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Livre.book Page 408 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

III – APRAXIES OCULOMOTRICES ET ANOMALIES OCULOMOTRICES APPARENTÉES<br />

Une apraxie oculomotrice constitue la principale manifestation<br />

de l’apraxie congénitale de Cogan, au cours de laquelle<br />

seule la motilité oculaire horizontale est altérée. Cette même<br />

anomalie oculomotrice ou des anomalies oculomotrices peu<br />

différentes s’observent également dans des affections telles<br />

que l’ataxie-télangiectasie de Denise Louis-Bar, le syndrome<br />

de Joubert et l’hypoplasie vermienne isolée, la chorée de<br />

Huntington ou la maladie de Gaucher.<br />

APRAXIE CONGÉNITALE<br />

OCULOMOTRICE DE COGAN<br />

L’apraxie oculomotrice de Cogan (AOMC) est une anomalie<br />

congénitale et idiopathique, caractérisée par une anomalie de<br />

l’initiation des saccades volontaires horizontales s’améliorant<br />

avec l’âge. Quoique les formes sporadiques soient les plus<br />

<strong>fr</strong>équentes, un gène responsable de formes héréditaires serait<br />

localisé sur le bras long du chromosome 2, en 2q13, à proximité<br />

du gène NPHP1, responsable de la néphronophtise [23] .<br />

Symptomatologie et diagnostic<br />

Au cours de l’AOMC, seules les saccades volontaires horizontales<br />

sont perturbées. En revanche, les saccades réflexes et<br />

les phases rapides des nystagmus sont préservées, de même<br />

que les mouvements de poursuite. L’AOMC est une affection<br />

congénitale dont les manifestations ne deviennent évidentes<br />

que lorsque les bébés sont capables de maintenir leur tête et<br />

d’en contrôler les mouvements. En effet, les patients vont<br />

développer une stratégie visuelle reposant sur la réalisation de<br />

clignements palpébraux, afin de perdre la fixation initiale, suivis<br />

d’un mouvement brusque de la tête dirigé vers la cible<br />

périphérique qu’ils souhaitent fixer mais en la dépassant. Lors<br />

de ce mouvement céphalique rapide d’acquisition de la cible,<br />

les yeux effectuent un mouvement de contraversion du fait<br />

de la persistance du réflexe vestibulo-oculaire (phénomène<br />

des « yeux de poupée »). Puis, lorsque la fixation est assurée,<br />

la tête et les yeux reviennent en position primaire tout en<br />

continuant à fixer l’objet souhaité. Le mouvement céphalique<br />

ne serait pas uniquement un mécanisme de compensation<br />

mais il pourrait s’intégrer dans des syncinésies oculocéphaliques<br />

facilitant l’initiation des saccades. Ces manifestations<br />

ont tendance à s’atténuer dans le temps et elles ne sont presque<br />

plus perceptibles dès l’adolescence, hormis lors de situations<br />

de stress ou de fatigue [175] . L’AOMC est généralement<br />

isolée. Néanmoins, l’existence d’un retard des acquisitions ou<br />

de troubles de l’élocution est parfois signalée. Il est possible<br />

d’observer des malformations cérébrales à type d’agénésie du<br />

corps calleux, de porencéphalie, de syndrome de Dandy-Walker<br />

ou d’hypoplasie vermienne [91] . Cette dernière malformation<br />

est intéressante du point de vue de la nosologie et de la<br />

compréhension des mécanismes physiopathogéniques à<br />

l’origine de l’AOMC. Au sein d’une même <strong>fr</strong>atrie, certains<br />

patients porteurs d’une AOMC peuvent présenter une hypoplasie<br />

vermienne alors que le cervelet apparaît normal chez<br />

d’autres [91] . Mais les anomalies cérébelleuses peuvent être<br />

purement histologiques ou biochimiques [91] .<br />

408 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

Génétique<br />

La plupart des AOMC sont sporadiques. Néanmoins, avant<br />

d’éliminer une forme familiale, il faut rechercher de très discrètes<br />

anomalies des saccades horizontales chez les parents,<br />

puisque les manifestations cliniques vont devenir imperceptibles<br />

avec l’âge [175] . Les formes familiales d’AOMC rapportées<br />

dans la littérature sont peu nombreuses et présentent parfois<br />

quelques particularités intéressantes pour l’étude de la transmission<br />

génétique. Dans deux familles, les enfants porteurs<br />

d’AOMC sont des jumeaux monozygotes [188] . Une consanguinité<br />

au premier degré a été retrouvée dans deux <strong>fr</strong>atries<br />

différentes [86] . Une transmission d’un père à ses quatre<br />

enfants (un garçon et trois filles dont des jumelles) dans une<br />

<strong>fr</strong>atrie et une transmission d’un père à sa fille dans une autre<br />

ont été rapportées [96, 175] . La structure de ces différentes <strong>fr</strong>atries<br />

ne permet pas de porter de conclusion quant au mode de<br />

transmission de l’AOMC. Une transmission dominante autosomique<br />

est plausible devant l’existence de transmissions<br />

père-fils et de patients atteints sur deux générations au<br />

moins [96, 175] . Cependant, aucun de ces différents éléments ne<br />

constitue un argument déterminant du fait du très faible<br />

nombre de générations concernées. Il n’est donc pas possible<br />

d’éliminer une transmission récessive autosomique avec<br />

pseudodominance, en faveur de laquelle il faut retenir l’existence<br />

d’une consanguinité au sein de certaines <strong>fr</strong>atries et le<br />

grand nombre de patients atteints dans une même génération<br />

[86] .<br />

Aucun gène de l’AOMC n’est identifié. Une localisation,<br />

encore incertaine, a été proposée au niveau du bras long du<br />

chromosome 2 dans la région 2q13. L’association d’une<br />

AOMC à une néphronophtise, rapportée par Betz chez deux<br />

enfants, ne semble pas fortuite et pourrait entrer dans le cadre<br />

des syndromes de gènes contigus [23] . Une délétion dans la<br />

région du gène de la néphronophtise NPHP1, localisé en<br />

2q13, a été retrouvée chez ces deux enfants. Chez un enfant,<br />

cette large délétion concerne les deux chromosomes, alors<br />

que chez le second enfant, la délétion ne touche qu’un chromosome<br />

mais une mutation ponctuelle dans le gène de la<br />

néphronophtise est retrouvée sur le second chromosome.<br />

Cependant, Takano évoque que le gène NPHP1 puisse jouer<br />

un rôle important dans le développement du tissu rénal, mais<br />

aussi du tronc cérébral et du cervelet [203] . Toutefois, aucune<br />

mutation de ce gène NPHP1 n’a encore été décrite à ce jour<br />

au cours de l’AOMC.<br />

HYPOPLASIE VERMIENNE<br />

L’hypoplasie vermienne est caractérisée par l’existence d’un<br />

syndrome cérébelleux présent dès la naissance et strictement<br />

non évolutif, associant des troubles moteurs, une ataxie<br />

motrice des membres et du tronc ou une dysmétrie. Les troubles<br />

oculomoteurs associent un nystagmus vertical ou horizontal<br />

à une ataxie optique perturbant les mouvements<br />

oculaires horizontaux et verticaux — contrairement à ce qui<br />

est observé lors de l’AOMC. Le développement intellectuel<br />

est normal. Aucune anomalie systémique n’est retrouvée, ce<br />

qui permet de différencier cette affection du syndrome de

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