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Dimension 3 n° 2007/4 (septembre-octobre 2007)

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LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE<br />

Bimestriel<br />

<strong>septembre</strong>-<strong>octobre</strong> <strong>2007</strong><br />

<strong>n°</strong> 4<br />

P308613<br />

Editeur responsable : Jan Grauls, Président du comité de Direction, rue des Petits Carmes 15, B-1000 Bruxelles - Bureau de dépôt Bruxelles X<br />

Migration et Développement<br />

Service Public Fédéral affaires étrangères, commerce extérieur et coopération au développement


Dans ce numéro<br />

L E J O U R N A L D E L A<br />

COOPÉRATION BELGE<br />

Faire de la migration un vecteur 3<br />

du développement<br />

Dans les coulisses du Forum,<br />

une femme-orchestre 5<br />

Les migrations Sud-Sud : 7<br />

l’autre face des migrations internationales<br />

Femmes du Niger et de Belgique…<br />

Regards croisés 8<br />

Le MEDMA, un projet de mobilisation des 11<br />

Marocains résidant à l’Etranger (MRE) pour<br />

le développement du nord du Maroc<br />

Peter Moors, du neuf à la DGCD 13<br />

Rubrique : La petite dimension 14<br />

Rapport d’activités 2006 16<br />

Photo de couverture : Marocains en Belgique<br />

© Jo Voets<br />

© DGCD/M. Sergooris © Jo Voets<br />

Editorial<br />

C<br />

’est l’histoire d’une erreur d’appréciation trop répandue : la migration. On lui prête volontiers tous les maux, oubliant sans doute que<br />

notre propre civilisation est le fruit des déplacements de personnes, de savoirs et de produits commerciaux. Il y a un an s’ouvrait pour<br />

la première fois un Dialogue de haut niveau aux Nations Unies qui visait à enfin considérer le problème migratoire de manière globale,<br />

complète et positive. Les constats étaient les suivants : sans parler des bénéfices qu’ils génèrent dans les pays de destination, les migrants<br />

apportent devises (plus que l’aide au développement), connaissances et développement à leur pays d’origine. Mais l’ensemble du phénomène<br />

est encore mal connu, mal chiffré, et peu ou pas canalisé.<br />

A l’issue de ce Dialogue de haut niveau était proposé un Forum global sur le thème Migration et Développement. La Belgique en a relevé le défi en<br />

coordonnant la préparation et l’organisation de la première rencontre internationale des gouvernements ces 9, 10 et 11 juillet. L’objectif de cette<br />

première rencontre était d’examiner comment les politiques migratoires pourraient être intégrées comme facteur positif dans les politiques de<br />

développement, afin que le thème devienne un véritable enjeu, concourant à la réalisation des Objectifs du millénaire. Nous avons suivi le Forum,<br />

survolé les différents thèmes (p. 3-4), interviewé la coordinatrice générale (p 5-6), et pris connaissance d’un projet inédit émanant du programme<br />

multilatéral MIDA : la mobilisation des Marocains résidant à l’Etranger pour le développement du nord du Maroc (p.11-12)<br />

Mais l’immigration n’est pas, comme on le laisse entendre, l’apanage des pays dits riches. La migration «Sud-Sud» est tout aussi importante<br />

en termes de nombre de migrants. Un membre de l’équipe internationale du Forum nous expose la situation et, en particulier, celle de son<br />

pays, le Mali (p.7).<br />

Enfin, depuis cet été, la Direction générale de la Coopération au Développement a un nouveau Directeur général, M. Peter Moors. Celui-ci<br />

nous livre sa vision de la coopération et indique le rôle qu’il entend faire jouer à la DGCD (p.13). <br />

•<br />

La rédaction<br />

2 DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong>


Migration et Développement<br />

© DGCD/Dimitri Ardelean<br />

Faire de la migration un vecteur du développement<br />

« Le monde compte 200 millions de migrants, soit un habitant sur 30 de la planète » rappelait le Premier<br />

Ministre, à l’ouverture de la première réunion du Forum mondial sur la migration et le développement.<br />

Depuis la nuit des temps, les hommes circulent, et l’on oublie souvent que la migration est à<br />

l’origine même des sociétés contemporaines. En Occident cependant, le phénomène a trop souvent<br />

pris une connotation négative, qui néglige ses aspects positifs pour le développement : amélioration<br />

du bien-être des communautés restées au pays grâce aux transferts de connaissances, aux investissements<br />

et transferts financiers des migrants vers leur pays d’origine. Pourquoi ne pas essayer<br />

d’identifier et de maximiser ces impacts positifs de la migration sur le développement ? C’est dans<br />

cette perspective que plus de 150 pays se réunissaient à Bruxelles ces 9, 10 et 11 juillet.<br />

© DGCD/Dimitri Ardelean<br />

Splendeurs et misères des migrations<br />

L’actualité nous rappelle assez le drame de l’immigration : pour le seul<br />

mois de juin, à la veille du Forum, le Haut Commissariat aux Réfugiés<br />

estimait que 210 immigrants se sont noyés ou ont disparu dans le détroit<br />

de Sicile en tentant la traversée du Nord de l’Afrique vers l’Europe.<br />

Aujourd’hui, malgré un budget important alloué au contrôle des frontières,<br />

l’immigration illégale ne tarit pas. Le Premier<br />

Ministre belge, Guy Verhofstadt, le reconnaît : tant que<br />

l’Europe et l’Amérique du Nord concentrent 73% du<br />

revenu mondial, tout en ne représentant que 14% de<br />

la population mondiale, «ni les patrouilles en mer, ni les<br />

vedettes rapides, ni les barbelés ne pourront mettre un<br />

terme à l’immigration clandestine».<br />

L’histoire, celle de l’expansion de l’Occident en premier lieu, est parcourue<br />

de flux migratoires. La révolution des transports et des communications,<br />

ainsi que la globalisation de l’économie, en ont changé et multiplié<br />

les facettes.<br />

Pour les migrants, autant que pour leurs<br />

pays d’origine et les pays de destination,<br />

les enjeux de la migration sont importants.<br />

En ignorer les retombées positives<br />

relève de l’inconséquence. Ainsi, le<br />

montant estimé des transferts de fonds<br />

des migrants vers leurs pays d’origine,<br />

© www.piersystem.com<br />

soit environ 200 milliards EUR est deux fois supérieur à l’aide au développement.<br />

En outre, une étude de la Banque Mondiale révèle des effets<br />

inattendus de la migration, tels que l’impact positif sur la fécondité, sur la<br />

santé, et sur l’éducation des filles dans les pays d’origine.<br />

Multiples facettes de la migration<br />

Si les migrants envoient de l’argent dans leurs pays d’origine, ils n’en<br />

dépensent pas moins les 85 % restant dans le pays d’accueil. Il faut en effet<br />

tenir compte de l’impact des migrants sur le bien-être des pays développés,<br />

qu’ils enrichissent de leur force de travail, de leurs connaissances, de<br />

leurs cultures et de leurs valeurs. Ils ont fondé des entreprises, 1 partagé<br />

leur savoir. 2 Ils contribuent encore au succès des économies en soignant<br />

les malades, gardant les enfants, nettoyant les maisons… Et si des retombées<br />

négatives existent, elles concernent autant le Sud que le Nord : ainsi<br />

en est-il de la «fuite des cerveaux», celle de ces personnes qualifiées qui<br />

prennent le chemin de l’exil en Occident à la recherche d’une carrière<br />

et d’un salaire décent 3 .<br />

Par ailleurs, l’immigration n’est pas l’apanage exclusif des pays dits<br />

«riches». On apprend en effet que les mouvements du Sud vers le Nord<br />

ne constituent qu’un tiers des flux migratoires, les deux autres tiers étant<br />

partagés entre les déplacements interrégionaux Sud-Sud et les ainsi nommées<br />

«expatriations» au Sud.<br />

1: eBay, Google, Mittal,<br />

2: au moins 20 Prix Nobels anglais sont issus de l’immigration.<br />

3: Dans certains pays, 80 % des universitaires vivent ainsi en dehors des frontières (Haïti, Jamaïque).<br />

DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong><br />

3


Migration et Développement<br />

Affronter la question : le Forum mondial sur la Migration et le<br />

Développement<br />

De l’aveu du Secrétaire général des Nations Unies, l’idée d’un tel forum<br />

n’est pas neuve mais a pris du temps à se concrétiser. Lorsque l’ONU<br />

a consacré en 2006 un Dialogue de haut niveau à la migration et au<br />

développement, «nombreux sont ceux qui prédisaient que pays développés et<br />

en développement s’(y) opposeraient (…) . Au lieu<br />

de cela, plus d’une centaine de pays ont pris part<br />

à un échange constructif. Cette expérience a été si<br />

fructueuse qu’ils ont souscrit à une proposition (…)<br />

visant à créer un Forum mondial sur les migrations<br />

et le développement ». L’enjeu : considérer la<br />

question migratoire de manière globale, complète<br />

et positive, en tandem avec la question du<br />

développement.<br />

Les deux jours de discussions entre les Etats<br />

ont été ouverts en grande pompe, en présence<br />

de Guy Verhofstadt, du Secrétaire général des Nations unies, Ban<br />

Ki-moon, et de nombreux chefs d’Etats du monde entier. Ils succédaient<br />

à une journée de rencontre de la société civile. Son objectif était d’examiner<br />

comment les politiques migratoires pourraient être intégrées<br />

comme facteur positif dans les politiques de développement, afin que le<br />

thème devienne un véritable enjeu dans les politiques de développement,<br />

concourant à la réalisation des Objectifs du millénaire.<br />

«La migration n’est pas seulement<br />

une question de richesse et de pauvreté.<br />

Il s’agit de la société dans<br />

laquelle nous souhaitons vivre. Nous<br />

avons l’unique opportunité de lui<br />

donner forme, au bénéfice des générations<br />

futures.»<br />

Ban Ki-moon, Secrétaire général<br />

des Nations Unies<br />

Des propositions concrètes<br />

furent avancées : pousser<br />

plus avant les études sur les impacts, ouvrir des canaux officiels de<br />

migration du travail, établir des codes de bonne pratiques, diminuer les<br />

coûts de transferts d’argent, chercher une véritable cohérence dans les<br />

relations avec les pays en développement pour que les politiques migratoires,<br />

économiques et commerciales n’hypothèquent<br />

pas le développement des pays les<br />

moins avancés. Il appartient maintenant aux<br />

Etats d’en assurer le suivi. Enfin, la société civile<br />

et le Saint Siège, auxquels se sont joints quelques<br />

Etats, ont insisté pour que soit ratifiée<br />

une convention des Nations Unies sur le droit<br />

des travailleurs migrants et de leurs familles,<br />

pendante depuis 10 ans. Le Premier Ministre<br />

belge a, quant à lui, plaidé pour l’élévation du<br />

budget de la coopération à 0,7% du PIB, afin de<br />

réduire les disparités Nord-Sud.<br />

La réunion de Bruxelles ne fut que la première réunion du Forum. Ce<br />

Forum, conçu comme un processus à long terme va à nouveau se réunir<br />

à Manille en 2008. Entre-temps, il est entré dans une phase opérationnelle<br />

pendant laquelle les participants sont invités à assurer un suivi aux<br />

propositions concrètes formulées en juillet.<br />

•<br />

Elise Pirsoul<br />

© DGCD/Dimitri Ardelean<br />

Au sein de la coopération belge : MIDA & co<br />

La Coopération belge au développement promeut des initiatives liées à<br />

la thématique «migration et développement» depuis le début des années<br />

2000. Même si la plupart demeure encore à titre expérimental, les projets<br />

soutenus par la DGCD en font un pionnier en matière de migration et<br />

développement.<br />

Depuis 2001, le programme MIDA, financé par la DGCD et mis en œuvre<br />

par l’Organisation Internationale pour les Migrations, encourage les retours<br />

temporaires des membres d’une diaspora dans leur pays d’origine pour<br />

y apporter leur expérience dans des secteurs en manque de ressources<br />

humaines. Concrètement, ce programme permet aux migrants résidant en<br />

Belgique de rentrer chez eux, sur base volontaire, pour y aider à des projets<br />

de développement dans des domaines prioritaires, à savoir l’éducation, la<br />

santé et le développement rural.<br />

Le programme MIDA a été conçu pour contrer le phénomène de “brain<br />

drain”, la fuite des cerveaux du Sud vers le Nord, par un mouvement inverse<br />

de “brain gain”. En d’autres mots, le retour temporaire dans un pays de<br />

personnes d’origine locale, dans un mouvement de “migration circulaire”,<br />

tend à compenser le manque d’acteurs de développement locaux. Durant<br />

la deuxième phase du programme - de février 2005 à mars 2006 -, 78 missions<br />

ont été réalisées. Depuis sa création, le programme a été réservé aux<br />

migrants issus de la région des Grands Lacs d’Afrique centrale (République<br />

démocratique du Congo, Rwanda, Burundi). A l’avenir, le programme devrait<br />

être élargi géographiquement, notamment au bénéfice des migrants issus du<br />

Maroc (v. page 11-12).<br />

Dans le domaine des transferts de fonds, la Coopération belge au développement<br />

souhaite aussi s’impliquer pour que l’argent envoyé dans leur pays<br />

par les migrants établis en Belgique puisse contribuer au développement<br />

local. En effet, on constate que les fonds transférés dans les pays du Sud<br />

par les migrants résidant au Nord sont souvent affectés à des biens de<br />

consommation à court terme. L’idée est donc d’amener les récipiendaires<br />

de ces fonds, sans interférer dans leur choix privés, à investir davantage dans<br />

des projets à long terme. Dans cette optique, la DGCD sert de relai entre<br />

les acteurs impliqués et encourage les sociétés de transferts de fonds et de<br />

microcrédits à collaborer.<br />

Enfin, un troisième programme lié à la migration et au développement est en cours<br />

d’élaboration, et concerne les migrants originaires d’Afrique sub-saharienne et<br />

surtout malienne, lorsqu’ils se trouvent au Maroc dans leur voyage vers l’Europe.<br />

Il s’agirait ici d’inciter les personnes arrivées illégalement au Maroc à rentrer chez<br />

elles, où leur réintégration serait accompagnée. Ce programme, financé par la<br />

DGCD depuis 2004, n’a toutefois pas encore été mis en œuvre.<br />

•<br />

Louise Culot<br />

4 DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong>


Dans les coulisses du Forum,<br />

une femme-orchestre<br />

Migration et Développement<br />

Le Forum mondial “Migration et développement” est un long processus marqué par une première<br />

rencontre d’ampleur internationale qui a rassemblé 155 Etats et 800 participants à Bruxelles ce<br />

mois de juillet <strong>2007</strong>. Nous avons rencontré sa femme-orchestre, l’Ambassadrice Régine de Clercq,<br />

