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Les<br />
Rencontres<br />
de la Fondation de France<br />
La coopération<br />
parents-enseignants<br />
à l’école primaire<br />
Journées de rencontre<br />
et d’échanges<br />
Actes des journées<br />
Strasbourg 26 mai 2004<br />
Paris 2 et 6 juin 2004
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Sommaire<br />
Pour mieux vivre ensemble à l’école 1<br />
Élisabeth Wattel-Buclet<br />
Philosophie et <strong>action</strong>s de la MAE 3<br />
Gérard Pégulu<br />
Les parents d’élèves et l’école 4<br />
Pierre Charbonnel<br />
Le rôle des parents dans la socialisation de l’enfant<br />
et son intégration à l’école 6<br />
Françoise Hurstel<br />
La concurrence éducative entre les parents<br />
et les enseignants à l’école primaire 9<br />
Daniel Gayet<br />
L’école primaire, un moment clé pour devenir parent d’élève 13<br />
Martine Kherroubi<br />
Synthèse des ateliers des 3 journées de rencontre des 22 écoles primées 16<br />
Bilan des journées consacrées à la coopération parents-enseignants 19<br />
Gabriel Langoüet<br />
Annexes<br />
Annexe 1<br />
Le Prix école 2002 et 2003, deux ans d’<strong>action</strong> pour valoriser la coopération parents-enseignants à l’école<br />
Annexe 2<br />
Le Prix école 2002 et 2003, liste des 120 écoles primées<br />
Annexe 3<br />
Le Prix école 2002 et 2003, portraits des 22 écoles primées à l’unanimité des membres du jury
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Pour mieux vivre ensemble à l’école<br />
Pour mieux vivre ensemble à l’école<br />
Élisabeth Wattel-Buclet<br />
Responsable du programme Enfance<br />
La Fondation de France vous remercie d’avoir répondu<br />
nombreux à son invitation. Les journées de rencontre<br />
auxquelles vous avez accepté de participer doivent être<br />
l’occasion de réfléchir ensemble sur le thème de la<br />
Coopération parents-enseignants à l’école maternelle et<br />
élémentaire. Pour enrichir notre réflexion commune,<br />
vingt-deux écoles engagées dans cette démarche et<br />
lauréates des « Prix École » (il leur a été décerné à l’unanimité<br />
du jury) y sont d’ailleurs associées. Chacune y est<br />
représentée par deux parents, un enseignant et le<br />
directeur de l’école.<br />
Ces rencontres nous semblent importantes. D’une part,<br />
elles doivent permettre de favoriser les échanges autour<br />
de pratiques qui, si elles prennent parfois des formes<br />
différentes, sont toutes animées d’un même esprit.<br />
D’autre part, elles permettront également d’en mesurer<br />
les bénéfices sans occulter les difficultés rencontrées lors<br />
de la mise en œuvre des <strong>action</strong>s. Enfin, elles nous<br />
aideront à mieux comprendre vos attentes. Elles doivent<br />
en tout cas constituer une étape essentielle dans<br />
l’évolution de notre programme « École » : poser les<br />
bases du futur cahier des charges pour la recherche que<br />
nous avons prévu de lancer courant 2005 sur ce sujet<br />
encore assez peu exploré.<br />
L’organisation de ces journées, il faut le préciser, est le<br />
fruit d’une réflexion commune et d’un partenariat étroit<br />
entre la Mutuelle Assurances Élèves MAE, l’Observatoire<br />
de l’Enfance, le comité Enfance de la Fondation de France<br />
et des représentants de nos délégations régionales.<br />
Certains de leurs membres sont ici présents et animeront<br />
ces journées. Qu’ils en soient vivement remerciés, en<br />
particulier la MAE qui nous accompagne depuis trois<br />
ans. Au cours de ces deux dernières années, notamment,<br />
elle nous a apporté une aide précieuse en relayant<br />
l’information sur le Prix École grâce à la diffusion de nos<br />
plaquettes par le biais de son journal, diffusé à l’ensemble<br />
des écoles. Sans oublier sa contribution, non moins<br />
précieuse, que représente le financement de huit de ces<br />
prix en 2003. Enfin, c’est par son intermédiaire qu’un<br />
autre partenaire, l’Observatoire de l’Enfance en France,<br />
nous a rejoints.<br />
En introduction de ces journées, Pierre Charbonnel,<br />
chercheur à l’Observatoire de l’Enfance précisément, fera<br />
un rapide historique de la relation parents-enseignants. Il<br />
sera suivi de l’intervention d’un spécialiste, différent selon<br />
la journée afin d’aborder notre thème sous plusieurs<br />
angles (psychologique, pédagogique, sociologique).<br />
Ensuite, des travaux en ateliers vont être proposés : trois<br />
ateliers distincts (un atelier « directeur », un atelier<br />
« enseignant » et un atelier « parents ») pour un thème<br />
unique, « Les bénéfices tirés de la coopération parentsenseignants<br />
pour les adultes ». En fin de matinée, les<br />
rapporteurs restitueront l’essentiel des discussions<br />
d’ateliers en séance plénière. L’après-midi, une seconde<br />
phase de travaux en ateliers permettra d’aborder à<br />
nouveau le thème des bénéfices de la coopération parentsenseignants,<br />
mais cette fois pour les enfants. Parents et<br />
enseignants seront mélangés, la composition des ateliers<br />
respectant toutefois une parité. Comme le matin, les<br />
rapporteurs résumeront les travaux en séance plénière à<br />
l’issue de ces ateliers.<br />
La clôture de chacune de ces journées sera assurée par<br />
Gabriel Langouët, professeur émérite de l’Université<br />
Paris V et directeur de l’Observatoire de l’Enfance. Il lui<br />
reviendra la rude tâche d’en réaliser la synthèse.<br />
Pour rappel, le programme Enfance de la Fondation de<br />
France existe dans sa forme actuelle depuis 1996 : il<br />
s’agissait au départ de mettre en place une démarche de<br />
prévention de la violence. Depuis, il a connu quelques<br />
inflexions et ses trois axes d’intervention se déclinent<br />
aujourd’hui autour du « Mieux vivre ensemble dans la<br />
famille, à l’école et dans la cité » ainsi que sur le thème de<br />
l’Enfance abandonnée.<br />
Au chapitre Famille, le programme d’<strong>action</strong>s est dirigé<br />
sur l’aide à la parentalité des familles en grandes<br />
difficultés psycho-sociales. Au chapitre École, les <strong>action</strong>s<br />
de coopération parents-enseignants sont privilégiées<br />
depuis 2002, se substituant au programme de soutien aux<br />
<strong>action</strong>s de prévention de la violence. Enfin, au chapitre<br />
Cité, nous encourageons les démarches de création<br />
artistique avec des enfants de six à douze ans, en priorité<br />
ceux de milieux ou de territoires défavorisés. Dans<br />
certaines de ses délégations, la Fondation de France<br />
accorde également des aides sous forme de bourses à des<br />
orphelins ou des subventions à des Maisons d’enfants à<br />
caractère social.<br />
Le soutien financier apporté à ces programmes n’est<br />
évidemment possible que grâce à la générosité des<br />
donateurs qui accordent leur confiance à la Fondation de<br />
France. Car celle-ci, organisation privée et indépendante<br />
créée en 1969, ne reçoit aucune subvention de l’État. Elle<br />
agit selon deux mécanismes bien distincts : d’une part au<br />
travers des fondations qu’elle abrite, d’autre part au travers<br />
de ses propres programmes. Les fondations abritées – elle<br />
en compte actuellement cinq cent trente – résultent de la<br />
volonté de personnes de cœur qui donnent des sommes<br />
importantes pour soutenir des <strong>action</strong>s ou donner des prix et<br />
bourses. Les dons et legs lui permettent de créer des<br />
programmes d’<strong>action</strong>s originaux et innovants dans tous les<br />
domaines de l’intérêt général (économie et solidarités,<br />
santé, éducation, culture et environnement). Par-delà<br />
l’aspect financier, la Fondation de France cherche donc à<br />
être à l’écoute des besoins de la société dans laquelle nous<br />
vivons et à apporter des réponses humaines et adaptées qui<br />
s’appuient sur la dignité et l’autonomie des personnes. Ces<br />
journées de réflexion autour de l’école s’inscrivent dans<br />
cette quête et cette volonté.<br />
1
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Philosophie et <strong>action</strong>s de la MAE<br />
Philosophie et <strong>action</strong>s de la MAE<br />
Gérard Pégulu<br />
Responsable Secteur Prévention de l’union des MAE<br />
Depuis sa fondation, en 1932, la MAE, première assurance<br />
scolaire, a toujours placé au centre de ses préoccupations les<br />
élèves des établissements publics, de la maternelle à l’université.<br />
Très attachée à l’éthique mutualiste voulue par ses<br />
créateurs et par les enseignants, elle fait vivre les principes<br />
de l’économie sociale et solidaire en apportant une écoute<br />
attentive et personnalisée à tous les acteurs de l’éducation.<br />
Sa mission est d’apporter une réponse mutualiste toujours<br />
plus ajustée aux problèmes causés par l’accident au cours<br />
de la vie scolaire et de la vie privée de l’enfant.<br />
Bien que notre mutuelle évolue aujourd’hui dans un<br />
monde très concurrentiel, elle n’a jamais été imitée, sans<br />
doute grâce aux femmes et aux hommes bénévoles qui<br />
œuvrent en son nom dans tous les départements. Comme<br />
tous ceux qui sont présents ici, ils placent les enfants et leurs<br />
familles au cœur de leur <strong>action</strong>. Ainsi, en 2003-2004,<br />
3 500 000 élèves et leurs familles nous ont fait confiance.<br />
Parce qu’ils savent que chez nous, les valeurs humaines<br />
priment sur les valeurs de l’argent et permettent une<br />
approche totalement diffé-rente du sinistre. Conscients<br />
des difficultés que peuvent engendrer, pour l’élève, un<br />
accident, nous adaptons en effet le plus souvent possible<br />
nos garanties à l’âge des enfants. Par exemple, le<br />
lancement, il y a quelques années, de MAE-Famille nous<br />
a permis de répondre à la demande des parents touchés<br />
par un accident et d’aider les enfants à passer la période<br />
difficile occasionnée par un sinistre familial. Les<br />
étudiants et les jeunes n’ont pas non plus été oubliés<br />
puisque nous avons créé pour eux une MAE-Jeunes et<br />
une MAE-Habitation-Etudiants.<br />
Cela dit, chaque jour, nos collaborateurs<br />
départementaux sont à l’écoute des adhérents et<br />
apportent, parfois même au-delà des engagements<br />
contractuels, une réponse aux situations difficiles qu’ils<br />
rencontrent. Le secteur « Action sociale nationale et<br />
Secours exceptionnels » départemental permet d’aider<br />
les familles dans le besoin à la suite d’un accident. Ce<br />
message doit être diffusé : si, dans vos écoles, vous<br />
rencontrez des familles touchées par l’accident, sachez<br />
que la MAE peut les aider. Des secours exceptionnels<br />
départementaux et des aides mutualistes à caractère<br />
exceptionnel, au niveau national, peuvent être attribués<br />
aux familles le plus sévèrement touchées. La MAE peut<br />
suivre et soutenir ses jeunes adhérents handicapés à la<br />
suite d’un accident, et ce jusqu’à leur majorité. Elle peut,<br />
par exemple, apporter un plus aux prestations reçues<br />
pour un projet spécifique : aménagement d’un véhicule,<br />
d’une salle de bain, amélioration intérieure d’une<br />
chambre, etc. Il est donc important de le souligner :<br />
nous ne sommes plus seulement, aujourd’hui, le<br />
spécialiste de l’élève et de l’assurance scolaire mais aussi<br />
celui du jeune et de sa famille.<br />
Autre point important : la prévention est un secteur en<br />
pleine extension au sein de notre mutuelle. La MAE<br />
développe en effet de plus en plus d’<strong>action</strong>s auprès des<br />
enseignants et de leurs élèves, mettant à leur disposition de<br />
nombreux outils. Le catalogue « prévention », distribué<br />
dans les écoles, présente d’ailleurs ces matériels. Trois<br />
thèmes sont ainsi proposés aux écoles primaires et aux<br />
établissements secondaires : les accidents domestiques, les<br />
accidents de la route et la citoyenneté. Pour chaque thème,<br />
notre mutuelle prête l’exposition, les documents et les<br />
cassettes vidéo. Le dernier en date, le CD-ROM<br />
«Anastase, apprends-moi la rue», porte sur la Sécurité<br />
Routière et prépare les élèves à l’APER (Attestation de<br />
Première Éducation à la Route). Notre rôle est en<br />
l’occurrence de faire prendre conscience, grâce à la<br />
connaissance de l’environnement de la rue, des risques<br />
quotidiens et des responsabilités de chacun. Notre<br />
mutuelle se met ainsi à la disposition des écoles pour leur<br />
permettre de mieux assurer leur mission.<br />
Comme l’an passé, l’<strong>action</strong> de la Fondation de France sur<br />
le thème de « la coopération parents-enseignants à l’école »<br />
a, cette année encore, retenu toute notre attention. Et il<br />
nous a semblé naturel que la MAE s’inscrive à nouveau<br />
dans cette démarche qui relève de la même idée, celle<br />
d’associer parents et enseignants pour définir les<br />
meilleurs moyens d’<strong>action</strong>s possibles pour les élèves, dans<br />
le cadre de l’école, mais également pour la famille et<br />
l’enfant, dans le cadre de leur vie privée. C’est la raison<br />
pour laquelle nous sommes présents à vos côtés. C’est la<br />
raison pour laquelle nous avons apporté notre soutien au<br />
concours organisé par la Fondation de France.<br />
En 2003, le partenariat passé avec la Fondation de France<br />
nous a amenés à primer huit écoles ayant obtenu<br />
l’unanimité du Jury pour leur démarche de coopération<br />
parents-enseignants. Les <strong>action</strong>s menées au sein de ces<br />
établisse-ments montrent que l’évolution des rapports entre<br />
les acteurs de la communauté éducative est nécessaire.<br />
Souhaitons qu’elles soient le germe de nouveaux<br />
partenariats qui permettront, partout, de faire avancer<br />
l’école, de faire que l’écolier s’y sente bien, qu’il ait plaisir à<br />
y développer ses savoirs, ses savoir-faire, ses savoir-être.<br />
Un dernier mot pour dire que nous sommes<br />
particulièrement heureux de voir l’Observatoire de<br />
l’Enfance en France associé à cette démarche. À plusieurs<br />
occasions, il a mis ses compétences et ses talents au<br />
service de la MAE, notamment en 2003, en nous aidant<br />
à organiser et à mettre en place les travaux du congrès de<br />
Toulouse qui avait comme thème « L’engagement<br />
militant, dans la mutuelle, des parents et des<br />
enseignants ». C’est dire la continuité de notre réflexion<br />
et la proximité de nos démarches.<br />
2
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Les parents d’élèves et l’école :«À qui appartient l’enfant ?»<br />
Les parents d’élèves et l’école :<br />
«Àqui appartient l’enfant ? »<br />
Pierre Charbonnel<br />
Chercheur à l’Observatoire de l’Enfance<br />
Pierre CHARBONNEL lance le sujet des parents à l’école<br />
en le situant dans une perspective historique, et en se<br />
centrant sur l’enfant. Il part donc, dans ce but, de la<br />
question de Jean Hébrard, lors de sa participation à<br />
l’université d’été de l’IUFM de Créteil, en juillet 2001 :<br />
«Àqui appartient l’enfant ? ».<br />
Pourtant, cette question ne s’est pas toujours posée<br />
puisque, pendant très longtemps, l’enfant tel que nous le<br />
connaissons actuellement, comme être social en<br />
formation, n’existait pas. On passait ainsi directement et<br />
sans transition de l’état d’infans (ce qui signifie « celui qui<br />
ne parle pas »), nourri et totalement assisté, au statut<br />
d’adulte ; et cela vers 7 ans, c’est-à-dire à l’âge considéré à<br />
l’époque comme âge de raison par l’Église ; et on devenait<br />
alors, selon la position sociale, travailleur à part entière,<br />
