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Les Femmes du Sud en Marche. Pas d'évolution possible sans l ...

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<strong>Les</strong> <strong>Femmes</strong> <strong>du</strong> <strong>Sud</strong> <strong>en</strong> <strong>Marche</strong><br />

<strong>Pas</strong> d’évolution <strong>possible</strong> <strong>sans</strong> l’accès à la santé<br />

et le respect des droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs.<br />

Actes de la r<strong>en</strong>contre-débat de la <strong>Marche</strong> Mondiale des <strong>Femmes</strong><br />

Confêttia, Bruxelles, le 16 octobre 2005


▬<br />

2


<strong>Les</strong> <strong>Femmes</strong> <strong>du</strong> <strong>Sud</strong> <strong>en</strong> <strong>Marche</strong><br />

<strong>Pas</strong> d’évolution <strong>possible</strong> <strong>sans</strong> l’accès à la santé<br />

et le respect des droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs.<br />

Une r<strong>en</strong>contre-débat organisée dans le cadre de la <strong>Marche</strong><br />

Mondiale des <strong>Femmes</strong>, avec la collaboration de La Commission<br />

<strong>Femmes</strong> et Développem<strong>en</strong>t, le Monde Selon les femmes, GAMS,<br />

11.11.11 Koepel van de Vlaamse Noord-Zuidbeweging vzw,<br />

Amnesty International, CNCD, la Zaïroise et ses sœurs, la<br />

Fédération laïque des c<strong>en</strong>tres de planning familiaux<br />

Confêttia , Bruxelles, le 16 octobre 2005<br />

▬<br />

3


Commission <strong>Femmes</strong> et Développem<strong>en</strong>t<br />

6 rue Brederode<br />

1000 Bruxelles<br />

Belgique<br />

• tel ++ 32 2 519 08 43<br />

• fax ++ 32 2 519 06 83<br />

• mail cvo-cfd@diplobel.fed.be<br />

• http://www.dgos.be/fr/themes/g<strong>en</strong>der/cfd.html<br />

▬<br />

4


<strong>Femmes</strong> <strong>du</strong> <strong>Sud</strong> <strong>en</strong> <strong>Marche</strong><br />

Katinka in't Zandt<br />

La <strong>Marche</strong> Mondiale des <strong>Femmes</strong> et les Objectifs <strong>du</strong><br />

Millénaire................................................................. 7<br />

<strong>Pas</strong>casie Kana<br />

La place des femmes dans la société burundaise............ 9<br />

Rocio Gutiérrez<br />

<strong>Les</strong> droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs au Pérou et les Objectifs <strong>du</strong><br />

Millénaire: avancées et reculs.....................................17<br />

Khaddiatou Diallo<br />

La lutte contre les mutilations génitales.......................25<br />

Interv<strong>en</strong>tions <strong>du</strong> public .............................................29<br />

Katinka in't Zandt<br />

Conclusion..............................................................33<br />

▬<br />

5


▬<br />

6


Intro<strong>du</strong>ction<br />

>>Katinka in’t Zandt<br />

Katinka est belge, psychologue à la Free Clinic, Fédération laïque des c<strong>en</strong>tres de<br />

planning familial. Elle est membre <strong>du</strong> Monde selon les femmes.<br />

La <strong>Marche</strong> Mondiale des <strong>Femmes</strong><br />

et les Objectifs <strong>du</strong> Millénaire<br />

La <strong>Marche</strong> Mondiale des <strong>Femmes</strong> (MMF) est un réseau international d’action<br />

pour la lutte contre la pauvreté et la viol<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>vers les femmes. Créé <strong>en</strong><br />

2000, ce mouvem<strong>en</strong>t rassemble actuellem<strong>en</strong>t 5600 groupes de femmes, à<br />

travers 163 pays. La Belgique <strong>en</strong> fait partie avec <strong>en</strong>viron 150 organisations.<br />

Nous sommes une force !<br />

Le contexte de la MMF a changé depuis sa création. Près de 200 chefs d’Etat<br />

ont adopté, <strong>en</strong> 2000, la Déclaration <strong>du</strong> Millénaire des Nations Unies. Cette<br />

déclaration a <strong>en</strong>suite été concrétisée sous la forme d’un plan de campagne<br />

fixant des objectifs à atteindre : les huit Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le<br />

Développem<strong>en</strong>t (OMD), constituant ainsi un défi à réaliser d’ici 2015, tant<br />

pour les pays riches que pour les pays <strong>en</strong> voie de développem<strong>en</strong>t. Ces OMD<br />

vont de la ré<strong>du</strong>ction de moitié de l’extrême pauvreté à l’é<strong>du</strong>cation primaire<br />

pour tous <strong>en</strong> passant par la promotion de l’égalité, l’autonomisation des<br />

femmes, l’amélioration de la santé maternelle et l’arrêt de la propagation <strong>du</strong><br />

VIH/Sida.<br />

Des organisations internationales, parmi lesquelles l’OMS,<br />

l’UNICEF et la Banque Mondiale, ont établi des cibles et des indicateurs<br />

d’évaluation pour chacun de ces objectifs.<br />

<strong>Les</strong> ONG n’étai<strong>en</strong>t toutefois pas admises dans la démarche d’élaboration de<br />

ces OMD.<br />

En tant que féministes, nous estimons que ces objectifs ne<br />

répond<strong>en</strong>t pas à toutes nos préoccupations. Ils sont même très <strong>en</strong> retrait<br />

par rapport à la plate-forme de Beijing et plus <strong>en</strong>core par rapport aux 17<br />

rev<strong>en</strong>dications de la MMF de 2000 et à notre Charte actuelle.<br />

La portée<br />

générale des OMD est même moins ambitieuse que la Déclaration <strong>du</strong><br />

Millénaire.<br />

▬<br />

7


La <strong>Marche</strong> Mondiale des <strong>Femmes</strong> 2005 a comm<strong>en</strong>cé le 8 mars au Brésil et se<br />

clôturera demain au Burkina-Faso. La Charte Mondiale des <strong>Femmes</strong> a été<br />

élaborée à l’occasion de cette marche. A travers elle, nous continuons à<br />

déf<strong>en</strong>dre nos rev<strong>en</strong>dications <strong>en</strong> proposant des alternatives pour un autre<br />

monde. Cette charte est une proclamation de principes universels. Elle<br />

déf<strong>en</strong>d un monde <strong>sans</strong> discrimination à l’<strong>en</strong>contre des femmes ; un monde<br />

<strong>sans</strong> pauvreté ; un monde <strong>sans</strong> viol<strong>en</strong>ce, <strong>sans</strong> viol<strong>en</strong>ce à l’égard des<br />

femmes. Cette Charte nous a permis de dev<strong>en</strong>ir un pouvoir politique.<br />

Entre le 8 mars et le 17 octobre 2005, la MMF a donc organisé un relais de<br />

cette Charte à travers le monde. A chaque relais, la Charte a servi à<br />

interpeller les gouvernem<strong>en</strong>ts, les mouvem<strong>en</strong>ts sociaux, les mouvem<strong>en</strong>ts de<br />

femmes, dans le but de les rallier à notre cause, partager notre vision<br />

féministe.<br />

La <strong>Marche</strong> Mondiale des <strong>Femmes</strong> 2005 arrive à son terme et nous sommes<br />

<strong>en</strong> train de transformer notre force <strong>en</strong> pouvoir.<br />

Cette force nous permet de tra<strong>du</strong>ire notre Charte <strong>en</strong> pouvoir politique,<br />

utilisant celle-ci comme outil pour analyser et évaluer les 8 OMD. Notre<br />

Charte appelle tous les mouvem<strong>en</strong>ts sociaux et toutes les forces de la société<br />

à agir pour que les valeurs que nous déf<strong>en</strong>dons soi<strong>en</strong>t mises <strong>en</strong> œuvre :<br />

- l’égalité<br />

- la liberté<br />

- la solidarité<br />

- la justice<br />

- la paix<br />

La Charte appelle égalem<strong>en</strong>t les pouvoirs politiques pour qu’ils pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les<br />

mesures nécessaires à l’application de ces valeurs.<br />

<strong>Les</strong> textes suivants montreront que pour faire évoluer le monde, il est<br />

nécessaire de garantir l’accès à la santé pour toutes et tous, <strong>sans</strong><br />

discrimination, ainsi que de promouvoir le respect des droits sexuels et<br />

repro<strong>du</strong>ctifs au s<strong>en</strong>s large et au s<strong>en</strong>s plus étroit.<br />

▬<br />

8


Femme <strong>en</strong> marche<br />

>> <strong>Pas</strong>casie Kana<br />

Katinka in’t Zandt : « <strong>Pas</strong>casie est burundaise, spécialiste des femmes et de leur<br />

santé, membre fondatrice et trésorière de l'Observatoire de l'action<br />

gouvernem<strong>en</strong>tale. Son parcours, tant privé que professionnel, est fortem<strong>en</strong>t lié à<br />

l'histoire de son pays. <strong>Les</strong> t<strong>en</strong>sions ethniques ont fait qu'à un mom<strong>en</strong>t donné, elle a<br />

dû fuir le Burundi et travailler au Congo, au Niger et <strong>en</strong> Mauritanie, toujours dans le<br />

domaine de la santé sexuelle et repro<strong>du</strong>ctive. Ses expéri<strong>en</strong>ces lui ont appris que les<br />

difficultés r<strong>en</strong>contrées dans ce domaine ont des conséqu<strong>en</strong>ces très différ<strong>en</strong>tes selon<br />

la religion principale <strong>du</strong> pays. De retour depuis 10 ans au Burundi, elle travaille<br />

pour de nombreuses organisations. Le changem<strong>en</strong>t de situation des femmes<br />

pauvres <strong>en</strong> milieu rural, l'éveil citoy<strong>en</strong> et l'élaboration des stratégies d'action sont<br />

des missions très importantes à ses yeux. Je donne maint<strong>en</strong>ant la parole à <strong>Pas</strong>casie<br />

