Canis Familiaris - Élevage Pattes douces
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V O L 1 . N O . 1 . 4 n u m é r o s p a r a n n é e P a g e 22<br />
Éthologie du chien Par Diane Chamberland<br />
Si nous parlions éthologie...<br />
Éthologie<br />
Déjà au XVIIe siècle on s’intéresse à la<br />
vie animale. Descartes pensait que les<br />
animaux étaient une sorte de machine dépourvue d’émotions. Dans les<br />
années 1930, l’Autrichien Konrad Lorenz, zoologiste, philosophe, médecin<br />
et écologiste, fut l’un des fondateurs de l’éthologie. Suite aux observations<br />
d’une famille de petites oies, ainsi que de ses nombreuses années<br />
passées en contact étroit avec les animaux, il chassa l’idée que l’animal<br />
était une simple machine dépourvue d’émotion. Au contraire, l’animal<br />
était une entité bien vivante qui valait la peine d’être étudiée dans son milieu<br />
naturel. Ce fut la base de l’éthologie, cette toute nouvelle discipline<br />
que Konrad Lorenz fonda et développa avec son collègue et ami hollandais<br />
Niko Tinbergen. Il passa sa vie à sensibiliser les gens aux besoins des<br />
animaux et à leur protection. Déjà en 1960, il mettait en garde les hommes<br />
contre la domestication des animaux. Konrad Lorenz gagna le prix Nobel<br />
de physiologie et médecine en 1973.<br />
Plus près de nous, monsieur Richard Beaudet, éthologue, a employé une<br />
grande partie de sa vie à observer et étudier principalement le chien. Il<br />
partage ses connaissances en donnant des cours et forme des intervenants<br />
en comportement canin.<br />
L’éthologie est donc la branche des sciences biologiques qui concerne l’étude<br />
du comportement animal en relation avec son milieu. Elle est basée sur<br />
l’observation du comportement animal aussi bien dans son environnement<br />
physique que dans son environnement intérieur. On observe donc ses interactions<br />
sociales, son organisation sociale et sa perception du milieu. L’objectif<br />
ultime de l’éthologie canine consiste à répertorier l’ensemble des<br />
comportements que possède le chien. Puisque l’éthologie s’intéresse à l’étude<br />
des comportements, il est utile de définir ici ce que l’on entend par<br />
COMPORTEMENT. La définition la plus simple consiste à dire que chaque<br />
comportement du chien est une unité d’action. Que ce soit pour trouver<br />
de la nourriture, pour se reproduire, pour échapper à des prédateurs, les<br />
animaux doivent organiser leurs activités, utiliser des stratégies répondant à<br />
leurs besoins. Ces actes, ces manières d’agir, voilà ce que l’on appelle le<br />
comportement. L’ensemble de ces comportements est l’éthogramme.<br />
L’éthogramme diffère évidemment d’une espèce à une autre, alors afin<br />
d’établir un éthogramme, on se pose des questions. Par exemple, l’animal<br />
doit s’alimenter pour survivre (ou, quand, comment, pourquoi)? Il doit<br />
entretenir des rapports sociaux avec les autres membres de son espèce<br />
(comment) ? Quels sont les moyens de communication ? Afin de répondre<br />
à ces questions et à de nombreuses autres, on en arrive à établir un check-list<br />
qui servira de point de départ.<br />
Ainsi, chaque comportement est étudié, passé au peigne fin, décortiqué;<br />
qu’il s’agisse du comportement allélomimétique (imitation), agonistique,<br />
épimélétique (donner des soins), et-épimélétique( recherche de soin), du<br />
comportement d’ingestion, d’élimination, d’exploration, de locomotion,<br />
aussi bien que du comportement relié au repos, au confort, à la sexualité et<br />
à la socialisation.<br />
Depuis des millénaires, le chien partage notre existence. Au tout début, il<br />
se contentait d’une certaine proximité afin d’acquérir les restes de chasse<br />
sans utilité dont l’homme se débarrassait. Par la suite, il a été principalement<br />
considéré comme un animal utilitaire.<br />
Avec la domestication, le chien ne vit plus dans son milieu naturel, car<br />
nous le retrouvons maintenant dans nos maisons, parfois dans nos lits,<br />
parfois également bien installé sur nos divans devant un feu de foyer. En<br />
effet, la plupart des chiens n’ont plus qu’une seule fonction : tenir compagnie<br />
à leur maître. Le chien est devenu notre fidèle ami, notre confident. Il<br />
est dorénavant presque sédentaire et complètement dépendant de l’homme<br />
pour combler tous ses besoins. Mais qui est-il au juste, ce fidèle compagnon?<br />
Connaissons-nous réellement sa vraie nature ou nous contentonsnous<br />
de le voir simplement avec nos yeux d’humains ?<br />
L’éthologie, avec l’étude de ses comportements, est là pour nous aider à<br />
