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Canis Familiaris - Élevage Pattes douces

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V O L 1 . N O . 1 .<br />

4 n u m é r o s p a r a n n é e<br />

P a g e 32<br />

Théorie de la dominance homme / chien ou comment anéantir la confiance d’un chien<br />

p a r G r a c e D u f o u r<br />

Qu’en est-il de ce désir que nous avions enfant<br />

: avoir un chien, un fidèle compagnon de<br />

vie et de jeu. Ce désir aurait pu se résumer en<br />

deux mots : complicité et harmonie. Aujourd-<br />

’hui, trop de gens semblent avoir perdu de vue<br />

ce rêve si simple. Avoir un chien, pour plusieurs<br />

de ces enfants devenus grands, est maintenant<br />

une question de standing, de sécurité,<br />

de concession ou de compensation émotive.<br />

De plus, subsiste encore aujourd’hui la notion<br />

que, pour avoir le contrôle sur un chien, nous<br />

devons le soumettre à notre volonté, donc<br />

devenir le dominant, l’Alpha dans la meute!<br />

Où donc est passé le désir de complicité et<br />

d’harmonie de nos enfances?<br />

Je me suis privée du plaisir d’avoir un chien<br />

durant plusieurs années pour des raisons professionnelles.<br />

Lorsque qu’enfin j’ai pu accueillir<br />

un chiot, je me suis intéressée à des méthodes<br />

d’entraînement plus actuelles, car la perspective<br />

de reproduire les schémas de dominance<br />

qui faisaient école dans les années 75 n’était<br />

pas en accord avec ma façon de percevoir la<br />

nouvelle relation que je m’apprêtais à entreprendre.<br />

Fort heureusement, les choses ont<br />

bien évolué et pour celui qui veut être un bon<br />

guide, rempli de patience et de compréhension<br />

envers son chien, les ressources existent. Par<br />

contre, subsiste encore une des théories les<br />

plus dangereuses pour la relation entre le chien<br />

et l’homme; celle de la dominance.<br />

En réalité très peu de recherches ont été faites<br />

sur le sujet de la dominance chez les chiens<br />

vivant au sein d’une famille. Nous devons<br />

savoir qu’une grande partie des recherches sur<br />

le sujet a été faite en étudiant les loups, en<br />

captivité de surcroît, alors nous comprendrons<br />

mieux pourquoi, en y regardant de plus près,<br />

ces théories ne s’appliquent pas aux comportements<br />

canins. Le chien n’est pas un loup; des<br />

milliers d’années d’évolution ont départagé les<br />

chiens des loups de la même façon que l’évolution<br />

aurait départagé les grands singes de<br />

l’homme. Donc, les modèles de structure sociale<br />

sont aussi différents entre le chien et le<br />

loup qu’elles peuvent l’être entre les grands<br />

singes et l’homme. Jamais il ne nous viendrait<br />

à l’idée de copier des modèles d’éducation<br />

chez les primates pour élever nos enfants, alors<br />

pourquoi regardons-nous du côté des loups,<br />

lorsque nous cherchons à mieux comprendre<br />

nos compagnons canins?<br />

Les biologistes et éthologistes Ray et Lorna<br />

Coppinger ont apporté une toute nouvelle<br />

perspective à l’origine des chiens en étudiant<br />

un groupe de chiens sauvages vivant en périphérie<br />

de la ville de Pemba au Mozambique.<br />

Ils ont conclu que, lorsque les chiens avaient<br />

accès à tout ce qui était nécessaire à leur subsistance<br />

: nourriture provenant du dépotoir,<br />

eau et abri, ils n’avaient aucune raison de<br />

former des meutes. Ils vivaient des vies semisolitaires<br />

ou en petit groupe, la majorité du<br />

temps composé de la mère et de ses rejetons.<br />

Nous pourvoyons tout ce qui est nécessaire à<br />

la sécurité, au confort et la subsistance de nos<br />

