</strong>atries<br />

différentes [86] . Une transmission d’un père à ses quatre<br />

enfants (un garçon et trois filles dont des jumelles) dans une<br />

<strong>fr</strong>atrie et une transmission d’un père à sa fille dans une autre<br />

ont été rapportées [96, 175] . La structure de ces différentes <strong>fr</strong>atries<br />

ne permet pas de porter de conclusion quant au mode de<br />

transmission de l’AOMC. Une transmission dominante autosomique<br />

est plausible devant l’existence de transmissions<br />

père-fils et de patients atteints sur deux générations au<br />

moins [96, 175] . Cependant, aucun de ces différents éléments ne<br />

constitue un argument déterminant du fait du très faible<br />

nombre de générations concernées. Il n’est donc pas possible<br />

d’éliminer une transmission récessive autosomique avec<br />

pseudodominance, en faveur de laquelle il faut retenir l’existence<br />

d’une consanguinité au sein de certaines <strong>fr</strong>atries et le<br />

grand nombre de patients atteints dans une même génération<br />

[86] .<br />

Aucun gène de l’AOMC n’est identifié. Une localisation,<br />

encore incertaine, a été proposée au niveau du bras long du<br />

chromosome 2 dans la région 2q13. L’association d’une<br />

AOMC à une néphronophtise, rapportée par Betz chez deux<br />

enfants, ne semble pas fortuite et pourrait entrer dans le cadre<br />

des syndromes de gènes contigus [23] . Une délétion dans la<br />

région du gène de la néphronophtise NPHP1, localisé en<br />

2q13, a été retrouvée chez ces deux enfants. Chez un enfant,<br />

cette large délétion concerne les deux chromosomes, alors<br />

que chez le second enfant, la délétion ne touche qu’un chromosome<br />

mais une mutation ponctuelle dans le gène de la<br />

néphronophtise est retrouvée sur le second chromosome.<br />

Cependant, Takano évoque que le gène NPHP1 puisse jouer<br />

un rôle important dans le développement du tissu rénal, mais<br />

aussi du tronc cérébral et du cervelet [203] . Toutefois, aucune<br />

mutation de ce gène NPHP1 n’a encore été décrite à ce jour<br />

au cours de l’AOMC.<br />

HYPOPLASIE VERMIENNE<br />

L’hypoplasie vermienne est caractérisée par l’existence d’un<br />

syndrome cérébelleux présent dès la naissance et strictement<br />

non évolutif, associant des troubles moteurs, une ataxie<br />

motrice des membres et du tronc ou une dysmétrie. Les troubles<br />

oculomoteurs associent un nystagmus vertical ou horizontal<br />

à une ataxie optique perturbant les mouvements<br />

oculaires horizontaux et verticaux — contrairement à ce qui<br />

est observé lors de l’AOMC. Le développement intellectuel<br />

est normal. Aucune anomalie systémique n’est retrouvée, ce<br />

qui permet de différencier cette affection du syndrome de


Livre.book Page 409 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Joubert ou de la néphronophtise [203] . Les examens neuroradiologiques<br />

confirment l’existence d’une atrophie cérébelleuse<br />

prédominant dans la région vermienne et retrouvent<br />

parfois une augmentation des sillons des hémisphères cérébelleux<br />

ou un « signe de la molaire » [34] . Celui-ci traduit l’existence<br />

d’une hypoplasie vermienne aboutissant à un<br />

élargissement de l’espace interpédonculaire associé à des anomalies<br />

de la jonction ponto-mésencéphalique. Cet aspect<br />

radiologique n’est pas propre à l’hypoplasie vermienne isolée.<br />

Il est systématiquement retrouvé lors du syndrome de Joubert<br />

et il peut l’être au cours de l’apraxie oculomotrice de Cogan<br />

et de la néphronophtise [203] . Les nombreuses observations<br />

d’hypoplasie vermienne familiale publiées permettent d’évoquer<br />

une transmission dominante autosomique, avec cependant<br />

un excès de filles atteintes. La localisation du gène de<br />

l’hypoplasie vermienne n’est pas connue.<br />

SYNDROME DE JOUBERT<br />

Le syndrome de Joubert est caractérisé par l’existence<br />

d’une hypoplasie vermienne associée à des manifestations<br />

générales et à des anomalies neuroradiologiques très évocatrices.<br />

Les patients sont volontiers porteurs d’une dysmorphie<br />

avec un <strong>fr</strong>ont proéminent, des oreilles bas situées, une<br />

implantation haute des sourcils et un épicanthus. L’atteinte<br />

générale est marquée par une tachypnée en période néonatale,<br />

un retard des acquisitions et du développement psychomoteur,<br />

une hypotonie, une ataxie. Un retard mental, parfois<br />

profond, est quasi constant. Les manifestations ophtalmologiques<br />

sévères, responsables d’une cécité ou d’une profonde<br />

malvoyance, peuvent associer une dystrophie rétinienne atypique<br />

ou pouvant en imposer pour une amaurose congénitale<br />

de Leber, un colobome choriorétinien ou du nerf optique et<br />

des troubles de la motilité oculaire horizontale et verticale à<br />

type d’apraxie optique, de nystagmus de type see-saw ou<br />

d’abolition de la poursuite. La neuro-imagerie confirme la<br />

présence de malformations importantes au niveau de la fosse<br />

postérieure, à type d’hypoplasie ou d’aplasie vermienne,<br />

d’élargissement de l’espace interpédonculaire et d’anomalies<br />

de la jonction ponto-mésencéphalique avec des pédoncules<br />

cérébelleux supérieurs épaissis. Ces malformations réalisent<br />

le classique « signe de la molaire » sur les coupes axiales de<br />

l’IRM (fig. 27-14). Il peut s’y associer une malformation de<br />

Dandy-Walker et une agénésie du corps calleux. Les examens<br />

neuroradiologiques objectivent également des anomalies des<br />

noyaux du tronc cérébral, qui peuvent être hypoplasiques ou<br />

<strong>fr</strong>agmentés, ce qui explique les troubles respiratoires et oculomoteurs.<br />

Le syndrome de Joubert est transmis selon un mode<br />

récessif autosomique. Plusieurs gènes responsables de ce syndrome<br />

ont été localisés ou identifiés. Le premier gène a été<br />

localisé en 1999 au sein de quatre familles consanguines sur le<br />

bras long du chromosome 9 en 9q34.3. Il est associé à un syndrome<br />

de Joubert typique nommé JBTS1. Natacci a évoqué<br />

l’existence d’un deuxième gène localisé en 17p11.2, chez un<br />

enfant également atteint d’un syndrome de Smith-Magenis.<br />

L’étude chromosomique a mis en évidence une délétion dans<br />

cette région du bras court du chromosome 17 [150] . Toutefois,<br />

aucune liaison génétique n’a pu être retrouvée chez plus de<br />

vingt et un patients atteints d’un syndrome de Joubert non lié<br />

au chromosome 9 [25] . Récemment, un troisième gène,<br />

nommé AHI1, et responsable d’un syndrome de Joubert<br />

appelé JBTS3, a été identifié sur le bras long du chromo-<br />

Fig. 27-14 – « Signe de la molaire » sur une coupe axiale d’IRM passant<br />

par la jonction ponto-mésencéphalique, chez un enfant porteur d’un<br />

syndrome de Joubert. Cette coupe permet d’observer l’épaississement<br />

des pédoncules cérébelleux supérieurs et l’atrophie vermienne. (Collection<br />

de J.-L. Dufier.)<br />

some 6, en 6q23.3. Ce gène, qui possède un domaine SH3 et<br />

des sites de liaison SH3 et qui code une protéine dénommée<br />

joubertine, est particulièrement exprimé dans les neurones<br />

qui formeront les pédoncules cérébelleux supérieurs [61] . Un<br />

quatrième gène responsable d’un syndrome cérébello-oculorénal,<br />

CORS2 ou JBTS2, a été localisé en 2003 sur le bras<br />

court du chromosome 11, en 11p12-q13.3 [108] . Ce syndrome<br />

est considéré comme une variante du syndrome de Joubert,<br />

puisque sa présentation clinique en est peu différente et<br />

qu’est retrouvée la caractéristique « image en molaire » au<br />

cours des examens neuroradiologiques. En revanche, ce syndrome<br />

s’accompagne d’anomalies rénales peu sévères à type<br />

de dysplasie kystique ou de néphronophtise [218] . Aucune<br />

mutation n’a pu être retrouvée dans les gènes candidats localisés<br />

sur cette région du chromosome 11 et qui ont été testés<br />

jusqu’à présent [25] . Enfin, des mutations dans le gène de la<br />

néphronophtyse, NPHP1, localisé en 2q13, ont été retrouvées<br />

chez plusieurs enfants porteurs soit d’un syndrome de Joubert<br />

peu sévère soit d’un tableau évocateur d’un syndrome de<br />

Joubert associé à des anomalies systémiques, en particulier<br />

hépatiques. Ce gène de la néphronophtise code la néphrocystine,<br />

une protéine signal comportant un domaine SH3, qui<br />

pourrait jouer un rôle important dans le développement du<br />

tissu rénal, mais aussi du tronc cérébral et du cervelet [203] .<br />

MALADIE OU CHORÉE DE HUNTINGTON<br />

La maladie de Huntington (MH) est une affection dégénérative<br />

du système central dont la <strong>fr</strong>équence est de l’ordre de<br />

0,7 pour 10 000 individus. Cette affection lentement progressive<br />

débute exceptionnellement avant l’âge de vingt ans. Elle<br />

se manifeste par la survenue de mouvements choréiques et<br />

par une démence de plus en plus marquée. Le décès survient<br />

après une évolution de dix-sept ans en moyenne. Cependant,<br />

on observe une grande variabilité phénotypique de la MH.<br />

Les manifestations oculaires portent essentiellement sur<br />

l’oculomotricité. Les saccades horizontales deviennent précocement<br />

hypométriques et ralenties, avec une difficulté d’ini-<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 409


Livre.book Page 410 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

tiation des saccades volontaires réalisant une apraxie du<br />

regard peu différente de celle observée lors de l’AOMC [229] .<br />

L’instabilité de la fixation et la distractibilité du regard sont<br />

responsables de saccades réflexes involontaires. Ces anomalies<br />

oculomotrices sont interprétées comme la conséquence<br />

de lésions <strong>fr</strong>onto-caudées. À un stade plus avancé de la maladie,<br />

l’atteinte oculomotrice porte également sur les saccades<br />

verticales et sur la poursuite.<br />

La MH est transmise selon un mode dominant autosomique<br />

avec pénétrance complète. Le gène de la MH, nommé<br />

IT15 (Important Transcript 15) a été localisé sur le bras court du<br />

chromosome 4 en 4p16.3 en 1989, puis identifié en 1993. Il<br />

comporte un polymorphisme par un nombre de répétitions<br />

variable de triplets de nucléotides CAG localisés dans sa<br />

séquence codante. Cette augmentation de triplets CAG aboutit<br />

à une augmentation de motifs polyglutamates au niveau<br />

de la protéine codée par ce gène. Le nombre de répétitions,<br />

inférieur à 30 chez les sujets sains, est supérieur à 38 chez les<br />

patients atteints de MH. Les patients porteurs de 36 à 40 triplets<br />

peuvent rester asymptomatiques [189] . Le nombre de triplets<br />

peut s’accroître de génération en génération, de manière<br />

plus importante lorsque la transmission est paternelle. Le risque<br />

de passer au-delà de la barrière des 38 triplets est plus<br />

grand en cas de MH dans la <strong>fr</strong>atrie [213] . Cette différence pourrait<br />

être sous la dépendance de facteurs liés aux chromosomes<br />

X ou Y, ou due à une sélection négative des ovocytes<br />

porteurs d’un grand nombre de triplets. De plus, Trottier a<br />

noté l’existence d’une corrélation négative entre le nombre de<br />

répétitions et l’âge d’apparition des symptômes [213] . Cette<br />

augmentation du nombre des répétitions permet de comprendre<br />

le phénomène d’anticipation, la MH apparaissant de plus<br />

en plus tôt de génération en génération ; mais elle rend également<br />

plus difficile le conseil génétique puisqu’un enfant<br />

atteint peut naître d’un père ayant un nombre de triplets<br />

intermédiaire. La taille de l’allèle « sain » influence également<br />

l’âge d’apparition de la maladie [62] . La recherche directe de<br />

l’expansion des triplets CAG par PCR et électrophorèse sur<br />

gel d’agarose permet de confirmer le diagnostic en l’absence<br />

d’antécédents familiaux. En revanche, le diagnostic présymptomatique<br />

ne doit être envisagé que chez un patient à risque<br />

cliniquement indemne et désireux de ce test. Le diagnostic<br />

prénatal est possible si l’un des parents est porteur du gène<br />

muté et a donc lui-même réalisé le test diagnostique. Le gène<br />

IT15 code une protéine ubiquitaire dénommée huntingtine,<br />

n’appartenant à aucune famille protéique connue [213] . La MH<br />

serait la conséquence du déclenchement de signaux pro-apoptotiques.<br />

La liaison d’une protéine dénommée Huntingtin-<br />

Interacting Protein-1 (HIP1) au <strong>fr</strong>agment aminoterminal de<br />

l’huntingtine serait perturbée du fait de l’élongation des<br />

motifs polyglutamates. Cette HIP1 en excès formerait un<br />

hétérodimère pro-apoptotique avec l’HIP1 protein-interactor.<br />

Par ailleurs, le <strong>fr</strong>agment aminoterminal de l’huntingtine se<br />

clive au sein des neurones et devient intranucléaire. Ce <strong>fr</strong>agment<br />

interagit alors avec des facteurs transcriptionnels intranucléaires<br />

et réprime la synthèse de la protéine P53. Enfin,<br />

Zuccato a mis en évidence le rôle de l’huntingtine pour réprimer<br />

le neuron-restrictive silencer element, en piégeant son activateur<br />

au niveau cytoplasmique, et pour induire la synthèse<br />

d’un facteur de croissance, le BDNF, nécessaire au trophisme<br />

des neurones [236] . Ces différents mécanismes, non opposés,<br />

permettent d’approcher la physiopathogénie de la MH.<br />

Trois pour cent environ des patients dont la symptomatologie<br />

est identique à celle de la MH n’ont pas d’anomalie du<br />

nombre des triplets CAG au niveau du gène IT15 et sont por-<br />

410 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

teurs d’une phénocopie de la MH. La Huntington disease-like 2<br />

est due à une augmentation du nombre de triplets CAG au<br />

niveau d’un des exons du gène JPH3, localisé en 16q24.3 et<br />

codant une protéine dénommée junctophiline-3 [95] . Cette<br />

protéine de la famille des junctophilines est un élément des<br />

complexes assurant la jonction entre le réticulum endoplasmique<br />

et la membrane cellulaire au niveau des cellules<br />

excitables et utilisant des canaux calciques. Deux autres phénocopies<br />

de la MH, respectivement Huntington disease-like 1 et<br />

Huntington disease-like 3, ont été rapportées. La première est<br />

due à la présence d’une insertion dans le gène PrNP de la protéine<br />

PrP (prion), localisée au niveau de la portion terminale<br />

du bras court du chromosome 20 (20pter-p12). Le gène Huntington<br />

disease-like 3 est localisé au niveau du chromosome 4,<br />

en 4p15.3.<br />

ATAXIE-TÉLANGIECTASIE<br />

DE DENISE LOUIS-BAR<br />

L’ataxie-télangiectasie de Denise Louis-Bar est une affection<br />

récessive autosomique qui associe des désordres oculomoteurs<br />

et des télangiectasies conjonctivales à des troubles neurologiques,<br />

un déficit immunitaire et une susceptibilité<br />

particulière aux tumeurs malignes. Une sensibilité particulière<br />

de la chromatine aux radiations ionisantes et l’augmentation<br />

des cassures de l’ADN sont également importantes pour le<br />

diagnostic et la constitution de sous-groupes de cette maladie.<br />

Chez les patients homozygotes, l’ataxie cérébelleuse,<br />

d’apparition précoce et progressive par dégénérescence des<br />

cellules de Purkinje, s’associe à une neuropathie périphérique<br />

dont témoignent l’abolition des réflexes tendineux et la fonte<br />

musculaire, un syndrome extrapyramidal, des mouvements<br />

choréo-athétosiques et un retard mental très inconstant.<br />

L’apraxie oculomotrice est peu différente de celle observée<br />

dans le syndrome de Cogan (cf. supra), quoique le défaut<br />

d’initiation des saccades concerne également les saccades verticales<br />

et s’associe à des anomalies de la poursuite et, parfois,<br />

à un nystagmus (fig. 27-15). Un strabisme est retrouvé chez<br />

plus de 30 % des patients. Ces anomalies oculomotrices précèdent<br />

l’apparition des télangiectasies conjonctivales, quasi<br />

constantes à partir de 3 ou 5 ans dans l’aire d’ouverture des<br />

fentes palpébrales (fig. 27-16). Elles peuvent atteindre la face.<br />

Le déficit immunitaire est dû à une diminution de synthèse<br />

des IgA et des IgG et, à un moindre degré, des IgM et des IgE,<br />

avec une diminution du nombre des plasmocytes. Il explique<br />

la susceptibilité particulière de ces enfants aux infections,<br />

principalement des voies aériennes supérieures et bronchiques,<br />

avec formation de bronchectasies. Le risque de développer<br />

une leucémie lymphoïde de type T, un lymphome malin<br />

de type B ou une tumeur maligne solide est accru chez les<br />

homozygotes atteints. Les porteurs hétérozygotes auraient<br />

aussi un risque accru de développer une tumeur maligne, en<br />

particulier du sein chez la femme, soit par susceptibilité aux<br />

toxiques et/ou aux radiations ionisantes, soit par perte de<br />

l’allèle sain dans une lignée de cellules somatiques réalisant<br />

un mécanisme identique à la perte d’un gène suppresseur de<br />

cancer. Ces données sont très controversées. Le diagnostic<br />

peut être porté devant l’augmentation de l’α-fœtoprotéine et<br />

la diminution des immunoglobulines dans le sang. L’augmentation<br />

de la susceptibilité d’une cellule lymphocytaire aux<br />

radiations ionisantes et l’augmentation de lésions de la chromatine<br />

constituent les tests les plus fiables quoique difficiles<br />

à réaliser.


Livre.book Page 411 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

a b<br />

c<br />

Fig. 27-16 – Multiples télangiectasies conjonctivales dans la fente<br />

d’ouverture palpébrale chez un enfant atteint d’ataxie-télangiectasie<br />

de Denise Louis-Bar. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

Le gène ATM de l’ataxie-télangiectasie est localisé sur le<br />

chromosome 11, en 11q23.3 ; il comporte 66 exons. Il code<br />

une sérine/thréonine protéine kinase, principalement localisée<br />

dans le noyau et impliquée dans la régulation du cycle cellu-<br />

Fig. 27-15 – Ataxie-télangiectasie de Denise Louis-Bar chez un<br />

jeune garçon. Lors des saccades horizontales volontaires, cet enfant<br />

réalise un mouvement de contraversion oculaire. Noter la présence<br />

de télangiectasies conjonctivales bilatérales dans la fente d’ouverture<br />

palpébrale. a. Lors d’une saccade dirigée vers la droite, cet enfant<br />

effectue un mouvement de la tête qui dépasse la cible et s’associe à<br />

un phénomène des « yeux de poupée ». b. Puis, ses yeux commencent<br />

à se recentrer alors que la tête revient vers la cible. c. La tête<br />

et les yeux sont centrés sur la cible. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

laire et dans la détection et l’induction de la réparation des<br />

cassures des brins d’ADN [13] . Cette protéine kinase possède<br />

un domaine phosphatidylinositol-3-kinase (PI3K). Plusieurs<br />

mutations ont été mises en évidence dans la région codant ce<br />

domaine hautement conservé entre les espèces, responsables<br />

de la synthèse de protéines tronquées ou de l’absence de protéine.<br />

Elles affectent le contrôle du cycle cellulaire et de la<br />

réparation des brins d’ADN puisque ce domaine PI3K régule<br />

la phosphorylation du p53 en réponse à certaines agressions<br />

contre l’ADN, comme une irradiation [191] . Cette absence de<br />

phosphorylation permettrait d’expliquer la survenue de certaines<br />

tumeurs, en particulier hématologiques. De plus, la<br />

protéine Atm est impliquée dans le déclenchement de l’apoptose<br />

des neurones dont le patrimoine génétique est altéré, en<br />

interaction avec p53 et la protéine Bax [46] . Ses mutations<br />

expliqueraient une diminution de l’apoptose lors du développement<br />

cérébral, source de lésions neurologiques précoces. La<br />

protéine Atm possède plusieurs autres domaines, dont le site<br />

de liaison c-Abl, le motif leucine-zipper et la région de liaison<br />

avec la β-adaptine. Atm interagit avec de nombreuses protéines<br />

nucléaires également impliquées dans la réparation de<br />

l’ADN, telles que le complexe MRE11/RAD50/NBS1, activé<br />

en présence d’une rupture des deux brins de l’ADN et sous<br />

dépendance de la phosphorylation de la protéine Nbs1 par la<br />

protéine Atm. Quoique cette affection soit récessive autosomique,<br />

les variations du phénotype en réponse à une irradiation<br />

dépendent du type de mutations, dont certaines peuvent<br />

avoir un effet négatif pseudodominant [192] .<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 411


