08.06.2014 Views

Les arts de bâtir

Les arts de bâtir

Les arts de bâtir

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>Les</strong> <strong>arts</strong> <strong>de</strong> <strong>bâtir</strong>,<br />

les techniques<br />

et les hommes<br />

Pays <strong>de</strong> la pierre par excellence, le Liban n’a que peu<br />

exploité dans son architecture l’utilisation <strong>de</strong> la terre et du<br />

bois pourtant abondant sur son territoire. <strong>Les</strong> <strong>arts</strong> <strong>de</strong> la taille<br />

<strong>de</strong> pierre sont développés : les diversités locales exploitent<br />

largement les possibilités <strong>de</strong>s matériaux à disposition, tant<br />

sur le plan technique que sur le plan esthétique ou même<br />

artistique… Le noir du basalte, le gris, l’ocre, le jaune ou le<br />

blanc du calcaire, l’ocre jaunâtre du grès : autant <strong>de</strong> couleurs<br />

qui ajoutent au parement <strong>de</strong> pierre sa touche <strong>de</strong> variété<br />

d’appartenance géographique et <strong>de</strong> vibration visuelle.<br />

<strong>Les</strong> techniques <strong>de</strong> la pierre, restent très bien assimilées par<br />

les artisans, dénotent d’un savoir faire soli<strong>de</strong>ment ancré dans<br />

l’histoire du bâti traditionnel local, qui apparaît à différents<br />

niveau : angles, linteaux et encadrements ouvragés, arca<strong>de</strong>s,<br />

corniches, etc. <strong>Les</strong> techniques <strong>de</strong> la pierre taillée au Liban ont<br />

toujours été transmises <strong>de</strong> père en fils et la coupure imposée<br />

par la guerre n’a pas vraiment affecté les tailleurs <strong>de</strong> pierre.<br />

On ne peut malheureusement pas en dire autant <strong>de</strong>s autres<br />

matériaux disponibles comme la terre ou le bois, les<br />

techniques d’enduits et celles <strong>de</strong>s planchers en terre ou en<br />

pierres : elles ont quasiment disparu du savoir-faire local.<br />

La notion du local ne se limite pas aux matériaux : elle<br />

englobe également les techniques et les savoirs - faire<br />

dans un ensemble indissociable d’une certaine idée du<br />

patrimoine, marqué par <strong>de</strong>s facteurs culturels ou<br />

économiques. Homme <strong>de</strong> l’art, l’homme <strong>de</strong> métier<br />

cherche traditionnellement à magnifier les ressources<br />

disponibles, à développer les capacités constructives, à<br />

sublimer les performances dans la contrainte. <strong>Les</strong> <strong>arts</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>bâtir</strong>, héritiers <strong>de</strong> techniques ancestrales, ne sont pas<br />

neutres : ils sont la pierre d’angle dans la<br />

compréhension et la réalisation <strong>de</strong> constructions, qui<br />

procè<strong>de</strong>nt elles-mêmes d’un système d’adaptation entre<br />

matériaux locaux, techniques et savoir - faire<br />

communautaires <strong>de</strong> référence. Aujourd’hui, la disparition<br />

<strong>de</strong> ces ressources et <strong>de</strong> ces effectifs est, avec le manque<br />

d’entretien, un <strong>de</strong>s facteurs majeurs <strong>de</strong> la désintégration<br />

du bâti traditionnel, notamment au niveau <strong>de</strong> ses<br />

enveloppes et <strong>de</strong> ses structures.<br />

La structure verticale, les murs<br />

- <strong>Les</strong> murs <strong>de</strong> pierre<br />

La variété d’aspect est considérable selon les types <strong>de</strong><br />

murs, les matériaux et le type <strong>de</strong> finition. <strong>Les</strong> murs en<br />

pierres taillées sont généralement réalisés par un tailleur <strong>de</strong><br />