Kana. »<br />

La place des femmes<br />

dans la société burundaise<br />

<strong>Pas</strong>casie Kana :<br />

Merci pour la parole ! Avant de comm<strong>en</strong>cer mon exposé, je ti<strong>en</strong>s à exprimer<br />

ma plus grande gratitude <strong>en</strong>vers nos sœurs <strong>du</strong> Nord qui se mobilis<strong>en</strong>t et qui<br />

accept<strong>en</strong>t toujours de partager notre combat, qui appui<strong>en</strong>t nos efforts dans<br />

le <strong>Sud</strong> pour que la femme atteigne les objectifs qu'elle s'est fixés. Je vous<br />

remercie sincèrem<strong>en</strong>t.<br />

Merci aussi aux ONG <strong>du</strong> Nord et particulièrem<strong>en</strong>t à 11.11.11 qui m'a permis<br />

de v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> Belgique pour porter la voix de la femme burundaise.<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Cela fait plus de 50 ans que le monde <strong>en</strong>tier s’est <strong>en</strong>gagé à promouvoir et à<br />

respecter les droits de toute personne humaine. Des stratégies de lutte<br />

contre la pauvreté ont été instaurées pour un développem<strong>en</strong>t <strong>du</strong>rable et la<br />

▬<br />

9


suppression de toute injustice. Ces stratégies sont énoncées dans les<br />

Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le Développem<strong>en</strong>t.<br />

Il y a lieu de les analyser et de se demander si ces stratégies mondiales sont<br />

adéquates, adaptées à chaque pays et à chaque catégorie de personnes,<br />

compte t<strong>en</strong>u des diversités, des inégalités et des clivages qui caractéris<strong>en</strong>t le<br />

monde d'aujourd'hui. Dans leur <strong>en</strong>semble, ces stratégies constitu<strong>en</strong>t un<br />

pilier réel qui laisse <strong>en</strong>trevoir une solution au défi de la pauvreté mais on se<br />

r<strong>en</strong>d compte qu'il s'agit d'un idéal qui est loin d'être atteint. Un simple<br />

regard autour de soi suffit pour constater que la théorie ne correspond pas à<br />

la réalité.<br />

Ainsi, certaines catégories de la population rest<strong>en</strong>t particulièrem<strong>en</strong>t<br />

défavorisées. C’est notamm<strong>en</strong>t le cas des femmes dont la plupart, et pour<br />

diverses raisons, ne peuv<strong>en</strong>t pas jouir pleinem<strong>en</strong>t de leurs droits. En bi<strong>en</strong><br />

des <strong>en</strong>droits de par le monde, les femmes r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t malheureusem<strong>en</strong>t des<br />

obstacles <strong>en</strong>travant la jouissance de leurs droits fondam<strong>en</strong>taux. Elles sont<br />

défavorisées ou marginalisées parce qu’elles ne connaiss<strong>en</strong>t pas ces droits,<br />

parce que ceux–ci ne sont pas reconnus et parce qu’il leur est difficile<br />

d’accéder à l’information et aux mécanismes de recours qui leur<br />

permettrai<strong>en</strong>t de les faire respecter.<br />

<strong>Les</strong> femmes burundaises n'échapp<strong>en</strong>t pas à cette réalité. A tort ou à raison,<br />

elles ne cess<strong>en</strong>t de déclarer qu'elles sont victimes d'une coutume qui<br />

consacre ouvertem<strong>en</strong>t la discrimination <strong>en</strong>tre l'homme et la femme.<br />

L'évolution de la considération de la femme burundaise dans la société a<br />

néanmoins connu, ces dernières années, une certaine amélioration. <strong>Les</strong><br />

femmes ont pu décrocher, au cours <strong>du</strong> processus de négociation d'Arusha,<br />

un quota de 30% de représ<strong>en</strong>tation dans les différ<strong>en</strong>tes institutions <strong>du</strong> pays.<br />

Le gouvernem<strong>en</strong>t actuel a montré une certaine volonté politique pour les<br />

intégrer à haut niveau.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, plusieurs questions et défis rest<strong>en</strong>t posés dont les principaux<br />

sont le droit à la succession ; l'accès de la femme aux postes à<br />

responsabilité ; l'accès à la santé et le problème des viol<strong>en</strong>ces sexuelles.<br />

▬<br />

10


L’héritage de la femme, un droit ou une faveur ?<br />

Quelques mots sur le droit de la femme burundaise à l'héritage… Ce point ne<br />

figure pas dans les Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le Développem<strong>en</strong>t mais il<br />

constitue, au Burundi, un point stratégique dans la lutte contre la pauvreté.<br />

La femme au Burundi n'a pas droit à la succession et beaucoup de proverbes<br />

ont été érigés dans la culture pour bi<strong>en</strong> imprimer cette coutume dans<br />

l'histoire. On y dit, par exemple : "La poule ne peut pas chanter <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />

<strong>du</strong> coq". Ent<strong>en</strong>dez-y ce que vous voulez, cela veut <strong>en</strong> fait dire que la femme<br />

n'a pas droit à la parole lorsqu’un homme est prés<strong>en</strong>t. Cette pratique fait de<br />

la femme une demi-citoy<strong>en</strong>ne.<br />

L'économie burundaise est basée à 80% sur l'agriculture, et c’est la femme,<br />

qui constitue 56% de la population, qui est le pilier de cette agriculture.<br />

Comm<strong>en</strong>t voulez-vous que cette femme s'y investisse, pour l'intérêt national,<br />

alors que sa citoy<strong>en</strong>neté n’est pas reconnue de manière équitable ? Plus<br />

concrètem<strong>en</strong>t, les filles qui ne se mari<strong>en</strong>t pas perd<strong>en</strong>t leur position sociale<br />

parce qu'elles ne possèd<strong>en</strong>t pas de terre. La fille mariée qui divorce ne peut<br />

pas regagner le toit familial parce qu'elle n'a pas droit à l'héritage. <strong>Les</strong><br />

orphelines de père et de mère n'hérit<strong>en</strong>t pas lorsqu’elles perd<strong>en</strong>t leurs<br />

par<strong>en</strong>ts. Actuellem<strong>en</strong>t, les legs ne concern<strong>en</strong>t pas seulem<strong>en</strong>t la terre, ils<br />

inclu<strong>en</strong>t aussi les bi<strong>en</strong>s acquis par les familles. Pourquoi la fille, la femme,<br />

n'y ont-elles pas droit ?<br />

Le sujet alim<strong>en</strong>te l'actualité et, reconnaissons-le, les opinions ne sont pas<br />

<strong>en</strong>core unanimes. L'association des femmes juristes burundaises s'est<br />

p<strong>en</strong>chée sur le problème et s'y est investie jusqu'à pro<strong>du</strong>ire un texte de loi<br />

prés<strong>en</strong>té prochainem<strong>en</strong>t au Parlem<strong>en</strong>t pour sa promulgation.<br />

Bi<strong>en</strong> que ce problème soit épineux les avis sont partagés <strong>en</strong>tre les femmes<br />

rurales - qui représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t 90% des femmes burundaises - et les femmes<br />

intellectuelles. Au mom<strong>en</strong>t où certains n’hésit<strong>en</strong>t pas à déclarer qu’il s’agit<br />

d’une rev<strong>en</strong>dication qui ne mérite aucune att<strong>en</strong>tion parce qu’émanant d’une<br />

poignée de femmes, d’autres estim<strong>en</strong>t que la question doit être gérée avec la<br />

plus grande délicatesse parce que, dit–on, la moindre erreur pourrait<br />

▬<br />

11


provoquer un désordre social. Comme si les femmes étai<strong>en</strong>t à l’origine des<br />

désordres que nous connaissons aujourd’hui !<br />

Participation de la femme au sein des institutions : une société <strong>sans</strong><br />

modèle est une société morte d'avance !<br />

Malgré l’adoption par le Burundi de textes tant nationaux qu’internationaux<br />

qui devai<strong>en</strong>t, normalem<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> protéger la femme dans ses droits, il n’est<br />

pas rare de r<strong>en</strong>contrer des femmes qui souti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, pour des raisons parfois<br />

mal exprimées, que la femme n’a pas droit au chapitre. Ainsi, comm<strong>en</strong>t la<br />

petite fille burundaise peut-elle s’attacher à l'école si elle n’y trouve pas de<br />

référ<strong>en</strong>ces ? Pour elle, la réussite d'une femme est de trouver un mari. On<br />

constate dès lors une baisse importante de la fréqu<strong>en</strong>tation scolaire à la fin<br />

de la 6 ème année primaire <strong>en</strong> raison des mariages précoces.<br />