Livre.book Page 412 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

APRAXIE OCULOMOTRICE<br />

AVEC ATAXIE<br />

Cette entité a été décrite par Aicardi en 1988. Les anomalies<br />

neurologiques et ophtalmologiques sont peu différentes de<br />

celles observées lors du syndrome d’ataxie-télangiectasie,<br />

mais celles-ci ne s’accompagnent d’aucun déficit immunitaire.<br />

En revanche, il peut exister une hypoalbuminémie. Cette<br />

affection apparaît dans l’enfance — âge moyen de sept ans<br />

environ. Les manifestations choréiques sont précoces et<br />

s’atténuent avec le temps. Il existe néanmoins une hétérogénéité<br />

phénotypique corrélée à la nature des mutations géniques.<br />

Les autres anomalies neurologiques sont un syndrome<br />

cérébelleux avec atrophie du cervelet en IRM, une neuropathie<br />

périphérique. Le retard mental est souvent rapporté, mais<br />

semble inconstant. L’apraxie optique s’accompagne de mouvements<br />

de la tête dans de nombreux cas, comme dans<br />

l’apraxie de Cogan ou l’ataxie-télangiectasie. En revanche,<br />

chez ces patients, il n’est pas noté de télangiectasies conjonctivales.<br />

Ce syndrome, transmis selon un mode récessif autosomique,<br />

est secondaire à la présence d’anomalies dans le gène de<br />

l’aprataxine (APTX) localisé en 9p13.3 [141] . Par épissage alternatif,<br />

ce gène code deux isoformes de cette protéine ubiquitaire<br />

appartenant à la famille des « triades histidines » et qui<br />

possède également un motif en doigt de zinc liant l’ADN.<br />

Cette protéine possède une activité d’hydroxylation et de<br />

réparation de cassures des brins d’ADN [142] .<br />

SYNDROMES MYASTHÉNIQUES<br />

Les myasthénies constituent un ensemble de maladies affectant<br />

la transmission synaptique au niveau de la jonction neuromusculaire.<br />

Leur caractéristique clinique est l’existence<br />

d’une faiblesse musculaire variable et progressive au cours de<br />

la journée, qui prend l’aspect d’une fatigabilité. La jonction<br />

neuromusculaire est une structure complexe, constituée de<br />

nombreuses protéines dont les différents gènes peuvent être<br />

porteurs d’anomalies génétiques. Une classification fondée sur<br />

ces mécanismes physiopathogéniques a permis d’établir plusieurs<br />

sous-groupes au sein des syndromes myasthéniques.<br />

Ceux-ci répondent à au moins deux modes de transmission<br />

génétique, dominant autosomique et récessif autosomique.<br />

CLASSIFICATION<br />

Il faut différencier les myasthénies néonatales, congénitales,<br />

infantiles et les formes de l’adulte.<br />

L’origine exacte des myasthénies néonatales n’est pas totalement<br />

élucidée. S’il est évoqué un passage transplacentaire<br />

d’anticorps maternels anti-récepteurs à l’acétylcholine (Ac-<br />

ARACh) vers le fœtus lors de la grossesse, ce mécanisme ne<br />

permet pas d’expliquer toutes les myasthénies néonatales. En<br />

effet, des Ac-ARACh sont retrouvés chez la plupart des<br />

412 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

IV – MYOPATHIES<br />

MALADIE DE GAUCHER<br />

La maladie de Gaucher entre dans le cadre des sphingolipidoses.<br />

Il s’agit d’une cérébrosidose liée à un déficit en β-glucocérébrosidase.<br />

Ce déficit enzymatique aboutit à une<br />

accumulation de glucocérébroside dans les différents tissus de<br />

l’organisme. Le diagnostic repose sur le dosage de l’activité de<br />

la β-glucocérébrosidase dans les leucocytes circulants. Il<br />

existe trois types de maladie de Gaucher. Le type I ne comporte<br />

aucune atteinte neurologique. Le type II réalise une<br />

atteinte sévère avec des troubles neurologiques précoces et<br />

un décès avant l’âge d’1 an. Le type III associe des troubles<br />

hématologiques, hépatiques, osseux et pulmonaires précoces<br />

pouvant aboutir à une hypertension artérielle pulmonaire, des<br />

troubles neurologiques (ataxie, paraplégie, démence, comitialité)<br />

et neuro-ophtalmologiques à type d’apraxie oculomotrice<br />

verticale et horizontale. Un traitement par enzymologie<br />

recombinante est actuellement disponible et permet de normaliser<br />

les paramètres hépatique et hématologique et de<br />

ralentir l’évolution des troubles neurologiques. Cette maladie<br />

à transmission récessive autosomique est due à la présence de<br />

mutations dans le gène de la β-glucocérébrosidase, localisé<br />

sur le chromosome 1, en 1q21. Un diagnostic prénatal peut<br />

être réalisé, soit par mesure de l’activité enzymatique des villosités<br />

choriales à 10-12 semaines d’aménorrhée ou des cellules<br />

amniotiques en culture vers 16 semaines d’aménorrhée,<br />

soit par biologie moléculaire — mais il est alors rendu complexe<br />

par la présence d’un pseudogène de la β-glucocérébrosidase,<br />

proche du gène transcrit, à très forte homologie<br />

nucléotidique. Il n’est proposé que dans les cas de maladie de<br />

Gaucher de type II ou III.<br />

enfants nés de mères myasthéniques alors que seule la moitié<br />

de ces enfants développe des manifestations cliniques notables.<br />

De plus, des enfants dont la symptomatologie est caractéristique<br />

peuvent naître de mères en rémission ou chez<br />

lesquelles les Ac-ARACh ne sont plus décelables. Enfin, le risque<br />

d’avoir un deuxième enfant atteint d’une myasthénie<br />

néonatale est plus élevé quand un premier enfant a lui-même<br />

été atteint. Une susceptibilité particulière, éventuellement<br />

fondée sur un facteur HLA, ou d’origine génétique a été évoquée<br />

mais non prouvée.<br />

Les myasthénies congénitales héréditaires sont parfois difficiles<br />

à différencier des formes infantiles avec lesquelles elles<br />

partagent le même âge de début des manifestations. Il ne<br />

s’agit pas de pathologies auto-immunes et il n’est jamais<br />

retrouvé d’Ac-ARACh. Elles résultent de l’atteinte de l’une<br />

des différentes étapes de la transmission synaptique au<br />

niveau de la jonction neuromusculaire. La dépolarisation nerveuse<br />

entraîne la fusion de vésicules d’acétylcholine avec la<br />

membrane présynaptique et la libération de ce neurotransmetteur.<br />

Une partie de l’acétylcholine se lie aux récepteurs à<br />

l’acétylcholine (RACh). Cette fixation de l’acétylcholine à son<br />

récepteur ouvre un canal cationique passif au sein du récepteur<br />

pour une durée d’environ 2 ms. La dépolarisation induite<br />

génère un potentiel d’action qui provoque la contraction musculaire.<br />

Le reste de l’acétylcholine libérée est dégradé par<br />

l’acétylcholinestérase avant d’atteindre les RACh, permettant


Livre.book Page 413 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

de réguler la transmission synaptique. Selon le mécanisme<br />

physiopathogénique, la réponse des traitements anticholinestérasiques<br />

est variable.<br />

Une classification internationale sépare les myasthénies<br />

congénitales en trois groupes :<br />

– le groupe I, de transmission récessive autosomique, est<br />

lui-même divisé en quatre sous-groupes : Ia, myasthénie<br />

congénitale familiale ; Ib, myasthénie des ceintures ; Ic, myasthénie<br />

congénitale par déficit en acétylcholinestérase ; Id,<br />

myasthénie congénitale par anomalie des récepteurs de l’acétylcholine<br />

;<br />

– le groupe II correspond aux myasthénies congénitales<br />

postsynaptiques dominantes autosomiques dites « à canal<br />

lent » par mutations dans les gènes des différentes sous-unités<br />

du récepteur nicotinique à l’acétylcholine. Ces myasthénies<br />

congénitales entrent dans le cadre des canalopathies. Les<br />

mutations sont responsables d’anomalies structurelles au<br />

niveau du canal cationique qui altèrent le passage ionique<br />

transmembranaire au sein du RACh ;<br />

– les cas sporadiques forment le groupe III.<br />

Outre l’âge de début, les myasthénies infantiles diffèrent<br />

des myasthénies de l’adulte par la <strong>fr</strong>équence et la sévérité<br />

des manifestations ophtalmologiques. Des Ac-ARACh sont<br />

volontiers retrouvés lors de ces myasthénies auto-immunes,<br />

souvent associées à d’autres pathologies partageant la même<br />

déviation du système immunitaire [215] . Les myasthénies<br />

infantiles et de l’adulte sont exceptionnellement familiales<br />

[116] .<br />

ASPECTS CLINIQUES<br />

Nous ne reviendrons pas sur la variabilité de la faiblesse musculaire<br />

au cours de la journée, en fonction du degré de fatigue<br />

du patient. Cette fatigabilité est mise à profit dans les différents<br />

tests diagnostiques.<br />

Manifestations cliniques<br />

de la myasthénie néonatale<br />

Elles apparaissent précocement, parfois avant la naissance<br />

sous forme d’hydramnios ou de diminution des mouvements<br />

fœtaux, ou lors des trois premiers jours de vie. Elles peuvent<br />

rapidement mettre en jeu le pronostic vital par détresse respiratoire<br />

[57] . Les troubles oculomoteurs sont peu <strong>fr</strong>équents,<br />

observés uniquement dans environ 15 % des cas dans cette<br />

forme dominée par les difficultés à la succion, une hypotonie<br />

ou une diplégie faciale. Cette myasthénie régresse en une<br />

semaine à deux mois, temps nécessaire pour que les anticorps<br />

d’origine maternelle soient éliminés.<br />

Premiers signes de la myasthénie<br />

congénitale<br />

Ces signes sont retrouvés avant l’âge de 2 ans dans 42 % des<br />

observations et avant l’âge de 20 ans dans 60 % des cas [35] .<br />

Néanmoins, l’apparition d’une myasthénie dès la naissance<br />

ou dans les premières années de vie oriente vers cette forme<br />

de myasthénie. Chez l’enfant, la symptomatologie de la<br />

myasthénie congénitale est peu différente de celle de la myasthénie<br />

juvénile. Les manifestations ophtalmologiques, parésie<br />

oculomotrice, ptosis et strabisme, sont relativement constants<br />

(fig. 27-17). Mullaney insiste sur l’existence de formes de gravités<br />

différentes et souligne que les troubles oculomoteurs<br />

sont au premier plan lors de formes de gravité moyenne [145] .<br />

L’évolution de la symptomatologie peut se faire vers l’amélioration<br />

avec l’âge, mais elle est variable en fonction du gène<br />

muté et du type de mutation.<br />

Fig. 27-17 – Présence d’un ptosis bilatéral chez un jeune garçon atteint<br />

d’une myasthénie congénitale. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

Myasthénie auto-immune<br />

L’atteinte de la musculature respiratoire y est souvent au premier<br />

plan chez l’enfant comme chez l’adulte et fait toute la<br />

gravité de l’affection. Les manifestations neuro-ophtalmologiques<br />

sont <strong>fr</strong>équentes, observées chez 85 à 96 % des patients<br />

à un moment quelconque de l’évolution. Elles réalisent des<br />

parésies oculomotrices, inaugurales dans près de la moitié des<br />

cas, impliquant principalement les muscles droit interne, droit<br />

inférieur, oblique supérieur ou de releveur de la paupière<br />

supérieure, ce qui entraîne diplopie et ptosis. L’atteinte de<br />

l’orbiculaire des paupières est rare. En revanche, la musculature<br />

intrinsèque n’est jamais affectée puisque les neuromédiateurs<br />

en jeu sont différents. Le ptosis, retrouvé chez plus de<br />

90 % des enfants myasthéniques, peut parfois s’accompagner<br />

d’une rétraction de la paupière supérieure controlatérale en<br />

raison de la loi de Hering [111] . Il faut signaler l’importance des<br />

strabismes, retrouvés dans plus de 85 % des cas au cours des<br />

myasthénies de l’enfant. Il s’agit le plus souvent d’exotropies,<br />

parfois combinées avec des strabismes verticaux [111] . La variabilité<br />

dans le temps de ces strabismes permet d’orienter le<br />

diagnostic. Les manifestations neuro-ophtalmologiques restent<br />

plus souvent isolées chez l’enfant (35 % de formes oculaires<br />

pures pour Mullaney) que chez l’adulte (10 % de<br />

formes oculaires pures) [145] . S’il doit y avoir généralisation,<br />

celle-ci survient le plus souvent au cours des deux premières<br />

années. La myasthénie auto-immune intéresse également les<br />

muscles des ceintures, de la face et du cou ou du carrefour<br />

oropharyngé. Des régressions spontanées ont été rapportées<br />

après deux ans d’évolution avec une <strong>fr</strong>équence variant entre<br />

10 et 35 % selon l’âge des patients et les séries [145] . Agius a<br />

proposé une classification en trois groupes des myasthénies<br />

auto-immunes, en fonction de la cible principale des autoanticorps<br />

: récepteurs à l’acétylcholine, récepteurs à l’acétylcholine<br />

et protéine myocardique titine, kinase musculaire [7] .<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 413


Livre.book Page 414 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

GÉNÉTIQUE<br />

Les nombreuses formes de myasthénie congénitale sont<br />

secondaires à des mutations dans différents gènes et suivent<br />

plusieurs modes de transmission.<br />

Myasthénie congénitale de type I<br />

Les quatre formes de myasthénie congénitale de type I sont<br />

toujours transmises selon un mode récessif autosomique.<br />

Type Ia<br />

Un premier gène de la myasthénie congénitale de type Ia,<br />

FIMG1, a été localisé en 1997 par Christodoulou dans la<br />

région télomérique du bras court du chromosome 17, au<br />

niveau de la bande 17p13 [47] . Le gène de la synaptobrévine-2,<br />

localisé par Zoraqi dans la région télomérique du bras court<br />

du chromosome 17, est un gène candidat de cette myasthénie<br />

FIMG1. Il code une protéine dont la fonction reste encore mal<br />

connue, mais qui serait impliquée dans la libération de l’acétylcholine<br />

(ACh) dans la fente synaptique, à une étape encore<br />

non précisée. Cette protéine réalise des complexes avec<br />

d’autres protéines, la syntaxine et la synaptotagmine d’une<br />

part, la synaptophysine d’autre part, qui fusionnent avec des<br />

complexes similaires de la membrane synaptique.<br />

La myasthénie congénitale Ia par mutation du gène CHAT<br />

(FIMG2), décrite pour la première fois en 2001 chez cinq nouveau-nés<br />

non apparentés, apparaît dès la naissance. Elle se<br />

caractérise par la survenue d’épisodes aigus de faiblesse musculaire,<br />

de paralysies bulbaires et de déficits respiratoires survenant<br />

à la suite d’efforts ou lors de poussées de fièvre.<br />

L’évolution de ces épisodes aigus peut être fatale. Au repos et<br />

en dehors de poussées, les enregistrements électromyographiques<br />

et l’enregistrement des potentiels de plaque postsynaptique<br />

sont normaux. En revanche, ces potentiels sont diminués<br />

après cinq minutes de stimulation évoquant un défaut de<br />

resynthèse ou de stockage vésiculaire de l’ACh. Ces observations<br />

ont permis d’identifier deux gènes candidats, le gène<br />

VACHT permettant le transport de l’ACh dans ses vésicules<br />

de stockage, et le gène CHAT (choline acétyltransférase),<br />

localisé sur le chromosome 10q11.2. Celui-ci code la protéine<br />

permettant la synthèse de l’ACh à partir de l’acétyl-coenzyme<br />

A et de la choline au niveau des synapses cholinergiques.<br />

Les mutations de l’homologue du gène CHAT chez le<br />

ver Caenorhabditis elegans aboutissent à un déficit de la synthèse<br />

d’ACh. Ce déficit est responsable de troubles de la<br />

motilité de l’animal. Ohno a retrouvé dix mutations récessives<br />

du gène CHAT chez ces cinq nouveau-nés, causant soit<br />

l’absence de la protéine soit la synthèse d’une protéine à<br />

l’activité catalytique réduite [159] .<br />

Type Ib<br />

La myasthénie congénitale Ib, dite « des ceintures », de transmission<br />

récessive autosomique est particulière par sa localisation<br />

limitée aux ceintures sans aucune manifestation<br />

ophtalmologique. Aucun gène n’a encore été localisé.<br />

Type Ic<br />

La myasthénie congénitale Ic par déficit en acétylcholinestérase<br />

(AChE) au niveau de la jonction neuromusculaire a été<br />

décrite dès 1977 et est probablement la seconde cause de<br />

myasthénie congénitale. Les manifestations myasthéniques<br />

414 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

sévères sont présentes dès la naissance et s’aggravent lors des<br />

efforts, aboutissant parfois au décès. Elles ne répondent pas<br />

aux traitements par les AChE. L’AChE existe sous deux formes<br />

dans le muscle humain : une forme homomérique globuleuse<br />

libre et une forme hétéromérique fixée à la membrane<br />

synaptique. Cette forme enzymatique asymétrique est constituée<br />

d’un à trois tétramères et d’une queue, dont la structure<br />

proche de celle du collagène permet son ancrage à la<br />

membrane synaptique [158] . Lors de cette forme Ic de myasthénie<br />

congénitale, les tétramères sont présents, permettant<br />

d’exclure une mutation du gène codant leur synthèse. Plus de<br />

quinze mutations récessives ont été retrouvées dans le gène<br />

ColQ comportant dix-neuf exons et 71 618 paires de bases,<br />

localisé au niveau du bras court du chromosome 3, en 3p24.2.<br />

Ce gène code le système d’ancrage des tétramères [64] . Ces<br />

mutations aboutissent à l’absence de forme hétéromérique<br />

d’AChE et à son impossibilité de se fixer à la lame basale de<br />

la jonction neuromusculaire. Il existe un effet fondateur de la<br />

mutation G240X dans des familles palestiniennes [158] .<br />

Type Id<br />

L’existence d’une myasthénie congénitale Id par anomalie des<br />

RACh a été évoquée chez des patients atteints d’une myasthénie<br />

congénitale postsynaptique sans mutation dans les<br />

gènes codant les différentes sous-unités du RACh. Il existe<br />

deux phénotypes distincts de cette myasthénie Id [35] . Le premier,<br />

sévère, parfois léthal, apparaît très précocement. Les<br />

manifestations peuvent être présentes dès avant la naissance<br />

avec une diminution des mouvements fœtaux intra-utérins,<br />

ou observées dans la période néonatale. Elles sont toujours<br />

évidentes avant l’âge d’un an, marquées par une atteinte ophtalmologique,<br />

ptosis ou strabisme volontiers divergent, et une<br />

fatigabilité des membres. Des épisodes d’apnée et des crises<br />

aiguës d’insuffisance respiratoire sont <strong>fr</strong>équents, surtout lors<br />

des épisodes infectieux. Ce syndrome myasthénique précoce<br />

peut s’améliorer vers l’âge de six ans. À l’inverse, un second<br />

phénotype au cours duquel les manifestations myasthéniques<br />

sont tardives, débute à l’adolescence ou l’âge adulte, sans<br />

trouble respiratoire ni bulbaire. Le ptosis est <strong>fr</strong>équent. Des<br />

mutations ont été retrouvées dans le gène de la rapsyne<br />

(receptor-associated protein of synapses) localisé sur le bras court<br />

du chromosome 11, en 11p11.2-p11.1, et qui constitue un<br />

excellent gène candidat [67, 160] . La rapsyne joue un rôle essentiel<br />

dans l’ancrage du RACh à la membrane postsynaptique et<br />

est hautement conservée entre les espèces. La mutation fauxsens<br />

N88K paraît constante, puisqu’elle est retrouvée chez<br />

tous les patients présentant une myasthénie congénitale de<br />

type Id, soit à l’état homozygote, soit à l’état hétérozygote<br />

composite associée à une autre mutation.<br />

Myasthénies congénitales par mutation<br />

dans les gènes des différentes sous-unités<br />

du RACh nicotinique<br />

Cette catégorie regroupe des affections dont le cadre est plus<br />

large que celui du type II de la classification internationale<br />

(« canal lent »). Ces myasthénies entrent dans le cadre d’affections<br />

maintenant regroupées sous le terme de canalopathies.<br />

Les différentes mutations aboutissent à différentes anomalies<br />

structurelles du canal cationique et à une altération du transport<br />

ionique transmembranaire lors de l’activation du RACh.<br />

À ce jour, plus de cinquante mutations différentes ont été<br />

décrites et élucidées dans les gènes des sous-unités α, β, δ


Livre.book Page 415 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

ou ε du RACh. Ces différentes mutations ponctuelles ou délétions<br />

affectent autant les domaines transmembranaires que<br />

les domaines intra- ou extracellulaires du RACh nicotinique<br />

et perturbent la transmission synaptique. Certaines de ces<br />

mutations ponctuelles ou délétions augmentent l’affinité de<br />

l’ACh pour son récepteur, aboutissant à une augmentation de<br />

la durée d’ouverture du canal cationique au sein du récepteur<br />

(slow-channel myasthenic syndrome). À l’inverse, les autres<br />

mutations diminuent la vitesse d’ouverture du canal<br />

cationique et accélèrent sa fermeture (fast-channel myasthenic<br />

syndrome). Il en résulte une diminution des potentiels postsynaptiques<br />

et une réduction du taux de canaux ouverts lors<br />

d’une stimulation. Enfin, ces mutations peuvent altérer le site<br />

pentamérique de liaison du RACh. L’anomalie fonctionnelle<br />

des RACh peut cependant être compensée par une augmentation<br />

du nombre de plaques postsynaptiques sur lesquelles ils<br />

sont fixés et/ou une augmentation de la quantité d’ACh libérée<br />

à chaque stimulation. Enfin, lorsque l’anomalie génétique<br />

affecte la sous-unité ε, une persistance de la sous-unité γ<br />

réduit les conséquences phénotypiques. En effet, chez le<br />

fœtus, les RACh musculaires sont constitués de cinq sousunités<br />

(deux sous-unités de type α et une sous-unité respectivement<br />

de type β, γ ou δ). La sous-unité γ est normalement<br />

remplacée par la sous-unité de type ε durant les deux<br />

semaines suivant la naissance. Les myasthénies slow-channel<br />

sont transmises selon un mode dominant autosomique,<br />

quoiqu’une transmission récessive autosomique soit possible<br />

lorsque la mutation porte sur la sous-unité ε du RACh. Les<br />

mutations responsables d’un fast-channel myasthenic syndrome<br />

ou d’un déficit d’expression du RACh sont transmises selon<br />

un mode récessif autosomique [196] .<br />

Gène de la sous-unité α du RACh nicotinique<br />

La myasthénie congénitale et « à canal lent » par mutation<br />

dans le gène de la sous-unité α peut se révéler dès l’enfance ;<br />

elle est alors sévère [197] . Bien souvent, elle débute à l’adolescence<br />

et s’aggrave à l’occasion des grossesses chez la femme.<br />

Le gène de la sous-unité α du RACh a été localisé sur le bras<br />

long du chromosome 2 en 2q24-q31. Ce gène comporte onze<br />

exons et code une protéine de 482 acides aminés. Par épissage<br />

alternatif, la sous-unité α du RACh existe sous deux isoformes<br />

P3A– et P3A+, cette dernière résultant de l’insertion<br />

d’un exon supplémentaire, P3A, compris entre les exons 3<br />

et 4. Ces deux isoformes sont retrouvées en proportions égales<br />

dans le tissu musculaire humain. L’isoforme P3A– n’est<br />

exprimée que dans le muscle, alors que la seconde l’est également<br />

dans le cerveau, le cœur, le rein, le poumon et le thymus.<br />

L’effet de certaines mutations sur l’activité du RACh a<br />

été étudié. La mutation N217K augmente l’affinité du RACh<br />

pour l’ACh et la mutation G153S entraîne une diminution du<br />

taux de dissociation entre l’ACh et son RACh. Ces mutations<br />

maintiennent le canal cationique transmembranaire en position<br />

ouverte ou augmentent sa <strong>fr</strong>équence d’ouverture, aboutissant<br />