chiens; ils ne nous perçoivent pas comme étant<br />

les dominants de la meute mais bien comme<br />

une bonne opportunité. Les chiens ne sont pas<br />

en compétition avec l’humain pour un rang<br />

plus élevé, pour devenir le chien Alpha. Selon<br />

les théories de dominance, l’Alpha devient<br />

pourvoyeur et protecteur du groupe; il serait<br />

vraiment contre productif pour un chien de<br />

convoiter ce statut lorsque tous ses besoins de<br />

base sont comblés (B.A.S. E. – bouffe, abri,<br />

sexe, eau). De plus, pour être en compétition<br />

pour le titre d’Alpha, il faudrait être dans la<br />

même catégorie : celle des chiens… Or, nous ne<br />

sommes pas des chiens, nous n’agissons pas<br />

comme eux, nous ne sentons pas comme eux et<br />

surtout, nous ne nous comportons pas comme<br />

eux. Le chien est un animal social tout comme<br />

nous; voilà pourquoi la cohabitation est possible.<br />

Certainement pas parce que nous sommes<br />

l’Alpha de leur meute!<br />

Et si la notion de dominance était basée sur une<br />

interprétation erronée des observations que<br />

nous faisons des comportements? Plusieurs<br />

études qui tentaient de classifier les chiens dans<br />

des catégories de dominant ou soumis ont vu<br />

leur théorie fondre comme neige au soleil. Ces<br />

recherches arrivaient à des résultats différents si<br />

elles étaient reprises dans les mêmes conditions,<br />

mais à des périodes de vie différentes.<br />

Nous n’avons qu’à penser au test de Campbell<br />

(1972) qui a longtemps été utilisé par les éleveurs<br />

pour prédire le tempérament futur des<br />

chiots. Il a été grandement remis en question<br />

par l’étude de R. Beaudet et al. (1994) qui appliquait<br />

le test de Campbell comme prescrit sur<br />

des chiots de 7 semaines et ensuite reproduisait<br />

le même test sur les mêmes chiots à 16 semaines;<br />

il obtenait alors des résultats complètement<br />

différents. Il est largement reconnu par plusieurs<br />

éthologistes et éducateurs canins professionnels<br />

que la socialisation, l’éducation et les<br />

expériences négatives ou positives ont un impact<br />

marqué sur le caractère des chiens.<br />

Éthologie<br />

Passionnée par<br />

les animaux et<br />

étudiante en<br />

sciences avancées<br />

du comportement<br />

canin<br />

Dans un mode de haute vitesse et de consommation<br />

comme celui dans lequel nous vivons,<br />

la solution qui paraît la plus rapide est souvent<br />

celle qui est privilégiée. Votre chien s’assoit sur<br />

vos pieds, essaie de monter sur les lits, jappe,<br />

fonce à la porte pour sortir, tire sur la laisse,<br />

saute, chaparde la nourriture sur les comptoirs<br />

ou mordille; attention : vous risquez de vous<br />

faire dire que votre chien est dominant et que<br />

vous devez à tout prix reprendre le rôle de chef<br />

de meute. On ira peut-être même jusqu’à vous<br />

prescrire le roulé de l’alpha; il s’agit de rouler<br />

votre chien sur le dos et de le maintenir au sol<br />

jusqu’à ce qu’il se soumette. Basé sur l’observation<br />

des loups, ce comportement était perçu<br />

comme une façon pour le dominant d’imposer<br />

sa loi. Mais voilà, il s’agit en fait d’un rituel<br />

d’apaisement OFFERT par le subordonné.<br />

Tout ce rituel se fait sans force, ni agressivité.<br />

Par contre, des recherches ont établi que si un<br />

loup renversait un autre loup contre sa volonté,<br />

il avait clairement l’intention de le tuer. Imaginez<br />

maintenant comment votre chien qui a mis<br />

sa confiance en vous va interpréter ce geste….<br />

En tant que guide et protecteur de nos chiens,<br />