Directeur exécutif du Forum.<br />

Vous répétez que ce forum est un<br />

processus. Quelles en sont les étapes ?<br />

En <strong>septembre</strong> dernier, lors du Dialogue<br />

de haut niveau «Migration internationale<br />

et Développement» qui s’est tenu à New<br />

York, l’idée a été lancée par le Secrétaire<br />

général des Nations Unies de continuer<br />

ce dialogue. Le mécanisme serait celui<br />

d’un forum global. Il s’agirait d’une initiative<br />

menée par les Etats, informelle, à<br />

laquelle des organisations internationales<br />

comme l’OIM, le PNUD, le UNHCR,<br />

devraient être associées. La Belgique<br />

s’est portée volontaire pour organiser la<br />

première réunion de ce forum.<br />

Donc, suite à New York…<br />

De retour en Belgique, nous avons réalisé,<br />

à trois, une petite note de concept<br />

qui a été présentée à Genève à un<br />

groupe informel de plusieurs Etats. En décembre, une décision<br />

du Conseil des Ministres belges me chargea de donner un levier<br />

à ce forum et de le coordonner. La Coopération au développement<br />

mit à disposition un budget important et prit en charge<br />

la logistique. La première chose que nous avons faite fut une<br />

enquête internationale sur les préoccupations des Etats. Nous<br />

leur avons adressé un questionnaire dans lequel nous avions<br />

répertorié 18 thèmes liés à la migration et au développement,<br />

en leur demandant d’indiquer leurs trois principales priorités,<br />

ainsi qu’une explication pour les deux premières. Nous leur<br />

avons aussi proposé de désigner un point focal qui pourrait<br />

coordonner la communication entre leur gouvernement et le<br />

Forum. 126 pays ont répondu et choisi un point focal, et 91<br />

ont approfondi leurs priorités. Sur base de ces résultats, nous<br />

avons établi un agenda sur 2 ans. Les deux premières priorités<br />

des Etats ont servi à guider la première réunion du Forum,<br />

les deux suivantes pourraient guider la deuxième. Les grands<br />

thèmes de la réunion de juillet furent: Migration et développement<br />

socio-économique, ainsi que Cohérence des politiques de<br />

migration et de développement et renforcement des partenariats.<br />

© DGCD/Dimitri Ardelean<br />

Pouvez-vous décrire brièvement<br />

l’équipe internationale qui a travaillé<br />

à ce forum ?<br />

Au début, c’étaient quelques personnes de<br />

bonne volonté. Au fil du temps, j’ai établi une<br />

task force internationale. Sur le contenu, ils<br />

sont 9 personnes. Nous avons le soutien<br />

de plusieurs administrations et cabinets en<br />

Belgique : Coopération, Intérieur, Affaires<br />

étrangères. L’intérêt principal du processus<br />

de préparation de la réunion du Forum a<br />

été d’y associer un certain nombre d’Etats<br />

et d’organisations. Le groupe des Amis du<br />

Forum qui rassemble 200 à 250 personnes<br />

représentant des gouvernements et des<br />

organisations internationales, ainsi que les<br />

points focaux qui canalisent et coordonnent<br />

ces questions au niveau national, ont<br />

également joué un rôle fondamental.<br />

Comment ont été préparés et étudiés les sujets de fond ?<br />

L’agenda de la première réunion du Forum a été discuté avec les<br />

Etats. Depuis le mois de janvier, nous avons eu 3 réunions avec les<br />

Amis du Forum. C’était un processus de préparation participatif : une<br />

soixantaine d’Etats étaient impliqués, ainsi que des organisations<br />

internationales en fonction de leur expertise sur les différents<br />

thèmes choisis. Nous avons ensuite rédigé des notes de fond qui<br />

faisaient état, pour chacun des thèmes, des expériences des pays<br />

et des leçons tirées, et qui proposaient un certain nombre de<br />

mesures pour passer à l’action. On doit, par exemple, donner aux<br />

diasporas les moyens de contribuer au développement dans leurs<br />

pays respectifs.<br />

Quelle est la problématique, par exemple, des ressources<br />

des diasporas ?<br />

Les projets des diasporas ont souvent besoin d’un méso-crédit qui<br />

est difficile à trouver. L’un de mes exemples préféré est celui d’un<br />

jeune marocain d’Anvers qui a mis sur pied une petite entreprise de<br />

récolte de miel par des femmes dans le Rif ; en 3 ans, il a déjà récolté<br />

3.800 kg de miel ! Grâce à ses fonds propres et l’argent récolté<br />

DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong><br />

5


Migration et Développement<br />

auprès de la diaspora anversoise, il fait vivre 40 familles. Il a organisé<br />

des coopératives de fermiers qui récoltent des olives. Il a réhabilité<br />

l’école, replanté les arbres dans la vallée, construit un dispensaire…<br />

Il veut maintenant construire une route qui relie le village à la ville<br />

pour écouler son miel et son huile mais pour cela, il a besoin d’un<br />

peu plus de 10.000 euros. Mais les moyens n’existent pas, car ce<br />

type de projet n’est pas assez important ni organisé pour bénéficier<br />

d’une aide.<br />

On parle de «fermeture des frontières européennes», n’estce<br />

pas contraire à une politique de migration et de<br />

développement ?<br />

Je ne sais pas si l’on se situe dans une politique de «fermeture des<br />

frontières»: l’UE a ouvert les frontières pour les personnes hautement<br />

qualifiées, mais cela n’est pas suffisant. Ce qui est certain, c’est que le<br />

contrôle des frontières qui absorbe énormément de moyens – plus<br />

de moyens que l’aide au développement – ne résout pas la question<br />

de la migration illégale. Il est vrai que ces questions touchent aussi<br />

les affaires intérieures. Mais l’objectif du Forum est de voir comment<br />

la migration peut davantage contribuer au développement et comment<br />

minimiser les risques de la migration. Nous ne dénouerons ce<br />

problème que si nous élaborons avec les pays d’origine une vision<br />

commune sur la gestion de la migration. Cette vision sera d’autant<br />

plus efficace si nous traitons les pays d’origine comme des partenaires<br />

dans un dialogue constructif. Car voyez-vous, aujourd’hui il est plus<br />

facile de transférer de l’argent d’un pays d’Europe vers les Etats-Unis<br />

que du Burundi au Rwanda. De même, il y a beaucoup de migrations<br />

du Congo vers l’Afrique du Sud. Il serait sans doute utile que ces 2<br />

pays négocient des accords de réduction des coûts pour les transferts<br />

d’argent des migrants : on appelle cela un «corridor». Ces pays<br />

pourront sans doute bénéficier de l’expérience des accords entre le<br />

Mexique et les Etats-Unis, par exemple. L’un des effets de ce genre de<br />

dialogue est de tisser plus de partenariats.<br />

Suite au forum, l’action… Comment va-t-elle s’articuler ?<br />

Une de nos préoccupations était de baser ce dialogue sur l’action.<br />

Comme il y a plusieurs acteurs, il y a plusieurs niveaux d’action: les<br />

gouvernements nationaux, la communauté internationale multilatérale,<br />

la société civile… Il s’agit de voir maintenant comment ces<br />

différents acteurs pourront donner suite aux recommandations et<br />

propositions concrètes formulées par le forum. Nous sommes en<br />

train d’identifier, pour certaines de ces actions, les acteurs et le<br />

calendrier pour leur mise en œuvre : court, moyen ou long terme.<br />

Par la suite, un comité de pilotage effectuera le suivi et à la prochaine<br />

réunion du Forum aux Philippines, rapport sera fait sur les<br />

aboutissements de ces initiatives.<br />

La deuxième réunion du Forum aux Philippines portera<br />

sur les avancées ?<br />

Une partie portera certainement sur les avancées depuis la réunion<br />

de Bruxelles, une autre sur l’approfondissement de certains thèmes,<br />

mais aussi sur une ou deux nouvelles thématiques.<br />

Pourquoi un tel intérêt de la Belgique pour la migration ?<br />

Il s’agit plutôt d’un intérêt pour la question du développement. Car la<br />

Belgique a été précurseur dans ce débat. En amenant l’aspect «développement»<br />

dans le débat sur la migration, elle a renforcé la cohérence<br />

de ces politiques. La fonction de l’ambassadeur pour la Migration et la<br />

politique d’asile (NDLR : Mme de Clercq elle-même) a peut-être favorisé<br />

et permis d’avoir la structure pour ce genre de cohérence.<br />

Parlons de la journée de la société civile. Quelles sont ses<br />

grandes préoccupations ?<br />

Ses grandes préoccupations portent sur le droit des migrants, qui<br />

d’ailleurs constituait l’un des thèmes transversaux des discussions<br />

gouvernementales. Le programme de la journée de la société civile,<br />

qui s’est déroulée la veille de la réunion gouvernementale, a été<br />

préparé par la Fondation Roi Baudouin. Les organisateurs de cette<br />

journée ont souhaité, librement, calquer leur programme sur celui<br />

des discussions gouvernementales, de manière à pouvoir peser sur<br />

le débat des deux jours suivants. Leurs conclusions furent présentées<br />

lors de la journée gouvernementale.<br />

•<br />

E. P.<br />

Pour plus d’infos : www.gfmd-fmmd.org.<br />

Les grands thèmes de discussion au cours de la rencontre du Forum :<br />

1. Développement du capital humain et mobilité du travail : maximiser les opportunités et minimiser les risques (migration<br />

hautement qualifiée, travail temporaire, migration circulaire).<br />

2. Transferts de fonds et autres ressources de la diaspora : augmenter leur volume net et leur valeur de développement<br />

(travailler avec la diaspora, «remittances» et leur micro et macro impacts).<br />

3. Renforcer la cohérence au niveau institutionnel et politique, promouvoir les partenariats (mesure des impacts, consultations<br />

inter-ministérielles, approches régionales).<br />

6 DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong>


Migration et Développement<br />

Les migrations Sud-Sud : l’autre face des<br />

migrations internationales<br />

Le Mali et la Belgique entretiennent de bonnes relations dans le domaine de la coopération<br />

Nord-Sud. Au Dialogue de haut niveau sur la Migration et le Développement tenu à<br />

New-York en <strong>septembre</strong> 2006, le Mali a été l’un des premiers états à soutenir la demande<br />

de la Belgique d’accueillir la première réunion du Forum mondial sur la Migration et le<br />

développement. A l’occasion de la préparation de ce Forum, le ministère des Maliens de<br />

l’Extérieur et de l’Intégration Africaine a détaché un fonctionnaire au sein de la taskforce<br />

mise en place à cet effet. M. Lansiné Coulibaly est un cadre malien qui travaille sur les<br />

dossiers de la migration dans son département de tutelle. Il a eu pour tâche principale<br />

d’amener les pays en développement à s’impliquer activement dans la préparation et<br />

la participation aux travaux du forum. Expert dans le domaine de la migration au Sud,<br />

il a également appuyé l’équipe organisatrice à travers ses recherches sur les différents<br />

aspects liés à la migration Sud-Sud. Il a accepté d’en faire ici un bref tour d’horizon et d’exposer le cas de son<br />

pays.<br />

© DGCD/Dimitri Ardelean<br />

Les migrations Sud-Nord ne reflètent qu’un aspect de la<br />

réalité migratoire à l’échelle planétaire. En effet, les migrations<br />

Sud-Sud sont plus que significatives : en 1965, les pays<br />

industrialisés occidentaux n’absorbaient que 36,5 % des<br />

migrants internationaux, et 43,4 % en 1990. Les migrations<br />

entre pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine restent<br />

majoritaires dans le phénomène migratoire global.<br />

Comment se caractérisent les migrations Sud-Sud ?<br />

La migration de proximité : 80 % environ des migrations qui ont<br />

lieu entre pays du Sud s’effectuent essentiellement entre ceux qui<br />

partagent des frontières communes. Cela s’explique, évidemment<br />

et principalement, par le fait que les coûts (financiers, sociaux et<br />

culturels) d’une migration vers les pays limitrophes sont moins<br />

élevés que ceux d’une migration lointaine 1 .<br />

• Les réseaux habituels de migration Sud-Sud : Dans la migration Sud-<br />

Sud, il existe également des réseaux de migration qui ont été<br />

forgés par le temps et les habitudes. Ces migrations traditionnelles<br />

ont fixé ainsi des liens étroits entre les nationalités et les emplois.<br />

Par exemple, les travailleurs migrants du Sénégal en Mauritanie<br />

travaillent le plus souvent dans le domaine de la pêche ; ceux de la<br />

Chine ou du Vietnam sont quant à eux le plus souvent employés<br />

dans le domaine du commerce.<br />

• La migration saisonnière : Au Sud, certaines personnes émigrent en<br />

outre pour tirer avantage des saisons dans d’autres pays du Sud.<br />

1 Dans le cas précis de l’Afrique, on sait que la colonisation, voire la balkanisation, ont introduit des frontières<br />

arbitraires entre des groupes ethniques homogènes partageant des réalités socio-économiques et culturelles,<br />

et qui sont cependant restés soudés par l’histoire et la culture de leurs ancêtres.<br />