ou apprenti officier, voire apprenti prince ou même<br />
carrément apprenti roi…<br />
En fait, c’est à partir de la fin du XVI e siècle que l’enfance<br />
commence progressivement à acquérir un statut ; statut<br />
qui s’affirmera définitivement au XVIII e avec, par<br />
exemple, Rousseau et son Émile.<br />
Dès lors, se pose la question « À qui appartient<br />
l’enfant ? ». « Àl’Église », répond sans hésiter le Concile<br />
de Trente, en ré<strong>action</strong> à la Réforme protestante qui<br />
confiait l’éducation religieuse aux familles et la lecture<br />
personnelle des « Écritures ». Se tisse alors, en ré<strong>action</strong>,<br />
un réseau dense d’écoles catholiques, dont celles des<br />
« Frères de l’école chrétienne » de J.-B. de la Salle<br />
constituent l’expression la plus élaborée, puisqu’elles<br />
serviront de modèle à la plupart des institutions scolaires<br />
actuelles (s’agissant notamment de l’enseignement<br />
successif, les frères s’implantant généralement par trois).<br />
«À qui appartient l’enfant ? ». «À la Nation »,<br />
affirment les révolutionnaires de 1789 ; et on se souvient<br />
par exemple d’un des nombreux projets scolaires de<br />
l’époque, celui de Le Pelletier de Saint Fargeau, qui<br />
préconisait d’enlever les enfants à leur famille dès leur<br />
plus jeune âge et de les éduquer en internat, afin de les<br />
soustraire à l’influence de l’Église, dans le but de faire<br />
émerger « l’homme nouveau ».<br />
«À qui appartient l’enfant ? ». «À la Nation et à la<br />
Patrie », répond la troisième République débutante qui<br />
forme ainsi non seulement de futurs citoyens, mais aussi<br />
de futurs patriotes (en attestent, par exemple, les fameux<br />
« bataillons scolaires »). Et dans ce but cette troisième<br />
République rend l’école obligatoire (enfin, « l’instruction »,<br />
mais cela revient au même pour plus de 99% de la<br />
population de l’époque).<br />
Mais cette obligation va provoquer du coup une double<br />
situation schizophrénique : pour tous les enfants d’abord<br />
qui, six heures par jour cessent d’être des « enfants »<br />
pour devenir des « élèves » ; pour les parents, ensuite qui,<br />
du même coup, et pendant le même temps deviennent des<br />
« parents d’enfants » « parents d’élèves », dépossédés<br />
d’une partie de leurs prérogatives, partiellement captifs<br />
de l’institution, qu’ils l’aient souhaité ou non.<br />
Ainsi, progressivement, la question va-t-elle se modifier :<br />
de « Àqui appartient l’enfant ? » on glisse, au début du<br />
siècle dernier à « Àqui appartient l’élève ? » ; et cela va<br />
déboucher sur une situation carrément conflictuelle.<br />
Car les familles ne vont avoir de cesse de récupérer les<br />
prérogatives qui leur ont été enlevées. C’est ainsi que<br />
naîtront les associations de parents d’élèves dont,<br />
chronologiquement, pour ne citer que les deux plus<br />
importantes, la fédération des PEEP, et la FCPE.<br />
Actuellement, pour mémoire, quatre associations sont<br />
ministériellement reconnues :<br />
la FCPE, Fédération des conseils de parents d’élèves,<br />
les PEEP, Parents d’élèves de l’enseignement public,<br />
l’UNAAP, Union nationale des associations autonomes<br />
de parents d’élèves,<br />
la FNAPE, Fédération nationale des associations des<br />
parents d’élèves des écoles publiques.<br />
Un certain nombre sont des associations locales, dont<br />
certaines reçoivent une habilitation rectorale. Un grand<br />
nombre, enfin, sont de simples groupements de parents<br />
d’élèves.<br />
Les parents d’élèves, sous forme de représentants, entrent<br />
officiellement dans le second degré en 1968 et à l’école<br />
primaire en 1977, lors de la création des conseils d’écoles.<br />
Mais cela ne se fait pas sans conflits : ainsi les PEEP<br />
rompent-elles avec la société des agrégés et le SNALC,<br />
dont ils étaient très proches ; et la FCPE, pour sa part,<br />
s’oppose brutalement au Syndicat National des<br />
Instituteurs qui, avec la Ligue de l’enseignement, était<br />
pourtant à son origine.<br />
C’est la loi d’Orientation de 1989 qui institutionnalise<br />
définitivement la place des parents dans le système<br />
éducatif en les consacrant « membres de la communauté<br />
éducative », et en définissant avec précision leur statut<br />
dans les divers conseils scolaires, ainsi que leur présence<br />
dans les instances consultatives départementales,<br />
académiques et même dans l’instance nationale, que<br />
constitue le Conseil supérieur de l’Éducation nationale.<br />
3
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Les parents d’élèves et l’école :«À qui appartient l’enfant ?»<br />
Ainsi, de captifs de l’institution, les parents d’élèves en<br />
sont devenus des partenaires institutionnels, dotés de<br />
certains droits. Pourtant cette « reconquête » n’est que<br />
très partielle : le rôle des parents reste la plupart du temps<br />
exclusivement consultatif, ils n’ont aucun droit de regard<br />
dans le domaine pédagogique, et ils ne peuvent pas<br />
choisir l’établissement scolaire qu’ils souhaitent (du<br />
moins en théorie car on connaît les diverses stratégies<br />
utilisées par les plus socialement favorisés pour<br />
contourner la carte scolaire…). Tout au plus, dans<br />
certains cas, ont-ils le dernier mot en matière<br />
d’orientation. Pourtant, beaucoup d’enseignants voient<br />
dans ces timides avancées une atteinte insupportable à<br />
leurs prérogatives professionnelles.<br />
Ainsi, contrairement aux apparences, les choses sont-elles<br />
loin d’être apaisées et le « combat » continue, les parents<br />
cherchant à augmenter leur influence dans le système<br />
éducatif, l’école essayant de son côté de récupérer une<br />
partie du terrain perdu. L’actualité le démontre<br />
amplement à travers, par exemple, la récente prise de<br />
position de l’actuel ministre ; ce qu’illustre parfaitement<br />
un dessin de Pancho, paru dans Le Monde du 31 mai.<br />
4
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Le rôle des parents dans la socialisation de l’enfant et son intégration à l’école<br />
Le rôle des parents dans la socialisation<br />
de l’enfant et son intégration à l’école<br />
Françoise Hurstel<br />
Professeur de psychologie, psychanalyste<br />
Mon argument est à la fois simple et complexe. Les rôles<br />
et les places des parents et des professionnels de l’enfance<br />
ne sont pas les mêmes pour la socialisation de l’enfant. Ils<br />
sont complémentaires. Mais en quoi sont-ils complémentaires<br />
? Qu’est ce que la socialisation ? Et en quoi<br />
consiste le rôle de chacun, parents et professionnels ?<br />
Selon le grand dictionnaire de la Psychologie, Larousse,<br />
la socialisation se définit ainsi : « les processus<br />
d’adaptation d’un enfant au milieu socio-culturel dans<br />
lequel il est élevé (apprentissage des normes…) ». Ces<br />
processus et ces apprentissages supposent la mise en<br />
œuvre de deux registres distincts. Le premier, du point de<br />
vue du développement de l’enfant, revient aux parents et<br />
le second aux professionnels de l’enfance.<br />
Les rôle et place respectifs des parents<br />
et des professionnels pour la socialisation<br />
Le premier registre est ce qui permet que des apprentissages<br />
se fassent : il est en quelque sorte le substrat à<br />
partir duquel les apprentissages sociaux et les processus<br />
d’adaptation seront possibles. Ce registre est celui selon<br />
lequel un enfant entre dans la vie humaine, devient un<br />
humain et un sujet en s’appropriant langage et culture, en<br />
s’identifiant à son prénom et à son nom. Ce registre est la<br />
base à partir de laquelle se feront les apprentissages ; il est<br />
le moteur qui permettra à l’enfant de se développer.<br />
À cette tâche que j’appelle « les pré-requis » de la<br />
socialisation (par analogie avec les pré-requis de la<br />
lecture par exemple) les parents (qu’ils soient naturels ou<br />
adoptifs et même « famille d’accueil ») sont convoqués.<br />
J’appelle « transmission de la dette de vie » de génération<br />
en génération ce qui permet qu’un enfant entre dans le<br />
registre de l’humanité, du langage et de la culture. Voici<br />
comment Françoise Dolto définissait cette dette qui<br />
revient aux parents : « La vie donnée ne reste humanisée<br />
de génération en génération que si se transmet en même<br />
temps qu’elle une dette »... « Le petit d’homme éprouve<br />
très vite le sentiment que ceux qui lui ont donné la vie ont<br />
contracté une dette à son égard : ce qu’ils lui doivent,<br />
c’est la dette de vie ; en donnant la vie biologique les<br />
parents se sont engagés à délivrer suffisamment de<br />
sollicitude, de limitations, et d’interdits pour qu’il<br />
s’humanise. Ensuite, ils lui transmettront les savoir-faire<br />
nécessaires pour trouver sa place dans l’échange en<br />
société ». Et encore « Si des humains ne viennent pas<br />
appeler cette vie biologique, à s’humaniser, alors c’est<br />
l’autisme ou bien la psychose. Si l’enfant est accueilli par<br />
des loups, il devient un enfant loup. Le seul programme<br />
génétique est incapable d’humaniser la vie. L’humanisation<br />
relève d’un entourage humain, animé par le sentiment<br />
d’une dette dont on doit s’acquitter ». Citations de Pierre<br />
Kammerer dans Adolescents dans la violence, Gallimard,<br />
2000.<br />
Pour résumer le rôle des parents par une formule<br />
emprun-tée encore une fois à Pierre Kammerer, je dirai<br />
que « les parents apprennent aux enfants à désirer selon<br />
les lois humaines ». L’amour et les interdits des parents<br />
sont au service de cette aptitude à désirer selon ces lois.<br />
Le deuxième registre est celui de l’adaptation à la vie<br />
sociale et aux apprentissages, ainsi qu’à l’entrée dans les<br />
savoirs. C’est ce monde que l’enfant devient capable<br />
d’explorer et de s’approprier et c’est plus particulièrement<br />
à ces tâches que les professionnels de l’enfance<br />
sont convoqués. En cela ils prolongent sur un mode<br />
spécifique, le rôle des parents.<br />
Bien entendu, ces distinctions sont schématiques mais<br />
elles marquent bien ce qu’il en est des rôles respectifs<br />
fondamentaux des parents et des professionnels. Elles<br />
sont schématiques en ce que les parents eux aussi permettent<br />
des formes de socialisation et des apprentissages au<br />
sein de la famille. Quant aux professionnels ils sont<br />
confrontés à travers les apprentissages et les savoirs qu’ils<br />
offrent aux enfants, à leur permettre de saisir le sens de<br />
ce qu’est être un petit des hommes et un citoyen.<br />
Pour montrer en quoi la place et le rôle des parents et des<br />
enseignants diffère, je citerai deux exemples vécus.<br />
Ils illustrent ce qu’est cette transmission de la « dette de<br />
vie » par les parents et répondent à deux questions : de quoi<br />
est faite cette dette ? et comment transmettre cette dette ?<br />
Le premier est une anecdote qui m’a été rapportée lors<br />
d’un colloque sur « L’autorité des parents » (Marseille,<br />
2000). Il permet de réfléchir sur la place respective des<br />
parents et des professionnels. C’est une mère qui arrive à la<br />
crèche avec, sous un bras, son enfant de deux ans et dans<br />
l’autre main les chaussures de l’enfant. L’éducatrice les<br />
attend. Elle dit à l’enfant : « Maxime tu sais que tu dois<br />
mettre tes chaussures… ». Ce qu’il fait sur le champ. La<br />
mère demande : « Comment avez-vous fait ? ». Réponse :<br />
« Je lui ai dit de les mettre ».<br />
Le commentaire, à l’époque, avait été « Les parents n’ont<br />
plus d’autorité, les enseignants en ont encore ». Interprétation<br />
avec laquelle je ne suis pas d’accord. Les parents et<br />
les professionnels ne sont pas à la même place par<br />
rapport à l’enfant. La crèche, le jardin d’enfant ou les<br />
écoles maternelles sont des lieux de vie où l’enfant est<br />
confronté à un groupe et a envie de s’y faire admettre.<br />
5
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Le rôle des parents dans la socialisation de l’enfant et son intégration à l’école<br />
Il se soumettra pour cela aux règles de l’institution.<br />
D’autre part, l’éducatrice n’est pas en situation de<br />
proximité ou d’intimité avec l’enfant : il y a entre elle et<br />
lui une distance affective qui fera qu’elle peut parler et<br />
être écoutée. De son côté, le parent - mère ou père - est<br />
dans une position de proximité très grande (surtout les<br />
mères) avec leur enfant. Non seulement les parents sont<br />
là depuis la naissance de l’enfant, mais ils investissent<br />
fortement cet enfant comme une partie d’eux-mêmes (ce<br />
qu’on appelle le narcissisme). Les parents sont inscrits<br />
dans une continuité généalogique où, à travers leur<br />
enfant, c'est leur propre enfance qu’ils revivent et les liens<br />
avec leur propre parents. Tout cela s’inscrit aujourd’hui<br />
dans un désarroi général qui fait de la parentalité une<br />
épreuve difficile : avec les transformations de la famille,<br />
de la conjugalité, et du statut de l’enfant devenu « sujet »<br />
de droit et une personne dont l’expression est à respecter,<br />
les parents sont confrontés à une multitude de repères<br />
souvent contradictoires. Ils culpabilisent vite et se sentent<br />
des parents dépassés par l’éducation. Pour le dire<br />
brièvement, les parents sont profondément impliqués<br />
dans des relations passionnelles et l’éducation navigue<br />
entre proximité et distance, entre passion, amour et<br />
violence... Ce qui n’est pas le cas des professionnels qui<br />
accueillent les enfants hors de la famille.<br />
Le deuxième exemple m’a été fourni par le récit d’une<br />
directrice d’école maternelle de la Seine-Saint-Denis,<br />
Mme Hoogstaël, en 2003. Il permettra d’aborder la<br />
transmission de la «dette de vie ». Il s’agit d’un cas extrême,<br />
celui d’un enfant livré à ses pulsions.<br />
Àtrois ans, cet enfant est instable, agressif envers ses<br />
camarades qu’il violente par moments, impulsivement.<br />
J’ai vu ses parents qui disent, dans un premier temps,<br />
qu’il est « plein de vie », « qu’un enfant ça doit bouger »…<br />
Or, chez lui, il fait ce qu’il veut. Mais dans un deuxième<br />
temps, le père dit à la maîtresse qu’à la maison ils ne s’en<br />
sortent plus. J’ai vu l’enfant avec ses parents. Il était<br />
habillé en petit mâle, crâne rasé à la Barthez. Sa mère<br />
l’appelle mon petit homme. Chez lui, il dit « je veux ça,<br />
tu vas me l’acheter ; fais ci, fais ça… » Les parents, eux,<br />
ils obéissent : ils tiennent toujours le même discours : « il<br />
a à peine trois ans ». Après les vacances, ils sont allés à la<br />
consultation de l’hôpital Robert Debré. Maintenant<br />
l’enfant prend de la Ritaline. Je pense qu’avec des parents<br />
plus fermes, il n’en aurait pas eu besoin…<br />
Ce récit recèle tous les éléments nécessaires à une<br />
réflexion sur la « dette de vie ». Plusieurs des éléments la<br />
constituant sont ici manquants. Et l’école maternelle<br />
hérite de ces manques.<br />
La transmission de la dette de vie,<br />
condition préalable à la socialisation<br />
des enfants<br />
Il y a de la part de ces parents une véritable difficulté à dire<br />
non à leur enfant, à lui imposer des limites et surtout à<br />
soutenir une position d’autorité à son égard. Ce qui soustend<br />
ces difficultés, c’est une position généalogique que les<br />
parents ne peuvent tenir. La position généalogique garante<br />
