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Livre.book Page 406 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />
elle est plus importante. Cette affection est due à une anomalie<br />
du transport du cuivre du compartiment intracellulaire, où<br />
il s’accumule, vers les secteurs extracellulaires, en particulier<br />
vers la cœruléoplasmine et vers la bile. Ce passage transmembranaire<br />
est assuré par un transporteur membranaire ATPdépendant<br />
de type P, situé à la face interne de la membrane<br />
cellulaire et codé par le gène ATP7B [55] . Ce gène est localisé<br />
au niveau du bras long du chromosome 13, en 13q14.3q21.1<br />
[114] . Du fait de sa très grande taille, environ 80 kb,<br />
l’étude d’haplotypes spécifiques d’anomalies géniques, à<br />
l’aide de microsatellites et de polymorphismes (répétition de<br />
paires de nucléotides CA), permet de rechercher plus facilement<br />
l’existence de mutations [27] . Celles-ci sont nombreuses,<br />
aboutissant à une absence de synthèse ou à la synthèse d’un<br />
transporteur tronqué et/ou non fonctionnel [71] . Les différentes<br />
formes que prend le transporteur muté permettent d’expliquer<br />
la diversité des tableaux cliniques, en particulier quant à<br />
l’âge d’apparition des désordres hépatiques et cérébraux. Les<br />
mutations semblent différer selon l’origine géographique des<br />
patients. En Europe, la mutation HIS1069GLN, la plus <strong>fr</strong>équente<br />
(28 à 42 % selon les études), altère la configuration de<br />
la protéine et provoque une accélération de sa dégradation. Il<br />
semble exister un effet fondateur de cette mutation retrouvée<br />
soit à l’état homozygote, soit à l’état hétérozygote dans la<br />
population européenne. Compte tenu du grand nombre de<br />
mutations existantes et du statut d’hétérozygote composite<br />
des patients atteints, le diagnostic prénatal nécessite d’associer<br />
une analyse de liaison génétique à une recherche directe<br />
de mutation.<br />
MALADIE<br />
DE STEELE-RICHARDSON-OLSZEWSKI<br />
La maladie de Steele-Richardson-Olszewski (MSRO), encore<br />
dénommée paralysie supranucléaire progressive, réalise un<br />
syndrome extrapyramidal associé à une paralysie supranucléaire<br />
de la verticalité du regard. L’évolution, différente de<br />
celle observée lors des syndromes parkinsoniens, se fait vers<br />
la survenue d’un état démentiel et vers le décès en quelques<br />
années. Quoique de nombreuses observations soient sporadiques,<br />
la MSRO peut être familiale, transmise selon un mode<br />
dominant autosomique. Le gène responsable a été identifié.<br />
Ce gène MAPT (Microtubule-associated Protein Tau) est également<br />
responsable d’autres affections neurodégénératives telles<br />
que la maladie de Pick, une forme de démence pré-sénile,<br />
ou une forme de maladie de Parkinson avec démence.<br />
Aspects cliniques<br />
La MSRO débute par l’apparition d’un syndrome extrapyramidal<br />
avec un ralentissement des mouvements vers l’âge de<br />
65 ans en moyenne, comme la maladie de Parkinson. Mais<br />
elle en diffère par la rigidité axiale précoce, amenant le corps<br />
en hyperextension, alors que le tremblement est peu important.<br />
Les troubles de l’équilibre sont également sévères, aggravés<br />
par la rigidité axiale et l’akinésie, et sont volontiers<br />
sources de chutes <strong>fr</strong>équentes. Les plaintes à type de flou<br />
visuel ou de véritables épisodes de diplopie sont précoces et<br />
<strong>fr</strong>équentes. L’atteinte oculomotrice est caractéristique et réalise<br />
une paralysie supranucléaire intéressant les mouvements<br />
verticaux, qui sont difficiles à initier et dont l’amplitude est<br />
limitée. L’atteinte affecte d’abord les mouvements dirigés<br />
vers le bas, les saccades, puis les mouvements de poursuite.<br />
406 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />
En quelques mois, tous les mouvements verticaux puis horizontaux<br />
deviennent limités. Mais l’amplitude de ces mouvements<br />
verticaux est d’autant plus grande que la taille du<br />
stimulus est importante, ce qui traduit une anomalie supranucléaire<br />
[193] . Il s’associe au déficit oculomoteur une apraxie de<br />
l’ouverture palpébrale [232] . Les troubles du langage sont<br />
secondaires aux troubles moteurs, mais ils peuvent aussi<br />
s’intégrer dans un tableau de fléchissement des fonctions<br />
supérieures, aboutissant à une démence. Les patients ne<br />
répondent pas aux traitements par la L-dopa et l’évolution se<br />
fait vers le décès en quelques années. Une variabilité<br />
d’expression clinique de la MSRO a été retrouvée au sein de<br />
certaines <strong>fr</strong>atries, les troubles de l’équilibre ou la démence<br />
pouvant être plus ou moins au premier plan. Cette variabilité<br />
phénotypique risque de faire sous-estimer la <strong>fr</strong>équence de<br />
cette affection et de ses formes familiales. De plus, elle pose<br />
des problèmes diagnostique et nosologique difficiles avec une<br />
maladie de Parkinson associée à une démence. La maladie de<br />
Parkinson avec démence est elle aussi associée à des mutations<br />
survenant dans le gène MAPT, mais ces mutations sont<br />
différentes de celles de la MSRO. De plus, sa symptomatologie<br />
est proche de celle de la MSRO. Ces deux affections diffèrent<br />
moins par les troubles ophtalmologiques — réalisant<br />
l’une et l’autre une paralysie supranucléaire verticale — que<br />
par l’aspect de la rigidité axiale : les patients parkinsoniens<br />
sont courbés vers l’avant, alors que les patients porteurs de<br />
MSRO restent droits. L’analyse histologique dans la MSRO<br />
met en évidence des amas neurofibrillaires dans les neurones<br />
sous-corticaux et dans les cellules gliales, ainsi que des territoires<br />
de gliose sans plaque sénile, contrairement à la maladie<br />
d’Alzheimer.<br />
Génétique<br />
La plupart des observations de MSRO sont sporadiques, mais<br />
la <strong>fr</strong>équence des formes familiales est sans doute sous-estimée.<br />
Cette affection neurodégénérative est transmise selon<br />
un mode dominant autosomique à pénétrance incomplète,<br />
quoique, dans une <strong>fr</strong>atrie espagnole, la transmission évoque<br />
un mode récessif autosomique. Un polymorphisme de répétition<br />
dinucléotidique a été identifié dans l’intron 9 du gène<br />
MAPT localisé en 17q21.1. Ce polymorphisme a été utilisé<br />
pour confirmer l’association de différentes affections neurodégénératives,<br />
dont la MSRO, avec ce gène MAPT [53] . Cinq<br />
haplotypes différents, A0, A1, A2, A3 et A4, ont été définis<br />
en fonction du nombre de répétition de dinucléotides. Les<br />
patients porteurs de MSRO sont plus volontiers homozygotes<br />
pour l’allèle A0 (génotype A0/A0), alors que celui-ci est moins<br />
représenté dans la population saine. Deux haplotypes, H1 et<br />
H2, couvrant l’ensemble du gène MAPT et recoupant les<br />
haplotypes de l’intron 9 ont été identifiés. Une sur-représentation<br />
de l’haplotype H1 réalisant le génotype H1/H1 a été<br />
retrouvée chez les patients porteurs d’une MSRO [16] . En<br />
revanche, le génotype H2/H2 n’a été retrouvé chez aucun<br />
patient MSRO. Deux mutations du gène MAPT responsables<br />
de MSRO ont été rapportées [177] .<br />
Le gène MAPT code six isoformes de la protéine tau obtenues<br />
par épissage alternatif. Cette protéine tau appartient à la<br />
famille des microtubule-associated proteins qui participe à la<br />
polymérisation des microtubules intracellulaires, en association<br />
avec la tubuline. Ces isoformes diffèrent par le nombre<br />
de répétitions d’un ensemble de 18 acides aminés dans la portion<br />
carboxyterminale de la protéine qui assure la fixation de<br />
la protéine tau aux microtubules. Dans les neurones sains, les