à un blocage de la transmission synaptique. À<br />

l’inverse, la mutation V285I est responsable d’un ralentissement<br />

de la vitesse d’ouverture du canal cationique et de sa<br />

fermeture prématurée [226] . Les mutations S269I et V132L<br />

affectent chacune un domaine extracellulaire du RACh impliqué<br />

dans la fixation de l’ACh, tel que la boucle cystéine. La<br />

mutation V132L réduit d’un facteur 30 à 48 la capacité de<br />

fixation d’une première ou d’une seconde molécule d’ACh<br />

sur son RACh, mais seulement d’un facteur 2 l’ouverture du<br />

canal [197] . Un remodelage de la membrane postsynaptique<br />

permet de compenser les conséquences de cette mutation sur<br />

la transmission neuromusculaire.<br />

Gène de la sous-unité β 1 du RACh nicotinique<br />

Le phénotype associé à une mutation dans le gène de la sousunité<br />

β 1 est marqué par l’apparition précoce de manifestations<br />

myasthéniques affectant la musculature oculomotrice,<br />

faciale et des membres. L’évolution se fait vers une aggravation<br />

progressive, sans rémission à l’adolescence. Le gène de<br />

treize exons de la sous-unité β 1 du RACh a été localisé sur le<br />

bras court du chromosome 17, au niveau de la bande<br />

17p13.1 [21] . La mutation affectant le codon 263 est responsable<br />

d’une myasthénie « à canal lent » et du phénotype le plus<br />

sévère puisqu’elle multiplie par huit le temps d’ouverture du<br />

canal cationique et est responsable d’un remodelage de la<br />

membrane postsynaptique. Les délétions dans l’exon 3 et<br />

dans l’exon 8 sont responsables de myasthénies congénitales<br />

récessives autosomiques. Elles entraînent respectivement une<br />

perte d’interaction entre les sous-unités β 1 et δ du RACh et<br />

une anomalie de la surface pentamérique du RACh, ce qui<br />

aboutit à une diminution de fixation de l’ACh [178] .<br />

Gène de la sous-unité δ du RACh nicotinique<br />

L’existence d’une mutation dans le gène de la sous-unité δ du<br />

RACh nicotinique est toujours responsable d’un phénotype<br />

sévère, débutant parfois avant la naissance, avec une réduction<br />

des mouvements fœtaux et une ankylose articulaire à la<br />

naissance. Chez l’enfant ou l’adolescent, l’évolution peut<br />

imposer un déplacement en fauteuil roulant ou causer une<br />

réduction de la capacité respiratoire, pouvant atteindre 25 %,<br />

dont les complications peuvent être mortelles. L’atteinte ophtalmologique,<br />

qu’il s’agisse de ptosis ou de parésies oculomotrices,<br />

est <strong>fr</strong>équente. Le gène de la sous-unité δ a été d’abord<br />

localisé sur le bras long du chromosome 2 en 2q33-q34. Cette<br />

localisation est cependant contestée, le gène étant probablement<br />

en position plus distale, au-delà de la bande q36, éventuellement<br />

en 2q37.1. Au moins quatre mutations et une<br />

microdélétion ont été rapportées au niveau de ce gène de<br />

quatorze exons et 9 477 paires de bases [33] . Brownlow et<br />

Gomez ont rapporté des mutations récessives (S268P et<br />

E59K) responsables d’un syndrome myasthénique congénital<br />

« à canal rapide » [33] . Les autres mutations sont responsables<br />

de myasthénies « à canal lent » [196] .<br />

Gène de la sous-unité ε du RACh nicotinique<br />

Les myasthénies « à canal lent » par mutation du gène de la<br />

sous-unité ε du RACh nicotinique peuvent être transmises<br />

selon un mode récessif autosomique ou dominant autosomique.<br />

Le phénotype de ces myasthénies congénitales « à canal<br />

lent » est caractérisé par un début précoce, dès la période néonatale<br />

ou du moins durant la première année de vie, avec une<br />

atteinte sévère marquée par des épisodes de détresse respiratoire<br />

et la nécessité de se déplacer en fauteuil roulant dès<br />

l’enfance chez un tiers des patients. L’atteinte ophtalmologique,<br />

à type de ptosis et de parésies oculomotrices progressives<br />

et fluctuantes, est constante [4] . D’autres phénotypes ont<br />

été rapportés, avec un début plus tardif, jusqu’à 34 ans, une<br />

aggravation dans l’enfance et l’adolescence ou, à l’inverse,<br />

une rémission vers 10 ans [136] . Le gène de la sous-unité ε, qui<br />

code une protéine de 473 acides aminés et pour un peptide<br />

signal de 20 acides aminés, est localisé sur le chromosome 17,<br />

à 5 cM du gène de la sous-unité β 1 , probablement en 17p13.2.<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 415


Livre.book Page 416 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Les mutations de la sous-unité ε sont volontiers responsables<br />

d’une diminution du nombre de récepteurs postsynaptiques<br />

ou de leur perte de fonction [4, 136] . Il est admis que ces anomalies<br />

sont en partie compensées par une persistance de<br />

l’expression de la sous-unité γ. Elles peuvent également être<br />

responsables de syndromes myasthéniques « à canal lent ».<br />

Myasthénies auto-immunes familiales<br />

L’existence de myasthénies auto-immunes familiales a été<br />

bien étudiée. Les atteintes sont principalement retrouvées<br />

chez des <strong>fr</strong>ères et sœurs, les transmissions parents-enfants<br />

étant plus rares. Cependant, le taux de consanguinité est également<br />

très faible, ce qui n’est pas en faveur d’une transmission<br />

récessive autosomique. Ces myasthénies auto-immunes<br />

familiales ne répondent à aucune forme de transmission mendélienne.<br />

Il est possible qu’il n’existe qu’une prédisposition<br />

liée à l’auto-immunité, en particulier aux haplotypes du système<br />

d’histocompatibilité HLA. En effet, l’association de la<br />

myasthénie à d’autres maladies auto-immunes, troubles<br />

thyroïdiens et thymomes, est <strong>fr</strong>équente. En outre, il a été<br />

démontré une plus grande <strong>fr</strong>équence des haplotypes<br />

HLA DR3-B8-A1 chez des patients atteints d’une myasthénie<br />

auto-immune d’apparition précoce ou associée à une hyperplasie<br />

thymique [77] . En revanche, l’haplotype HLA DR11 est<br />

volontiers associé à la présence d’un thymome. Giraud évoque<br />

l’existence d’une liaison entre le locus HLA D et un locus<br />

qu’il nomme MYAS1 situé sur le chromosome 6 en<br />

6p21.3 [77] . Lors de la myasthénie auto-immune, les auto-anticorps<br />

sont dirigés contre les différentes sous-unités du RACh,<br />

mais principalement contre les sous-unités α et ε. Le thymus<br />

exprime des auto-anticorps contre ces différentes sous-unités,<br />

de même que la sous-unité β 1, mais non la sous-unité δ.<br />

L’apparition de ces auto-anticorps met en jeu de nombreux<br />

systèmes : les cytokines de l’inflammation du groupe Tumor<br />

Necrosis Factor ou la voie du complément.<br />

MYOPATHIE DE DUCHENNE<br />

La myopathie de Duchenne est une maladie essentiellement<br />

musculaire, due à une mutation dans le gène DMD codant la<br />

dystrophine. Les premiers signes de cette affection apparaissent<br />

très précocement, avant l’âge de trois ans. L’atteinte porte<br />

d’abord sur la musculature striée sous forme d’une faiblesse<br />

musculaire responsable de troubles de la marche. Cette<br />

atteinte de la musculature squelettique est d’évolution progressive<br />

mais elle empêche tout déplacement autonome avant<br />

l’âge de dix ans. Ce déficit musculaire contraste avec une<br />

peusdo-hypertrophie musculaire qui résulte du remplacement<br />

du tissu musculaire par un tissu fibreux et adipeux. Un retard<br />

mental peut être observé, mais il ne semble pas corrélé à des<br />

génotypes particuliers. L’atteinte musculaire peut également<br />

concerner la musculature lisse. L’atteinte myocardique est<br />

constante, survenant progressivement au cours de l’évolution<br />

et pouvant aboutir à une défaillance cardiaque. D’autres signes<br />

d’atteintes de la musculature lisse peuvent être observés, en<br />

particulier au niveau digestif. L’atteinte ophtalmologique se<br />

manifeste essentiellement sous la forme d’anomalies du système<br />

scotopique à l’électrorétinogramme, avec une diminution<br />

d’amplitude de l’onde b en condition scotopique alors<br />

que l’onde a est normale et bien que les patients ne se plaignent<br />

pas de cécité nocturne ni de trouble de l’adaptation à<br />

l’obscurité. De plus, s’il n’est observé aucun déficit patent de<br />

la motilité oculaire cliniquement, les enregistrements oculo-<br />

416 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

moteurs mettent en évidence un ralentissement de la vitesse<br />

des saccades, d’autant plus important que la cible à fixer est<br />

plus excentrée [120] . Biochimiquement, il apparaît très tôt une<br />

élévation de la créatine kinase dans le sang, témoignant de la<br />

dégénérescence musculaire. La mort survient vers 20 ans, probablement<br />

du fait de troubles de la régulation potassique.<br />

Les symptômes de la dystrophie musculaire de Becker ne<br />

diffèrent de ceux de la myopathie de Duchenne que par une<br />

apparition plus tardive et un retentissement moindre. L’espérance<br />

de vie est plus longue.<br />

Cette myopathie est transmise selon un mode récessif lié<br />

au chromosome X et affecte principalement les garçons.<br />

Néanmoins, des femmes conductrices peuvent être expressives<br />

et présenter des troubles cardiaques et musculaires, caractéristiques<br />

de la myopathie de Duchenne. Cette présence de<br />

manifestations phénotypiques caractéristiques mais modérées<br />

chez des femmes proviendrait d’un biais dans le phénomène<br />

d’inactivation d’un chromosome X. Le chromosome X inactivé<br />

serait préférentiellement le chromosome porteur de<br />

l’allèle normal chez les femmes symptomatiques alors que<br />

chez les femmes conductrices phénotypiquement indemnes,<br />

le phénomène d’inactivation survient de manière aléatoire.<br />

Ainsi, il existe autant de chromosomes X porteurs de l’allèle<br />

normal que de chromosomes X porteurs du gène muté qui<br />

soient inactivés chez ces femmes conductrices phénotypiquement<br />

indemnes.<br />

Le gène DMD codant la dystrophine, de la famille des<br />

spectrines, est localisé au niveau du bras court du chromosome<br />

X au niveau de la bande Xp21.2. Ce gène possède plusieurs<br />

promoteurs de lecture, chacun d’eux étant spécifique<br />

d’un tissu : muscle, cerveau… La dystrophine peut donc être<br />

retrouvée sous différentes isoformes, chacune étant spécifique<br />

d’un tissu particulier. Les mutations retrouvées sont principalement<br />

des délétions d’un ou plusieurs exons, mais aussi<br />

des mutations ponctuelles ou des duplications. La détection<br />

des grandes délétions peut être réalisée par PCR-multiplexes<br />

avec un taux de sensibilité satisfaisant ou par étude des polymorphismes,<br />

essentiellement des répétitions de séquences<br />

dinucléotidiques. La détection des mutations ponctuelles<br />

reste difficile. Les anomalies génétiques apparues de novo sont<br />

plus <strong>fr</strong>équentes que ne le voudraient les lois de la génétique<br />

chez ces patients. Cette <strong>fr</strong>équence anormale de mutations<br />

apparues de novo pourrait résulter soit d’un taux plus important<br />

de mutations masculines, soit de la présence d’une<br />

mosaïque germinale chez les femmes conductrices.<br />

La forme « musculaire » de la dystrophine se lie d’une part<br />

à l’actine et d’autre part à des protéines et à des glycoprotéines,<br />

l’ensemble formant le complexe dystrophine-glycoprotéine.<br />

Les anomalies génétiques sévères peuvent être<br />

responsables d’une absence ou d’un taux très faible de dystrophine,<br />

aboutissant à la formation d’un complexe altéré et à<br />

des anomalies structurelles du muscle, comme dans la myopathie<br />

de Duchenne. Les anomalies génétiques moins sévères<br />

sont compatibles avec la synthèse d’une dystrophine anormale,<br />

responsable d’un phénotype moins grave, la myopathie<br />

de Becker. Les altérations de la dystrophine et des complexes<br />

qu’elle forme dans le muscle sont responsables d’anomalies<br />

dans la concentration de calcium intracellulaire. L’absence<br />

d’atteinte des muscles oculomoteurs serait le témoin de leur<br />

aptitude à réguler leur concentration en calcium. Les isoformes<br />

Dp71 et Dp260 de la dystrophine s’expriment respectivement<br />

dans la membrane limitante interne et dans les cellules<br />

de Müller de la rétine. Les anomalies électrophysiologiques<br />

retrouvées au cours de la myopathie de Duchenne pourraient


Livre.book Page 417 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

être la conséquence du rôle de protéine de structure et du rôle<br />

de protéine signal de la dystrophine Dp71 et des glycoprotéines<br />

associées à la dystrophine [50] . Une voie de recherche thérapeutique<br />

actuelle consiste à réguler par thérapie génique<br />

une protéine de structure, l’utrophine, dont l’action est voisine<br />

de celle de la dystrophine, qui est capable de diminuer les<br />

manifestations de cette myopathie chez l’animal.<br />

MYOTONIE DE STEINERT<br />

Le phénomène myotonique est caractéristique de cette affection<br />

transmise selon un mode dominant autosomique. Il réalise<br />

une lenteur à la décontraction musculaire associée à une<br />

faiblesse et à une fonte musculaire (fig. 27-18). Tous les muscles<br />

de l’organisme sont impliqués, tout particulièrement les<br />

muscles striés : mains, face, pharynx et muscles oculomoteurs.<br />

Une atteinte des muscles lisses est également possible<br />

aux niveaux digestif et cardiaque. La myotonie de Steinert<br />

débute entre 10 et 30 ans avec une aggravation lorsqu’elle est<br />

transmise par la mère aboutissant parfois à des formes néonatales.<br />

Les manifestations ophtalmologiques et neuro-ophtalmologiques<br />

sont nombreuses : survenue précoce d’une cataracte<br />

et troubles oculomoteurs in<strong>fr</strong>acliniques de nature myotonique<br />

[162] . La cataracte est précoce et peut prendre deux aspects<br />

différents. La cataracte de Vogt, la plus <strong>fr</strong>équente, associe des<br />

petites opacités punctiformes blanchâtres à des cristaux avec<br />

chatoiement polychrome du cortex antérieur et postérieur<br />

(fig. 27-19). La cataracte de Fleisher est caractérisée par des opa-<br />

Fig. 27-18 – La lenteur de décontraction des doigts est le témoin<br />

du phénomène myotonique chez un patient porteur d’une maladie<br />

de Steinert. Noter également l’existence d’un certain degré d’atrophie<br />

musculaire. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

Fig. 27-19 – Présence d’une cataracte de Vogt, caractérisée par<br />

l’existence de multiples opacités avec chatoiement polychrome, chez un<br />

patient porteur d’une maladie de Steinert. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

cités polaires postérieures (fig. 27-20). Il a été rapporté une<br />

hypotonie oculaire ainsi qu’une lenteur du jeu pupillaire<br />

secondaire au phénomène myotonique [10] . Au niveau oculomoteur,<br />

ce phénomène myotonique est responsable d’un ptosis<br />

souvent sévère, avec diminution de l’action du muscle<br />

releveur de la paupière supérieure, et d’une diminution de la<br />

vitesse maximale des saccades, corrélée au nombre de répétitions<br />

des triplets CTG au stade symptomatique [162] . L’atteinte<br />

oculomotrice est moins marquée lors de saccades répétitives<br />

par un mécanisme d’échauffement [222] . Enfin, il a été rapporté<br />

des anomalies maculaires réticulées évolutives, cliniques et<br />

électrophysiologiques, ainsi que des atrophies optiques<br />

bilatérales, parfois uniquement décelables en PEV (fig. 27-<br />

21) [75] .Une calvitie <strong>fr</strong>ontale, une azoospermie, une hypoacousie<br />

et un discret retard mental sont également observés lors<br />

de cette maladie (fig. 27-22).<br />

La myotonie de Steinert est liée à l’augmentation du nombre<br />

de triplets de nucléotides CTG dans le gène d’une protéine<br />

kinase spécifique localisée sur le chromosome 19 en<br />

19q13.2-q13.3 [181] . Le gène de la protéine kinase spécifique de<br />

la maladie de Steinert comporte quinze exons et code une<br />

protéine kinase avec un domaine catalytique et un domaine<br />

hydrophobe spécifique, de localisation cytoplasmique, qui<br />

s’exprime au niveau du muscle, du cœur et du cerveau [173] .<br />

Les allèles mutés comportent une augmentation au-delà de 50<br />

et, parfois, à plus de 2 000 répétitions de triplets nucléotidiques<br />

CTG situées dans la région 3’ non traduite (3’ UTR),<br />

alors que les individus normaux en comportent moins de 30.<br />

Cette affection est dominante autosomique mais il existe une<br />

aggravation, anciennement appelée phénomène d’« anticipation<br />

», par expansion allélique, lorsque la transmission est<br />

maternelle. La maladie apparaît d’autant plus tôt que le nombre<br />

d’allèles est important. Les mécanismes par lesquels cette<br />

augmentation du nombre de triplets non transcrits est responsable<br />

de la maladie de Steinert restent imparfaitement élucidés.<br />

La grande variabilité d’expression phénotypique et le<br />

phénomène d’« anticipation » rendent le conseil génétique<br />

Fig. 27-20 – Chez un autre patient atteint d’une maladie de Steinert,<br />

l’examen cristallinien met en évidence des opacités polaires postérieures<br />

en étoile caractéristiques de la cataracte de Fleischer.<br />

(Collection de J.-L. Dufier.)<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 417


Livre.book Page 418 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

Fig. 27-21 – Opacités finement réticulées maculaires chez un patient<br />

porteur d’une maladie de Steinert. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

très délicat. Le diagnostic anténatal peut être réalisé sur biopsie<br />

de trophoblaste à la douzième semaine d’aménorrhée. Le<br />

diagnostic génétique préimplantatoire est une alternative au<br />

NYSTAGMUS CONGÉNITAL<br />

IDIOPATHIQUE<br />

Le nystagmus congénital idiopathique (NCI) est une anomalie<br />

de la statique oculaire caractérisée par la présence<br />

d’oscillations des globes, apparaissant dès la naissance ou au<br />

cours des trois premiers mois de la vie [1] . Ce NCI persiste<br />

tout au long de la vie et une intervention peut être nécessaire<br />

pour en réduire les conséquences sur la vision [81] . Tous les<br />

modes de transmission peuvent être observés [36, 134] . Néanmoins,<br />

aucune différence phénotypique n’a été retrouvée en<br />

fonction du mode de transmission.<br />

DÉFINITION ET SYMPTOMATOLOGIE<br />

Définition et diagnostic différentiel<br />

Le NCI est caractérisé par la survenue d’oscillations ou<br />

secousses involontaires des globes oculaires, incontrôlables,<br />

spontanées, bilatérales, conjuguées et synchrones. Celles-ci<br />

persistent habituellement à la fermeture des yeux mais peuvent<br />

diminuer de <strong>fr</strong>équence et d’intensité lors de tâches non<br />

visuelles. Un examen ophtalmologique et un bilan électrophysiologique<br />

sont indispensables afin d’éliminer un nystagmus<br />

symptomatique d’une affection sous-jacente [1] . Il en est<br />

de même des examens neuroradiologiques, toujours nécessai-<br />

418 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

Fig. 27-22 – L’existence d’une calvitie d’apparition précoce constitue<br />

une manifestation caractéristique de la maladie de Steinert.<br />

(Collection de J.-L. Dufier.)<br />

V – GÉNÉTIQUE DES MOUVEMENTS ANORMAUX<br />

diagnostic prénatal, admis mais de réalisation difficile. Pour<br />

cette raison, une thérapie prenant l’ARN pour cible pourrait<br />

être envisagée [74] .<br />

res pour éliminer une éventuelle atteinte du système nerveux<br />

central.<br />

Symptomatologie<br />

Il n’y a pas de différences phénotypiques du NCI en fonction<br />

du mode de transmission ou du gène altéré. Le bilan oculomotilographique<br />

est parfois utile pour en préciser les caractéristiques.<br />

Il est généralement congruent, d’amplitude<br />

identique sur les deux yeux. Sa direction est parfois verticale<br />

ou horizonto-rotatoire. Mais chez 95 % des patients, elle est<br />

horizontale. Rarement pendulaire, le NCI se présente avant<br />

tout comme un nystagmus à ressort. Les formes unidirectionnelles<br />

sont plus rares que les formes bidirectionnelles au cours<br />

desquelles le sens de la phase lente change avec la direction<br />

de regard. Deux zones d’inversion peuvent coexister chez un<br />

même patient. Dans la zone neutre ou zone d’inversion du<br />

nystagmus, celui-ci s’atténue ou disparaît, entraînant une<br />

amélioration de l’acuité visuelle que les patients cherchent à<br />

utiliser. Les secousses nystagmiques induisent un glissement<br />

continu des images devant la fovéa, perturbant la fonction<br />

visuelle. Une corrélation a été mise en évidence entre la diminution<br />

de l’acuité visuelle, la <strong>fr</strong>équence et l’amplitude des<br />

secousses nystagmiques et la durée des périodes de fovéation.<br />

Plus le temps de fovéation est augmenté, meilleure est l’acuité<br />

visuelle. Celle-ci est habituellement mieux préservée au cours<br />

du NCI qu’au cours des nystagmus sensoriels. Elle est habi-


Livre.book Page 419 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

tuellement comprise entre 5/10 e et 10/10 e , avec une valeur<br />

moyenne chif<strong>fr</strong>ée à 8/10 e . L’acuité visuelle semble un peu plus<br />

basse dans les formes dominantes autosomiques que dans les<br />

formes liées au chromosome X [36, 109, 110] . Les patients ne perçoivent<br />

pas d’oscillopsies au cours du NCI, sauf s’il apparaît<br />

un nouveau trouble sensoriel tel qu’un strabisme.<br />

Le traitement des NCI repose sur la correction des troubles<br />

de la ré<strong>fr</strong>action déterminés sous cycloplégie atropinique au<br />

ré<strong>fr</strong>acteur automatique. Les lentilles de contact sont mieux<br />

adaptées à leur correction que les lunettes qui induisent des<br />

effets prismatiques lors des secousses nystagmiques. Néanmoins,<br />

des prismes peuvent être préconisés pour recentrer la<br />

zone neutre en position primaire lorsque cette dernière est<br />

peu excentrée, et réduire le torticolis. Le sommet des prismes<br />

doit être dirigé vers la zone neutre. Le Baclofen, qui inhibe la<br />

libération du glutamate, pourrait améliorer l’acuité<br />

visuelle [200] . En cas d’excentration importante de la zone neutre,<br />

celle-ci peut être déplacée chirurgicalement en position<br />

primaire à l’aide de résections et/ou raccourcissements des<br />

quatre muscles horizontaux. Une récession importante des<br />

quatre muscles droits horizontaux peut avoir un effet <strong>fr</strong>einateur<br />

sur l’intensité des secousses nystagmiques.<br />

FRÉQUENCE ET PHYSIOPATHOGÉNIE<br />

La <strong>fr</strong>équence du NCI est estimée à un pour 1 500 naissances<br />

