1993•2013 - Bistrot de Pays

La convivialité retrouvée
1993
2013
•
Bistrot
de Pays
Synthèse de la conférence-débat
Rencontre sous le haut
patronage de Sylvia PINEL
Ministre de l’artisanat, du
commerce et du tourisme

Ouverture
Programme
Lundi 18 mars 2013 à l’espace culturel
de la Bonne Fontaine (Forcalquier)
• Accueil des participants par André BERGER,
Conseiller communautaire de la communauté de communes
du Pays de Forcalquier - montagne de Lure, représentant de
Christophe Castaner, Député-maire de Forcalquier, Président
du GAL Haute Provence-Lubéron
• Ouverture des rencontres par Bernard REYNAL,
Président de la Fédération Nationale des Bistrots de Pays
• Intervention de Jean-Louis CLÉMENT,
Conseiller régional de la Région Provence-Alpes-Côte D’Azur,
représentant de Michel Vauzelle, Président
• Intervention de M. François AMBROGGIANI,
Sous-Préfet de Forcalquier
Les Bistrots aujourd’hui
Les Bistrots au cœur des territoires
• Évolution et répartition des bistrots ruraux en France
Marina ROBIN, chargée d’étude à la division service de l’INSEE.
• Photographie du réseau Bistrot de Pays
Bastien GIRAUD, coordinateur de la Fédération Nationale des
Bistrots de Pays.
• Témoignages : Les Bistrots de Pays innovent dans les domaines
du tourisme, de la culture et de la restauration de terroir.
Brigitte DUMARCHAIS, Auberge La Farigoule, Présidente de
l’association des savoir-faire et traditions culinaires des Bistrots
de Pays d’Ardèche méridionale.
Alban FRERE, animateur du réseau des Bistrots de Pays du
Pays de Chaumont.
• Intervention vidéo de Pierre JOSSE, rédacteur en chef du
Guide du Routard.
Les Bistrots demain
Portrait des Bistrots d’aujourd’hui
1993 • 2013
Table ronde :
quel avenir pour les Bistrots de Pays ?
Des perspectives et des pistes d’actions concrètes.
Mieux comprendre la demande pour mettre en
place une offre qui y répond, inscrire le Bistrot de
Pays dans son territoire et ses enjeux.
• Introduction par Bernard Boutboul, directeur général de
GIRA Conseil.
Suivi d’un débat avec :
• Hélène JACQUET-MONTSARRAT, chargée de mission DA-
TAR qui a participé à l’étude « Destination Campagne : État
des lieux et évaluation des attentes des clientèles touristiques
potentielles ».
• Denis TALLEDEC, directeur de la Fédération Nationale des
Cafés Cultures.
• Max FESCHET, maire de Bouchet (26), vice-président de
l’association des maires ruraux de France.
• Animation des débats : Sylvie LECALVEZ, journaliste et directrice
du magazine Esprit Village.
Clôture
Les Bistrots de Pays ont fêté leurs 20 ans les 18 et 19 mars 2013 à Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-
Provence en présence de plus de 200 personnes. Cette rencontre a été l’occasion de revenir sur le vécu des
bistrots mais aussi d’échanger pour préparer les 20 prochaines années. Voici les principaux enseignements
de ces journées qui alliaient conférences, débats et convivialité.
20 e anniversaire
• Bernard REYNAL, Président de la Fédération Nationale des
Bistrots de Pays.
• Sylvia PINEL, Ministre de l’artisanat, du commerce et du
tourisme (intervention vidéo).
Retrouvez toutes les informations
et vidéos des rencontres sur :
www.bistrotdepays.com
20 ans
de convivialité au cœur
des territoires ruraux !
On dénombre aujourd’hui 35 400 bistrots en France. 6 000 ont disparu depuis 2003. Il n’en reste plus que 5 000 en zone rurale
isolée. Ce constat est révélé par une étude de l’INSEE sur les bistrots (bars, cafés-tabacs, discothèques) présentée par Marina
Robin, chargé d’étude à la division service. La tendance est plutôt à l’augmentation des petits restaurants, les bistrots se mettant
de plus en plus souvent à proposer aussi de la restauration.
