Dossier pédagogique
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<strong>Dossier</strong> pédagogique<br />
Caraïbe en<br />
expansión<br />
exposition du 20 nov.<br />
au 13 déc. 2011<br />
Centre Culturel de Rencontre<br />
Fonds Saint-Jacques<br />
Sainte-Marie<br />
Conception graphique : . Outsourcing o el Norte y el Sur, 2010 d’Abel Barroso. Photo : Ricardo Elías
Sommaire<br />
Genèse du projet 2<br />
à propos de l’exposition... 2<br />
à propos du curator … 2<br />
C’est quoi l’art contemporain ? 3<br />
Visites commentées 3<br />
Pistes pédagogiques 3<br />
Informations pratiques 3<br />
Contacts 3<br />
Abel Barroso 4<br />
Christian Bertin 6<br />
Hervé Beuze 8<br />
Jean-François Boclé 10<br />
Ernest Breleur 12<br />
Ras Ishi Butcher 14<br />
David Gumbs 16<br />
Habdaphaï 18<br />
Alida Martinez 20<br />
Raquel Paiewonsky 22<br />
Bruno Pédurand dit IWA 24<br />
Shirley Rufin 26<br />
Karine Taïlamé 28<br />
Crédits photographiques 30<br />
Glossaire 31<br />
<strong>Dossier</strong> réalisé par Agata Frankowska-Thuinet<br />
agatafrankowska@gmail.com<br />
1
Genèse du projet<br />
Ce projet d’exposition est né d’une résidence qu’a réalisée José Manuel<br />
Noceda lors d’un séjour à la Martinique en octobre 2010. À l’initiative de la<br />
Direction des Affaires Culturelles de Martinique (ex DRAC). Durant une<br />
semaine, il a pu rencontrer plusieurs artistes martiniquais et échanger avec eux dans<br />
leurs ateliers.<br />
Ce séjour a permis au curator* de sélectionner plusieurs artistes et de débuter<br />
une réflexion sur le projet de l’exposition ayant pour intention de contribuer au<br />
développement de la communication entre les artistes martiniquais et caribéens.<br />
à propos de l’exposition...<br />
… « L’exposition présente une vision contemporaine des scènes artistiques de<br />
la Martinique et des Caraïbes, et leur complexité, étrangère à toute lecture univoque<br />
de la culture et des pratiques artistiques caribéennes. Elle structure des sens à partir<br />
d’une production symbolique dérivée de problématiques historiques et culturelles,<br />
qui met en exergue le sens critique de l’art après avoir disséqué l’alibi historique de<br />
ces pays. »<br />
… « Caraïbe en expansion ne suit pas de fondement générationnel, mais met<br />
en dialogue les artistes de différents âges qui convergent dans cette vocation<br />
d’actualité… »<br />
[Extrait du catalogue d’exposition – José Manuel Noceda]<br />
à propos du curator …<br />
Spécialiste de l’oeuvre de Wifredo Lam mais aussi de l’art contemporain de la<br />
Caraïbe et de l’Amérique Latine, José Manuel Noceda, historien d’art est commissaire<br />
d’exposition du Centre Wifredo Lam qu’il a également co-dirigé entre 2001 et 2005.<br />
C’est l’un des commissaire de la Biennale de la Havane pour laquelle il est<br />
responsable de la sélection des artistes de la Caraïbe. Fréquemment invité à<br />
sélectionner les participants de différentes biennales de la zone Caraïbe et latinoaméricaine<br />
comme celles de République Dominicaine ou de l’Équateur, il fut<br />
commissaire général de la X biennale de Cuenca en 2010. Il prépare actuellement<br />
avec Orlando Britto l’exposition Transverso, installations et nouveaux media en<br />
Amérique latine, programmée en Septembre 2012 à l’Institut d’Art Moderne de<br />
Valence en Espagne.<br />
Auteur de nombreux articles et essais, il est en outre l’éditeur général de la<br />
revue Fotografia Cubana ainsi que membre du comité éditorial de la revue Arte Sur,<br />
publication internationale des pays composant l’ALBA.<br />
Il donne des conférences dans des universités, des établissements<br />
d’enseignement supérieur à Cuba et ailleurs. Il collabore avec la Faculté des Arts et<br />
des Lettres de l’Université de La Havane.<br />
* Tous les mots marqués d’un astérisque sont à retrouver dans le Glossaire à la fin du document<br />
2
C’est quoi l’art contemporain ?<br />
L’art contemporain c’est l’art de notre temps. Les artistes contemporains sont des êtres comme nous,<br />
qui vivent dans la même réalité. Ils vivent des choses, observent la société qui les entoure, l’endroit<br />
qu’ils habitent – et essaient de partager ce qu’ils ressentent avec les spectateurs. Ils utilisent pour cela<br />
des moyens très différents, souvent empruntés à l’époque dans laquelle ils vivent. Parfois c’est même<br />
leur propre corps qui devient le support de leur propos.<br />
Visites commentées<br />
Le parcours choisi propose de découvrir la diversité de modes d’expression des artistes – en<br />
commençant par la peinture, pour arriver par l’art-objet et l’installation jusqu’aux œuvres interactives.<br />
La visite met l’accent sur la capacité d’observation, d’analyse et d’imagination des élèves,<br />
son but est de, en accord avec les programmes de l’Histoire des Arts, favoriser la curiosité de<br />
l’élève et l’échange des impressions dans un esprit de dialogue. L’élève sera sensibilisé aux<br />
formes, techniques et significations des œuvres contemporaines.<br />
Ainsi, chaque œuvre est abordée d’abord par une description orale collective :<br />
Comment faut-il la regarder ? d’un point fixe ? en se déplaçant ?<br />
Que voit-on de loin et de près ?<br />
Qu’est-ce qui nous frappe ? Comment l’œuvre est-elle construite ?<br />
Peut-on reconnaître les matériaux ? Quelles pistes peuvent-ils nous donner ?<br />
A quoi elle nous fait penser ? Qu’est-ce que voulait exprimer l’artiste ?<br />
C’est en avançant dans ce dialogue que le médiateur apporte des informations pour nourrir la<br />
réflexion. Des pistes de réflexion proposées permettront d’élargir la séance et d’aborder d’autres<br />
œuvres ou thématiques.<br />
Pistes pédagogiques<br />
Travail autour de la carte et du territoire<br />
Travail autour du corps<br />
Travail autour des symboles<br />
La place du spectateur dans l’art contemporain<br />
Les visites en direction des classes de l’école primaire pourront être accompagnées d’un atelier<br />
pratique en lien avec l’exposition.<br />
Merci de nous contacter afin de connaître les modalités.<br />
Informations pratiques<br />
Les groupes sont accueillis sur réservation uniquement.<br />
Les groupes ayant un effectif supérieur à 30 personnes sont obligatoirement divisés en deux.<br />
L’accueil des classes et des groupes se fera les mardis et jeudis sur rendez-vous et exceptionnellement<br />
les autres jours.<br />
Visite réservée aux enseignants : le mercredi 23 novembre à 10h. Inscription conseillée<br />
Contacts<br />
arterritoire@gmail.com<br />
Agata 06 96 05 49 57<br />
3
Abel Barroso (né en 1971, vit et travaille à la Havane, Cuba)<br />
art-objet, sculpture<br />
Abel Barroso est diplômé de l’Institut Supérieur d’Art et de l’École Nationale d’Arts Plastiques de la<br />
Havane. Son travail propose une vision critique de l’accumulation des richesses et des relations<br />
géopolitiques entre les pays développés et le « tiers monde ». Il a redonné une modernité à la gravure,<br />
qui devient dans ses œuvres un point de départ pour un travail en trois dimensions, ou même à la<br />
performance. Il a reçu de nombreux prix internationaux, ses œuvres se trouvent dans des collections<br />
au Canada, au Cuba, en Europe et aux États-Unis.<br />
« Intolérance ou Dîner à la frontière » 2009 « Outsourcing » 2010<br />
Xylographie*, sculpture*<br />
Les œuvres d’Abel Barroso peuvent<br />
faire penser à de vieux jouets, des<br />
maquettes en bois qui nous renvoient aux<br />
objets de notre enfance. En faisant appel à<br />
la nostalgie du spectateur, il donne une force<br />
supplémentaire à son propos politique.<br />
Intolérance ou Dîner à la frontière,<br />
réalisée en bois, est une maquette d’un<br />