[36] . Le mode de transmission dominant lié au chromosome<br />

X à pénétrance variable est vraisemblablement le plus<br />

<strong>fr</strong>équent [36] .<br />

Plusieurs hypothèses ont été proposées pour en expliquer<br />

la physiopathogénie. Le NCI serait dû à une anomalie de<br />

développement ou de maturation de la commande nerveuse<br />

du système de fixation, sans qu’il soit possible de mettre en<br />

évidence la moindre anomalie du système nerveux central.<br />

On invoque aussi une instabilité de l’intégrateur cérébral responsable<br />

de la stabilité du regard. Cependant, les mécanismes<br />

de fixation semblent être robustes puisque les réflexes de<br />

fixation sont de bonne qualité chez ces patients. De plus, la<br />

<strong>fr</strong>équence et l’intensité du NCI peuvent être accentuées par<br />

les efforts de fixation alors qu’elles diminuent lors de tâches<br />

non visuelles. C’est la raison pour laquelle il a été suggéré<br />

qu’il pourrait résulter d’une anomalie de connexion neuronale<br />

entre le système de fixation et les systèmes cérébraux de stabilisation<br />

oculaire. En fait, il n’a pas été possible d’établir une<br />

corrélation entre les caractéristiques électrophysiologiques de<br />

ce nystagmus congénital et un possible dysfonctionnement<br />

du système oculomoteur.<br />

GÉNÉTIQUE<br />

Modes de transmission<br />

Le NCI peut être transmis selon un mode récessif autosomique,<br />

dominant autosomique, dominant lié au chromosome X<br />

et récessif lié au chromosome X [36] . Dans les formes dominantes<br />

liées au chromosome X, la pénétrance du NCI est<br />

incomplète et varie de 29 à 54 % selon les études chez les<br />

femmes conductrices obligatoires [110] .<br />

Au moins quatre gènes pourraient être responsables du<br />

NCI : le gène NYS2, localisé en 6p12, un deuxième gène<br />

localisé sur le chromosome X au niveau du bras court en<br />

Xp11.4-p11.3, un troisième gène également localisé sur le<br />

chromosome X, mais au niveau de son bras long en Xq26-<br />

q27, et un quatrième gène qui serait localisé au niveau du<br />

bras court du chromosome 7 en 7p11 [36, 110, 113, 156] . Dans la littérature,<br />

le terme NYS1 est utilisé pour définir le gène<br />

Xp11.4-p11.3 ou le gène Xq26-q27 [36, 110] . Enfin, à ce jour,<br />

aucun gène responsable de la transmission récessive autosomique<br />

n’a été localisé.<br />

Les différents loci<br />

Grâce à une étude des polymorphismes de restriction de<br />

l’ensemble du génome, le gène NYS2 associé à la forme de<br />

transmission dominante autosomique a été localisé au niveau<br />

du bras court du chromosome 6, en 6p12 [109] . Aucun candidat<br />

n’y a été identifié.<br />

Une étude réalisée dans une famille comportant douze<br />

patients atteints et dix apparentés sains sur quatre générations<br />

a retrouvé une liaison génétique avec le chromosome X<br />

en Xp11.4. Les gènes de nombreuses pathologies ophtalmologiques<br />

liées au chromosome X sont également localisés au<br />

niveau de ce locus, en particulier celui de la cécité nocturne<br />

congénitale stationnaire (CSNB1), de la dystrophie des cônes<br />

(COD1), de l’atrophie optique liée au chromosome X (OPA2)<br />

et d’une forme de rétinopathie pigmentaire (RP2). On ne sait<br />

pas actuellement si le NCI est lié à une mutation spécifique<br />

au niveau de l’un de ces gènes, ou s’il possède son propre<br />

gène dans cette région du chromosome X.<br />

Un troisième gène du NCI a été retrouvé au locus Xq26q27<br />

dans différentes familles comportant des patients atteints<br />

sur plusieurs générations [110] . Ce gène est situé à proximité du<br />

gène de l’opsine des cônes aux moyennes et grandes longueurs<br />

d’onde [110] . Cette proximité entre les deux gènes explique<br />

probablement l’existence d’une deutéranomalie observée<br />

chez cinq patients et chez treize apparentés non atteints au<br />

sein de la même famille [134] . Plusieurs gènes candidats existent<br />

dont celui de la protéine SLC25A14, ou brain mitochondrial<br />

carrier protein-1. Il s’agit d’une protéine s’exprimant dans le<br />

cerveau et intervenant dans les phénomènes de découplage<br />

de la phosphorylation au sein des mitochondries. Un homologue<br />

de ce gène (UPC4) est situé au niveau du bras court du<br />

chromosome 6, à proximité du locus du gène du nystagmus<br />

congénital dominant (NYS2). Néanmoins, aucune mutation<br />

n’a pu être mise en évidence au niveau de ce gène chez quatre<br />

patients issus de quatre familles différentes liées au locus<br />

Xq26-q27 [109] . Aucune mutation des gènes CDR1 et SOX3 n’a<br />

non plus été retrouvée.<br />

Enfin, dans plusieurs familles, une liaison génétique au<br />

chromosome 6 a pu être exclue alors que des transmissions<br />

père-fils ont éliminé une transmission liée au chromosome X.<br />

C’est la raison pour laquelle l’existence d’un quatrième gène a<br />

été avancée [113, 156] . Dans une famille, une translocation équilibrée<br />

entre les chromosomes 7 et 15, t(7p11;15q11), a été<br />

identifiée, permettant d’incriminer l’un ou l’autre de ces chromosomes.<br />

L’analyse d’une autre famille a exclu une liaison<br />

génétique avec les loci 6p12 et 15q11 ; en revanche, elle a<br />

confirmé l’existence d’une liaison avec le bras court du chromosome<br />

7, en 7p11 [113] .<br />

NYSTAGMUS SYMPTOMATIQUES<br />

ET NON CONGÉNITAUX<br />

Le nystagmus congénital idiopathique doit être distingué du<br />

nystagmus congénital d’origine sensorielle dont le mode de<br />

présentation est identique [1] . Ce dernier est associé à une<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 419


Livre.book Page 420 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

déficience visuelle, elle-même volontiers d’origine génétique,<br />

qu’il s’agisse de cataracte congénitale, d’aniridie avec hypoplasie<br />

maculaire, des différentes formes d’albinisme, de dystrophies<br />

rétiniennes précoces, comme l’amaurose congénitale<br />

de Leber, de cécité nocturne congénitale stationnaire dans sa<br />

forme liée au chromosome X, d’achromatopsie congénitale<br />

ou de monochromatisme aux cônes bleus, d’atrophie optique<br />

récessive ou de malformations papillaires, colobome ou<br />

hypoplasie [1] . Il faut également éliminer une atteinte du système<br />

nerveux central, quelle qu’en soit l’origine et qui peut se<br />

manifester par un nystagmus pouvant en imposer pour un<br />

nystagmus congénital idiopathique.<br />

Il faut évoquer à part le nystagmus dit « précoce », apparaissant<br />

dans l’enfance et qui est secondaire à des anomalies<br />

cérébelleuses, probablement au niveau du floculus. Ce nystagmus<br />

est volontiers associé à un strabisme. Il est transmis<br />

selon le mode dominant autosomique et est lié au chromosome<br />

13 [179] . Le gène responsable, dénommé NYS4, est localisé<br />

sur le bras long du chromosome 13, en 13q31-q33.<br />

MALADIE DE PELIZAEUS-MERZBACHER<br />

Depuis sa description en 1885, trois formes de la maladie de<br />

Pelizaeus-Merzbacher (MPM) dont la transmission est récessive<br />

liée au chromosome X [184] ont été identifiées.<br />

La forme I correspond à la forme la plus classique de cette<br />

affection, débutant dans la prime enfance par l’apparition<br />

d’un nystagmus particulier et d’un syndrome extrapyramidal.<br />

Chez ces enfants, on observe un nystagmus pendulaire ellipsoïdal<br />

associé à un nystagmus battant vers le haut et à un<br />

dodelinement de la tête pouvant évoquer un spasmus nutans.<br />

Il apparaît une perte des acquisitions aboutissant à un retard<br />

mental, une ataxie et des signes cérébelleux, des mouvements<br />

choréo-athétosiques et une spasticité. Tardivement, le nystagmus<br />

peut s’atténuer ou disparaître alors qu’apparaît une<br />

atrophie optique. Le décès survient à l’adolescence. La<br />

deuxième forme est caractérisée par un début très précoce et<br />

une évolution rapide aboutissant au décès dans l’enfance. La<br />

troisième forme présente une évolution intermédiaire.<br />

Le bilan IRM montre des anomalies de la myélinisation<br />

sans anomalie de la substance blanche. Ce bilan est intéressant<br />

pour la détection des femmes conductrices chez lesquelles<br />

il met en évidence des hypersignaux de la substance<br />

blanche périventriculaire [20] . Quelques rares cas de femmes<br />

symptomatiques ont été rapportés.<br />

Le gène responsable de cette affection a été localisé en<br />

Xq22. Ce gène de sept exons code une protéine très conservée<br />

entre les espèces, dénommée protéolipide protéine (PLP),<br />

un constituant de la myéline dont il existe deux isoformes<br />

(PLP1 et DM20). C’est la raison pour laquelle la myélinisation<br />

est anormale. Les mutations ou autres anomalies de ce gène<br />

peuvent être responsables d’un autre syndrome, la paraplégie<br />

spastique liée au chromosome X. De multiples anomalies<br />

génétiques ou chromosomiques ont été retrouvées chez des<br />

patients porteurs de MPM au niveau de ce gène. Plusieurs<br />

mutations ponctuelles ont été décrites, mais l’anomalie la<br />

plus <strong>fr</strong>équente, retrouvée chez 60 à 70 % des enfants, est la<br />

duplication du gène PLP, survenant souvent à la suite d’une<br />

translocation. L’existence d’une délétion ne serait pas viable<br />

sauf lorsqu’elle est de petite taille [99] . Il est admis que les<br />

mutations sont responsables des formes les plus sévères de<br />

MPM alors que les duplications du gène PLP ne donnent que<br />

des formes classiques ou modérées.<br />

420 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

La transmission est récessive liée au chromosome X. Le<br />

taux de mutations retrouvé chez les mères est conforme à ce<br />

qui est attendu dans ce mode de transmission. Mais, dans<br />

plus de 90 % des cas, les mères sont conductrices de la duplication.<br />

Ces anomalies géniques surviennent entre la génération<br />

maternelle et grand-parentale avec un biais masculin [138] .<br />

Elles proviennent dans la majorité des cas des cellules germinales<br />

du grand-père maternel de l’enfant.<br />

Certains patients présentent un tableau clinique identique<br />

à celui de la MPM, mais dont la transmission est récessive<br />

autosomique. Cette variante de la MPM est due à la présence<br />

de mutations dans le gène GJA12, situé en 1q41-q42 et<br />

codant une connexine (connexine 46.2) [216] . Cette protéine<br />

retrouvée au niveau des gap-junctions, s’exprime particulièrement<br />

au niveau des oligodendrocytes. Une autre variante de<br />

la MPM serait transmise selon un mode récessif lié au chromosome<br />

X, mais ne serait pas causée par des mutations dans<br />

le gène de la PLP.<br />

MALADIE D’ALEXANDER<br />

La maladie d’Alexander est une maladie rare, secondaire à<br />

une anomalie astrocytaire plutôt qu’à une leucodystrophie. Il<br />

en existe trois formes, infantile, juvénile et adulte, selon l’âge<br />

de début, caractérisées par des troubles neurologiques et<br />

neuro-ophtalmologiques.<br />

La forme infantile qui débute dès la première année associe<br />

des manifestations neuro-ophtalmologiques à type d’atrophie<br />

optique à un retard psychomoteur, des crises comitiales,<br />

une hydrocéphalie et une macrocéphalie [126] . Le décès survient<br />

en quelques mois. Dans les formes juvénile et adulte,<br />

d’évolution plus lente et sans déficit intellectuel, les manifestations<br />

neuro-ophtalmologiques s’intègrent dans le cadre de<br />

dysfonctionnements bulbaires et pseudobulbaires : nystagmus<br />

à ressort et nystagmus parétique, anomalie des mouvements<br />

de poursuite et du nystagmus optocinétique, ptosis et<br />

ondes carrées en électromotilographie [126] . On observe par<br />

ailleurs une paralysie faciale et une atrophie linguale. Le diagnostic<br />

de maladie d’Alexander — qui reposait sur la mise en<br />

évidence de lésions de démyélinisation et de fibres de Rosenthal<br />

dans les astrocytes sur des pièces de biopsie cérébrale —<br />

peut être affirmé en IRM devant la présence d’au moins quatre<br />

des cinq signes suivants : anomalies de la substance blanche<br />

à prédominance <strong>fr</strong>ontale, présence d’hypersignaux<br />

périventriculaires en T1 et d’hyposignaux en T2, anomalie de<br />

signal des ganglions de la base, anomalie de signal du tronc<br />

cérébral et anomalie du contraste entre les structures blanches<br />

et grises. Le LCR met en évidence une augmentation des βcristallines.<br />

Les fibres de Rosenthal renferment une grande<br />

quantité de protéine fibrillaire gliale acide (PFGA), d’origine<br />

astrocytaire [101] . Cette protéine entre dans la constitution de<br />

filaments astrocytaires intracytoplasmiques et intervient dans<br />

les phénomènes de myélinisation. Les patients atteints présentent<br />

à l’état hétérozygote l’une des mutations dans le gène<br />

(17q21) codant cette protéine, mais généralement apparues de<br />

novo. Néanmoins, une transmission récessive ou dominante<br />

autosomique avec mosaïque germinale est évoquée dans certaines<br />

formes familiales. Un diagnostic prénatal, reposant sur<br />

la recherche de mutations dans le gène de cette protéine, peut<br />

être proposé à chaque nouvelle grossesse dans les familles de<br />

patients atteints. Il semble que ces mutations soient responsables,<br />

par gain de fonction, de l’accumulation de PFGA non<br />

intégrées dans les filaments astrocytaires du cytoplasme et<br />

auraient, de ce fait, un effet toxique.


Livre.book Page 421 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

VI – GÉNÉTIQUE DES ANOMALIES DU SYSTÈME NERVEUX<br />

GANGLIOSIDOSES<br />

Cet ensemble de maladies métaboliques entre dans le cadre<br />

des sphingolipidoses. Selon le déficit enzymatique, l’accumulation<br />

concerne soit la forme GM1 du ganglioside (gangliosidose<br />

GM1), soit la forme GM2 (gangliosidose GM2). Les<br />

gangliosidoses GM1 sont causées par un déficit en gangliosido-β-galactosidase.<br />

Les gangliosidoses GM2 sont secondaires<br />

à un déficit en β-hexosaminidase, enzyme dimérique<br />

existant sous trois formes. La forme A est constituée d’une<br />

sous-unité α et d’une sous-unité β alors que la forme B est<br />

composée de deux sous-unités β [170] . La forme S correspond à<br />

l’homodimère composé de deux sous-unités α. Il existe plusieurs<br />

types de gangliosidoses, en fonction du gène muté et<br />

de l’activité résiduelle de l’enzyme, ce qui conditionne l’âge<br />

d’apparition de la symptomatologie.<br />

GANGLIOSIDOSES GM2<br />

Maladie de Tay-Sachs<br />

La maladie de Tay-Sachs est une gangliosidose GM2 de<br />

type 1, transmise selon un mode récessif autosomique. Cette<br />

maladie métabolique rare aboutit à l’accumulation de ganglioside<br />

GM2 au niveau des neurones, qui prennent un aspect<br />

ballonisé lors des études histologiques post mortem. Cliniquement,<br />

cette accumulation aboutit à des manifestations neurologiques<br />

d’apparition très précoce, vers l’âge de deux ou trois<br />

mois, avec une perte des acquisitions. La survenue d’une<br />

réaction anormale aux bruits sous forme de sursauts excessifs<br />

en extension — les clonies audiogènes —, est très caractéristique<br />

et est observée dès le stade initial de la maladie. Il s’y<br />

associe un syndrome pyramidal bilatéral, des convulsions et<br />

un tableau de démence. Le décès survient vers l’âge de trois<br />

ou quatre ans en moyenne [231] . Les manifestations ophtalmologiques<br />

et neuro-ophtalmologiques sont constantes, aboutissant<br />

précocement à la cécité (fig. 27-23). L’accumulation du<br />

ganglioside GM2 blanchâtre au niveau des cellules ganglionnaires<br />

permet d’expliquer la teinte anormalement blanc grisâ-<br />

Fig. 27-23 – Enfant porteur d’une maladie de Tay-Sachs, responsable de<br />

cécité. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

tre de la région périfovéolaire qui tranche avec la coloration<br />

normale rouge sombre de la région fovéolaire (fig. 27-24).<br />

Cette région, dépourvue de cellules ganglionnaires, garde sa<br />

coloration normale, donnant l’aspect de tache rouge cerise.<br />

L’angiographie est le plus souvent normale, de même que<br />

l’ERG. Enfin, ces enfants développent une atrophie optique.<br />

Les études en IRM ont retrouvé la présence d’anomalies de<br />

signal au niveau des noyaux gris centraux dès les premiers<br />

stades de la maladie. À un stade avancé, il est en outre<br />

observé une atrophie corticale importante associée à des anomalies<br />

de signal de la substance blanche [144] .<br />

La maladie de Tay-Sachs est due à un déficit en sousunité<br />

α de la β-hexosaminidase A, enzyme lysosomale. Seule<br />

cette forme hétérodimérique A, associée à un activateur<br />

GM2, possède la capacité de dégrader le GM2 [231] . Ce déficit<br />

est la conséquence de la présence de différentes mutations<br />

dans le gène de la sous-unité α de la β-hexosaminidase A [164] .<br />

Ce gène de quatorze exons est localisé sur le chromosome 15,<br />

en 15q23-q24. Plus de 80 mutations ont été rapportées, tant<br />

au niveau des exons que des introns, et sont responsables<br />

d’une perte plus ou moins importante de l’activité de la sousunité<br />

α de la β-hexosaminidase A. Les mutations associées à<br />

la maladie de Tay-Sachs entraînent une absence presque<br />

totale de l’activité de la sous-unité α de cette enzyme. Par<br />

ailleurs, plusieurs de ces mutations sont plus volontiers<br />

retrouvées dans la population ashkénaze polonaise, au sein<br />

de laquelle cette maladie est particulièrement <strong>fr</strong>équente du<br />

fait du fort taux de consanguinité.<br />

Il est possible de mesurer l’activité de la β-hexosaminidase<br />

A vis-à-vis de différents substrats (4-méthylumbelliféryl-β-D-<br />

N-acétylglucosamine, ou 4MUG, et 4-méthylumbelliferyl-β-<br />

D-N-acétylglucosamine-6-SO4, ou 4MUGS) à partir du sang.<br />

Mais il est également possible de pratiquer une recherche de<br />

Fig. 27-24 – Chez le même patient qu’à la figure 27-23, l’accumulation<br />

du ganglioside GM2 au niveau des cellules ganglionnaires est<br />

responsable de la teinte blanchâtre de la rétine, hormis au niveau<br />

fovéolaire. La fovéa, dépourvue de cellules ganglionnaires, a pris, par<br />

contraste un aspect de tache rouge cerise. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 421


Livre.book Page 422 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

mutations, en particulier lors de dépistages prénataux, lorsque<br />

l’anomalie génétique s’accompagne de la préservation d’une<br />

certaine activité enzymatique.<br />

Variants de la maladie de Tay-Sachs<br />

Il faut citer le variant B1 de la maladie de Tay-Sachs, dont les<br />

manifestations cliniques sont peu différentes de la forme classique.<br />

L’activité de la β-hexosaminidase A est normale lors<br />

des tests usuels vis-à-vis de substrats neutres (4MUG) alors<br />

qu’elle est effondrée vis-à-vis de son substrat naturel ou d’un<br />

substrat chargé négativement (4MUGS) [32] . Les mutations<br />

modifieraient des acides aminés situés près du site de liaison<br />

de la sous-unité α à son substrat, gênant ainsi la fixation du<br />

substrat ou son hydrolyse.<br />

Le variant AB de la maladie de Tay-Sachs correspond à<br />

une déficience du gène de l’activateur GM2, dont le gène est<br />

situé sur le bras long du chromosome 5. La présentation clinique<br />

de cette forme est identique à celle de la maladie de Tay-<br />

Sachs, tant au point de vue de l’âge de début qu’en ce qui<br />

concerne les manifestations neurologiques, dont les clonies<br />

audiogènes, qu’ophtalmologiques avec présence d’une tache<br />

rouge cerise. L’activité de la β-hexosaminidase A et de la βhexosaminidase<br />

B est normale.<br />

Autres gangliosidoses GM2<br />

La forme juvénile de la gangliosidose GM2, dite de type 3,<br />

diffère de la maladie de Tay-Sachs par un âge d’apparition<br />

plus tardif. Les premières manifestations neurologiques à<br />

type d’ataxie cérébelleuse apparaissent après l’âge de 3 ans.<br />

L’évolution se fait vers une régression des acquisitions et un<br />

tableau de démence. Les manifestations ophtalmologiques, à<br />

type d’atrophie optique ou de tache rouge cerise sont inconstantes<br />

et tardives. Il en est de même de la cécité qui est tardive.<br />

Le décès, parfois retardé au-delà de l’âge de 25 ans,<br />

survient le plus souvent vers l’âge de 15 ans. Il n’existe pas de<br />

véritable <strong>fr</strong>ontière entre cette forme et celle de l’adulte dont<br />

l’âge d’apparition est plus tardif et dont l’évolution est plus<br />

lente.<br />

Les manifestations neurologiques de la forme de l’adulte<br />

de la gangliosidose GM2 peuvent en imposer pour une atrophie<br />

spinale puisque cette affection associe de façon variée<br />

une ataxie cérébelleuse, des troubles de l’équilibre et des déficits<br />

musculaires proximaux avec fasciculation, anomalies de<br />

l’EMG et des CPK. En revanche, les troubles intellectuels<br />

seraient moins marqués que dans la forme juvénile [102] . Enfin,<br />

il est rapporté des troubles oculomoteurs à type d’ataxie,<br />

d’ophtalmoplégie internucléaire ou de paralysie supranucléaire<br />

[97] . En revanche, il n’existe ni cécité ni surcharge rétinienne.<br />

Enfin, la surcharge en ganglioside peut concerner<br />

d’autres tissus, comme en témoignent certaines descriptions<br />

de biopsies de tissus digestifs [102] .<br />

Les formes juvénile et de l’adulte de gangliosidose GM2<br />

sont l’une et l’autre secondaires à la présence de mutations<br />

dans le gène de la sous-unité α de la β-hexosaminidase A. Les<br />

mutations retrouvées chez les patients ne sont responsables<br />

que d’un déficit enzymatique partiel. Plus ce déficit est important,<br />

plus les manifestations cliniques débutent précocement.<br />

Maladie de Sandhoff<br />

Cette gangliosidose GM2, encore dénommée variant 0, peut<br />

également être considérée comme une cérébrosidose. Elle<br />

422 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

existe sous plusieurs formes selon son âge d’apparition. Le<br />

type 1 de la maladie de Sandhoff est cliniquement peu différent<br />

de la maladie de Tay-Sachs. En effet, elle débute au<br />

cours de la première année de vie et associe des troubles neurologiques<br />

à type de déficit moteur progressif, de crises<br />

convulsives, de détérioration mentale et de surdité, à des<br />

troubles ophtalmologiques. La cécité est en effet constante au<br />

cours de l’évolution de la maladie de Sandhoff et le fond<br />

d’œil montre une tache rouge cerise maculaire chez ces<br />

patients. Le décès survient entre 2 et 3 ans.<br />

Ce tableau neurodégénératif est secondaire à une surcharge<br />

neuronale en globosides et en ganglioside GM2 du fait d’un<br />

déficit en β-hexosaminidase A (hétérodimère comportant une<br />

sous-unité α et β) et β-hexosaminidase B (homodimère comportant<br />

deux sous-unités β). En effet, les mutations responsables<br />

de cette affection concernent le gène de la sous-unité β de<br />

la β-hexosaminidase, localisé sur le chromosome 5, en 5q13.<br />

Cette affection n’est pas l’apanage de la population ashkénaze.<br />

Il existe également une forme juvénile (type 2) dont l’âge<br />

d’apparition est plus tardif, entre 3 et 11 ans ; elle est compatible<br />

avec une survie plus longue, jusqu’à l’âge adulte [154] . Les<br />

manifestations cliniques sont principalement neurologiques, à<br />

type d’ataxie cérébelleuse, de déficit musculaire proximal<br />

progressif et de détérioration mentale. Les manifestations ophtalmologiques,<br />

en particulier la tache rouge cerise, sont inconstamment<br />

rapportées. Enfin, la forme adulte revêt surtout la<br />

forme d’un déficit moteur évoquant une atteinte de la corne<br />

antérieure de la moelle. Il n’existe ni détérioration ni cécité. Ces<br />

deux formes de la maladie de Sandhoff sont dues à la présence<br />

de mutations dans le gène de la sous-unité β de la β-hexosaminidase,<br />

différentes de celles observées lors de la forme infantile.<br />

GANGLIOSIDOSES GM1<br />

La gangliosidose GM1, ou gangliosidose généralisée, est une<br />

maladie métabolique transmise selon un mode récessif autosomique<br />

qui existe sous trois formes (types 1, 2 et 3).<br />

Cette pathologie est due à un déficit en gangliosido-β-galactosidase<br />

et aboutit à une accumulation précoce de gangliosides<br />

GM1 dans de nombreux tissus de l’organisme : tissu nerveux,<br />

cardiaque, hépatique, splénique et rénal. C’est la raison pour<br />

laquelle les premières manifestations de cette affection apparaissent<br />

dès les premières semaines de vie. Les patients atteints<br />

développent des troubles neurologiques à type d’hypotonie et<br />

de détérioration mentale, d’hépatosplénomégalie et d’insuffisance<br />

rénale. La présence d’une tache rouge cerise au niveau de<br />

la macula est présente chez tous les patients selon Giugliani [78] .<br />

Enfin, on reconnaît ces patients par leur faciès en gargouille<br />

évocateur de maladie de Hurler et des anomalies cutanées à<br />

type d’angiokératomes ou de mélanocytoses cutanée [89] . Le<br />

décès survient avant la troisième année de vie dans cette forme<br />

infantile (GM1 de type 1). Celle-ci est liée à un déficit des trois<br />

isoformes A, B et C de la gangliosido-β-galactosidase qui clive<br />

une molécule de galactose du GM1. De nombreuses mutations<br />

du gène de cette enzyme, localisée sur le chromosome 3, en<br />

3p21.33, ont été rapportées.<br />

Il n’existe aucune manifestation viscérale au cours de la<br />

forme juvénile de la GM1 (ou GM1 de type 2) dont les premières<br />

manifestations neurologiques n’apparaissent que vers<br />

l’âge de 2 ans et sont d’évolution très progressive. La dégradation<br />

neurologique aboutit au décès vers l’âge de 10 ou 15 ans.<br />

Le déficit enzymatique ne porte que sur les isoformes B et C<br />

de la gangliosido-β-galactosidase. La GM1 de type 3, ou


Livre.book Page 423 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

forme adulte de la GM1, débute tardivement, entre 10 et<br />

20 ans et est d’évolution prolongée. Les patients porteurs de<br />

cette forme de GM1 présentent des manifestations neurologiques<br />

à type d’ataxie cérébelleuse, de mouvements anormaux<br />

et de détérioration mentale, et des anomalies cutanées. Une<br />

baisse d’acuité visuelle peut être observée. En revanche, la<br />

rétine est indemne de toute lésion de surcharge.<br />

SYNDROME D’AICARDI<br />

Décrit en 1969 par Aicardi, ce syndrome, transmis selon un<br />

mode dominant lié au chromosome X, est léthal chez le garçon.<br />

Il n’est observé que chez les filles. Hopkins a rapporté le<br />

seul cas masculin chez un garçon qui avait deux chromosomes<br />

X du fait d’un syndrome de Klinefelter associé.<br />

Les principales manifestations du syndrome d’Aicardi sont<br />

neurologiques. Chez les filles atteintes, une comitialité à type<br />

de spasmes en flexion apparaît dans les premières semaines de<br />

vie, associée à un retard psychomoteur dont l’importance est<br />

extrêmement variable. L’acquisition du langage et de la marche<br />

est souvent impossible. Il existe une corrélation entre le<br />

niveau de contrôle de la comitialité et la profondeur du retard<br />

psychomoteur. Des tumeurs cérébrales, principalement des<br />

papillomes des plexus choroïdes, ont été rapportées, parfois<br />

associées à des tumeurs bénignes ou malignes extracérébrales<br />

[212] . Plus d’un tiers des patients sont également porteurs<br />

d’anomalies vertébrales ou costales. Les lacunes<br />

choriorétiniennes arrondies « à l’emporte-pièce », pseudotoxoplasmiques,<br />

surtout lorsqu’elles sont localisées dans la région<br />

péripapillaire, constituent une manifestation ophtalmologique<br />

quasi pathognomonique (fig. 27-25). L’EEG retrouve des anomalies<br />

comitiales multifocales et asynchrones entre les deux<br />

hémisphères survenant par bouffées (hypsarythmie). Les examens<br />

neuroradiologiques retrouvent l’agénésie du corps calleux<br />

complète chez 72 % des enfants, ou simplement partielle,<br />

qui constitue l’un des signes cardinaux de ce syndrome<br />

Fig. 27-25 – Présence de plusieurs lacunes choriorétiniennes « à<br />

l’emporte-pièce » péripapillaires chez une fille porteuse d’un syndrome<br />

d’Aicardi. Ces lacunes d’allure pseudotoxoplasmiques sont très<br />

caractéristiques de ce syndrome. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