Pourtant, pour la première fois dans l'histoire <strong>du</strong> Burundi, 40 % <strong>du</strong><br />

gouvernem<strong>en</strong>t actuel est constitué par les femmes, à des postes-clés comme<br />

le ministère de la justice, les relations extérieures et la planification. 40% de<br />

notre gouvernem<strong>en</strong>t et 50% de l’Union africaine, c’est plus que les 30% de<br />

représ<strong>en</strong>tation féminine votés par les Nations Unies ! Mais il ne faut pas trop<br />

chanter car les élections collinaires (dans les collines) vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de prouver<br />

que la m<strong>en</strong>talité n'a pas changé.<br />

Au l<strong>en</strong>demain des élections législatives, pour la première fois <strong>en</strong>core dans les<br />

annales politiques <strong>du</strong> Burundi, la présid<strong>en</strong>ce de l'Assemblée Nationale et les<br />

deux vice-présid<strong>en</strong>ces <strong>du</strong> Sénat vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d'être confiées à des femmes. Le<br />

quota de participation des femmes est donc <strong>en</strong> parfaite égalité des g<strong>en</strong>res.<br />

Cep<strong>en</strong>dant l'objectif, pour nous les femmes burundaises, est la parité de la<br />

base au sommet, compte t<strong>en</strong>u de l'importance numérique des femmes qui<br />

est de 56 %.<br />

<strong>Les</strong> femmes ont accédé au pouvoir soit par nomination soit par élection sur<br />

les listes des partis politiques mais surtout par la volonté politique <strong>du</strong><br />

nouveau parti au pouvoir et suite au combat des femmes qui aura <strong>du</strong>ré des<br />

déc<strong>en</strong>nies.<br />

En effet, pour obt<strong>en</strong>ir le quota constitutionnel de 30%, les<br />

▬<br />

12


femmes burundaises ont dû dép<strong>en</strong>ser beaucoup d'énergie tant dans les<br />

négociations d'Arusha et de Pretoria que dans le long plaidoyer intérieur.<br />

C'est grâce à l'appui des présid<strong>en</strong>ts de la région et surtout <strong>du</strong> présid<strong>en</strong>t sudafricain,<br />

médiateur dans le conflit burundais, que ce quota a pu être accepté.<br />

L'homme politique burundais s'est toutefois farouchem<strong>en</strong>t opposé à ce que la<br />

représ<strong>en</strong>tation atteigne la base. Obt<strong>en</strong>ue aux forceps, cette participation est<br />

donc confrontée à beaucoup de défis qui requièr<strong>en</strong>t des politiques claires de<br />

redressem<strong>en</strong>t. En effet, <strong>sans</strong> le souti<strong>en</strong> déterminé de l’homme politique<br />

burundais et <strong>sans</strong> racines à la base, cette représ<strong>en</strong>tation risque de<br />

s’effondrer face à la persistance des considérations stéréotypées et à la<br />

dép<strong>en</strong>dance économique de la femme.<br />

Le chemin est <strong>en</strong>core long, la femme burundaise doit <strong>en</strong>core se battre pour<br />

que sa sœur rurale lui fasse confiance et lui donne des responsabilités. Le<br />

poste de ministre de la justice est actuellem<strong>en</strong>t occupé par une femme.<br />

Nous att<strong>en</strong>dons beaucoup de cette nomination pour combler le vide juridique<br />

<strong>en</strong> ce qui concerne les droits de la femme.<br />

La pér<strong>en</strong>nisation <strong>du</strong> quota de représ<strong>en</strong>tation des femmes et son ext<strong>en</strong>sion à<br />

tous les niveaux de prise de décisions d’une part et le poids de la tradition<br />

qui fait persister des considérations stéréotypées à l’égard de la femme,<br />

d’autre part, sont deux des trois principaux défis que nous voulons relever ;<br />

le troisième étant la dép<strong>en</strong>dance économique de la femme burundaise.<br />

Pauvreté, au féminin<br />

Au Burundi la pauvreté pr<strong>en</strong>d de plus <strong>en</strong> plus un visage féminin, empêchant<br />

ainsi la femme de s’épanouir et de s’affirmer.<br />

Depuis une vingtaine d’années, des stratégies visant à relever le niveau de<br />

qualité de la vie et à améliorer le statut de la femme ont été définies mais les<br />

femmes rest<strong>en</strong>t <strong>en</strong> bas de l’échelle à cause des politiques non appropriées.<br />

Des obstacles culturels, juridiques, politiques et économiques pès<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core<br />

lourdem<strong>en</strong>t sur l’épanouissem<strong>en</strong>t de la femme, la maint<strong>en</strong>ant dans une<br />

dép<strong>en</strong>dance économique totale. Elle doit tout demander à son mari.<br />

▬<br />

13


La femme rurale est responsable de toutes les activités champêtres et<br />

ménagères. Paradoxalem<strong>en</strong>t, elle n’est pas maître de l’affectation <strong>du</strong> rev<strong>en</strong>u<br />

de ces activités. C’est le cas, par exemple, de la pro<strong>du</strong>ction de café. C'est la<br />

femme qui le cultive mais elle ne le boit pas et elle ne perçoit aucun rev<strong>en</strong>u<br />

de la v<strong>en</strong>te de ce café. Elle ne jouit donc d’aucune indép<strong>en</strong>dance<br />

économique et ne peut compter sur l’appui d’une institution financière pour<br />

améliorer sa condition puisqu’elle ne peut démontrer sa capacité de<br />

remboursem<strong>en</strong>t d’un emprunt ou justifier des rev<strong>en</strong>us lui permettant<br />

d’<strong>en</strong>visager une hypothèque.<br />

Dans le secteur structuré, la femme n’occupe pas de positions hautem<strong>en</strong>t<br />

rémunérées et dans le secteur non structuré, elle n’a ni la propriété de la<br />

terre qu’elle exploite ni celle de la maison qu’elle habite ; elle n’est qu’une<br />

main d’œuvre.<br />

Ceci termine l’inv<strong>en</strong>taire des droits fondam<strong>en</strong>taux dont est privée la femme<br />

burundaise.<br />

Droit à la santé et politique de santé repro<strong>du</strong>ctive<br />

L'état de santé de la population burundaise est caractérisé par une morbidité<br />

et une mortalité maternelle et infanto-juvénile importantes. Celles-ci sont<br />

<strong>du</strong>es aux grandes <strong>en</strong>démies telles que le virus <strong>du</strong> sida, le paludisme, la<br />

tuberculose mais aussi à la malnutrition, aux complications liées à la<br />

grossesse, aux traumatismes et blessures variés et aux conditions de vie<br />

précaires de la femme.<br />

Le taux de mortalité infantile s’élève actuellem<strong>en</strong>t à 855 morts pour 100.000<br />

naissances vivantes.<br />

Le planning familial est l'affaire de la femme seule.<br />

Accoucher est dev<strong>en</strong>u une source d'humiliation pour certaines femmes. Ne<br />

pouvant payer les factures d’hospitalisation, elles sont gardées<br />

(emprisonnées) dans les hôpitaux, dans l'att<strong>en</strong>te d'un interv<strong>en</strong>ant qui<br />

tomberait <strong>du</strong> ciel pour pr<strong>en</strong>dre ces frais <strong>en</strong> charge et cela, à cause de<br />

mauvaises politiques, de politiques non-adaptées aux conditions <strong>du</strong> pays.<br />

▬<br />

14


Dans 80% des cas, la méthode de planning familial utilisée par la femme<br />

burundaise est le deepo-provera, qu'au pays on appelle communém<strong>en</strong>t « les<br />

injections », méthode contraceptive que les femmes <strong>du</strong> Nord n’utilis<strong>en</strong>t pas à<br />

cause de ses effets nocifs sur la masse osseuse. Lorsqu’elles sont<br />

disponibles, les pilules ne sont pas adaptées à chaque cas par manque de<br />

moy<strong>en</strong>s d'analyse.<br />

Quant aux viol<strong>en</strong>ces sexuelles, elles étai<strong>en</strong>t jusqu’il y a peu attribuées<br />

exclusivem<strong>en</strong>t aux forces négatives (l'armée et les rebelles) qui circul<strong>en</strong>t<br />

dans le pays. Or une étude réalisée par la ligue des droits humains vi<strong>en</strong>t de<br />

montrer que 40 % des cas de viols sont le fait d’hommes <strong>du</strong> voisinage de la<br />

victime.<br />

Nous p<strong>en</strong>sons qu'il est grand temps que vous nous aidiez à faire le lobby<br />

pour la mise à disposition de services obstétriques de base à un tarif<br />

abordable, surtout pour les mères vulnérables. Nous luttons égalem<strong>en</strong>t pour<br />

la création d'un fond de prise <strong>en</strong> charge des urg<strong>en</strong>ces obstétricales<br />

subv<strong>en</strong>tionné à 100% au niveau des hôpitaux, pour le développem<strong>en</strong>t des<br />

moy<strong>en</strong>s modernes de communication et de transport ; pour la promotion de<br />

l'é<strong>du</strong>cation sexuelle de la jeune fille et l'amélioration de l'utilisation des<br />

services de planification familiale. Nous souhaitons <strong>en</strong>fin voir punir les actes<br />

de viol de manière à bannir ces pratiques des m<strong>en</strong>talités.<br />

Conclusions et recommandations générales<br />

Nous p<strong>en</strong>sons qu'il faut :<br />

- Relever le niveau de la qualité de vie de la femme par une amélioration de<br />

sa santé, une meilleure organisation de son travail quotidi<strong>en</strong> et l’initiation<br />

des technologies de pro<strong>du</strong>ction pour alléger son travail physique.<br />

- Améliorer le statut de la femme à travers une politique claire de formation<br />

et d’information des hommes et des femmes pour une p<strong>en</strong>sée positive<br />

d’équité <strong>en</strong>tre les g<strong>en</strong>res ; et à travers la constitution des fonds spéciaux de<br />

garantie pour les crédits. <strong>Les</strong> femmes leaders devront appuyer ces politiques<br />

