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sélection de décisions du comité des droits de l'homme prises en ...

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<strong>de</strong> dét<strong>en</strong>tion iniiumaines. Elle fait notamm<strong>en</strong>t état <strong>de</strong>s<br />

faits suivants :<br />

Mon père partage avec un autre dét<strong>en</strong>u une cellule <strong>de</strong> 2 mètres sur<br />

3,5 mètres où il doit y rester vingt-trois heures sur vingt-quatre; s'il<br />

fait beau et s'il n'a pas fait l'objet <strong>de</strong> sanctions particulières, il peut<br />

sortir une heure à l'air Hbre. Comme il est incarcéré dans le quartier <strong>de</strong><br />

la prison réservé aux dét<strong>en</strong>us que les militaires qualifi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> « dangereux<br />

», il ne quitte jamais sa cellule pour travailler ou pr<strong>en</strong>dre ses<br />

repas, ni pour aucune activité autre que la récréation ou une visite. Il<br />

convi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> préciser que la qualification <strong>de</strong> « dangereux » résulte, non<br />

d'une appréciation <strong>du</strong> juge, mais d'une décision <strong>du</strong> commandant <strong>de</strong> la<br />

prison. Le régime <strong>en</strong> vigueur dans ce quartier (<strong>de</strong>uxième étage <strong>de</strong> la<br />

prison) est bi<strong>en</strong> plus sévère que celui — déjà très <strong>du</strong>r — qui est appliqué<br />

dans les autres quartiers (l'établissem<strong>en</strong>t compte actuellem<strong>en</strong>t<br />

quelque 1100 prisonniers politiques). Les ouvrages que les dét<strong>en</strong>us<br />

sont autorisés à étudier et à lire selon le bon vouloir <strong>du</strong> commandant<br />

<strong>de</strong> service leur sont fréquemm<strong>en</strong>t confisqués sans aucune explication.<br />

De toute manière, ils ne peuv<strong>en</strong>t lire que les livres autorisés par la c<strong>en</strong>sure<br />

militaire... Les dét<strong>en</strong>us n'ont pas le droit <strong>de</strong> lire <strong>de</strong>s journaux,<br />

tous les quotidi<strong>en</strong>s, nationaux ou étrangers, étant interdits; ils ne peuv<strong>en</strong>t<br />

écouter la radio, égalem<strong>en</strong>t interdite; toutes ces interdictions les<br />

coup<strong>en</strong>t <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> extérieur et aggrav<strong>en</strong>t les t<strong>en</strong>sions qui exist<strong>en</strong>t toujours<br />

dans une prison.<br />

L'auteur <strong>de</strong> la communication affirme <strong>en</strong> outre que<br />

les dét<strong>en</strong>us viv<strong>en</strong>t dans une crainte perpétuelle et sont<br />

soumis aux brima<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s gardi<strong>en</strong>s, qui ont toute latitu<strong>de</strong><br />

pour imposer <strong>de</strong>s sanctions aux prisonniers pour <strong>de</strong>s<br />

contrav<strong>en</strong>tions minimes (par exemple, pour avoir parlé<br />

à d'autres dét<strong>en</strong>us à certaines heures); que, <strong>de</strong> temps à<br />

autre, un dét<strong>en</strong>u est extrait <strong>de</strong> sa cellule et con<strong>du</strong>it à un<br />

quartier militaire pour y être interrogé et torturé à nouveau,<br />

soit à propos <strong>de</strong> son inculpation initiale, soit pour<br />

<strong>de</strong> prét<strong>en</strong><strong>du</strong>es activités politiques à l'intérieur <strong>de</strong> la prison,<br />

et qu'<strong>en</strong> raison <strong>de</strong> cette situation la santé physique<br />

et m<strong>en</strong>tale <strong>de</strong>s dét<strong>en</strong>us est gravem<strong>en</strong>t compromise.<br />

L'auteur <strong>de</strong> la communication affirme égalem<strong>en</strong>t qu'<strong>en</strong><br />

raison <strong>de</strong> la nourriture insuffisante son père a per<strong>du</strong><br />

plus <strong>de</strong> 15 kg <strong>de</strong>puis son arrestation. Elle souti<strong>en</strong>t que le<br />

traitem<strong>en</strong>t infligé à son père équivaut à une torture m<strong>en</strong>tale.<br />