Évolutions comparées des bistrots et petits restaurants (< 3 salariés)
120
110
100
90
80
base 100 en 2003
Petits restaurants traditionnels
Bistrots des communes de moins de 2 000
hab
Petits restaurants traditionnels des
communes de moins de 2 000 hab
Ensemble des bistrots
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
PART DE COMMUNES RURALES DISPOSA NT D’AU MOINS UN BISTROT EN 2011
40%
Retrouvez sur
www.bistrotdepays.com :
• L’étude complète
de l’INSEE
• L’enquête de la
Fédération Nationale
des Bistrots de Pays
Source : Insee, répertoire Sirene
2 3

Bistrots dans l’air du temps
La Fédération nationale des Bistrots de Pays a mené une enquête
inédite pour brosser le portrait des Bistrots de Pays, à travers 121
questionnaires exploitables retournés. Les Bistrots de Pays sont
répartis dans huit régions et 22 départements, dans la moitié sud
et dans le nord-est de la France. Près de la moitié des établissements
se trouvent dans les régions Provence-Alpes-Côte D’Azur
et Midi-Pyrénées. 92 % d’entre eux servent une restauration complète,
presque tous avec une formule du jour d’un montant moyen
de 13,75 €. Lorsque le bistrot d’une commune de moins de 2 000
habitants est le dernier commerce (ou presque), la vocation multiservice
est un point fort puisque beaucoup d’entre eux proposent
aussi de l’hébergement, un accès Wi-fi, de l’épicerie, un dépôt de
presse locale et un Point Poste.
Qui est propriétaire des murs ?
Bistrotier
Un propriétaire privé
Une collectivité
publique
1993 • 2013
Un bistrotier, une bistrotière
La parité n’est pas un vain mot dans le réseau. Un peu plus
de la moitié des bistrotiers sont des bistrotières. En effet, les
établissements sont tenus à 56 % par des couples et dans les
autres cas, à 55 % par des femmes. Un tiers est installé depuis
moins de trois ans, un autre tiers depuis moins de dix ans.
70 % d’entre eux ont plus de dix ans d’expérience avec plutôt
un apprentissage sur le tas. Pour un quart, il s’agit d’une reconversion
professionnelle. 42 % sont propriétaires des murs,
dans les autres cas, soit les locaux appartiennent à la commune
(40 %) soit ils sont loués à un propriétaire privé. Les exploitants
sont, pour 60 % d’entre eux, propriétaires du fond de
commerce, un quart sont en en « gérance » avec la commune.
Le poids du label
Le chiffre d’affaires global du réseau Bistrots de Pays est
évalué à à 25 millions d’euros. Les chiffres d’affaires sont
comparables aux bistrots en général, soit entre 81500 et
200000 euros pour un peu moins de la moitié. 700 personnes
y travaillent sans compter les saisonniers. Près des
deux tiers des Bistrots de Pays n’ont aucun salarié. Près de
90 % des bistrotiers se disent satisfaits du label Bistrot de
Pays. Avec un équilibre entre clientèles locale et touristique,
les bistrots remplissent un rôle important dans le dynamisme
local et touristique.
Le label et l’assiette
20 e anniversaire
Le chiffre d’affaire des Bistrots de Pays
Inférieur à
81 500 € TTC
De 81 500€ à
200 000€ TTC
Plus de
200 000€ TTC
Source : Fédération Nationale des Bistrots de Pays
8 % seulement des Bistrots de Pays ne proposent
que des casse-croûtes. La restauration complète
est donc l’une des principales activités de ces
établissements qui ont aussi pour mission de
“Promouvoir les produits du terroir”.
L’assiette idéale
Pour Bernard Boutboul, directeur général de GIRA Conseil,
« il n’y a pas de crise mais une transition vers un changement
de modèle ». La clientèle est toujours là, mais le produit pas
toujours adapté. 9 repas sur 10 sont vendus entre 10 et 15 €
TTC boisson comprise. « Le marché de masse est à moins de
15 €, et plus les tarifs montent, plus la consommation
baisse. » Ce problème dure depuis maintenant
3 ou 4 ans avec un effondrement dans la
tranche de prix au centre entre 23 à 33 €. « Soit le
client trouve le repas trop cher, soit il est déçu de la qualité.
» La désertification de cette zone tarifaire, rassemblant
1/3 des établissements français avec service à table, se fait
au profit des extrêmes du marché : restauration rapide d’un
côté et restaurants « gastronomiques » de l’autre.
La restauration rapide s’est tout d’abord largement diversifiée
en passant de deux produits – le sandwich et le hamburger
– à 19 produits (pâtes, wok, sushi…). De plus, elle
est montée en gamme. Certains chefs étoilés proposent des
sandwiches à 9 ou 10 €. Autre exemple : en 2011, Vincent
Ferniot a créé « Boco » présentant des plats de grands chefs
dans des bocaux. « La restauration rapide n’est plus de la
malbouffe. » Plus récemment, elle s’est structurée. Il est désormais
possible dans la restauration à distribution rapide de
manger comme en service à table : entrée, plat, dessert.
Côté gastronomie, on observe le même phénomène de
« poussée vers le centre ». Une nouvelle génération de
jeunes chefs s’adapte à la demande en allégeant la carte du
midi pour proposer des prix plus abordables.