<strong>en</strong> s’organisant <strong>en</strong> associations mutualistes d’<strong>en</strong>traide.<br />

▬<br />

15


- Atteindre l’autonomie par l’augm<strong>en</strong>tation des rev<strong>en</strong>us des femmes et leur<br />

implication plus accrue dans la gestion macro économique <strong>du</strong> pays. Travailler<br />

pour une solidarité nationale et internationale et pour une complicité <strong>en</strong>tre la<br />

femme rurale et celle de la ville.<br />

- Consci<strong>en</strong>tiser la femme de ses droits et plus seulem<strong>en</strong>t de ses devoirs.<br />

- Intro<strong>du</strong>ire la question de l’égalité des g<strong>en</strong>res dans le système scolaire<br />

depuis le primaire afin d’arriver à un changem<strong>en</strong>t global et <strong>du</strong>rable.<br />

- Appliquer la politique nationale <strong>du</strong> g<strong>en</strong>re dans toutes les politiques, plans,<br />

programmes et projets de développem<strong>en</strong>t.<br />

- Amorcer un changem<strong>en</strong>t de m<strong>en</strong>talités pour une s<strong>en</strong>sibilisation des leaders<br />

à tous les niveaux.<br />

- Am<strong>en</strong>er les femmes dirigeantes à faire de la question <strong>du</strong> g<strong>en</strong>re une de leurs<br />

priorités.<br />

Je vous remercie.<br />

▬<br />

16


Femme <strong>en</strong> marche<br />

>> Rocio Gutiérrez<br />

Katinka in’t Zandt : «Rocio est péruvi<strong>en</strong>ne, experte <strong>en</strong> droit sexuel et repro<strong>du</strong>ctif et<br />

membre de la table de vigilance des droits sexuels à Lima, la capitale. Elle travaille<br />

pour l’ONG Manuela Ramos. Sage-femme de formation, elle a toujours été active<br />

dans le domaine de la santé sexuelle et repro<strong>du</strong>ctive. Le travail direct avec les<br />

femmes via la prév<strong>en</strong>tion, la formation, <strong>en</strong> r<strong>en</strong>forçant leur estime d’elles-mêmes a<br />

<strong>sans</strong> cesse été très important pour elle, tout comme le lobbying politique, pour faire<br />

appliquer les droits de la femme dans tous les domaines de la société et promouvoir<br />

la participation des femmes dans les instances de décision. Toutes ses interv<strong>en</strong>tions<br />

ont comme fil rouge le droit à une vie <strong>sans</strong> viol<strong>en</strong>ce, les droits politiques et citoy<strong>en</strong>s,<br />

ainsi que les droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs, à travers une lecture de g<strong>en</strong>re et une<br />

lecture basée sur les droits humains. »<br />

<strong>Les</strong> droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs au Pérou et<br />

les Objectifs <strong>du</strong> Millénaire : avancées et reculs<br />

Rocio Gutiérrez :<br />

- Bonjour à tous,<br />

Un grand merci aux femmes belges qui m’ont permis de séjourner ici et<br />

m’ont donné l’opportunité de partager avec vous quelques élém<strong>en</strong>ts de notre<br />

réalité, de notre combat, au sein <strong>du</strong> mouvem<strong>en</strong>t féministe péruvi<strong>en</strong>.<br />

Le Pérou est un pays d’Amérique <strong>du</strong> <strong>Sud</strong>, considéré comme pays à rev<strong>en</strong>us<br />

moy<strong>en</strong>s <strong>en</strong> raison non seulem<strong>en</strong>t de l’augm<strong>en</strong>tation des écarts socioéconomiques<br />

mais aussi de l’impossibilité de reporter ces écarts dans les<br />

comptes nationaux.<br />

Avec une population de 26 millions d’habitants, dont<br />

30% <strong>en</strong> zones rurales, une incroyable richesse géographique et une grande<br />

diversité culturelle dont un héritage millénaire de la culture inca, le Pérou a<br />

aussi un long passé dictatorial puis de démocraties plus réc<strong>en</strong>tes.<br />

femmes y ont obt<strong>en</strong>u le droit de vote il y a 50 ans mais, à titre d’exemple, le<br />

Congrès ne compte que 11% de femmes. 52% de la population péruvi<strong>en</strong>ne<br />

est pauvre ou <strong>en</strong> situation d’extrême pauvreté et comm<strong>en</strong>ce à peine à se<br />

<strong>Les</strong><br />

▬<br />

17


emettre de 20 années de conflit armé ayant provoqué plus de 70.000<br />

victimes dont 80% d’indigènes, ruraux, illettrés et pauvres. Au cours de<br />

cette période, 527 viols ont été commis contre des femmes dont 83% par<br />

des ag<strong>en</strong>ts des forces de sécurité <strong>du</strong> gouvernem<strong>en</strong>t. On a égalem<strong>en</strong>t connu,<br />

à travers la dictature de la dernière décade, un gouvernem<strong>en</strong>t<br />

institutionnalisant la corruption, commettant des crimes de lèse humanité et<br />

affaiblissant les institutions-clé pour la vie démocratique <strong>du</strong> pays.<br />

En outre, le retour à la démocratie de ces cinq dernières années n’a pas<br />

con<strong>du</strong>it au développem<strong>en</strong>t et au r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t des droits de la femme ni au<br />

respect des droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs ainsi que nous l’espérions.<br />

Je ne peux aborder les avancées et les reculs de mon pays <strong>en</strong> matière de<br />

droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs <strong>sans</strong> m<strong>en</strong>tionner le CIPD 1 qui a initié un<br />

changem<strong>en</strong>t culturel majeur et posé une première pierre pour la déf<strong>en</strong>se des<br />

droits humains et des libertés fondam<strong>en</strong>tales. Le programme <strong>du</strong> CIPD insiste<br />

sur le droit inaliénable des femmes et des hommes au libre exercice de leur<br />

sexualité et de leur repro<strong>du</strong>ction. Il y est égalem<strong>en</strong>t explicitem<strong>en</strong>t spécifié<br />

que l’accessibilité des femmes au pouvoir est indisp<strong>en</strong>sable au<br />

développem<strong>en</strong>t, lequel est défini comme la capacité d’être autonome, de<br />

pr<strong>en</strong>dre des décisions à propos de leur vie de manière responsable et<br />

informée, et de rejeter toute forme de discrimination et de viol<strong>en</strong>ce.<br />

Ceci a même été considéré comme un cadre interprétatif fondam<strong>en</strong>tal pour la<br />

conception de politiques publiques. Le mouvem<strong>en</strong>t des femmes <strong>du</strong> Pérou a<br />

utilisé cet outil depuis 1994 pour promouvoir son accomplissem<strong>en</strong>t et sa<br />

mise <strong>en</strong> œuvre par l'état comme partie substantielle de ses mouvem<strong>en</strong>ts et<br />

stratégies.<br />

Avant le CIPD, il existait au Pérou des mesures minimales qui<br />

reconnaissai<strong>en</strong>t l’égalité des droits <strong>en</strong>tre hommes et femmes dans le<br />

domaine de la sexualité et de la repro<strong>du</strong>ction. Depuis, un grand nombre de<br />

changem<strong>en</strong>ts qualitatifs et quantitatifs ont eu lieu grâce au travail des<br />

mouvem<strong>en</strong>ts, organisations et groupem<strong>en</strong>ts féministes agissant depuis la<br />

1 CIPD : Confér<strong>en</strong>ce Internationale sur la Population et le Développem<strong>en</strong>t<br />

▬<br />

18


société civile au moy<strong>en</strong> d’actions juridiques, de collaboration et de support,<br />

ou <strong>en</strong>core à travers une attitude de vigilance active.<br />

La période allant de 1994 à 1999 fut très ambival<strong>en</strong>te pour nous parce que<br />

les avancées législatives et de programme <strong>en</strong> faveur des femmes ont eu lieu<br />

alors que, dans le contexte <strong>du</strong> conflit armé, les droits humains d’autres<br />

femmes étai<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t bafoués, les espaces de participation et lieux<br />

d’opinion publique fermés et le mouvem<strong>en</strong>t social des femmes <strong>en</strong> risque<br />

d’être déstructuré par les jeux cli<strong>en</strong>télistes. Bi<strong>en</strong> que le discours <strong>du</strong> Caire<br />

soit assimilé de manière partielle, une réponse a été donnée à certains<br />

problèmes de santé repro<strong>du</strong>ctive à travers diverses stratégies et grâce à<br />

beaucoup de souti<strong>en</strong> de la part de la coopération internationale.<br />

Au cours des années 90, on a donné beaucoup d’importance aux campagnes<br />

de planning familial et les femmes vivant dans des <strong>en</strong>droits reculés eur<strong>en</strong>t<br />

accès à des moy<strong>en</strong>s de contraception gratuits. Dans les zones rurales,<br />

toutefois, on a privilégié la promotion de la stérilisation féminine, <strong>en</strong>traînant<br />

de graves violations des droits des femmes eu égard au libre choix et au<br />

cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t éclairé. Ces violations fur<strong>en</strong>t dénoncées à l’époque par les<br />

mouvem<strong>en</strong>ts féministes. Elles ont été l’objet d’<strong>en</strong>quête de la part <strong>du</strong><br />

Congrès et <strong>du</strong> système judiciaire qui aboutir<strong>en</strong>t, grâce à l’implication <strong>du</strong><br />