de la transmission de la dette, est une position différenciée<br />
de celle de l’enfant, une position de responsabilité.<br />
Les parents ne peuvent pas être les copains, les complices,<br />
les frères de leur enfant. La position de parents suppose des<br />
renoncements et des frustrations inhérents au rôle et à la<br />
responsabilité qui est la leur. Ici rien de tel. À la question<br />
« qui commande ? », la réponse est « l’enfant ». Il y a<br />
inversion des rôles.<br />
L’enfant dans cet exemple est au centre de la famille et<br />
non à la périphérie comme le suggère Françoise Dolto<br />
dans ses entretiens avec la juge Andrée Ruffo (1999).<br />
Il est non seulement le centre de la famille mais il en est<br />
le roi et en passe d’en devenir le tyran.<br />
En effet, ce qui constitue la « dette de vie » est fait de la<br />
canalisation, de la pacification des pulsions qui habitent<br />
tout enfant dès sa naissance. C’est là-dessus que les<br />
interdits doivent porter. Or, ces interdits, les parents se les<br />
imposent et l’imposent à l’enfant.<br />
Mettre l’enfant à la périphérie de la famille, c’est ne pas<br />
en faire un objet érotique, de jouissance. Et pour cela, il<br />
y a trois interdits fondamentaux, tous constitutifs de<br />
l’interdit de l’inceste que les parents s’imposent, tout en<br />
les imposant à l’enfant. Ce sont ces interdits imposés aux<br />
pulsions qui permettent à un enfant de désirer selon les<br />
lois, donc de se socialiser. Ces interdits fondamentaux<br />
portent sur les pulsions orales dans la relation archaïque<br />
à la mère. Sur les pulsions anales aussi : interdit de la<br />
destruction de l’autre et de soi-même dans les relations à<br />
autrui, l’exemple du passage de la morsure au baiser<br />
permet de saisir la nature de ces pulsions anales. Et enfin<br />
sur les pulsions génitales à orienter hors des membres de<br />
la famille. Chacun de ces interdits, lorsque les parents s’y<br />
plient et les imposent aux enfants, va permettre un<br />
progrès au sens d’une ouverture vers autre chose, vers<br />
un ailleurs. Ainsi, sevrer un enfant du sein ou du biberon<br />
dans un rapport de corps à corps avec la mère lui permet<br />
d’entrer dans le langage pour communiquer. L’interdit de<br />
la destruction permet de créer et d’entrer dans des<br />
rapports constructifs avec l’autre. L’enfant, de gré ou de<br />
force, oriente ainsi ses désirs vers des désirs acceptables<br />
dans le monde humain.<br />
Dans le cas du petit bonhomme décrit par la directrice, le<br />
lien à la mère est marqué à la fois d’un érotisme oral et<br />
génital (« mon petit homme »). On peut alors se<br />
demander si la fonction paternelle, cette fonction tierce<br />
entre la mère et l’enfant qui permet la pacification des<br />
pulsions, peut ici s’exercer. Le père semble n’avoir ni<br />
place, ni fonction pour l’enfant. Mais il semble ne pas<br />
beaucoup compter pour la mère comme compagnon<br />
érotique. Le conjugal est mis au deuxième plan, pour ne<br />
pas dire qu’il est devenu inexistant par rapport au<br />
parental qui occupe toute la scène. Lorsque Françoise<br />
Dolto avance que l’enfant n’est pas au centre de la<br />
famille, c’est cela qu’elle veut dire : que les liens entre<br />
deux adultes, liens de désirs sexuels et érotiques sont<br />
premiers et doivent le rester. L’enfant ne peut être l’objetfétiche<br />
d’un parent. On peut se demander ce qui, dans<br />
cette histoire, amène les parents à une telle absence de<br />
6
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Le rôle des parents dans la socialisation de l’enfant et son intégration à l’école<br />
responsabilité parentale... Probablement qu’eux-mêmes<br />
n’ont pas reçu de leurs parents la transmission de la dette<br />
sous forme d’interdits et d’ouverture. Mais j’avoue qu’ici,<br />
j’en suis réduite à des hypothèses puisqu’aucun élément<br />
de l’histoire transgénérationnelle de ces parents n’est<br />
connu de la directrice qui en a fait le récit.<br />
Pour conclure, rappelons quelques définitions qui<br />
permettront peut-être d’éclairer ce récit. L’autorité, c’est<br />
l’échange, le respect de la personne, elle est nécessaire<br />
pour la vie en société et le développement de la personne.<br />
L’autoritarisme, c’est le pouvoir. Être autoritaire, c’est<br />
donner des ordres sans explications…<br />
Pour en revenir aux rôles respectifs des parents et des<br />
professionnels, encore quelques précisions. Les parents<br />
ont à être soutenus dans leur responsabilité parentale.<br />
C’est souvent ce que les professionnels peuvent faire de<br />
mieux dans les cas où il y a des difficultés graves. Et<br />
plutôt que de mettre sous Ritaline un enfant de trois ans,<br />
il serait plus bénéfique pour son avenir de l’aider à<br />
surmonter ce qui apparaît déjà comme de graves éléments<br />
névrotiques. Notamment en faisant appel à des lieux de<br />
paroles où seraient pris et entendus l’enfant et ses<br />
parents. Dans les cas ordinaires - car toutes sortes de<br />
difficultés surgissent au décours du développement d’un<br />
enfant - la possibilité de participer à des groupes de<br />
paroles entre parents, comme cela a été suggéré dans les<br />
expériences des écoles présentes, et à des discussions avec<br />
les enseignants, est une solution bénéfique. Elle permet<br />
que se tissent des liens entre parents et professionnels.<br />
Ces liens sont positifs : l’enfant y trouve une continuité<br />
entre vie familiale et vie de groupe sans que l’une<br />
remplace l’autre, avec le respect des spécificités des rôles<br />
de chacun. Pour un enfant, l’intégration dans ce nouveau<br />
milieu de vie qu’est l’école maternelle en sera facilité.<br />
C’est ce à quoi visait la création par Françoise Dolto des<br />
Maisons vertes pour des enfants de moins de trois ans.<br />
Bibliographie<br />
Pour plus de précisions et compléments sur cet exposé :<br />
HURSTEL Françoise, L’Autorité malmenée, article paru<br />
dans Le Furet n°41, 2003.<br />
KAMMERER Pierre, Adolescents dans la violence,<br />
Gallimard, 2000.<br />
7
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
La concurrence éducative entre les parents et les enseignants à l’école primaire<br />
La concurrence éducative entre les parents<br />
et les enseignants à l’école primaire<br />
Daniel Gayet<br />
Maître de conférences, Université Paris X - Nanterre<br />
Je me suis toujours intéressé à la mise en rapport de<br />
l’éducation familiale et de l’éducation scolaire : il y a<br />
quel-ques années, en tant que professeur-formateur des<br />
futurs professeurs des écoles à l’IUFM et aujourd’hui,<br />
dans le cadre de mon activité professionnelle au sein<br />
d’une équipe « éducation familiale » concernée par les<br />
pratiques éducatives des familles.<br />
Tout ne se joue pas en classe. L’élève arrive à l’école avec<br />
des croyances (à quoi sert l’école ? à quoi sert le savoir ?),<br />
des habitudes, des principes plus ou moins adaptés aux<br />
exigences du système scolaire et de ses représentants (eux<br />
aussi plus ou moins rigides).<br />
Il semblerait que l’harmonie entre les pratiques éducatives<br />
des familles et celles de l’école favoriserait la réussite<br />
scolaire.<br />
Trois variables peuvent expliquer l’adaptation de l’enfant<br />
aux attentes du système scolaire :<br />
la 1<br />
ère<br />
est la distance culturelle qui existe entre la famille<br />
de l’enfant et l’école ; il y a une sélection sociale qui<br />
s’opère : un enfant de milieu culturellement favorisé a plus<br />
de chances d’être en situation de réussite scolaire ;<br />
la 2<br />
ème<br />
concerne la compétence de l’enfant à traiter cette<br />
distance ; la probabilité d’apparition de cette<br />
compétence est d’autant plus forte que la distance<br />
culturelle est réduite ;<br />
la 3<br />
ème<br />
variable est la valeur pédagogique de l’enseignant<br />
et elle est d’autant plus influente que la distance<br />
culturelle entre la famille et l’école est grande.<br />
Pratiques culturelles des familles<br />
D’une certaine manière, parents et enseignants sont en<br />
situation de rivalité éducative et pédagogique. Parfois il y<br />
a complémentarité.<br />
Le schéma suivant précise les liens entre les trois parties :<br />
Famille<br />
Éducation familiale<br />
(pédagogie implicite)<br />
<br />
Enfant/Élève<br />
École<br />
Pédagogie<br />
(éducation implicite)<br />
Famille et école convergent vers un même point :<br />
« l’enfant–l’élève ».<br />
<br />
Du côté de la famille on a tout un processus<br />
d’éducation familiale qui implique une pédagogie, c’est à<br />
dire qu’on ne peut pas éduquer un enfant sans lui<br />
apprendre/enseigner quelque chose : on lui apprend déjà<br />
à parler au sein de la famille ; il apprend des connaissances<br />
qui peuvent être en concurrence avec ce que l’école<br />
prétend apporter (par exemple, au niveau de<br />
l’apprentissage de la lecture où les parents recourent à<br />
d’autres méthodes que celles de l’enseignant…).<br />
L’école a une vocation pédagogique. Elle est le lieu où on<br />
apprend des choses et a une vocation éducative, c’est-àdire<br />
faire respecter les valeurs, générer des citoyens, faire<br />
respecter la vie en société (des compétences touchant au<br />
savoir-être sont inscrites dans la loi d’orientation de<br />
1989). De ce fait, elle peut être en concurrence ou en<br />
harmonie avec ce qui se passe dans la famille.<br />
L’enfant-élève est un même personnage et l’école peut avoir<br />
des difficultés à comprendre ce qu’est l’enfant, quel enfant est<br />
l’élève, tout comme la famille quel élève est son enfant.<br />
En cas de difficultés scolaires ou sociales, tout se passe<br />
aujourd’hui comme si la co-responsabilité éducative des<br />
familles et de l’école se traduisait le plus souvent par un<br />
rejet des responsabilités sur l’autre partie plutôt que par<br />
une recherche commune de solutions. L’école rejette la<br />
responsabilité sur les défaillances éducatives des familles<br />
et les familles, moins puissantes, rejettent la responsabilité<br />
de l’échec de leur enfant au plan scolaire sur les<br />
«mauvaises» méthodes pédagogiques utilisées par<br />
l’enseignant.<br />
Il existe des pratiques éducatives familiales qui favorisent<br />
la scolarité et d’autres qui la défavorisent. L’école a une<br />
certaine attente vis-à-vis de l’enfant-élève : « les familles<br />
doivent livrer un enfant qui est scolarisable », dès la<br />
petite section de maternelle, l’enfant doit avoir un<br />
minimum d’aptitudes sociales et respecter un minimum<br />
de principes.<br />
Comment classer les principes éducatifs<br />
des familles ?<br />
On peut s’interroger indéfiniment sur ce qu’est une pratique<br />
et quand elle peut être dite éducative.<br />
Ces typologies des familles sont rarement objectives ; on<br />
est dans un registre normatif et on émet un jugement de<br />
valeur contraire à une objectivité requise.<br />
L’un des critères d’une « bonne » éducation serait<br />
l’adaptation scolaire… actuellement on considère qu’un<br />
enfant adapté sur le plan scolaire et qui répond aux<br />
attentes de l’école est un enfant « bien éduqué ».<br />
8
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
La concurrence éducative entre les parents et les enseignants à l’école primaire<br />
Ce critère de bonne éducation évolue dans le temps. Dans<br />
les années 50, l’enfant idéal était un enfant obéissant ;<br />
dans les années 70, c’était un enfant épanoui ; dans les<br />
années 80 et suivantes, un enfant autonome en<br />
complétant aujourd’hui avec l’élève performant.<br />
Quelques exemples classiques de pratiques éducatives des<br />
familles :<br />
Les enfants des familles démocratiques (entremêlant<br />
affection et autorité) (cf. D. Baumrind) ont de meilleurs<br />
résultats scolaires ; les enfants des familles moyennement<br />
structurées (c’est-à-dire peu rigides) ont un développement<br />
intellectuel supérieur (cf. J. Lautrey) ; les mères les<br />
plus stimulantes sont celles qui restent calmes, s’adaptent<br />
aux compétences de l’enfant et savent réajuster leur<br />
niveau de questionnement (cf. J.-P. Pourtois).<br />
Aujourd’hui, ce qui prévaut c’est le modèle libéral : chaque<br />
élève est pris dans sa spécificité et poussé à l’autonomie.<br />
J’ai réalisé une enquête auprès de 508 parents. Elle montre<br />
que l’opposition sociale la plus nette se fait entre esprit<br />
critique/curiosité d’esprit, d’une part et politesse et bon<br />
travail, d’autre part, sans corrélation avec les performances<br />
réelles de l’enfant. Par exemple, les enfants dont les<br />
parents stimulent le plus l’autonomie sont reconnus par les<br />
enseignants comme étant effectivement les plus autonomes.<br />
Dans les familles populaires, on véhicule l’idéal<br />
d’un élève plutôt passif, c’est-à-dire qui « écoute bien ce<br />
que dit l’enseignant, qui ne se fait pas remarquer ».<br />
Aujourd’hui, les parents des milieux moyens et aisés<br />
négocient de plus en plus souvent avec l’enfant, alors que<br />
jusque dans les années 60, dans ces mêmes milieux c’était<br />
l’autorité et l’obéissance qui étaient de mise. « La<br />
souplesse des pratiques éducatives favorise une bonne<br />
image de soi et l’acquisition du sentiment de<br />
responsabilité vis à vis de ses actes et des événements de<br />
la vie », précise C. Bouissou.<br />
Le point commun de toutes ces études est qu’elles<br />
constatent un net clivage social : les pratiques efficaces se<br />
repèrent majoritairement dans les classes sociales<br />
moyennes ou supérieures. C’est dire qu’à conditions<br />
socio-économiques équivalentes, les principes éducatifs<br />
auxquels se réfèrent les parents exercent une influence<br />
directe sur les performances scolaires de leurs enfants.<br />
Et la question qui se pose naturellement est celle<br />
d’estimer l’impact de ces pratiques éducatives sur la<br />
conduite scolaire de l’enfant. C’est à partir de cette<br />
conduite que les enseignants élaborent des hypothèses sur<br />
les pratiques éducatives supposées des parents.<br />
On pourrait aussi mentionner les pratiques langagières :<br />
quel droit à la parole lorsque l’intérêt de l’enfant porte<br />
sur le contenu et celui de l’enseignant sur la forme ?<br />
On peut retenir qu’il y a des pratiques éducatives en<br />
harmonie ou en opposition avec la demande scolaire.<br />
On peut aussi se demander par quel processus, des<br />
pratiques éducatives parentales peuvent devenir handicapantes,<br />
et pourquoi ne sont-elles pas handicapantes pour<br />
tous les enfants ? L’intervention d’une dimension psychologique<br />
est nécessaire.<br />
Représentations des enseignants<br />
On retrouve chez les enseignants des représentations caricaturales<br />
et schématiques de l’éducation donnée par les<br />
parents, induites de ce qu’ils perçoivent chez leurs élèves :<br />
façons de s’exprimer, de se conduire ou de s’habiller…<br />
C’est souvent négatif.<br />
Quelles sont ces représentations des enseignants sur les<br />
parents et sur leur niveau supposé de compétence ou<br />
d’incompétence éducative ? Qu’est-ce qui dans la dévalorisation<br />
implicite des parents, risque de bloquer la<br />
progres-sion scolaire de l’élève ?<br />
Il ne fait aucun doute que ces représentations jouent un<br />
rôle important sur les performances scolaires de l’enfant.<br />
Un enseignant n’attend pas les mêmes réponses d’un élève<br />
qu’il croit victime de carences éducatives (il n’intervient<br />
pas de la même façon, il ne pose pas les mêmes<br />