(fig. 27-26). Ils mettent également en évidence des anomalies<br />

de la gyration, des dilatations ventriculaires, des malformations<br />

de Dandy-Walker, des kystes arachnoïdiens [174] .<br />

La mise en évidence d’anomalies chromosomiques, en particulier<br />

de translocations affectant la région 22 du bras court<br />

du chromosome X, a permis de localiser le gène responsable<br />

du syndrome d’Aicardi. Toutes les filles atteintes de ce syndrome<br />

sont porteuses d’une mutation apparue de novo. La<br />

présence d’une mutation dans la région p22 du chromosome<br />

X est responsable des avortements du premier trimestre<br />

chez le garçon. L’inactivation d’un chromosome X surviendrait<br />

de manière aléatoire et ne toucherait pas de manière<br />

préférentielle le chromosome X muté. Cette inactivation aléatoire<br />

est paradoxale compte tenu du mode de transmission.<br />

Hoag a proposé plusieurs hypothèses pour expliquer cette<br />

discordance. Le produit du gène muté pourrait être léthal<br />

chez les garçons et responsable du syndrome d’Aicardi chez<br />

les filles hétérozygotes. Une autre hypothèse serait que la<br />

mutation pourrait entraîner une anomalie d’inactivation du<br />

chromosome X, en particulier dans cette région Xp22. En<br />

effet, l’absence d’inactivation des gènes situés en Xp22 sur<br />

l’un des deux chromosomes X a déjà été rapportée et n’est<br />

pas léthale, mais responsable de troubles mentaux et physiques<br />

sévères par surexpression des gènes. Dans un tel cas,<br />

seules les filles sont atteintes [94] , tous les garçons étant phénotypiquement<br />

sains.<br />

DYSAUTONOMIE FAMILIALE<br />

DE RILEY-DAY<br />

Riley a décrit en 1949 une alacrymie congénitale de cause<br />

inconnue. Elle n’a été rattachée à une anomalie du système<br />

nerveux autonome que plusieurs années plus tard, ce qui a justifié<br />

le terme de dysautonomie familiale. Cette dysautonomie<br />

transmise selon un mode récessif autosomique est presque<br />

exclusivement retrouvée chez des patients d’origine ashkénaze<br />

[161] . Elle est due à la présence de mutations dans le gène<br />

IKBKAP qui code une protéine associée à un complexe kinase.<br />

Fig. 27-26 – Chez la même patiente qu’à la figure 27-25, le scanner<br />

cérébral permet de confirmer l’agénésie du corps calleux.<br />

(Collection de J.-L. Dufier.)<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 423


Livre.book Page 424 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

CLINIQUE<br />

La dysautonomie familiale de Riley-Day entre dans le cadre<br />

des neuropathies héréditaires sensitives et dysautonomiques<br />

dont il existe cinq formes. Elle est encore dénommée HSAN3.<br />

Elle aboutit à la dégénérescence sélective des nerfs sensitifs et<br />

du système nerveux autonome (SNA). Elle se manifeste donc<br />

par des manifestations générales traduisant l’absence de régulation<br />

du SNA : troubles du rythme cardiaque, poussées<br />

d’hypertension artérielle paroxystique, d’hypotension orthostatique,<br />

troubles de la microcirculation, pouvant évoquer un<br />

syndrome de Raynaud, et bouffées érythémateuses du<br />

visage [210] . L’aréflexie tendineuse doit être rattachée à la neuropathie<br />

sensorielle. Chez ces patients, une labilité émotionnelle<br />

témoigne également du dysfonctionnement cérébral.<br />

L’atteinte ophtalmologique est marquée par une absence de<br />

sécrétion lacrymale, résultant du dysfonctionnement du SNA,<br />

et par une anesthésie cornéenne secondaire à la dégénérescence<br />

des nerfs sensitifs (fig. 27-27). Des neuropathies optiques<br />

d’apparition tardive ont été rapportées [210] . Il a également<br />

été décrit une perte des papilles linguales responsable de troubles<br />

du goût et une cypho-scoliose sévère pouvant nécessiter<br />

une prise en charge chirurgicale [210] . L’instillation conjonctivale<br />

de chlorydrate de métacholine, provoquant un myosis, et<br />

l’injection sous-cutanée d’histamine n’entraînant aucune réaction<br />

cutanée, constituent deux tests pharmacologiques décisifs<br />

pour le diagnostic. Le décès survient généralement brutalement<br />

chez des adultes jeunes du fait d’accidents cardiovasculaires<br />

ou de complications bronchopulmonaires liées aux<br />

troubles de la déglutition. Les progrès thérapeutiques et de la<br />

chirurgie permettent d’améliorer la survie.<br />

Fig. 27-27 – Dysautonomie de Riley-Day. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

GÉNÉTIQUE<br />

L’origine ashkénaze fait partie des critères diagnostiques de la<br />

dysautonomie familiale de Riley-Day, du fait de l’effet fondateur<br />

d’une mutation au sein de cette population. Néanmoins,<br />

cette affection peut s’observer en dehors de ce contexte ethnique<br />

[117] . Blumenfeld a localisé le gène de cette affection au<br />

niveau du bras long du chromosome 9. Les études ultérieures<br />

réalisées à l’aide de marqueurs et d’analyses de polymorphisme<br />

ont permis d’affiner la localisation du gène situé dans<br />

la bande 9q31 [26] . Un haplotype retrouvé sur plus de 98,5 %<br />

des chromosomes de patients atteints a été identifié dans cette<br />

région. La méthode du gène candidat appliquée aux différents<br />

gènes présents dans cette région a permis de retrouver deux<br />

424 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

mutations dans le gène IKBKAP chez des patients porteurs<br />

d’une dysautonomie familiale de Riley-Day [198] . Plus de 99 %<br />

des allèles mutés portent la même mutation [198] . Celle-ci est<br />

située dans l’intron 20 et aboutit, par anomalie d’épissage, à la<br />

synthèse d’une protéine anormale au niveau du système nerveux<br />

central. La seconde mutation, dans l’exon 19, altère le site<br />

de phosphorylation de la protéine. Les mécanismes physiopathologiques<br />

par lesquels les mutations aboutissent à la dégénérescence<br />

nerveuse sont encore mal connus. Un diagnostic<br />

prénatal est possible dans les familles à risque [68, 155] .<br />

ANOMALIES CONGÉNITALES<br />

DE LA PAPILLE OPTIQUE<br />

Les anomalies congénitales de la papille apparaissent généralement<br />

sporadiques. Une cause accidentelle, infectieuse ou<br />

toxique est d’ailleurs <strong>fr</strong>équemment invoquée. Néanmoins, il a<br />

été rapporté des formes génétiques de malformation papillaire,<br />

quelle qu’en soit la présentation clinique, ce qui souligne<br />

la nécessité d’examiner systématiquement les deux<br />

parents et la <strong>fr</strong>atrie à la recherche d’anomalies minimes de la<br />

papille (cf. chapitre 4).<br />

Les colobomes papillaires sont des anomalies généralement<br />

bilatérales mais pouvant être asymétriques. Lorsqu’ils<br />

ont une composante héréditaire, les colobomes des nerfs<br />

optiques sont transmis selon un mode dominant autosomique<br />

et sont dus à des mutations dans deux gènes de la famille<br />

PAX (cf. chapitres 5 et 6). Les mutations du gène PAX2, localisé<br />

sur le chromosome 10 à la limite des bandes q24.3 et<br />

q25.1 (10q24.3-q25.1), sont responsables du syndrome oculorénal<br />

associant, outre le colobome papillaire, une insuffisance<br />

rénale progressive aboutissant à la mise en dialyse [12, 48] . Des<br />

mutations du gène PAX6 ont également été retrouvées chez<br />

des patients porteurs de colobomes papillaires et choriorétiniens,<br />

de papilles « en fleur de liseron » (morming glory syndrome)<br />

et même d’hypoplasie des nerfs optiques ou d’aplasie<br />

des nerfs optiques [15] . La papille en « fleur de liseron » est<br />

généralement unilatérale mais peut s’associer à un autre type<br />

d’anomalie papillaire sur l’œil controlatéral. Elle résulterait<br />

d’un défaut de maturation de la sclère dans sa portion postérieure<br />

et de la partie adjacente des gaines du nerf optique,<br />

mais sa pathogénie reste controversée. L’aplasie du nerf optique<br />

est volontiers unilatérale. La papille apparaît alors<br />

absente ou pâle ou encore excavée, suggérant fortement une<br />

involution du nerf optique. L’absence de vascularisation rétinienne<br />

d’une part et l’absence de tout nerf optique au sein de<br />

l’orbite en IRM d’autre part confirment le diagnostic. Il est<br />

rare que l’hypoplasie des nerfs optiques, — habituellement<br />

bilatérale puisque l’atteinte unilatérale n’est notée que dans<br />

7 % des cas — reste isolée sans qu’aucune anomalie cérébrale<br />

ne puisse être mise en évidence. En effet, elle peut s’intégrer<br />

dans le cadre du syndrome de De Morsier, dont l’origine<br />

génétique est maintenant bien établie [59] . Sa présentation très<br />

caractéristique sera abordée plus loin. L’implication du gène<br />

PAX6 dans ces différentes anomalies papillaires est expliquée<br />

par le rôle important que celui-ci joue durant la vie embryonnaire.<br />

En effet, il s’exprime au niveau du système nerveux, de<br />

la cupule optique et des cellules ganglionnaires, et participe à<br />

la mise en place de ces différents éléments.<br />

Si des anomalies cérébrales, en particulier de la ligne<br />

médiane, sont <strong>fr</strong>équemment rapportées chez des patients porteurs<br />

d’anomalies congénitales de la papille, celles-ci ne sont pas<br />

constantes, à moins qu’elles ne dépassent les moyens actuels


Livre.book Page 425 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

d’investigation. Quoi qu’il en soit, elles doivent être systématiquement<br />

recherchées par un bilan neuro-radiologique (échographie<br />

trans-fontanellaire, scanner, IRM cérébrale) et endocrinien.<br />

SYNDROME DE DE MORSIER,<br />

OU DYSPLASIE SEPTO-OPTIQUE<br />

ASPECTS CLINIQUES<br />

Le syndrome de De Morsier serait responsable de 30 % environ<br />

des observations d’hypoplasies hypophysaires. L’hypoplasie<br />

papillaire, parfois au premier plan du syndrome de De<br />

Morsier chez un nourrisson au comportement de cécité ou de<br />

trouble du développement visuel, doit amener à poursuivre le<br />

bilan clinique à la recherche d’autres anomalies. Cette hypoplasie<br />

papillaire est évoquée devant une papille de très petite taille<br />

par diminution du nombre d’axones au niveau du nerf optique.<br />

Elle est toujours bilatérale, mais son importance est variable,<br />

plus ou moins marquée. C’est la raison pour laquelle son retentissement<br />

sur la fonction visuelle n’est pas prévisible. Au maximum,<br />

il peut être observé un nystagmus traduisant une<br />

profonde malvoyance. L’altération de la vision est souvent<br />

moins sévère et l’hypoplasie des nerfs optiques est découverte<br />

lors du bilan d’un strabisme ou d’un comportement visuel<br />

anormal chez un jeune enfant. Il faut insister sur la nécessité de<br />

réaliser une rééducation de l’amblyopie organique associée<br />

chez ces enfants. Dans les formes majeures, le diagnostic est<br />

facile devant une papille de taille très réduite (fig. 27-28). En<br />

revanche, le diagnostic est plus difficile dans les formes minimes,<br />

segmentaires, avec une papille ovalaire, allongée verticalement<br />

ou irrégulière. De plus, il arrive qu’une bande de sclère,<br />

due à un arrêt de l’épithélium pigmenté à distance de la papille<br />

hypoplasique, entoure cette petite papille lui donnant un<br />

aspect en double anneau ou d’image « en cocarde », pouvant<br />

laisser croire à tort que la papille a une surface normale. Le<br />

bilan électrophysiologique redresse alors le diagnostic en<br />

retrouvant une diminution d’amplitude des PEV. Le diagnostic<br />

est confirmé en neuro-imagerie, qui objective la gracilité des<br />

nerfs optiques. Ces examens permettent de retrouver des anomalies<br />

cérébrales associées.<br />

Les manifestations endocriniennes sont parfois au premier<br />

plan. L’hypophyse peut être en position ectopique ou absente,<br />

comme en témoignent les observations neuroradiologiques de<br />

selle turcique vide. Les manifestations endocriniennes, caractérisées<br />

par un déficit de la sécrétion hypophysaire plus ou<br />

moins complet, trouvent leur origine dans un dysfonctionnement<br />

hypothalamique. Ces déficits hypothalamo-hypophysaires<br />

sont parfois sévères et leurs conséquences dramatiques :<br />

lors d’épisodes infectieux, l’hypocorticosolémie induite par cet<br />

hypopituitarisme, associé ou non à un diabète insipide et à des<br />

anomalies de la thermorégulation, peut aboutir à un décès brutal.<br />

L’atteinte hypophysaire peut entraîner une insuffisance<br />

thyroïdienne due à un déficit en TSH, un déficit en hormone<br />

de croissance et un déficit en hormone gonadotrophique. Une<br />

atteinte dissociée est possible, avec des retentissements spécifiques<br />

sur l’évolution de la croissance ou l’âge de la puberté [149] .<br />

Les manifestations neurologiques sont souvent in<strong>fr</strong>acliniques<br />

et les enfants atteints sont généralement totalement<br />

asymptomatiques. Cependant, la neuro-imagerie permet de<br />

retrouver l’agénésie du septum lucidum ou du corps calleux<br />

(fig. 27-29) [195] . Des anomalies cérébelleuses ont également<br />

été rapportées [31] .<br />

Fig. 27-28 – Hypoplasie papillaire évidente chez un patient dont la<br />

papille est de taille nettement inférieure à la normale.<br />

(Collection de J.-L. Dufier.)<br />

ASPECTS GÉNÉTIQUES<br />

Mode de transmission<br />

Les formes sporadiques du syndrome de De Morsier sont les<br />

plus <strong>fr</strong>équentes, ce qui avait amené à réfuter l’existence de<br />

formes familiales. Mais de rares observations de plusieurs<br />

enfants atteints, garçons ou filles, nés de parents indemnes,<br />

parfois consanguins, ont été rapportées. Une transmission<br />

récessive autosomique a été évoquée sur ces données jusqu’à<br />

ce que Thomas rapporte en 2001 l’existence de mutations<br />

hétérozygotes dans le gène HESX1 au cours d’authentiques<br />

syndromes de De Morsier, permettant d’évoquer une transmission<br />

dominante autosomique à pénétrance variable [206] .<br />

Gène du syndrome de De Morsier<br />

Une première mutation faux-sens (Arg53Cys/R160C), présente<br />

à l’état homozygote, a été identifiée dès 1998 dans le gène<br />

Fig. 27-29 – L’examen neuroradiologique met en évidence une agénésie<br />

du septum lucidum chez un enfant porteur d’une hypoplasie papillaire,<br />

permettant de porter le diagnostic de syndrome de De Morsier.<br />

(Collection de J.-L. Dufier.)<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 425


Livre.book Page 426 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

HESX1 chez un <strong>fr</strong>ère et une sœur atteints d’un syndrome de De<br />

Morsier et nés de parents consanguins [58] . Ce gène HESX1,<br />

localisé en 3p21.2-p21.1 et possédant quatre exons, est l’homologue<br />

du gène murin Hesx1. Ce dernier est un gène essentiel<br />

dans la mise en place de l’encéphale puisqu’il s’exprime au<br />

niveau de la poche de Rathke dont dérive l’antéhypophyse. Le<br />

phénotype des souris porteuses d’une mutation au niveau de ce<br />

gène est très peu différent de celui des patients porteurs d’un<br />

syndrome de De Morsier. En effet, ces souris sont anophtalmes<br />

ou microphtalmes. On retrouve une dysplasie hypophysaire,<br />

des anomalies du septum lucidum et du corps calleux, ainsi que<br />

des malformations de la portion antérieure du cerveau et de la<br />

région hippocampique. Le rôle du gène HESX1/Hesx1 semble<br />

donc essentiel dans la mise en place de cette région cérébrale.<br />

La découverte de mutations dans ce gène HESX1 a permis de<br />

démontrer une identité dans les mécanismes génétiques responsables<br />

du syndrome de De Morsier ou des hypoplasies hypophysaires<br />

isolées sans anomalie ophtalmologique ni de la ligne<br />

médiane. Trois autres mutations faux-sens du gène HESX1 présentes<br />

à l’état hétérozygote ont été associées à des hypoplasies<br />

hypophysaires isolées peu sévères de pénétrance variable dans<br />

la <strong>fr</strong>atrie. Tajima a décrit une quatrième mutation associée à un<br />

syndrome de De Morsier atypique puisqu’unilatéral gauche [202] .<br />

Cette mutation (306/307insAG) est responsable d’un décalage<br />

du cadre de lecture aboutissant à un codon stop et à la synthèse<br />

d’une protéine tronquée.<br />

La protéine HESX1 appartient à la famille des protéines Paired.<br />

Du fait de la présence de son homéodomaine, elle est<br />

capable de former un dimère au niveau d’un site de liaison spécifique<br />

de l’ADN présentant des motifs TAAT [42] . Chez la souris,<br />

la liaison de la protéine Hesx1 sur l’ADN aboutit à une<br />

action répressive vis-à-vis de la protéine Prop1. Cette protéine<br />

Prop1 est nécessaire à la prolifération et à la différenciation des<br />

cellules de l’antéhypophyse. En effet, Hesx1 et Prop1 se fixent<br />

sur le même site de liaison de l’ADN et — par un mécanisme<br />

dit « de répression hétéromérique » — la protéine Hesx1 inhibe<br />

l’activité de Prop1. Lorsque l’expression de Hesx1 diminue<br />

dans le temps, la différenciation cellulaire de l’hypophyse sous<br />

la dépendance de Prop1 s’accroît. La plupart des mutations du<br />

gène HESX1 décrites dans le syndrome de De Morsier aboutissent<br />

à la synthèse d’une protéine présentant une altération de<br />

son homéodomaine. Il en résulte une moindre liaison ou une<br />

impossibilité de liaison de cette protéine mutée à son site<br />

ADN, diminuant ainsi son activité répressive sur la protéine<br />

Prop1. À l’inverse, Cohen a décrit une délétion (g1684delG) qui<br />

aboutit à la synthèse d’une protéine dont la fixation sur son<br />

site de liaison ADN est accrue [52] . Cette protéine développe<br />

une action répressive trop importante sur la protéine Prop1.<br />

Certaines mutations observées lors des hypoplasies hypophysaires<br />

isolées affectent le site répresseur de la protéine.<br />

MICROCÉPHALIES PRIMITIVES<br />

Les microcéphalies peuvent être primitives, lorsqu’elles sont<br />

d’origine génétique, ou secondaires lorsqu’elles sont dues à<br />

des causes toxiques, iatrogènes ou infectieuses. Les<br />

microcéphalies primitives sont des malformations au cours<br />

desquelles le périmètre crânien est inférieur à au moins trois<br />

déviations standards de la valeur normale compte tenu de<br />

l’âge du patient. Cette différence peut atteindre sept<br />

déviations standards. Elles sont secondaires à un défaut de<br />

développement cérébral dont la croissance conditionne<br />

l’expansion de la boîte crânienne. Au cours des microcépha-<br />

426 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

lies, le cerveau est de morphologie strictement normale mais<br />

son volume est réduit. C’est la raison pour laquelle il n’est pas<br />

retrouvé d’anomalie neurologique. Cependant, l’existence<br />

d’un retard mental modéré ou sévère est <strong>fr</strong>équemment rapportée.<br />

Ces microcéphalies primitives sont transmises selon<br />

un mode récessif autosomique. Au moins cinq loci ont été<br />

localisés, mais aucun n’a été identifié. Le gène MCPH1 a été<br />

localisé dans deux familles consanguines pakistanaises en<br />

8p22-pter, le gène MCPH2 est situé sur le bras long du chromosome<br />

19, en 19q, et le gène MCPH3, également localisé<br />

dans une famille consanguine pakistanaise, est localisé en<br />

9q34. Un gène MCPH4 a été rapporté en 15q et le gène<br />

MCPH5 a été localisé en 1q25-q32 dans une famille turque<br />

consanguine, de huit enfants dont trois étaient atteints.<br />

Microcéphalie et lacunes rétiniennes<br />

Il a été rapporté une forme particulière de microcéphalie primitive<br />

associée à des anomalies choriorétiniennes [11] . Au cours de<br />

cette association, la microcéphalie et le déficit mental sont plus<br />

ou moins marqués (fig. 27-30, a et b). Les anomalies choriorétiniennes<br />

réalisent des plages atrophiques multiples dont le diamètre<br />

varie d’un demi à un diamètre papillaire. Leur aspect est<br />

peu différent de celui observé au décours des infections toxoplasmiques<br />

(fig. 27-30, c et d). D’autres anomalies ophtalmologiques<br />

ont été rapportées, telles qu’une hypoplasie papillaire ou<br />

une gracilité vasculaire. Les anomalies choriorétiniennes ne sont<br />

sans doute pas limitées aux seules plages atrophiques,<br />

puisqu’une étude électrorétinographique a mis en évidence des<br />

réductions des réponses pouvant atteindre 60 à 70 %. Ces anomalies<br />

électrophysiologiques sont stables au cours du temps sur<br />

une étude longitudinale de quatorze ans [124] .<br />

La transmission peut être dominante autosomique (maladie de<br />

[2, 11,<br />

Dufier) ou récessive autosomique (maladie de Giacomini)<br />

190] . De plus, il a été rapporté une hétérogénéité intrafamiliale<br />

puisqu’on retrouve l’association des deux désordres chez certains<br />

enfants alors qu’il n’est retrouvé qu’une microcéphalie<br />

chez d’autres. Il n’existe encore aucun gène candidat permettant<br />

d’expliquer la présence de ce syndrome.<br />

CÉPHALÉES<br />

Il a été établi depuis de nombreuses années que les différentes<br />

formes de céphalées ont une composante héréditaire.<br />

Mais leur mode de transmission n’est pas clairement établi.<br />

Ainsi, des données contradictoires ont été obtenues en ce qui<br />

concerne l’algie vasculaire de la face dont la transmission<br />

pourrait être dominante autosomique ou récessive autosomique.<br />

La migraine simple avec ou sans aura serait transmise<br />

selon un mode multifactoriel. Enfin, différentes formes de<br />

céphalées peuvent coexister au sein d’une même <strong>fr</strong>atrie.<br />

Néanmoins, au moins six gènes responsables de migraine simple<br />

avec ou sans aura ont été localisés en 4q24 (MGR1), Xq<br />

(MGR2), 6q21.1-p21.2 (MGR3), 14q21.2-q22.3 (MGR4), 19q13<br />

(MGR5) et 1q31 (MGR6). Cette dernière localisation est identique<br />

à celle d’une forme de migraine hémiplégique familiale<br />

dominante autosomique. Deux autres gènes de migraine hémiplégique<br />

familiale dominante autosomique ont été identifiés.<br />

Le premier, localisé en 19q13 code un canal calcique de type L<br />

(CACNL1A4) et le second, en 1q21, code une sous-unité α 2<br />

d’une ATPase. Ces différentes formes de migraines peuvent<br />

comporter des auras visuelles à type de phosphènes scintillants,<br />

scotomes positifs ou hallucinations visuelles.