Ainsi, en Afrique de l’Ouest, les saisons agricoles mobilisent bon<br />

nombre de migrants au delà des frontières nationales. C’est le cas<br />

des maliens qui, durant la période coloniale, faisaient la navette<br />

entre le Mali et le Sénégal pour cultiver les champs d’arachide.<br />

• La migration de transit : La migratixon Sud-Sud sert encore de transit<br />

pour les migrants qui aspirent à se rendre dans les pays du Nord. A<br />

titre d’exemple, les migrants de l’Afrique de l’Ouest vont transiter<br />

par le Cap Vert, la Gambie ou la Guinée ou encore Turquie et<br />

l’Afrique du Nord en dans l’espoir d’y obtenir des documents de<br />

voyage pour se rendre en Europe.<br />

• La migration forcée par les conflits et les catastrophes : Par ailleurs,<br />

nombre de migrants fuient les conflits pour s’établir dans<br />

d’autres pays du Sud à la recherche d’asile. Selon les données<br />

du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés<br />

(UNHCR), le nombre de ces réfugiés dans les pays en développement<br />

était, fin 2005, quatre fois plus élevé que dans les pays<br />

développés. Enfin, les catastrophes dites «naturelles» - la désertification,<br />

l’érosion, la sécheresse, ou encore les inondations, etc.<br />

– ainsi que la pollution, contraignent les populations à émigrer<br />

vers d’autres pays du Sud.<br />

Quelle est l’importance numérique des migrants Sud-Sud ?<br />

Selon la Banque Mondiale, on estime à environ 74 millions le<br />

nombre de migrants qui ont quitté un pays en développement<br />

vers un autre, tout en reconnaissant que ce chiffre est certai-<br />

(suite de l’article p. 10)<br />

DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong><br />

7


Femmes du Niger et de Belgique… Regards croisés<br />

Femmes du Niger et de Belgique…<br />

Regards croisés<br />

Du 7 au 27 mars dernier, des femmes (et quelques hommes) du Niger ont découvert les réalités des<br />

femmes de Belgique. Le projet ARMFD mené par la CTB et visant à renforcer la position socio-économique<br />

des femmes dans la région de Dosso, au Niger, a organisé un voyage d’étude en Belgique.<br />

Une délégation de 15 personnes a sillonné la Belgique à la découverte de réalités nouvelles et en<br />

même temps si semblables... Car les enjeux pour les femmes du Sud et du Nord se ressemblent<br />

parfois très fort, et chacune peut apprendre des autres ! Récit d’un voyage instructif…<br />

Renforcer la position socio-économique des femmes dans la région de Dosso.<br />

© DGCD/M. Sergooris<br />

Dosso, Niger<br />

Le projet «Augmentation des revenus monétaires des femmes dans<br />

la région de Dosso» (ARMFD), s’inscrit dans le cadre du volet<br />

développement social de la coopération nigéro-belge accomplie<br />

par la Coopération Technique Belge. Son objectif principal est de<br />

renforcer la position socio-économique des femmes de la région<br />

de Dosso en augmentant leurs revenus, en allégeant leurs tâches à<br />

travers de petits travaux d’infrastructure et l’achat d’équipement, en<br />

leur assurant l’accès à des moyens financiers (via le micro-crédit),<br />

et surtout en renforçant leurs capacités à travers leur organisation<br />

(groupements, unions...) et leur formation, tout en sensibilisant leur<br />

entourage (leurs maris, les chefs de communautés…). Le projet<br />

accompagne ensuite les femmes dans un processus de valorisation<br />

et d’amélioration de leurs connaissances par l’échange et la formation<br />

technique, afin de diversifier et d’améliorer le<br />

niveau des activités ainsi que leurs compétences en<br />

commerce (calcul des prix, accès aux marchés...).<br />

Les femmes ont largement adhéré au projet.<br />

Indirectement, les hommes, à travers l’amélioration<br />

de la situation des femmes et la prise en compte du<br />

genre dans les activités, voient également la situation<br />

de leur famille s’améliorer.<br />

Une des méthodes importantes du projet est le<br />

renforcement de la confiance en soi (empowerment)<br />

des femmes et la mise en place de comités genre<br />

agissant comme observatoires locaux de la condition<br />

des femmes. L’approche visant à s’appuyer sur<br />

les dynamiques et les résultats, tout en mettant<br />

en œuvre des stratégies limitant les contraintes et<br />

problèmes, permettra au projet de développer son<br />

intervention de manière qualitative et quantitative<br />

et de s’inscrire dans la durée.<br />

Voyage de découvertes et d’échanges<br />

La CTB, en concertation avec la direction du projet<br />

et le Ministère de la Promotion de la Femme<br />

et de la Protection de l’Enfant (MPF/PE), a invité<br />

une délégation nigérienne à accomplir un voyage d’étude en<br />

Belgique à l’occasion de la Journée internationale des Femmes<br />

<strong>2007</strong>. Le groupe était composé de femmes leaders des communautés,<br />

qui assurent l’accompagnement de proximité des groupements<br />

féminins, et de cadres du projet, du Ministère nigérien<br />

de tutelle et des ONG locales partenaires. C’est l’ONG belge<br />

Le Monde selon les femmes qui a été chargée de l’organisation du<br />

contenu technique du voyage d’étude, sur base d’un programme<br />

négocié entre le projet, cette ONG et la responsable thématique<br />

genre de la CTB.<br />

Le voyage d’étude s’est construit dans le cadre du concept de<br />

regards croisés. Pour contribuer au renforcement des compétences<br />

des acteurs locaux partenaires du projet ARMFD, il y a eu :<br />

8 DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong>


Femmes du Niger et de Belgique… Regards croisés<br />

• La formation des participants sur des<br />

sujets de préoccupation (concepts et<br />

outils pour l’analyse de genre, genre et<br />

politique, comment réduire les résistances<br />

au genre) ;<br />

• La prise de contacts et des échanges sur<br />

la situation des femmes en vue de futurs<br />

échanges entre les acteurs du projet<br />

ARMFD et des structures belges ;<br />

• La visibilité des actions du projet en<br />

Belgique auprès d’institutions et du<br />

grand public.<br />

© Le Monde selon les femmes<br />

A cette fin notamment, un film documentaire sur le voyage d’étude<br />

a été réalisé par l’atelier vidéo Graphoui. Il montre les échanges<br />

d’expériences et de pratiques avec des associations belges, les<br />

moments forts de ces rencontres, la découverte des réalités belges<br />

et de nouvelles stratégies, par exemple sur l’alphabétisation.<br />

Le Monde selon les femmes a voulu privilégier la méthode<br />

participative afin que les participants puissent se présenter et présenter<br />

leur projet, prendre<br />

connaissance des<br />

activités me nées à<br />

bien par chacune<br />

des associations<br />

rencontrées, tout en<br />

veillant à ce qu’un<br />

réel échange puisse<br />

s’opérer. En outre,<br />

des outils d’animation<br />

et de formation<br />

© Le Monde selon les femmes<br />

et de nombreux<br />

documents pédagogiques ont été transmis aux membres de la délégation<br />

(la revue Palabras, les Essentiels du Genre, un photolangage, le<br />

livre-jeu «Question de genre», notamment).<br />

Le groupe a en particulier eu l’occasion d’assister à des événements<br />

comme le Parlement des Femmes de la coordination bruxelloise de<br />

la Marche mondiale, et la Journée des<br />

Femmes organisée par Le Monde selon<br />

les Femmes. Il a rencontré des associations<br />

d’éducation permanente comme<br />

l’asbl Le Cactus, l’Action Chrétienne Rurale<br />

des Femmes, l’association Planète femmes,<br />

l’Union des agricultrices wallonnes<br />

ou le Collectif des Femmes de Louvainla-Neuve.<br />

La délégation a été reçue par<br />

les autorités belges et nigériennes. Des<br />

échanges ont encore eu lieu avec des<br />

ONG comme ATOL et AQUADEV, avec<br />

des membres des ONG et des associations de Nigériens résidant<br />

en Belgique.<br />

Actrices de leur développement<br />

Pour bon nombre de groupements et d’associations, le renforcement<br />

de la place et du pouvoir des femmes se réalise grâce à l’auto-estime.<br />

Elles prennent conscience de leurs capacités, deviennent actrices de<br />

leur développement, prennent leur place dans les associations et<br />

groupements, dans leurs famille, leur village et la communauté. Un<br />

nombre important d’entre elles revendique peu à peu la participation<br />

à la prise de décision. Ce processus est dénommé empowerment dans<br />

l’approche «genre».<br />

Au delà de l’amélioration des conditions de vie des femmes et<br />

de leurs familles, c’est la place des femmes dans la société, et leur<br />

statut, qui se trouvent renforcés. L’acquisition de compétences et<br />

de pouvoir économique ou social permet ainsi aux femmes d’avoir<br />

confiance en elles, de prendre place dans la société, d’y être reconnues<br />

comme actrices du développement, d’avoir leur mot à dire<br />

dans les décisions collectives. Cette dynamique requiert une approche<br />

qualitative et une démarche participative parfois plus longue<br />

mais porteuse de plus d’effets à terme.<br />

•<br />

Laetitia Lemmens et Hélène Ryckmans<br />

Chargées de mission au Monde selon les Femmes<br />

www.mondefemmes.org<br />

Un guide méthodologique d’indicateurs d’empowerment<br />

• La Commission Femmes et Développement a élaboré une méthodologie permettant<br />