territoire symbolique. D’un côté des<br />
maisonnettes, de l’autre – des buildings, au<br />
milieu – une table entourée de chaises,<br />
divisée en deux par un mur. Le socle rond,<br />
dont la face du haut s’avère être une carte du<br />
monde, devient une scène de théâtre. Au<br />
milieu un mur, qui divise la Terre en deux.<br />
Le dîner censé être un moment de partage<br />
au sein de la famille ou de la communauté,<br />
devient ici irréalisable. Cette impossibilité<br />
de partager un repas commun symbolise à<br />
l’échelle mondiale l’impossibilité du partage<br />
des richesses.<br />
La même frontière, cette fois en<br />
forme de faille, divise en deux le globe<br />
terrestre dans Outsourcing. On observant<br />
les longitudes, on se rend compte qu’elles ne<br />
peuvent pas se rencontrer, du Nord au Sud.<br />
Si on les aligne, ce sont les continents qui se<br />
trouveraient décalés. L’hémisphère Nord et l’hémisphère Sud se trouvent dissociées et évoluent<br />
indépendamment, comme si elles tournaient dans deux sens opposés.<br />
Les œuvres de Barroso sont une cartographie sociale contemporaine. Ses maquettes et cartes<br />
« truquées » dénoncent la dichotomie entre le Nord et le Sud, ainsi que les politiques mises en place<br />
par les pays riches pour empêcher les migrations vers le Nord. Les frontières d’aujourd’hui n’ont plus<br />
le même sens et deviennent des véritables murs, par lesquels seules les marchandises peuvent circuler.<br />
4
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège : Thématique Arts, espace, temps – piste L’œuvre d’art et la place du corps et de l’homme<br />
dans le monde et la nature, Les déplacements dans le temps et l’espace et leur imaginaire<br />
Lycée : Thématique Arts, sociétés, cultures – piste L’art et les autres<br />
Thématique Arts et économie – piste L’art et ses discours<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- S’imaginer comment se déroule le « dîner à la frontière ». Qui est convié de chaque côté, que<br />
mange-t-on, partage-t-on les plats entre deux familles ? Comment vit-on de chaque côté de la<br />
frontière ?<br />
- Carte et globe terrestre – l’apparition du globe date de l’époque des Grandes Découvertes.<br />
C’est une carte bien particulière qui ne présente plus le monde simplement comme espace,<br />
mais comme objet. Un objet que l’on peut posséder. (CM1 – Carte, Grandes Découvertes,<br />
Collège –Histoire des Arts, Thématique Arts, Etats et pouvoir – piste L’œuvre d’art et le<br />
pouvoir)<br />
- Les grands murs dans l’histoire - La Muraille de Chine, le Mur de Berlin, le mur entre l’Israël<br />
et les territoires palestiniens.<br />
Œuvres à mettre en relation :<br />
- Différentes formes d’engagement – comparer la démarche d’Abel Barroso avec celle de<br />
Banksy- graffitis sur le mur de Gaza http://www.banksy-art.com/artiste-engage.html<br />
5
Christian Bertin (né en 1952, vit et travaille à Bellefontaine, Martinique)<br />
installation<br />
in situ<br />
Christian Bertin, originaire du quartier populaire de Trénelle Citron à Fort-de-France est diplômé des<br />
Beaux-Arts de Mâcon. Son travail, s’articule autour de deux préoccupations : l’éruption de la Montagne<br />
Pelée et la traite négrière. Ces deux éléments, liés pour la Montagne Pelée à la violence des éléments<br />
naturels et pour la traite, à la violence des humains à travers le commerce triangulaire, sont pour<br />
l’artiste significatifs de drames qui ont marqués profondément la vie et l’imaginaire des Martiniquais.<br />
Soleil Nègre 2011<br />
installation, bidons, palettes de transport, vêtements, papiers, peintures<br />
Soleil Nègre est une installation in situ* dans l’espace extérieur du Fonds Saint-Jacques. Elle<br />
est créée avec des bidons,<br />
palettes, vêtements et<br />
papiers, sur lesquels<br />
l’artiste est intervenu<br />
avec de la peinture. Ces<br />
totems, que l’artiste<br />
préfère nommer<br />
« esprits » guident l’œil<br />
du spectateur dans<br />
l’espace de l’ancienne<br />
exploitation sucrière,<br />
l’encouragent à<br />
s’aventurer dans le<br />
jardin, en rythmant ses<br />
déplacements. Christian<br />
Bertin construit un<br />
mémorial* éphémère<br />
pour rendre l’espace du<br />
Fonds Saint-Jacques aux<br />
génération d’esclaves qui<br />
durent y travailler.<br />
Il créé ses œuvres dans une démarche d’appropriation. Les objets prélevés dans le réel<br />
remplacent la représentation*. L’usage ancien des objets utilisés disparaît, mais ce qui reste, c’est leur<br />
histoire. Ils ont voyagé, ont échoué à la plage, ont été perdus ou jetés par leurs propriétaires Parfois<br />
ils ont été travaillés par les intempéries où la mer. Ils portent en eux une mémoire. Les palettes<br />
évoquent le déplacement, ainsi que le commerce dans le contexte insulaire.<br />
Ce ne sont pas des matériaux nobles, mais des rebuts qui parlent de la société qui les a<br />
produits et délaissés. Christian Bertin les a récoltés au gré de ses errances – au bord de la mer (dans la<br />
zone de 50 pas géométriques), dans une prison désaffectée, à la campagne.<br />
Ici, ce processus de récupération est double. En réalité, les bidons qui ont servi à la<br />
construction du Soleil Nègre, proviennent d’une installation qui était restée exposée dans le terrain de<br />
l’atelier de l’artiste pendant de longs mois. A l’époque, sous forme d’un serpent rouge, elle fût couverte<br />
par l’artiste accompagné par ses étudiants de citations d’Aimé Césaire et de Frantz Fanon. Le serpent<br />
est donc devenu soleil, comme en écho au poème Soleil serpent du recueil Les armes miraculeuses.<br />
En s’approchant de ces tours de bidons, on s’aperçoit sur certains papiers collés le visage<br />
d’Aimé Césaire ainsi qu’une inscription « Soleil Noir ». Il s’agit ici de photocopies d’un article sur le<br />
6
poète, qui était accompagné de reproductions de peintures que Christian Bertin avait réalisées, inspiré<br />
par son père spirituel. Ses poèmes se trouvent d’ailleurs souvent incorporés à l’intérieur des œuvres,<br />
ou même distribués sur de petits papiers aux passants, lors de performances.<br />
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège : Thématique Arts, Etats et pouvoir – piste L’œuvre d’art et la mémoire<br />
Thématique Arts, ruptures, continuités – piste L’œuvre d’art et sa composition<br />
Lycée : Thématique Arts, mémoire, témoignages, engagements – piste L’Art et la<br />
commémoration<br />
Thématique Arts, contraintes, réalisations – piste L’art et les étapes de la création<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- Faire une liste des matériaux utilisés par Christian Bertin.<br />
- Intervention dans le paysage. Comment l’œuvre interagit avec le lieu où elle est présentée ?<br />
- Expression écrite – analyser l’œuvre de Christian Bertin à partir de la citation de Kurt<br />
Schwitters « On peut crier avec des ordures et c’est ce que je fis, en les collant et les clouant<br />
ensemble »<br />
Œuvres à mettre en relation :<br />
- L’usage des matériaux chez Serge Hélenon<br />
- Les objets affectifs de Christian Boltanski<br />
- Kurt Schwitters – recours à des matériaux de rebut<br />
7
Hervé Beuze (né en 1970, vit et travaille à Fort-de-France, Martinique)<br />
art-objet<br />
Diplômé de l’Institut Régional d’Arts Visuels de Martinique, Hervé Beuze développe un travail<br />
d’installation par laquelle il tente de cerner l’identité martiniquaise. La carte de la Martinique devient<br />
dans son œuvre une véritable matrice. Déclinée par l’artiste, peinte ou faite d’assemblages de<br />
matériaux symboliques, elle révèle les multiples facettes de ce territoire.<br />
« Matrices » 2009<br />
Métal, riveté, acrylique<br />