Livre.book Page 427 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

a b<br />

c d<br />

Fig. 27-30 – Dans sa forme dominante autosomique, la microcéphalie primitive associée à des lacunes rétiniennes réalise le syndrome de Dufier.<br />

a. b. Le périmètre crânien est réduit, ce que confirme la radiographie du crâne. Le volume de la boîte crânienne est inférieur à la normale. c. L’examen du fond<br />

d’œil met en évidence des plages d’atrophie choriorétinienne multiples. d. Chez un autre patient, présence d’un pli falciforme. (Collection de J.-L. Dufier.)<br />

Il faut évoquer à part le CADASIL, ou Cerebral Autosomal<br />

Dominant Arteriopathy with Subcortical Infarcts and Leucoencephalopathy,<br />

artériopathie cérébrale intéressant principalement<br />

les artérioles cérébrales de moyen calibre et responsable de la<br />

survenue d’accidents ischémiques cérébraux sous-corticaux<br />

récidivants et précoces. Au stade initial, ces accidents vasculaires<br />

cérébraux peuvent en imposer pour des épisodes de<br />

migraine avec aura, dont la récupération est plus ou moins<br />

complète [217] . Puis, l’évolution se fait en quelques années vers<br />

une aggravation des déficits neurologiques avec apparition<br />

d’un syndrome pseudobulbaire et d’une détérioration progressive<br />

des fonctions supérieures. À ce stade, les examens<br />

neuroradiologiques mettent en évidence de multiples hypersignaux<br />

diffus de la substance blanche et des noyaux gris centraux,<br />

correspondant aux différents accidents ischémiques. Le<br />

décès survient rapidement dans ce tableau de démence vasculaire.<br />

Les anomalies vasculaires ne sont pas limitées au sys-<br />

tème nerveux central. L’existence d’anomalies spécifiques des<br />

parois d’artères cutanées ou musculaires peut aider au diagnostic<br />

[104] . Des malformations des artérioles rétiniennes ont<br />

été rapportées chez des patients porteurs de CADASIL, ainsi<br />

que des anomalies pouvant être la conséquence d’une ischémie<br />

rétinienne localisée [90] .<br />

Cette artériopathie cérébrale est transmise selon un mode<br />

dominant autosomique et le gène responsable a été identifié<br />

en 1996. Des mutations ont été retrouvées dans le gène<br />

NOTCH3. Ce gène, localisé sur le chromosome 19 en<br />

19p13.2-p13.1, code une protéine-signal comportant un<br />

domaine intracellulaire et un domaine extracellulaire, elle<br />

joue un rôle dans le développement [103] . Les mutations responsables<br />

du CADASIL affectent le domaine extracellulaire et<br />

certaines d’entre elles altèrent la liaison de cette protéine à ses<br />

protéines régulatrices [105] .<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 427


Livre.book Page 428 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

TABLEAU 27-IV<br />

Dégénérescences spinocérébelleuses et paraparésie spastiques.<br />

Autres manifestations<br />

Manifestation<br />

neurologique<br />

Manifestation<br />

ophtalmologique<br />

Mode<br />

évolutif<br />

Âge<br />

de début<br />

Mode de<br />

transmission<br />

Nom Localisation Gène Protéine<br />

Cardiomyopathie<br />

Pieds creux<br />

Syndrome cérébelleux<br />

Syndrome cordonal<br />

postérieur<br />

Atrophie optique chez 12 à<br />

50 % des patients<br />

Altération des PEV<br />

Freidreich 9q13 Frataxine AR 6 ans Lentement<br />

évolutif<br />

9p23-p11 ?<br />

Surdité<br />

Atrophie optique Amyotrophie progressive<br />

distale des membres<br />

Syndrome cordonal<br />

postérieur<br />

Pied creux<br />

Cf. note de bas de tableau AD, AR, RLX Entre 3 ans<br />

et 68 ans<br />

selon les<br />

gènes en<br />

cause<br />

Charcot-Marie-<br />

Tooth<br />

Néant Paraparésie spastique<br />

Pied creux<br />

Syndrome cordonal<br />

postérieur<br />

Syndrome pyramidal<br />

14q11.2-q21 SPG3 Atlastine AD 20 ans Lentement<br />

évolutif<br />

Maladie de<br />

Strumpell<br />

Lorrain (SPG3)<br />

428 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

Retard mental<br />

Évolutif Identique SPG3, mais avec<br />

un tableau plus sévère<br />

SPG4 2p22-p21 SPG4 Spastine Plus tardif<br />

que SPG3<br />

Amyoptrophie des mollets<br />

Paraparésie spastique<br />

Syndrome pyramidal<br />

Pied creux<br />

Syndrome cordonal<br />

postérieur<br />

20 ans Lentement<br />

évolutif<br />

SPG6 15q11.1 NIPA Transporteur<br />

membranaire<br />

?<br />

? 18 à 26 ans Syndrome pyramidal<br />

SPG8 823-q24 Gène de la<br />

protéine<br />

associée à la<br />

dystrophine<br />

? 10 à 20 ans<br />

SPG10 12q13 Gène de la<br />

kinésine 5A<br />

Anomalies des voies<br />

urinaires basses<br />

SPG12 19q13 ? ? 14 ans Paraparésie spastique<br />

Pied creux<br />

Syndrome cordonal<br />

postérieur<br />

Syndrome pyramidal<br />

Amyoptrophie<br />

Reflux gastro-œsophagien<br />

Anomalies squelettiques<br />

Cataracte congénitale Identique SPG3, mais avec<br />

un tableau incomplet,<br />

moins marqué<br />

SPG9 10q23.3-q24.1 ? ? AD 10 à 20 ans Lentement<br />

évolutif


Livre.book Page 429 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

TABLEAU 27-IV (suite)<br />

Dégénérescences spinocérébelleuses et paraparésie spastiques.<br />

Autres manifestations<br />

Manifestation<br />

neurologique<br />

Manifestation<br />

ophtalmologique<br />

Mode<br />

évolutif<br />

Âge<br />

de début<br />

Mode de<br />

transmission<br />

Nom Localisation Gène Protéine<br />

Atteinte des IXe , Xe et XIIe paires crâniennes<br />

Néant Paraparésie spastique<br />

Troubles de la marche<br />

Syndrome cordonal<br />

postérieur des membres<br />

inférieurs<br />

Syndrome pyramidal<br />

SPG5 8p12-q13 ? ? AR Précoce Lentement<br />

évolutif<br />

Pâleur papillaire Paraparésie spastique Dysarthrie<br />

Troubles de la marche Dysphagie<br />

Syndrome cordonal<br />

Néant Retard mental<br />

postérieur des membres<br />

inférieurs<br />

Syndrome pyramidal<br />

Pied creux<br />

SPG7 16q24.3 SPG7 Paraplégine 25 à 40 ans Lentement<br />

évolutif<br />

SPG14 3q27-q28 ? ? 30 ans Lentement<br />

évolutif<br />

Retard mental<br />

Dysarthrie<br />

Amyoptrophie distale<br />

Remaniement maculaire Paraparésie spastique<br />

Syndrome pyramidal<br />

SPG15 14q ? ? 30 à 35 ans Lentement<br />

évolutif<br />

Retard mental possible<br />

Paraparésie spastique<br />

Troubles de la marche<br />

Syndrome cordonal<br />

postérieur<br />

Syndrome pyramidal<br />

Atrophie optique <strong>fr</strong>équente<br />

Nystagmus<br />

RLX Précoce Lentement<br />

évolutif<br />

Constituant<br />

de la myéline<br />

SPG2 Xq22 Gène de la<br />

protéolipide<br />

myélinique<br />

Dysarthrie<br />

Dysphagie<br />

Spasticité des membres<br />

inférieurs<br />

Syndrome pyramidal<br />

Ataxie +/- pied creux et<br />

syndrome cordonal<br />

postérieur<br />

Diminution de la vitesse<br />

des saccades, pertes de la<br />

verticalité du regard, ptosis<br />

ou rétraction de la paupière<br />

supérieure<br />

12p13 SAX1 ? AD Tardif Évolutif<br />

Ataxie spastique<br />

(ataxie de Pierre<br />

Marie)<br />

Retard mental<br />

Spasticité des membres<br />

inférieurs<br />

Syndrome pyramidal<br />

Ataxie<br />

? ? ? AR vers 10 ans Ophtalmoplégie internucléaire<br />

Atrophie optique (?)<br />

Dysarthrie<br />

Prolpasus de la valve<br />

mitrale<br />

Amyotrophie distale<br />

Spasticité des membres<br />

inférieurs<br />

Syndrome pyramidal<br />

Ataxie<br />

Nystagmus<br />

Altération de la poursuite<br />

Anomalies rétiniennes<br />

13q12 SACS Sacsine AR Dès l’enfance Peu évolutif<br />

après 20<br />

ans<br />

NB : Plus de quinze gènes différents de la maladie de Charcot-Marie-Tooth ont été localisés ou identifiés. Ces gènes sont situés soit sur des autosomes, soit sur le chromosome X, et tous les modes de<br />

transmission ont été évoqués.<br />

AD, autosomique récessif ; AR, autosomique récessif ; RLX, récessif lié au chromosome X.<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 429


Livre.book Page 430 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

TABLEAU 27-V<br />

Ataxies spinocérébelleuses responsables d’anomalies oculomotrices.<br />

Les ataxies spinocérébelleuses dominantes sont séparées en trois groupes. Le premier groupe est caractérisé par l’existence d’un syndrome cérébelleux associé à un syndrome pyramidal et à des troubles<br />

oculomoteurs <strong>fr</strong>ancs. Dans le deuxième groupe, une dégénérescence rétinienne sévère est retrouvée en complément des anomalies déjà évoquées dans le premier groupe. Génétiquement, ces deux<br />

groupes sont caractérisés par l’existence d’expansions de triplets de nucléotides CAG. De nombreuses ataxies spinocérébelleuses relevant d’anomalies génétiques différentes dans des gènes propres ont<br />

été réunies dans le troisième groupe. Elles sont caractérisées par la prédominance du syndrome cérébelleux sur les autres anomalies neurologiques. Dans ce troisième groupe, nous ne citons que les<br />

ataxies spinocérébelleuses responsables d’anomalies oculomotrices<br />

Neuroradiologie<br />

Manifestation<br />

neurologique<br />

Manifestation<br />

ophtalmologique<br />

Protéine Âge de début<br />

Anomalie<br />

génétique<br />

Gène<br />

Localisation<br />

Type Nom<br />

Atrophie<br />

cérébelleuse<br />

et pontique<br />

Syndrome cérébelleux<br />

Syndrome pyramidal<br />

30 ans Augmentation d’amplitude<br />

des saccades / saccades<br />

hypermétriques<br />

Diminution du gain de la poursuite<br />

Ataxine-1 (rôle<br />

dans<br />

l’ubiquitination<br />

des protéines)<br />

ADAC I SCA 1 6p23 ATX-1 Expansion de CAG<br />

avec anticipation<br />

Atrophie<br />

cérébelleuse<br />

et pontique<br />

Syndrome cérébelleux<br />

Syndrome pyramidal<br />

Diplopie<br />

Diminution de la vitesse<br />

des saccades<br />

Augmentation du nombre<br />

d’erreurs lors d’épreuves<br />

d’anti-saccades<br />

Ataxine-2 2 à 65 ans<br />

(40% avant<br />

25 ans)<br />

SCA 2 12q24 ATX-2 Expansion de CAG<br />

avec anticipation<br />

430 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

Élargissement<br />

du 4e ventricule<br />

Syndrome cérébelleux<br />

Syndrome pyramidal<br />

Ataxine-3 Après 40 ans Nystagmus<br />

Saccades hypométriques<br />

Diminution du gain de la poursuite<br />

14q24.3-q31 MJD Expansion de CAG<br />

avec anticipation<br />

SCA3 Machado-<br />

Joseph<br />

Atrophie<br />

cérébelleuse<br />

et pontique<br />

Syndrome cérébelleux<br />

Syndrome pyramidal<br />

Ataxine-7 Précoce Ophtalmoplégie supranucléaire<br />

Dégénérescence rétinienne<br />

maculaire ou périphérique<br />

ADAC II SCA 7 3p21.1-p12 SCA-7 Expansion de CAG<br />

avec anticipation<br />

Atrophie<br />

cérébelleuse<br />

Syndrome cérébelleux<br />

dynamique<br />

20 à 65 ans Nystagmus horizontal<br />

Poursuite saccadée<br />

Sous unité α des<br />

canaux calciques<br />

voltagedépendants<br />

ADAC III SCA 6 19p13 CACNA1A Expansion de CAG<br />

avec anticipation<br />

SCA 5 11p11-q11 ? Anticipation ? 10 à 68 ans Néant Syndrome cérébelleux<br />

dynamique<br />

Atrophie<br />

cérébelleuse<br />

Nystagmus horizontal Syndrome cérébelleux<br />

dynamique<br />

? Tardif (55 ans<br />

en moyenne)<br />

SCA 4 16q22.1 ? Anticipation peu<br />

importante<br />

Atrophie<br />

cérébelleuse et<br />

cérébrale diffuse<br />

? 14 à 44 ans Dyskinésie oculomotrice Syndrome cérébelleux<br />

cinétique<br />

Crises comitiales<br />

SCA 10 22q13 ? Expansion d’un<br />

groupe de<br />

5 nucléotides avec<br />

anticipation<br />

Atrophie<br />

cérébelleuse et<br />

corticale diffuse<br />

Syndrome cérébelleux<br />

cinétique<br />

Démence<br />

8 à 55 ans Nystagmus<br />

Dyskinésie oculaire<br />

SCA 12 5q31-q33 PPP2R2B Expansion de CAG Protéine<br />

phosphatase 2A<br />

ADAC : ataxies spinocérébelleuses dominantes ; SCA : ataxie spinocérébelleuses.


Livre.book Page 431 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

TABLEAU 27-VI<br />

Ataxies cérébelleuses congénitales.<br />

Nom Localisation<br />

Mode<br />

de<br />

transmission<br />

ATAXIES ET DÉGÉNÉRESCENCES<br />

SPINOCÉRÉBELLEUSES<br />

Les caractéristiques cliniques et les données génétiques<br />

concernant les principales formes d’ataxies cérébelleuses<br />

congénitales, d’ataxies et de dégénérescences spinocérébelleuses<br />

ainsi que de paraparésies spastiques, ont été regroupées<br />

dans les tableaux 27-IV à 27-VI.<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

Âge<br />

de début<br />

[1] Abadi RV, Bjerre A. Motor and sensory characteristics of infantile nystagmus.<br />

Br J Ophthalmol 2002, 86 : 1152-1160.<br />

[2] Abdel-Salam GM, Czeizel AE, Vogt G et al. Microcephaly with chorioretinal<br />

dysplasia : characteristic facial features. Am J Med Genet. 2000, 95 :<br />

513-515.<br />

[3] Aberfeld DC. Hereditary ptosis. Birth Defects Orig Artic Ser 1971, 7 : 63-<br />

65.<br />

[4] Abicht A, Stucka R, Karcagi V et al. A Common mutation (ε2167delG) in<br />

congenital myasthenic patients of Gypsy ethnic origin. Neurology 1999,<br />

53 : 1564-1569.<br />

[5] Abrahamsson M, Fabian Gsjostrand J. Re<strong>fr</strong>action changes in children<br />

developing convergent or divergent strabismus. Br J Ophthalmol 1992,<br />

76 : 723-727.<br />

[6] Abrahamsson M, Magnusson G, Sjostrand J. Inheritance of strabismus<br />

and the gain of using heredity to determine populations at risk of developing<br />

strabismus. Acta Ophthalmol Scand 1999, 77 : 653-657.<br />

[7] Agius MA, Richman DP, Fairclough RH et al. Three forms of immune<br />

myasthenia. Ann N Y Acad Sci 2003, 998 : 453-456.<br />

[8] Aguirre-Aquino BI, Rogers D Gtraboulsi EI. A patient with de Morsier<br />

and Duane syndromes. J Aapos 2000, 4 : 243-245.<br />

[9] Al-Baradie R, Yamada K, St Hilaire C et al. Duane radial ray syndrome<br />

(Okihiro syndrome) maps to 20q13 and results <strong>fr</strong>om mutations in<br />

SALL4, a new member of the SAL family. Am J Hum Genet 2002, 71 :<br />

1195-1199.<br />

[10] Alon M, Korczyn AD. Pupillary responses and blink reflex in myotonic<br />

dystrophy. Clin Auton Res 1992, 2 : 17-19.<br />

[11] Alzial C, Dufier J, Brasnu C et al. "True" microcephaly with dominantinheritance<br />

chorioretinal dysplasia. Ann Genet 1980, 23 : 91-94.<br />

[12] Amiel J, Audollent S, Joly D, Dureau P, Salomon R, Tellier A-L, Auge J,<br />

Bouissou F, Antignac C, Gubler M-C, Eccles M-R, Munnich A, Vekemans<br />

M, Lyonnet S, Attie-Bitach T. PAX2 mutations in renal-coloboma<br />

syndrome: mutational hotspot and germline mosaicism. Eur J Hum Genet<br />

2000, 8 : 820-6.<br />

[13] Andegeko Y, Moyal L, Mittelman L et al. Nuclear retention of ATM at<br />

sites of DNA double strand breaks. J Biol Chem 2001, 276 : 38224-38230.<br />

[14] Appukuttan B, Gillanders E, Juo SH et al. Localization of a gene for<br />

Duane retraction syndrome to chromosome 2q31. Am J Hum Genet 1999,<br />

65 : 1639-1646.<br />

Mode<br />

évolutif<br />

Manifestation<br />

ophtalmologique<br />

Manifestation<br />

neurologique<br />

CLA 1 9q34-qter AR Congénital Nystagmus Syndrome<br />

cérébelleux<br />

dynamique<br />

CLA 2 Xp11.21q21.3<br />

RLX Congénital Lentement<br />

progressif<br />

Nystagmus<br />

Ralentissement des<br />

mouvements<br />

oculaires<br />

Syndrome<br />

cérébelleux<br />

dynamique<br />

CLA 3 20q11-q13 AR Congénital Non évolutif Nystagmus Syndrome<br />

cérébelleux<br />

dynamique<br />

AR : Autosomique récessif; RLX : récessif lié au chromosome X.<br />

Anomalies<br />

neuroradiologiques<br />

Atrophie vermienne<br />

importante<br />

Atrophie<br />

cérébelleuse diffuse<br />

Atrophie vermienne<br />

[15] Azuma N, Yamaguchi Y, Handa H et al. Mutations of the PAX6 gene<br />

detected in patients with a variety of optic-nerve malformations. Am J<br />

Hum Genet 2003, 72 : 1565-1570.<br />

[16] Baker M, Litvan I, Houlden H et al. Association of an extended haplotype<br />

In the tau gene with progressive supranuclear palsy. Hum Mol Genet<br />

1999, 8 : 711-715.<br />

[17] Baldwin HC, Mammers RM. Congenital blepharoptosis. Ophthalmic<br />

Plastic and Reconstructive Surgery 2002, 18 : 301-307.<br />

[18] Baraitser M, Reardon W. A new case of the Carey-Fineman-Ziter syndrome.<br />

Am J Med Genet 1994, 53 : 163-164.<br />

[19] Barcellos LF, Oksenberg JR, Green A J et al. Genetic basis for clinical<br />

expression in multiple sclerosis. Brain 2002, 125 : 150-158.<br />

[20] Battini R, Bianchi MC, Boespflug-Tanguy O et al. Unusual clinical and<br />

magnetic resonance imaging findings in a family with proteolipid protein<br />

gene mutation. Arch Neurol 2003, 60 : 268-272.<br />

[21] Beeson D, Jeremiah S, West LF et al. Assignment of the human nicotinic<br />

acetylcholine receptor genes : the alpha and delta subunit genes to chromosome<br />

2 and the beta subunit gene to chromosome 17. Ann Hum Genet<br />

1990, 54 : 199-208.<br />

[22] Benit P, Steffann J, Lebon S et al. Genotyping microsatellite DNA markers<br />

at putative disease loci in inbred/multiplex families with respiratory<br />

chain complex I deficiency allows rapid identification of a novel nonsense<br />

mutation (IVS1nt -1) in the NDUFS4 gene in Leigh syndrome. Hum<br />

Genet 2003, 112 : 563-566.<br />

[23] Betz R, Rensing C, Otto E et al. Children with ocular motor apraxia type<br />