de construire, avec les partenaires du Sud, des indicateurs spécifiques<br />

capables de mesurer les apports des programmes de développement dans le<br />

processus d’empowerment des femmes.<br />

• Le processus d’empowerment est à la fois individuel (acquisition d’une plus<br />

grande autonomie, renforcement de l’estime de soi et de la capacité de faire<br />

des choix de vie) et collectif (capacité d’un groupe de changer les rapports<br />

de genre au niveau de la société).<br />

• Ce guide méthodologique, outil pratique pour construire les indicateurs<br />

du processus d’empowerment et mieux cerner les réalités et les défis du<br />

renforcement du pouvoir des femmes, est disponible au secrétariat de la<br />

Commission Femmes et Développement.<br />

Infos : Commission Femmes et Développement<br />

Rue de Namur, 59, 1000 Bruxelles • Tel : +32 2 501 44 43 / +32 2 501 41 61 • Cvo-cfd@diplobel.fed.be<br />

http://www.dgcd.be/fr/themes/gender/cfd.html<br />

DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong><br />

9


Migration et Développement<br />

nement en dessous de la réalité car les données statistiques<br />

ne prennent pas en compte les migrants irréguliers dans le<br />

décompte de la migration Sud-Sud. Cette migration irrégulière<br />

est, par nature, difficile à mesurer. Selon toute probabilité, la<br />

proportion des migrants irréguliers Sud-Sud est plus élevée que<br />

celle des migrants Sud-Nord. Cela s’explique entre autre par le<br />

fait que, malgré l’existence de lois sur l’immigration dans les pays<br />

en développement, il n’est pas évident que les gouvernements de<br />

ces pays mettent en oeuvre des mesures suffisamment dissuasives<br />

face à l’émigration illégale.<br />

Qu’apportent les migrants Sud-Sud dans le développement<br />

de leur pays ?<br />

Sur la base des données récentes disponibles fournies par la Banque<br />

Mondiale (2005-2006), les transferts de fonds des migrants à destination<br />

des pays en développement ont atteint près de 200 milliards USD, dont<br />

près de 60 milliards USD en provenance d’autres pays en développement.<br />

La principale destination de l’épargne des migrants va vers la couverture<br />

des besoins de consommation de leurs proches restés dans le pays<br />

d’origine. Ce qui certain, c’est que l’impact économique de la migration<br />

Sud-Sud est bien moindre que celui de la migration Sud-Nord. •<br />

Lansiné Coulibaly<br />

Migration Sud-Sud : le cas du Mali<br />

Avec une superficie de 1 240 000 km 2 et une population estimée à 13,5<br />

millions d’habitants (2005), le Mali, jadis pays de résidence, est progressivement<br />

devenu un grand pays d’émigration par les effets conjugués des<br />

vicissitudes de l’histoire et des conjonctures politico-économiques à partir<br />

de la deuxième moitié du 19 ème siècle.<br />

• Une migration essentiellement intra-africaine : Sur les 4 millions de maliens<br />

qui vivent à l’étranger, la majorité des migrants est recensée en Afrique.<br />

D’abord en Afrique de l’Ouest : la Côte d’Ivoire où l’on dénombre plus<br />

de 2 millions de maliens, le Sénégal, le Ghana, le Nigéria, la Mauritanie et<br />

autres. Ensuite l’Afrique Centrale : les deux Congo, l’Angola, le Gabon, le<br />

Cameroun, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine, et autres.<br />

La diaspora malienne, représentant environ le tiers de la population totale<br />

du pays, se retrouve dans toutes les sphères d’activités, notamment dans<br />

le commerce, le courtage, le secteur agricole, les usines et les chantiers<br />

divers, mais aussi dans les universités, les centres de recherche et les organisations<br />

internationales.<br />

• Des migrants encadrés : La diaspora malienne est encadrée à la fois par les<br />

pouvoirs publics, en l’occurrence le Ministère des Maliens de l’Extérieur et<br />

de l’Intégration Africaine, et les migrants eux-mêmes avec le Haut Conseil<br />

des Maliens de l’Extérieur. Compte tenu de l’importance numérique et<br />

de l’implication de la diaspora dans le processus de développement du<br />

pays, les autorités maliennes projettent de mettre en place la «Maison des<br />

Maliens de l’Extérieur» comme pôle d’information et d’orientation à l’intention<br />

des Maliens qui vivent à l’étranger. A ce projet, il convient encore<br />

d’ajouter celui du Centre d’Etudes et de Recherches sur les Migrations,<br />

dont le financement sera assuré par l’Union Européenne.<br />

• Des migrants impliqués dans le développement : L’implication de la diaspora<br />

malienne dans le développement national est à la fois structurelle et ponctuelle.<br />

La dimension structurelle va du traditionnel soutien au titre de la<br />

subsistance des familles restées au pays à des réalisations plus ambitieuses<br />

au plan de l’investissement privé, notamment dans l’industrie, l’agro-industrie,<br />

les transports, le commerce, la micro-finance ; ainsi qu’au niveau du<br />

développement communautaire par la construction d’écoles, de centres de<br />

santé, de routes, de pistes agricoles, de petits barrages de retenue d’eau, de<br />

puits, de périmètre irrigués, de ponts, etc. De façon plus conjoncturelle, la<br />

© cleanuptheworld<br />

La diaspora malienne se montre fort solidaire de ses communautés<br />

villageoises<br />

diaspora malienne se montre fort solidaire de ses communautés villageoises<br />

chaque fois que ces dernières se sont trouvées éprouvées, comme ce fut le<br />

cas pendant l’invasion acridienne de 2004.<br />

Cette implication est multiforme - économique, politique, sociale et culturelle<br />

- et concerne non seulement l’envoi de fonds, mais aussi l’intermédiation<br />

pour le transfert de compétences et de technologies à destination<br />

du pays d’origine, et l’encouragement des échanges commerciaux entre les<br />

pays d’accueil et les pays d’origine.<br />

• Des migrants réinsérés à leur retour : Dans le cadre du retour volontaire<br />

des migrants, des programmes d’insertion et de réinsertion ont été<br />

développés par les autorités maliennes. A titre d’exemple, la diaspora est<br />

ainsi associée à des projets ruraux comme ceux de l’Office du Niger, un<br />

établissement public à caractère commercial qui gère l’un des périmètres<br />

irrigués les plus étendus de l’Afrique de l’Ouest, aménagé dans le delta<br />

intérieur du fleuve Niger. Celui-ci dispose d’importantes potentialités<br />

agricoles capables d’assurer la sécurité alimentaire du Mali et de la région<br />

ouest-africaine, à la condition d’y poursuivre les aménagements hydroagricoles<br />

adéquats. C’est ainsi, par exemple, que l’Association des Maliens<br />

expatriés de la République de Côte d’Ivoire (AMARCI) a dernièrement<br />

bénéficié de plus de 100 ha dans ce périmètre, ainsi que de 300 ha dans<br />

la Commune de Kita au bord du fleuve Bakoye.<br />

•<br />

10 DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong>


Migration et Développement<br />

© Jo Voets<br />

Le MEDMA, un projet de mobilisation<br />

des Marocains résidant à l’Etranger (MRE)<br />

pour le développement du nord du Maroc<br />

«86% des MRE veulent rentrer !» C’est sous ce titre que l’hebdomadaire marocain Tel Quel (12/2006)<br />

présentait les résultats d’une enquête de l’association Maroc Entrepreneurs réalisée auprès de<br />

cadres et entrepreneurs résidant à l’étranger. Cette insistance sur l’idée du retour peut sembler<br />

paradoxale à l’heure où les discours politiques et institutionnels soulignent la tendance persistante<br />