questions…), ou qu’il pense avoir des parents<br />
démissionnaires (parce qu’il ne les voit jamais)…<br />
La condescendance peut être nocive car elle conforte<br />
l’enfant dans une représentation défavorisée de lui-même…<br />
Il existe aussi un effet d’étiquetage et d’acceptation de cet<br />
étiquetage par l’élève, par exemple liées à ses origines<br />
sociales.<br />
La représentation que se font les enseignants des parents<br />
et de la culture dispensée à la maison peut influencer des<br />
décisions lourdes de conséquences pour l’enfant.<br />
Trop d’enseignants, parce qu’ils sont des professionnels,<br />
se croient experts en éducation (parce que statutairement<br />
ils sont reconnus comme éducateurs professionnels),<br />
alors même qu’ils n’ont reçu aucune formation à ce sujet ;<br />
mon expérience d’enseignant-formateur à l’IUFM m’a<br />
permis de le vérifier... Pour eux, tout se passe comme si<br />
l’incom-pétence éducative était une propriété intrinsèque<br />
de la parentalité, même lorsque ces parents sont euxmêmes<br />
enseignants ! Il est généralement reproché aux<br />
parents de ne pas assumer leurs responsabilités<br />
éducatives. Et si jamais ils les assument, ils seront accusés<br />
de mal les exercer.<br />
Une enquête d’Éric Debarbieux (1998) portant sur<br />
617 enseignants indique que 70% d’entre eux estiment<br />
que la famille joue moins bien son rôle qu’auparavant ; à<br />
toute époque, on va trouver chez les enseignants l’illusion<br />
d’une carence éducative croissante des parents. À<br />
l’inverse, les enquêtes auprès des parents montrent que<br />
les parents sont plutôt satisfaits des enseignants (un<br />
sondage de Libération, il y a 3 ans, donnait le chiffre de<br />
70% de parents satisfaits).<br />
On a donc une représentation très contrastée. Plusieurs<br />
éléments peuvent l’expliquer :<br />
un enseignant face à un parent pense avoir en vue<br />
l’intérêt objectif de 25 ou 30 élèves ;<br />
toute parole parentale est suspecte d’être entachée de<br />
subjectivité ou de parti-pris ; l’intérêt particulier que les<br />
parents portent à leur enfant les empêche de voir où est<br />
l’intérêt général ;<br />
9
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
La concurrence éducative entre les parents et les enseignants à l’école primaire<br />
l’homogénéité de la catégorie enseignants face à<br />
l’hétérogénéité de la catégorie parents ; les enseignants<br />
représentent une force institutionnalisée et les parents<br />
sont en ordre dispersé, même s’il existe des fédérations<br />
de parents d’élèves ; or, ce sont les enseignants qui ont<br />
le pouvoir ; c’est une situation qui est acceptée par une<br />
partie des catégories sociales moyennes ou défavorisées<br />
et moins facilement acceptée par les milieux aisés, ce qui<br />
implique qu’on ne peut pas traiter uniformément les<br />
questions des rapports entre les parents et l’école.<br />
À partir d’entretiens que j’ai pu conduire auprès de<br />
quinze directeurs d’école de l’Essonne (en zone<br />
pavillonnaire, en ZEP et en écoles « tout-venant »), il<br />
m’est apparu que les enseignants classaient les parents en<br />
trois catégories :<br />
Parents élitistes<br />
Parents :<br />
envahissants<br />
Enseignants :<br />
fournisseurs de<br />
services<br />
Parents<br />
réalistes<br />
Parents :<br />
partenaires<br />
Enseignants :<br />
compétents<br />
Parents<br />
fatalistes<br />
Parents :<br />
« démissionnaires »<br />
Enseignants :<br />
infaillibles<br />
Les parents élitistes sont dits envahissants. Ils résident<br />
en zone pavillonnaire. Les enseignants se perçoivent<br />
comme fournisseurs de services, situation qu’ils acceptent<br />
difficilement. L’élitisme ostentatoire des catégories de<br />
parents les plus aisés demande un enseignement de<br />
qualité qui permette à l’enfant d’être le plus performant<br />
possible. Il s’oppose à l’objectif apparemment égalitariste<br />
et coopératif de l’institution scolaire. Ces parents mettent<br />
les enseignants dans une situation de malaise : il y a une<br />
contradiction entre la réalité de l’école élitiste et les textes<br />
qui lui fixent un objectif égalitariste et coopératif. Ce<br />
caractère devient de plus en plus élitiste quand l’enfant<br />
poursuit sa scolarité. Dans ces écoles, il y a une pression<br />
parentale très forte (inquiétudes, par exemple, quand un<br />
nouvel enseignant arrive) qui peut agir sur la politique de<br />
l’établissement, parfois en concurrence avec le privé.<br />
On perçoit bien cette réalité à travers les propos des<br />
directeurs : « Les parents font le forcing. Pour eux,<br />
l’éducation c’est d’abord leur affaire. Cela implique une<br />
sorte de contrôle sur les enseignants et une remise en cause<br />
de leur manière de faire la classe. C’est terrible, le moindre<br />
faux-pas est signalé immédiatement… » ... « Les nouveaux<br />
enseignants leur font peur. Il faut faire ses preuves, donc il<br />
faut énormément discuter avec eux, tout expliquer. Si on<br />
n’est pas assez performant, ils n’hésiteront pas à mettre leur<br />
enfant dans le privé… » ... «L’école doit assurer tout ce que<br />
les parents n’ont pas le temps de faire à la maison. Ils<br />
veulent des enfants très performants, brillants et<br />
n’admettent pas qu’ils soient seulement dans la bonne<br />
moyenne, qu’ils ne soient pas au top du top. »<br />
Les parents réalistes sont des parents partenaires et les<br />
enseignants sont considérés comme compétents. Ils<br />
savent, comme l’écrit Philippe Meirieu (1997), que<br />
« certains comportements familiaux, en matière de<br />
gestion du temps, de rapport à la télévision,<br />
d’habillement, de nourriture, ont de réels effets sur la<br />
réussite scolaire… »<br />
Voici ce qu’en disent les directeurs :<br />
« Les parents sont très attachés à l’école et émettent des<br />
réserves vis-à-vis de certains enfants indésirables qui<br />
risquent de faire baisser le niveau scolaire. L’école devrait<br />
agir en direction des autres parents. »<br />
Dans la plupart de ces établissements, on note la présence<br />
d’enfants dérogataires. Dans l’ensemble, tout se passe<br />
bien mais on observe une tendance des catégories sociales<br />
moyennes à adopter l’attitude des catégories aisées.<br />
Les parents fatalistes sont des parents de milieux<br />
modestes. Ils sont perçus comme « démissionnaires » car<br />
ils viennent peu ou pas à l’école, cette absence étant alors<br />
interprétée comme une démission. Ils se pensent insuffisamment<br />
instruits pour oser prétendre qu’ils possèdent<br />
des compétences éducatives. Pour eux, l’école c’est<br />
l’affaire des enseignants. Ils ne voient pas comment ils<br />
pourraient par-ticiper. Ils servent facilement d’alibi aux<br />
échecs pédagogiques.<br />
Ce qu’en disent les directeurs :<br />
« On est les derniers représentants d’une institution dans le<br />
quartier. Les parents de ZEP demandent que leurs enfants<br />
réussissent et apprennent bien à l’école… » ... « On a<br />
l’impression d’être au début du XX e siècle, on est reconnu.<br />
Ils attendent tout de l’école ; ils reportent sur l’école tout ce<br />
qu’ils ne peuvent pas faire. L’école doit pouvoir tout<br />
résoudre, les questions de connaissance comme les<br />
questions de morale. Ils attendent pratiquement tout de<br />
nous : l’éducation, la sécurité, le contrôle de la violence, la<br />
gestion périscolaire… ils attendent trop. » ... « La liaison<br />
parents-école, c’est pour nous un gros souci… parce que<br />
seule la famille peut redonner sens à la scolarité. » ... « Ils<br />
attendent beaucoup plus que ce que l’école peut leur<br />
apporter : soigner l’enfant, réparer ses chaussures. Pour ces<br />
parents, l’école doit tout apprendre aux enfants,<br />
notamment la politesse. »<br />
On observe une position complètement inverse de la<br />
première catégorie et on ne peut donc pas parler de façon<br />
unitaire des rapports des parents à l’école. Les parents<br />
qui sont demandeurs d’informations sur l’école sont ceux<br />
qui en ont le moins besoin et ceux qui en ont le plus<br />
besoin ce sont ces parents qu’on ne voit jamais.<br />
C’est donc vers les parents de milieu modeste que l’école<br />
doit se tourner et doit définir une stratégie de coopération.<br />
De plus, la représentation que se font les enseignants des<br />
parents doit être réhabilitée. Il faudrait, pour mettre un<br />
terme à ces représentations caricaturales génératrices de<br />
malentendus, faire intervenir dans la formation en IUFM<br />
une préparation aux rencontres avec les parents.<br />
De même, il faudrait s’interroger sur les modalités d’une<br />
médiation pour que les parents de milieux défavorisés,<br />
qui sont souvent convoqués et qui sont des accusés<br />
potentiels, deviennent de vrais partenaires et non pas des<br />
personnes responsables des difficultés pédagogiques que les<br />
enseignants éprouvent au quotidien.<br />
Et puis comment définir ce partenariat et mettre en place<br />
une authentique stratégie de coopération ? Des<br />
expériences positives ont été conduites et on peut se<br />
demander si elles sont transposables dans d’autres lieux.<br />
10
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
La concurrence éducative entre les parents et les enseignants à l’école primaire<br />
Libres propos...<br />
Un parent : Les trois catégories de parents que vous<br />
avez proposées me semblent caricaturales ; j’en<br />
rajouterais une autre, celle des parents en très grande<br />
précarité.<br />
D. Gayet : Ces catégories sont des axes qui<br />
correspondent à des expériences que les enseignants<br />
vivent ; ces propos sur les parents sont entendus dans<br />
les salles des maîtres. Lautrey parle d’une éducation<br />
non ou peu structurée qui ne correspond à aucun<br />
clivage social particulier. La transformation sociale voit<br />
une diminution progressive de la population ouvrière,<br />
une augmentation très sensible du niveau culturel de la<br />
population, un accroissement considérable des catégories<br />
sociales moyennes qui explique d’une manière<br />
mécanique la progression scolaire de la population.<br />
Un enseignant : Dans notre école ça fonctionne bien.<br />
Dans notre école ZEP de la banlieue parisienne qui a<br />
vécu des situations de violence entre jeunes, il y a un<br />
travail d’équipe entre les enseignants. On monte des<br />
<strong>action</strong>s avec les parents et leur vécu. Les élèves sont<br />
contents.<br />
D. Gayet : Des écoles comme la vôtre sont conduites<br />
par des enseignants expérimentés, compétents,<br />
militants avec des équipes d’enseignants qui ont un<br />
projet pédagogique fort, mais ce n’est pas la règle. On<br />
sait bien comment le jeu des nominations d’enseignants<br />
affecte à ces écoles des enseignants qui voudraient être<br />
affectés ailleurs. On trouve aussi une autre difficulté :<br />
comment former une équipe pédagogique d’enseignants<br />
militants alors que le jeu des nominations<br />
n’obéit pas à cette règle mais à celle de l’ancienneté, du<br />
nombre de points, ce qui n’a rien à voir avec une<br />
logique pédagogique ?<br />
Bibliographie<br />
BAUMRIND D., New directions in socialization<br />
research, American Psychologist, 35, 1980<br />
BOUISSOU C., Éducation parentale, internalité et<br />
estime de soi, in Y. PRÊTEUR, M. de LEONARDIS<br />
(dir), Éducation familiale, image de soi et compétences<br />
sociales, Bruxelles, De Boeck, 1995<br />
BOUISSOU C., Sexe de l’enfant, pratiques éducatives<br />
et origines sociales, in O. LESCARRET,<br />
M. de LEONARDIS (dir), Séparations des sexes<br />
et compétences, Paris, L’Harmattan, 1996<br />
DEBARBIEUX E., Le professeur et le sauvageon,<br />
Revue française de pédagogie, n°123, 1998<br />
GAYET D., Modèles éducatifs et relations<br />
pédagogiques, Paris, Armand Colin, 1995<br />
GAYET D., École et socialisation, Paris,<br />
L’Harmattan, 1998<br />
GAYET D., Quelle typologie en éducation familiale ?,<br />
Les sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle,<br />
n°4, 2000<br />
GAYET D., C’est la faute aux parents, Paris, Syros, 1999<br />
MEIRIEU P., Vers un nouveau contrat parentsenseignants<br />
?, in F. DUBET (dir), Écoles, familles :<br />
le malentendu, Paris, Textuel, 1997<br />
MONTANDON C., PERRENOUD P.,<br />
Entre parents et enseignants : un dialogue impossible ?,<br />
Berne, Peter Lang, 1994<br />
POURTOIS J-P., Comment les mères enseignent<br />
à leur enfant (5-6 ans), Paris, PUF, 1979<br />
11
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
L’école primaire, un moment clé pour devenir parent d’élève<br />
L’école primaire, un moment clé pour<br />
devenir parent d’élève<br />
Martine Kherroubi<br />
Socioloque de l’éducation (IUFM de Créteil), Laboratoire CERLIS (CNRS -<br />
Paris V), responsable du centre Alain Savary-INRP (Centre de recherches et de<br />
ressources sur la scolarisation en milieux difficiles) de 2000 à 2003.<br />
Mon intervention prend appui sur la lecture des projets<br />
menés dans le cadre de la coopération parentsenseignants,<br />
soutenus par la Fondation de France. Elle se<br />
propose d'en dégager les points forts, les difficultés<br />
rencontrées, les points qui resteraient à interroger.<br />
Sachant que je m'appuie par ailleurs sur les résultats des<br />
recherches du champ de la sociologie de l'éducation<br />
- puisque je suis moi-même sociologue en éducation - et,<br />
plus particulièrement, sur deux recherches que j'ai<br />
menées. D'abord, sur la monographie d'une école<br />
élémentaire de quatorze classes, située dans la banlieue<br />
parisienne, que j'ai réalisée au milieu des années 1990.<br />
Ensuite, une recherche plus récente, faite dans le cadre<br />
d'un dispositif relais. Dispositif très intéressant car il<br />
regroupe à la fois des éducateurs et des enseignants, avec<br />
la participation des parents. Il accueille des enfants en<br />
grandes difficultés scolaires et, bien souvent, déjà<br />
déscolarisés..., alors qu'ils sont encore au collège et donc<br />
dans la période de la scolarité obligatoire.<br />
Premier constat : les contacts parentsenseignants<br />
sont rares<br />
La lecture des projets primés par la Fondation de France<br />
confirme deux grands constats. Le premier, c'est l'écart qui<br />
existe entre une certaine banalisation institutionnelle de la<br />
coopération école-famille et la réalité quotidienne des écoles<br />
maternelles et élémentaires. Dans la littérature<br />
institutionnelle, les contacts entre parents et enseignants,<br />
surtout à l'école maternelle, sont présentés comme<br />
nombreux et faciles. En réalité, ce que montre bien l'analyse<br />
des <strong>action</strong>s de terrain que vous avez présentées, c'est que<br />
dès l'école élémentaire, et parfois même dès la maternelle,<br />
les pratiques régulières de rencontres et d'échanges entre les<br />
parents et les enseignants sont peu fréquentes. En tout cas,<br />
bien moins qu'on le croit généralement.<br />
Améliorer les relations entre les parents et l'école,<br />
construire des liens de coopération, cela ne peut se faire<br />
que par une démarche volontaire. Si elle n'existe pas, où<br />
trouver un espace de discussion où les parents pourraient<br />
mettre sur la table leurs problèmes ? Le cadre actuel ne le<br />
prévoit pas... Les initiatives reviennent donc entièrement<br />
à l'école et aux enseignants.<br />
Du côté de l'Éducation nationale, on a un discours<br />
ambigu. D'un côté, on légalise la notion de communauté<br />
éducative ; on considère, par la loi d'orientation du<br />