Le terroir dans l’assiette
Selon Bernard Boutboul, les Bistrots de Pays ne doivent pas
“lâcher” la qualité et le terroir. Jean Villa, animateur du réseau
des Bistrots de Pays de la région Midi-Pyrénées rappelle à ce
sujet que si la part captive des bistrots est constituée d’artisans
et d’employés locaux, c’est l’assiette Bistrot de Pays
qui attire davantage la clientèle touristique. “Autant utiliser le
label pour valoriser l’assiette et augmenter le ticket moyen.”
En effet, d’après l’étude “Destination campagnes : état des
lieux des attentes des clientèles” menée par la Datar, le portrait
du touriste en espace rural est le suivant : un client de
CSP+ ou moyen+, un urbain, un actif et surtout une personne
“sur-informée” sur sa destination à la recherche d’une campagne
“belle, authentique et ressourçante”. Selon Hélène
Jacquet-Montsarrat, chargée de mission à la Datar, pour que
le contrat tacite soit rempli, il ne faut pas de standardisation
mais au contraire miser sur la qualité, les ressources et le
patrimoine gastronomique du territoire, pour “permettre à la
clientèle d’être en rupture avec sa vie urbaine et de venir en
ressourcement”. Les Bistrots de Pays sont donc particulièrement
bien placés pour remplir ce rôle.
Circuits courts
Les produits de terroir sont essentiellement des spécialités locales.
Jean-Paul Laffont gérant de “Chez Baratier”, un Bistrot
de Pays ardéchois situé à Laviolle, explique que les légumes
servis à sa table proviennent en partie d’un jardin proche
cultivé par un employé et qu’il recherche des producteurs
agricoles locaux pour fournir son bistrot. Bernard Boutboul
met cependant en garde. Un restaurant ne peut s’appuyer sur
les circuits courts que si les producteurs sont en mesure de
pouvoir fournir les volumes suffisants. Max Feschet, maire
de Bouchet dans la Drôme et vice-président de l’association
des maires ruraux de France, donne l’exemple d’un commerce
tenu en commun par des producteurs dans un village
à côté, capable de fournir en produits locaux à « l’Auberge de
la Poste » le Bistrot de Pays de Bouchet.
4 5

Traiteur local
Brigitte Dumarché défend ardemment la cuisine du terroir
dans l’auberge La Farigoule à Bidon en Ardèche où la clientèle
est en augmentation. Pour répondre à la demande d’un
syndicat mixte pour un buffet de 300 personnes « mettant en
valeur le terroir », elle a participé à la création de l’Association
des savoir-faire et traditions culinaires des Bistrots de Pays
d’Ardèche Méridionale, réunissant cinq
Bistrots de Pays. Les bistrots proposent
aujourd’hui un service traiteur local et
gèrent les achats et la préparation des
plats pour des buffets de 35 à 500 personnes
à raison de 10 à 20 euros par
convive. La forme associative a permis
en outre de mutualiser les achats du
matériel nécessaire et de financer la formation
d’un des membres de l’association
qui partagera ensuite les éléments enseignés. L’activité
traiteur complète ainsi très bien les activités de ces bistrots.
Comme le remarque Bastien Giraud, coordinateur de la Fédération
nationale des Bistrots de Pays, l’expérience « permet
de capter les groupes en période creuse, de mutualiser les
savoir-faire et de proposer une offre collectivement. »
Les défis à relever :
• Revoir son offre pour s’adapter à l’attente
d’authenticité de la clientèle
• Chercher les producteurs locaux capables de
fournir des produits de terroir
• Indiquer sur la carte, sur l’ardoise, sur les murs…
partout : « produits locaux » et « fait maison »
Savoir-faire et surtout faire savoir
Le plus souvent les Bistrots de Pays manquent de visibilité.
Dès la phase de recherche des touristes sur leur destination,
l’absence de communication des bistrots est discriminante.
Dominique Maisonobe, directeur du cabinet Authentis qui a
conduit une centaine de visites mystères dans les Bistrots
de Pays, évoque un déficit de communication sur Internet
mais aussi jusque dans les établissements.
Ils ne communiquent pas assez
ou pas efficacement sur le contenu de
‘‘
Si vous êtes sûr de votre
qualité, ne la bradez pas !
‘‘Bernard Boutboul
l’assiette une fois le client sur place.
Pierre Dabout, directeur de l’agence
de développement touristique des
Alpes-de-Haute-Provence estime que le
bouche-à-oreille se fait au XXIe siècle
sur internet et notamment par les réseaux
sociaux. Bernard Boutboul va
dans le même sens en pointant l’enjeu de « justification du
prix de vente ». Le « faire savoir » est souvent la solution
à « la problématique des clients qui achètent une assiette
pour trois personnes » à laquelle se confronte de plus en
plus Cathy Laurier du bistrot de Saint Trinit.
