Cahier Scientifique 02 | 2011 (PDF) - Revue Technique ...
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16 CAHIER SCIENTIFIQUE | REVUE TECHNIQUE LUXEMBOURGEOISE 2 | <strong>2011</strong><br />
la concentration de certains produits de dégradation aussi<br />
toxiques que la molécule initiale. Un retard prononcé des<br />
pesticides semble peu probable, puisque dans ce cas, la<br />
branche ascendante de la courbe d’évolution des concentrations<br />
(voir Figure 5 ci-dessous) aurait été observée durant<br />
la période de mesure. Quand à l’hypothèse d’une dégradation<br />
négligeable au sein de l’aquifère, elle reste invérifiable<br />
avec les données disponibles, quoique raisonnable [Morvan<br />
2006, Moreau 1997], et fait l’objet d’un projet de recherche<br />
financé par le FNR en cours au CRTE intitulé PestDegrade<br />
« The use of compound-specific isotope analysis to assess<br />
the degradation potential of pesticides in deep aquifers ».<br />
Le modèle de l’écoulement de base calé sur les mesures<br />
de tritium prédit des teneurs en atrazine stables jusqu’en<br />
2018, suivi d’une diminution progressive s’étendant sur<br />
plusieurs décennies, atteignant 50% des teneurs actuelles<br />
à l’horizon 2<strong>02</strong>5 et 10% vingt-cinq ans plus tard, vers 2050<br />
(Figure 5).<br />
Figure 4_ Atrazine, DEA et débit dans la source K19. La variation annuelle<br />
du débit est clairement visible, alors que les variations des concentrations<br />
en atrazine et en DEA ne présentent pas de dynamique saisonnière ou de<br />
diminution au cours du temps.<br />
Figure 5_ Prédiction de l’évolution dans le temps de la teneur en atrazine<br />
dans les sources (trait plein) en fonction d’un épandage prolongé sur les surfaces<br />
agricoles (trait en pointillé). Les temps de transit étant similaires pour<br />
l’ensemble des sources, seul est montrée l’évolution pour la source K19.<br />
Conclusions<br />
Les résultats du projet SPRING indiquent que le débit de<br />
l’ensemble des sources étudiées est soutenu par l’écoulement<br />
de base, la contribution de l’écoulement interstitiel<br />
n’ayant jamais dépassé les 12% du débit total durant les<br />
deux années de mesures, même après des périodes de<br />
fortes pluies. Malgré sa nature fracturée, l’aquifère du Grès<br />
de Luxembourg est caractérisé dans la zone d’étude par<br />
des temps de transit moyens longs, de dix à quinze ans, ce<br />
qui, combiné à un débit stable et peu ou pas influencé par<br />
les précipitations, indique un écoulement lent au sein de la<br />
roche. Ces résultats pour le Grès de Luxembourg remettent<br />
en question l’hypothèse généralement admise d’un aquifère<br />
qui serait caractérisé par un écoulement de type karstique.<br />
Il semblerait au contraire que l’aquifère se comporte à<br />
l’échelle du basin versant essentiellement comme un milieu<br />
poreux (pour les sources étudiées tout du moins). Les temps<br />
de transit moyens confèrent une grande inertie à l’aquifère,<br />
ce qui a pour double conséquence d’une part d’assurer au<br />
niveau des sources un régime stable et peu influencé par<br />
des pollutions de courte durée (bactériennes en particuliers)<br />
ou des variations météorologiques saisonnières (orages<br />
ou période de sécheresse), mais d’autre part signifie que<br />
toute percolation diffuse et continue sur plusieurs années<br />
de produits phytosanitaires ou de nutriments vers la nappe<br />
phréatique peut provoquer une diminution de la qualité de<br />
l’eau de source pour des décennies. Même si l’atrazine est