10 juillet 1989, que les parents sont membres à part<br />
entière de la communauté éducative, qu'ils sont des<br />
partenaires permanents de l'école et de l'établissement<br />
scolaire, qu'ils ont droit à l'information et à l'expression.<br />
Mais d'un autre côté, force est de reconnaître que la voie<br />
est en fait beaucoup plus étroite puisque la participation<br />
des parents n'est formellement organisée que dans le<br />
cadre des conseils auxquels ils sont représentés par les<br />
parents élus. Le bureau des parents est donc en fait le<br />
bureau des parents élus, etc. Il y a une sorte de glissement<br />
entre tous les parents et les parents élus.<br />
C'est dire qu'il reste à développer ces pratiques. Celles-ci<br />
devraient être guidées par des objectifs clairs et que ces<br />
objectifs soient adoptés par l'ensemble de l'équipe<br />
éducative. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra espérer voir<br />
la présence de tous les parents s'inscrire vraiment dans la<br />
quotidienneté de l'école. Dans la quotidienneté mais aussi<br />
sur le long terme... or, on voit bien, actuellement, que ces<br />
pratiques ont du mal à se maintenir dans la durée.<br />
Quelques travaux impulsés par le ministère confirment ce<br />
premier constat. Je pense, par exemple, à une enquête<br />
menée par Pierre Perrier sur les professeurs débutants et<br />
sur les anciens instituteurs. Elle montre que les temps<br />
consacrés aux rencontres et aux réunions avec les parents<br />
sont assez faibles. Si l’on suit leurs déclarations, cela<br />
oscille entre 1 heure 12 pour les plus anciens, et<br />
50 minutes pour les plus jeunes au cours de la semaine.<br />
Lorsqu’il interroge les enseignants sur les motifs de<br />
satisf<strong>action</strong> du métier, le chercheur Pierre Perrier propose<br />
des réponses possibles... mais la réponse « contact avec<br />
les parents » n'est pas proposée. Enfin, à la question qui<br />
porte directement sur la qualité des relations avec les<br />
parents, 34% des enseignants répondent qu'elles sont très<br />
bonnes, 54% assez bonnes et 12% reconnaissent qu'elles<br />
sont assez, voire très difficiles. Le chercheur commente<br />
ces résultats en disant que sans être jugés globalement<br />
difficiles, les contacts et les échanges avec les parents<br />
d'élèves peuvent être source de difficultés. Et de préciser<br />
que c'est plus particulièrement le cas en ZEP où 15 % les<br />
qualifient de très difficiles. Pour être plus précis, ce sont<br />
surtout les enseignants débutants qui ressentent ces<br />
difficultés (19%) et seulement 11% des anciens.<br />
Les raisons de favoriser la coopération<br />
école-familles<br />
Second thème que je voudrais aborder ici : pourquoi faiton<br />
une telle démarche ? L'argumentation la plus<br />
12
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
L’école primaire, un moment clé pour devenir parent d’élève<br />
courante, lorsque l'on veut impulser un travail sur la<br />
démarche coopération école-parents, repose sur l'idée<br />
qu'elle va améliorer la réussite scolaire des élèves et<br />
permettre de mieux lutter contre l'échec scolaire. C'est<br />
une argumentation très fragile. Il s'agit là en effet d'un<br />
présupposé : aucune étude, jusqu'à présent, n'a démontré<br />
que les conditions de la réussite d'un élève, de fait<br />
extrêmement complexes, découleraient directement de<br />
bonnes relations école-parents. Ce que les recherches ont<br />
montré, c'est qu'on ne peut pas déduire d'une mauvaise<br />
ou d'une absence de relation école-famille, le fait que<br />
l'enfant ne va pas réussir. Ni d'ailleurs, déduire de cette<br />
absence que les parents ne sont pas motivés.<br />
Ce que l'on perçoit clairement dans les projets présentés,<br />
c'est le rôle moteur que constitue la reconnaissance des<br />
difficultés objectives et subjectives des enseignants par<br />
rapport aux parents. Ce n'est pas là un sentiment<br />
individuel mais un sentiment assumé collectivement. Les<br />
enseignants reconnaissent le caractère conflictuel des<br />
relations avec les parents, ou leur absence. Cette<br />
dimension collective doit être notée.<br />
Face à cela, il existe des convictions fortes sur la place que<br />
doivent avoir les parents dans l'école. Tous les parents, et<br />
pas seulement les parents élus. On peut alors se poser des<br />
questions sur le manque d'appropriation réelle de cette<br />
notion de la part de l'ensemble des enseignants.<br />
Le travail réalisé sur le dispositif relais déjà évoqué nous<br />
a montré que pour les parents des élèves en grandes<br />
difficultés il fallait reprendre les liens brisés (compte tenu<br />
des difficultés, ils étaient devenus plus conflictuels). En<br />
fait, on s'est aperçu que, ces liens bien souvent n'avaient<br />
jamais véritablement existé. Que les parents étaient en<br />
fait restés très à l'écart de l'école. Les difficultés des<br />
enfants étaient apparues dès le primaire, mais elles<br />
n'avaient pas été « échangées » avec les parents. Il n'est<br />
pas rare que les parents accusent le collège ; ils<br />
considèrent que c'est à ce stade-là que les relations sont<br />
devenues conflictuelles et ils idéalisent alors l'école<br />
primaire. Pourtant, si l'on essaie d'aller un peu plus loin,<br />
on constate qu'en fait ils ne peuvent pas donner de traces<br />
d'une relation passée entre eux et l'école...<br />
Je m'arrêterai quelques instants sur une enquête qui porte<br />
sur le collège : « Les inégalités de bien-être au collège ».<br />
Réalisée par Denis Meuret et Thierry Marivain en 1997,<br />
elle a cette particularité d'interroger les élèves, cette fois.<br />
Ce type d'enquête n'existe pas dans les écoles maternelles<br />
et élémentaires en raison de l'âge des élèves (il faudrait<br />
peut-être y réfléchir, d'ailleurs), mais elle est intéressante<br />
car elle montre que, parmi les sentiments de bien-être, la<br />
qualité des relations parents-enseignants est un élément<br />
important pour eux. Bien sûr, le plus important, c'est le<br />
climat de la classe, ce sont les relations avec les<br />
enseignants mais la façon dont les familles sont accueillies<br />
dans le collège compte à leurs yeux. Les collégiens se<br />
sentent plus en confiance à partir du moment où ils<br />
sentent leurs parents eux mêmes en confiance par rapport<br />
au collège. Ils perçoivent ce climat positif.<br />
Une présence forte des parents dans le collège, on le<br />
perçoit par ce biais, c'est aussi une façon d'aider ceux qui<br />
appartiennent aux classes les moins privilégiées à mieux<br />
apprécier et évaluer la progression de leur enfant. C'est<br />
important car, généralement, les élèves n'arrivent pas à<br />
bien mesurer leur niveau réel de compétences, leur<br />
progression. Ils n'arrivent pas à avoir une image fiable de<br />
leurs capacités scolaires. Or, leurs parents ne sont pas<br />
égaux pour les y aider. Dans les milieux favorisés, ils<br />
arrivent à voir ce niveau de compétences, à donner des<br />
indicateurs de confiance. Ce n'est pas le cas dans les<br />
milieux les moins favorisés ; ils ont du mal à apprécier ce<br />
niveau. En les incitant à venir dans l'école, on espère leur<br />
donner confiance et les aider à avoir un regard positif sur<br />
la scolarité de leur enfant. Ce qui va forcément influencer<br />
la scolarité de l'élève puisqu'il aura des points d'appui.<br />
Les enseignants doivent comprendre que les élèves des<br />
catégories les plus défavorisées ont plus besoin de leur<br />
relais pour mettre leurs parents en confiance et, du même<br />
coup, l’être eux-mêmes.<br />
Il faut aussi le reconnaître, la tension de toutes les<br />
familles par rapport à la scolarité de leur enfant tient à<br />
l'importance prise aujourd'hui par l'école dans le<br />
processus de qualification sociale. En particulier, l’école<br />
est devenue et demeure le principal vecteur de mobilité<br />
sociale pour les familles populaires. La réussite scolaire<br />
est devenue essentielle pour leurs enfants et pour elles.<br />
Or, elles sont obligées de s'en remettre aux enseignants et<br />
à leurs enfants pour cela.<br />
Beaucoup pensent que les rapports entre les familles<br />
favorisées et l'école sont radicalement différents. Ce n'est<br />
pas tout-à-fait exact. Ils sont marqués par deux traits<br />
communs : l'investissement dans l'école et une certaine<br />
frustration. Mais il est vrai que les parents affrontent ces<br />
questions avec des ressources différentes. Ainsi les<br />
relations école-famille confrontent très souvent deux<br />
logiques différentes. L'une, celle des familles, peut être<br />
terriblement chargée d'affect. L'autre est une logique<br />
professionnelle. Dans les relations école-famille, les<br />
enseignants sont dans une logique professionnelle. Or, ils<br />
voudraient que les familles adoptent quasiment une<br />
logique professionnelle. C'est très ambigu. Il y a une<br />
tendance de l'institution à vouloir imposer aux familles<br />
les comportements qui permettraient aux enseignants de<br />
travailler dans des conditions de confort. Mais les<br />
enseignants reconnaissent par ailleurs que certaines<br />
d’entre elles ne peuvent pas les assumer ; et ils ne les<br />
aident pas vraiment à le faire. En même temps, lorsqu’ils<br />
sont pris dans cette logique, ils ont du mal à percevoir les<br />
formes de mobilisation scolaire parentale existantes.<br />
Les familles des milieux populaires ont donc l'impression<br />
que leur investissement n'est pas reconnu parce que les<br />
ressources leur manquent pour soutenir leurs enfants<br />
dans le quotidien, pour les soutenir face aux difficultés<br />
scolaires qu'ils peuvent rencontrer, et aussi pour exprimer<br />
ces difficultés aux enseignants dans les bonnes formes.<br />
Les parents ont l'impression qu'ils seront incapables de<br />
s'expliquer, et donc qu'ils ne pourront pas trouver d'aide<br />
auprès d'eux. Pire, qu'ils risquent d'aggraver la situation<br />
13
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
L’école primaire, un moment clé pour devenir parent d’élève<br />
scolaire de leur enfant. Alors que les familles de classe<br />
« moyenne » ou favorisée arrivent, en cas de difficultés, à<br />
utiliser les relations avec l'école pour améliorer la<br />
scolarité de l'enfant, à établir ces formes de copartenariat<br />
permettant une meilleure réussite.<br />
Les deux types de recherche que j'ai menées montraient<br />
clairement cette difficulté d’établir des relations avec<br />
toutes les familles. Du côté de l'école élémentaire, la<br />
recherche montrait bien la proximité des enseignants<br />
avec les familles moyennes et celles dont les enfants<br />
étaient en réussite scolaire. Bien que très mobilisés sur<br />
l'idée d’une école ouverte à tous, les enseignants avaient<br />
en revanche du mal à entrer en contact avec les familles<br />
les plus démunies dont les enfants connaissaient plus de<br />
difficultés. S’agissant des familles les plus précaires,<br />
surtout celles qui étaient récemment immigrées, la<br />
confiance en l'école n'était de toute façon pas du tout<br />
évidente. Même si l'investissement dans l'école était là, la<br />
confiance, elle, restait à gagner.<br />
L’écart avait tendance à s’agrandir entre les familles dont<br />
les enfants réussissaient et les familles dont les enfants<br />
connaissaient des difficultés. Dans cette école très<br />
ouverte, les premières faisaient toujours plus pression<br />
pour obtenir des informations et bien gérer la scolarité de<br />
leur enfant. Pendant ce temps, les enseignants constataient<br />
que les informations élémentaires n'arrivaient pas<br />
à passer auprès des secondes.<br />
C’est sur ce dernier aspect que les pratiques des<br />
dispositifs relais paraissent très intéressantes. Elles ont<br />
pour objectif d'établir une relation entre l'école et les<br />
parents dans laquelle ces derniers construisent la<br />
conviction que même en cas de difficultés importantes de<br />
leur enfant (ce qui est le cas), ils recevront un discours de<br />
valorisation en tant que parents et que des pistes seront<br />
ouvertes pour trouver avec leur appui des solutions. Dès<br />
lors, un dialogue peut s'instaurer avec les enseignants, et<br />
on voit s’établir des formes de coopération.<br />
Tout est, évidemment, beaucoup plus facile quand<br />
l'enfant réussit. Là, les familles populaires, même les<br />
familles précaires, viennent à l’école quand on les y invite<br />
de façon personnalisée. C'est surtout compliqué quand<br />
l'enfant a des difficultés. L'enjeu est alors de passer des<br />
relations conflictuelles (sous le signe de la convocation) à<br />
des relations qui peuvent devenir positives, et progressivement<br />
coopératives.<br />
Pour des familles moyennes, il me semble que ce<br />
positionnement non conflictuel est le plus souvent<br />
possible. Parce que, même face à un enfant en difficulté<br />
scolaire, la famille et les enseignants trouvent des points<br />
de valorisation. Il y a donc là des enjeux extrêmement<br />
profonds à travailler.<br />
Méthodes et moyens :<br />
il reste beaucoup à faire...<br />
Troisième thème : la matérialité des projets. Autrement<br />
dit, comment cela se passe matériellement, au niveau des<br />
prises en charge, des personnes, des espaces, etc. ? Dans<br />
ce type de projets, des espaces sont donnés aux parents.<br />
Des temps leur sont consacrés. Une disponibilité de<br />
l'école. C'est ainsi que des groupes de parole peuvent se<br />
mettre en place. Il doit y avoir une réflexion sur la<br />
manière de travailler cette ouverture de l'école, cette<br />
présence de parents : comment va-t-on intervenir dans<br />
cette relation école-parents ? De façon étroite - le moteur<br />
sera-t-il très « enseignant » ? C'est-à-dire très proche des<br />
préoccupations des enseignants : va-t-on apprendre à<br />
communiquer sur l'école, sur la scolarité, sur les résultats<br />
des élèves ? Ou bien, sera-t-on dans une vision plus<br />
large ? Dans l'éducation à la parentalité, par exemple,<br />
l'alphabétisation des mères, etc. ? Il va falloir définir les<br />
objectifs. Choisir entre des missions recentrées sur le<br />
cœur de l'école, ou des missions beaucoup plus ouvertes<br />
où l'école est plutôt une plaque tournante et offre des<br />
services larges aux familles le plus en difficultés.<br />
Il y a aussi des enjeux sur les personnels impliqués.<br />
Lorsqu'on est dans des missions recentrées, traditionnelles,<br />
au cœur de l'instruction, les personnages forts<br />
ce sont les enseignants, la direction. En revanche,<br />
lorsqu'on est dans des missions plus ouvertes, plus larges,<br />
de véritables partenariats s'installent avec des<br />
psychologues, des travailleurs sociaux, des médiateurs.<br />
Il faut réfléchir à la façon de gérer tout cela.<br />
Comment se construisent les compétences ? La directrice,<br />
les enseignants moteurs de la démarche se sont construit<br />
des compétences dans leur trajectoire professionnelle. Cela<br />
peut se faire dans certains milieux, l'éducation populaire,<br />
les mouvements pédagogiques, etc. Mais en dehors de<br />
cela ? Que veut dire concrètement « intervenir auprès des<br />
parents » ? Quelles compétences cela sollicite-t-il ? Une<br />
question est alors posée : faut-il un personnel spécifique<br />
dans l'école ? Faut-il qu'un enseignant dispose d'un temps<br />
consacré à cette démarche ? Ou qu'il y ait un autre type<br />
d'intervenant ?<br />
Enfin, comment interviennent les parents ? Peuvent-ils<br />