Trois cartes de la Martinique visibles dans l’exposition font partie d’une série bien plus<br />
importante. C’est une image qui revient sans cesse dans le travail de Hervé Beuze, sous différentes<br />
formes – peinte, créée sous forme<br />
de collage photographique, faite<br />
d’assemblages d’objets diverses,<br />
recréée en version monumentale<br />
avec des matériaux naturels.<br />
Chaque déclinaison est une<br />
réponse possible à la question de<br />
l’identité du territoire martiniquais.<br />
Comme le dit l’artiste, c’est une<br />
« tentative de dire<br />
un nous collectif ».<br />
Entre une cartographie<br />
imaginaire et une métaphore<br />
picturale, l’artiste offre à voir les<br />
multiples réalités de l’île, liées à<br />
l’histoire ou à l’actualité. Les<br />
matériaux sont choisis à la fois<br />
pour leur qualité plastique et leur<br />
charge symbolique. Il s’agit souvent<br />
des éléments liés au monde de<br />
l’usine sucrière –les roues, la<br />
canne, la begasse. L’utilisation de<br />
ces matériaux chargés d’une<br />
signification historique permet de<br />
rappeler que les rouages du<br />
système colonial continuent<br />
d’influencer la réalité<br />
martiniquaise au début du XXIe<br />
siècle.<br />
Il s’agit également de<br />
casser la vision idyllique que<br />
peuvent avoir de ce territoire<br />
caribéen les touristes - l’ile à la<br />
végétation luxuriante, bordée de<br />
plages de cocotiers. Ainsi, le mot<br />
SUN, signifiant « soleil » en<br />
anglais, surgit au milieu de l’œuvre<br />
portant le même titre. Il apparaît<br />
comme s’il s’agissant des lettres<br />
d’une des plaques<br />
d’immatriculation des voitures qui envahissent l’ile jusqu’aux derniers recoins. Il ne s’agit pas<br />
seulement d’une critique de la société qui donne une place trop importante à la voiture, en couvrant<br />
petit à petit la surface de l’ile de routes de plus en plus larges. La plaque d’immatriculation renvoie<br />
encore une fois à la question de l’identité – qui ici se résume au nombre 972.<br />
8
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège :<br />
Thématique Arts, espace, temps – piste L’œuvre d’art et la place du corps et de l’homme dans le<br />
monde et la nature, Les déplacements dans le temps et l’espace et leur imaginaire<br />
Thématique Arts, Etats et pouvoir – piste L’œuvre d’art et la mémoire<br />
Thématique Arts, ruptures, continuités – piste L’œuvre et sa composition<br />
Lycée :<br />
Thématique Arts et économie – piste L’art et ses discours<br />
Thématique Arts, contraintes, réalisations – piste L’art et les étapes de la création<br />
Thématique Arts, informations, communications – piste L’art et ses fonctions<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- Imaginer sa propre carte de la Martinique, à l’instar de l’artiste.<br />
- Expression écrite autour de la citation d’Hervé Beuze “Je ne suis pas à la recherche d’une<br />
culture mythique. La culture est selon moi un processus en construction permanente comme<br />
le magma bouillonnant du Monde. Le figé et l’identique enferme. La création et l’expression<br />
contemporaine permet la survie et l’échange”<br />
-<br />
Œuvres à mettre en relation :<br />
- D’autres créations de Hervé Beuze<br />
- L’île Aruba d’Alida Martinez<br />
- Faire des cartes de France – Annette Messager http://www.musee-lam.fr/archives/1463<br />
- Anselm Kiefer, Jochen Gerz - artistes dont le travail sur la mémoire et l’identité inspire Hervé<br />
Beuze<br />
9
Jean-François Boclé (né en 1971 en Martinique, vit et travaille entre Paris et Bruxelles)<br />
installation<br />
Diplômé de Lettres Modernes à l’Université de Sorbonne et de l’École Nationale Supérieure des Beaux-<br />
Arts à Paris, Jean-François Boclé reste profondément marqué par la Martinique où il a vécu jusqu’à<br />
l’âge de 15 ans. Il utilise de multiples médias, vidéo, dessins, sculptures, installations ou performances.<br />
Ses travaux évoquent le passé colonial pour parler de la société actuelle. Jean- François Boclé fut<br />
récemment invité en résidence à Instituto Buena Bista (Curacao). Il expose régulièrement dans des<br />
expositions internationales telles que la Biennale de Thessalonique (Grèce, 2007) la Biennale de la<br />
Havane (2009, Cuba),...<br />
http://www.jeanfrancoisbocle.com/<br />
Caribbean Hurricane 2010-2011 installation, ventilateur, tissu, texte<br />
Rouge, blanc, bleu<br />
Trois couleurs, quatre pays qui continuent à découvrir les Caraïbes.<br />
Nous savons survivre aux ouragans.<br />
Mais qui peut regarder dans les yeux d’un ventilateur ?<br />
L’installation* de Jean-Fraçois Boclé se trouve dans une pièce délimitée par des cloisons<br />
blanches. Or, le spectateur ne peut pas y accéder. Un ventilateur brasse de l’air en mettant en<br />
mouvement des rubans de trois couleurs, et empêche de pénétrer dans l’espace de l’installation. Le<br />
rouge, le blanc et le bleu qui envahissent l’espace, le fouettent et créent une agitation incessante,<br />
renvoient aux drapeaux des quatre pays présents dans la Caraïbe : la France, la Hollande le Royaume<br />
Uni, et les Etats Unis. L’utilisation des couleurs nationales met l’accent sur la force de la violence<br />
symbolique du phénomène d’acculturation.<br />
Jean-Fraçois Boclé utilise un objet industriel, familier des intérieurs caribéens, mais issu de<br />
l’import. Cette installation est constituée d’un ventilateur et de tissus tricolores, mais aussi du<br />
mouvement de l’air qui les anime.<br />
10
Jean-François Boclé porte un regard critique sur le monde, il trace les signes d’une idéologie et<br />
iconographie coloniales persistantes. Ses œuvres se réfèrent souvent à l’esclavage, en dépassant une<br />
simple dénonciation historique elles permettent de lire le présent de manière critique.<br />
Jean-François Boclé est né en 1971 à Fort-de-France. Très tôt la question de l'identité s'est placée<br />
pour lui du côté de l'incertitude. À quinze ans, son arrivée à Paris après un départ brutal – sans même<br />
qu'il ait eu le temps de faire ses bagages – , est l'occasion de la découverte d'un "nouveau monde",<br />
celui, comprend-t-il bientôt, du délit de faciès. L'exil s'ajoute à la perte antérieure des photographies<br />
de sa petite enfance, plaçant à nouveau pour lui "l'identité du côté de la béance" et fondant l'origine<br />
d'un dispositif d'énonciation dans lequel le signifiant disparition constituera le matériau premier. Lors<br />
de sa formation à l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts, la problématique de l'effacement des mémoires<br />
individuelles ou collectives, celle de la perte – volontaire ou non –, d'information et de sens, devient le<br />
fil conducteur d'un travail de mémoire sur la traite Atlantique et la colonisation. Jean-François Boclé<br />
entreprend alors une recherche documentaire, lit Édouard Glissant, Louis Sala-Molins et tous ceux qui<br />
mettent au jour le scandale toujours actuel de l'esclavage et les lacunes que comporte l'histoire<br />
concernant l'Afrique et la Caraïbe, mais aussi la violence et l'exclusion au quotidien, aujourd'hui, dans<br />
les milieux urbains européens (…) - Evelyne Toussaint - Extrait du catalogue d’exposition<br />
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège :<br />
Thématique Arts, espace, temps – piste L’œuvre d’art et l’évocation du temps et de l’espace<br />
Thématique Arts, Etats et pouvoir – piste L’œuvre d’art et le pouvoir<br />
Thématique Arts, techniques, expressions – piste L’œuvre d’art et la technique<br />
Lycée :<br />
Thématique Arts et économie – piste L’art et ses discours<br />
Thématique Arts, informations, communications – piste L’art et ses fonctions<br />
