Terroir Bio Rhône-Alpes - Chambres d'Agriculture de Rhône-Alpes

Supplément bio - Avril 2012 - Crédit photo : Corabio
Dossier
Désherbage : un enjeu majeur
en agriculture biologique

Rendez-vous
Notez-le
Agenda bio
mai
2 et 14 mai / Isère : formation Irrigation en
maraîchage biologique. (Contact : ADABio)
2 et 15 mai / Drôme : demi journées techniques
« Ravageurs et auxiliaires : identification technique et
aménagement » (Agribiodrôme)
3 mai / Drôme : demi journée de démonstration de
matériel de travail du sol en PPAM sur la ferme de
Martine Charmet à Vercheny, (Agribiodrôme / Chambre
d’agriculture de la Drôme)
3 mai / Savoie : visite d’essais prairies multi-espèces
à St Pierre de Soucy, (Chambre d’agriculture Savoie
Mont-Blanc)
5 mai / Rhône : journée d’échange : « Utilisation de la
traction animale en maraîchage » à St Martin en Haut,
(ARDAB, Hippotèse et Jardin d’Avenir)
22 mai / Savoie : formation gestion de l’enherbement
en maraîchage biologique, (ADABio)
22 mai / Savoie : rencontre protection maladies des
céréales (Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc)
juin
Du 1 er au 15 juin : Printemps bio en France et en
Rhône-Alpes (www.printempsbio.com)
Dimanche 3 juin : fête du lait bio (www.fete-du-laitbio.fr)
:
Ardèche : chez Vincent Perrier à Vernosc les Annonay,
et Isabelle et Denis Jouffre au Cros de Géorand.
Drôme : à La ferme de Margolive, chez Isabelle et
Christian Doursin à Reilhanette, et à La Fromagerie de
Quint, chez David et Line Tousseyn à St Julien en Quint.
Loire : au GAEC du Mûrier à Saint Joseph, au GAEC de
Brumagne, à Chazelles sur Lyon, à La Ferme du Tilleul,
à Balbigny ainsi que chez Claude Roche et Serge Didier
à Salvizinet.
Rhône : à La Ferme de l’Eau Vive à Larajasse, chez
Pierre et François Thizy à Sainte Catherine, ainsi qu’à La
Ferme de Clarines, chez Marc et Marie-Claire Ollagnier
à Saint Maurice sur Dargoire.
Haute-Savoie : au GAEC le Crêt Joli, chez Hubert Barri
à Minzier.
4 juin / Rhône : formation « identification des insectes
auxiliaires », (ARDAB / Chambre d’agriculture du Rhône)
5 juin / Savoie : rencontre désherbage mécanique du
maïs, (Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc)
7 juin / Ain : ferme ouverte en grandes cultures bio sur
la ferme de Claude Barbet à Thil, (ADABio / Chambre
d’agriculture de l’Ain)
11 juin / Ardèche : formation apiculture « Gestion du
cheptel, les moyens éco-responsables de l’autonomie »,
(Agri Bio Ardèche)
11, 12 et 25 juin / Isère : formation « le machinisme
pour les nuls », initiation aux techniques de l’autoconstruction
et à l’entretien d’un tracteur, (Adabio)
14 juin / Drôme : demi journée de démonstration de
matériel en viticulture à Espenel, (cave Die Jaillance /
Chambre d’agriculture de la Drôme)
18 juin / Haute-Savoie : formation gestion de
l’enherbement en maraîchage biologique, (ADABio)
Courant juin / Ardèche : journée sur le désherbage
alternatif du maïs, (Agri Bio Ardèche / Chambre
d’agriculture de l’Ardèche)
28 juin / Ardèche : formation maraîchage « ravageurs
et auxiliaires : identification et moyens de lutte », (Agri Bio
Ardèche / chambre d’agriculture de l’Ardèche)
29 juin / Rhône : visite d’essai maïs « du désherbage
chimique aux techniques biologiques », (Chambre
d’agriculture du Rhône)
juillet
9 juillet / Isère : formation gestion des maladies en
maraîchage biologique, (ADABio)
10 et 11 juillet / Savoie : formation « la phytothérapie
pour soigner les plantes : arbo, petits fruits, vignes... »
(ADABio)
12 ou 19 juillet / Isère-Savoie : rencontres viticulture
alternative des vignobles Savoie-Bugey-Dauphiné
(ADABio / Chambre d’agriculture Savoie Mont Blanc)
16 juillet / Ain : Formation Transformation des fruits
et légumes biologiques, (ADABio)
26 juillet / Isère : formation « Sauvegarder les
pollinisateurs sauvages et la biodiversité des exploitations
agricoles en maraichage le matin, en arboriculture l’aprèsmidi»,
(ADABio)
27 juillet / Ain : porte ouverte SARL Renardat Fâche à
Mérignat, (ADABio / Chambre d’agriculture de l’Ain)
30 juillet / Savoie : formation gestion des ravageurs
en maraîchage biologique, (ADABio)
septembre
10 septembre / Savoie : formation gestion de
l’enherbement en maraîchage biologique, (ADABio)
17 au 23 septembre : campagne bio et local, c’est
l’idéal, (réseau Corabio)
24 septembre / Ain : formation gestion de la fertilité
des sols, (ADABio)
27 septembre / Ardèche : journée sur les techniques
de conservation des légumes, (Agri Bio Ardèche /
Chambre d’agriculture de l’Ardèche)
9 et 10 octobre / Ardèche : formation arboriculture
« Protection alternative du verger », (Agri Bio Ardèche)
15 octobre / Savoie : formation maraîchage de
montagne, (ADABio)
Du 15 au 26 octobre : 1 ère quinzaine de la conversion :
une vingtaine de portes ouvertes sur des fermes bio et
en conversion organisées par les GAB, les chambres
d’agriculture.
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Sommaire
DOSSIER
p4 à 11 / Désherbage
en agriculture bio -
Juste une question
d’équilibre • En grandes
cultures - Prévention,
le maître mot • Arbo
et viti - Pas de solution
unique • Maraîchage
- “Autoconstruire ses
outils permet de gagner
en autonomie” • Eau
et agriculture - La bio
est un outil pertinent
pour la qualité de
l’eau• Recherche et
expérimentation -
Faire progresser les
techniques en bio
Filières animales
p12 à 14 / Lait bio de
Rhône-Alpes - Vers 45
millions de litres de lait
bio produits • Soodial
Union, des objectifs
bientôt atteints
Filières végétales
p15 à 17 / Filière
pommes et poires -
Objectivité de mise sur
une production à la
hausse. • Charles et
Alice : s’approvisionner
bio et local
Juridique
p18-19 / Réglementation
biologique européenne -
Garantir un niveau
d’exigence élevé
Les hommes
p20-21 /Gaec du Mûrier
(Loire) - Trois fermes ont
fusionné
Les aides
p22-23 /Dispositifs - Des
aides toujours incitatives
• Economie - La bio,
une dynamique de
développement
Contacts
p24 /Répertoire - Des
réseaux de conseillers
pour vous accompagner
Edito
L’agriculture biologique, une voie
d’avenir pour Rhône-Alpes
Longtemps incomprise, l’agriculture
biologique est pratiquée aujourd’hui par
2 600 exploitations en Rhône-Alpes sur
86 000 hectares, ce qui place notre
région au premier rang français. Avec des
productions très diversifiées (on compte
toutes les productions hors poissons de
mer !) et un potentiel de 6 millions de
consommateurs, ce n’est pas étonnant
que les agriculteurs se soient orientés
vers ce mode de production. Et ce n’est sans doute pas fini, puisque 2 000 fermes ont
déclaré au cours du dernier recensement agricole s’interroger sur une conversion à
l’agriculture biologique.
Les consommateurs sont eux aussi de plus en plus sensibles aux produits biologiques,
puisque ce marché croît chaque année de 10 % dans un contexte de stagnation
des marchés alimentaires, pour atteindre aujourd’hui 2,5 % de parts de marché en
France. Si ce marché reste donc encore relativement réduit chez nous (il est de 6 % en
Allemagne), sa croissance et la belle notoriété dont bénéficient les produits bio auprès
des Français semblent bien confirmer que cette dynamique ne s’arrêtera pas demain.
Les industries agro-alimentaires, elles aussi, ont bien compris qu’un marché existait
puisque en Rhône-Alpes près de la moitié d’entre elles ont une activité certifiée bio.
Contrairement à la plupart des produits alimentaires, dont la commercialisation se
fait en majorité via les grandes et moyennes surfaces, la distribution des produits
biologiques reste plus diversifiée (magasins spécialisés, vente directe...), ce qui laisse
aux agriculteurs de vastes possibilités dans la valorisation de leurs produits.
La conversion à l’agriculture biologique demande parfois des changements de
pratiques majeurs. Certains agriculteurs pourront s’engager directement en agriculture
biologique, quand d’autres préféreront prendre le temps de s’approprier progressivement
certaines techniques utilisées en bio, avant de franchir (ou non) le pas de
la conversion sur leur exploitation. Dans tous les cas, l’agriculture biologique est un
modèle d’agriculture durable et dans lequel beaucoup d’exploitations peuvent trouver
des sources d’inspiration pour faire évoluer leurs pratiques, en adoptant, par exemple,
certaines des techniques détaillées dans le dossier désherbage de ce numéro.
C’est dans cet esprit que, réunis au sein du pôle conversion, et grâce aux soutiens
financiers de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et du Feader, les chambres
d’agriculture de Rhône-Alpes et le réseau Corabio se sont associés pour apporter aux
agriculteurs de la région un maximum d’informations techniques et commerciales
sur ce mode de production et ces filières au travers de ce Terroir Bio Rhône-Alpes qui
paraîtra deux fois par an. Nous vous en souhaitons bonne lecture.
Françoise Reiller, présidente de Corabio
Gérard Seigle-Vatte, président de la chambre régionale d’agriculture
Terroir Bio Rhône-Alpes est édité par la Sept (Société d’édition de presse de nos terroirs) : directeur : Éric Thébault. • Rédaction : Apasec (Agence de presse agricole
du sud est centre) - Corabio - Les chambres d’agriculture de Rhône-Alpes • Gérant Jean-Pierre Royannez - directeur : Serge Berra : 04 72 72 49 06. • Mise en page :
atelier PAO de l’Apasec. • Imprimeur : IGPM 8/16 Rue de la Robotique B.P. 10737 - 42950 SAINT-ETIENNE Cedex 9 • Téléphone : 04 77 92 25 50. Dépôt légal : Avril
2012. • Terroir Bio Rhône-Alpes est un supplément des titres : Ain Agricole, directeur de la publication : Daniel Martin• Avenir agricole de l’Ardèche, directeur de la
publication : Jérôme Volle • Agriculture Drômoise, directrice de la publication : Anne-Claire Vial • Paysans de la Loire, directeur de la publication : Bernard Denis
• Terre Dauphinoise, directeur de la publication : Jean Robin Brosse• Information agricole du Rhône, directeur de la publication : Pascal Riche • Terres des Savoie,
directeurs de la publication : Jean-Marc Guigue/André Pernoud.
Ce magazine est réalisé
grâce au soutien de
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DOSSIER
Désherbage en agriculture bio
Juste une question d’équilibre
Lors d’une conversion en agriculture biologique, la maîtrise des mauvaises
herbes sans herbicides peut paraître difficile à surmonter. Pourtant, le
retour à quelques grands principes d’agronomie permet de gérer au mieux
les adventices.
En agriculture biologique, la rotation des
cultures est un levier important dans la
maîtrise des mauvaises herbes.
Le cahier des charges de l’agriculture
biologique exclut l’usage des produits
chimiques de synthèse. Cette spécificité
oblige donc les agriculteurs à utiliser
d’autres pratiques pour gérer le
salissement des cultures. Jean Champion, référent
technique régional grandes cultures bio des
chambres d’agriculture de Rhône-Alpes, précise :
« en agriculture biologique, le désherbage ne passe
plus simplement par la destruction des mauvaises
herbes en culture, mais par un raisonnement global
de son système et la mise en œuvre d’un ensemble
de pratiques culturales préventives, le désherbage
mécanique curatif n’intervenant qu’en dernier recours
». En agriculture biologique, on ne cherche
pas à éradiquer toutes les mauvaises herbes. Il faut
tolérer la présence d’une certaine flore indésirable,
à condition qu’elle ne porte pas de préjudices techniques
et économiques significatif à la culture en
place, ni aux suivantes.
Mieux vaut prévenir plutôt que courir
« On passe ainsi par une gestion préventive du désherbage.
Plus largement, on peut parler des « quatre
piliers » du désherbage, le premier étant la réflexion
sur ses successions culturales», indique Jean
Champion. La rotation est en effet le premier levier
de gestion des adventices en agriculture bio. Une
stratégie préventive doit s’établir en fonction de la
flore présente, du climat, de la nature du sol, de
l’historique de la parcelle et de l’orientation technico-économique
de l’exploitation. L’alternance
des cultures introduite par la rotation permet de
varier les opérations culturales, perturbe le cycle
des adventices et empêche la sélection d’un certain
type de flore. Pour être efficace, la rotation
devra être la plus longue et diversifiée possible,
alterner des cultures salissantes (tournesol, pois,
féverole, blé) et des cultures dites nettoyantes
(avoine, seigle, luzerne…), alterner cultures d’été
avec des cultures d’hiver. « Le deuxième pilier du
désherbage, explique Jean Champion, est le travail
du sol et la gestion de l’inter-culture, qui inclut la
pratique du déchaumage, la réalisation de faux-semis
et l’implantation d’un couvert végétal entre deux
cultures principales. » Ces opérations, cumulables
ou non, ont surtout pour objectif de faire diminuer
le stock de graines d’adventices dans le sol pour la
culture à venir. Le couvert devra être détruit avant
l’implantation de la culture suivante. En plus d’éviter
la montée à graine des mauvaises herbes, ce
couvert peut permettre un apport d’azote intéres-
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sant. Le faux semis, qui consiste à
faire lever les plantes indésirables
et à les arracher avant le vrai semis
permet également de réduire
considérablement le salissement
des parcelles. « Enfin, insiste le
technicien, le labour, à condition
qu’il ne soit pas pratiqué à plus de
20-25 cm de profondeur pour ne pas
enfouir la matière organique trop
profondément, reste une pratique
précieuse pour réduire le stock de
graines d’adventices présent en
surface. » Le troisième pilier de
la gestion de l’herbe, l’adaptation
des itinéraires techniques, passera
par exemple par le choix des
variétés les plus adaptées et le décalage
des dates de semis.
Le mécanique remplace le chimique
« Malgré toutes les mesures de prévention prises, il
est souvent nécessaire d’intervenir dans la culture
en place avec des outils mécaniques : c’est l’entretien
des cultures, le dernier pilier du désherbage »,
complète-t-il. Herse étrille, bineuse et bineuse
à doigts, houe rotative sont les principaux outils
à la disposition des agriculteurs. Ils peuvent être
utilisés seuls mais le plus souvent ils doivent être
combinés pour gagner en efficacité. L’utilisation et
La maîtrise des adventices est un enjeu fort pour la réussite technique et
économique des cultures en agriculture biologique.
l’efficacité de ces outils dépendent en grande part
du type de sol et des conditions météorologiques
qui conditionnent l’hygrométrie et la plasticité des
sols. L’efficacité est également dépendante de la
nature et de la taille des mauvaises herbes. Il faut
savoir que les désherbages mécaniques demandent
beaucoup de travail sur un temps souvent
assez court et qu’il faut être disponible au bon moment.
Ce sont des contraintes qu’il faut prévoir et
intégrer au planning des cultures. l
Ce qu’il en dit
Jean-François Perret - conseiller en polyculture-élevage ADABio Isère
“ Raisonner autrement ”
En grandes cultures, lorsque que l’on passe en bio, le premier
principe à connaître et à accepter est que la maîtrise des
mauvaises herbes passe par de la prévention et notamment la
rotation des cultures. Il est important d’introduire dans la rotation
une prairie temporaire, ce qui n’est pas toujours évident
pour un céréalier. Pourtant, cette prairie est indispensable
pour que les cultures à haute valeur ajoutée puissent être
rentables. Dans un système bio, il ne faut plus raisonner en
termes de chiffres d’affaires mais en marge brute des cultures
et à l’échelle de toute la rotation. Il faut accepter aussi d’avoir
des rendements un peu plus faibles, mais comme les charges
sont plus faibles et que les produits sont mieux valorisés, au
final le revenu de l’agriculteur bio est équivalent à un conventionnel,
voire parfois meilleur. Le rendement ne fait pas le revenu.