1.8 L'auteur déclare que cette affaire n'a été soumise<br />

à aucune autre procé<strong>du</strong>re d'<strong>en</strong>quête ou <strong>de</strong> règlem<strong>en</strong>t.<br />

1.9 L'auteur souti<strong>en</strong>t que les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> son père<br />

garantis par les articles 2 (par. 1 et 3), 7, 10 (par. 1 et 3),<br />

14 (par. 1, 2, 3 et 7) et 26 <strong>du</strong> Pacte international relatif<br />

aux <strong>droits</strong> civils et politiques ont été violés.<br />

2. Par sa décision <strong>du</strong> 23 juillet 1981, le Comité <strong>de</strong>s<br />

<strong>droits</strong> <strong>de</strong> <strong>l'homme</strong>, ayant décidé que l'auteur <strong>de</strong> la communication<br />

était fondé à agir pour le compte <strong>de</strong> la victime<br />

présumée, a transmis la communication à l'Etat<br />

partie intéressé <strong>en</strong> application <strong>de</strong> l'article 91 <strong>du</strong> règlem<strong>en</strong>t<br />

intérieur provisoire <strong>en</strong> le priant <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

et observations concernant la question <strong>de</strong> la<br />

recevabilité <strong>de</strong> la communication. Le Comité <strong>de</strong>s <strong>droits</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>l'homme</strong> a égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>mandé à l'auteur <strong>de</strong> la communication<br />

<strong>de</strong> préciser lesquels <strong>de</strong>s événem<strong>en</strong>ts allégués<br />

s'étai<strong>en</strong>t pro<strong>du</strong>its après le 23 mars 1976 (date <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>trée<br />

<strong>en</strong> vigueur <strong>du</strong> Pacte et <strong>du</strong> Protocole pour l'Uruguay), y<br />

compris le traitem<strong>en</strong>t et les conditions <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>tion <strong>de</strong><br />

son père après cette date et la possibilité qu'il a eue <strong>de</strong><br />

recourir à un déf<strong>en</strong>seur au sujet <strong>de</strong>s accusations portées<br />

contre lui dans le cadre <strong>de</strong> la nouvelle procé<strong>du</strong>re <strong>en</strong>gagée<br />

<strong>en</strong> décembre 1980.<br />

3. Dans une nouvelle lettre datée <strong>du</strong> 22 octobre<br />

1981, <strong>en</strong> réponse à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts complém<strong>en</strong>taires<br />

<strong>du</strong> Comité, l'auteur <strong>de</strong> la communication a<br />

répété que les conditions dans lesquelles son père purgeait<br />

sa peine constituai<strong>en</strong>t une forme délibérée <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>t<br />

cruel, inhumain et dégradant et que, s'il subissait<br />

ce traitem<strong>en</strong>t avant mars 1976, il avait continué <strong>de</strong> le<br />

subir <strong>de</strong>puis lors et le subissait aujourd'hui <strong>en</strong>core. Elle<br />

a égalem<strong>en</strong>t réaffirmé que les nouvelles poursuites pénales<br />

<strong>en</strong>gagées contre son père constituai<strong>en</strong>t une violation<br />

<strong>de</strong> l'autorité <strong>de</strong> la chose jugée et <strong>du</strong> principe non bis in<br />

i<strong>de</strong>m. L'auteur a ajouté que, au mom<strong>en</strong>t où les nouvelles<br />

poursuites avai<strong>en</strong>t été <strong>en</strong>gagées <strong>en</strong> décembre 1980, le<br />

déf<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> son père n'<strong>en</strong> avait pas été informé, qu'il<br />

avait <strong>en</strong>suite été mis <strong>de</strong>vant le fait accompli et qu'<strong>en</strong><br />

août 1981, lorsque son père avait comparu <strong>de</strong>vant le<br />

premier tribunal militaire pour être interrogé aux fins <strong>du</strong><br />

second procès, tout avait eu lieu à l'insu <strong>de</strong> son déf<strong>en</strong>seur<br />

et par conséqu<strong>en</strong>t sans qu'il pût participer à la procé<strong>du</strong>re<br />

et déf<strong>en</strong>dre les intérêts <strong>de</strong> son père.<br />

4. Le Comité <strong>de</strong>s <strong>droits</strong> <strong>de</strong> <strong>l'homme</strong>, pr<strong>en</strong>ant note<br />