Thématique Arts et idéologies – piste L’art et les formes d’expression du pouvoir<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- Travail sur les cartes de la Caraïbe.<br />
- Travail autour des symboles.<br />
- Utilisation d’objets manufacturés dans une œuvre d’art<br />
- Comment le corps du spectateur est-il sollicité (ou empêché) dans une installation ?<br />
Œuvres à mettre en relation :<br />
- Ventilateur dans l’art contemporain ? différents usages : Alice Aycock (quatre ventilateurs<br />
disposés de manière à fabriquer une petite dune avec le sable déposé sur le sol) , Roman<br />
Signer (deux ventilateurs accrochés au plafond, qui se repoussent)<br />
11
Ernest Breleur (né en 1945, vit et travaille en Martinique)<br />
installation<br />
Habité par des questions liées à la vie et la mort, il les explore d’abord dans la peinture, ensuite dans<br />
un travail d’installations, dont le matériau principal est la radiographie. En s’appropriant les gestes et<br />
les outils du chirurgien, il reconstruit les corps et les visages des disparus et oubliés de l’Histoire.<br />
Ernest Breleur fut enseignant et directeur de l’Institut Régional d’Arts Visuels de Martinique jusqu’en<br />
2011.<br />
Reste enfants soldats du Sierra Leone 2003<br />
Installation, radiographie, nylon, jouets, tissus, son Pascal Bailleul<br />
En 1994 Ernest Breleur abandonne la peinture pour explorer un nouveau médium* – la<br />
radiographie - d’abord dans une approche bidimensionnelle, pour se déployer ensuite dans l’espace<br />
sous forme d’installations. Les images radiographiques amènent une présence fragmentée et<br />
fantomatique du corps que l’on peut imaginer souffrant. Bien qu’il s’agisse de clichés réalisés sur des<br />
patients bien distincts, le corps<br />
devient universel, sans âge ni sexe,<br />
sans appartenance raciale. C’est un<br />
matériau issu du monde réel,<br />
étranger au monde de l’art.<br />
Une multitude de fragments<br />
de radiographies flottent accrochés<br />
à des fils transparents, au-dessus<br />
d’un demi-globe. L’installation<br />
implique le déplacement du corps<br />
du spectateur dans l’espace. Chaque<br />
perspective offre une vision<br />
différente. Le matériau utilisé tantôt<br />
reflète la lumière, tantôt permet<br />
d’’apercevoir l’image des ossements<br />
sur le support semi transparent. Le<br />
regard peut porter alors plus loin, à<br />
travers l’image, sur l’espace réel. Le<br />
son joue un rôle important dans<br />
l’installation, elle conditionne la<br />
manière dont l’image sera perçue<br />
par le spectateur. L’utilisation de<br />
vrais jouets provoque une sensation<br />
de mal-être. A qui pourraient-ils<br />
appartenir ? Pourquoi sont-ils<br />
associés aux images des ossements ?<br />
C’est ici, qu’il est nécessaire de se<br />
référer au titre.<br />
Ernest Breleur explique qu’<br />
« au cœur de (son) travail ne se<br />
joue pas la question du beau mais<br />
celle de l’éthique et de l’esthétique<br />
dans les pratiques<br />
contemporaines ». En artiste<br />
engagé, il aborde dans cette<br />
installation le sort des enfants -<br />
soldats lors de la guerre civile en<br />
Sierra Léone, qui a ravagé le pays<br />
diamantifère entre 1991 et 2001.<br />
12
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège :<br />
Thématique Arts, espace, temps – piste L’œuvre d’art et la place du corps et de l’homme dans le<br />
monde et la nature<br />
Thématique Arts, ruptures, continuités – pistes L’œuvre d’art et la tradition et L’œuvre d’art et sa<br />
composition<br />
Thématique Arts, techniques, expressions – piste L’œuvre d’art et l’influence des techniques<br />
Lycée :<br />
Thématique Arts, réalités, imaginaires – piste L’art et le réel<br />
Thématique Arts, corps, expressions –piste Le corps, présentation<br />
Thématique Arts, mémoires, témoignages, engagements – pistes L’art et la commémoration et<br />
L’art et la violence<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- Créer des mobiles en utilisant des matériaux semi-transparents (plastique, pellicule) et des<br />
photographies découpées dans la presse. Essayer d’illustrer différents sentiments – joie,<br />
colère, solitude….<br />
- Comment le son influence l’expérience visuelle ?<br />
Œuvres à mettre en relation :<br />
- La peinture d’Ernest Breleur<br />
- Marina Abramovic, série photographique The Family - une mise en scène des enfantssoldants<br />
du Laos<br />
http://www.bartschi.ch/ggb.php?opt=work&id=6656&op=showone&size=medium<br />
13
Ras Ishi Butcher (vit et travaille à Barbade)<br />
peinture<br />
Ras Ishi Butcher rentre sur la scène artistique avec l’obtention de la médaille d’or à la Biennale de<br />
Peinture Caribéenne et Latino-Américaine à Saint Domingue en 1992, avant d’obtenir le diplôme des<br />
Beaux-Arts à l’Université d’Études Supérieures (ISA) à la Havane. Dans ses peintures figuratives<br />
schématisées, qui laissent apparaitre des aspects abstraits et symboliques, l’artiste étudie la société<br />
caribéenne.<br />
Piece of the Rock (Morceau du rocher) série From the Secret Diaries<br />
Triptyque, huile sur toile<br />
Piece of the rock est un grand triptyque* composé d’un tableau central, représentant une<br />
mosaïque de petits carrées, accompagné de chaque côté d’images qui fonctionnent comme des<br />
agrandissements possibles prélevés sur l’icône du milieu. Le dessin est simplifié, schématique, la<br />
représentation de l’espace ne se veut pas réaliste. Les couleurs prédominantes sont le blanc et le noir,<br />
de temps en temps accompagnées par des aplats de couleurs appliqués de manière hasardeuse, comme<br />
sur un coloriage à peine commencé. Ainsi, sur le panneau de droite, on voit une maison dont seuls les<br />
encadrements des fenêtres et de la porte sont peintes en bleu, peut-être pour chasser les mauvais<br />
esprits. Tandis que le palmier brandit des feuilles vertes, le bananier attend toujours d’être colorié. Sa<br />
position par rapport à la maison surprend – une feuille se trouve devant, tandis que l’autre derrière le<br />
bâtiment.<br />
Quelques fleurs poussent sur la bordure sombre du bas, qui répond au bandeau en haut,<br />
délimitant le ciel. Est-ce la lune, ce rond bleu qui s’élève un peu plus haut que la petite étoile rouge ?<br />
Ces deux bandes noires, reliées sur les côtés par des lignes verticales, organisent la composition du<br />
panneau.<br />
On retrouve la même ligne d’horizon sur le panneau de gauche, représentant un personnage<br />
stylisé* – son corps très simplifié est vu de face, tandis que sa tête de profil. Il fume une pipe, sa<br />
bouche ouverte semble trop grande. Il fait penser à une statuette, sa tête a la forme d’un cône, avec un<br />
point rond et bleu comme œil. Inutile de chercher son nez !<br />
Il porte un chapeau colonial. Seule sa cravate, qui laisse aussi penser qu’il s’agit d’un<br />
personnage important, a été coloriée. Le reste – le corps, les vêtements et les grandes chaussures sont<br />
blanches. Il se détache sur le fond contrasté. Ses bras sont longs, il se repose sur une canne noire,<br />
posée sur ce qu’on peut imaginer être un champ. Mais là encore, on comprend qu’il ne s’agit pas d’une<br />
représentation réaliste de l’espace – quelques petites images carrées se sont enfuies du panneau<br />
centrale, et circulent librement.<br />
14
« Comme un jeu de ‘pouilleux’, le grand triptyque Piece of de Rock de Ras Ishi confronte le spectateur<br />
à des images simplifiées et singulières, dont les significations se révèlent en les associant par paires<br />
les unes aux autres.<br />
Lesquelles vont ensemble ? Laquelle est dépouillée ? Le canevas central est un lavis de cartes,<br />