Ministère Public, à d’importantes réformes de l’offre des services de planning<br />

familial depuis ce jour.<br />

Normes <strong>en</strong> matière de sexualité et de repro<strong>du</strong>ction<br />

La législation nationale reconnaît de manière implicite le droit des femmes et<br />

des hommes à pr<strong>en</strong>dre des décisions libres et informées quant à leur<br />

sexualité et leur repro<strong>du</strong>ction. La constitution politique de 1993 reconnaît le<br />

droit de décision des familles et des indivi<strong>du</strong>s <strong>en</strong> matière de planning familial.<br />

Bi<strong>en</strong> que se référant aux droits indivi<strong>du</strong>els, ils signal<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t de<br />

manière explicite qu’il s’agit des droits <strong>du</strong> couple et de la famille, ce qui,<br />

compte t<strong>en</strong>u de la construction des relations de g<strong>en</strong>re dans la famille<br />

▬<br />

19


péruvi<strong>en</strong>ne, équivaut à reconnaître que, dans la majorité des cas, c’est le<br />

mari qui pr<strong>en</strong>dra les décisions.<br />

Viol<strong>en</strong>ce sexuelle<br />

On a récemm<strong>en</strong>t modifié, <strong>en</strong> 1997, notre code pénal qui donnait aux violeurs<br />

la possibilité de ne pas être poursuivis s’ils épousai<strong>en</strong>t leurs victimes. En<br />

1999, le Ministère de la Femme a mis <strong>en</strong> place des services de contrôle de la<br />

viol<strong>en</strong>ce sexuelle et familiale. Ceux-ci étai<strong>en</strong>t toutefois implantés dans les<br />

plus grands c<strong>en</strong>tres urbains régionaux, laissant <strong>sans</strong> protection les femmes<br />

des zones rurales. Ces « C<strong>en</strong>tros de Emerg<strong>en</strong>cia Mujer » ont <strong>en</strong>registré, au<br />

cours de l’année 2004, 28.309 cas de viol<strong>en</strong>ce sexuelle et familiale. D’autre<br />

part, l’Institut de Médecine Légale <strong>en</strong>quêtant sur <strong>en</strong>viron 20.000 cas de<br />

viol<strong>en</strong>ce sexuelle a compté que les femmes âgées de 13 à 17 ans étai<strong>en</strong>t les<br />

principales victimes de ce type de viol<strong>en</strong>ce. Ceci montre qu’<strong>en</strong>viron 54<br />

femmes ont été agressées sexuellem<strong>en</strong>t chaque jour, soit plus de deux par<br />

heure.<br />

Santé sexuelle et repro<strong>du</strong>ctive des adolesc<strong>en</strong>t-e-s<br />

Le Plan national d’action pour l’<strong>en</strong>fance 1996-2000 reconnaît clairem<strong>en</strong>t les<br />

droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs des adolesc<strong>en</strong>ts, la nécessité d’une é<strong>du</strong>cation<br />

sexuelle dans le secondaire et le besoin d’ori<strong>en</strong>tation et de services pour<br />

ceux d’<strong>en</strong>tre eux qui sont sexuellem<strong>en</strong>t actifs.<br />

Toutefois, jusqu’à ces<br />

derniers mois, la législation sur l’accès à la contraception des adolesc<strong>en</strong>t-e-s<br />

ne concernait que les plus de 16 ans avec l’accord de leurs par<strong>en</strong>ts ou<br />

tuteurs.<br />

Le plan national d’é<strong>du</strong>cation sexuelle est approuvé depuis 1995. Il aborde<br />

les questions de droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs, d’ori<strong>en</strong>tation sexuelle, de<br />

méthodes de contraception et d’avortem<strong>en</strong>t.<br />

La perspective <strong>du</strong> g<strong>en</strong>re n’y<br />

apparaît hélas pas de manière transversale et, <strong>en</strong> période d’acc<strong>en</strong>tuation <strong>du</strong><br />

conservatisme, il devi<strong>en</strong>t vulnérable et facile à convertir <strong>en</strong> canal de<br />

transmission des messages et valeurs influ<strong>en</strong>cés par la morale catholique.<br />

▬<br />

20


Cep<strong>en</strong>dant, 22% de nos adolesc<strong>en</strong>tes de 15 à 19 ans sont déjà initiées<br />

sexuellem<strong>en</strong>t et deux sur dix d’<strong>en</strong>tre elles ont leur première relation sexuelle<br />

avant 15 ans.<br />

13% de l’<strong>en</strong>semble des adolesc<strong>en</strong>tes péruvi<strong>en</strong>nes de 15 à 19 ans sont mères<br />

ou <strong>en</strong>ceintes et, dans le cas des plus pauvres ou des moins é<strong>du</strong>quées, ce<br />

nombre s’élève à 30%. Nous connaissons un des plus hauts taux régionaux<br />

de mortalité maternelle chez les adolesc<strong>en</strong>tes. La mortalité maternelle est<br />

plus élevée chez les adolesc<strong>en</strong>tes vivant <strong>en</strong> situation de grandes exclusion et<br />

pauvreté, avec moins d’accès à l’information, à l’é<strong>du</strong>cation et aux services de<br />

santé de qualité. Compte t<strong>en</strong>u <strong>du</strong> fait que la plupart des grossesses au sein<br />

de ce groupe ne sont pas désirées, ceci con<strong>du</strong>it à la pratique d’avortem<strong>en</strong>ts.<br />

On estime à un sur trois le nombre d’avortem<strong>en</strong>t chez les adolesc<strong>en</strong>tes, ce<br />

qui contribue à la haute mortalité maternelle adolesc<strong>en</strong>te.<br />

Une évaluation m<strong>en</strong>ée sur base des deux dernières <strong>en</strong>quêtes<br />

démographiques permet de mesurer de manière illustrative la fragilité des<br />

avancées pour l’accès des femmes au contrôle de leur fécondité et leur accès<br />

aux services de planning familial. Cette analyse reflète clairem<strong>en</strong>t l’impact<br />

des positions confessionnelles dans l’application des politiques et des<br />

programmes de santé sexuelle et repro<strong>du</strong>ctive. C’est dire si les femmes<br />

issues <strong>du</strong> milieu rural et de plus faible niveau d’é<strong>du</strong>cation, c'est-à-dire les<br />

femmes les plus vulnérables, ont souffert des coûts des changem<strong>en</strong>ts dans la<br />

gestion de ce secteur !<br />

Avortem<strong>en</strong>t<br />

Le Pérou fait partie des 10% de pays <strong>du</strong> monde qui restreign<strong>en</strong>t l’avortem<strong>en</strong>t<br />

de façon moy<strong>en</strong>ne à forte.<br />

Ce sont les lois contre l’avortem<strong>en</strong>t qui<br />

criminalis<strong>en</strong>t les femmes. Notre pays a l’un des taux d’avortem<strong>en</strong>t les plus<br />

élevés – voir le taux le plus élevé – d’Amérique, correspondant à 410.000<br />

avortem<strong>en</strong>ts clandestins par an. Depuis 1997, la loi générale sur la santé<br />

établit l’obligation pour les fournisseurs de soins de santé de rapporter les<br />

▬<br />

21


cas d’avortem<strong>en</strong>t, ce qui est contraire au principe de confid<strong>en</strong>tialité que doit<br />

garantir chaque fournisseur. Cela les oblige <strong>en</strong> outre à assumer une<br />

responsabilité qui ne correspond pas à leurs fonctions. <strong>Les</strong> services publics<br />

ont toutefois récemm<strong>en</strong>t amélioré l’att<strong>en</strong>tion à l’humanisation des soins postavortem<strong>en</strong>t<br />

à travers certaines politiques <strong>en</strong> matière de santé.<br />

Mortalité maternelle<br />

Le Pérou - ainsi que la Bolivie, Haïti, le Guatemala et le Hon<strong>du</strong>ras - fait partie<br />

des pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les plus hauts<br />

taux de mortalité maternelle : 185 morts par 100.000 naissances vivantes,<br />

ce qui signifie 1.258 morts annuellem<strong>en</strong>t ou une mort toutes les 8 heures.<br />

Notre pays n’a même pas atteint l’objectif de la confér<strong>en</strong>ce <strong>du</strong> Caire qui était<br />

de ré<strong>du</strong>ire ce taux de moitié <strong>en</strong>tre 1990 et 2000.<br />

En 2005, nous devions atteindre une mortalité inférieure à 125 pour 100.000<br />

naissances vivantes.<br />

R<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t des fondam<strong>en</strong>talismes, leur impact sur l’exercice des<br />

droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs<br />

Au Pérou, la force fondam<strong>en</strong>taliste s’est r<strong>en</strong>forcée au cours de la dernière<br />

déc<strong>en</strong>nie, et spécialem<strong>en</strong>t au cours des cinq dernières années. Ceci signifie<br />

que la forte influ<strong>en</strong>ce de l’Eglise a attiré l’att<strong>en</strong>tion, qu’elle a eu un impact<br />

sur les politiques publiques ainsi que sur les actions privées, allant même<br />

jusqu’à influ<strong>en</strong>cer l’action de certaines organisations féministes supportées<br />

financièrem<strong>en</strong>t par les politiques des Etats - Unis.<br />

Accomplir les objectifs <strong>du</strong> millénaire pour le développem<strong>en</strong>t<br />