aider ? Dans certains établissements, on semble se méfier<br />
d'une présence trop forte de parents de classe moyenne<br />
qui risquent de «coloniser» l'école et de chasser de fait les<br />
parents les moins favorisés. D'autres établissements<br />
estiment au contraire que l'on peut s'appuyer sur ces<br />
parents pour faire un travail vers les familles les moins<br />
favorisées, les faire venir à l'école.<br />
Par ailleurs, à partir du moment où les enseignants<br />
travaillent avec d'autres catégories de professionnels qui<br />
ont beaucoup plus l'habitude de travailler avec des<br />
parents, ne courent-ils pas le risque de se faire imposer les<br />
points de vue de l'éducateur, du travailleur social, etc. ?<br />
Quel point de vue imposent-ils par rapport à cette<br />
relation ? N'y a t-il pas un danger de glisser vers le<br />
relationnel, le psychologique ? De trop mettre en avant<br />
des questions tels le lien parental, le lien social ? Certes,<br />
ils sont importants mais ce ne sont pas forcément eux qui<br />
justifient la présence des parents à l'école. Ils ne sont pas<br />
au centre des enjeux de l'école, de la réussite de l'école. Et<br />
accepter que ces personnels non enseignants se fassent en<br />
quelque sorte les délégués des parents au sein de l'école,<br />
ne serait-ce pas une forme de démission des enseignants ?<br />
Toutes ces questions méritent d'être soulevées.<br />
14
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Synthèse des ateliers des trois journées de rencontre des vingt deux écoles primées<br />
Synthèse des ateliers des trois journées de<br />
rencontre des vingt-deux écoles primées<br />
Lors de chacune des journées organisées à Strasbourg et à Paris, deux ateliers ont été organisés, selon un schéma<br />
similaire : l’atelier du matin, portant sur les apports et les limites de la coopération parents-enseignants, d’une façon<br />
globale, l’atelier de l’après-midi, étant axé spécifiquement sur les bénéfices de cette coopération pour les enfants. Pour<br />
aborder la première thématique, « apports et limites », le choix avait été fait de travailler en sous-groupes : parents d’un<br />
côté, enseignants de l’autre, enfin directeurs. En revanche, pour la thématique « enfants » les participants s’étaient<br />
regroupés. Cela étant, les interventions, les aspects positifs et négatifs des démarches se sont avérés tellement imbriqués<br />
que nous avons décidé, pour présenter la synthèse des différentes interventions, de ne pas vraiment traiter séparément les<br />
paroles en fonction des groupes ou sous-groupes, ni même les bénéfices des adultes d’un côté et ceux des enfants de<br />
l’autre, mais de tenter plutôt d’en faire une synthèse ; quitte à mettre en exergue, lorsque cela s’impose, telle remarque ou<br />
problématique particulière d’un groupe…<br />
L’école est un lieu qui intimide beaucoup de parents…,<br />
lorsqu’elle ne suscite pas carrément de l’hostilité de leur<br />
part. Ce peut être le cas, par exemple, lorsqu’il y a trop<br />
de distance entre ce qui se passe en classe, ce qui s’y<br />
enseigne, et l’univers culturel de la famille. La peur d’être<br />
méprisé peut alors se transformer en agressivité. Or,<br />
lorsque cela se produit, tout le monde est perdant : les<br />
parents et les enseignants, qui restent campés sur leurs<br />
positions respectives et voient leurs tâches respectives<br />
d’éducateurs compliquées, mais plus encore les enfants<br />
qui, ne sentant pas de cohésion entre les attentes des uns<br />
et des autres, ont bien du mal à trouver leurs repères et à<br />
être motivés.<br />
D’où la nécessité - tous les intervenants en ont convenu<br />
sans hésitation - d’encourager les initiatives de<br />
coopération parents-enseignants. Lorsqu’elle est bien<br />
menée, cette coopération permet d’instaurer un climat de<br />
confiance entre ceux qui travaillent dans l’école et ceux<br />
qui vivent hors de l’école. Elle permet de créer les<br />
conditions du dialogue, de faire en sorte que chaque<br />
partie accepte de sortir de son univers pour envisager le<br />
point de vue de l’autre, pour le comprendre et le prendre<br />
en considération.<br />
Le rôle moteur de l’équipe pédagogique<br />
Mais, il faut le savoir, la coopération parents-enseignants<br />
ne naît pas spontanément. Pousser la porte de l’école,<br />
pour les parents, n’est pas un acte naturel. C’est même un<br />
acte particulièrement difficile, voire impensable s’ils n’y<br />
ont pas été explicitement invités. Et si les intervenants ont<br />
tenu à souligner ce point, c’est qu’il a une conséquence<br />
importante : l’initiative ne peut venir que de la direction<br />
et de l’équipe enseignante. C’est à elles de jouer le rôle<br />
moteur. Les parents, eux, ne peuvent s’intégrer à la<br />
démarche qu’une fois le moteur lancé.<br />
Pour cela, il faut donc une volonté affirmée de l’équipe<br />
pédagogique, un projet structuré et, si possible, un pilote<br />
pour coordonner les <strong>action</strong>s à mener. Car ces dernières ne<br />
sont efficaces que si elles sont inscrites dans la durée. C’est<br />
même une condition sine qua non. Elle implique<br />
évidemment une certaine stabilité de l’équipe ou, si des<br />
changements de personnes interviennent - surtout au<br />
niveau de la direction -, une bonne transmission du<br />
«chantier» en cours, des <strong>action</strong>s initiées ou en préparation.<br />
Bien sûr, cela implique aussi un investissement en temps<br />
et en énergie qui va bien au-delà de ce qui est dû<br />
normalement par les personnels de l’Éducation nationale<br />
à leur tutelle. Les acteurs engagés dans cette démarche et<br />
venus témoigner ont tous insisté sur cet investissement<br />
très lourd, parlant de militantisme, voire d’engagement<br />
politique. Parfois, par simple souci d’information et de<br />
clarification. Parfois aussi pour regretter que ces <strong>action</strong>s<br />
ne soient pas mieux reconnues par l’institution et donc,<br />
qu’il n’y ait pas de décharge de tâches. Y compris lorsque<br />
le travail entrepris à ce niveau s’avère quasiment<br />
indispensable pour avancer et qu’il requiert alors une<br />
grande disponibilité… Certains ont d’ailleurs évoqué la<br />
fatigue et la démotivation de collègues, au bout de<br />
quelques années.<br />
L’école, le dernier bastion du lien social<br />
Mais, d’une façon générale, le ton des échanges, lors des<br />
ateliers, était loin de la revendication et de l’amertume.<br />
On a entendu directrices et enseignants assurer que cette<br />
coopération était un formidable outil pour « entretenir<br />
l’enthousiasme », qu’elle était toujours enrichissante,<br />
parce que construite sur des échanges humains. Toutefois<br />
ce qui, au regard des équipes pédagogiques, semble<br />
donner le plus de sens à cette démarche, c’est qu’elle<br />
permet de créer du lien social. Ils l’ont dit et répété : dans<br />
certains quartiers et pour certaines familles, l’école<br />
représente le seul endroit, le dernier bastion où l’on peut<br />
encore espérer faire naître ce lien. Le seul lieu où<br />
l’échange, l’amitié et l’entraide ont droit de cité. Cet<br />
aspect des choses n’apparaît pas aussi fortement partout.<br />
Il prend en tout cas une place considérable dans les zones<br />
d’éducation prioritaire, là où les enfants viennent en<br />
majorité de familles immigrées peu ou pas du tout<br />
intégrées dans la société française. Tout se passe alors<br />
comme si la cible prioritaire de la démarche<br />
« coopération » était les parents. En créant des relations<br />
avec eux, en ouvrant les activités de l’école à ces mères et<br />
15
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Synthèse des ateliers des trois journées de rencontre des vingt deux écoles primées<br />
à ces pères qui, du fait de problèmes de langue, de culture,<br />
de pauvreté, etc., vivent souvent leur exclusion dans<br />
l’humiliation, voire l’exclusion, les enseignants ont<br />
conscience de jouer un rôle social important. Leur objectif<br />
est de faire venir ces familles à l’école. En leur proposant<br />
de venir expliquer leur culture, leurs traditions, en leur<br />
demandant de participer à des sorties ou à des ateliers,<br />
c’est une main tendue qu’ils offrent à ces familles. Une<br />
passerelle pour les aider à s’intégrer, éventuellement<br />
apprendre le français, les sortir de leur isolement, leur<br />
permettre de rencontrer d’autres familles et ainsi de tisser<br />
des liens dans leur quartier. Et aussi, bien entendu,<br />
commencer à partager la culture de l’école et ses valeurs.<br />
Le fait est que pour une mère au foyer, pour un père au<br />
chômage, bref, pour quelqu’un qui n’a pas de statut<br />
social, intervenir dans l’école, participer à des sorties,<br />
faire de l’initiation au jardinage ou à la menuiserie,<br />
animer un atelier de lecture ou de cuisine, c’est gratifiant.<br />
C’est une façon de valoriser l’adulte mais aussi son<br />
enfant. C’est dire qu’un appel aux compétences des<br />
parents, bien géré, peut profiter à tous. L’institution<br />
commence à l’admettre puisqu’il arrive que ces<br />
compétences soient reconnues.<br />
On est loin des missions de l’école ? C’est vrai…, en<br />
partie du moins. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle<br />
certains enseignants refusent de s’impliquer dans ce type<br />
de démarche qui, disent-ils, relève plutôt de l’assistanat<br />
social que du métier d’instituteur. Pour eux, les<br />
apprentissages des enfants qui leur ont été confiés doivent<br />
passer en priorité. Ce point de vue, on s’en doute, n’est<br />
pas celui que retiennent les équipes engagées dans la<br />
coopération parents-enseignants. Car au bout de la<br />
chaîne, expliquent ces dernières, l’enfant reste le<br />
bénéficiaire principal de l’évolution favorable de la<br />
famille, de son intégration dans son quartier, dans sa<br />
ville. Il n’empêche que, même en leur sein, cela soulève<br />
inévitablement des interrogations : jusqu’où l’école peutelle<br />
et doit-elle aller sur ce terrain ? Travailler avec les<br />
acteurs sociaux ou se contenter d’être un relais vers leurs<br />
services ? L’école est un service public, mais quelle<br />
définition donne-t-on à « service public » ? Les<br />
enseignants ne risquent-ils pas de se laisser envahir par<br />
l’émotionnel et se détourner de leur mission<br />
fondamentale ? Devraient-ils être mieux préparés, donc<br />
formés à ce type de démarche ? Sur ce dernier point, en<br />
tout cas, beaucoup pensent qu’il serait bon de recevoir un<br />
minimum de formation… et ont regretté que ce ne soit<br />
pas le cas, à de rares exceptions près (par exemple à<br />
l’IUFM d’Avignon).<br />
Pour tous, le mot-clé c’est la confiance<br />
Cela dit, l’intérêt de la coopération parents-enseignants<br />
va bien au-delà de cette solidarité sociale. Et celle-ci n’est<br />
pas exclusivement réservée aux établissements situés dans<br />
des ZEP. Dans les écoles qui ne connaissent pas de<br />
problèmes sociaux massifs, elle s’impose un peu<br />
différemment peut-être, mais avec tout autant de<br />
pertinence. Les parents qui se sont exprimés à Strasbourg<br />
et à Paris, quel que soit leur milieu social, l’ont dit sans<br />
ambiguïté : la démarche de coopération mise en place<br />
dans l’établissement de leur enfant leur a permis d’être<br />
plus à l’aise avec les enseignants et la direction, d’oser les<br />
aborder sans réticence, d’échanger d’égal à égal. Parce<br />
que, pour un père ou une mère, savoir qu’en cas de<br />
problèmes, il va pouvoir rencontrer l’enseignant, lui<br />
parler de son enfant, savoir qu’il sera écouté et pris en<br />
considération, c’est capital. Lorsque règne ce climat de<br />
confiance, cela change beaucoup de choses. Les familles,<br />
moins crispées, plus confiantes, sont aussi plus aptes à<br />
écouter, à accepter une approche différente de la leur.<br />
Elles peuvent ainsi mieux comprendre le système scolaire<br />
et son fonctionnement. Et de ce fait, mieux soutenir<br />
l’enfant dans sa scolarité. Pour certains, il faut même<br />
parler de « réconciliation » avec l’école, car il n’est pas<br />
rare que des relations précédentes aient laissé quelques<br />
traumatismes…<br />
Pour les enseignants aussi, le bilan d’une coopération<br />
réussie est très largement positif. En gagnant la confiance<br />
des parents, ils gagnent leur soutien et leur respect. Ils<br />
constatent souvent moins d’absentéisme. Le<br />
comportement des enfants change. Leur attitude à l’école<br />
est alors plus respectueuse vis-à-vis de l’enseignant,<br />
l’attention plus soutenue et le désir d’apprendre<br />
encouragé. L’enseignant, dans sa classe, en tire<br />
inévitablement bénéfice, il travaille mieux. De plus,<br />
comme il connaît l’autre face des élèves, celle qui n’est<br />
pas dans le temps scolaire, il a les éléments pour mieux<br />
comprendre les élèves et les aider plus efficacement.<br />
Au coeur du dispositif : l’épanouissement<br />
de l’enfant<br />
Cela a été dit d’emblée et était d’ailleurs inscrit en<br />
filigrane dans tous les propos rapportés jusqu’ici,<br />
pourtant axés sur des atouts de la démarche pour les<br />
adultes, qu’ils soient parents d’élèves ou personnels de<br />
l’Éducation nationale : l’enfant reste le grand bénéficiaire<br />
d’une coopération parents-enseignants réussie.<br />
L’importance de la cohérence du discours pédagogique,<br />
facilitée lorsque parents et des enseignants entretiennent<br />
de bonnes relations, fait l’unanimité : c’est une source de<br />
motivation forte pour l’enfant. Cela s’explique aisément.<br />
L’école est une référence importante. La famille aussi. Il<br />
faut donc à tout prix éviter que ces deux mondes<br />
s’entrechoquent. Tout faire pour qu’ils s’acceptent et se<br />
comprennent. De la non communication naît souvent de<br />
l’incompréhension, voire de l’agressivité. Or, à l’école, les<br />
représentations biaisées ne manquent pas. Qu’elles soient<br />
du côté des enseignants vis-à-vis des familles « pas assez<br />
ceci », ou des familles vis-à-vis des enseignants « trop<br />
cela », les idées reçues ont en effet la vie dure. Et elles<br />
peuvent faire des dégâts. Lorsque le dialogue s’instaure<br />
entre ces deux mondes, ces représentations hâtives ont<br />
toutes les chances de tomber. Et c’est l’enfant qui en<br />
profite. Quand le parent est accueilli et reconnu par<br />
l’enseignant, l’élève se sent valorisé. Il acquiert une<br />
certaine confiance en lui parce qu’il se sent l’objet d’une<br />
préoccupation commune. Il trouve ainsi plus facilement<br />
sa place au sein de l’école.<br />
16
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Synthèse des ateliers des trois journées de rencontre des vingt deux écoles primées<br />
Répétons-le parce que cela est essentiel, sentir la<br />
complicité des parents et des enseignants, c’est, pour<br />
l’enfant, se trouver dans une cohérence pédagogique très<br />
rasssurante : il n’y a pas de hiatus entre le discours tenu<br />
à l’école et celui tenu à la maison. Pour l’enfant, aller à<br />
l’école lorsqu’il sent l’adhésion de sa famille au système,<br />
cela peut alors devenir un plaisir. Il participe plus<br />
volontiers à la vie de la classe, est plus attentif, plus<br />
respectueux de l’institution et de l’enseignant. Ce sont là<br />
des atouts qui favorisent ses apprentissages<br />
fondamentaux. Plus généralement, ils facilitent ses<br />
apprentissages de futur citoyen, parce qu’il voit des<br />
adultes, parents et enseignants, travailler ensemble au<br />
