Les contes de l'horloge magique - AFCAE

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Le cinéma de Ladislas Starewitch BIOGRAPHIE FILMOGRAPHIE SELECTIVE Ladislas STAREWITCH, né à Moscou en 1882 de parents polonais, passe son enfance en Lituanie. Autodidacte, il s’intéresse à la peinture, à la photographie et surtout à l’entomologie. C’est pour expliquer la vie des insectes au Musée ethnographique de Kovno (Lituanie) qu’il tourne son premier film d’animation dans lequel il utilise des scarabées naturalisés, filmés image par image. Le succès est immédiat ; le film La Belle Lucanide, présenté en 1911, suscite l’admiration internationale. Obligé de quitter le pays au lendemain de la révolution bolchevique, il emménage définitivement en France à partir de 1920 et installe son studio à Fontenay-sous- Bois. Dès lors, avec sa fille aînée Irène qui l’assiste pour la fabrication des marionnettes et sa femme Anna qui conçoit et fabrique les costumes, il entre dans la phase la plus prolifique de sa création. Nina, sa fille cadette, devient la vedette d’une série de films parmi les plus inventifs, mêlant animation, trucages et images réelles. Distribuées aux États-unis et en Europe, ses œuvres lui valent des récompenses internationales. Mais les conditions de production de ses films vont être progressivement bouleversées à l’arrivée du sonore puis de la couleur. Son long métrage Le Roman de Renard, dont la partie image a été tournée en 18 mois (1929-1930), ne sortira en France qu’en 1941, après d’interminables difficultés de production liées à la sonorisation. D’autres projets, comme la série à succès consacrée au chien Fétiche à partir de 1933, connaîtront les mêmes aléas. Starewitch continuera de tourner jusqu’à sa mort en 1965, réalisant au total une centaine de films en prise de vues réelles et/ou animation. Récemment, des créateurs comme Tim Burton, Terry Gilliam ou Ray Harryhausen ont rendu hommage à ce magicien de la ciné-marionnette dont la virtuosité reste inégalée. (Citations extraites d’un article de Charles Ford, Ciné-Miroir, 1940) La ciné-marionnette se compose d’un mannequin-support, découpé en bois léger, muni de charnières, rigide, capable de garder toute position donnée ; il est à la marionnette ce qu’est le squelette pour l’être humain. Tous les détails qu’exige la personnalité de chaque marionnette,sont du domaine de la recherche,des petites trouvailles de l’expérience acquise et sont si multiples qu’ils écartent la possibilité d’une indication. Le format le plus pratique est de 35 cm environ pour les plans moyens,de 5 à 10 cm pour les plans éloignés comportant une vaste figuration. Pour les gros plans, la ciné-marionnette atteint quelques fois la grandeur naturelle. La technique du mouvement, quoique poussée à la perfection, ne crée que le mouvement, mais ne crée pas l’âme intérieure de la marionnette. Il faut pour cela, en plus de la technique,“quelque chose” que l’animateur doit posséder en lui-même et en imprégner la marionnette pendant la création” “Un mètre de pellicule contient 52 cadres. Pour tourner un mètre, il faut donc changer 52 fois les positions du ou des personnages et donner 52 tours de manivelles à la caméra. Pour un film de 1950 mètres, cela fait 101 400 changements. ,, ,,Comment naît et s’anime une ciné-marionnette ? 1910 (Russie) La Belle Lucanide 1911 La Revanche du ciné-opérateur 1912 Terrible Vengeance (prises de vues réelles, médaille d’or à l’Exposition de Milan) 1921 (France) : Le Mariage de Babylas L’Epouvantail 1923 La Voix du rossignol (médaille Hugo Riesenfiels, 1925) Amour noir et blanc 1924 La Petite Chanteuse des rues 1925 Les Yeux du dragon 1926 Le Rat des villes et le rat des champs 1927 La Cigale et la fourmi La Reine des papillons 1928 L’Horloge magique La Petite Parade 1929-30 Le Roman de Renard Long métrage 1932 Deux Fables de La Fontaine 1933 Fétiche Mascotte 1934 Fétiche prestidigitateur 1935 Fétiche se marie 1936 Fétiche en voyages de noces 1937 Fétiche chez les sirènes 1947 Zanzabelle à Paris (médaille d’or films pour enfants au festival de Venise) 1949 Fleur de fougère (Prix du meilleur film pour enfants à la Biennale de Venise) 1953 Gazouilly petit oiseau 1954 Gueule de bois 1956 Nez au vent 1958 Carrousel Boréal 1965 Comme Chien et chat page 8 page 9