Les agriculteurs qui ont fait le pas vers la bio me disent souvent qu’ils retrouvent le plaisir du métier
de paysan, de revenir à plus d’agronomie, d’observation. Ils n’appliquent plus de recettes toute faites et ils
ont le sentiment de reprendre les manettes de leur exploitation. C’est une vraie satisfaction. Pour ceux qui
auraient des craintes à passer en bio, il faut savoir qu’ils ne seront pas seuls. Il existe tout un réseau de
fermes de démonstration avec des agriculteurs prêts à partager leurs expériences, il y a des formations
pour apprendre et progresser et des techniciens pour accompagner les agriculteurs.
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Dossier
Désherbage en grandes cultures
Prévention, le maître mot
La lutte contre l’enherbement en grandes cultures biologiques est avant
tout basée sur la prévention qui débute par une bonne gestion de la rotation
des cultures afin de limiter au maximum les adventices. Denis Valentin,
agriculteur bio, partage son expérience.
« La lutte contre
l’enherbement en
grandes cultures
biologiques, explique
Denis Valentin, est
avant tout basée sur
la prévention qui
débute par une bonne
gestion de la rotation
des cultures afin de
limiter au maximum
les adventices. »
Le choix d’un système de culture en agriculture
biologique nécessite une approche
globale qui tient compte des paramètres
pédoclimatiques, agronomiques,
économiques et des contraintes en lien
avec l’organisation du travail. Dans ce cadre, la rotation
joue un rôle primordial en faisant se succéder
cultures d’hiver et cultures de printemps afin
de limiter la prolifération des « mauvaises herbes »,
différentes selon la saison.
Une rotation appropriée
Denis Valentin qui exploite 90 hectares en grandes
cultures dans la plaine de Beausemblant, en nord
Drôme affirme que le but de la rotation, en dehors
de son principal intérêt agronomique, est d’intervenir
pendant l’interculture pour favoriser la levée
des adventices et rompre leur installation. En tête
de rotation, le soja, qui selon ce professionnel,
« produit de l’azote et laisse une bonne structure au
sol grâce à son système racinaire ». Lui succède le
blé, suivi de plusieurs déchaumages pendant l’été,
puis un engrais vert, mélange de légumineuses
(vesce et trèfle) et de graminées (avoine ou seigle).
Les légumineuses vont capter l’azote de l’air et le
stocker dans leurs racines et les graminées vont
« pomper » l’azote du sol. Le sol ainsi préparé va
pouvoir recevoir un maïs, qui sera suivi par du triticale,
à nouveau plusieurs déchaumages, avant un
engrais vert pour boucler la rotation par un autre
maïs. Toutes ces interventions auront contribué à
limiter au maximum le stock de graines d’adventices
dans le sol, ce qui facilitera le travail du binage
par la suite.
Les cultures d’hiver
Que ce soit pour le blé, le triticale ou l’orge, Denis
Valentin veille à ce que, au moment du semis, son
sol, préparé et roulé, soit bien plat pour faciliter
le premier désherbage à la herse-étrille. La densité
du semis est supérieure de 10 % à celui d’une
grande culture conventionnelle car les interven-
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« La lutte contre l’enherbement en grandes cultures
biologiques, explique Denis Valentin, est avant tout basée sur
la prévention qui débute par une bonne gestion de la rotation
des cultures afin de limiter au maximum les adventices. »
tions mécaniques vont entrainer une légère perte
de plantes. Le premier passage peut avoir lieu en
novembre, comme en 2011, explique-t-il, ou aux
premiers beaux jours même si n’apparaît aucune
levée, car il est plus facile de détruire les germes
que les plantules. Bien sûr, il faut régler l’agressivité
des dents selon l’état et le développement de
la culture. Sur terrains battants, la herse étrille ne
pénètre pas toujours, aussi faut-il utiliser la houe
rotative qui va décrouter le sol et employer la herse
étrille les jours suivants. Trois interventions peuvent
alors, sur ces terrains, être nécessaires. Ces
interventions de fins d’hiver favorisent l’aération et
le réchauffement du sol.
Les cultures de printemps
Maïs, soja et tournesol constituent les cultures de
printemps. Après le labour d’hiver, Denis Valentin
fait un faux semis avec roulage pour que les mauvaises
herbes lèvent avant
le semis des cultures. Cette
opération est renouvelée
deux à trois fois et le semis
a lieu plus tardivement (une
quinzaine de jours), qu’en
agriculture conventionnelle,
sur un sol plus chaud, afin
que la levée soit rapide. Au
quatrième ou cinquième
jour après le semis a lieu
un premier passage de
herse-étrille à deux centimètres
de profondeur pour
ne pas compromettre la
germination qui est en train
de s’opérer (profondeur de
semis : quatre à cinq centimètres).
Ensuite, l’intervention
mécanique avec la houe
doit être pratiquée sur maïs
au stade deux feuilles. Puis,
dès l’apparition du stade de
trois à quatre feuilles, un premier binage, très délicat,
au plus près du rang, peut avoir lieu. Cette
opération est à renouveler de deux à trois fois selon
l’état des cultures et de l’herbe. C’est la phase la
plus délicate du désherbage car la météo peut perturber
les interventions… Le dernier passage est
pratiqué au disque butoir afin d’enterrer l’herbe.
Une mécanisation adaptée
« La culture bio nécessite plus de matériel, insiste
Denis Valentin, aussi avons-nous choisi avec deux
confrères d’acquérir du matériel en copropriété.
Nous réduisons ainsi les coûts d’un meilleur équipement.
Nous possédons deux bineuses (l’une pour le
semis de maïs avec un écartement à 80 centimètres
et l’autre à 60 centimètres pour le soja), une houe et
une herse étrille, de bonne qualité que nous renouvelons
régulièrement. Nous utilisons ce matériel sur
240 hectares en tout et en dehors des avantages économiques
nous pouvons échanger nos expériences,
ce qui est toujours enrichissant. »
Plus de contraintes… mais
« La pratique de l’agriculture biologique induit sans
doute plus de contraintes, notamment dans une surveillance
accrue des parcelles, exige plus de réactivité
dans les interventions », dit Denis Valentin.
Produire sans pesticides, sans polluer les sols, ni
la ressource en eau, tout en préservant mieux la
santé du producteur comme du consommateur,
font accepter les contraintes de la conversion et les
difficultés rencontrées ; ces objectifs sont valorisants
et source de satisfaction pour l’agriculteur. l
Sur les cultures de printemps, au quatrième ou cinquième jour après le semis
a lieu un premier passage de herse-étrille à deux centimètres de profondeur
pour ne pas compromettre la germination qui est en train de s’opérer.
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Dossier
Arbo et viti
Pas de solution unique
Dès lors que l’on veut se passer des herbicides chimiques, il n’y a pas
de recette miracle en viticulture. L’itinéraire technique est fonction de la
configuration du vignoble : écartement entre rangs ; densité de plantation ;
mode de conduite, etc.
Sur les vignes larges, palissées et pieds
montés, la solution mixte est la plus adéquate.
Elle consiste à enherber entre les
rangs avec du ray grass ou du pâturin,
voire avec du trèfle ou autres légumineuses.
Les semis sont à réaliser de préférence à
l’automne. Au printemps, l’herbe est maitrisée par
la tonte. Sous le cep, le travail du sol est préconisé
à l’aide d’un outil interceps munis d’un palpeur.
Dans les rangs serrés (moins de 1,20 m) et les ceps
bas, le cas du Beaujolais par exemple, la meilleure
solution est le travail du sol complet. Les essais
d’enherbement intégral, même avec des variétés
peu concurrentielles, ne donnent pas pour l’heure
des résultats probants. Il crée notamment des insuffisances
en azote dans le moût, très problématiques
lors des fermentations.
Le travail « standard » consiste en un butage en automne
; un débutage en sortie d’hiver ; et en saison,
plusieurs passages pour maitriser la végétation.
C’est un travail en superficie. Il s’agit plus d’un
désherbage mécanique que d’un travail du sol à
proprement parler. « Le meilleur travail est le préventif.
Quand on se retrouve débordé par l’herbe,
cela devient compliqué à rattraper », insiste le
technicien de l’Ardab, Luc Bauer.
En arboriculture
En arboriculture, la problématique est assez
proche. Dans les vergers non irrigables, la concurrence
des adventices est trop forte pour laisser une
bande enherbée. Le travail mécanique et superficiel
du sol entre rangs est préconisé.
Dans les vergers irrigués, l’espace entre rangs
peut être laissé en herbe. Des essais sont menés
sur l’aplatissement de l’herbe, plutôt que la tonte,
afin de maintenir une faune auxiliaire. Sous l’arbre,
sur une bande de un mètre de chaque côté environ,
le travail du sol est recommandé pour limiter
la concurrence, notamment sur les jeunes arbres.
C’est un travail peu profond pour respecter le système
racinaire. Il nécessite néanmoins une adaptation
du système d’irrigation (enterrement ou surélévation).
Certaines variétés comme le kiwi ou le cerisier ne
supportent pas le travail du sol. Il faut privilégier
une herbe tondue à ras. Il existe sur le marché
plusieurs outils aptes à effectuer un entretien de
surface sans endommager le système racinaire. l
Enherbement entre rangs, travail du sol
sous le cep, une solution pour ne pas utiliser
de désherbant chimique.
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Maraîchage
“Autoconstruire ses outils
permet de gagner en autonomie ”
L’ADABio propose des formations à l’autoconstruction d’outils pour le
maraîchage biologique. En février, un ouvrage pratique inédit a été publié,
compilant l’ensemble des savoir-faire pour fabriquer ses outils. Vincent
Bratzlawsky, technicien à l’ADABio revient sur ces innovations.
D’où vient l’idée d’autoconstruire ses propres
outils de culture ?
Vincent Bratzlawsky : « L’idée de l’autoconstruction
d’outils en maraîchage bio est née il y a plusieurs
années. Un maraîcher, Joseph Templier, des
Jardins du Temple en Isère, a fabriqué plusieurs
outils tractés perfectionnés pour la culture maraîchère
en planches permanentes. Dans le but de
diffuser ces inventions, l’ADABio s’est lancée dans
la rédaction d’un guide de l’autoconstruction et a organisé
des formations pour les maraîchers afin de
transmettre les techniques nécessaires (soudure,
découpe, assemblage, etc.) à la confection d’outils ».
De quels outils parle-t-on ?
VB : « Joseph Templier a développé trois principaux
outils tractés, réglables et adaptables à sa situation.
Dans l’ordre de l’itinéraire technique, on trouve la
butteuse à planche qui permet de former une butte
de 40 à 50 cm de haut dans laquelle les conditions
d’humidité et d’aération favorisent la dégradation
des végétaux. Ensuite, le cultibutte est un outil à
dents de cultivateur permettant de travailler le sol
en profondeur (15-25 cm), doté de déflecteurs pour
Quand on autoconstruit ses outils, on
fabrique un outil adapté à ses besoins.
La butteuse à planche
maintenir la planche en place. Il est également doté
de dents sarcleuses pour désherber les passages de
roues. Enfin, le vibroplanche est équipé de dents de
vibroculteur, d’une herse, d’un rouleau plombeur et
de déflecteurs pour contenir la planche. Le vibroplanche
est un outils d’affinage du sol, il peut également
être utilisé pour détruire un faux semis.
Quels sont les intérêts pour les maraîchers d’autoconstruire
leurs outils de culture ?
VB : « Quand on autoconstruit ses outils, on fabrique
un outil adapté à ses besoins contrairement aux outils
industriels qui ne répondent pas toujours aux besoins
spécifiques de chacun. C’est aussi un moyen
de donner une grande autonomie aux maraîchers
qui sont ensuite capables de réparer ou d’adapter
leurs outils. Ces formations sur cinq jours offrent
également un temps d’échange très précieux entre
les participants et permettent de créer des réseaux
de partage d’expérience.
Consultez le site :
www.adabio-autoconstruction.orgl
Des fiches techniques en accès libre
Dominique Berry, référent technique régional en
maraîchage bio des chambres d’agriculture de
Rhône-Alpes, réalise régulièrement des fiches
techniques en maraîchage bio, dont plusieurs sur
les techniques de désherbage (sur le poireau, la
laitue, la carotte....). Celles-ci sont en accès libre
sur www.synagri.com ou sur demande auprès
des conseillers bio de votre département.
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DOSSIER
Eau et agriculture
La bio est un outil pertinent
pour la qualité de l’eau
L’Agence de l’eau RMC constate une
dispersion importante de pesticides dans
les eaux du bassin Rhône Méditerranée.
Dans le but de protéger les zones de captage
d’eau potable, l’Agence de l’eau accompagne
et aide les agriculteurs souhaitant réduire
l’usage des phytosanitaires ou se convertir à
l’agriculture biologique.
Nicolas
Chantepy,
directeur
de l’Agence
de l’eau
RMC
« On trouve encore dans les cours d’eau des
traces de produits interdits depuis 10 ans ! »
Les milieux aquatiques sont fortement
impactés par les pesticides utilisés par
l’agriculture conventionnelle. «Plus de
la moitié des nappes souterraines suivies
par l’Agence de l’eau au titre des pesticides
présentent des concentrations supérieures aux
normes françaises, explique Nicolas Chantepy, de
l’Agence de l’eau de Rhône Méditerranée Corse. Autre
exemple, dans 75 % des cours d’eau, on retrouve des
glyphosates ou son produit de dégradation (l’Ampa).
On retrouve également des produits interdits depuis
dix ans, ce qui montre la capacité de rémanence des
pesticides dans l’environnement.» L’Agence de l’eau
n’hésite pas à parler d’imprégnation générale des
milieux aquatiques par les pesticides. La recherche
scientifique sanitaire apporte de plus en plus d’éléments
montrant la dangerosité (cancérigène, mutagène,
etc.) même à faible dose de ces produits
notamment lors de leur combinaison, ce que l’on
appelle «l’effet cocktail».
Face à cela, l’agriculture biologique est une solution
intéressante pour réduire les pollutions de
l’eau liées aux pesticides. N’en utilisant pas, elle
préserve les ressources en eau. «On s’aperçoit
également que les changements de pratiques agricoles
sont plus durables avec l’agriculture biologique
qu’avec des mesures environnementales prises par
les agriculteurs conventionnels. Avec l’agriculture
biologique, il n’y a pas de retour en arrière.» Aujourd’hui,
l’agriculture biologique n’est pas suffisamment
installée et est très éparpillée sur le territoire
pour que l’on constate un effet sur les cours
d’eau.
Encourager la bio sur les zones
de captage d’eau potable
C’est pour cette raison que l’Agence de l’eau RMC
souhaite encourager et accompagner la conversion
vers l’agriculture biologique des agriculteurs
travaillant sur les zones de captage d’eau potable.
C’est ce qu’a réussi à faire la municipalité de Munich
en Allemagne. Les zones de captage sont entièrement
cultivées en bio, ce qui permet d’obtenir
une eau potable sans pesticide.
« Dans un souci de santé publique et parce que ce
sont des surfaces réduites, notre objectif est d’encourager
les agriculteurs à réduire leur utilisation
de pesticides voire à les aider à s’engager vers une
conversion à l’agriculture biologique, précise Nicolas
Chantepy. Nous cofinançons par exemple les aires
de lavage de cuve de pulvérisateurs ou l’investissement
dans l’achat de matériel de désherbage mécanique.»
Quatre territoires sensibles concentrant
de nombreuses zones de captage ont été identifiés
par l’Agence de l’eau RMC. « Sur ces territoires, il
faut faire changer les habitudes des agriculteurs en
les associant à ces objectifs », souligne le directeur
de l’Agence. Même si tous ne se convertissent
pas, la présence d’agriculteurs biologiques sur
ces zones permet également de diffuser des techniques
de désherbage mécanique dans le but de
réduire l’usage des désherbants vers l’agriculture
conventionnelle.l
10