bien-être d’une collectivité, en l’occurrence les enfants<br />
d’une classe, d’une école.<br />
Cela dit, les parents qui ont participé aux ateliers de<br />
Strasbourg et de Paris l’ont assez largement souligné :<br />
les bienfaits ne se font pas seulement sentir au sein de<br />
l’école. À la maison aussi, cela se passe mieux lorsque les<br />
familles relaient les principes soutenus par les instituteurs.<br />
Parce que l’enfant n’est pas « balloté » entre des attentes<br />
différentes. C’est tout particulièrement vrai dans les milieux<br />
très défavorisés où le risque existe que l’enfant finisse par ne<br />
plus reconnaître l’autorité des parents et n’accepte plus<br />
qu’un référent, l’enseignant. En fait, de la même façon<br />
qu’un enseignant qui dialogue avec les parents est mieux<br />
reconnu, les parents qui dialoguent avec l’enseignant, voire<br />
qui participent à des activités scolaires, des ateliers, des<br />
sorties, etc., sont valorisés et donc mieux écoutés.<br />
Les liens avec la réussite scolaire ?<br />
Difficiles à établir<br />
Des enfants qui se sentent mieux à l’école, sont plus<br />
épanouis et perçoivent mieux la cohérence éducative : ce<br />
sont donc là des atouts incontestables d’une coopération<br />
parents-enseignants bien menée. Mais qu’en est-il des<br />
effets sur la réussite scolaire elle-même ? La question se<br />
trouve évidemment au centre de la préoccupation des<br />
parents et des enseignants. Or, sur ce point, il faut bien<br />
l’avouer, les réponses se font beaucoup plus évasives. Les<br />
enseignants, les premiers, le constatent : même une<br />
coopération efficace familles-école n’entraîne pas<br />
nécessairement une amélioration des résultats scolaires.<br />
Certes, il semble par exemple que les enfants dont les<br />
parents s’impliquent dans la vie de l’école réussissent<br />
mieux que d’autres. Peut-on affirmer pour autant avec<br />
certitude que ceci explique cela ? En réalité, les<br />
évaluations des <strong>action</strong>s menées dans le cadre d’une telle<br />
démarche restent très rares. Une seule a été citée, celle<br />
réalisée par l’école du Péglé, à Mont-de-Marsan :<br />
confronté à une forte population d’enfants manouches,<br />
cet établissement s’est lancé dans une démarche<br />
d’ouverture - très volontariste et inscrite dans la durée -<br />
vers ces familles marginalisées. Il y a dix ans, avant la mise<br />
en place des <strong>action</strong>s de rapprochement entre les familles et<br />
l’école, le nombre d’enfants en difficultés de lecture était<br />
élevé. Beaucoup d’entre eux étaient d’ailleurs dirigés vers<br />
les classes SEGPA ou CLIS. Aujourd’hui, alors que la<br />
proportion des enfants manouches n’a pas changé, cette<br />
proportion est la même que pour la moyenne nationale.<br />
L’évaluation a été faite sur une base scientifique, grâce aux<br />
tests d’entrée au CP, au CE2 et en 6ème.<br />
Ce que l’on peut en revanche affirmer avec certitude,<br />
c’est que lorsqu’un dialogue régulier existe entre parents<br />
et enseignant, il est plus facile de faire de la prévention.<br />
Par exemple, de repérer les moments difficiles que<br />
l’enfant traverse et de les affronter sans attendre que la<br />
situation se détériore.<br />
Mais pour la plupart des acteurs, la question des résultats<br />
scolaires est ambiguë. Qu’appelle-t-on réussite scolaire ?<br />
demandent-ils dans une belle unanimité. Le fonctionnement<br />
des apprentissages varie considérablement d’un<br />
enfant à l’autre, constatent les enseignants. Et assurer<br />
l’équilibre émotionnel et psychologique de l’enfant,<br />
particulièrement dans les moments de transition, n’est-ce<br />
pas aussi important ?<br />
L’organisation de la coopération :<br />
méthodes et moyens<br />
Témoins enseignants, directrices, parents, tous reconnaissent<br />
que pour faire vivre la coopération parentsenseignants<br />
à l’école, il faut du temps… et que cela<br />
représente un investissement qui dépasse largement<br />
l’institutionnel : il faut un engagement militant ou<br />
politique. Dans les établissements de petite taille, une<br />
direction et une équipe pédagogique soudées et motivées<br />
peuvent la faire vivre durablement. Mais dans les écoles<br />
plus importantes, l’instabilité de l’équipe, le fait que les<br />
enseignants ne sont pas tous impliqués de la même façon<br />
constituent souvent des entraves. La hiérarchie et la<br />
municipalité peuvent aussi être des freins… ou, au<br />
contraire, appuyer la démarche. Un peu partout, le rôle<br />
des ATSEM, en maternelle, courroies de transmission<br />
école-familles irremplaçables, a été souligné.<br />
Les moyens mis en œuvre évoqués sont assez divers. Les<br />
uns revendiquent l’intérêt de petites initiatives telles que :<br />
confier des cassettes de comptines aux familles, leur faire<br />
faire des reportages photos durant les vacances «au<br />
pays», créer des associations parents-enseignants, ouvrir<br />
un espace, un lieu convivial pour les rencontres parentsenseignants<br />
ou parents-parents, présenter les productions<br />
des enfants sur le temps scolaire. Les autres jouent la<br />
carte de la co-éducation : intervention des parents en<br />
classe, gestion d’activités (lecture, ateliers manuels), etc.<br />
17
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Bilan des journées consacrées à la coopération parents-enseignants<br />
Bilan des journées consacrées à la<br />
coopération parents-enseignants<br />
Gabriel Langoüet<br />
Professeur émérite de l’Université Paris V. Directeur de l’Observatoire de l’Enfance<br />
Ces trois journées ont été organisées selon un schéma<br />
commun proposé par la Fondation de France, la MAE et<br />
l’Observatoire de l’Enfance en France. À l’issue de chaque<br />
journée, un bilan provisoire a été établi et présenté aux<br />
participants. Chaque bilan a ainsi pris en compte les<br />
interventions liminaires, les apports scientifiques communs<br />
ou spécifiques et les comptes rendus des travaux de<br />
groupes organisés, d’abord en fonction des positions des<br />
participants (trois groupes : parents, enseignants, chefs<br />
d’établissements), puis par thèmes favorisant au contraire<br />
les échanges transversaux. Or, ce qui a marqué tous ces<br />
bilans, c’est bien davantage les ressemblances que les<br />
différences, les complémentarités que les oppositions. Mais<br />
n’est-ce pas quelque peu évident lorsqu’on observe les<br />
préoccupations communes des trois groupes et le<br />
cheminement commun de réflexion que nous avions<br />
proposé ? C’est pourquoi, plutôt que de présenter ces trois<br />
bilans successifs, nous avons tenté d’en proposer une<br />
synthèse provisoire susceptible de contribuer à la réflexion<br />
ultérieure, voire de dégager quelques perspectives.<br />
En premier lieu, et concernant les trois journées, il me<br />
semble qu’il y a lieu de souligner la richesse et la solidité<br />
des projets novateurs primés par la Fondation de France et<br />
la MAE, ainsi que l’engagement et la cohésion des équipes<br />
(parents, enseignants et chefs d’établissements) qui les ont<br />
mis en œuvre. Il faut insister sur le souci commun de tous<br />
ces groupes de faire fonctionner l’école autrement, de<br />
mieux faire, d’abord au bénéfice des enfants. En second<br />
lieu, il faut noter, chez les participants, un double souci.<br />
Celui de relater leur propre <strong>action</strong>, de la faire connaître<br />
aux autres parce que, sans ostentation, ils en sont fiers,<br />
comme ils sont fiers d’avoir été primés. Mais aussi celui<br />
d’écouter et de comprendre l’<strong>action</strong> des autres pour<br />
s’enrichir à leur contact et poursuivre d’autant mieux dans<br />
la voie novatrice dans laquelle ils se sont inscrits.<br />
Chacune des trois journées a débuté par des interventions<br />
de représentants des deux institutions ayant mis en place<br />
le dispositif d’évaluation des projets et des <strong>action</strong>s<br />
conduites dans les écoles élémentaires ou maternelles : la<br />
Fondation de France et la Mutuelle Assurances Elèves. De<br />
leurs diverses interventions, il me semble important de<br />
retenir la forte cohésion avec laquelle se sont associés ces<br />
deux partenaires qui, bien au-delà des simples aspects<br />
formels ou techniques indispensables, ont mis en évidence<br />
leur volonté de faire bouger les choses, de participer euxmêmes<br />
au mouvement, de répondre aux attentes des<br />
enseignants et des parents, de les encourager, de leur<br />
fournir un « feed-back » quant aux <strong>action</strong>s qui ont été<br />
menées, de prolonger et d’intensifier ce type d’<strong>action</strong>.<br />
Nous ne reviendrons pas sur les apports théoriques<br />
proposés au travers des interventions des spécialistes,<br />
qu’il s’agisse de celle de Pierre Charbonnel (Observatoire<br />
de l’Enfance en France), commune aux trois journées, ou<br />
des autres, différentes pour chacune de ces journées : celle<br />
de Françoise Hurstel, psychanalyste (le 26 mai 2004 à<br />
Strasbourg), celle de Daniel Gayet, psychosociologue (le<br />
2 juin à Paris), enfin celle de Martine Kherroubi,<br />
sociologue (le 16 juin à Paris). Chacun des intervenants,<br />
à partir de sa propre discipline, par conséquent de façon<br />
inévitablement incomplète, a proposé une réflexion<br />
théorique qui constitue davantage un exemple qu’un<br />
modèle. Une réflexion qui confirme, s’il était besoin, que<br />
des apports pluridisciplinaires sont indispensables à<br />
l’enrichissement des pratiques pédagogiques. Par<br />
exemple, dans le cadre d’un prolongement de ces <strong>action</strong>s,<br />
une rencontre entre les intervenants, sous forme d’une<br />
table ronde, pourrait être imaginée à partir des questions<br />
qui m’ont semblé très présentes : Quelle socialisation ?<br />
Quels rôles relèvent de la famille ou de l’école ? Qui est<br />
principalement responsable de l’éducation ou de<br />
l’instruction ? Quel partenariat faut-il mettre en place (le<br />
plan Langevin-Wallon a été plusieurs fois évoqué) ?<br />
Parmi les idées qui ont émergé au cours de ces trois<br />
journées, nous retiendrons particulièrement les suivantes.<br />
Parents, enseignants et personnels de direction<br />
considèrent que l’école doit être le lieu de transmission<br />
des valeurs humanistes auxquelles ils adhèrent. L’école<br />
doit échapper au consumérisme mais n’est pas, pour<br />
autant, un microcosme ou un sanctuaire : elle n’est pas à<br />
l’abri des conflits, des concurrences et des compétitions,<br />
en vue de l’insertion professionnelle par exemple.<br />
Les participants considèrent que la coopération (ce mot<br />
a été fréquemment repris, ainsi que celui d’équipe ou<br />
celui de partenariat) entre enseignants, parents et<br />
personnels de direction est nécessaire. Elle permet de<br />
développer la confiance et le respect réciproque et elle<br />
est enrichissante pour chacun des partenaires et, par<br />
conséquent, pour les élèves eux-mêmes.<br />
Les projets élaborés et les <strong>action</strong>s mises en place ont<br />
fréquemment eu pour origine la recherche d’une<br />
réponse à des situations jugées insatisfaisantes<br />
18
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Bilan des journées consacrées à la coopération parents-enseignants<br />
(communication parents-enseignants inexistante ou<br />
insuffisante, image dégradée de l’école, etc.). Il s’agit,<br />
face à ces situations, de rechercher les moyens de<br />
répondre autrement et mieux.<br />
Ont été notamment soulignés : le rôle intégrateur des<br />
projets (cultures différentes, communautés mieux<br />
comprises), l’accroissement du rôle des parents référents<br />
et l’augmentation des taux de participation aux conseils<br />
d’écoles, la diminution de l’absentéisme des élèves, des<br />
réponses à des situations difficiles d’élèves, voire<br />
l’amélioration des apprentissages (efficacité accrue<br />
pouvant entraîner la réduction des inégalités).<br />
Les participants ne sous-estiment cependant pas les<br />
difficultés liées à la conduite de tels projets novateurs :<br />
investissement partiel des parents, nécessité d’équipes<br />
pédagogiques stables, fragilité d’<strong>action</strong>s reposant<br />
largement ou exclusivement sur le bénévolat ou le<br />
volontariat, ruptures entre les cycles, rigidité institutionnelle<br />
de l’école (la maternelle est plus ouverte que<br />
l’élémentaire), problèmes de moyens, etc.<br />
Ils expriment leurs remerciements quant au fait d’avoir<br />
été «primés», autrement dit reconnus pour le travail<br />
qu’ils tentent de mener ensemble. Ils manifestent très<br />
nettement l’intention de poursuivre et de développer ce<br />
type d’<strong>action</strong> et sont demandeurs en termes de<br />
formation.<br />
Ces trois journées ont été encourageantes, souvent<br />
passionnantes. Elles l’ont été aux yeux des participants qui<br />
ont tenu à dire leur satisf<strong>action</strong>, au-delà du prix qu’ils<br />
avaient reçu, de se retrouver pour échanger, dialoguer et<br />
enrichir leur propre réflexion. Mais elles l’ont été aussi pour<br />
les organisateurs, animateurs et intervenants. Les uns et les<br />
autres ont ardemment souhaité, à plusieurs reprises, que ce<br />
type d’<strong>action</strong>s perdure et se développe. Ils marquent leur<br />
désir de se retrouver pour poursuivre ce travail novateur,<br />
envisager des <strong>action</strong>s de formation prolongeant celles qui<br />
ont été amorcées, développer des recherches sur les<br />
partenariats et la coopération, susciter de nouveaux projets<br />
et en encourager la mise en œuvre et l’évaluation. <br />
19
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Annexe 1 - Le Prix école 2002 et 2003,<br />
deux ans d’<strong>action</strong> pour valoriser la coopération parents-enseignants à l’école<br />
Prix Ecole 2002 et 2003<br />
Deux ans d’<strong>action</strong> pour valoriser la coopération<br />
parents-enseignants à l’école<br />
La Fondation de France au service de l’enfance<br />
Créée en 1969, la Fondation de France est un organisme unique par la<br />
diversité des outils qu’elle met à la disposition de tous ceux,<br />
particuliers ou entreprises, qui souhaitent mener à bien une œuvre<br />
généreuse.<br />
Reconnue d’utilité publique, sans but lucratif, elle est indépendante,<br />
apolitique et non confessionnelle. La Fondation de France ne reçoit<br />
aucune subvention des pouvoirs publics.<br />
Plate-forme d’échanges, d’expérimentation et d’information, dans une<br />
société en pleine évolution, la Fondation de France, soucieuse des<br />
difficultés que les situations de mutation génèrent, cherche à<br />
soutenir des réponses souples et adaptées qui préservent ou<br />
rétablissent la dignité, l’autonomie et l’identité des personnes et qui<br />
favorisent les démarches collectives de solidarité et d’altruisme.<br />
En soutenant des projets dans les domaines des solidarités, de la<br />
santé, de la recherche médicale et scientifique, de l’environnement et<br />
de la culture, en encourageant ou commanditant des recherches sur<br />
des sujets d’intérêt général, elle contribue au développement des<br />
idées et du progrès social.<br />
La Fondation de France est présente auprès des enfants depuis sa<br />
création. Elle a toujours privilégié la prévention. Elle soutient avant<br />
tout des réponses alternatives et souples qui associent parents,<br />
enfants et professionnels qui contribuent à la prévention de la<br />
violence.