Cogan carry deletions in the gene (NPHP1) for juvenile nephronophthisis.<br />

J Pediatr 2000, 136 : 828-831.<br />

[24] Black GCM, Perveen R, Hatchwell E et al. Locus heterogeneity in autosomal<br />

dominant congenital external ophthalmoplegia (CFEOM). J Med<br />

Genet 1998, 35 : 985-988.<br />

[25] Blair IP, Gibson RR, Bennett CL et al. Search for genes involved in Joubert<br />

syndrome : evidence that one or more major loci are yet to be identified<br />

and exclusion of candidate genes EN1, EN2, FGF8, and BARHL1.<br />

Am J Med Genet 2002, 107 : 190-196.<br />

[26] Blumenfeld A, Slaugenhaupt SA, Liebert CB et al. Precise genetic mapping<br />

and haplotype analysis of the familial dysautonomia gene on<br />

human chromosome 9q31. Am J Hum Genet 1999, 64 : 1110-1118.<br />

[27] Bobba A, Marra E, Fathallah DM et al. Non-radioactive detection of five<br />

common microsatellite markers for ATP7B gene in Wilson disease<br />

patients. Mol Cell Probes 2003, 17 : 271-274.<br />

[28] Borck G, Wirth J, Hardt T et al. Molecular cytogenetic characterisation of<br />

a complex 46,XY,t(7;8;11;13) chromosome rearrangement in a patient<br />

with Mœbius syndrome. J Med Genet 2001, 38 : 117-121.<br />

[29] Botelho PJ, Giangiacomo JG. Autosomal-dominant inheritance of congenital<br />

superior oblique palsy. Ophthalmology 1996, 103 : 1508-1511.<br />

[30] Brackett LE, Demers LM, Mamourian AC et al. Mœbius syndrome in<br />

association with hypogonadotropic hypogonadism. J Endocrinol Invest<br />

1991, 14 : 599-607.<br />

[31] Brickman JM, Clements M, Tyrell R et al. Molecular effects of novel<br />

mutations in Hesx1/HESX1 associated with human pituitary disorders.<br />

Development 2001, 128 : 5189-5199.<br />

[32] Brown CA, Neote K, Leung A et al. Introduction of the alpha subunit<br />

mutation associated with the B1 variant of Tay-Sachs disease into the<br />

beta subunit produces a beta-hexosaminidase B without catalytic activity.<br />

J Biol Chem 1989, 264 : 21705-21710.<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 431


Livre.book Page 432 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

[33] Brownlow S, Webster R, Croxen R et al. Acetylcholine receptor delta<br />

subunit mutations underlie a fast-channel myasthenic syndrome and<br />

arthrogryposis multiplex congenita. J Clin Invest 2001, 108 : 125-130.<br />

[34] Bruck I, Antoniuk SA, Carvalho Neto AD et al. Cerebellar vermis hypoplasia<br />

- non progressive congenital ataxia : clinical and radiological findings<br />

in a pair of siblings. Arq Neuropsiquiatr 2000, 58 : 897-900.<br />

[35] Burke G, Cossins J, Maxwell S et al. Rapsyn mutations in hereditary<br />

myasthenia : Distinct early- and late-onset phenotypes. Neurology 2003,<br />

61 : 826-828.<br />

[36] Cabot A, Rozet J-M, Gerber S et al. A gene for X-linked idiopathic<br />

congenital nystagmus (NYS1) maps to chromosome Xp11.4-p11.3. Am J<br />

Hum Genet 1999, 64 : 1141-1146.<br />

[37] Calabrese G, Stuppia L, Morizio E et al. Detection of an insertion deletion<br />

of region 8q13-q21.2 in a patient with Duane syndrome : implications<br />

for mapping and cloning a Duane gene. Eur J Hum Genet 1998, 6 :<br />

187-193.<br />

[38] Calabrese G, Telvi L, Capodiferro F et al. Narrowing the Duane syndrome<br />

critical region at chromosome 8q13 down to 40 kb. Eur J Hum<br />

Genet 2000, 8 : 319-324.<br />

[39] Carpenter EM, Goddard JM, Chisaka O et al. Loss of Hox-A1 (Hox-1.6)<br />

function results in the reorganization of the murine hindbrain. Development<br />

1993, 118 : 1063-1075.<br />

[40] Carsana A, Fortunato G, De Sarno C et al. Identification of new polymorphisms<br />

in the CACNA1S gene. Clin Chem Lab Med 2003, 41 : 20-22.<br />

[41] Carstea ED, Polymeropoulos MH, Parker CC et al. Linkage of Niemann-<br />

Pick disease type C to human chromosome 18. Proc Natl Acad Sci USA<br />

1993, 90 : 2002-2004.<br />

[42] Carvalho LR, Woods KS, Mendonca BB et al. A homozygous mutation in<br />

HESX1 is associated with evolving hypopituitarism due to impaired<br />

repressor-corepressor interaction. J Clin Invest 2003, 112 : 1192-1201.<br />

[43] Chapman J, Korczyn AD, Karussis DM et al. The effects of APOE genotype<br />

on age at onset and progression of neurodegenerative diseases.<br />

Neurology 2001, 57 : 1482-1485.<br />

[44] Chew CK, Foster P, Hurst J A et al. Duane’s retraction syndrome associated<br />

with chromosome 4q27-31 segment deletion. Am J Ophthalmol 1995,<br />

119 : 807-809.<br />

[45] Chol M, Lebon S, Benit P et al. The mitochondrial DNA G13513A<br />

MELAS mutation in the NADH dehydrogenase 5 gene is a <strong>fr</strong>equent<br />

cause of Leigh-like syndrome with isolated complex I deficiency. J Med<br />

Genet 2003, 40 : 188-191.<br />

[46] Chong MJ, Murray MR, Gosink EC et al. Atm and Bax cooperate in ionizing<br />

radiation-induced apoptosis in the central nervous system. Proc Natl<br />

Acad Sci USA 2000, 97 : 889-894.<br />

[47] Christodoulou K, Tsingis M, Deymeer F et al. Mapping of the familial<br />

infantile myasthenia (congenital myasthenic syndrome type Ia) gene to<br />

chromosome 17p with evidence of genetic homogeneity. Hum Mol Genet<br />

1997, 6 : 635-640.<br />

[48] Chung GW, Edwards AO, Schimment ILA et al. Renal-coloboma<br />

syndrome : report of a novel PAX2 gene mutation. Am J Ophthalmol<br />

2001, 132 : 910-914.<br />

[49] Chung M, Stout JT, Borchert MS. Clinical diversity of hereditary<br />

Duane’s retraction syndrome. Ophthalmology 2000, 107 : 500-503.<br />

[50] Claudepierre T, Dalloz C, Mornet D et al. Characterization of the intermolecular<br />

associations of the dystrophin-associated glycoprotein complex<br />

in retinal Muller glial cells. J Cell Sci 2000, 113 : 3409-3417.<br />

[51] Cohen HB. Congenital ptosis. A new pedigree and classification. Arch<br />

Ophthalmol 1972, 87 : 161-163.<br />

[52] Cohen RN, Cohen LE, Botero D et al. Enhanced repression by HESX1 as<br />

a cause of hypopituitarism and septooptic dysplasia. J Clin Endocrinol<br />

Metab 2003, 88 : 4832-4839.<br />

[53] Conrad C, Andreadis A, Trojanowski JQ et al. Genetic evidence for the<br />

involvement of tau in progressive supranuclear palsy. Ann Neurol 1997,<br />

41 : 277-281.<br />

[54] Cormand B, Avela K, Pihko H et al. Assignment of the muscle-eye-brain<br />

disease gene to 1p32-p34 by linkage analysis and homozygosity mapping.<br />

Am J Hum Genet 1999, 64 : 126-135.<br />

[55] Cox DW, Moore SD. Copper transporting P-type ATPases and human<br />

disease. J Bioenerg Biomembr 2002, 34 : 333-338.<br />

[56] Crone RA, Velzeboer CMJ. Statistics on strabismus in the American<br />

youth. Arch ophthalmol 1956, 55 : 455-470.<br />

[57] Daskalakis GJ, Papageorgiou IS, Petrogiannis ND et al. Myasthenia gravis<br />

and pregnancy. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2000, 89 : 201-204.<br />

[58] Dattani MT, Martinez-Barbera JP, Thomas PQ et al. HESX1 : a novel<br />

gene implicated in a familial form of septo-optic dysplasia. Acta Paediatr<br />

Suppl 1999, 88 : 49-54.<br />

[59] Dattani MT, Martinez-Barbera JP, Thomas PQ et al. Mutations in the<br />

homeobox gene HESX1/Hesx1 associated with septo-optic dysplasia in<br />

human and mouse. Nat Genet 1998, 19 : 125-133.<br />

[60] Dimauro S, de Vivo DC. Genetic heterogeneity in Leigh syndrome. Ann<br />

Neurol 1996, 40 : 5-7.<br />

[61] Dixon-Salazar T, Silhavy JL, Marsh SE et al. Mutations in the AHI1<br />

Gene, Encoding Joubert, Cause Joubert Syndrome with Cortical polymicrogyria.<br />

Am J Hum Gene 2004, 75 : 979-987.<br />

[62] Djousse L, Knowlton B, Hayden M et al. Interaction of normal and<br />

expanded CAG repeat sizes influences age at onset of Huntington<br />

disease. Am J Med Genet 2003, 119A : 279-282.<br />

432 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

[63] Doherty EJ, Macy ME, Wang SM et al. CFEOM3 : a new extraocular<br />

congenital fibrosis syndrome that maps to 16q24.2-q24.3. Invest Ophthalmol<br />

Vis Sci 1999, 40 : 1687-1694.<br />

[64] Donger C, Krejci E, Serradell AP et al. Mutation in the human acetylcholinesterase-associated<br />

collagen gene, COLQ, is responsible for congenital<br />

myasthenic syndrome with end-plate acetylcholinesterase deficiency<br />

(Type Ic). Am J Hum Genet 1998, 63 : 967-975.<br />

[65] Dufier J-L, Briard M-L, Bonaiti C et al. Inheritance in the etiology of<br />

convergent squint. Ophthalmologica 1979, 179 : 225-234.<br />

[66] Duke AM, Hopkins PM, Steele DS. Effects of Mg 2+ and SR luminal Ca 2+<br />

on caffeine-induced Ca 2+ release in skeletal muscle <strong>fr</strong>om humans susceptible<br />

to malignant hyperthermia. J Physiol 2002, 544 : 85-95.<br />

[67] Dunne V, Maselli RA. Identification of pathogenic mutations in the<br />

human rapsyn gene. J Hum Genet 2003, 48 : 204-207.<br />

[68] Eng CM, Slaugenhaupt SA, Blumenfeld A et al. Prenatal diagnosis of<br />

familial dysautonomia by analysis of linked CA-repeat polymorphisms<br />

on chromosome 9q31-q33. Am J Med Genet 1995, 59 : 349-355.<br />

[69] Engle EC, McIntosh N, Yamada K et al. CFEOM1, the classic familial<br />

form of congenital fibrosis of the extraocular muscles, is genetically<br />

heterogeneous but does not result <strong>fr</strong>om mutations in ARIX. BMC Genet<br />

2002, 3 : 3.<br />

[70] Engle EC. The molecular basis of the congenital fibrosis syndromes.<br />

Strabismus 2002, 10 : 125-128.<br />

[71] Ferenci P, Caca K, Loudianos G et al. Diagnosis and phenotypic classification<br />

of Wilson disease. Liver Int 2003, 23 : 139-142.<br />

[72] Flaherty MP, Grattan-Smith P, Steinberg A et al. Congenital fibrosis of<br />

the extraocular muscles associated with cortical dysplasia and maldevelopment<br />

of the basal ganglia. Ophthalmology 2001, 108 : 1313-1322.<br />

[73] Fujita I, Koyanagi T, Kukita J et al. Mœbius syndrome with central hypoventilation<br />

and brainstem calcification : a case report. Eur J Pediatr 1991,<br />

150 : 582-583.<br />

[74] Furling D, Doucet G, Langlois MA et al. Viral vector producing antisense<br />

RNA restores myotonic dystrophy myoblast functions. Gene Ther 2003,<br />

10 : 795-802.<br />

[75] Gamez J, Montane D, Martorell L et al. Bilateral optic nerve atrophy in<br />

myotonic dystrophy. Am J Ophthalmol 2001, 131 : 398-400.<br />

[76] Gian<strong>fr</strong>anceschi L, Siciliano R, Walls J et al. Visual cortex is rescued <strong>fr</strong>om<br />

the effects of dark rearing by overexpression of BDNF. Proc Natl Acad Sci<br />

USA 2003, 100 : 12486-12491.<br />

[77] Giraud M, Beaurain G, Yamamoto AM et al. Linkage of HLA to myasthenia<br />

gravis and genetic heterogeneity depending on anti-titin antibodies.<br />

Neurology 2001, 57 : 1555-1560.<br />

[78] Giugliani R, Dutra J C, Pereira ML et al. GM1 gangliosidosis : clinical and<br />

laboratory findings in eight families. Hum Genet 1985, 70 : 347-354.<br />

[79] Glaser RL, Broman KW, Schulman RL et al. The paternal-age effect in<br />

Apert syndrome is due, in part, to the increased <strong>fr</strong>equency of mutations<br />

in sperm. Am J Hum Genet 2003, 73 : 939-947.<br />

[80] Gottlob I, Jain S, Engle EC. Elevation of one eye during tooth brushing.<br />

Am J Ophthalmol 2002, 134 : 459.<br />

[81] Graf M, Droutsas K, Kaufmann H. Congenital nystagmus : indication,<br />

results and dosage of Kestenbaum surgery in 34 patients. Klin Monatsbl<br />

Augenheilkd 2000, 217 : 334-339.<br />

[82] Grafakou O, Oexle K, Van Den Heuvel L et al. Leigh syndrome due to<br />

compound heterozygosity of dihydrolipoamide dehydrogenase gene<br />

mutations. Description of the first E3 splice site mutation. Eur J Pediatr<br />

2003, 19 : 19.<br />

[83] Griffin JR, Asano GW, Somers R J et al. Heredity in congenital esotropia.<br />

J Am Optom Assoc 1979, 50 : 1237-1242.<br />

[84] Gross C, De Baere E, Lo A et al. Cloning and characterization of human<br />

WDR10, a novel gene located at 3q21 encoding a WD-repeat protein<br />

that is highly expressed in pituitary and testis. DNA Cell Biol 2001, 20 :<br />

41-52.<br />

[85] Guerini FR, Ferrante P, Losciale L et al. Myelin basic protein gene is associated<br />

with MS in DR4- and DR5-positive Italians and Russians. Neurology<br />

2003, 61 : 520-526.<br />

[86] Gurer YK, Kukner S, Kunak B et al. Congenital ocular motor apraxia in<br />

two siblings. Pediatr Neurol 1995, 13 : 261-262.<br />

[87] Gutowski NJ. Duane’s syndrome. Eur J Neurol 2000, 7 : 145-149.<br />

[88] Haegert DG, Cowan T, Murray TJ et al. Does a shift in the T-cell receptor<br />

repertoire precede the onset of MS ? Neurology 1999, 53 : 485-490.<br />

[89] Hanson M, Lupski JR, Hicks J et al. Association of dermal melanocytosis<br />

with lysosomal storage disease : clinical features and hypotheses regarding<br />

pathogenesis. Arch Dermatol 2003, 139 : 916-920.<br />

[90] Haritoglou C, Hoops J, Stefani F et al. Histopathological abnormalities in<br />

ocular blood vessels of CADASIL patients. Am J Ophthalmol 2004, 138 :<br />

302-305.<br />

[91] Harris CM, Hodgkins PR, Kriss A et al. Familial congenital saccade initiation<br />

failure and isolated cerebellar vermis hypoplasia. Dev Med Child<br />

Neurol 1998, 40 : 775-779.<br />

[92] Harris DJ, Memmen JE, Katz NN, Parks MM. Familial congenital superior<br />

oblique palsy. Ophthalmology 1986, 93 : 88-90.<br />

[93] Hayes A, Costa T, Polomeno RC. The Okihiro syndrome of Duane anomaly,<br />

radial ray abnormalities, and deafness. Am J Med Genet 1985, 22 :<br />

273-280.<br />

[94] Hoag HM, Taylor SA, Duncan AM et al. Evidence that skewed X inactivation<br />

is not needed for the phenotypic expression of Aicardi syndrome.<br />

Hum Genet 1997, 100 : 459-464.


Livre.book Page 433 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

[95] Holmes SE, O’Hearn E, Rosenblatt A et al. A repeat expansion in the<br />

gene encoding junctophilin-3 is associated with Huntington disease-like<br />

2. Nat Genet 2001, 29 : 377-378.<br />

[96] Hsu HN, Yang ML, Lai HC. Familial congenital ocular motor apraxia.<br />

Chang Gung Med J 2002, 25 : 411-414.<br />

[97] Hund E, Grau A, Fogel W et al. Progressive cerebellar ataxia, proximal<br />

neurogenic weakness and ocular motor disturbances : hexosaminidase A<br />

deficiency with late clinical onset in four siblings. J Neurol Sci 1997, 145 :<br />

25-31.<br />

[98] Iannaccone A, McIntosh N, Ciccarelli ML et al. Familial unilateral Brown<br />

Syndrome. Ophthalmic Genetic 2002, 23 : 175-184.<br />

[99] Inoue K, Osaka H, Thurston VC et al. Genomic rearrangements resulting<br />

in PLP1 deletion occur by nonhomologous end joining and cause different<br />

dysmyelinating phenotypes In males and females. Am J Hum Genet<br />

2002, 71 : 838-853.<br />

[100] Jiang Y, Matsuo T, Fujiwara H et al. ARIX gene polymorphisms in<br />

patients with congenital superior oblique muscle palsy. Br J Ophthalmol<br />

2004, 88 : 263-267.<br />

[101] Johnson AB. Alexander disease : a review and the gene. Int J Dev Neurosci<br />

2002, 20 : 391-394.<br />

[102] Johnson WG, Wigger HJ, Karp HR et al. Juvenile spinal muscular atrophy<br />

: a new hexosaminidase deficiency phenotype. Ann Neurol 1982, 11 :<br />

11-16.<br />

[103] Joutel A, Corpechot C, Ducros A et al. Notch3 mutations in CADASIL, a<br />

hereditary adult-onset condition causing stroke and dementia. Nature<br />

1996, 383 : 707-710.<br />

[104] Joutel A, Favrole P, Labauge P et al. Skin biopsy immunostaining with a<br />

Notch3 monoclonal antibody for CADASIL diagnosis. Lancet 2001, 358 :<br />

2049-2051.<br />

[105] Joutel A, Monet M, Domenga V et al. Pathogenic mutations associated<br />

with cerebral autosomal dominant arteriopathy with subcortical infarcts<br />

and leukoencephalopathy differently affect Jagged1 binding and Notch3<br />

activity via the RBP/JK signaling Pathway. Am J Hum Genet 2004, 74 :<br />

338-347.<br />

[106] Kan SH, Elanko N, Johnson D et al. Genomic screening of fibroblast<br />

growth-factor receptor 2 reveals a wide spectrum of mutations in<br />

patients with syndromic craniosynostosis. Am J Hum Genet 2002, 70 :<br />

472-486.<br />

[107] Katz LC, Shatz CJ. Synaptic activity and the construction of cortical circuits.<br />

Science 1996, 274 : 1133-1138.<br />

[108] Keeler LC, Marsh SE, Leeflang EP et al. Linkage analysis in families with<br />

Joubert syndrome plus oculorenal involvement identifies the CORS2<br />

locus on chromosome 11p12-q13.3. Am J Hum Genet 2003, 73 : 656-662.<br />

[109] Kerrison JB, Giorda R, Lenart TD et al. Clinical and genetic analysis of a<br />

family with X-linked congenital nystagmus (NYS1). Ophthalmic Genet<br />

2001, 22 : 241-248.<br />

[110] Kerrison JB, Koenekoop RK, Arnould VJ et al. Clinical features of autosomal<br />

dominant congenital nystagmus linked to chromosome 6p12. Am J<br />

Ophthalmol 1998, 125 : 64-70.<br />

[111] Kim J-H, Hwang J-M, Hwang YS et al. Childhood ocular myasthenia gravis.<br />

Ophthalmology 2003, 110 : 1458-1462.<br />

[112] Kirath H, Erdener U. Poland-Mœbius syndrome : a case report. Jpn J<br />

Ophthalmol 2000, 44 : 679-682.<br />

[113] Klein C, Vieregge P, Heide W et al. Exclusion of chromosome regions<br />

6p12 and 15q11, but not chromosome region 7p11, in a German family<br />

with autosomal dominant congenital nystagmus. Genomics 1998, 54 :<br />

176-177.<br />

[114] Kooy RF, Van der Veen AY, Verlind E et al. Physical localisation of the<br />

chromosomal marker D13S31 places the Wilson disease locus at the<br />

junction of bands q14.3 and q21.1 of chromosome 13. Hum Genet 1993,<br />

91 : 504-506.<br />

[115] Kremer H, Kuyt LP, Van Den Helm B et al. Localization of a gene for<br />

Mobius syndrome to chromosome 3q by linkage analysis in a Dutch<br />

family. Hum Mol Genet 1996, 5 : 1367-1371.<br />

[116] Kristiansen OP, Larsen ZM, Pociot F. CTLA-4 in autoimmune diseases –<br />

a general susceptibility gene to autoimmunity ? Genes Immun 2000, 1 :<br />

170-184.<br />

[117] Leyne M, Mull J, Gill SP et al. Identification of the first non-Jewish mutation<br />

in familial Dysautonomia. Am J Med Genet 2003, 118A : 305-308.<br />

[118] Lipson AH, Webster WS, Brown-Woodman PD et al. Mœbius syndrome<br />

: animal model--human correlations and evidence for a brainstem<br />

vascular etiology. Teratology 1989, 40 : 339-350.<br />

[119] Lorenz B. Genetics of isolated and syndromic strabismus : facts and<br />

perspectives. Strabismus 2002, 10 : 147-156.<br />

[120] Lui F, Fonda S, Merlini L et al. Saccadic eye movements are impaired in<br />

Duchenne muscular dystrophy. Doc Ophthalmol 2001, 103 : 219-228.<br />

[121] MacDermot KD, Winter RM, Taylor D et al. Oculofacialbulbar palsy in<br />

mother and son : review of 26 reports of familial transmission within the<br />

‘Mobius spectrum of defects’. J Med Genet 1991, 28 : 18-26.<br />

[122] Mackey DA, Chan WM, Chan C et al. Congenital fibrosis of the vertically<br />

acting extraocular muscles maps to the FEOM3 locus. Hum Genet<br />

2002, 110 : 510-512.<br />

[123] Magli A, De Berardinis T, D’Esposito F et al. Clinical and surgical data of<br />

affected members of a classi CFEOM I famili. BMC Ophthalmology 2003,<br />

3 : 6.<br />

[124] Manning FJ, Bruce AM, Berson EL. Electroretinograms in microcephaly<br />

with chorioretinal degeneration. Am J Ophthalmol 1990, 109 : 457-463.<br />

[125] Marsac C, Benelli C, Desguerre I et al. Biochemical and genetic studies of<br />

four patients with pyruvate dehydrogenase E1 alpha deficiency. Hum<br />

Genet 1997, 99 : 785-792.<br />

[126] Martidis A, Yee RD, Azzarelli B et al. Neuro-ophthalmic, radiographic,<br />

and pathologic manifestations of adult-onset Alexander disease. Arch<br />

Ophthalmol 1999, 117 : 265-267.<br />

[127] Massin M, Drouard E. Contribution à l’étude des strabismes concomitants<br />

familiaux. Ann Ocul (Paris) 1965, 198 : 323.<br />

[128] Matsuo T, Yamane T, Ohtsuki H. Heredity versus abnormalities in pregnancy<br />

and delivery as risk factors for different types of comitant strabismus.<br />

J Pediatr Ophthalmol Strabismus 2001, 38 : 78-82.<br />

[129] Matthews PM, Marchington DR, Squier M et al. Molecular genetic characterization<br />

of an X-linked form of Leigh’s syndrome. Ann Neurol 1993,<br />

33 : 652-655.<br />

[130] Maumenee IH, Alston A, Mets M B et al. Inheritance of congenital esotropia.<br />