Nous reconnaissons l’importance de la Déclaration <strong>du</strong> Millénaire car elle<br />

concrétise l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des nations à définir des objectifs communs et<br />

mesurables dont la réalisation peut être évaluée sur base d’indicateurs<br />

spécifiques.<br />

▬<br />

22


Dans un pays aussi hétérogène que le nôtre, marqué par la discrimination et<br />

l’inégalité, il est nécessaire de t<strong>en</strong>ir tout spécialem<strong>en</strong>t compte des femmes<br />

des zones rurales dont la langue maternelle n’est pas l’espagnol, qui n’ont<br />

pas d’é<strong>du</strong>cation formelle ni même de papiers d’id<strong>en</strong>tité et n’ont, <strong>en</strong><br />

conséqu<strong>en</strong>ce, pas accès aux bénéfices <strong>du</strong> développem<strong>en</strong>t dans les mêmes<br />

conditions que les autres.<br />

Le Pérou assigne 30% de son budget au paiem<strong>en</strong>t de la dette et à la déf<strong>en</strong>se<br />

nationale. C’est plus que ce qui est investit dans la santé et l’é<strong>du</strong>cation<br />

réunies dont le montant annuel est inférieur à 5% <strong>du</strong> budget national. Le<br />

budget <strong>du</strong> pays est donc loin de garantir de grandes avancées dans la<br />

réalisation des Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le Développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière<br />

d’é<strong>du</strong>cation et de santé maternelle selon le plan prévu !<br />

Au cours des cinq dernières années, les OMD n’ont jamais servi de référ<strong>en</strong>ce<br />

ou de ligne de con<strong>du</strong>ite dans l’élaboration des politiques publiques. Il eût été<br />

nécessaire de les considérer dans une approche basée sur les droits et de ne<br />

plus travailler comme nous l’avons fait jusqu’ici. Pr<strong>en</strong>ons l’exemple de la<br />

fréqu<strong>en</strong>tation scolaire des jeunes filles : l’indicateur péruvi<strong>en</strong> est le nombre<br />

d’inscriptions scolaires féminines alors que le problème réel est la prés<strong>en</strong>ce<br />

effective des filles à l’école, leur taux d’échec important et leur manque<br />

d’att<strong>en</strong>tion ; ce que le simple comptage d’inscriptions ne peut mesurer !<br />

Pour terminer, j’insiste sur le fait que nous ne voyons pas dans la Déclaration<br />

<strong>du</strong> Millénaire un défi pour le seul développem<strong>en</strong>t des pays mais aussi pour<br />

les droits de la femme eux-mêmes.<br />

▬<br />

23


▬<br />

24


Femme <strong>en</strong> marche<br />

>> Khaddiatou Diallo<br />

Katinka in’t Zandt : «Khaddiatou Diallo est sénégalaise et vit depuis 24 ans <strong>en</strong><br />

Belgique. Elle est membre fondatrice et actuellem<strong>en</strong>t vice-présid<strong>en</strong>te <strong>du</strong> GAMS, le<br />

Groupem<strong>en</strong>t pour l'Abolition des Mutilations Sexuelles, travaillant à partir de la<br />

Belgique. Ne pouvant ni lire ni écrire à son arrivée chez nous, elle a comm<strong>en</strong>cé par<br />

suivre un cours d'alphabétisation et, pour terminer sa formation, a rédigé un<br />

mémoire sur les mutilations génitales féminines, un problème qui touche<br />

énormém<strong>en</strong>t de femmes de son pays. Ses recherches lui ont permis de faire le li<strong>en</strong><br />

<strong>en</strong>tre des problèmes de santé physique et m<strong>en</strong>tale et les mutilations génitales<br />

sexuelles. Elles lui ont égalem<strong>en</strong>t donné l’opportunité de r<strong>en</strong>contrer beaucoup de<br />

femmes qui avai<strong>en</strong>t besoin de parler de leur vécu après une mutilation pareille.<br />

C’est ainsi que le GAMS Belgique a vu le jour <strong>en</strong> 1996, offrant comme services non<br />

seulem<strong>en</strong>t une aide concrète aux femmes mutilées mais égalem<strong>en</strong>t un travail<br />

énorme de lobbying, de formation des professionnels et de prév<strong>en</strong>tion. »<br />

La lutte contre les mutilations génitales<br />

Khaddiatou Diallo :<br />

- Bonjour à tous et toutes !<br />

On vi<strong>en</strong>t de parler de mon parcours, voyons maint<strong>en</strong>ant celui <strong>du</strong> GAMS.<br />

1/ Le GAMS et la <strong>Marche</strong> Mondiale des <strong>Femmes</strong><br />

Le GAMS Belgique participe à la <strong>Marche</strong> Mondiale des <strong>Femmes</strong> depuis sa<br />

première édition, <strong>en</strong> 2000. Il nous semblait <strong>en</strong> effet évid<strong>en</strong>t de rejoindre ses<br />

objectifs de lutte contre les viol<strong>en</strong>ces et la pauvreté <strong>en</strong> raison des viol<strong>en</strong>ces<br />

les plus aiguës contre lesquelles nous nous battons : les mutilations génitales<br />

féminines.<br />

Parmi les objectifs de développem<strong>en</strong>t, nous nous attachons particulièrem<strong>en</strong>t<br />

à la santé. Or le développem<strong>en</strong>t physique et moral n’est <strong>possible</strong> que s’il est<br />

accompagné d’une évolution des m<strong>en</strong>talités, elles - mêmes dép<strong>en</strong>dantes de<br />

l’é<strong>du</strong>cation. L’é<strong>du</strong>cation sera donc le champ de base de notre action.<br />

▬<br />

25


Il faut savoir que, pour une femme, la viol<strong>en</strong>ce comm<strong>en</strong>ce parfois dès le<br />

berceau. Naître fille <strong>en</strong> Inde ou <strong>en</strong> Chine n’est ni souhaité ni souhaitable et<br />

le sort des fillettes d’Afrique sub-sahari<strong>en</strong>ne n’est guère meilleur, pour elles<br />

qui subiss<strong>en</strong>t mutilations et scarifications dès 12 ans ou sont mariées de<br />

force <strong>sans</strong> même pouvoir donner leur avis.<br />

Nous voulons égalem<strong>en</strong>t que les changem<strong>en</strong>ts que nous initions s’appliqu<strong>en</strong>t<br />

aussi bi<strong>en</strong> aux hommes qu’aux femmes. Dans un couple, il est important<br />

que les droits de chacun soi<strong>en</strong>t équilibrés, que le respect soit réciproque,<br />

quels que soi<strong>en</strong>t le statut social ou l’activité de chaque part<strong>en</strong>aire. Ainsi, il<br />

est important, lorsqu’un seul des conjoints travaille à l’extérieur, que le<br />

travail de l’autre, ce qu’il ou elle accomplit à l’intérieur de la maison, soit<br />

égalem<strong>en</strong>t reconnu et valorisé.<br />

Une des réussites <strong>du</strong> GAMS Belgique est la ratification de la loi interdisant les<br />

mutilations génitales féminines pour laquelle nous avons milité <strong>en</strong> 2002.<br />

Nous v<strong>en</strong>ons égalem<strong>en</strong>t d’obt<strong>en</strong>ir, après quatre années de démarches et<br />

d’insistance face aux l<strong>en</strong>teurs administratives, qu’une formation à cette<br />

problématique soit donnée au sein de la Police fédérale.<br />

De plus <strong>en</strong> plus de pays europé<strong>en</strong>s adopt<strong>en</strong>t des lois contre les mutilations<br />

génitales féminines ou intègr<strong>en</strong>t cette problématique à leurs législations<br />

existantes. L’Afrique égalem<strong>en</strong>t, où le sujet devi<strong>en</strong>t de moins <strong>en</strong> moins<br />

tabou, voit de telles lois se multiplier. Citons l’exemple <strong>du</strong> Sénégal où le<br />

GAMS fait partie depuis 1997 <strong>du</strong> Comité Inter-Africain (CIAF). Ce Comité,<br />

créé <strong>en</strong> 1984, regroupe les 28 pays où l’on pratique des mutilations génitales<br />

féminines. Grâce au lobby politique <strong>du</strong> CIAF, le Sénégal, le Burkina, la<br />

Guinée, le Mali et la Mauritanie ont voté une loi contre ces mutilations. La<br />

mise <strong>en</strong> application de cette loi connaît cep<strong>en</strong>dant une forte résistance, au<br />

Sénégal notamm<strong>en</strong>t et plus spécifiquem<strong>en</strong>t dans la ville de Madinagounas où<br />

le poids de la religion est un frein à l’évolution.<br />

▬<br />

26


2/ Le GAMS et les Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le Développem<strong>en</strong>t<br />

Notre attitude est très critique par rapport aux OMD, particulièrem<strong>en</strong>t les<br />