Nina Star COMÉDIENNE Jean-Marie Sénia CRÉATION MUSICALE NINA STAR AU PAYS DES MERVEILLES DE STAREWITCH NINA STAR côtoie le monde fantastique des marionnettes animées depuis sa toute petite enfance. Née en 1913 à Moscou, Jeanne Starewitch est la deuxième fille du réalisateur. Elle joue dans une dizaine de ses films entre 1921 et 1930, alors que la famille Starewitch s’est définitivement installée en banlieue parisienne. Tantôt reine des papillons, garçon manqué rusé ou jeune fille sentimentale, elle fréquente toutes sortes de créatures fantastiques, assez proches de celles de Tolkien. Malicieuse, espiègle ou rêveuse, elle peut incarner tous types de personnages, de la comédie burlesque au conte féerique. "Sans aller plus loin que le lycée de sa ville, elle a acquis une célébrité non seulement en Europe, mais au-delà de l’Atlantique !" écrira en 1929 un critique russe de la revue Sévodnia. Car la petite "STAR" séduit tant par ses prouesses de jeu que par sa capacité à incarner le "passeur" du spectateur entre monde réel et imaginaire. "Ses rêves, le cinéaste les attribue le plus souvent, dans les années 1920, à sa petite vedette, sa fille cadette Nina, l’Alice de son pays des merveilles. C’est elle qui nous introduit dans sa fantasmagorie, quand elle ne joue pas les héroïnes de mélodrame. Dans La Petite Chanteuse des rues, elle ressemble comme une sœur à la fausse mendiante mise en scène par Lewis Carroll, photographe amateur (de petites filles)." (Jean-Pierre Pagliano dans Positif, "Starewitch aux pays des merveilles", n° 352, mai 1990). page 10 FILMOGRAPHIE Nina Star a joué exclusivement dans les films de son père : 1921 Le Mariage de Babylas L’Epouvantail 1923 La Voix du rossignol 1924 La Petite Chanteuse des rues 1925 Les Yeux du dragon (prologue) 1927 La Reine des papillons 1928 L’Horloge magique La Petite Parade 1931 Poucette (film inachevé) Jean Marie SENIA est un habitué des films de Starewitch qu’il a souvent accompagnés lors de ciné-concerts au Forum des images et dans de nombreux festivals. "Poète de l’éphémère" 1 comme il le dit lui-même à propos des musiciens de scène, il a commencé à accompagner des films muets sous l’impulsion de la Cinémathèque de Toulouse en 1976, devançant l’engouement pour le genre qui suivra quelques années plus tard. Autour des films de Buster Keaton, Max Linder ou Fritz Lang, il cherche à "conserver l’esprit ludique d’improvisation qui était celui des projections de l’époque (…) plutôt qu’à reconstituer à tout prix les musiques ayant accompagné en leur époque les films" 1 . Influencé par Kurt Weill, admirateur de Dutilleux et Berio, il s’est toujours intéressé à la scène. Après des études au Conservatoire de Strasbourg et à l’Académie Franz Liszt de Weimar, il compose de nombreuses musiques pour le théâtre : à la Comédie française pour Jacques Lassalle, Jean-Luc Boutet ou Bruno Bayen, au Festival d’Avignon pour Alfredo Arias, au Palais de Chaillot pour Antoine Vitez… Au cinéma, il écrit pour Jacques Rivette (Céline et Julie vont en bateau), Alain Tanner (Jonas qui aura vingt-cinq ans en l’an deux mille), Danièle Dubroux (Le Journal du séducteur, L’Examen de minuit), Véra Belmont (Rouge Baiser) ou Jacques Fansten (La Fracture du myocarde). Il a également écrit des chansons pour Yves Montand, Georges Moustaki et Hanna Schygulla (récital Quel que soit le songe). Il accompagne en improvisation des films muets dans les plus grands festivals (concert au Lincoln Center de New York, au Festival du Film de San Francisco, au Festival du Film de Finlande, au Metropolitan de Palerme). 1 interview accordée à F. Gimallo-Mesplomb page 11 Pour s’accorder à Ladislas Starewitch… Par Jean-Marie Sénia Je ne sais plus qui prétendait que “la musique de film doit assurer le continu au cœur du successif” formule un peu éloquente mais si juste dans le cas des films de Ladislas Starewitch ! “Mademoiselle Loyale”, en la personne de Nina la petite chanteuse des rues, mène son vagabondage à trois temps grâce à son petit orgue de Barbarie qui valse sa dérive et sa solitude. Comme la petite fille aux allumettes, Nina va générer son thème et définir son destin et le destin des autres personnages du film sur un rythme ternaire. Ce limonaire obsessionnel va servir de cœur à nos trois histoires. Une sorte de ronde, en somme, de la vie même. Naître ! Exister ! Disparaître !... en trois temps et trois mouvements ! Toutes les scies de nos grand-mères avaient ce même élan de valse, de goualante, éternellement répété. Sortie d’un orgue qui s’époumone à travers les images, cette chanson des rues deviendra petit à petit l’inconscient de Nina, puis le thème de son abandon pour, enfin, devenir le leitmotiv modulé des acteurs de ces trois histoires. Comme si en France, tout finissait et commençait par une chanson ! ,, ,, © Droits réservés
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