pierre alors que pour les murs en pierres équarries ou<br />

brutes, le travail est réalisé par un maçon. <strong>Les</strong> murs en<br />

pierres taillées et dressées soigneusement ne sont pas<br />

l’apanage <strong>de</strong>s édifices <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> prestige : ils<br />

sont présents sur l’ensemble du territoire.<br />

La pierre calcaire est prédominante, la proximité et<br />

l’abondance <strong>de</strong>s carrières rendant son coût accessible.<br />

L’aspect <strong>de</strong> finition recherché est celui d’une texturation<br />

fine résultant <strong>de</strong> l’emploi d’outils comme la chahouta (et<br />

plus tardivement l’emploi <strong>de</strong> la bouchar<strong>de</strong> avec la<br />

chahouta). La pierre <strong>de</strong> calcaire blanche reste la préférée<br />

<strong>de</strong>s tailleurs <strong>de</strong> pierre en terme <strong>de</strong> couleur, ce qui n’exclut<br />

pas <strong>de</strong>s inclusions <strong>de</strong> pierres calcaires <strong>de</strong> dureté et couleur<br />

différentes pour <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> polychromie, notamment<br />

dans les angles et dans les baies.<br />

La pierre taillée et simplement équarrie est également<br />

présente dans l’intégralité du pays. Elle est moins régulière<br />

et souvent la hauteur du bloc est donnée par son lit <strong>de</strong><br />

carrière et seules quatre faces sont retouchées. Cette<br />

technique donne un appareil assisé, parfois réglé. On la<br />

retrouve sous forme d’un matériau plus dur, calcaire en<br />

général, mais aussi en grès dunaire sur les côtes et en<br />

basalte au Nord du Pays dans les régions du Akkar.<br />

Baakline<br />

La pierre brute hourdée est présente sous une gran<strong>de</strong><br />

variété d’aspects et <strong>de</strong> dimensions dictés par la diversité <strong>de</strong><br />

sa nature et <strong>de</strong> sa provenance : basalte du Nord, grès<br />

dunaire sur les côtes et <strong>de</strong> nombreux calcaires très<br />

différents. La pierre reçoit très peu d’interventions <strong>de</strong> taille<br />

et ses maçonneries nécessitent beaucoup <strong>de</strong> mortier et<br />

d’éléments <strong>de</strong> côtes <strong>de</strong> petites dimensions. Le réglage <strong>de</strong>s<br />

assises est souvent dû à la régularité du matériau brut.<br />

Certaines maçonneries qu’on retrouve dans les maisons <strong>de</strong><br />

la plaine <strong>de</strong> la Békaa reprennent une technique <strong>de</strong><br />

construction en épi, qui perdure <strong>de</strong>puis l’âge du bronze.<br />

La pierre sèche est utilisée pour <strong>de</strong> petits édifices et<br />

généralement dans la moyenne montagne libanaise. Cette<br />

technique, bien qu’assez frustre, exige un savoir - faire<br />

assez évolué pour assurer la stabilité <strong>de</strong> la maçonnerie. En<br />

effet, l’absence <strong>de</strong> mortier nécessite une bonne<br />

organisation interne <strong>de</strong>s blocs d’où l’importance d’un<br />

calage rigoureux, et une attention particulière à<br />

l’écoulement <strong>de</strong>s eaux hors <strong>de</strong> la maçonnerie.<br />

L’aspect brut du matériau est souvent gardé en finition<br />

surtout dans le cas <strong>de</strong>s pierres calcaires <strong>de</strong> bonne facture. Un<br />

jointoiement en creux, (beaucoup plus tardivement en relief<br />

et avec une autre couleur) vient compléter l’effet recherché.<br />

Quand l’appareil n’est pas assez régulier un badigeon ou<br />

un enduit <strong>de</strong> chaux est appliqué directement sur la pierre<br />

pour unifier l’aspect du mur. Ce <strong>de</strong>rnier n’est pas seulement<br />

19

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!