Recherche et expérimentation
Faire progresser les techniques
en bio
L’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) travaille en lien avec
son réseau sur plusieurs pistes pour améliorer la maîtrise des adventices
en agriculture biologique. Le point sur les expérimentations en cours avec
Laurence Fontaine de l’Itab, responsable de la commission grandes cultures.
D
ans les systèmes de grandes cultures
en bio, c’est le préventif qui prévaut pour
maîtriser les adventices, et le premier
levier passe par la rotation des cultures.
L’alternance de cultures aux caractéristiques
contrastées casse le cycle des adventices. L‘intégration
de fourragères pluriannuelles telles
que la luzerne est essentiel », explique
Laurence Fontaine. Un programme de
recherche intitulé « RotAB » a permis
d’établir un inventaire des rotations
pratiquées par des agriculteurs bio
et de construire des cas types (8 castypes
pour 11 rotations) pour les cinq
régions partenaires du programme,
dont Rhône-Alpes.
La couverture des sols
La concurrence des cultures visà-vis
des adventices (pour
la lumière, l’eau, les éléments
nutritifs) est un
autre levier utilisé en
agriculture biologique.
On cherchera donc
à introduire des espèces
couvrantes
dans la rotation, qui limitent
naturellement le
développement des adventices. L’association de
cultures est une autre piste. Au sein d’une même
espèce, on privilégiera les variétés qui se développent
rapidement et couvrent mieux le sol. Un
programme de recherche sur le blé tendre nous a
montré que la hauteur et le pouvoir couvrant sont
des critères à retenir en sélection pour améliorer
l’offre variétale en blé tendre biologique.
Le désherbage mécanique
Dans un autre programme de recherche concernant
le désherbage mécanique, les partenaires de
l’Itab ont réalisé des essais pour mesurer l’efficacité
des différents outils existants : bineuse, herse,
houe rotative…
Deux brochures sont par ailleurs
prévues pour valoriser les acquis
du programme. Une porte sur
les itinéraires de désherbage par
culture, dans laquelle figurent de
nombreuses illustrations et des
exemples de pratiques d’agriculteurs.
L’autre brochure a une
entrée par adventice : biologie,
moyens de lutte privilégiés.
Les pistes d’avenir
Pour Laurence Fontaine, le progrès
ne s’arrête jamais. Pour
l’avenir, recherches et expérimentations
vont encore faire
progresser la maîtrise des adventices
en système bio. Il faut
continuer de travailler l’approche
à l’échelle du système (effet de
Laurence Fontaine, Institut technique de la rotation, de l’association de
l’agriculture biologique cultures, etc.). Deux essais systèmes
sont d’ailleurs menés en
Rhône-Alpes en grandes cultures biologiques :
Dunière et la plateforme « TAB », à la ferme expérimentale
d’Etoile-sur-Rhône. En matière de désherbage
mécanique, les interactions binage et fertilisation
sont à travailler. Enfin, un axe encore ‘’peu
exploré’’ et qui pourtant est, selon elle, « porteur
de beaucoup de potentiel » concerne l’innovation et
l’adaptation du matériel. l
Pour plus d’information, consultez le site de l’Itab : www.itab.asso.fr
(pages programmes de recherche : RotAB, blés concurrents des
adventices, désherbage mécanique).
11