4 ème , 5 ème et 6 ème qui ne repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t même pas les mutilations sexuelles des<br />

bébés et jeunes filles parmi les facteurs de mortalité infantile.<br />

Par ailleurs, le GAMS considère que l’é<strong>du</strong>cation des femmes est un outil<br />

indisp<strong>en</strong>sable au développem<strong>en</strong>t. Sans information, les femmes sont trop<br />

dép<strong>en</strong>dantes des autres, elles ne peuv<strong>en</strong>t pas compter sur elles-mêmes pour<br />

s’opposer aux abus dont elles sont les victimes.<br />

Le GAMS Belgique fait partie de la Coalition Globale contre la Pauvreté, qui<br />

va plus loin que les Objectifs <strong>du</strong> Millénaire.<br />

3/ <strong>Les</strong> activités proposées par le GAMS<br />

La première action proposée par le GAMS <strong>en</strong> Belgique est une formation axée<br />

sur la santé des femmes et les mutilations génitales féminines. Une fois par<br />

mois, on étudie le corps de la femme depuis le début de son exist<strong>en</strong>ce in<br />

utero jusqu’à la ménopause. A travers cette évolution, c’est tout le parcours<br />

de la vie de la femme qu’on essaie d’expliquer, <strong>en</strong> ce compris ses droits<br />

sexuels. Certaines participantes pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ainsi consci<strong>en</strong>ce <strong>du</strong> handicap<br />

provoqué par leur mutilation. On peut alors évaluer avec elles leur niveau de<br />

souffrance physique et morale et les guider vers un accompagnem<strong>en</strong>t<br />

médical et psychologique adéquat.<br />

La santé est <strong>en</strong> effet primordiale pour pouvoir réaliser les Objectifs <strong>du</strong><br />

Millénaire. Une bonne santé est source d’énergie pour se développer, avoir<br />

accès à un rev<strong>en</strong>u, à une é<strong>du</strong>cation. La <strong>Marche</strong> Mondiale des <strong>Femmes</strong><br />

rev<strong>en</strong>dique cet accès au respect des droits humains, à la santé et à<br />

l’é<strong>du</strong>cation.<br />

4/ Le futur<br />

Qu’att<strong>en</strong>dons-nous des gouvernem<strong>en</strong>ts ?<br />

Au Sénégal – et c'est vrai égalem<strong>en</strong>t pour d'autres pays, bi<strong>en</strong> sûr, mais je<br />

parle spécialem<strong>en</strong>t de ce pays car je le connais particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> – le<br />

mom<strong>en</strong>t est v<strong>en</strong>u pour le gouvernem<strong>en</strong>t de faire respecter l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t pris<br />

<strong>en</strong> matière d’é<strong>du</strong>cation de base des <strong>en</strong>fants, de soins de santé, de<br />

▬<br />

27


vaccination. Il est temps pour lui de sout<strong>en</strong>ir les programmes de régulation<br />

des naissances, de favoriser l’espacem<strong>en</strong>t de ces dernières. En matière<br />

d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, il faut égalem<strong>en</strong>t que l’on profite de cours comme l’histoire<br />

et la biologie pour aborder la problématique des mutilations et organiser des<br />

cours d’é<strong>du</strong>cation sexuelle pour informer correctem<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>fants.<br />

Qu’att<strong>en</strong>dons-nous des organisations <strong>du</strong> Nord ?<br />

Le GAMS veut s<strong>en</strong>sibiliser et former un maximum de monde aux<br />

problématiques in<strong>du</strong>ites par les mutilations génitales féminines : personnel<br />

médical, juridique, membres des polices fédérale et locales. Nous souhaitons<br />

informer le grand public à travers la diffusion de formulaires et l’organisation<br />

de séances de s<strong>en</strong>sibilisation dans les écoles.<br />

Il est important, surtout, de<br />

faire circuler cette information dans les associations qui ont un public<br />

d’immigrant-e-s.<br />

Nous voulons égalem<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>cer les décisions politiques dans le but<br />

d’augm<strong>en</strong>ter les budgets alloués au travail sur le terrain, pour améliorer le<br />

matériel pédagogique, faciliter les déplacem<strong>en</strong>ts, avoir la possibilité d’<strong>en</strong>trer<br />

<strong>en</strong> contact avec les exciseuses et mettre <strong>en</strong> place des solutions à long terme.<br />

On constate <strong>en</strong> effet que les campagnes ponctuelles n’aboutiss<strong>en</strong>t qu’à des<br />

arrêts mom<strong>en</strong>tanés de leurs pratiques.<br />

On sait aussi que dans les villages africains, les animateurs doiv<strong>en</strong>t avoir<br />

recours à un langage très imagé plutôt qu’aux concepts.<br />

J’ai moi-même<br />

souv<strong>en</strong>t recours à la métaphore de la main qui fonctionne moins bi<strong>en</strong> quand il<br />

lui manque un doigt pour faire compr<strong>en</strong>dre que le corps fonctionne lui aussi<br />

moins bi<strong>en</strong> quand il lui manque le clitoris. En termes de matériel pédagogique,<br />

il faut égalem<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>dre compte que tout le monde n’a pas eu la chance<br />

d’aller à l’école et que <strong>du</strong> matériel constitué ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t de textes à lire<br />

n’est <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce pas le media idéal pour la diffusion de notre message !<br />

Le fait d’être nombreuses dans la <strong>Marche</strong> Mondiale des <strong>Femmes</strong>, d’être<br />

<strong>en</strong>semble, d’avoir des visions qui se rejoign<strong>en</strong>t, constitue notre force ; cette<br />

force qui nous permettra de repousser les montagnes.<br />

Si chacune d’<strong>en</strong>tre nous jette une pierre dans la mer, nous construirons une<br />

digue pour la traverser !<br />

▬<br />

28


Débat<br />

Interv<strong>en</strong>tions <strong>du</strong> public<br />

> Yvette Makilutila – Présid<strong>en</strong>te de La Zaïroise et ses sœurs, Membre <strong>du</strong><br />

CFFB, de la Commission <strong>Femmes</strong> et Développem<strong>en</strong>t :<br />

Question : - Je suis zaïroise, vous êtes mes sœurs et je vous embrasse. Ces<br />

trois exposés ont parlé de chez moi, cela y ressemble <strong>en</strong> tout cas, même si<br />

notre situation est peut-être meilleure. J’<strong>en</strong>courage d’autres femmes à v<strong>en</strong>ir<br />

parler devant les femmes <strong>du</strong> Nord comme nos amies l’ont fait aujourd’hui.<br />

Ma question est pour <strong>Pas</strong>casie Kana. Vous avez dit que votre gouvernem<strong>en</strong>t<br />

était composé de beaucoup de femmes. A vous écouter, on a pourtant<br />

l’impression que ces femmes au pouvoir, <strong>en</strong> particulier la Ministre de la<br />

Justice, ne font ri<strong>en</strong> pour déf<strong>en</strong>dre la cause des autres femmes <strong>du</strong> pays. <strong>Les</strong><br />

femmes sont privées <strong>du</strong> droit <strong>du</strong> sol dans toute l’Afrique noire mais, dans les<br />

autres pays, on se bat contre cette situation. Que font donc vos<br />

politici<strong>en</strong>nes ?<br />

<strong>Pas</strong>casie Kana :<br />

Réponse : - Nous avons <strong>en</strong> effet beaucoup de femmes dans notre<br />

gouvernem<strong>en</strong>t mais il s’agit d’un tout jeune gouvernem<strong>en</strong>t, mis <strong>en</strong> place il y<br />

a trois mois. Comme je l’ai dit, nous att<strong>en</strong>dons beaucoup d’elles, nous avons<br />

l’espoir ! C’est <strong>en</strong> outre notre rôle, à nous les femmes de la société civile, de<br />

demander aux responsables politiques de reconnaître l’égalité des g<strong>en</strong>res<br />

dans toutes les décisions qui seront prises et d’intro<strong>du</strong>ire des textes de loi <strong>en</strong><br />

ce s<strong>en</strong>s dans la Constitution burundaise. Nous p<strong>en</strong>sons que, comme des<br />

femmes <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans le gouvernem<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t où la société se mobilise<br />

autour de la cause des femmes, cela va marcher.<br />

Je voudrais ajouter à ceci une demande aux femmes <strong>du</strong> Nord. Vous<br />

n’ignorez pas que les fonds consacrés à notre développem<strong>en</strong>t vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>du</strong><br />

Nord, de chez vous. Aussi nous vous demandons de faire pression sur vos<br />

gouvernem<strong>en</strong>ts pour que l’égalité des g<strong>en</strong>res soit un préalable au<br />

▬<br />

29


financem<strong>en</strong>t de certains projets et égalem<strong>en</strong>t pour qu’ils fass<strong>en</strong>t le suivi des<br />

fonds qui nous sont confiés.<br />

Marceline Zimamba – membre <strong>du</strong> GAMS, Burkina-Faso :<br />

Question : - Rocio Gutiérrez nous a parlé de la sexualité des adolesc<strong>en</strong>ts. Je<br />

voudrais insister sur le fait que, <strong>en</strong> même temps qu’autoriser les adolesc<strong>en</strong>ts<br />