Les Bistrots, piliers ruraux
1993 • 2013
Selon les critères de la Charte, les Bistrots de Pays
sont le ou l’un des derniers commerces situés dans
des communes de moins de 2 000 habitants. Ils
doivent être ouverts à l’année, soit au minimum dix
mois sur douze et proposer des services de base non
assurés ailleurs dans le village. Par ces missions,
ces établissements deviennent par conséquent des
“piliers” pour les communes rurales.
Le maire et le bistrot
Les liens du Bistrot de Pays avec la municipalité sont souvent
forts, qui plus est, 40 % des locaux loués à des commerçants
appartiennent aux communes. “La commune doit être porteuse
de son Bistrot” selon Michel Rosa, maire de Saint-Trinit
(Vaucluse), 127 habitants. Pour Bernard Bartolini, maire de
Prads-Haute-Bléone (Alpes-de-Haute-Provence), la commune
doit faciliter l’activité des bistrotiers. Dans son village
de 160 habitants, le bail commercial fixe le loyer du bistrot à
220 euros/mois. « Il ne faut pas que la commune cherche à
faire de l’argent avec le Bistrot. Le but est
de maintenir en vie le village, de l’animer
et de créer du lien avec la population. »
Au-delà du rapport propriétaire/locataire,
des services doivent pouvoir être
échangés entre les commerçants et la
commune. Pour Max Feschet, maire de
Bouchet, il n’y a pas de rentabilité possible
pour la commune. La plus-value
se fait à travers l’animation du territoire,
donnant l’exemple d’une fête de Saint-Patrick pour laquelle la
commune a prêté la salle des fêtes comme prolongement du
bistrot pour accueillir les 200 personnes attendues.
Le salut du multiservice
Bernard Boutboul le précise : “L’activité bar du bistrot ne se
suffit plus à elle-même d’où le glissement vers la restauration.
Mais ce n’est pas non plus suffisant. Il devient difficile pour
les bistrots de vivre d’un monoproduit, d’une monoactivité.”
Alain Gabert, conseiller régional Provence-Alpes-Côte D’Azur
et président du syndicat mixte d’aménagement et d’équipement
du Mont Ventoux ajoute que “c’est la pluriactivité qui
permet d’apporter des revenus décents aux bistrotiers”.
Quelles activités complètent aujourd’hui le bar et le restaurant
des Bistrots de Pays ? L’hébergement, tout d’abord, concerne
un tiers d’entre eux, surtout dans les zones rurales reculées.
18 % font hôtel, 10 % louent des chambres et 3 % des gîtes.
Laurent Foissac tient l’Auberge des Écrins à Champoléon
dans le Champsaur (Hautes-Alpes). Ce Bistrot de Pays gère
dix chambres. Pour lui, le bar relève du service, le restaurant
permet l’équilibre, mais ce sont ses chambres qui le font
vivre. “Pour faire fonctionner un bistrot, il faut développer des
services associés, des circuits courts, de la cuisine maison et
de la convivialité. Nous sommes tous dans des endroits les
plus beaux, d’où l’importance de diversifier les activités pour
se différencier des autres.”
‘‘
Les Bistrots de Pays sont
déterminants pour la vie
des communes.
‘‘Max FESCHET
20 e anniversaire
Vingt minutes chrono
Comme le révèle l’étude de la DATAR « Destination campagne
: état des lieux et évaluation des attentes des clientèles
touristiques potentielles », la clientèle a besoin de services
durant son séjour et elle les souhaite, pour la moitié, à moins
de vingt minutes de son lieu d’hébergement. Dans les services
et commerces que les touristes ruraux trouvent indispensables
ou souhaitables, la plupart peuvent faire partie des
services rendus par un Bistrot de Pays : boulangerie, lieu de
restauration, supérette, presse-tabac, Poste et même Office
de tourisme… les Bistrots labellisés devant, selon la Charte :
“disposer des principaux documents d’information touristique
locale”. La multiactivité des Bistrots de Pays est donc
aussi stratégique, pour compléter les services existants et
ainsi proposer une offre globale pour le touriste.
Les défis à relever :
• Recenser les services manquants à
20 ou 30 mn du bistrot.
• Réfléchir aux nouveaux services à proposer
pour compléter l’offre.
6 7

Bistrots animés
La Charte des Bistrots de Pays prescrit trois
animations festives et culturelles minimum par
an pour chaque Bistrot. L’objectif est de créer ou
de conserver les liens sociaux “entre générations,
entre touristes et résidents, entre populations
urbaines et rurales”. Mais beaucoup de bistrots
vont au-delà de la Charte.
Le Bistrot dans le territoire
La programmation d’animations permet de se faire connaître
et d’attirer les clients de plus loin. Mais la programmation
culturelle est un métier, d’où l’importance de se faire accompagner.