Filières animales
Lait bio de Rhône-Alpes
Vers 45 millions de litres de lait
bio produits
La production de lait de vache bio en Rhône-Alpes a connu une forte
progression ces dernières années. Mais tous les départements ne sont pas
logés à la même enseigne.
Depuis 1998, la production de lait bio en
Rhône-Alpes a connu un essor notoire.
Il a été voulu et organisé par des collecteurs
soucieux de diversifier leur
gamme. Le rythme des conversions
s’est stabilisé en 2011 (pic de conversion : 46 producteurs
en 2009).
Rythme des conversions en Rhône-Alpes
Filière bovins lait
50
40
30
20
10
0
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Transformation
La région compte une trentaine d’entreprises
laitières dont :
- 3 collecteurs,
- 11 collecteurs/transformateurs
- 12 transformateurs (non-collecteurs ; affineurs)
La majorité de ces entreprises sont mixtes,
la gamme bio arrivant en complément de
la gamme conventionnelle.
A l’été 2011, 189 exploitations étaient certifiées et
58 en cours de conversion. D’ici 2013, Rhône-Alpes
produira 45 millions de litres de lait bio (33 millions
pour l’heure).
Environ 3,5 millions de litres de lait bio sont transformés
à la ferme et sont destinés à la vente
directe.l
Des disparités fortes au sein de la région
Production de lait bio
Ardèche
par département
Savoie 6%
(en volumes) 6%
Ain
8%
Drôme
9%
Rhône
9%
Haute
Savoie
10%
Isère
13%
Loire
39%
12