des Marocains à vouloir émigrer.<br />

Le paradoxe n’est toutefois qu’apparent. Le Maroc<br />

compte aujourd’hui une population émigrée de près<br />

de 3 millions de personnes (soit 10% de la population<br />

nationale) dont la majorité réside dans l’Union européenne.<br />

Cette population résulte de la superposition<br />

de différentes vagues migratoires qui se sont succédées tout au long<br />

du 20e siècle. L’émigration marocaine est donc fortement diversifiée.<br />

Elle compte à la fois des composantes durablement insérées<br />

dans les sociétés européennes et d’autres issues d’arrivages récents.<br />

Ces groupes entretiennent des liens nombreux avec leur pays d’origine.<br />

Un seul indicateur en donne toute la mesure : les transferts<br />

d’épargne. Chaque année, 4 milliards EUR sont envoyés au Maroc<br />

par des Marocains résidant à l’étranger.<br />

Par ailleurs, au sein de certaines catégories de la population<br />

marocaine résidant à l’étranger, les projets de retour se développent<br />

depuis quelques années. Avec le développement économique<br />

et l’ouverture de nouvelles opportunités d’affaires au<br />

Maroc, nombreux sont ceux qui, après avoir fait leurs preuves à<br />

l’étranger, expriment aujourd’hui la volonté de «rentrer au pays»<br />

pour contribuer à y créer leurs propres activités. Dans un tel<br />

contexte, mieux comprendre les articulations entre les différentes<br />

dimensions de la migration marocaine et le développement<br />

du pays s’avère indispensable si l’on veut se donner les moyens<br />

de le favoriser et de mieux le planifier.<br />

DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong><br />

11


Migration et Développement<br />

© Jo Voets<br />

Un programme d’incitation et d’appui<br />

La Coopération belge au développement, par l’entremise de l’Organisation<br />

Internationale pour les migrations (OIM), a dès lors<br />

entrepris de financer l’étude d’un programme d’incitation et d’appui<br />

à l’intention des entrepreneurs issus de l’immigration marocaine qui<br />

souhaitent investir dans des projets divers au Maroc.<br />

A cet effet, deux études d’opportunité et de faisabilité d’un tel<br />

programme ont dès lors été commandées, au début de cette année,<br />

par l’OIM auprès de chercheurs consultants, l’une a été conduite en<br />

Belgique au sein de la communauté marocaine, l’autre au Maroc.<br />

La mission du premier d’entre eux était d’évaluer les initiatives<br />

prises par les petites et moyennes entreprises établies en Belgique,<br />

mais également de s’intéresser aux projets de développement portés<br />

par les très petites entreprises, les réseaux d’étudiants et les<br />

réseaux associatifs. Il s’agissait également de cerner les écueils rencontrés<br />

dans la mise en œuvre de ces initiatives et projets. L’étude<br />

a plus particulièrement concentré son attention sur les initiatives<br />

prises en direction du Nord du Maroc.<br />

La mission du second était, quant à elle, d’aller évaluer sur le terrain<br />

l’évolution économique et sociale de la région du Nord du Maroc,<br />

d’y identifier les opportunités de développement et d’investissement,<br />

ainsi que les initiatives qui soutiennent l’activité financière, et<br />

enfin de consulter les autorités, organisations et institutions de la<br />

région concernées par le développement et la migration. Dans ce<br />

contexte, des instances officielles ont été consultées, parmi lesquelles<br />

le Ministère de la Communauté Marocaine Résidente à l’Etranger,<br />

la Fondation Hassan II, les Directions des Centres régionaux<br />

d’Investissement, ainsi que les associations d’entreprises.<br />

Il ressort de ces nombreux contacts que le partenariat entre les<br />

institutions et les MRE a bénéficié dernièrement d’une série d’initiatives<br />

prises par les autorités marocaines. Le projet MEDMA s’inscrirait<br />

par conséquent dans ce contexte et offrirait un complément<br />

aux services déjà existants.<br />

Suivi du projet<br />

Depuis lors, les résultats de ces études ont déjà fait l’objet d’une<br />

première analyse par un comité de coordination et de suivi (qui<br />

réunissait des membres de l’OIM, de la DGCD, ainsi que des représentants<br />

des autorités marocaines).<br />

Trois points d’intérêt principaux ressortent des recherches effectuées<br />

:<br />

• Les moyens de la mobilisation et la participation de la diaspora;<br />

• Comment optimiser les transferts des fonds : les institutionnaliser,<br />

les collectiviser ?<br />

• L’appui à la capacitation des diasporas et de la région.<br />

L’objectif étant en définitive de prendre adéquatement contact avec les<br />

diasporas, d’en comprendre les perceptions et les attentes, et d’encourager<br />

les initiatives en collectivités – par exemple, mettre ensemble des<br />

transferts économiques privés pour des objectifs communs.<br />

Par ailleurs, les résultats des deux études ont également été présentés<br />

tout dernièrement lors d’un workshop à Rabat, marqué par<br />

l’intérêt du gouvernement marocain. Enfin, un séminaire destiné à la<br />

diaspora sera quant à lui bientôt organisé en Belgique. •<br />

JMC<br />

(D’après les études de M. Hassan Bousetta, chercheur au Centre<br />

d’étude de l’ethnicité et des migrations (CEDEM) à l’Institut des Sciences<br />

Humaines et Sociales de l’Université de Liège, et de M. Hassan Nadir,<br />

économiste consultant)<br />

12 DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong>


Peter Moors, du neuf à la DGCD<br />

DGCD<br />

Une nouvelle tête à la Direction Générale de la Coopération au Développement :<br />

Peter Moors est entré en fonction comme Directeur général en juin dernier.<br />

D’où vient-il et quelles orientations le guideront durant son mandat à la<br />

DGCD ? Lors d’un entretien, celui-ci nous a confié sa vision de la DGCD, en<br />

pleine évolution depuis la création de la Coopération Technique Belge.<br />

© DGCD/Dimitri Ardelean<br />

Peter Moors, nommé Directeur général de la DGCD<br />

depuis le 1er juin <strong>2007</strong>, travaille au sein du SFP Affaires<br />

étrangères depuis 1988. Diplômé de l’UCL en philologie<br />

germanique et de l’Institut d’Etudes politiques de Paris, il<br />

est alors âgé de 27 ans, et entame sa carrière comme stagiaire diplomate.<br />

En 1990, il est nommé en poste à Prague, qu’il quittera pour se<br />

rendre à Rabat, en 1993. De retour en Belgique, il passe d’abord à la<br />

Représentation permanente de la Belgique auprès de l’Union européenne,<br />

puis devient conseiller diplomatique du Premier Ministre<br />

Guy Verhofstadt, spécialisé dans les affaires européennes. En 2004, il<br />

est nommé ambassadeur à Athènes, fonction qu’il a exercée jusqu’à<br />

sa nomination à la tête de la DGCD.<br />

Peter Moors, même s’il n’a formellement jamais travaillé dans le<br />

développement avant d’être nommé à la tête de la DGCD, n’est<br />

pas novice en la matière. Lorsqu’il était en poste au Maroc, il a été<br />

amené à collaborer régulièrement avec la section locale de coopération<br />

au développement. «J’ai visité des projets à plusieurs reprises et<br />

j’ai souvent accompagné le chef de la section pendant ses démarches.».<br />

Une expérience sur le terrain, donc; mais pas seulement. Au cabinet<br />

de Guy Verhofstadt, Peter Moors était également impliqué dans les<br />

décisions politiques relatives au développement. Il a été associé,<br />

entre autres, aux négociations sur la réduction du nombre des pays<br />

partenaires de la coopération belge (de 25 à 18 pays). Fort de ces<br />

expériences, Peter Moors exprime une vision claire et positive de<br />

la DGCD et de son rôle, en Belgique et à l’extérieur.<br />

De l’importance des OMD<br />

Selon Peter Moors, la DGCD devra s’attacher avant tout à la réalisation<br />

des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Le nouveau<br />

Directeur général leur accorde une importance sans précédent. «En<br />

dressant la liste des OMD en 2000, la communauté internationale s’est<br />

enfin fixée un objectif après une décennie d’hésitations, dans les années<br />

1990, quant à l’efficacité de la coopération au développement. Les OMD<br />

ont donné un nouvel élan à la coopération au développement, conforté<br />

ensuite par les attentas du 11<strong>septembre</strong> 2001, qui révélèrent au monde<br />

le lien entre sous-développement et insécurité. (…) Après le 11/09, on a<br />

pris conscience que la situation au Sud pouvait entraîner des conséquences<br />

sérieuses sur la vie quotidienne au Nord. Ces deux évènements ont<br />

donc créé un contexte international propice à la coopération au développement.»<br />