Trans Am Ophthalmol Soc 1986, 84 : 85-93.<br />

[131] McMullan TF, Tyers AG. X linked dominant congenital isolated bilateral<br />

ptosis : the definition and characterisation of a new condition. Br J<br />

Ophthalmol 2001, 85 : 70-73.<br />

[132] McMullan TW, Crolla JA, Gregory SG et al. A candidate gene for congenital<br />

bilateral isolated ptosis identified by molecular analysis of a de<br />

novo balanced translocation. Hum Genet 2002, 110 : 244-250.<br />

[133] McQuillen PS, De<strong>fr</strong>eitas MF, Zada G et al. A novel role for p75NTR in<br />

subplate growth cone complexity and visual thalamocortical innervation.<br />

J Neurosci 2002, 22 : 3580-3593.<br />

[134] Mellott ML, Brown J, Jr., Fingert JH et al. Clinical characterization and<br />

linkage analysis of a family with congenital X-linked nystagmus and<br />

deuteranomaly. Arch Ophthalmol 1999, 117 : 1630-1633.<br />

[135] Michaelides M, Moore AT. The genetics of strabismus. J Med Genet<br />

2004, 41 : 641-646.<br />

[136] Middleton LT, Ohno K, Christodoulou K et al. Chromosome 17p-linked<br />

myasthenias stem <strong>fr</strong>om defects in the acetylcholine receptor ε-subunit<br />

gene. Neurology 1999, 53 : 1076.<br />

[137] Miller NR, Kiel SM, Green W R et al. Unilateral Duane’s retraction syndrome<br />

(Type 1). Arch Ophthalmol 1982, 100 : 1468-1472.<br />

[138] Mimault C, Giraud G, Courtois V et al. Proteolipoprotein gene analysis<br />

in 82 patients with sporadic Pelizaeus-Merzbacher Disease : duplications,<br />

the major cause of the disease, originate more <strong>fr</strong>equently in male<br />

germ cells, but point mutations do not. The Clinical European Network<br />

on Brain Dysmyelinating Disease. Am J Hum Genet 1999, 65 : 360-369.<br />

[139] Miterski B, Sindern E, Haupts M et al. PTPRC (CD45) is not associated<br />

with multiple sclerosis in a large cohort of German patients. BMC Med<br />

Genet 2002, 3 : 3.<br />

[140] Mootha VK, Lepage P, Miller K et al. Identification of a gene causing<br />

human cytochrome c oxidase deficiency by integrative genomics. Proc<br />

Natl Acad Sci USA 2003, 100 : 605-610.<br />

[141] Moreira MC, Barbot C, Tachi N et al. Homozygosity mapping of Portuguese<br />

and Japanese forms of ataxia-oculomotor apraxia to 9p13, and evidence<br />

for genetic heterogeneity. Am J Hum Genet 2001, 68 : 501-508.<br />

[142] Moreira MC, Barbot C, Tachi N et al. The gene mutated in ataxia-ocular<br />

apraxia 1 encodes the new HIT/Zn-finger protein aprataxin. Nat Genet<br />

2001, 29 : 189-193.<br />

[143] Mower AF, Lioa DS, Nestler EJ et al. CAMP/Ca2 + response elementbinding<br />

protien function is essential for ocular dominance plasticity. J<br />

Neurosci 2002, 22 : 2237-2245.<br />

[144] Mugikura S, Takahashi S, Higano S et al. MR findings in Tay-Sachs<br />

disease. J Comput Assist Tomogr 1996, 20 : 551-555.<br />

[145] Mullaney P, Vajsar J, Smith R et al. The natural history and ophthalmic<br />

involvement in childhood myasthenia gravis at the hospital for sick children.<br />

Ophthalmology 2000, 107 : 504-510.<br />

[146] Nagashima T, Mori M, Katayama K et al. Adult Leigh syndrome with<br />

mitochondrial DNA mutation at 8993. Acta Neuropathol (Berl) 1999, 97 :<br />

416-422.<br />

[147] Naito E, Ito M, Yokota I et al. Biochemical and molecular analysis of an<br />

X-linked case of Leigh syndrome associated with thiamin-responsive<br />

pyruvate dehydrogenase deficiency. J Inherit Metab Dis 1997, 20 : 539-<br />

548.<br />

[148] Nakano M, Yamada K, Fain J et al. Homozygous mutations in ARIX<br />

(PHOX2A) result in congenital fibrosis of the extraocular muscles type 2.<br />

Nat Genet 2001, 29 : 315-320.<br />

[149] Nanduri VR, Stanhope R. Why is the retention of gonadotrophin secretion<br />

common in children with panhypopituitarism due to septo-optic<br />

dysplasia. Eur J Endocrinol 1999, 140 : 48-50.<br />

[150] Natacci F, Corrado L, Pierri M et al. Patient with large 17p11.2 deletion<br />

presenting with Smith-Magenis syndrome and Joubert syndrome phenotype.<br />

Am J Med Genet 2000, 95 : 467-472.<br />

[151] Neilson DE, Eiben RM, Waniewski S et al. Autosomal dominant acute<br />

necrotizing encephalopathy. Neurology 2003, 61 : 226-230.<br />

[152] Nishikawa M, Ichiyama T, Hayashi T et al. Mobius-like syndrome associated<br />

with a 1 ;2 chromosome translocation. Clin Genet 1997, 51 : 122-<br />

123.<br />

[153] O’Brien KF, Engle E Ckunkel LM. Analysis of human sarcospan as a<br />

condidate gene for CFEOM1. BMC Genet 2001, 2 : 3.<br />

[154] O’Dowd BF, Klavins MH, Willard HF et al. Molecular heterogeneity in<br />

the infantile and juvenile forms of Sandhoff disease (O-variant GM2<br />

gangliosidosis). J Biol Chem 1986, 261 : 12680-12685.<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 433


Livre.book Page 434 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

[155] Oddoux C, Reich E, Axelrod F et al. Prenatal diagnostic testing for familial<br />

dysautonomia using linked genetic markers. Prenat Diagn 1995, 15 :<br />

817-826.<br />

[156] Oetting WS, Armstrong CM, Holleschau AM et al. Evidence for genetic<br />

heterogeneity in families with congenital motor nystagmus (CN).<br />

Ophthalmic Genet 2000, 21 : 227-233.<br />

[157] Ogawa Y, Naito E, Ito M et al. Three novel SURF-1 mutations in Japanese<br />

patients with Leigh syndrome. Pediatr Neurol 2002, 26 : 196-200.<br />

[158] Ohno K, Engel AG, Brengman JM et al. The spectrum of mutations causing<br />

end-plate acetylcholinesterase deficiency. Ann Neurol 2000, 47 : 162-<br />

170.<br />

[159] Ohno K, Tsujino A, Brengman JM et al. Choline acetyltransferase mutations<br />

cause myasthenic syndrome associated with episodic apnea in<br />

humans. Proc Natl Acad Sci USA 2001, 98 : 2017-2022.<br />

[160] Ohno K, Engel AG, Shen XM et al. Rapsyn mutations in humans cause<br />

endplate acetylcholine-receptor deficiency and myasthenic syndrome.<br />

Am J Hum Genet 2002, 70 : 875-885.<br />

[161] Orbeck H, Oftedal G. Familial dysautonomia in a non-Jewish child. Acta<br />

Paediatr Scand 1977, 66 : 777-781.<br />

[162] Osanai R, Kinoshita M, Hirose K. Saccadic slowing in myotonic dystrophy<br />

and CTG repeat expansion. J Neurol 1998, 245 : 674-680.<br />

[163] Oster SF, Sretavan DW. Connecting the eye to the brain : the molecular<br />

basis of ganglion cell axon guidance. Br J Ophthalmol 2003 ; 87 : 639-645.<br />

[164] Ozkara Hsandhoff K. A new point mutation (G412 to A) at the last<br />

nucleotide of exon 3 of hexosaminidase alpha-subunit gene affects splicing.<br />

Brain Dev 2003, 25 : 203-206.<br />

[165] Ozkurt H, Basak M, Oral Y et al. Magnetic resonance imaging in<br />

Duane’s retraction syndrome. J Pediatr Ophthalmol Strabismus 2003, 40 :<br />

19-22.<br />

[166] Parfait B, Chretien D, Rotig A et al. Compound heterozygous mutations<br />

in the flavoprotein gene of the respiratory chain complex II in a patient<br />

with Leigh syndrome. Hum Genet 2000, 106 : 236-243.<br />

[167] Parikh V, Shugart YY, Doheny KF et al. A strabismus susceptibility locus<br />

on chromosome 7p. Proc Natl Acad Sci USA 2003 ; 100 : 12283-12288.<br />

[168] Pattyn A, Morin X, Cremer H et al. Expression and interactions of the<br />

two closely related homoebox genes Phox2a and phox2b during neurogenesis.<br />

Development 1997, 124 : 4065-4075.<br />

[169] Paul T, Ohardage LK. The heritability of strabismus. Ophthalmic Genet<br />

1994, 15 : 1-18.<br />

[170] Pennybacker M, Liessem B, Moczall H et al. Identification of domains in<br />

human beta-hexosaminidase that determine substrate specificity. J Biol<br />

Chem 1996, 271 : 17377-17382.<br />

[171] Pequignot MO, Desguerre I, Dey R et al. New splicing-site mutations in<br />

the SURF1 gene in Leigh syndrome patients. J Biol Chem 2001, 276 :<br />

15326-15329.<br />

[172] Petruzzella V, Vergari R, Puzziferri I et al. A nonsense mutation in the<br />

NDUFS4 gene encoding the 18 kDa (AQDQ) subunit of complex I abolishes<br />

assembly and activity of the complex in a patient with Leigh-like<br />

syndrome. Hum Mol Genet 2001, 10 : 529-535.<br />

[173] Pham YC, Man N, Lam LT et al. Localization of myotonic dystrophy<br />

protein kinase in human and rabbit tissues using a new panel of monoclonal<br />

antibodies. Hum Mol Genet 1998, 7 : 1957-1965.<br />

[174] Phillips HE, Carter AP, Kennedy JL, JR. et al. Aicardi’s syndrome ; radiologic<br />

manifestations. Radiology 1978, 127 : 453-455.<br />

[175] Phillips PH, Brodsky M, Chenry PM. Congenital ocular motor apraxia<br />

with autosomal dominant inheritance. Am J Ophthalmol 2000, 129 : 820-<br />

822.<br />

[176] Pizzuti A, Calabrese G, Bozzali M et al. Peptidase gene in chromosome<br />

8q is disrupted by a balanced translocation in a duane syndrome patient.<br />

Invest Ophthalmol and Vis Sci 2002, 43 : 3609-3612.<br />

[177] Poorkaj P, Muma NA, Zhukareva V et al. An R5L tau mutation in a subject<br />

with a progressive supranuclear palsy phenotype. Ann Neurol 2002,<br />

52 : 511-516.<br />

[178] Quiram PA, Ohno K, Milone M et al. Mutation causing congenital myasthenia<br />

reveals acetylcholine receptor beta/delta subunit interaction<br />

essential for assembly. J Clin Invest 1999, 104 : 1403-1410.<br />

[179] Ragge NK, Hartley C, Dearlove AM et al. Familial vestibulocerebellar<br />

disorder maps to chromosome 13q31-q33 : a new nystagmus locus. J<br />

Med Genet 2003, 40 : 37-41.<br />

[180] Rahman S, Blok RB, Dahl HH et al. Leigh syndrome : clinical features<br />

and biochemical and DNA abnormalities. Ann Neurol 1996, 39 : 343-351.<br />

[181] Ranum LP, Day JW. Myotonic dystrophy : clinical and molecular parallels<br />

between myotonic dystrophy type 1 and type 2. Curr Neurol Neurosci<br />

Rep 2002, 2 : 465-470.<br />

[182] Reck AC, Manners Rhatchwell E. Phenotypic heterogeneity may occur<br />

in congenital fibrosis of the extraocular muscles. Brit J Ophthal 1998, 82 :<br />

676-679.<br />

[183] Remy C. Strabisme et hérédité. Bull Soc Ophtalmol Fr 1987, 87 : 981.<br />

[184] Renier WO, Gabreels FJ, Hustinx TW et al. Connatal Pelizaeus-Merzbacher<br />

disease with congenital stridor in two maternal cousins. Acta Neuropathol<br />

(Berl) 1981, 54 : 11-17.<br />

[185] Reuter DA, Anetseder M, Muller R et al. The ryanodine contracture test<br />

may help diagnose susceptibility to malignant hyperthermia. Can J<br />

Anaesth 2003, 50 : 643-648.<br />

[186] Rickard S, Parker M, Van’t Hoff W et al. Oto-facio-cervical (OFC) syndrome<br />

is a contiguous gene deletion syndrome involving EYA1 : molecular<br />

analysis confirms allelism with BOR syndrome and further narrows<br />

434 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

the Duane syndrome critical region to 1 cM. Hum Genet 2001, 108 : 398-<br />

403.<br />

[187] Robinson R, Hopkins P, Carsana A et al. Several interacting genes<br />

influence the malignant hyperthermia phenotype. Hum Genet 2003, 112 :<br />

217-218.<br />

[188] Robles J. Congenital ocular motor apraxia in identical twins. Arch<br />

ophthalmol 1966, 75 : 746-749.<br />

[189] Rubinsztein DC, Leggo J, Coles R et al. Phenotypic characterization of<br />

individuals with 30-40 CAG repeats in the Huntington disease (HD)<br />

gene reveals HD cases with 36 repeats and apparently normal elderly<br />

individuals with 36-39 repeats. Am J Hum Genet 1996, 59 : 16-22.<br />

[190] Sadler LS, Robinson LK. Chorioretinal dysplasia-microcephaly-mental<br />

retardation syndrome : report of an American family. Am J Med Genet.<br />

1993, 47 : 65-68.<br />

[191] Schaffner C, Idler I, Stilgenbauer S et al. Mantle cell lymphoma is characterized<br />

by inactivation of the ATM gene. Proc Natl Acad Sci USA 2000,<br />

97 : 2773-2778.<br />

[192] Scott SP, Bendix R, Chen P et al. Missense mutations but not allelic<br />

variants alter the function of ATM by dominant interference in patients<br />

with breast cancer. Proc Natl Acad Sci USA 2002, 99 : 925-930.<br />

[193] Seemungal BM, Faldon M, Revesz T et al. Influence of target size on vertical<br />

gaze palsy in a pathologically proven case of progressive supranuclear<br />

palsy. Mov Disord 2003, 18 : 818-822.<br />

[194] Sener EC, Lee BA, Turgut B et al. A clinically variant fibrosis syndrome<br />

in a Turkish family maps to the CFEOM1 locus on chromosome 12. Arch<br />

Ophthalmol 2000, 118 : 1090-1097.<br />

[195] Sener RN. Septo-optic dysplasia (de Morsier’s syndrome) associated<br />

with total callosal absence. A new type of the anomaly. J Neuroradiol<br />

1996, 23 : 79-81.<br />

[196] Shen XM, Ohno K, Fukudome T et al. Congenital myasthenic syndrome<br />

caused by low-expressor fast-channel AChR δ subunit mutation. Neurology<br />

2002, 59 : 1881-1888.<br />

[197] Shen XM, Ohno K, Tsujino A et al. Mutation causing severe myasthenia<br />

reveals functional asymmetry of AChR signature cystine loops in agonist<br />

binding and gating. J Clin Invest 2003, 111 : 497-505.<br />

[198] Slaugenhaupt SA, Blumenfeld A, Gill SP et al. Tissue-specific expression<br />

of a splicing mutation in the IKBKAP gene causes familial dysautonomia.<br />

Am J Hum Genet 2001, 68 : 598-605.<br />

[199] Slee JJ, Smart R Dviljoen DL. Deletion of chromosome 13 in Mœbius<br />

syndrome. J Med Genet 1991, 28 : 413-414.<br />

[200] Solomon D, Shepard N, Mishra A. Congenital periodic alternating nystagmus<br />

: response to baclofen. Ann N Y Acad Sci 2002, 956 : 611-615.<br />

[201] Sperl W, Bart G, Vanier MT et al. A family with visceral course of Niemann-Pick<br />

disease, macular halo syndrome and low sphingomyelin<br />

degradation rate. J Inherit Metab Dis 1994, 17 : 93-103.<br />

[202] Tajima T, Hattorri T, Nakajima T et al. Sporadic heterozygous <strong>fr</strong>ameshift<br />

mutation of HESX1 causing pituitary and optic nerve hypoplasia<br />

and combined pituitary hormone deficiency in a Japanese patient. J Clin<br />

Endocrinol Metab 2003, 88 : 45-50.<br />

[203] Takano K, Nakamoto T, Okajima M et al. Cerebellar and brainstem<br />

involvement in familial juvenile nephronophthisis type I. Pediatr Neurol<br />

2003, 28 : 142-144.<br />

[204] Taylor RW, Morris AA, Hutchinson M et al. Leigh disease associated<br />

with a novel mitochondrial DNA ND5 mutation. Eur J Hum Genet 2002,<br />

10 : 141-144.<br />

[205] Temtamy SA, Shoukry AS, Ghaly I et al. The Duane radial dysplasia<br />

syndrome : an autosomal dominant disorder. Birth Defects Orig. Art Ser<br />

1975 ;XI :344-345.<br />

[206] Thomas PQ, Dattani MT, Brickman JM et al. Heterozygous HESX1<br />

mutations associated with isolated congenital pituitary hypoplasia and<br />

septo-optic dysplasia. Hum Mol Genet 2001, 10 : 39-45.<br />

[207] Thorn F. Development of re<strong>fr</strong>action and strabismus. Curr Opin Ophthalmol<br />

2000, 11 : 301-305.<br />

[208] Tiranti V, Munaro M, Sandona D et al. Nuclear DNA origin of cytochrome<br />

c oxidase deficiency in Leigh’s syndrome : genetic evidence<br />

based on patient’s-derived rho(0) transformants. Hum Molec Genet 1995,<br />

4 : 2017-2023.<br />

[209] Tiranti V, Jaksch M, Hofmann S et al. Loss-of-function mutations of<br />

SURF-1 are specifically associated with Leigh syndrome with cytochrome<br />

c oxidase deficiency. Ann Neurol 1999, 46 : 161-166.<br />

[210] Tokita N, Sekhar HK, Sachs M et al. Familial dysautonomia (Riley-Day<br />

syndrome). Temporal bone findings and otolaryngological manifestations.<br />

Ann Otol Rhinol Laryngol Suppl 1978, 87 : 1-12.<br />

[211] Traboulsi EI, Lee BA, Mousawi A et al. Evidence of genetic heterogeneity<br />

in autosomal recessive congenital fibrosis of the extraocular muscles. Am<br />

J Ophthalmol 2000, 129 : 658-662.<br />

[212] Trifiletti RR, Incorpora G, Polizzi A et al. Aicardi syndrome with multiple<br />

tumors : a case report with literature review. Brain Dev 1995, 17 :<br />

283-285.<br />

[213] Trottier Y, Biancalana V, Mandel JL. Instability of CAG repeats in Huntington’s<br />

disease : relation to parental transmission and age of onset. J<br />

Med Genet 1994, 31 : 377-382.<br />

[214] Tsai FJ, Peng CT, Tsai CH et al. Niemann-Pick disease type B with ocular<br />

involvement : report of a case. Zhonghua Min Guo Xiao Er Ke Yi Xue Hui<br />

Za Zhi 1991, 32 : 177-182.<br />

[215] Tsao CY, Mendell JR, Lo WD et al. Myasthenia gravis and associated<br />

autoimmune diseases in children. J Child Neurol 2000, 15 : 767-769.


Livre.book Page 435 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

[216] Uhlenberg B, Schuelke M, Ruschendorf F, et al. Mutations in the gene<br />

encoding gap junction protein alpha-12 (connexin 46.6) cause Pelizaeus-<br />

Merzbacher-like disease. Am J Hum Genet 2004, 75 : 251-260.<br />

[217] Vahedi K, Chabriat H, Levy C et al. Migraine with aura and brain<br />

magnetic resonance imaging abnormalities in patients with CADASIL.<br />

Arch Neurol 2004, 61 : 1237-1240.<br />

[218] Valente EM, Salpietro DC, Brancati F et al. Description, nomenclature,<br />

and mapping of a novel cerebello-renal syndrome with the molar tooth<br />

malformation. Am J Hum Genet 2003, 73 : 663-670.<br />

[219] Van Coster R, Seneca S, Smet J et al. Homozygous Gly555Glu mutation<br />

in the nuclear-encoded 70 kDa flavoprotein gene causes instability of the<br />

respiratory chain complex II. Am J Med Genet 2003, 120A :13-18.<br />

[220] Vanier MT, Millat G. Niemann-Pick disease type C. Clin Genet 2003, 64 :<br />

269-281.<br />

[221] Varani L, Hasegawa M, Spillantini MG et al. Structure of tau exon 10<br />

splicing regulatory element RNA and destabilization by mutations of<br />

<strong>fr</strong>ontotemporal dementia and parkinsonism linked to chromosome 17.<br />

Proc Natl Acad Sci USA 1999, 96 : 8229-8234.<br />

[222] Versino M, Rossi B, Beltrami G et al. Ocular motor myotonic phenomenon<br />

in myotonic dystrophy. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2002, 72 : 236-<br />

240.<br />

[223] Verzijl HT, Van Den Helm B, Veldman B et al. A second gene for autosomal<br />

dominant Mobius syndrome is localized to chromosome 10q, in a<br />

Dutch family. Am J Hum Genet 1999, 65 : 752-756.<br />

[224] Vincent C, Kalatzis V, Abdelhak S et al. BOR and BO syndromes are allelic<br />

defects of EYA1. Eur J Hum Genet 1997, 5 : 242-246.<br />

[225] Walton DS, Robb R Mcrocker AC. Ocular manifestations of group A<br />

Niemann-Pick disease. Am J Ophthalmol 1978, 85 : 174-180.<br />

[226] Wang HL, Milone M, Ohno K et al. Acetylcholine receptor M3 domain :<br />

stereochemical and volume contributions to channel gating. Nat Neurosci<br />

1999, 2 : 226-233.<br />

[227] Wang SM, Zwaan J, Mullaney PB et al. Congenital fibrosis of the extraocular<br />

muscles type 2, an inherited exotropic strabismus fixus, maps to<br />

distal 11q13. Am J Hum Genet 1998, 63 : 517-525.<br />

[228] Wilmore HP, Smith MJ, Wilcox S A et al. SOX14 is a candidate gene for<br />

limb defects associated with BPES and Mobius syndrome. Hum Genet<br />

2000, 106 : 269-276.<br />

[229] Winograd-Gurvich CT, Georgiou-Karistianis N, Evans A et al. Hypometric<br />

primary saccades and increased variability in visually-guided saccades<br />

in Huntington’s disease. Neuropsychologia 2003, 41 : 1683-1692.<br />

[230] Wu ZY, Lin MT, Murong SX et al. Molecular diagnosis and prophylactic<br />

therapy for presymptomatic Chinese patients with Wilson disease. Arch<br />

Neurol 2003, 60 : 737-741.<br />

[231] Yamanaka S, Johnson M, Grinberg A et al. Targeted disruption of the<br />

Hexa gene results in mice with biochemical and pathologic features of<br />

Tay-Sachs disease. Proc Natl Acad Sci USA 1994, 91 : 9975-9979.<br />

[232] Yamaya Y, Yoshioka A, Shirakawa T et al. Apraxia of eyelid closure in a<br />

patient with progressive supranuclear palsy. Rinsho Shinkeigaku 1999,<br />

39 : 940-943.<br />

[233] Zhu Z, Yao J, Johns T et al. SURF1, encoding a factor involved in the biogenesis<br />

of cytochrome c oxidase, is mutated in Leigh syndrome. Nat<br />

Genet 1998, 20 : 337-343.<br />

[234] Ziakas NG, Woodruff G, Smith LK et al. A study of heredity as a risk<br />

factor in strabismus. Eye 2002, 16 : 519-521.<br />

[235] Ziter FA, Wiser W, Crobinson A. Three-generation pedigree of a Mobius<br />

syndrome variant with chromosome translocation. Arch Neurol 1977, 34 :<br />

437-442.<br />

[236] Zuccato C, Ciammola A, Rigamonti D et al. Loss of huntingtin-mediated<br />

BDNF gene transcription in Huntington’s disease. Science 2001, 293 :<br />

493-498.<br />

STRABISME, MYOPATHIES, NEURO-OPHTALMOLOGIE 435


Livre.book Page 436 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!