un ensemble d’icônes, tant familières qu’ésotériques, alors que d’autres sont vierges, attendant<br />
encore d’être marquées d’un symbole révélateur. Un récit serpentin du passé au futur, de la<br />
colonisation brutale aux aspirations modestes, est séparé par un précipice graphique coordonné de<br />
pierres de gué, un labyrinthe zigzaguant de routes qui tournent autour d’elles-mêmes avant de<br />
s’orienter en avant.<br />
Deux images agrandies organisent ce panneau central. Laquelle lui appartient: le<br />
colonisateur contremaître dans les champs de culture ou la maison étayée du laboureur sans terre ?<br />
Les deux revendiquent provisoirement une légitimité précaire. Qui est l’habitant, qui est le colon ?<br />
Qui s’approprie et qui cultive ? Le désir de revendiquer un territoire, de s’emparer d’une part du<br />
rocher (piece of de rock) est un désir de surveiller à la fois visibilité et stabilité. On ne peut écrire ses<br />
racines là où le sol ne trouvera pas ses fondements. » Allison Thomson - Extrait du catalogue<br />
d’exposition<br />
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège :<br />
Thématique Arts, créations, cultures - piste L’œuvre d’art, la création et les traditions<br />
Thématique Arts, espace, temps – piste L’œuvre d’art et l’évocation du temps et de l’espace<br />
Thématique Arts, mythes et religions – piste L’œuvre d’art et le sacré<br />
Lycée :<br />
Thématique Arts et sacré– piste L’art et les croyances<br />
Thématique Arts, sociétés, cultures – pistes L’art et l’appartenance et L’art et les identités<br />
culturelles<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- Dessiner des personnages simplifiés à partir de formes géométriques.<br />
- Travail autour de la composition.<br />
…à mettre en relation<br />
- Henri Guédon<br />
- Basquiat<br />
- Statuaire de l’Afrique de l’Ouest<br />
15
David Gumbs (né en 1978 à Saint-Martin, vit et travaille en Martinique) installation<br />
interactive numérique<br />
Diplômé de l’Institut Régional d’Arts Visuels de Martinique et d’un Master spécialisé de conception en<br />
nouveaux média (Les Ateliers/ENSCI Paris), David Gumbs est peintre, photographe et auteur<br />
numérique. Son travail est consacré aux expérimentations visuelles liées au métissage et à<br />
l’hybridation de la pensée. Attiré par le monde macroscopique, il inscrit ses recherches plastiques<br />
principalement dans les champs du corps et du paysage. Il explore les fragments de son histoire pour<br />
révéler ce qu’il appelle une “archéologie mentale”. David Gumbs expose régulièrement (Habitation<br />
Galion à Fort-de-France 2011, Latitudes 2009 à Paris)<br />
VDO- Voyage dans l’œuvre 2011<br />
Installation vidéo interactive*<br />
« En tant que peintre plasticien, je me suis souvent demandé d’où viennent ses souvenirs et<br />
instantanés qui me traversent l’esprit pendant l’acte de peindre ou de dessiner.<br />
Des souvenirs, des réflexions qui modifient parfois la composition finale de l’œuvre. Mais qui restent<br />
invisibles aux yeux du spectateur une fois l’œuvre terminée.<br />
C’est de cette idée qu’est née l’installation vidéo “Le voyage dans l’œuvre - VDO”. Elle questionne la<br />
restitution au public de la part de l’imaginaire codé, camouflé, et sous-jacent de l’artiste.<br />
Le voyage dans l’œuvre est une installation vidéo interactive qui tente donc de répondre à ce<br />
questionnement. Il s’agit d’un tableau interactif qui réagit au déplacement d’un spectateur. En effet,<br />
l’approche progressive de l’utilisateur vers le dispositif, offre à ce dernier un voyage dans le maillage<br />
d’une peinture (numérique). Où chaque pas et geste vers l’œuvre écarte davantage sa densité et<br />
lorsqu’on est suffisamment proche, et intime, des fragments de souvenirs aléatoires, des paysages<br />
macroscopiques, des scènes du quotidien, se révèlent.<br />
Cette piste de recherche est inspirée par les avancées scientifiques dans le domaine de l’imagerie à<br />
rayon X. En effet, grâce aux rayons X, les repentirs de certains artistes majeurs de l’histoire de l’art<br />
sont maintenant connus. Le sens donné initialement à l’œuvre se voit parfois donc profondément<br />
modifié » - David Gumbs<br />
16
On qualifie d’art interactif un dispositif qui réagit en fonction du public ou de<br />
l’environnement. Il n’utilise pas obligatoirement d’outils numériques, comme c’est le cas du VDO. On<br />
peut dire donc de l’installation de David Gumbs qu’elle est une œuvre interactive numérique. Plus<br />
précisément, l’œuvre n’a pas lieu, tant qu’un visiteur ne s’approche pas des capteurs de mouvement.<br />
Ce n’est que grâce à son intervention que l’œuvre a lieu véritablement. Elle se renouvelle à chaque fois<br />
que l’on rentre en interaction avec elle. Ce n’est ni l’écran, ni le programme informatique que l’on<br />
qualifie d’œuvre dans ce cas, mais bien chaque intervention d’un corps humain qui devient donc une<br />
œuvre unique, que l’on ne peut pas refaire à l’identique. On ne peut plus parler de spectateur, mais<br />
plutôt d’acteur, ou bien de sujet participant.<br />
Dans VDO- Voyage dans l’œuvre on est d’autant plus acteur, que notre image se trouve<br />
intégrée dans la vidéo. A partir de ce moment, le médiateur ne peut plus vous dire ce qui va se passer.<br />
C’est à vous de jouer !<br />
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège :<br />
Thématique Arts, espace, temps – piste L’œuvre d’art et la place du corps et de l’homme dans le<br />
monde et la nature<br />
Thématique Arts, techniques, expressions – piste L’œuvre d’art et l’influence des techniques<br />
Lycée :<br />
Thématique Arts, réalités, imaginaires – piste L’art et le réel<br />
Thématique<br />
techniques<br />
Arts, sciences et techniques – piste L’art et les innovations scientifiques et<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- Faire son autoportrait intégré dans une œuvre d’art connue (utilisation du collage)<br />
- La place du sujet dans l’œuvre interactive<br />
- Un jeu vidéo peut-il être une œuvre d’art ?<br />
…à mettre en relation :<br />
Artistes qui inspirent David Gumbs :<br />
Fred Forest www.fredforest.org<br />
Miguel Chevalier www.miguel-chevalier.com/fr/index.html<br />
Samuel Bianchini www.dispotheque.org<br />
Thierry Fournier www.thierryfournier.net<br />
Grégory Chatonsky www.incident.net<br />
<strong>Dossier</strong> « Nouveau Média » du Centre Pompidou<br />
http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-nouveaux-medias/ENS-nouveauxmedias.html<br />
17
Habdaphaï (né en 1960, vit et travaille au Marin)<br />
peinture, dessin<br />
Artiste plasticien présent dans le monde culturel martiniquais depuis les années 80, Habdaphaï est<br />
l’un des fondateurs du Marché d’art contemporain du Marin et de la Galerie Odpis’7. Toujours en<br />
quête d’identité martiniquaise et caribéenne, il développe un travail autour des symboles d’un monde<br />
culturel syncrétique. Il utilise la peinture, mais aussi la vidéo ou la performance.<br />
Voyage des Esprits 2000-2004<br />
Installation de dessins, technique mixte sur papier<br />
De petites feuilles blanches couvertes de symboles se trouvent épinglés à des dessins en forme<br />
d’enveloppes. On pourrait s’imaginer que chaque petite feuille est en réalité une lettre qui devrait se<br />
trouver à l’intérieur d’une des enveloppes. Qui les a écrites ? A qui s’adressent-elles ?<br />
En 2000, Habdahpaï s’agace – pourquoi n’est –il pas possible de placer son œuvre dans un<br />
grand musée sans être obligé de passer par de nombreux intermédiaires ? Il prépare donc des lettres<br />
qu’il enverra dans les plus grandes institutions muséales. Mais cette fois, il ne s’agit pas de dossiers de<br />