Production de lait bio
Sodiaal Union :
des objectifs bientôt atteints
D’ici 2013, la coopérative devrait collecter 40 millions de litres de lait bio au
niveau national. Résultat d’une politique volontariste qui s’est accélérée en
2007. Explications du directeur Jean-Paul Picquendar.
en 1998 que l’aventure « bio »
a débuté à Sodiaal, grâce à l’intérêt
manifesté par des agriculteurs
et à l’attente des consommateurs
C’est
citadins. « On se devait d’être sur ce
marché naissant. Mais on s’inquiétait des répercussions
sur la marque. Créer une gamme bio, n’était-ce
pas dévaloriser le lait « standard » ? », s’inquiétaient
alors les administrateurs.
Les pionniers
du Pilat
Finalement, le pas sera franchi, sur une zone bien
déterminée pour des questions
organisationnelles
évidente : le Pilat. « Nous
avions quelques leaders qui
ont entrainé avec eux une
vingtaine d’agriculteurs ».
Sodiaal se concentre
d’abord sur le lait frais,
peu transformé (léger traitement
thermique). « On
a pensé que faire du lait bio
UHT, c’était une hérésie.
Qu’il fallait réserver le bio à
des consommateurs spécialistes.
Mais nos concurrents
l’ont fait… ».
La coopérative étend ensuite
son offre avec le lait
infantile Croissance. Longtemps,
elle reste sur ces marchés de niche. Elle
complète ses 6 à 7 millions de litres de lait collectés
par des achats extérieurs pour vendre 35 millions
de litres de lait bio. Mais le débat se poursuit
au sein de la coopérative. Le bio est-il une mode ou
une véritable lame de fond ?
Finalement en 2007, le conseil d’administration
décide de relancer la production bio avec pour objectif
d’atteindre 40 millions de litres de lait collectés.
Quatre régions sont ciblées : l’Auvergne ;
le Sud-Est (Pilat, Forez, Vercors, vallée d’Azergues);
les pays de la Loire et le Nord. « Le temps
de convaincre, de convertir les exploitations, nous
allons atteindre nos objectifs en 2012 ou 2013. A ce
jour, nous collectons 26 millions de litres de lait bio.
Nous continuerons à faire des achats extérieurs. Cela
apporte de la souplesse », poursuit le directeur.
Des chiffres qui n’en feront pas un leader national.
La collecte globale de Sodiaal représente 20 % des
volumes nationaux. Sur le segment du bio, elle ne
pèse que 10 %. « Lactel notamment, est en avance
parce qu’ils ont travaillé le créneau UHT avant nous ».
A terme, 200
producteurs bios dont 89 en
Rhône-Alpes
Les éleveurs sont évidemment mieux rémunérés.
« On apporte une aide de 30 €/1000 litres en période
de conversion qui s’ajoute
aux subventions dont bénéficient
les éleveurs. On s’engage
pour 7 ans, il faut qu’ils
aient un peu de visibilité ».
Une fois la certification obtenue,
les éleveurs perçoivent
un supplément minimum
garanti de 60 €/1000
litres, quel que soit l’état
du marché. « Ça peut être
plus. Nous sommes montés
jusqu’à 120 €. En ce moment,
nous tournons autour de 100
€ ».
A l’aboutissement du plan
Jean-Paul Picquendar, directeur de Sodiaal de développement, la coopérative
comptera environ
Union Sud-Est.
200 producteurs labellisés
(déjà 132 à ce jour) ; dont 89 en Rhône-Alpes (dont
25 sont encore en conversion), répartis dans les
départements du Rhône, de la Loire et de l’Isère.
« On a dû se limiter à certains territoires. On ne peut
Sodiaal Union en chiffres
• 13000 producteurs
• 4,1 milliards de litres de lait collecté
• 7091 salariés
• 51 sites industriels en France
• 9 marques, détenues totalement ou en
partenariat : Candia ; Entremont ; Monts et
Terroir ; Beuralia ; Nutribio ; Eurosérum ; CFR ;
Régilait ; Yoplait.
13

Filières animales
2007 a été une année charnière dans la stratégie de
développement du lait bio chez Sodiaal avec pour objectif
d’atteindre 40 millions de litres de lait collectés.
pas collecter un producteur isolé. Nous devons rationnaliser
la collecte, c’est notre devoir. Même si des
accords de collecte avec d’autres entreprises nous
permettent d’intégrer des producteurs en zones limitrophes
». En aval, la transformation est concentrée
sur des sites spécialisés (Saint-Etienne et
Villefranche-sur-Saône pour Rhône-Alpes), mais
pas exclusifs. « Aucune ligne en France n’est réservée
uniquement au bio, c’est économiquement impossible
». L’entreprise doit assurer une traçabilité
irréprochable, autant sur le site que dans l’usage
des camions-citernes. Plusieurs contrôles ont lieu
dans l’année.
Une consommation nationale
dynamique
Le marché de la bio poursuit son développement
sur tous les produits.
Les chiffres de l’évolution des ventes (2011/2010)
• Lait conditionné : + 14,7 %
• Beurre : + 11,3 %
• Ultra frais (yaourts,…) : + 17,4 %
• Fromages : + 16,5 %
A ce jour, 8 % du lait acheté en grande distribution
est bio ; 3 % du beurre ; 2 % des yaourts ;
0,6 % des fromages.
Source Cniel
Un marché en croissance
Pour l’heure, le marché est dynamique. Le lait bio
est commercialisé sur quatre segments : le lait
frais, le lait croissance, l’UHT et les marques distributeurs.
« Ce sont elles qui dopent le marché. Elles
représentent 70 % des ventes de lait bio de l’Union. »
Les perspectives sont bonnes également pour les
autres produits comme le
montre les tendances nationales
(voir encadré).
Mais il faudra absorber
la montée en puissance
des volumes de production
de lait bio dans
l’Hexagone. A fin 2013,
ils devraient atteindre,
d’après les prévisions
du Cniel, 474 millions
de litres contre 330
il y a peu. « Nous
avons arrêté le robinet
de la conversion
bio. Il faut s’assurer
que le marché reste
porteur, que l’agriculteur
reçoive une
plus-value pour ses
efforts. Il faut aussi
que nos ventes poursuivent
leur progression
». l
Une fois la certification
bio obtenue, les
éleveurs perçoivent
un supplément
minimum garanti de
60e/1000 litres.
14