L’objectif poursuivi par les pays du Nord, et réaffirmé par<br />

la Belgique, de consacrer 0.7% de leur revenu national brut à l’aide<br />

au développement d’ici à 2010 illustre cette volonté politique de<br />

reprendre le combat pour le développement des pays du Sud. La<br />

DGCD doit, selon son nouveau patron, tirer parti de ce contexte<br />

favorable pour se renforcer et préciser son rôle.<br />

Plus d’appui à la politique et à la sensibilisation<br />

Selon Peter Moors, le rôle de la DGCD a beaucoup évolué depuis<br />

la création de la CTB, l’agence d’exécution des projets de la coopération<br />

belge au développement. Désormais, la DGCD doit surtout<br />

travailler à la conception des politiques et à la communication sur<br />

le développement. L’administration et son personnel doivent donc<br />

s’adapter à cette évolution et y être formés. «La DGD doit changer<br />

de cap!», propose-t-il. «Elle dispose d’un personnel motivé et compétent<br />

[190 personnes travaillent actuellement au sein de la DGCD] mais dont<br />

la mission change progressivement, et qui aujourd’hui doit être formé. ».<br />

En outre, M. Moors considère la sensibilisation au développement<br />

comme un outil fondamental pour s’assurer le soutien de l’opinion<br />

publique à davantage d’aide publique au développement.<br />

Quant à l’intégration de la DGCD au sein du SFP Affaires étrangères,<br />

elle est une double chance selon son nouveau directeur.<br />

D’une part, les objectifs de la coopération au développement sont<br />

désormais inscrits à l’agenda du SFP Affaires étrangères. D’autre<br />

part, le personnel de l’administration peut profiter de l’expertise<br />

de chacun dans son domaine particulier. «Un employé de la DGCD<br />

peut désormais toujours s’adresser à un collègue des Affaires étrangères,<br />

et vice-versa. De cette manière, la cohérence entre le travail<br />

des uns et des autres est mieux assurée !», précise-t-il. Dans cette<br />

optique, M. Moors organisera des réunions de coordination entre<br />

les différents directorats généraux du SFP Affaires Etrangères, une<br />

initiative insolite.<br />

Le Directeur général souhaite catalyser les points forts et les<br />

atouts de la DGCD (son personnel motivé, son budget croissant,<br />

et un contexte international propice) pour continuer à travailler de<br />

manière efficace mais davantage adaptée aux nouveaux défis de la<br />

coopération au développement.<br />

•<br />

Louise Culot<br />

DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong><br />

13


Rubrique : La petite dimension<br />

Le Prix de la Coopération au Développement 2006<br />

De la sociologie à l’agronomie en passant par la chimie et l’économie, les aspects et les domaines de la recherche<br />

qui peuvent contribuer au développement du Sud sont vastes. Dans le but d’encourager leur expansion, le Prix de<br />

la Coopération au développement a récompensé, ce 14 juin <strong>2007</strong>, les travaux de 21 lauréats issus de tous horizons.<br />

C’est dans le<br />

cadre d’une<br />

politique de<br />

sensibilisation<br />

à la solidarité internationale<br />

que le Prix de la<br />

Coopération au développement<br />

a été instauré en 1998.<br />

L’organisation du prix a été<br />

confiée au Musée royal de<br />

l’Afrique centrale dans le<br />

cadre d’une convention avec<br />

la DGCD, qui finance différentes<br />

activités du Musée<br />

en matière de coopération<br />

au développement.<br />

Les quatorze étudiants qui ont reçu le Prix de la Coopération au développement<br />

sont: Géraldine André (Belgique), José Carlos Arca Vera (Pérou), Francisco José Ayala<br />

Sanmiguel (Colombie), William Dakam (Cameroun), Marc Delgado (Philippines),<br />

Carlos Aníbal Fuentes Rojas (Pérou), Violeta Lujan Flores (Mexique), Sarah Meys<br />

(Belgique), Maya Rivera Mazorco (Bolivie), Honoré Tankoano Mopougouni (Burkina<br />

Faso), Saut Sagala (Indonésie), Lien Terryn (Belgique), Jan Van De Poel (Belgique) et<br />

Katrien Van Uytsel (Belgique). Les lauréats parmi les jeunes chercheurs sont: Toya<br />

Nath Baral (Népal), Justin Komguem (Cameroun), Siméon Kouam (Cameroun), Vu<br />

Thi Minh Nguyet (Vietnam), Elisabeth Paul (Belgique) et Benoît Stijlemans (Belgique).<br />

(Trois d’entre eux ne figurent pas sur la photo).<br />

Cette année, plus de 130<br />

projets ont fait objet de délibération,<br />

dont 81 émanaient<br />

d’étudiants et de chercheurs<br />

étrangers et 54 d’étudiants<br />

et de chercheurs belges. 7<br />

lauréats belges et 13 lauréats<br />

des pays du Sud ont été sélectionnés par le jury. Ce 14 juin <strong>2007</strong>, ceux-ci se<br />

sont vu personnellement remettre leurs prix par le Directeur général de la<br />

DGCD, M. Peter Moors, et M. Guido Gryseels, Directeur du Musée.<br />

Ainsi, M. José Arca Vera a calculé la charge économique représentée<br />

par les enfants de moins de 3 ans atteints de diarrhée<br />

dans les régions pauvres du Pérou. La diarrhée constitue en effet<br />

un sérieux problème de santé publique qui touche les enfants<br />

plusieurs fois par an et dont le coût économique (930.000 USD)<br />

et les conséquences physiques et mentales nuisent au développement<br />

économique du pays. M.Tankoano Mopougouni, du Burkina<br />

Vers l’édition <strong>2007</strong><br />

Faso, a lui, étudié l’impact<br />

de la date de repiquage du<br />

riz sur sa production et<br />

sur la limitation des dégâts<br />

occasionnés par les insectes<br />

ravageurs du riz. Il propose<br />

ainsi des méthodes<br />

pour une augmentation<br />

des ressources alimentaires<br />

ne nécessitant pas<br />

une haute technicité, ce<br />

qui les rend respectueuses<br />

de l’environnement et<br />

aisément accessibles à la<br />

population pauvre. Dernier<br />

exemple parmi d’autres, la<br />

thèse de la belge Elisabeth<br />

Paul, analyse et critique<br />

les différentes composantes<br />

de la chaîne de l’aide,<br />

dans les pays donateurs et<br />

bénéficiaires.<br />

Le Prix de la Coopération au développement s’adresse à des étudiants<br />

et à des jeunes chercheurs. Ils peuvent concourir sur base<br />

d’une thèse de fin d’études du niveau licence ou postgraduat, d’une<br />

thèse de doctorat ou d’une publication. Seuls les travaux ayant une<br />

pertinence suffisante pour le développement sont retenus. La participation<br />

est ouverte tant aux ressortissants belges qu’aux ressortissants<br />

des ‘pays en développement’ tels que déterminés par l’OCDE<br />

(deadline : 5 <strong>octobre</strong> <strong>2007</strong>).<br />

http://devcoprize.africamuseum.be<br />

•<br />

© MRAC<br />

Deux nouveaux rapports de la CNUCED<br />

Les rapports «Le commerce et le développement - Rapport <strong>2007</strong>» et «Les pays les moins avancés - Rapport <strong>2007</strong>» peuvent<br />

être lus et téléchargés sur le site web de la CNUCED (www.cnuced.be). Un résumé est également disponible (www.dgcd.be).<br />

14 DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong>


Rubrique : La petite dimension<br />

CTB : Rapport annuel 2006 Les Objectifs du Millénaire :<br />

à mi-chemin vers 2015<br />

La CTB, l’agence belge de coopération<br />

au développement, affecte chaque<br />

année des ressources financières<br />

de plus en plus conséquentes<br />

aux projets de développement. Les<br />

166 millions EUR dépensés en 2006<br />

représentent ainsi une progression<br />

de quelque 20% par rapport à l’année<br />

précédente.<br />

Afrique, soins de santé et enseignement<br />

: Plus de 75% des dépenses ont été allouées à des projets<br />

localisés sur le continent africain, essentiellement sur l’Afrique centrale.<br />

Les principaux secteurs bénéficiaires sont ceux des soins de santé et de<br />

l’enseignement (50% des activités). Mais la bonne gouvernance, l’agriculture<br />

et la sécurité alimentaire sont d’importants secteurs également.<br />

Reconnaissance sur le plan national et international : Depuis<br />

sa création, une croissance ininterrompue a permis à la CTB de se voir<br />

confier de nouvelles tâches par des instances tant nationales qu’internationales<br />