Emmanuelle Burollet, la plus ancienne bistrotière du
réseau, s’appuie par exemple sur une association, La Miroiterie,
pour programmer des séances de Ciné-Bistrot au Café de
la Lavande, à Lardiers dans les Alpesde-Haute-Provence.
Organiser trois
manifestations par an, ne se fait pas
seul dans son coin, bien au contraire.
Certains Bistrots de Pays prennent
pleinement part à des manifestations,
s’inscrivant dans un réseau territorial
de lieux de diffusion. Marc Boulay,
maire de Larnas, vice-président du
Pays de l’Ardèche méridionale et responsable
du réseau des Bistrots de l’Ardèche méridionale,
évoque la possibilité d’organiser la diffusion culturelle avec
des acteurs culturels locaux. C’est le cas avec “Mon Pays
ma fête”, trois jours de festivités dans le Pays de l’Ardèche
méridionale s’appuyant, entre autres, sur les Bistrots de Pays
pour accueillir conteurs, musiciens, magiciens ou compagnies
de théâtre.
Programmer en réseau
Les réseaux de Bistrots sont aussi là pour fédérer les actions
culturelles et programmer des spectacles qui pourront ensuite
faire le tour des autres Bistrots. Plusieurs réseaux ont déjà des
initiatives bien installées depuis plusieurs années et certaines
pourraient faire des émules, avec l’aide de la Fédération nationale.
En voici quelques exemples. Depuis sept ans, “Show
devant dans les Bistrots” programme trois spectacles qui
tournent dans les onze Bistrots de Pays que compte la Corrèze.
Dans la région Provence-Alpes-Côte D’Azur, la régie culturelle
régionale lance la première édition des “Scènes de Bistrots” en
mai 2013. Cette opération entre dans les missions d’aménage-
1993 • 2013
‘‘
Dans les bistrots, la question de
la démocratisation culturelle ne
se pose pas alors qu’elle peut se
poser dans d’autres lieux. ‘‘Denis Talledec
ment du territoire de la Région, qui avec vingt dates programmées,
souhaite aussi valoriser les artistes locaux. Autre initiative,
“Théâtr’O Bistrot” a débuté en 2009 par la programmation
d’une pièce de théâtre qui fait le tour des neuf Bistrots du
Pays de Chaumont. L’expérience est concluante et désormais
chaque année, trois spectacles sont programmés dans chacun
des bistrots du réseau. Le Pays de Chaumont, porteur du projet,
travaille étroitement avec le théâtre de Chaumont qui en assure
la coordination et la programmation. L’initiative reçoit des
subventions de l’Etat, du Conseil régional et de l’Europe ce qui
permet aux Bistrots d’accueillir les spectacles pour une somme
modique : 150 euros par spectacle, soit 450 euros par an pour
l’ensemble de la programmation Théâtr’O Bistrot. Alban Frère,
animateur Orac (Opérations de restructuration du commerce
et de l’artisanat) du Pays de Chaumont, explique : “pour que le
Bistrot ne subisse pas de perte, le spectacle,
dont l’entrée est libre, est couplé
avec un repas après la représentation .”
Chaque représentation rassemble environ
une quarantaine de spectateurs.
Le “Théâtr’O Bistrot” devrait aussi
s’étendre aux Bistrots de Pays de deux
territoires voisins, et ainsi couvrir trois
réseaux de Bistrots et quatre Pays.
Se simplifier la culture
La Fédération nationale des Cafés Cultures rassemble 400
établissements en France (urbains pour les deux tiers) et organise
le festival Bar-Bars, deuxième évènement après la Fête
de la Musique en terme de répartition sur le territoire. L’un de
ses objectifs est de faciliter la diffusion de spectacles dans
les cafés. C’est pour cela, lors des premières rencontres des
Cafés Cultures en 2008, que plusieurs acteurs ont été réunis
autour de la table : les ministères de la Culture, du Travail
et de l’Intérieur, les collectivités avec les associations des
maires et des Régions de France, ainsi que les syndicats de la
restauration et des artistes. Il a alors été question de la réglementation
en matière de licence : la programmation de spectacles
ne devant pas faire passer les bistrots de la licence N
(débit de boisson) à la licence L (organisateur de spectacles).
Il s’agissait aussi d’évoquer les difficultés d’embaucher des
intermittents du spectacle. Suite à cette rencontre, une expérience
a été menée dans les Pays de la Loire avec la création
d’un fonds d’aide à l’emploi artistique qui prend en charge
une partie du coût employeur lorsque les établissements font
appel à des intermittents. En 2012, 1000 cachets d’artistes
ont pu être payés grâce à ce fonds en seulement huit mois.