présentation de son travail. Dans chaque enveloppe il place des senteurs de la Martinique. Dès que la<br />
lettre se trouve ouverte par le personnel d’un musée – les esprits martiniquais, qui ont sagement<br />
voyagés par la poste, sont libérés dans l’espace d’exposition. Par ce geste poétique, qui dépasse l’atelier<br />
et rentre dans l’espace du réel, Habdaphaï rappelle combien il est difficile d’exister dans le monde de<br />
l’art pour les créateurs issus de territoires périphériques.<br />
Après la destruction de World Trade Center le 11 septembre 2001, arrive une série d’attaques<br />
utilisant des enveloppes piégées à l’anthrax, quiprovoquent la mort de cinq personnes. Habdaphaï est<br />
alors contraint d’arrêter son action, car les enveloppes risquent d’être suspectées de contenir les<br />
dangereuses bactéries. Il<br />
continue à travailler l’idée<br />
du voyage des Esprits par<br />
le biais de la peinture et<br />
du dessin. On y retrouve<br />
des<br />
symboles<br />
caractéristiques de ses<br />
œuvres antérieures. Il<br />
s’agit d’un langage à part<br />
entière, créé par l’artiste<br />
tout au long de ses<br />
recherches sur l’identité<br />
martiniquaise. Certains<br />
signes sont empruntés<br />
aux<br />
cultures<br />
Amérindienne et<br />
africaines, d’autres sont<br />
des<br />
créations<br />
personnelles. Il y en a<br />
plus de 230 à l’heure<br />
actuelle, mais quelquesuns<br />
semblent revenir de manière très récurrente dans les dessins et peintures. Une calebasse, une<br />
voiture, un « Y » qui, associé à un point et quelques courbes piège le spectateur avec humour, en lui<br />
faisant apercevoir un corps de femme sans tête. L’artiste, à qui l’on a demandé la signification de ces<br />
signes répond, qu’il est propre à chacun d’y voir ce qu’il souhaite.<br />
18
Son œuvre, fruit du syncrétisme culturel, parle de la Martinique actuelle de manière critique,<br />
mais cela ne l’empêche pas d’être pleine d’humour et de témoigner d’une joie de vivre.<br />
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège :<br />
Thématique Arts, créations, cultures - piste L’œuvre d’art, la création et les traditions<br />
Thématique Arts, mythes et religions – L’œuvre d’art et le mythe<br />
Thématique Arts, ruptures, continuités – piste L’œuvre d’art et sa composition<br />
Lycée :<br />
Thématique Arts et sacré– piste L’art et les croyances<br />
Thématique Arts, sociétés, cultures – pistes L’art et l’appartenance et L’art et les identités<br />
culturelles<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- Créer son propre système de signes et symboles à l’instar de l’artiste. Faire des dessinsmessages<br />
codés.<br />
- Fabriquer et décorer des enveloppes, y mettre une lettre secrète d’un Esprit<br />
…à mettre en relation :<br />
- D’autres œuvres d’Habdaphaï<br />
19
Alida Martinez (1964, née au Venezuela, vit et travaille à Aruba)<br />
installation<br />
Le travail d’Alida Martinez utilise divers média comme le dessin, l’installation, le textile ou la<br />
performance pour explorer les thématiques qui l’intéressent : la sexualité, la maternité, les souvenirs<br />
ou la vocation artistique. En 2000 Alida Martinez a ouvert la Galerie Insight où elle travaille en tant<br />
que commissaire d’expositions et coordinatrice d’ateliers.<br />
L’île d’Aruba 2011<br />
Installation<br />
Trois socles blancs soutiennent chacun un objet : une maquette de maison, un sabot hollandais<br />
en céramique et une statuette de Mickey de couleur jaune. La présence des socles renvoie à la sculpture<br />
et donne une importance aux bibelots présentés. Au-dessus de chaque objet – la forme de l’île natale<br />
de l’artiste – Aruba, couverte d’images et motifs symboliques. Palmiers, faïence ou paramilitaire -<br />
aucune des trois versions ne semble convenir à Alida Martinez qui demande : Donnez-leur la foi en<br />
leur propre voix. Selon José Manuel Noceda, l’artiste dénonce « des incohérences entre la<br />
représentation d’une réalité paradisiaque ou conforme aux modèles imposés par la culture globale<br />
(…) ».<br />
Il s’agit d’une installation – les objets n’ont pas été réalisés par l’artiste. Elle les a choisis et<br />
agencés. Ils proviennent du monde réel et symbolisent les différentes identités imposées à son île<br />
natale –paradis touristique, ancienne colonie hollandaise, pays qui importe des produits et des modes<br />
de vie américain. Il s’agit donc d’une dénonciation des images imposées par d’autres, et de<br />
l’acculturation, qu’elle soit liée à la colonisation ou à la mondialisation. Le sourire de Mickey ne doit<br />
pas tromper.<br />
« Opérant dans une pluralité de traditions, de produits et relations interculturelles modernes<br />
et contemporaines, Martinez sélectionne très bien les matériaux de façon à trouver ces dichotomies<br />
imposées par les anciens pouvoirs coloniaux ou par les directions actuelles de la mondialisation,<br />
pour parler de l’identité, ses éléments essentiels et ses frontières. » - José Manuel Noceda - Extrait du<br />
catalogue d’exposition<br />
20
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège :<br />
Thématique Arts, ruptures, continuités - piste L’œuvre et sa composition<br />
Thématique Arts, espace, temps – piste L’œuvre d’art et l’évocation du temps et de l’espace<br />
Lycée :<br />
Thématique Arts et sacré– piste L’art et les croyances<br />
Thématique Arts et économie– pistes L’art et ses discours<br />
Thématique Arts et idéologie – piste L’art et les formes d’expression du pouvoir<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- Quels objets pourrait-on choisir pour représenter la Martinique ?<br />
- Faire une liste d’objets et produits issus de la culture américaine, présents dans notre vie<br />
quotidienne<br />
- …à mettre en relation<br />
- Analyse comparative avec les œuvres de Hervé Beuze.<br />
21
Raquel Paiewonsky (née en 1969, vit et travaille à Saint-Domingue, République Dominicaine)<br />
Installation<br />
Diplômée de peinture et design textile, Raquel Paiewonsky questionne le corps en tant que<br />
construction culturelle, mais aussi en tant que récipient qui contient les expériences que nous<br />
traversons dans la vie. En 2009, elle a exposé dans le Pavillon Latino-Américaine à la Biennale de<br />
Venise.<br />
Bitch Balls 2010<br />
installation, ballons, broderie, microfibre<br />
Neuf sphères, chacune marquée d’un cercle de couleur différente, terminé par une petite<br />
excroissance conique, révèlent rapidement au spectateur leur véritable identité. Ce sont des seins<br />
géants, indépendants de tout corps, avec des mamelons de taille exagérée. Ils sont couverts de<br />
microfibre – tissu synthétique qui fait penser à la peau humaine. Ils portent des teintes représentatives<br />
des couleurs de peau de la société dominicaine.<br />
Le titre de l’œuvre joue sur le sens des mots anglais beach et bitch – plage et chienne. L’artiste<br />
explique qu’il s’agit<br />
de « revendiquer ce<br />
dernier terme qui<br />
en anglais signifie<br />
chienne en chaleur.<br />
Dans le jargon<br />
populaire, il a été<br />
adopté comme un<br />
terme péjoratif en<br />
établissant la<br />
comparaison entre<br />
une femme et une<br />
chienne en chaleur,<br />
cela indiquant<br />
l’aspect humiliant<br />
et dénigrant le<br />
rapport sexuel qui<br />
doit être vécu par<br />
la femme. Bitch est<br />
pour moi un terme<br />
sympathique qui<br />
est devenu assez<br />
universel et que je<br />
prétends utiliser<br />
comme allié dans mes représentations du féminin. » - Extrait du catalogue d’exposition<br />
Chaque sein cache à l’intérieur un ballon de plage. Leur utilisation renvoi à plusieurs choses –<br />