qu'aucune déclaration n'avait été reçue <strong>de</strong> l'Etat partie<br />

<strong>en</strong> ce qui concerne la question <strong>de</strong> la recevabilité <strong>de</strong> la<br />

communication, a constaté, sur la base <strong>de</strong>s r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

dont il disposait, que le paragraphe 2 a <strong>de</strong> l'article<br />

5 <strong>du</strong> Protocole facultatif ne faisait pas obstacle à ce<br />

qu'il connaisse <strong>de</strong> la communication. Le Comité n'a pas<br />

été davantage <strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> conclure qu'il existait <strong>en</strong><br />

l'espèce <strong>de</strong>s possibilités effectives <strong>de</strong> recours que la victime<br />

présumée n'avait pas épuisées. Le Comité a donc<br />

constaté que la communication n'était pas irrecevable<br />

aux termes <strong>du</strong> paragraphe 2 й <strong>de</strong> l'article 5 <strong>du</strong> Protocole<br />

facultatif.<br />

5. Le 25 mars 1982, le Comité <strong>de</strong>s <strong>droits</strong> <strong>de</strong> <strong>l'homme</strong><br />

a décidé <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce :<br />

a) Que la communication était recevable dans la<br />

mesure où elle portait sur <strong>de</strong>s faits qui se serai<strong>en</strong>t pro<strong>du</strong>its<br />

à partir <strong>du</strong> 23 mars 1976 (date <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>trée <strong>en</strong><br />

vigueur <strong>du</strong> Pacte et <strong>du</strong> Protocole facultatif pour l'Uruguay)<br />

ou qui, bi<strong>en</strong> que s'étant pro<strong>du</strong>its avant cette date,<br />

avai<strong>en</strong>t continué après ou avai<strong>en</strong>t eu <strong>de</strong>s effets qui constituerai<strong>en</strong>t<br />

une violation;<br />

b) Que, conformém<strong>en</strong>t au paragraphe 2 <strong>de</strong> l'article 4<br />

<strong>du</strong> Protocole facultatif, l'Etat partie serait prié <strong>de</strong> lui<br />

soumettre par écrit, dans les six mois suivant la date <strong>de</strong><br />

la transmission <strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>te décision, <strong>de</strong>s exphcations<br />

ou <strong>de</strong>s déclarations éclaircissant la question et indiquant,<br />

le cas échéant, les mesures qu'il pourrait avoir<br />

<strong>prises</strong> pour remédier à la situation;<br />

c) Que l'Etat partie <strong>de</strong>vrait être informé que toute<br />

explication ou déclaration écrite qu'il aurait soumise <strong>en</strong><br />

vertu <strong>du</strong> paragraphe 2 <strong>de</strong> l'article 4 <strong>du</strong> Protocole facultatif<br />

<strong>de</strong>vrait se référer ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t au fond <strong>de</strong><br />

l'affaire <strong>en</strong> question. Le Comité a souligné que, pour<br />

pouvoir s'acquitter <strong>de</strong> ses responsabilités, il lui fallait<br />

recevoir <strong>de</strong>s réponses précises aux accusations qui<br />

avai<strong>en</strong>t été formulées par l'auteur <strong>de</strong> la communication<br />

et <strong>de</strong>s explications <strong>de</strong> l'Etat partie sur les mesures <strong>prises</strong><br />

par lui. L'Etat partie a été prié à ce propos <strong>de</strong> lui communiquer<br />

copie <strong>de</strong> tout arrêt, ordonnance ou autre décision<br />

judiciaire concernant l'affaire considérée.<br />

6. Dans une autre lettre datée <strong>du</strong> 11 mai 1982,<br />

l'auteur a souligné que, à la suite <strong>du</strong> traitem<strong>en</strong>t qui lui<br />

avait été infligé à la prison <strong>de</strong> Libertad, l'état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong><br />

son père n'avait cessé d'empirer, qu'il était dans un état<br />

<strong>de</strong> dénutrition chronique et qu'il souffrait <strong>de</strong> graves<br />

problèmes oculaires. Elle ajoutait ce qui suit :<br />

Après dix années <strong>de</strong> prison, une autre <strong>en</strong>quête préliminaire a été<br />

<strong>en</strong>tamée et, pour la troisième fois, ils recomm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t le procès. Ils veu-<br />

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