Pour Denis Talledec, directeur de la Fédération nationale
des Cafés Culture, cette aide est une étape importante qui
fait vivre les bistrots et génère de l’activité économique sur
les territoires notamment, parce que les emplois de ces artistes
ne sont pas délocalisables. Le principe de fonds d’aide
à l’emploi artistique devrait être étendu à l’ensemble de la
France, métropolitaine et d’Outre-Mer.
Seulement, pour Denis Talledec “faire de la culture, c’est
complexe.” Il conseille donc de se faire accompagner dans
les démarches pour accueillir les artistes, et notamment se
servir du Guso, service destiné à simplifier les démarches de
recrutement des intermittents du spectacle.
Une programmation adéquate
Ensuite, il faut être attentif à la programmation, qui selon Denis
Talledec “se compose comme le menu, en fonction du
public que l’on veut toucher.” Là aussi il ne faut pas hésiter
à se faire accompagner par des structures spécialisées : associations,
services culturels de collectivités ou structures
culturelles programmant hors les murs.
Avec son expérience, Sophie Mignard, animatrice du réseau
en Corrèze estime qu’il est important de « ne pas tout de suite
donner l’habitude du non-payant ». Elle cite pour illustrer son
propos l’exemple réussit des Bistrots d’hiver dans la Creuse.
Concernant la question de la rentabilité, Denis Talledec estime
qu’équilibrer son budget est déjà une réussite. La programmation
culturelle peut même être bénéficiaire dans une
logique de développement du lieu mais cela prend du temps.
Quoi qu’il en soit il faut intégrer les effets indirects : si le public
venant pour les spectacles n’est pas spécifiquement un
public d’habitués, il est alors possible de le fidéliser et de
faire connaître son territoire. Pour conclure : “Trop ne tue pas
en matière d’offre artistique et culturelle”.
20 e anniversaire
Les défis à relever :
• S’appuyer sur les réseaux de bistrots
pour programmer en commun
• Trouver des réseaux de diffusion ou des structures
culturelles qui programment hors les murs
• Se faire accompagner pour débuter dans l’embauche
d’intermittents du spectacle
Bistrot sportif
Les Bistrots de Pays
mettent en valeur leur
territoire. Les touristes
ne viennent pas chez eux
par hasard. À l’Auberge
des écrins, à Champoléon
en Champsaur, ils y trouvent de l’hébergement, de
la restauration, des animations mais également des
activités de sport nature, gratuites, organisées par le
bistrotier, un véritable « plus » qui permet d’augmenter
le passage dans son auberge. Le Bistrot peut aussi être
un lieu de passage sur des circuits de randonnée. C’est
le cas de l’Auberge de Sauze, dans les Alpes-Maritimes,
situé sur un sentier de randonnée qui se parcourt avec
ou sans ânes. Bernadette Nicolas, la bistrotière, évalue
à 600 le nombre de passages dus à ce circuit. Si les
circuits de randonnées ne passent pas par les Bistrots
de Pays, pourquoi ne pas les dessiner ? C’est ce que
propose l’opération des Rando-Bistrots®, portée par
la Fédération nationale des Bistrots de Pays. Il s’agit
d’inviter les visiteurs à parcourir des sentiers à pied,
à cheval, à vélo ou en calèche avec un professionnel
diplômé, une promenade ponctuée par la rencontre avec
un agriculteur ou un artisan local et agrémentée par un
repas de terroir dans un Bistrot de Pays.
Bientôt des Bistrots de quartier®
Bien implantée dans le monde rural, la Fédération
Nationale des Bistrots de Pays réfléchit à mettre en place
un label reposant sur les mêmes valeurs d’authenticité
et de convivialité en ville. C’est ce qu’a annoncé dans
son allocution de clôture le président de la Fédération
nationale des Bistrots de Pays, Bernard Reynal. Il s’agit,
selon lui, pour le réseau d’un vrai défi pour les années
à venir, un moyen de recréer des lieux et du lien dans
des territoires qui ont connu le plus de fermetures de
cafés ces dernières années. Certains quartiers urbains
pourront ainsi retrouver leur âme de village. Pour
parvenir à cet objectif, il faudra trouver de nouveaux
moyens financiers.
8 9

‘‘
Intervention de Sylvia PINEL,
Ministre de l’artisanat, du commerce et du tourisme
Rencontres des 20 ans des « Bistrots de Pays »
Le 18 mars 2013 à Forcalquier
Retenue par d’autres obligations ministérielles, je souhaite vous dire mes regrets de ne pas pouvoir être parmi
vous aujourd’hui.
Je souhaite bien entendu saluer le Président REYNAL et tous les membres de la Fédération Nationale des Bistrots
de Pays, qui organisent avec enthousiasme et efficacité ce 20e anniversaire du Label Bistrot de Pays.