Filières végétales
Filière pommes poires bio
Production et consommation
bientôt à l’équilibre
La région Rhône-Alpes se classe juste derrière la région Paca en production
de pommes et poires bio. Sur son territoire, comme à l’échelle nationale, les
surfaces de vergers en conversion ont augmenté depuis 2008. Regard sur
l’évolution et les enjeux de la filière avec Joël Fauriel, arboriculteur bio à
Loriol, dans la Drôme, membre de la commission fruits à pépins de la Fnab.
et le Rhône, avec chacun une trentaine d’hectares de
pommiers, puis les Savoie qui comptabilisent à elle
deux, 30 hectares au total. Le reste de la production
étant assurée de manière beaucoup plus diffuse par
les autres départements rhônalpins, un peu en Isère,
dans la Loire…
Joël Fauriel : « Il y a un message à faire passer : la France
produit une quantité importante et suffisante de fruits et ils
sont de qualité ».
La production biologique enregistre en France une
forte croissance depuis plusieurs années mais
qu’en est-il plus particulièrement de la production
de pommes et poires bio au niveau national,
et en Rhône-Alpes plus précisément ?
Joël Fauriel : Sans refaire tout l’historique de l’arboriculture
biologique, il faut reconnaître qu’au début
des années 2000 la dynamique de conversion
au niveau national de la filière fruits en général et
de la filière fruits à pépins en particulier a pas mal
traîné la patte, ceci pour des raisons techniques mais
pas seulement. Ce n’est qu’à partir de 2008 que les
conversions ont vraiment décollé pour atteindre une
progression annuelle importante en termes de surfaces,
de l’ordre de 20 à 25 % en 2008, 2009 et 2010. La
filière pommes et poires bio de Rhône-Alpes est bien
placée. Les chiffres de 2011 recensent 123 producteurs
de pommes bio, ce qui représente une surface
totale de 234 hectares dont un peu plus de 20 % sont
en conversion. Pour les poires, il y a 61 producteurs
pour une surface totale de 84 hectares, dont 20 % là
aussi en conversion. Ces vergers se situent principalement
dans la Drôme, qui arrive en tête des départements
producteurs, avec par exemple 80 hectares de
vergers de pommes bio, viennent ensuite l’Ardèche
Quelles sont les spécificités au niveau national du
marché des pommes et poires bio ? A qui les producteurs
commercialisent-ils leurs fruits, et plus
particulièrement en Rhône-Alpes ?
J.F. : Compte tenu de l’augmentation de la production
française en pommes et poires bio et de l’importante
offre variétale disponible, la Fnab a engagé une réflexion
sur le respect d’un certain nombre de règles
nécessaires pour améliorer la commercialisation nationale
et faire en sorte que ces fruits bio soient vendus
au bon moment dans la saison. Ce travail s’est
concrétisé par une charte. Elle a été signée récemment
par plusieurs acteurs importants de la filière,
qui s’engagent à respecter le calendrier de mise en
marché des variétés et à privilégier l’approvisionnement
français. D’une manière générale, il faut rappeler
que le circuit de commercialisation des pommes
et poires bio en France reste le circuit long, même
si la grande majorité des producteurs font aussi de
la vente directe. C’est le cas également en Rhône-
Alpes. La commercialisation s’opère auprès des
grossistes de rang national, tels que ProNatura, Relais
Vert, Agrobiodrôm, historiquement présents dans
le paysage depuis une bonne vingtaine d’années, et
auxquels s’ajoutent aujourd’hui des grossistes intermédiaires
comme Brio qui travaillent pour la grande
distribution, un marché qui est en pleine évolution. Il
y a aussi bien évidemment les plateformes de magasins
spécialisés, par exemple la Vie Claire et Satoriz,
qui sont sur la région Rhône-Alpes. Même si Rhône-
Alpes compte aussi quelques transformateurs, des
fabricants de jus de fruits et de compotes, avec lesquels
travaillent des producteurs, la production de
pommes et poires bio est bien destinée très majoritairement
au marché du frais, avec une commercialisation
qui s’effectue vers toutes les régions françaises.
15

Filières végétales
Maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande
nationales est au cœur de la problématique en
pommes et poires bio ?
J.F. : Il faut rappeler que la bio a vécu pendant des
années une situation relativement confortable, ce qui
a permis d’installer ce système alternatif, fonctionnant
avec une vraie rémunération du juste prix, des
exploitations rentables, parce que l’on avait un marché
qui restait déficitaire. Aujourd’hui, nous sommes
très clairement à un tournant historique, où on arrive
à l’équilibre entre l’offre et la demande. Les conversions
se sont débloquées, les surfaces ont augmenté
et vont augmenter encore. Donc face à cette production
bio en hausse, la question cruciale est de savoir si
le consommateur va suivre au même rythme dans sa
consommation. Il faut bien garder en tête cet aspect.
L’avis de la commission fruits à pépins de la Fnab est
qu’il convient maintenant de déplacer un peu les efforts
qui ont été d’abord faits au sein de la profession
pour favoriser la conversion en direction des consommateurs,
afin de remettre en avant le produit, communiquer.
Car on se rend compte qu’il y a une image
qui n’est pas forcément exacte sur le produit bio, avec
des consommateurs qui ont l’impression que tous les
produits bio sont importés. Je pense qu’il y a un peu
de communication à faire, un message à faire passer
en disant que la bio s’est développée dans notre
pays, que la France produit une quantité importante
le circuit de commercialisation des pommes et poires
bio en France reste le circuit long.
et suffisante de fruits, qu’ils sont de qualité. Bien sûr,
je ne veux pas mettre de côté la restauration collective,
les cantines, les restaurants d’entreprises, qui
peuvent contribuer à écouler les volumes, mais le
cœur du marché reste le ménage, la consommation
familiale.l
FOCUS FILIÈRE
En Rhône-Alpes (chiffres Corabio 2011):
• 123 producteurs bio exploitent 234 ha de
pommes bio (dont + de 20 % en sont en conversion)
• 61 producteurs exploitent 84 ha de poires bio
(20% en sont en conversion)
• Plus de la moitié de la production de pomme et
poires bio est en Drôme-Ardèche
• 20 % des producteurs de fruits bio en Rhône-
Alpes sont des fermes spécialisées en fruit,
• 80 % des fermes produisant des fruits bio, sont
des fermes diversifiées.
Plusieurs acteurs importants de la filière,
se sont engagés à respecter le calendrier de
mise en marché des variétés et à privilégier
l’approvisionnement français.
En France (chiffres Agence Bio 2011):
• Pommes : 2 947 ha dont 1 350 ha en conversion
(45 % en conversion)
• Poires : 446 ha dont 161 ha en conversion (36 %
en conversion).
16

Filière pommes poires bio
Charles et Alice :
s’approvisionner bio et local
Si elle est très majoritairement destinée à une consommation en tant que
fruits de table, la production de pommes et poires bio doit aussi satisfaire
la demande émanant des transformateurs. Témoignage de l’un d’eux en
Rhône-Alpes, la société Charles et Alice, située à Allex, dans la Drôme.
Implantée depuis 1976 au cœur des vergers
de la Drôme, à Allex, la société Hero France,
rebaptisée Charles et Alice depuis son rachat
en 2010 par la société vauclusienne
Charles Faraud, est un important transformateur
de spécialités de fruits. Depuis septembre
2011, c’est sous cette marque de Charles et Alice
qu’outre les gammes de desserts sans sucre
ajouté, les consommateurs retrouvent également
la gamme bio composée de quatre produits différents
: pommes, poires et pommes, pommes et
framboises et pommes et châtaignes. Un créneau
sur le marché de la consommation familiale au
sens large qui s’ajoute à celui de la nourriture infantile,
la baby-food, sur lequel la société a depuis
longtemps une ancienneté en tant que fabricant
de compotes bio. Pour l’élaboration de ces produits,
articuler un approvisionnement français et le
plus local possible, dans un rayon n’excédant pas
les 150 kilomètres, n’est pas évident. « Pour nos
gammes bio, nous avons besoin de plusieurs milliers
de tonnes de pommes et poires mais l’offre française,
spécifiquement en pommes, n’est pas suffisante.
Certes, on couvre
60 % de nos besoins
avec la production
française et très nettement
de manière
régionale, explique
Pierre-Yves Santonnat,
responsable des
achats et de la chaîne
logistique. Cet approvisionnement
en
pommes se fait donc
chez nous de manière
très centrée sur la région
Sud-Est, avec un
complément venant
du Val de Loire et du
Sud-Ouest. Il reste
que ce que nous ne
parvenons pas à trouver
au plus près ou en
France, nous le trou-
(Crédit photo : DR).
vons dans les Alpes italiennes. Pour les poires en revanche,
nos besoins sont moins importants et l’offre
satisfait notre demande. Notre approvisionnement est
très local, il se réalise au niveau des régions Rhône-
Alpes et Paca ».
Convaincre les producteurs de travailler pour le
marché de la transformation ne coule pas non plus
de source. « Il faut aller à leur rencontre, expliquer
qu’il y a vraiment un marché à satisfaire, relate encore
Pierre-Yves Santonnat. Personnellement, je suis
très impliqué dans ce travail de sensibilisation, au
niveau national et départemental. Pour structurer la
relation entre l’amont et l’aval de la filière, les actions
menées en Drôme sont nombreuses, faites par la CCI,
la chambre d’agriculture, le Département ».
La sécurisation de l’approvisionnement peut passer
par des contrats de partenariat avec les producteurs
où le transformateur s’engage sur plusieurs
années à prendre un volume de production. « Nous
l’avons ainsi fait en 2009 avec trois arboriculteurs bio
en Paca, ce qui représente un total de 9 hectares de
vergers contractualisés », souligne Pierre-Yves Santonnat.
l
La gamme bio de
Charles et Alice,
pour laquelle la
société éponyme
met en avant un
approvisionnement
français et le plus
local possible.
17