à avoir une vie sexuelle active, il est important de p<strong>en</strong>ser à l’é<strong>du</strong>cation<br />

sexuelle des jeunes. Je vi<strong>en</strong>s d’un pays où l’é<strong>du</strong>cation sexuelle est<br />

inexistante dans les villages. Dès l’école primaire, les garçons flatt<strong>en</strong>t les<br />

filles avec des comprimés d’aspirine pour coucher avec elles ! <strong>Les</strong> fillettes se<br />

retrouv<strong>en</strong>t donc <strong>en</strong>ceintes dès leur plus jeune âge ce qui <strong>en</strong>traîne une<br />

augm<strong>en</strong>tation des mutilations sexuelles féminines et des mariages forcés<br />

chez les adolesc<strong>en</strong>tes. Tout simplem<strong>en</strong>t parce que les par<strong>en</strong>ts ont peur<br />

qu’<strong>en</strong> les <strong>en</strong>voyant à l’école, elles se retrouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>ceintes et que plus aucun<br />

homme n’<strong>en</strong> veuille. Ils se retrouverai<strong>en</strong>t alors non seulem<strong>en</strong>t avec une fille<br />

mais aussi avec des petits-<strong>en</strong>fants à élever.<br />

Cette é<strong>du</strong>cation sexuelle qu’on donne ici dès l’école primaire n’existe pas<br />

chez nous. Mais la priorité doit, bi<strong>en</strong> sûr, être donnée à l’alphabétisation, à<br />

l’é<strong>du</strong>cation de la femme <strong>en</strong> général. Connaissez-vous ce g<strong>en</strong>re de problèmes<br />

avec les familles péruvi<strong>en</strong>nes ?<br />

Rocio Gutiérrez :<br />

Réponse (tra<strong>du</strong>ite par Katinka in’t Zandt) : - Le Pérou connaît <strong>en</strong> effet les<br />

mêmes problèmes chez les jeunes femmes <strong>du</strong> milieu rural où le nombre de<br />

grossesses est très élevé.<br />

La viol<strong>en</strong>ce sexuelle y est souv<strong>en</strong>t cause de<br />

mariages précoces. Aussi, les premières m<strong>en</strong>struations des jeunes filles sont<br />

vécues par les par<strong>en</strong>ts comme une situation à risque et comme une raison<br />

pour ne plus <strong>en</strong>voyer les filles à l’école. L’é<strong>du</strong>cation sexuelle de ces jeunes<br />

filles ne reconnaît pas la socialisation des g<strong>en</strong>res, ce qui met ces<br />

adolesc<strong>en</strong>tes dans une position très vulnérable lorsqu’il s’agit de négocier des<br />

relations sexuelles cons<strong>en</strong>tantes ou, pour le moins, protégées. Quant aux<br />

garçons, on ne les é<strong>du</strong>que pas à pr<strong>en</strong>dre leurs responsabilités par rapport à<br />

leur place dans les rapports sexuels. C’est pour cette raison qu’il est très<br />

▬<br />

30


important d’inclure l’analyse des g<strong>en</strong>res dans leur é<strong>du</strong>cation sexuelle et<br />

affective. En outre, il est important de promouvoir des normes pour la mise<br />

à la disposition des jeunes de moy<strong>en</strong>s contraceptifs et de promouvoir des<br />

politiques donnant plus de pouvoir aux jeunes filles !<br />

Poupette Choque - le Monde selon les femmes :<br />

Remarque : - Ayant eu l’occasion de participer aux 10èmes r<strong>en</strong>contres<br />

féministes latino-américaines au Brésil, j’ai constaté leur très forte<br />

implication dans la campagne dite <strong>du</strong> 28 septembre. Il s’agit là d’une date<br />

importante pour l’union de tous les pays qui n’ont toujours pas adopté de loi<br />

dépénalisant l’avortem<strong>en</strong>t. Il reste <strong>en</strong>core, <strong>en</strong> Europe, cinq pays qui n’ont<br />

pas adopté ce type de loi. Ils sont bi<strong>en</strong> plus nombreux <strong>en</strong> Amérique Latine,<br />

où l’on se bat soit pour obt<strong>en</strong>ir cette loi soit pour la faire appliquer. Là-bas, il<br />

faut mettre <strong>en</strong> place des stratagèmes épouvantables pour avoir accès à un<br />

avortem<strong>en</strong>t sûr.<br />

Je voulais donc rappeler aux femmes africaines que la législation d’Afrique <strong>du</strong><br />

<strong>Sud</strong> dans ce domaine est déjà très <strong>en</strong> avance sur celles des pays voisins.<br />

Qu’elles pourrai<strong>en</strong>t donc voir là l’occasion de s’unir avec leurs compagnes<br />

sud-africaines pour t<strong>en</strong>ter de lancer cette campagne <strong>du</strong> 28 septembre sur<br />

tout le contin<strong>en</strong>t africain. C’est <strong>en</strong> tout cas la stratégie utilisée par les<br />

femmes latino-américaines ! Je sais que ce n’est pas simple, qu’il existe<br />

beaucoup de barrages liés aux religions, aux cultures, aux patriarcats. Mais<br />

cette campagne est peut-être l’occasion pour certaines associations de se<br />

regrouper et lutter <strong>en</strong>semble pour faire avancer ce droit fondam<strong>en</strong>tal qu’est<br />

le droit à l’avortem<strong>en</strong>t.<br />

▬<br />

31


▬<br />

32


Conclusion<br />

>> Katinka in’t Zandt<br />

<strong>Les</strong> analyses de nos invitées <strong>du</strong> Burundi, <strong>du</strong> Pérou et <strong>du</strong> Sénégal ainsi que les<br />

interv<strong>en</strong>tions de la salle ont montré que les services de santé et leur accessibilité<br />

de même que l’adoption des valeurs de la Charte Mondiale des <strong>Femmes</strong> vari<strong>en</strong>t<br />

selon les réalités politiques, sociales et religieuses de chaque pays. Ri<strong>en</strong> ne peut<br />

pourtant justifier les discriminations, le manque d’accès à la santé pour les filles<br />

et les femmes ni le non-respect des droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs. Il ressort des<br />

analyses et comm<strong>en</strong>taires <strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>du</strong>s qu’une lecture de g<strong>en</strong>re est nécessaire pour<br />

aborder les problèmes m<strong>en</strong>tionnés.<br />

Or les Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour le Développem<strong>en</strong>t ne dénonc<strong>en</strong>t pas les<br />

responsables des problèmes et ne prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pas cette approche sexospécifique.<br />

Un seul OMD concerne directem<strong>en</strong>t les femmes et deux autres ne<br />

les <strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> tant que mères ou personnes malades <strong>du</strong> Sida. <strong>Les</strong> OMD<br />

ne parl<strong>en</strong>t pas de droits sexuels et repro<strong>du</strong>ctifs. Ils vis<strong>en</strong>t, par contre, la<br />

ré<strong>du</strong>ction de la mortalité infantile. Comm<strong>en</strong>t cela est-il <strong>possible</strong> s’ils ignor<strong>en</strong>t<br />

les mutilations génitales féminines chez les bébés et les jeunes filles, les<br />

mariages précoces et l’esclavage sexuel ?<br />

Un autre OMD propose d’améliorer la santé maternelle. Est-ce <strong>en</strong>visageable s’il<br />

ne s’inté-resse qu’aux femmes <strong>en</strong>ceintes, aux femmes qui accouch<strong>en</strong>t ou qui<br />

vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’accoucher ? Une femme n’est quand même pas uniquem<strong>en</strong>t une<br />

jeune mère ! Même <strong>en</strong> se conc<strong>en</strong>trant sur la santé maternelle, il est indéniable<br />

que les avortem<strong>en</strong>ts pratiqués <strong>sans</strong> conditions de sécurité minimales sont des<br />

causes majeures de mortalité maternelle. Il n’existe pas de cons<strong>en</strong>sus par<br />

rapport au droit à l’avortem<strong>en</strong>t mais le nier ou ne pas vouloir offrir de soins<br />

post-avortem<strong>en</strong>t est une violation des droits humains, notamm<strong>en</strong>t <strong>du</strong> droit à la<br />

vie.<br />

<strong>Les</strong> OMD feront beaucoup parler d’eux jusqu’<strong>en</strong> 2015. Il faut exiger de nos<br />

gouvernem<strong>en</strong>ts qu’ils ratifi<strong>en</strong>t et appliqu<strong>en</strong>t les traités internationaux et les<br />

conv<strong>en</strong>tions internationales (comme la CEDAW et la plate-forme Bejing) qu’ils<br />

ont signés. Cela est notamm<strong>en</strong>t <strong>possible</strong> <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dant notre Charte vivante.<br />

▬<br />

33


Après la MMF égalem<strong>en</strong>t, il sera important de continuer à travailler <strong>en</strong> réseau,<br />

pour l’appropriation des connaissances et de l’information, pour favoriser la<br />

concertation et la négociation, pour pouvoir interv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> tant que force !<br />

Mais n’oublions pas non plus que Confêttia est aussi une fête. Il est temps de<br />

faire la fête !<br />

" Peace is fun !" comme on l’a dit aux r<strong>en</strong>contres internationales « femmes et<br />

santé » <strong>en</strong> Inde début octobre. Et montrons que le proverbe burundais « une<br />

poule ne peut pas chanter <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>du</strong> coq » est faux ! Aujourd’hui,<br />

chantons, fêtons et marchons <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce des coqs ; avec des coqs solidaires,<br />

pour que les coqs politiques, les coqs à la maison, les coqs blancs ou pas, les<br />

coqs devant la télévision et lisant le journal soi<strong>en</strong>t au courant !<br />

Marchons, fêtons, dansons...<br />

▬<br />

34


<strong>Les</strong> <strong>Femmes</strong> <strong>du</strong> <strong>Sud</strong> <strong>en</strong> <strong>Marche</strong><br />

Une r<strong>en</strong>contre-débat organisée dans le cadre de la <strong>Marche</strong> Mondiale des<br />

<strong>Femmes</strong>,<br />

avec la collaboration de<br />

la Commission <strong>Femmes</strong> et Développem<strong>en</strong>t,<br />

le Monde Selon les femmes,<br />

11.11.11 Koepel van de Vlaamse Noord-Zuidbeweging,<br />

Amnesty International,<br />

CNCD,<br />

la Fédération laïque des c<strong>en</strong>tres de planning familiaux,<br />

GAMS,<br />

la Zaïroise et ses sœurs.<br />

Confêttia, Bruxelles, le 16 octobre 2005<br />

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