Je voudrais également saluer les élus, les parlementaires, maires, conseillers généraux, conseillers régionaux qui
sont à vos côtes et qui s’impliquent avec la plus grande énergie pour soutenir le maintien et le développement des
activités dans nos territoires ruraux.
Je suis heureuse de m’adresser à vous pour célébrer les 20 ans d’une initiative qui connaît un succès grandissant
pour le plus grand bénéfice des très nombreuses communes participantes. Pas moins de 250 établissements ont été
labellisés, dans 8 régions différentes, et proposent chaque année plus de 750 animations.
Je partage l’approche qui a été retenue dès le départ pour ce label. En tant qu’élue locale, je connais la valeur
inestimable des indépendants qui assument le rôle de commerces multiservices dans de nombreuses communes. Le
bistrot, dans les territoires où il est l’une des dernières activités, voire parfois la dernière, représente un pôle très
important de dynamisme et de lien social pour les habitants.
Il était donc très pertinent, dès l’origine, de faire de cette caractéristique l’un des critères de la Charte du Label
Bistrot de Pays, afin de mettre l’accent sur la sauvegarde et la revitalisation de nos bourgs ruraux.
Cette démarche est aussi une opportunité privilégiée de synergies entre l’artisanat, le commerce et le tourisme,
secteurs dont j’ai la responsabilité, puisqu’elle apporte un soutien précieux au maintien de trois fonctions : les
services d’un commerçant de proximité, l’attractivité et l’information touristique, et la valorisation des produits et
de la gastronomie du terroir.
J’ai fait du renforcement de la qualité de l’offre touristique une de mes trois grandes priorités. Votre
label participe pleinement à cet objectif, et je vous en félicite.
Le lancement du nouveau label Bistrot de Quartier est également une excellente initiative. Je tiens à féliciter les
équipes de la Fédération de continuer à innover dans la mise en valeur et la proposition d’une offre qualifiée à la
clientèle locale.
Ce projet ambitieux pourra profiter des savoir-faire développés dans le cadre du label Bistrot de Pays, et s’inscrit
dans une logique à laquelle je suis attachée. En effet, les communes rurales et les quartiers en difficulté partagent le
même enjeu de maintien d’une activité indispensable au vivre ensemble et au nécessaire rassemblement des français.
Ce ne sont pas les mêmes lieux, ni les mêmes causes, et c’est une bonne chose que les labels soient différents. Mais
je crois qu’il est tout à fait approprié que la démarche soit la même, c’est une démarche de qualité qui soutient la vie
locale et qui apportera, je l’espère, toute la cohésion sociale et l’attractivité qu’elle a déjà apportée aux communes
des Bistrots de Pays.
Je sais que vous fêterez de la meilleure des manières ces journées anniversaire et je vous souhaite donc d’excellentes
discussions autour de ces thématiques, lors des table-rondes, des ateliers et des visites de ces journées riches en
échanges et indispensables pour le dynamisme de cette activité.
1993 • 2013
Discours de clôture de Bernard REYNAL
Président de la Fédération Nationale des Bistrots de Pays
Le 18 mars 2013 à Forcalquier
Quel bonheur d’avoir vécu, à la fois ce 20e anniversaire à Forcalquier mais aussi ces dix dernières années à la présidence de la
Fédération Nationale des Bistrots de Pays. Quelle longue marche depuis les pionniers de Forcalquier en 1993 jusqu’à ce jour ! Et
quelle joie aussi de voir se développer chaque année, chaque mois, chaque semaine ce réseau à travers la France.
Il était donc bien nécessaire de déployer ce concept « Bistrot de Pays » pour ancrer dans nos petites communes rurales une animation
vraie, une convivialité retrouvée !
Cette journée et celle de demain, de grandes premières nationales, ont regroupé sur ce haut lieu de Forcalquier tous les acteurs des
Bistrots de Pays. Bistrotiers eux-mêmes, bien sûr, mais aussi, les structures institutionnelles qui ont cru et croient encore à cette
action. Enfin, les nouveaux partenaires publics et privés… dont je souhaite que le nombre augmente très rapidement.
Dans notre démarche nationale, depuis 2003, nous avons élaboré des statuts, puis peaufiné une charte, puis revu nos statuts grâce
au Diapositif local d’accompagnement (DLA), puis élargi à trois collèges notre conseil d’administration. Belles et constructives
réunions avec nos premiers complices, et je veux ici, rendre hommage à un absent pour raison de santé, M. Roger BARREAU, de
Midi-Pyrénées qui nous a accompagné de son expérience, de sa fidélité et de son dévouement durant les premières années de notre
envol. Et je pourrais en citer bien d’autres…
Mais un anniversaire tel que celui que nous célébrons ce jour, c’est bien sûr la fête d’une étape, mais c’est aussi et surtout un nouveau
départ dans la continuité des actions engagées.