mieux le connaître et le comprendre; elle nous permet donc d’améliorer<br />
nos rapports avec lui.<br />
Référence : Beaudet, Richard,<br />
Notes de cours, Comportement<br />
Passionnée de chiens depuis sa tendre enfance et tout ce qui traite<br />
du sujet l’intéresse. Éducateur canin, Diane donne aussi des<br />
ateliers sur la prévention des morsures canines auprès des jeunes.<br />
Certifiée en attestation cyno-professionnel comportement canin.<br />
Membre de l’alliance internationale des intervenants en comportement<br />
animal (AIICA) où elle termine sa formation en comporteme<br />
n t ca nin . V ou s p ouv ez la re join dre a u<br />
dogdicha@megaquebec.net<br />
Voici donc l’esquisse éthologique du chien dans son milieu naturel,<br />
bien avant le début de sa domestication.<br />
Le chien est un carnivore, prédateur, reconnu comme un bon coureur<br />
possédant un odorat et une ouïe très développés. Il se nourrit<br />
de proies provenant de sa chasse ou de charognes à l’occasion. Il<br />
peut chasser seul ou plus souvent en groupe. C’est un animal grégaire,<br />
vivant en meute. La meute repose sur une structure sociale hiérarchisée,<br />
dotée d’un système de communications complexes s’exprimant<br />
par des signaux vocaux, olfactifs et visuels. Territorial, il<br />
marque et défend un espace pour se nourrir et se reproduire.<br />
Chaque espèce animale, y compris le chien, est programmée génétiquement<br />
dès sa naissance par des codes précis, typiques à son espèce<br />
et indispensables à sa survie. Rien ne peut changer cette programmation,<br />
même la domestication.<br />
Ce petit chien se prélassant sur nos moquettes, se nourrissant de<br />
croquettes et ayant souvent comme seule activité le tour de rue en<br />
laisse par son guide, se trouve à des années lumières de la vie de ses<br />
ancêtres canins.<br />
Il est évident de constater que la domestication a modifié plusieurs<br />
comportements chez le chien, mais permettons-lui le plus souvent<br />
possible de retrouver sa vraie nature canine. De vivre en véritable<br />
chien quoi ! Sans nécessairement l’inciter à traquer le chat du voisin<br />
ou à pourchasser la perruche dans toute la maison afin de satisfaire<br />
ses instincts naturels de chasseur, nous pouvons quand même enrichir<br />
son environnement.<br />
Laissons-lui le plaisir de se servir de son odorat et de se mouvoir, en<br />
cachant ses croquettes dans la maison. Il est carnivore de nature;<br />
pourquoi ne pas lui donner l’occasion de manger cru, viande et<br />
carcasses; il est conçu pour ça. (Prenez soin de vous informer correctement,<br />
soit par des lectures<br />
ou des séminaires qui traitent<br />
du sujet). Donnons-lui la chance<br />
de gruger des os récréatifs<br />
qui sollicitent les muscles puissants<br />
de ses mâchoires. Jouons<br />
ensemble, faisons travailler son<br />
mental grâce à une bonne partie<br />
de cachette ou de chasse aux<br />
trésors; cela le fatigue plus<br />
qu’un tour de pâté de maison,<br />
tenu en laisse. Laissons-lui des jouets pour l’occuper. Selon les<br />
aptitudes du chien, laissons-le participer à des sports canins.<br />
En milieu sécuritaire, donnons-lui l’occasion de rencontrer ses semblables,<br />
de courir en toute liberté, de sentir, gratter, nager et de se<br />
rouler. Vous rendrez votre chien beaucoup plus heureux et éviterez<br />
du même coup bien des problèmes. La plupart des troubles rencontrés<br />
chez nos chiens sont liés au fait que ses besoins éthologiques<br />
ne sont pas réellement pris en considération. Il en résulte une situation<br />
de frustration ou de privation, qui conduit l’animal à rechercher<br />
des exutoires sous la forme de pathologies ou de troubles de<br />
comportement. Le chien a des besoins bien différents des nôtres;<br />
cessons donc de l’humaniser en lui attribuant des qualités qui nous<br />
appartiennent. Le chien détient une façon de voir le monde et de<br />
s’exprimer qui lui sont propres. En vivant en compagnie de l’homme,<br />
il a dû modifier ou étouffer plusieurs comportements faisant<br />
pourtant toujours partie intégrante de sa personne. Quel être fascinant<br />
qu’est le chien, quel pouvoir d’adaptation ! Il mérite tout notre<br />
respect. Avec notre soi-disant intelligence supérieure, pourquoi ne<br />
pas faire l’effort à notre tour de nous adapter à lui. Prenons plaisir à<br />
découvrir ses modes de communication avec ses semblables, son<br />
langage, ses mœurs, ses coutumes, afin de mieux satisfaire ses<br />
besoins réels. Son bien-être et le nôtre n’en seront que meilleurs.<br />
Offrons-lui donc la possibilité d’être lui-même et procurons-lui une<br />
belle vie de chien! DANS LE VRAI SENS DU MOT…..