Juridique
Réglementation biologique européenne
Garantir un niveau d’exigence
élevé
Parmi les cinq signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine,
l’agriculture biologique (AB) est le seul qui garantisse un mode de
production respectueux de l’environnement et du bien-être animal. Pour le
certifier, l’Union européenne s’est dotée, en 2009, d’un nouveau règlement
bio européen.
Un guide fournit des repères clairs sur les droits et obligations en termes d’étiquetage des produits bio.
est fondée sur le respect de principes
agronomiques précis comme la
non-utilisation de produits chimiques
de synthèse (ni engrais ni pesticides)
L’AB
ou d’OGM ; le recyclage des matières
organiques ; la rotation des cultures et la lutte biologique.
L’élevage, de type extensif, fait appel aux
médecines naturelles et respecte le bien être des
animaux.
Dès lors, la question se pose de savoir comment vérifier
le respect de ces principes ? Pour y répondre,
les pionniers de l’agriculture biologique (paysans,
agronomes, consommateurs), ont élaboré des cahiers
des charges et des systèmes pour le vérifier.
L’agriculture biologique a ainsi évoluée au long
du 20 e siècle jusqu’à sa reconnaissance officielle
en 1981. Le premier règlement européen pour les
productions végétales date de 1991 et celui pour les
productions animales de 2000. Depuis le 1 er janvier
2009, l’Union européenne s’est dotée d’un nouveau
règlement bio européen.
Les règles de l’agriculture bio
La réglementation européenne pour les productions
biologiques est définie par le règlement cadre
du Conseil européen n° 834/2007 du 20 juillet 2007.
Il fixe les règles de l’agriculture biologique à tous
les stades de la production, de la préparation et de
la distribution des produits biologiques. Il précise
également les conditions de contrôles et d’étiquetage.
Ce règlement cadre est complété par plusieurs règlements
d’applications, qui définissent les modalités
d’application dont le plus important, le règlement
européen n°889/2008 du 5 septembre 2008.
Il en existe d’autres, plus secondaires, inhérents à
l’utilisation du logo bio, aux productions aquacoles
et d’algues marines, par exemple.
18

En complément de ces règlements bio européens,
il existe des cahiers des charges français :
- le CCF bio (cahier des charges français) comprend
des éléments de règlementation bio qui relèvent de
la compétence nationale, ainsi que des cahiers des
charges d’élevages spécifiques à la France (lapins,
escargots, autruches…) ;
- le second cahier des charges concerne la restauration
commerciale bio (restaurants, vente à emporter,
etc.).
Pour faciliter la compréhension de ces règlements
et aider agriculteurs, organismes certificateurs et
agents de développement dans la mise en œuvre
concrète de ces textes, des guides sont édités au
niveau national :
- le guide de lecture pour l’application des règlements
précise de nombreux points pratiques relatifs
à la production biologique ;
- le guide d’étiquetage fournit des repères clairs
sur les droits et obligations en termes d’étiquetage
des produits bio ;
- le guide des intrants utilisables en agriculture
biologique en France est le document de référence
qui précise les produits effectivement agréés en bio
en tenant compte de la réglementation bio européenne
et de la réglementation française sur les
produits phytosanitaires.
Ces règlements définissent donc un socle commun
pour les producteurs bio européens. Ils ne
sont cependant pas immuables : les organisations
agricoles travaillent en continu auprès de la Commission
européenne pour faire évoluer ces règlements.
Des évolutions sont attendues prochainement
sur la castration des porcs ou l’alimentation
100 % bio des monogastriques, par exemple. l
Actualité
Le vin bio existe enfin !
Le « vin bio » a une existence officielle depuis
le 8 février 2012, date de l’adoption par la
Commission européenne du premier règlement
bio européen pour la vinification biologique.
Auparavant, on parlait de « vin issu de raisins
biologiques » car, seule la production du raisin
pouvait être certifiée bio. Ce nouveau règlement
de la vinification biologique s’applique à partir du
1er août 2012. Les vins issus des vendanges de
raisins bio 2012 pourront donc porter la mention
« vins bio »… à condition de respecter le cahier
des charges.
Les quatre points essentiels à retenir sur
la vinification bio :
• Additifs et auxiliaires
Il existe de nombreux additifs et auxiliaires
utilisés en vinification pour oxygéner, filtrer,
clarifier, stabiliser, etc. Pour la vinification
biologique, une liste limitative a été définie.
Tout produit non inclus dans cette liste est donc
interdit. Par ailleurs, pour chacun d’entre eux
des conditions d’utilisation ont été définies.
• Ingrédients bio
Comme tout produit biologique transformé,
les vins bio doivent être produits à partir
d’ingrédients biologiques : les raisins bien
évidemment, mais aussi le sucre ou le moût
concentré.
• Teneur en dioxyde de soufre (SO2)
La réduction de la teneur en soufre des vins bio
par rapport à la réglementation générale sur les
vins est indexée sur le taux de sucre résiduel. Il
en résulte une réduction de 30 à 5 mg/l du SO2
pour les vins bios.
• Procédés de vinification
Sont interdits la concentration partielle au froid,
l’élimination de l’anhydride sulfureux par des
procédés physiques, la stabilisation tartrique
par électrodialyse ou échangeur de cations, et la
désalcoolisation partielle. Sont autorisés mais
limités : les traitements thermiques inférieurs
à 70 °C et les centrifugations et filtrations si
supérieures à 0,2 micromètres.
L’Union européenne s’est dotée d’un nouveau règlement
bio européen depuis le 1 er janvier 2009.
L’ensemble de ces textes officiels est
disponible sur le site de l’INAO :
www.inao.gouv.fr/ rubrique « produits »
puis « agriculture biologique ».
19

Les Hommes
Gaec du Mûrier (Loire)
Trois fermes ont fusionné
Depuis avril 2011, trois exploitations
voisines, à dominante laitière, se sont
regroupées au sein du Gaec du Mûrier
sur les communes de Saint-Joseph
et de Saint-Martin-la-Plaine dans la
Loire. Un exemple de fusion réussi
grâce à la bonne entente entre les
associés.
Voilà maintenant un an que le Gaec du
Mûrier fonctionne avec six associés,
suite au regroupement de trois exploitations
sur les communes de Saint-Joseph
et de Saint-Martin-la-Plaine. Avant
la fusion, ces trois fermes avaient plusieurs points
communs : une structure de taille moyenne, du lait
de vache comme production dominante avec 200
000 à 250 000 litres de quotas, deux associés sur
chaque ferme. Sans oublier la conversion en bio :
une exploitation convertie depuis dix ans et les
deux autres en cours de conversion depuis la fin
des années 2000.
«Cela fait quelques années qu’on avait l’habitude de
travailler ensemble, de s’entraider», explique Jean-
Luc Guyot, l’un des membres du Gaec. «En cas de
besoin, on sait qu’on peut compter les uns sur les
autres. Nous avons également beaucoup de matériels
en copropriété ou en Cuma. Notre projet de fusion a
mûri progressivement. Notre objectif est surtout
d’améliorer l’organisation du travail, d’avoir moins
d’astreintes par rapport à la traite des vaches». Ainsi,
La stabulation des vaches laitières a été agrandie pour
abriter les veaux et les plus jeunes génisses.
depuis un an, Jean-Luc Guyot apprécie d’avoir un
week-end libre sur deux. «On est bien content de
s’être regroupé, il y a une bonne entente entre les associés»,
confirme-t-il.
Une exploitation sur quatre sites
La fusion a permis le regroupement des trois troupeaux
laitiers ainsi que le maintien du cheptel bovin
allaitant et de l’élevage de poules pondeuses.
Seule l’activité de fabrication fromagère a été arrêtée.
Désormais, l’exploitation du Gaec du Mûrier
comprend quatre sites dans un rayon de 3 km. La
stabulation des vaches laitières, construite en 2006
à Saint-Joseph (siège du Gaec), a été agrandie pour
abriter les veaux et les plus jeunes génisses. Un
Le cheptel compte 110 vaches laitières
à dominante montbéliarde, avec des
prim’holstein et des abondance.
20

Cinq des six membres du Gaec du Mûrier.
quai a été rajouté à la salle de traite qui dispose
maintenant de 2 X 8 postes. Les vaches taries, les
autres génisses et le troupeau allaitant sont réparties
dans d’autres bâtiments appartenant aux
éleveurs. Le poulailler de poules pondeuses et un
hangar de stockage des fourrages se trouvent sur
un même site à Saint-Martin-la-Plaine.
S’agissant des débouchés, la production de lait
de vache est destinée à Biolait. C’était déjà le cas
pour l’une des trois exploitations avant la fusion,
tandis que les deux autres adhéraient à la coopérative
URCVL. En moyenne, un veau de lait par mois
est vendu à un éleveur bio à Saint-Joseph. Concernant
la viande bovine, le Gaec du Mûrier développe
la vente directe de steak haché (issu de vaches
de réforme et de certains mâles) et de viande en
caissettes (génisses) auprès d’une clientèle de
particuliers et de deux Amap (association pour le
maintien d’une agriculture paysanne) à Rive-de-
Gier et Saint-Chamond dans la Loire. Les animaux
sont abattus à Annonay (Ardèche) et la viande est
découpée et emballée sous vide à l’atelier du Partouret
à Burdignes (Loire).
Trouver de la valeur ajoutée
Quant aux œufs, le principal client est Alter-Conso,
une association transformée en société coopérative
d’intérêt collectif (SCIC) qui distribue des paniers
de produits sur l’agglomération lyonnaise. Le
reste de la production d’œufs est commercialisé à
des particuliers, aux deux Amap, à quelques magasins
bio et épiceries fines sur la région lyonnaise.
Le Gaec du Mûrier est présent sur un marché de
détail à Saint-Etienne et un marché de producteurs
biologiques à Grand-Croix (Loire).
«Pour l’instant, on arrive à vivre financièrement de
notre métier», estime Jean-Luc Guyot. «La vente
directe et le passage en bio nous permettent de
trouver de la valeur ajoutée à l’unité de produit. On
préfère garder une certaine qualité de vie plutôt que
d’agrandir les fermes, d’augmenter les volumes de
production, les charges d’exploitation et les cadences
de travail. Notre but n’est pas de créer une grande
structure, mais de pérenniser nos exploitations avec
la volonté d’installer des jeunes dans les années à
venir», sachant que deux des associés du Gaec approchent
l’âge de la retraite. l
Gaec du Mûrier en chiffres
- Six associés : Odile et Lionel Riche, Henri Fond,
Laurent Brousset, Jean-Luc Guyot et Quentin
Riou.
- 110 vaches laitières : 60 en race montbéliarde,
30 en prim’holstein et 20 en abondance. 640 000
litres de quotas laitiers.
- 28 vaches salers et leur suite.
- 3 000 poules pondeuses.
- 235 hectares de SAU : 50 ha de céréales, environ
10 ha de maïs, 80 ha de prairies temporaires et le
reste en prairies naturelles. Un parcellaire très
morcelé sur trois communes voisines (Saint-
Joseph, Saint-Martin-la-Plaine et Châteauneuf),
beaucoup de pente et des terrains séchants.
21