Aujourd’hui, ce sont trois permanents dans nos bureaux nationaux installés ici, à Forcalquier. Ils sont suivis hebdomadairement par
un administrateur, André BERGER, trésorier de la Fédération Nationale, que je remercie encore une fois pour son travail à notre cause.
Mais le premier des objectifs à atteindre, c’est une reconnaissance nationale et au-delà une aide financière. Madame Sylvia PINEL,
ministre de l’artisanat, du commerce et du tourisme qui n’a pas pu, à regret, se joindre à nous pour cet événement a bien voulu
nous transmettre son message de façon audio-visuelle. Il est porteur d’espoirs et nous sommes décidés, avec l’aide de M. Christophe
CASTANER de finaliser avec l’Etat et les collectivités territoriales les démarches entamées.
Toujours sur le plan national, la Fédération va très prochainement se démultiplier en apposant aux Bistrot de Pays un nouveau
concept déjà déposé à l’INPI, les Bistrots de Quartiers®. Dans l’aménagement du territoire nous ouvrirons nos portes aux demandes
urbaines afin d’instaurant une solidarité entre le bistrot urbain et le bistrot rural. Mais là aussi, tout est encore à faire, et
je vous donne rendez-vous dans 20 ans pour vous présenter les bilans de cette nouvelle direction engagée.
Vous le voyez, la fédération et les idées foisonnent. En face, il faudra nécessairement mettre des hommes ou des femmes et des
moyens ! C’est un autre dossier, je voulais vous en parler.
Enfin sur le plan international, je suis heureux de vous annoncer que nous avons fait des émules. En effet, nos amis italiens dont je
salue, ici, ce soir une importante délégation ont créé les Bistrò di Paese. Il en existe une vingtaine dans les provinces d’Imperia, de
Savone et de Cuneo, territoires frontaliers avec nos Bistrots de Pays des Alpes-Maritimes (06). Nous sommes allés à leur rencontre
au printemps dernier et déjà, une carte transfrontalière des Bistrots de Pays 06 et Italiens a été éditée !
À l’opposé, mais en ce qui me concerne, à égale distance, Brive étant bien à la fois, au cœur de la France, mais aussi au cœur des
Bistrots de Pays, 800 km de la frontière italienne et 800 km de la frontière belge ! A l’opposé, donc en Belgique, il existe aussi une
heureuse initiative « Bistrot de terroir ». Je salue très chaleureusement les deux représentants du Royaume Belge, venus assister à
nos travaux durant ces 2 jours.
En conclusion, Mesdames et Messieurs, vous avez pu le constater, les Bistrots de Pays participent à la politique d’accueil en espace rural.
Pour qu’il y ait des « accueillis » il faut que nous ayons des « accueillants » … Des accueillants permanents, animateurs de leur établissement,
mais aussi animateur local autour du zinc. Il n’est plus à démontrer que les bistrots qui fonctionnent le mieux ce sont
ceux qui vivent le mieux, c’est-à-dire ceux qui sont « animés ».
Ce n’est pas pour rien que dans la charte il est aussi précisé l’engagement de soirées animées ! Je veux également citer ici, le succès
des randos-bistrots.
Enfin, nous participons au maintien d’une équité territoriale, j’en veux pour preuve le nombre d’habitants qui, par an, choisissent
plutôt la campagne à la ville pour une nouvelle installation.
Cette amorce de « désertification » urbaine ne peut se faire que s’il y a quelque part un cœur de village ! Ce cœur de village, c’est
nous, ce cœur de village c’est vous !
Encore une preuve si nécessaire de la réussite du réseau Bistrot de Pays. C’est que nous sommes souvent copiés par-ci, par-là, mais
jamais égalés ! C’est plus que notre consolation, c’est notre fierté !
20 e anniversaire
‘‘
Continuons à tisser le maillage le plus adéquat possible et intelligent sur le sol français, voir sur le sol européen, de ces lumières
rurales au mitan des nuits sombres, persuadés que nous sommes la réponse réelle et attendue à la dynamique de demain au cœur
des territoires ruraux.
Joyeux anniversaire à vous toutes, à vous tous. Ce soir, nous aurons je l’espère l’occasion de lever nos verres, pour trinquer à nos vingt ans !
Mille mercis à tous pour votre confiance !
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Avec le soutien financier de :
Avec le concours de :
1993 • 2
- Crédits Photos : Michel Boutin - Sylvain Vallière - Bastien Giraud - Vincent Thomann
Pour tous renseignements
Fédération Nationale des Bistrots de Pays, Le Grand Carré - BP 41 - 04301 Forcalquier CEDEX 1
04 92 77 68 86 - contact@bistrotdepays.com
www.bistrotdepays.com
20 e an
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