p. 5 Ã p.8 - copie - Historisches Institut
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168 L’exemplarité auto-proclamée…<br />
Pline choisit trois lettres 1 à sa troisième (ou deuxième 2 ) femme Calpurnia pour<br />
son recueil ; toutes ces lettres témoignent de l’affection entre les deux époux,<br />
elles utilisent un vocabulaire et des métaphores qui rappellent l’élégie érotique. 3<br />
Dans une lettre à Calpurnia Hispulla, la tante paternelle de sa femme qui, après<br />
la mort de son frère, a éduqué la nièce, Pline exprime sa gratitude pour<br />
l’arrangement de ce mariage qui lui donne entière satisfaction. 4 Cependant,<br />
deux lettres adressée à Fabatus, le grand-père de Calpurnia, et à sa tante<br />
Calpurnia Hispulla 5 , rapportent une fausse couche de Calpurnia ; Pline adopte<br />
une attitude de regret dans les deux lettres et demande l’indulgence pour sa<br />
jeune épouse qui ne se serait pas aperçu d’être enceinte ; mais ce n’est que dans<br />
la lettre à Calpurnia Hispulla qu’il la rassure sur l’état de santé de sa nièce, tandis<br />
qu’envers le grand-père, il met l’accent sur la promesse seulement différée d’une<br />
future descendance.<br />
Jusqu’ici, le survol des thématiques abordées dans les Lettres montre un<br />
aristocrate marié et sans descendance, ce qui lui crée des soucis ; il administre<br />
son patrimoine qui assure son existence matérielle ; il entretient des réseaux<br />
d’amitiés ; s’active comme orateur devant les tribunaux et participe aux<br />
réunions du Sénat. Reste un cinquième domaine que les Lettres mettent en<br />
avant de façon particulièrement ostentatoire : le travail littéraire. Le recueil épistolaire<br />
fait voir un fréquent échange de textes que l’on commente<br />
mutuellement. Pline mentionne souvent les discours qu’il vient de prononcer<br />
ou bien qu’il est en train de relire et de préparer pour la publication ; certaines<br />
lettres accompagnent l’envoi d’un tel texte et l’auteur attire, tout fier, l’attention<br />
du destinataire sur la structure argumentative raffinée et les finesses stylistiques. 6<br />
Il raconte également ce qu’il faut appeler la « vie littéraire » à Rome qui consiste<br />
essentiellement en lectures publiques et est de toute évidence réglée par des<br />
obligations et attentes sociales bien précises : la présence à une lecture est un<br />
beneficium, un service que l’on rend à un ami et qui crée, pour celui-ci,<br />
l’obligation de la réciprocité 7 .Toutefois, gardons-nous de confondre cette « vie<br />
littéraire » avec notre notion de littérature – la production de textes dont parlent<br />
les Lettres se comprend en étroite relation avec les fonctions politiques des<br />
aristocrates romains : il s’agit essentiellement de discours politiques et judiciaires<br />
dont la publication répand la notoriété actuelle de leur auteur et lui assure la<br />
gloire future 8 .<br />
1. 6.4, 6.7, 7.5.<br />
2. Cf. SHELTON, Ideal Wife, p. 163 note 1, pour la littérature sur le nombre et l’identité des épouses de Pline.<br />
3. Ibid., p. 170s..<br />
4. 4.19 ; pour la thématique du mariage de Pline et Calpurnia et un commentaire de cette lettre 4.19<br />
cf. SHELTON, Ideal Wife, 1990.<br />
5. 8.10 à Fabatus, 8.11 à Hispulla.<br />
6. Cf. 2.1, 3.9, 4.9, 5.20, 6.29, 7.33.<br />
7. 1.13.5-6, 8.12 : Pline montre sa générosité en décrivant son comportement qui justement tente d’éviter<br />
de créer une telle obligation.<br />
8. 6.29.3, 9.14.