le corps-jouet, le corps-artificiel, le corps dépourvu d’âme. Les ballons sont vides, légers, toujours<br />
ronds et prêts à rebondir, ils servent à s’amuser, jouer. Ces seins-simulacres dépourvus de leur rôle<br />
nourricier ne font plus penser ni aux statuettes Artemis à la poitrine multiple, ni à la Venus de<br />
Willendorf, la déesse mère aux formes pleines.<br />
Raquel Paiewonsky dénonce avec beaucoup d’humour le rapport au corps présent dans notre<br />
société. Société qui glorifie l’artificiel, ne laisse rien à l’imagination, enlève au corps féminin son<br />
caractère intime et sacré, lié à la maternité : « Le rôle, le pouvoir et la sensation si merveilleusement<br />
complexe de cette magnifique partie de notre corps a été remplacée par un schéma massif qui nous<br />
déconnecte profondément de l’essentiel ».<br />
La broderie faite à la main sur les mamelons renvoie à l’univers féminin et ne fait que<br />
souligner l’absence du doux geste maternel –elle n’est là que pour décorer.<br />
* Citations de Raquel Paiewonsky proviennent du catalogue de l’exposition<br />
22
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège :<br />
Thématique Arts, ruptures, continuités - piste L’œuvre et sa composition<br />
Thématique Arts, espace, temps – piste L’œuvre d’art et la place du corps dans le monde et la<br />
nature<br />
Lycée :<br />
Thématique Arts, corps, expressions– piste Le corps, présentation<br />
Thématique Arts et économie– pistes L’art et ses discours<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- Représentation du corps dans l’art contemporain – codes et ruptures<br />
- Corps dans l’œuvre<br />
http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-corps-oeuvre/ENS-corpsoeuvre.htm<br />
…à mettre en relation<br />
- D’autres œuvres de Raquel Paiewonsky<br />
Corps-objet dans la pratique artistique féminine :<br />
- Louise Bourgeois<br />
http://www.bnf.fr/documents/biblio_bourgeois.pdf<br />
http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-bourgeois/ENS-bourgeois.html<br />
- Alina Szapocznikow<br />
- http://www.dailymotion.com/video/xdclk6_alina-szapocznikow-promesses-du-pas_creation<br />
23
Bruno Pédurand dit IWA (né en 1969 en Guadeloupe, vit et travaille en Martinique)<br />
installation<br />
Diplômé de l’Institut Régional d’Arts Visuels de Martinique, Bruno Pédurand puise dans l’histoire de<br />
l’art occidental et dans l’histoire créole. Il utilise pour cela différents médiums : la peinture, la vidéo, la<br />
lumière, le son, l’installation. Les questions liées à la mort et à la mémoire sont ses principales<br />
préoccupations, marquées par des références aux religions afro-caribéennes. Il a participé à de<br />
nombreuses expositions en Europe et dans la Caraïbe.<br />
Souviens-toi 2011<br />
installation, vitrines et plexiglass, musque : Jeff Baillard et José Marie-Rose<br />
L’installation est composée de six colonnes disposées en cercle. Elles laissent apparaitre sur les<br />
côtés des photographies - portraits en noir et blanc, de forme circulaire. Les images échappent parfois<br />
à la vision en fonction de la lumière. En les observant on constate qu’elles sont très différentes, on peut<br />
supposer qu’elles n’ont été réalisées ni par la même personne ni au même endroit.<br />
Il faut questionner l’artiste pour savoir qu’il s’agit des images trouvées dans la rubrique<br />
nécrologique du quotidien France-Antilles. Il s’agit donc de personnes décédées, mais qui ont<br />
réellement<br />
existé. Ce<br />
sont les<br />
mêmes<br />
images que<br />
celles que l’on<br />
pourrait<br />
trouver sur<br />
des tombes.<br />
On ne peut<br />
qu’imaginer<br />
l’histoire que<br />
chaque visage<br />
pourrait nous<br />
raconter.<br />
Comme le dit<br />
l’artiste<br />
« L’intention<br />
première de<br />
ce dispositif<br />
est de<br />
permettre au<br />
regardeur de<br />
s’interroger<br />
sur :<br />
« ce qu’il y<br />
aurait à<br />
voir » et de<br />
transgresser le pacte tacite qui lie l’artiste –exhibitionniste au spectateur-voyeur ». Mais il précise que<br />
« L’humain étant l’objet et le sujet de cette installation, il n’y a aucune volonté de narration (…). »<br />
Le son influence la manière dont on perçoit l’œuvre, renforce l’inquiétude que l’on ressent face<br />
à ces visages inconnus et à la noirceur des colonnes.<br />
Iwa questionne la « fonctionne première de l’art : la fonction mémorielle ». Il rappelle que<br />
selon le philosophe Pline l’Ancien, la première œuvre d’art fût un portrait d’un jeune homme parti à la<br />
guerre, dessiné par sa fiancée, fille d’un potier. Elle a ainsi gardé avec elle le souvenir de son visage, en<br />
offrant à son image l’immortalité.<br />
24
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège :<br />
Thématique Arts, Etats et pouvoir - piste Mémoire de l’individu<br />
Thématique Arts, mythes et religions– piste L’œuvre d’art le sacré<br />
Lycée :<br />
Thématique Arts, réalités, imaginaires– piste L’art et le réel<br />
Thématique Arts et sacré–différents pistes<br />
Thématique Arts, sociétés, cultures – différentes pistes<br />
Thématique Arts, mémoires, témoignages, engagements – piste L’art et la commémoration<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- Fonction mémoriel de l’art –différentes approches. création comme trace ou témoignage -<br />
mémoriaux, vanités, portraits mortuaires<br />
- Le destin humain dans l’art.<br />
- Que signifie utiliser les portraits de personnes que l’artiste ne connaît pas, des « gens<br />
ordinaires » ?<br />
…à mettre en relation<br />
- Christian Boltanski Odessa, Les Enfants de Dijon<br />
http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-boltanski/ENS-boltanski.htm<br />
http://www4c.ac-lille.fr/condorcetlens/spip.php?page=article-album&id_article=453<br />
- Les autoportraits de Roman Opalka (temps qui passe, le geste artistique comme trace)<br />
http://www.opalka1965.com/fr/autoportraits.php<br />
25
Shirley Rufin (née en 1983, vit et travaille en Martinique)<br />
photographie<br />
Dans la démarche plastique de Shirley Rufin, l’image photographique est une passerelle pour<br />
manipuler le réel. Elle utilise un processus « de mise en crise » de la perception du corps par une<br />
action chimique qui altère, défait, décompose et détruit l’image pour conduire à une perte de sujet.<br />
Substitutions<br />
photographie sur support transparent<br />
Dans ma démarche plastique, l’image photographique est une passerelle pour manipuler le<br />
réel. Elle devient une perception unique, qui fait sens à partir d’une image polysémique. Cela nous<br />
renvoie inconsciemment à nous-même et permet d’envisager un autre langage plastique.<br />
Ceci, résultant d’un besoin de sublimer à partir de défauts stéréotypés, ce corps qui nous<br />
parait anormal, mais tout de même vu et vécu comme quelque chose de sacré, et qui si tôt dévoilé se<br />
voit souiller.<br />
Si l’on part du principe que la société façonne le corps, un corps sans contexte social est donc<br />
anonyme: il devient une pure utopie. – Shirley Rufin – extrait du catalogue de l’exposition<br />
Face aux œuvres de Shirley Rufin, au premier abord le regardeur peut avoir un doute : s’agit-il<br />
vraiment de la photographie ? Sur un fond sombre, on aperçoit à peine des corps nus dans des poses<br />
inhabituelles, distordues. Le médium photographique est ici utilisé à contre sens – non pour fournir<br />
une représentation d’exactitude documentaire, mais pour voiler, cacher. L’artiste parle de « la mise<br />
26
en crise » de la perception du corps qui devient alors une métaphore. L’acte de création ne se limite<br />
pas au choix du cadrage et le « clic » de l’objectif. Shirley Rufin agit en plasticienne, fidèle au travail<br />