Les aides
Dispositifs
Des aides toujours incitatives
Les aides proposées aujourd’hui aux agriculteurs bio compensent largement
le coût de la certification. Toutes les productions et tous les profils
d’agriculteurs sont concernés, de celui qui vient de s’engager en agriculture
biologique à celui qui a terminé sa période de conversion depuis longtemps.
22
Soutien à
l’agriculture
biologique –
conversion
(SAB-C)
Soutien à
l’agriculture
biologique –
maintien (SAB-M)
Crédit d’impôt
2012
Aide aux frais de
certification
Montant Qui y a droit ? Comment faire A noter
50 à 900 € /
ha selon les
productions
25 à 590 €/ha selon
les productions
Tout agriculteur ou
cotisant solidaire
qui a engagé
des parcelles en
conversion bio
entre le 16 mai
2011 et le 15 mai
2012
Tout agriculteur ou
cotisant solidaire
ayant des parcelles
certifiées bio ne
bénéficiant pas
d’une autre aide
surfacique type
MAE
2500 € Toute exploitation
dont plus de 40%
des recettes 2011
sont issues de la
vente de produits
bio ou produits
végétaux en 2e
ou 3 e année de
conversion
50% du coût du
contrôle et jusqu’à
100 % pour les
exploitations en
conversion
Toute exploitation
ayant une activité
bio certifiée ou en
conversion.
A demander dans
sa déclaration PAC
avant le 15 mai
2012
A demander dans
sa déclaration PAC
avant le 15 mai
2012
A demander avec
sa déclaration
d’impôts sur le
revenu
50% à demander à
la Région Rhône-
Alpes (via Corabio)
et 50% à demander
à l’Europe (via la
DDT)
- Aide versée
pendant 5 années
- Fournir un
document indiquant
les «perspectives
de débouchés en
AB» - Maintenir
ses parcelles en bio
pendant au moins
5 ans
- Cumulable avec
les aides SAB dans
la limite de 4000 €.
- A inclure dans les
aides de minimis,
dont la somme sur
3 ans est plafonnée
à 7500 €
Demande Europe
à envoyer avant
paiement de la
facture.
Demande Région
à envoyer après
paiement de la
facture.
Il existe également des aides spécifiques pour certaines filières ou certains matériels : l’aide aux veaux bio
sous la mère, le Plan végétal environnement (PVE) pour le matériel spécifique sur certaines communes à
enjeu eau, l’aide à l’achat de matériel spécifique pour les CUMA qui comprennent un adhérent bio. Il existe
aussi dans certains départements des dispositifs spécifiques.l
Note : cet article est un résumé, forcément simplifié, des informations disponibles à la date de parution.
Contactez votre chambre d’agriculture ou votre groupement de producteurs bio pour plus d’informations et
pour connaître les conditions précises d’attribution des aides (voir contacts page 24).

Parole d’expert
Economie
La bio, une dynamique
de développement
L’essor de la bio dans le paysage
agricole français est de plus
en plus visible. Les chiffres
témoignent d’une agriculture en
développement et d’une dynamique
de conversion qui va croissante.
L’analyse d’Elisabeth Mercier,
directrice de l’Agence Bio.
Quel est le poids économique de la bio en
France ?
Elisabeth Mercier : « Fin 2011, on recensait 23100
exploitations agricoles engagées en agriculture biologique
et 12000 transformateurs et distributeurs
pratiquant une activité biologique.
Les estimations en cours sur 2011 portent à 950000
ha le total des surfaces en mode de production bio,
soit 3,4 % du territoire agricole.
En 2010, le marché de l’alimentation bio en France
atteignait 2% du marché alimentaire total avec 3,38
milliards d’euros ttc de chiffre d’affaire. En 2011,
avec le secteur de la restauration collective, la valeur
totale du marché bio est estimée à près de 4
milliards d’euros. Une évaluation détaillée et précise
est en cours ; les résultats seront présentés le
1er juin dans le cadre du lancement du Printemps
bio et sur le site Internet de l’Agence Bio ».
Quelle est la répartition par filières ?
EM : « Les 2/3 de la surface bio de France sont
constitués de pâturages et cultures fourragères
pour nourrir les animaux. Plus de 20 % des surfaces
en mode bio sont dédiées aux grandes cultures,
pour l’alimentation humaine et animale. 10 % environ
des surfaces bio portent des cultures pérennes
(vignes, vergers) et du maraîchage.
On enregistre un poids croissant des productions
fruitières et viticoles bio. Plus de 7 % du vignoble
français sera bientôt en bio contre 2 % en 2006. La
barre des 10 % est dépassée pour l’arboriculture,
les plantes à parfum, aromatiques et médicinales et
les légumes secs.
Dans le secteur de l’élevage, près du quart des entreprises
de collecte et de transformation sont spécialisées
dans l’activité biologique ».
Elisabeth Mercier, directrice de l’Agence Bio : « entre
2008 et 2011, le nombre de fermes bio a augmenté de 74 %.
C’est l’expression d’une grande dynamique de conversion.»
Quels sont les profils des candidats à la Bio ?
EM : « Entre 2008 et 2011, le nombre de fermes
bio a augmenté de 74 %. C’est l’expression d’une
grande dynamique de conversion. Les motivations
des exploitants sont très diverses. Pour certains
agriculteurs, il s’agit de protéger la santé, pour
d’autres c’est la préservation de l’environnement,
ou encore la demande des consommateurs et des
entreprises. L’encouragement des pouvoirs publics
joue également un rôle ».
Quels sont les enjeux à venir ?
EM : « Aujourd’hui, la bio est inégalement développée
suivant les régions et les secteurs de produits.
Les filières se structurent de plus en plus. Il
est essentiel que le mouvement se poursuive, avec
des partenariats équilibrés des producteurs aux
consommateurs. La voie est largement ouverte,
mais il reste encore beaucoup à faire ». l
L’Agence Bio est un groupement d’intérêt public
dont la mission est le développement, la promotion
et la structuration de l’agriculture biologique
française. Elle joue également un rôle d’observatoire
national en la matière (www.agencebio.org)
23

Contacts
Répertoire
Des réseaux de conseillers
pour vous accompagner
Dans chaque département de Rhône-Alpes, animateurs et techniciens sont à votre
écoute pour vous accompagner dans votre projet : n’hésitez pas à les contacter pour
toutes questions sur les techniques de l’agriculture biologiques, la réflexion sur votre
projet de conversion, les aides spécifiques pour les fermes bio, les dates à venir des
prochaines formations, journées techniques, portes ouvertes, etc.
Chambre d’agriculture
Jean-Pierre Monier
04 77 92 12 12
Ardab
Sandrine Malzieu
04 72 31 59 99
Chambre d’agriculture
Sophie Regal
04 78 19 61 49
Ardab
Pauline Bonhomme
04 72 31 59 99
Chambre d’agriculture
Claire Baguet
04 74 45 47 10
ADABio
Philippe Jeannin
04 74 30 69 92
Chambre d’agriculture
Marie-Jo Dumas
04 79 62 86 98
ADABio
Aurélie Herpe
04 50 88 27 20
01 - AIN
74 - HAUTE-SAVOIE
42
LOIRE
69
RHÔNE
73 - SAVOIE
38 - ISÈRE
07 - ARDÈCHE
26 - DRÔME
Chambre d’agriculture
Marie-Jo Dumas
04 79 62 86 98
ADABio
Marion Danquigny
04 79 60 49 25
Chambre d’agriculture
Renaud Pradon
04 75 20 28 00
Agri Bio Ardèche
Elodie Le Gal
04 75 64 82 96
Chambre d’agriculture
Christel Nayet
04 27 46 47 06
Agribiodrôme
Fleur Moirot
04 75 25 99 75
Chambre d’agriculture
Laëtitia Masson
04 74 83 25 03
ADABio
Dorothée Meyer
04 76 20 68 65