:<br />

• Ainsi en 2006, la CTB a été chargée de mettre sur les rails le Service<br />

volontaire à la Coopération au Développement, un programme qui permet<br />

aux jeunes d’acquérir une première expérience professionnelle<br />

à l’étranger dans les pays en développement. Pour cette première<br />

année, 29 premiers volontaires ont déjà été envoyés. La CTB s’est<br />

encore vue confier la mise en œuvre en République démocratique<br />

du Congo et au Burundi d’un programme post-électoral d’urgence,<br />

d’un montant de l’ordre de 40 millions EUR.<br />

• D’autre part, la CTB exécute en Équateur un projet de santé pour<br />

le compte de la Commission européenne, qui l’a également mandatée<br />

pour réaliser au Mali un projet de décentralisation. De plus, la<br />

Banque mondiale vient dernièrement de confier à la CTB la mise en<br />

œuvre de deux projets de santé au Congo. Enfin, et depuis six ans<br />

déjà, l’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA), située à<br />

Vienne, confie, elle aussi, la réalisation de ses programmes de bourses<br />

en Belgique à la CTB.<br />

Un objectif clair pour l’an 2010 : La CTB souhaite renforcer<br />

encore la coopération bilatérale, avec l’objectif de concrétiser l’engagement<br />

pris par la Belgique d’affecter, d’ici à 2010, au moins 0,7%<br />

du Revenu National Brut (RNB) à des activités de coopération au<br />

développement.<br />

Le Rapport annuel 2006 de la CTB peut être obtenu gratuitement<br />

en français, néerlandais, anglais et espagnol en envoyant un courriel à<br />

INFO@BTCCTB.ORG. Il peut de même être téléchargé via la page<br />

«Publications».<br />

•<br />

Le 1 er juillet <strong>2007</strong>, nous étions à mi-parcours de la<br />

période convenue pour la réalisation des 8 Objectifs<br />

de Développement du Millénaire (2000-2015). Le<br />

rapport rédigé à cette occasion par les Nations Unies<br />

affiche des résultats mitigés.<br />

L’objectif de réduction de moitié de l’extrême pauvreté d’ici<br />

2015 a enregistré les progrès les plus notables. Le nombre de<br />

personnes qui doit vivre avec moins de 1 dollar par jour a en<br />

effet été ramené de 32% (1,25 milliard de personnes en 1990)<br />

à 19% (980 millions en 2004). Il semble donc que cet objectif<br />

soit en bonne voie d’être atteint. Des évolutions positives se<br />

dessinent aussi pour d’autres objectifs : le nombre d’enfants<br />

des pays en développement ayant accès à l’enseignement primaire<br />

a augmenté (88% en 2005 contre 80% en 1991), la mortalité<br />

infantile a baissé dans le monde entier, grâce principalement<br />

à des interventions efficaces et peu onéreuses comme la<br />

vaccination contre la rougeole, et des progrès ont été réalisés<br />

dans la lutte contre le paludisme et la tuberculose.<br />

Dans d’autres domaines, les constats sont toutefois moins<br />

prometteurs. Ainsi, l’image positive en matière de lutte contre<br />

la pauvreté, de sous-alimentation et de mortalité infantile<br />

s’avère largement être la conséquence de la croissance économique<br />

en Chine, en Inde et en Asie du Sud-Est. En Afrique<br />

subsaharienne, malgré une baisse de 6% depuis 1990, la pauvreté<br />

touche toujours 41% de la population, tandis qu’en Asie<br />

occidentale, le nombre de pauvres a doublé dans la période<br />

1990-2004. Chaque année également, plus d’un demi-million<br />

de femmes meurent toujours d’affections pourtant évitables<br />

et traitables, au cours de leur grossesse ou durant l’accouchement.<br />

Le nombre de morts du sida de par le monde est passé<br />

de 2,2 millions en 2001 à 2,9 millions en 2006, laissant plus<br />

de 15 millions d’enfants orphelins. La moitié de la population<br />

des pays en développement n’a pas accès à des infrastructures<br />

sanitaires de base.<br />

Une cause importante du manque de progrès général est la<br />

répartition inégale de la croissance économique. En outre,<br />

des facteurs tels que l’insécurité et l’instabilité, engendrées<br />

par les conflits armés ou le VIH/sida, ont freiné la réalisation<br />

des Objectifs du Millénaire dans certains pays. De notables<br />

succès ont certes été enregistrés, mais le rapport appelle à<br />

une volonté d’action résolue de la part de toutes les parties<br />

concernées si les Objectifs de développement doivent être<br />

réalisés dans le monde entier d’ici 2015.<br />

Le rapport complet peut être téléchargé à l’adresse suivante :<br />

http://www.un.org/french/millenniumgoals/docs/mdg_<strong>2007</strong>.pdf<br />

DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 9/<strong>2007</strong><br />

15


D G C D<br />

Rapport d’activités 2006<br />

DGCD Rapport d’activités 2006<br />

En 2006, l’aide publique belge<br />

au développement s’est élevée<br />

à 1,575 milliard EUR, soit<br />

0,50% du Revenu National Brut. Sur ce<br />

montant, 53% ont été gérés par la Direction Générale de la<br />

Coopération au Développement. Le rapport d’activités 2006<br />

de la DGCD présente une vue d’ensemble des nombreux<br />

programmes de développement grâce auxquels la Belgique<br />

soutient le développement durable et contribue à l’amélioration<br />

des conditions de vie de millions de familles, essentiellement<br />

en Afrique. Le rapport d’activités souligne également les<br />

lignes de force de la politique belge de développement dans le<br />

contexte européen et international où se déploient les activités<br />

de la DGCD.<br />

Service Public Fédéral Affaires étrangères, Commerce éxtérieur<br />

et Coopération au Développement<br />

DGCD - Direction Générale de la Coopération au Développement<br />

La politique de développement du gouvernement belge se dessine<br />

de plus en plus nettement à la lumière des accords européens et<br />

internationaux. L’européanisation de la coopération au développement<br />

des Etats membres de l’UE se précise, ce qui se ressent<br />

aussi au niveau de la politique belge de développement. Par ailleurs,<br />

la Belgique continue à s’investir dans la réalisation des Objectifs du<br />

millénaire. Enfin, les pouvoirs publics travaillent à l’application des<br />

nouveaux accords internationaux entre les pays en développement et<br />

les pays donateurs pour une aide efficace (Déclaration de Paris).<br />

Cette Déclaration de Paris prend forme dès lors dans la coopération<br />

gouvernementale au développement qui rassemble les pouvoirs<br />

publics belges et ses 18 pays partenaires. En 2006, lors du renouvellement<br />

des accords de coopération avec un certain nombre de pays<br />

partenaires, les instances belges et les gouvernements de ces pays ont<br />

concrétisé l’exercice parisien. La DGCD et l’attaché à la coopération<br />

au développement, responsable sur le terrain du dialogue politique avec<br />

le pays partenaire, ont mis en oeuvre les nouvelles directives pour une<br />

aide au développement efficace au sein des Commissions mixtes.<br />

Le contexte international au sein duquel la DGCD prépare et gère<br />

la politique belge de développement se reflète dans la coopération<br />

multilatérale. Les contributions financières aux Nations unies, aux<br />

institutions financières internationales et à l’Union européenne ont<br />

constitué, en 2006 aussi, le poste de dépenses le plus important du<br />

budget de la DGCD.<br />

Les besoins humanitaires consécutifs aux catastrophes naturelles,<br />

aux conflits armés et aux guerres ont à nouveau été très élevés<br />

en 2006 : 160 millions de personnes ont eu besoin d’aide humanitaire.<br />

En conséquence, le budget belge pour le financement des<br />

actions humanitaires a fortement augmenté depuis 2001.<br />

La coopération non-gouvernementale a poursuivi en 2006 la<br />

réforme du cofinancement des ONG. Cette réforme encourage<br />

une approche par programme, et offre aux ONG plus de sécurité<br />

financière tout en allégeant les procédures administratives.<br />

Le rapport d’activités 2006 de la DGCD détaille encore les projets<br />

du Fonds belge de Survie, la contribution belge à la lutte contre<br />

le sida, ainsi que les activités de sensibilisation de la DGCD.<br />

Le rapport d’activités 2006 de la DGCD est disponible gratuitement<br />

en français, néerlandais et anglais et peux être commandé via<br />

le site web de la DGCD (www.dgcd.be – rubrique ‘Publications’)<br />

ou via courriel: jeroen.francois@diplobel.fed.be. Une version pdf<br />

du rapport est également consultable et téléchargeable sur le site<br />

web de la DGCD.<br />

CHANGEMENT D’ADRESSE / DEMANDE<br />

D’ABONNEMENT GRATUIT<br />

L E J O U R N A L D E L A<br />

COOPÉRATION BELGE<br />

Périodique bimestriel de la Direction générale<br />

de la Coopération au Développement (DGCD)<br />

Retourner le cadre dûment complété à :<br />

DGCD - Direction Programmes de Sensibilisation<br />

<strong>Dimension</strong> 3<br />

Rue des Petits Carmes, 15<br />

1000 Bruxelles (Belgique)<br />

Rédaction:<br />

DGCD - Direction Programmes de<br />

Sensibilisation<br />

Rue des Petits Carmes 15<br />

B-1000 Bruxelles<br />

Tél.: 02/501 48 81 - Fax: 02/501 45 44<br />

E-mail: info.DGCD@diplobel.fed.be<br />

www.diplomatie.be<br />

www.dgcd.be<br />

Secrétariat de rédaction:<br />

Elise Pirsoul<br />

Jean-Michel Corhay<br />

Graphisme et production:<br />

www.inextremis.be<br />

Les articles publiés ne représentent pas<br />

nécessairement le point de vue officiel de<br />

la DGCD ou du gouvernement belge.<br />

La reproduction des articles est autorisée<br />

pour autant que la source soit<br />

mentionnée et qu’une copie de la<br />

publication soit envoyée à la rédaction.<br />

<strong>Dimension</strong> 3 paraît 5 X par an<br />

Abonnement:<br />

gratuit en Belgique et à l’étranger<br />

Imprimé sur papier blanchi<br />

sans chlore<br />

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