avec de la matière. Elle utilise des processus chimiques qui altèrent et détruisent l’image.<br />
Ainsi, la photographie qui est par principe un médium multiple (on peut réaliser un nombre<br />
quasi infini d’images identiques à partir d’un seul cliché) devient une œuvre unique, marquée par le<br />
geste de l’artiste et son approche de la matière. L’image photographique devient plus proche de la<br />
peinture. L’approche du corps dans le travail de Shirley Rufin rappelle celle de Francis Bacon. Le<br />
peintre qui citant Van Gogh affirmait que « Pour arriver au réalisme il faut dire des mensonges, par<br />
lesquels on va arriver beaucoup plus près de la réalité que par l’illustration.* » Dans le travail de<br />
Shirley Ruffin, c’est précisément quand le corps commence à disparaître dans l’ombre que l’on peut<br />
apercevoir sa vérité.<br />
*Entretien de 1984 dans Francis Bacon - L’Homme Et L’Arène, film de Adam Low<br />
A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège :<br />
Thématique Arts, espace, temps - piste L’œuvre d’art et l’évocation du temps et de l’espace<br />
Thématique Arts, ruptures, continuités – piste L’œuvre d’art et la tradition<br />
Lycée :<br />
Thématique Arts, réalités, imaginaires– piste L’art et le réel<br />
Thématique Arts, corps, expressions– pistes Le corps, présentation et Le corps, l’âme et la vie<br />
Thématique Arts, goût, esthétiques – pistes L’art, jugement et approches et L’art et ses codes<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- L’art doit-il être beau ?<br />
- Les codes de représentation du corps dans l’art. Le nu.<br />
- Photographie plasticienne – les liens avec la peinture.<br />
…à mettre en relation<br />
- Francis Bacon http://www.francis-bacon.com/<br />
- Expérimentations photographiques<br />
http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Pedagogie.nsf/Docs/ID0142E449F2A2E908C125<br />
751B004FDC47/$file/ENS-accrochagephotos.pdf<br />
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Karine Taïlamé (née en 1983, vit et travaille en Martinique<br />
Peintre et installateur, Karine Taïamé développe une réflexion sur le concept de la représentation. Elle<br />
utilise le paysage naturel comme support artistique ou médium de ses installations à l’intérieur<br />
d’espaces architecturaux. Dans ses mises en scènes, elle modifie l’aspect et la perception de l’espace<br />
par une intervention ponctuelle et éphémère. Son travail plastique est une métaphore de la vie par la<br />
recherche de l’harmonie et du beau.<br />
Couleur, lumières et harmonie 2011<br />
installation, bocaux de poissons, projection vidéo<br />
Couleur, lumières et harmonie est une installation regroupant trois bocaux qui enferment des<br />
poissons vivants, et une projection vidéo d’une perfomance* réalisée par l’artiste. Karaine Taïlamé<br />
nage sous l’eau comme un poisson, en harmonie avec la nature.<br />
On est au cœur du questionnement sur la relation directe du corps à l’œuvre d’art. Afin de<br />
partager avec le spectateur sa quête de l’harmonie et de la beauté, l’artiste en a fait une expérience<br />
sensible dont elle présente ici une trace. Immergée dans l’océan, elle fait un retour symbolique avant la<br />
naissance, dans un univers dépourvu de frontière entre corps et esprit. La femme fait un avec l’univers.<br />
Les poissons prisonniers des bocaux en verre, présentés devant l’écran peuvent nous faire penser à<br />
notre propre condition – êtres humains séparés de la Mère Nature.<br />
C’est une œuvre poétique qui invite à la contemplation fonctionne comme un déclencher<br />
d’images, de souvenirs et de rêves.<br />
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A développer dans le cadre de L’Histoire des Arts :<br />
Collège :<br />
Thématique Arts, ruptures, continuités – piste L’œuvre d’art et la tradition<br />
Thématique Arts, espace, temps - piste L’œuvre d’art et l’évocation du temps et de l’espace<br />
Lycée :<br />
Thématique Arts, réalités, imaginaires– piste L’art et le réel<br />
Thématique Arts, corps, expressions– pistes Le corps, présentation et Le corps, l’âme et la vie<br />
Autres pistes pédagogiques :<br />
- La recherche du Beau dans l’art<br />
- Comment l’artiste peut-il partager ses émotions avec le spectateur ?<br />
- Quel est la fonction de l’objet présentée/ représentée ? Le même objet, montré en tant que tel,<br />
peint, photographié ou filmé, a-t-il la même signification ?<br />
…à mettre en relation<br />
- L’idée de la nature dans l’art contemporain – Land Art<br />
- Utilisation du Vivant dans l’art contemporain<br />
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Crédits photographiques :<br />
p.3 Abel Baroso Outsourcing 2010 Xylographie, sculpture<br />
p.4 Abel Baroso Intolérance ou Dîner a la frontière , 2009 Xylographie, sculpture<br />
p.5 Christian Bertin en cours d’installation, Soleil Nègre, 2011 Photo : Agata Thuinet<br />
p.7 Hervé Beuze, Sun 972<br />
p.9 Jean-François Boclé<br />
p.11 Reste enfants soldats du Sierra Leone, 2003 Photo d’atelier : © J-P Breleur<br />
p.13 Ras Ishi Butcher Morceau du rocher, Piece of the Rock (série Secret Diaries),<br />
tryptique, huile sur toile<br />
p. 15 David Gumbs, VDO-voyage dans l’œuvre<br />
p.17 Habdaphaï, Voyage des Esprits en cours d’installation<br />
p.18 idem, détail<br />
p.19 Alida Martinez, Isla Aruba, L’île d’Aruba, 2011<br />
p .21 Raquel Paiewonsky, Bitch Balls, 2010<br />
p. 23 Bruno Pédurand , Souviens-toi, 2011<br />
p.25 Shirley Rufin, Substitutions<br />
p. 27 Karine Taïlamé, Couleurs, lumières et harmonie, 2011<br />
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Glossaire<br />
aplat de couleurs – surface d’une seule couleur, appliquée uniformément et sans<br />
nuances<br />
assemblage- équivalent tridimensionnel du collage.<br />
bidimensionnel - qui ne possède que deux dimensions et qui ne se déploie que sur un<br />
seul plan.<br />
Composition- position des différents éléments organisés sur la toile ou dans l’espace<br />
curator, commissaire d’exposition - la personne qui a la charge du projet scientifique<br />
d’une exposition. Il définit le thème, choisit les artistes et les œuvres exposées, la<br />
scénographie…<br />
installation - forme d’expression artistique contemporaine. Agencement d’objets et<br />
d’éléments indépendants les uns des autres mais dont le rapprochement dans un<br />
espace crée un sens nouveau.<br />
installation in situ- conçue en fonction d’un lieu architectural ou naturel.<br />
Installation numérique interactive - un programme qui réagit en fonction du public<br />
ou de l’environnement<br />
medium (media) - le mode de diffusion d’une information.<br />
mémorial - un monument servant à commémorer un événement ou à honorer une ou<br />
plusieurs personnes décédées.<br />
performance- Mode d'expression artistique contemporain. C’est l'action qui constitue<br />
l’œuvre. Les performances font faire intervenir le corps de l'artiste. Elles peuvent être<br />
filmées photographiées pour en garder le souvenir et en conserver des traces<br />
matérielles – ces traces ne constituent pas toujours des œuvres à part entière.<br />
représentation- Une image n’est qu’une représentation de la réalité. On désigne ainsi<br />
la manière de donner à voir des éléments ou des personnes qui existent dans la réalité<br />
ou appartiennent au domaine de l'imaginaire.<br />
sculpture - une œuvre tridimensionnelle (bas-relief, haut-relief, ronde-bosse).<br />
série - groupe d’œuvres formant un ensemble.<br />
stylisé – schématisé, simplifié.<br />
triptyque- œuvre composée de de trois parties, le plus souvent une peinture<br />
xylographie - gravure sur bois<br />
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