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Livre.book Page 388 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />

apparentés (parents, grands-parents, oncles et tantes, cousins…)<br />

retenus dans l’analyse et des critères pris en compte<br />

pour s’assurer de l’existence ou de l’absence de strabisme au<br />

sein de cette population [183] . Les microstrabismes et certains<br />

strabismes peu importants n’ayant pas nécessité de prise en<br />

charge particulière sont parfois négligés lors des enquêtes<br />

génétiques de ces différentes études, entraînant une sous-estimation<br />

de la <strong>fr</strong>équence des formes familiales.<br />

Une étude portant sur 63 familles fait état d’une concordance<br />

du type de déviation oculaire entre le proposant et les<br />

apparentés au premier degré dans 44,4 % des cas, alors<br />

qu’une discordance n’est retrouvée que dans 11,1 % des cas.<br />

La concordance n’était pas analysable dans les autres <strong>fr</strong>atries<br />

(44,5 %) de cette étude [65] . La <strong>fr</strong>équence élevée des formes<br />

familiales de strabismes, tous types confondus, et des transmissions<br />

directes parent-enfant(s) — retrouvées dans un tiers<br />

des familles —, ainsi que l’existence de patients atteints sur<br />

plusieurs générations, ont fait évoquer une transmission<br />

dominante autosomique à pénétrance incomplète ou codominante<br />

avec un facteur récessif associé [65, 130, 183] . Ce mode de<br />

transmission n’est pas admis par tous les auteurs. Une transmission<br />

de type polygénique et multifactoriel est souvent<br />

évoquée [83, 119] . Le strabisme serait sous la dépendance de facteurs<br />

environnementaux et les facteurs génétiques ne seraient<br />

pas seuls responsables de sa survenue. Les études réalisées<br />

sur des cohortes de jumeaux, triplés ou quadruplés sont<br />

fondamentales. Elles confirment une plus grande concordance<br />

du strabisme chez les jumeaux monozygotes que<br />

chez les jumeaux dizygotes. Ainsi, une méta-analyse portant<br />

sur 206 paires de jumeaux monozygotes et 130 paires<br />

de jumeaux dizygotes retrouve une concordance à 73 % dans<br />

le premier groupe contre seulement 35 % dans le second [169] .<br />

Un tel résultat est en faveur du rôle essentiel du facteur génétique.<br />

Mais elle démontre aussi que des jumeaux monozygotes<br />

peuvent ne pas développer le même type de strabisme, ou<br />

qu’un seul des deux peut être strabique. Cette concordance<br />

incomplète peut s’interpréter de plusieurs manières. Elle constitue<br />

un argument en faveur de l’intervention de facteurs<br />

d’ordre non génétique dans le développement d’un strabisme,<br />

renforçant l’idée d’une transmission multifactorielle. Mais de<br />

telles observations de formes discordantes de strabismes chez<br />

des jumeaux monozygotes peuvent être observées dans le<br />

cadre d’une transmission dominante à pénétrance incomplète.<br />

Elles relèvent uniquement d’une différence de pénétrance<br />

chez des patients ayant un même patrimoine<br />

génétique. Parikh a récemment évoqué la possibilité d’une<br />

hétérogénéité génétique du strabisme lors d’une étude menée<br />

sur sept <strong>fr</strong>atries rassemblant de trois à dix-neuf patients<br />

atteints sur deux à six générations [167] . Lors de cette étude, cet<br />

auteur a retrouvé un locus de susceptibilité génétique pour le<br />

strabisme en 7p22.1 dans une famille avec un lod score très<br />

positif (supérieur à 4,51). Or, aucune liaison génétique n’a pu<br />

être retrouvée au sein des six autres <strong>fr</strong>atries de cette étude.<br />

Les facteurs ethniques constituent des sources de variations<br />

de la prévalence des strabismes ou de la <strong>fr</strong>équence des<br />

différentes formes de strabismes. Ainsi, il est observé une<br />

plus grande prévalence des strabismes chez les patients caucasiens<br />

que chez les patients a<strong>fr</strong>icains ou a<strong>fr</strong>o-américains.<br />