nous avons la responsabilité de regarder l’animal<br />

dans son ensemble; dès lors, le bien-être<br />

physique doit se situer sur la même échelle de<br />

priorités que son bien-être psychique.<br />

En voyage, ne vous est-il pas arrivé de demander<br />

un renseignement et de réaliser que votre<br />

interlocuteur ne comprenait pas? Comment<br />

avez-vous réagi; avez-vous répété inlassablement<br />

la même demande en détachant bien<br />

chaque syllabe, chaque fois un peu plus exaspéré,<br />

ou avez-vous conclu presque immédiatement<br />

que votre interlocuteur ne parlait pas le<br />

même langage que vous? Je suis certaine<br />

qu’instinctivement, vous vous êtes rabattu sur<br />

d’autres façons de communiquer votre message,<br />

sûrement appuyé par beaucoup de gestes et mimiques.<br />

Pourquoi réussissons-nous à conclure en<br />

quelques secondes que nous devons utiliser un autre<br />

mode de communication avec un individu de la<br />

même espèce que la nôtre, alors que nous n’arrivons<br />

pas tirer ces mêmes conclusions, pourtant si simples,<br />

avec une espèce différente et avec laquelle nous<br />

cohabitons depuis des siècles…<br />

Pour le chien les deux états les plus importants, les<br />

pôles de son bien-être ou mal-être se résument à<br />

ceci : la sécurité ou le danger. Ces états varient en<br />

intensité et motivent la totalité de ses actions. Lors<br />

de nos contacts avec le chien, je suis convaincue<br />

qu’il est essentiel de le maintenir dans sa zone de<br />

sécurité pour que l’apprentissage soit assimilé le plus<br />

rapidement possible. Lorsque nous dominons le<br />

chien, soit par des moyens aversifs, soit par des<br />

contentions inappropriées, nous augmentons son<br />

insécurité; par le fait même, nous diminuons donc sa<br />

capacité d’apprentissage.<br />

Je crois qu’il est grand temps que nous acceptions<br />

que les chiens ne sont que des chiens et si nous jugeons<br />

leur comportement de chien inacceptable pour<br />

notre monde, alors nous devons les guider vers d’autres<br />

comportements plus en accord avec nos modes<br />

de vies. Il y a des méthodes simples, efficaces et<br />

rapides pour obtenir les comportements désirés de<br />

nos compagnons canins et ce, dans le respect et la<br />

non-agressivité. Ce n’est pas en dominant que nous<br />

enseignons de nouveaux comportements. En dominant,<br />

nous enseignons la peur et peut-être, je dis bien<br />

peut-être, que par peur, votre chien finira par vous<br />

donner le comportement voulu…. Mais pour combien<br />

de temps et qu’en est-il de la complicité et l’harmonie!<br />

Nous avons la responsabilité des animaux qui partagent<br />

notre vie et c’est seulement par une socialisation<br />

adéquate, un entraînement basé sur le renforcement<br />

positif et le plaisir, que nous parviendrons à<br />

réaliser nos rêves de chiens complices.<br />

Le chien nous donne sa confiance et ce don demande<br />

beaucoup de courage; apprécions et respectons ce<br />

don à sa juste valeur…<br />

Voici quelques lectures et visionnements de DVD<br />

qui ont influencé ma réflexion sur le concept de la<br />

dominance chez les chiens : For the love of a dog,<br />

Patricia Mc Connell, PHD - Culture Clash, Jean<br />

Donaldson – Fighting dominance in a dog whispering<br />

world, Jean Donaldson and Ian Dunbar – Dogs:<br />

A Startling New Understanding of Canine Origin, Behavior<br />

& Evolution, Ray & Lorna Coppinger - Control<br />

unleashed, creating a focused and confident dog,<br />

Leslie Mc Devitt - The third way, Crish Bach – On<br />

talking terms with dogs; calming signals, Turid<br />

Rugass -

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