L’ésotropie est plus <strong>fr</strong>équente chez les Caucasiens que chez<br />

les patients d’origine asiatique. Ces derniers développent plus<br />

volontiers une exotropie. Ces variations de prévalence des<br />

strabismes ont vraisemblablement une origine génétique,<br />

mais le facteur génétique peut intervenir de manière indirecte<br />

sur le strabisme. Ainsi, la différence de déviation oculaire<br />

388 NEUROPATHIES OPTIQUES ET NEURO-OPHTALMOLOGIE<br />

observée entre les Caucasiens et les Asiatiques peut être<br />

secondaire à la différence de ré<strong>fr</strong>action existant entre ces<br />

populations, elle-même génétiquement déterminée. La myopie,<br />

très souvent corrélée au strabisme divergent, est extrêmement<br />

<strong>fr</strong>équente en Corée. Contrairement à ce qui avait été<br />

évoqué, une plus grande <strong>fr</strong>équence du strabisme chez les<br />

femmes n’a pas été confirmée lors d’études d’autres cohortes<br />

— sex-ratio de 0,49 [65] .<br />

STRABISMES ESSENTIELS<br />

Il est fondamental de pouvoir constituer des groupes homogènes<br />

de patients. Or, les définitions et les critères utilisés<br />

pour regrouper les patients ne sont pas identiques d’une<br />

étude à l’autre, ce qui rend difficile toute comparaison des<br />

résultats. Cependant, tous les travaux s’accordent à reconnaître<br />

qu’il faut séparer les ésotropies des exotropies. S’il existe<br />

des arguments en faveur de l’existence d’un facteur héréditaire<br />

dans l’un et l’autre de ces deux groupes, la <strong>fr</strong>équence des<br />

cas familiaux y est très différente [65, 183, 234] . Les ésotropies<br />

constituent un ensemble de strabismes cliniquement très<br />

variés quant à l’âge de survenue ou le caractère accommodatif.<br />

C’est la raison pour laquelle, dans la plupart des études,<br />

plusieurs sous-groupes d’ésotropies sont constitués et analysés<br />

séparément. Mais il n’existe aucun consensus concernant<br />

les dénominations (strabismes congénitaux, strabismes simples,<br />

strabismes accommodatifs, strabismes avec amblyopie,<br />

strabismes anisométropiques…) et les définitions de ces sousgroupes<br />

[65, 234] . Le diagnostic de strabisme accommodatif est<br />

généralement retenu lorsque le port de la correction optique<br />

permet d’obtenir une disparition complète ou une diminution<br />

notable de l’angle de la déviation oculaire et devant un<br />

rapport AC/A élevé. Mais les critères ré<strong>fr</strong>actifs, avec une<br />

hypermétropie supérieure à + 3 dioptries, ou les critères de<br />

variabilité de l’angle à type d’incomitance loin-près ou<br />

d’intermittence sont parfois également utilisés [6] . En revanche,<br />

les critères retenus pour définir les strabismes congénitaux<br />

sont généralement univoques [130] . Enfin, les patients<br />

porteurs de microtropie ou de strabismes monoculaires sont<br />

généralement exclus des travaux concernant l’hérédité du<br />

strabisme, aussi bien en tant que proposant que dans la<br />

recherche d’apparentés [169] . Les conséquences de ces exclusions<br />

souvent involontaires sur le calcul de la <strong>fr</strong>équence des<br />

strabismes familiaux ont déjà été évoquées.<br />

Ésotropies<br />

Depuis plus d’un siècle, en dehors d’observations isolées, comportant<br />

néanmoins parfois plusieurs <strong>fr</strong>atries, de très nombreuses<br />

études ont été consacrées à la recherche des modes de transmission<br />

et des facteurs génétiques associés aux ésotropies, quelles<br />

que soient leurs caractéristiques cliniques [6, 65, 83, 128, 130, 183, 234] .<br />

L’incidence des formes familiales varie de 13 à 65,4 % lors des<br />

ésotropies, toutes formes confondues, et cette différence peut<br />

s’expliquer par le degré des apparentés pris en compte dans<br />

l’étude. La <strong>fr</strong>équence de l’hérédité diminue en suivant une<br />

courbe de probabilité d’haplotype commun entre les parents ou<br />

la <strong>fr</strong>atrie et les cousins germains (troisième degré) [183] . Cependant,<br />

on connaît des familles au sein desquelles un apparenté<br />

atteint n’est retrouvé qu’au troisième degré, alors que les apparentés<br />

du premier et deuxième degrés sont indemnes. De telles<br />

<strong>fr</strong>atries pourraient en imposer pour une forme non familiale si<br />

la recherche était limitée aux parents les plus proches. Lors<br />

d’une étude portant sur 181 familles, dont 114 au sein desquel-

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