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Annexe 1 - Le Prix école 2002 et 2003,<br />
deux ans d’<strong>action</strong> pour valoriser la coopération parents-enseignants à l’école<br />
Prix Ecole, les fondements d’une idée forte<br />
La construction d’une relation positive parents – enseignants<br />
contribue à l’épanouissement et la réussite de l’enfant à l’école.<br />
Le passage de la petite enfance à l’enfance<br />
est caractérisé par des changements<br />
dans l’appréhension et la compréhension<br />
du monde. Il s’effectue d’autant plus<br />
facilement qu’il se fait sans rupture brutale<br />
mais par des adaptations progressives<br />
aux changements successifs.<br />
Changements d’abord accompagnés par<br />
les parents, premiers<br />
éducateurs, puis peu à peu par les<br />
autres adultes, qui, dans divers milieux<br />
éducatifs, ont en charge l’enfant.<br />
Dans ce processus, la compréhension, la<br />
mise en œuvre et le maintien du dialogue<br />
entre parents et professionnels constituent<br />
un enjeu primordial.<br />
Pourtant, trop souvent encore, il règne<br />
entre eux un état d’esprit empreint de<br />
méfiance et de dénigrement réciproques.<br />
Il est donc fondamental de dépasser cette<br />
source de malentendus, d’inertie ou de<br />
violence, de changer de regard et d’instaurer<br />
une approche positive, une compréhension<br />
de « l’autre » basée sur l’écoute,<br />
le dialogue et une véritable<br />
rencontre. Cela ne peut se faire que dans<br />
un respect mutuel, condition indispensable<br />
à toute démarche participative avec, en<br />
ligne de mire, l’intérêt de l’enfant.<br />
L’école joue sur ce plan un rôle éminent.<br />
Elle participe à la construction de l'enfant,<br />
à son insertion dans la vie sociale<br />
comme citoyen. Pour suivre le mouvement<br />
de notre société en transformation,<br />
elle doit donc s'inscrire dans une démarche<br />
d'ouverture vers les parents, qui sont<br />
là ses principaux interlocuteurs. Cette<br />
démarche permet une cohérence éducative<br />
plus forte entre adultes face aux<br />
enfants.<br />
Depuis longtemps, des écoles maternelles<br />
et élémentaires, qui cherchent à établir<br />
ou renforcer les relations entre les<br />
parents et les enseignants, mènent des<br />
<strong>action</strong>s, instaurent des dynamiques.<br />
Certaines ont su créer les conditions de<br />
ce changement pour réaliser de vraies<br />
rencontres et agir ensemble. C’est pour<br />
encourager et soutenir ces initiatives que<br />
le Prix Ecole a été créé par la Fondation<br />
de France, en partenariat avec la MAE<br />
(Mutuelle Assurance Elèves).<br />
En 2002 et 2003, ce prix a récompensé<br />
119 démarches menées dans des écoles<br />
maternelles et élémentaires. Il a accordé<br />
à chacune d’elles une somme d’une<br />
valeur de 2 000 euros.<br />
La MAE, 2 ans de partenariat<br />
Le Prix Ecole répond pleinement aux<br />
préoccupations de sérénité et de paix<br />
scolaire entre la communauté éducative,<br />
les élèves et leurs parents que prône<br />
depuis toujours la MAE (Mutuelle<br />
Assurance Elèves). C’est pourquoi elle<br />
s’associe à la Fondation de France pour<br />
diffuser l’information de ce prix. En 2003,<br />
elle a également remis huit prix<br />
de 2 000 euros chacun.
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Annexe 1 - Le Prix école 2002 et 2003,<br />
deux ans d’<strong>action</strong> pour valoriser la coopération parents-enseignants à l’école<br />
Coopération parents-enseignants,<br />
les principaux critères<br />
• Les <strong>action</strong>s doivent avoir lieu au sein<br />
de l’école et être pérennes.<br />
• L’objectif central est une démarche de<br />
rencontre, d’ouverture, de coopération<br />
entre les parents et les enseignants pour<br />
répondre à un besoin identifié par l’école.<br />
• Elle se fait avec la mobilisation effective<br />
d’une équipe.<br />
Une large diffusion de l’information<br />
L’information sur le Prix Ecole est diffusée<br />
à tous les acteurs engagés. Soit :<br />
• A l’éducation nationale (104 inspections<br />
académiques, 1354 inspecteurs de<br />
l’éducation nationale (IEN), 55 000 écoles<br />
publiques (grâce à la MAE), 92 directions<br />
diocésaines + les enseignants (Le<br />
Journal des instituteurs, Education<br />
enfantine),<br />
• Aux parents d’élèves (FCPE – Fédération<br />
des conseils de parents d’élèves<br />
des écoles publiques, PEEP – Fédération<br />
des parents d’élèves de l’enseignement<br />
public, UNAAPE Union nationale des<br />
associations autonomes de parents<br />
Une sélection approfondie<br />
• La démarche, inscrite dans la durée,<br />
doit disposer d’une capacité à évoluer<br />
dans le temps.<br />
• Les <strong>action</strong>s doivent déboucher sur un<br />
changement objectif des relations entre<br />
parents et enseignants.<br />
d’élèves, UNAPEL – Union nationale des<br />
associations de parents d’élèves de l’enseignement<br />
libre),<br />
• Aux municipalités (Le Courrier des<br />
maires, La Gazette des communes,<br />
l’Association des maires de France),<br />
• Aux organisations (syndicats, OCCE –<br />
Office central de la coopération à l’école,<br />
MGEN – Mutuelle générale de l’éducation<br />
nationale, Ligue de l’enseignement<br />
et de l’éducation permanente, INRP –<br />
Institut national de recherche pédagogique,<br />
CNDP Actualité, AGIEM –<br />
Association générale des institutrices d’écoles<br />
maternelles).<br />
Sur 253 dossiers reçus à la Fondation de<br />
France, 158 dossiers ont été présélectionnés<br />
par un comité de lecture régional de<br />
la Fondation de France, puis instruits (visite<br />
sur place ou entretien téléphonique,<br />
donnant lieu à la réd<strong>action</strong> d’une <strong>fiche</strong><br />
par les instructeurs).<br />
Au final, 119 dossiers ont été récompensés,<br />
soit près d’un sur deux, par un Jury<br />
composé de spécialistes des questions<br />
école-famille :<br />
• des membres de l’éducation nationale<br />
(conseiller technique du ministère de<br />
l’Education nationale, médiateur, inspecteur<br />
de l’éducation nationale, directeur<br />
d’école, instituteur, maître de conférences<br />
en sciences de l’éducation),<br />
• des parents d’élèves (APEL, FCPE,<br />
PEEP),<br />
• des professionnels (directeur d’IUFM,<br />
conseiller technique de la Délégation<br />
interministérielle à la famille, responsable<br />
prévention de la MAE, professeur de<br />
la Maison des enseignants, coordinateur<br />
de l’Université du citoyen),<br />
• des membres de la Fondation de<br />
France.
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Annexe 1 - Le Prix école 2002 et 2003,<br />
deux ans d’<strong>action</strong> pour valoriser la coopération parents-enseignants à l’école<br />
Caractéristiques des dossiers récompensés<br />
par la Fondation de France<br />
• Les établissements scolaires primés sont<br />
essentiellement situés en zone urbaine<br />
(76 %), ce qui constitue une légère surreprésentation<br />
par rapport à la moyenne<br />
nationale (73 % d’établissements sont<br />
en zone urbaine selon les statistiques du<br />
ministère de l’Education nationale).<br />
• Près d’une démarche primée sur deux<br />
(42 %) provient d’un établissement situé en<br />
ZEP/REP (alors que les statistiques<br />
de l’Education nationale situent ces établissements<br />
à 12 % de l’ensemble).<br />
• La moitié des <strong>action</strong>s primées (50 %)<br />
se déroule en écoles maternelles (alors que celles-ci<br />
ne représentent, dans leur totalité, que<br />
Bilan chiffré : généralités<br />
32 % des écoles primaires). Cette surreprésentation<br />
peut s’expliquer par des <strong>action</strong>s<br />
parents-enseignants facilitées en école<br />
maternelle.<br />
• Les établissements privés sont peu représentés<br />
parmi les récompensés (5 %), alors<br />
qu’ils constituent 10 % des établissements<br />
au niveau national.<br />
• Les régions qui ont le plus participé<br />
au Prix Ecole sont l’Ile-de-France<br />
(43 dossiers envoyés), la région PACA<br />
(29 dossiers), Rhône-Alpes (24 dossiers),<br />
le Nord Pas-de-Calais (19 dossiers), suivies<br />
par l’Aquitaine, l’Alsace et la<br />
Lorraine.<br />
20 régions administratives ont fait<br />
parvenir des dossiers à la Fondation<br />
de France ; seules la région de Basse-<br />
Normandie et les DOM-TOM n’ont pas<br />
répondu. Cependant, les 253 écoles participantes<br />
ne représentent que 0,4% des<br />
écoles de métropole. Ce pourcentage très<br />
faible a sans doute plusieurs explications.<br />
L’information sur le Prix Ecole n’a<br />
pas été reçue partout, ou pas lue (les écoles<br />
reçoivent chaque semaine une quantité<br />
importante de revues et<br />
d’informations et les tâches administratives<br />
à traiter sont nombreuses).<br />
Par ailleurs, le Prix concerne des <strong>action</strong>s<br />
déjà réalisées, sur un thème exigeant,<br />
celui de la coopération parents-école.<br />
Enfin, le Prix Ecole est encore tout jeune<br />
et doit se faire connaître…<br />
Quelques données statistiques<br />
de l’Education nationale<br />
Il y avait, en France métropolitaine, en<br />
2000 :<br />
• 18 558 classes maternelles,<br />
• 39 410 classes élémentaires et d’enseignement<br />
spécial (classes d’intégration<br />
scolaire CLIS, classes d’initiative et<br />
classes d’adaptation),<br />
• 70% des écoles ont de 1 à 5 classes,<br />
24 % de 6 à 10 classes et seulement 6%<br />
plus de 11 classes.<br />
40, avenue Hoche - 75008 Paris<br />
Tél. : 01 44 21 31 00 - Fax : 01 44 21 31 01<br />
Pour en savoir plus : www.fdf.org
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Annexe 2 - Prix École 2002 et 2003,<br />
liste des 120 écoles lauréates<br />
Prix Ecole 2002 et 2003<br />
Liste des 120 écoles lauréates<br />
Ecole Localité Départements<br />
Ecole élémentaire du Colomban FAREINS Ain<br />
Ecole maternelle Jean Macé VILLENEUVE SAINT-GERMAIN Aisne<br />
Ecole élémentaire de Braize BRAIZE Allier<br />
Ecole maternelle Frédéric Mistral MONTLUCON Allier<br />
Ecole de la Foux d’Allos * ALLOS Alpes de Hte Provence<br />
Ecole Victor Hugo BARREME Alpes de Hte-Provence<br />
Ecole publique de Mezel MEZEL Alpes de Hte-Provence<br />
Ecole maternelle Les Mirandolles LE CANNET Alpes Maritimes<br />
Ecole maternelle Plateau VILLERS-SEMEUSE Ardennes<br />
Ecole maternelle de Bensa LAVELANET Ariège<br />
Ecole maternelle d’Origny-le-Sec ORIGNY-LE-SEC Aube<br />
Ecole élémentaire La Gravette * CARCASSONNE Aude<br />
Ecole de la Crau CHATEAURENARD Bouches du Rhône<br />
Ecole primaire du Parc de Bellevue MARSEILLE Bouches du Rhône<br />
Ecole Notre Dame Saint-Théodore MARSEILLE Bouches du Rhône<br />
Ecole maternelle Edouard Vaillant MARSEILLE Bouches du Rhône<br />
Ecole maternelle Rose Bégude MARSEILLE Bouches du Rhône<br />
Ecole Major Parmentier MARSEILLE Bouches du Rhône<br />
Ecole maternelle Saint Just Corot MARSEILLE Bouches du Rhône<br />
Ecole maternelle Arenc Bachaas MARSEILLE Bouches du Rhône<br />
Ecole publique La Gallissonnière * ROCHEFORT-SUR-MER Charente-Maritime<br />
Ecole maternelle Guérineau ROCHEFORT-SUR-MER Charente-Maritime<br />
Ecole maternelle de Saint-Georges-du-Bois SAINT-GEORGES-DU-BOIS Charente-Maritime<br />
Ecole primaire de Sartene SARTENE Corse du sud<br />
Ecole maternelle Les Aiguisons QUETIGNY Côte d’Or<br />
Ecole élémentaire, Les Colmatés MATHAY Doubs<br />
Ecole primaire et maternelle de RocheJean * ROCHEJEAN Doubs<br />
Ecole maternelle Pergaud VALENTIGNEY Doubs<br />
Ecole publique Célestin Freinet BREST Finistère<br />
Ecole maternelle de Kernevel KERNEVEL Finistère<br />
Ecole maternelle Claire Lacombe ALES Gard<br />
Ecole publique de Valleraugues VALLERAUGUE Gard<br />
Ecole maternelle Francis de Pressensé BORDEAUX Gironde<br />
Ecole maternelle Paul Bert BORDEAUX Gironde<br />
Ecole maternelle de Bouillac BOUILLAC Gironde<br />
Ecole publique de Cudos * CUDOS Gironde<br />
Ecole maternelle Paul Fort LORMONT Gironde<br />
Ecole maternelle La Fontaine VILLENAVE D’ORNON Gironde<br />
Ecole maternelle des Matelles LES MATELLES Hérault<br />
Ecole élémentaire Grimault * RENNES Ille et Vilaine<br />
Ecole maternelle Daudet TOURS Indre et Loire<br />
Ecole mixte Saint-Just TULLINS Isère
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Annexe 2 - Prix École 2002 et 2003 - Liste des 120 écoles lauréates<br />
Liste des 120 écoles lauréates (suite)<br />
Ecole Localité Départements<br />
Ecole du Péglé * MONT DE MARSAN Landes<br />
Ecole Fauriel SAINT-ETIENNE Loire<br />
Ecole Ange Guépin * NANTES Loire Atlantique<br />
Ecole élémentaire de Melleroy MELLEROY Loiret<br />
Ecole élémentaire Maxime Perrard ORLEANS Loiret<br />
Ecole maternelle Jules Lenormand SAINT-JEAN DE LA RUELLE Loiret<br />
Ecole élémentaire de Saint-Père-sur-Loire SAINT-PERE-SUR-LOIRE Loiret<br />
Ecole des deux Moulins JUIGNE-SUR-LOIRE Maine et Loire<br />
Ecole maternelle Gérard Philipe * TRELAZE Maine et Loire<br />
Ecole maternelle Jean Macé REIMS Marne<br />
Ecole primaire de Corgirnon CORGIRNON Haute-Marne<br />
Ecole Jeanne du Lys NANCY Meurthe et Moselle<br />
Ecole publique du Levant CALAN Morbihan<br />
Ecole maternelle Pommier rose METZ Moselle<br />
Ecole maternelle Jurenil DENAIN Nord<br />
Ecole Eugène Lenglet * DOUAI – DORIGNIES Nord<br />
Ecole Albert Camus LALLAING Nord<br />
Groupe scolaire Herbin LE CATEAU Nord<br />
DIRE Ecole E. Quinet et P. Bert LILLE Nord<br />
Ecole maternelle Jean Mabuse MAUBEUGE Nord<br />
Ecole maternelle Suzanne Crapet NIEPPE Nord<br />
Ecole maternelle Marie Curie SECLIN Nord<br />
Ecole élémentaire Jules Ferry TEMPLEUVE Nord<br />
Groupe scolaire Albert Camus TOURCOING Nord<br />
Ecole maternelle Maria Dron TOURCOING Nord<br />
Ecole maternelle Jean Moulin * NOGENT – SUR – OISE Oise<br />
Ecole maternelle Matisse LOISON – SOUS – LENS Pas de Calais<br />
Ecole élémentaire Léon Dhermain COURNON D’AUVERGNE Puy de Dôme<br />
Ecole maternelle Lac Ouest COURNON D’AUVERGNE Puy de Dôme<br />
Ecole Notre Dame de l’Alliance SALIES DE BEARN Pyrénées Atlantiques<br />
Ecole élémentaire André Dessaux SAINT-PAUL DE FILLES Pyrénées Orientales<br />
Ecole maternelle de Lembach LEMBACH Bas-Rhin<br />
Ecole maternelle Ariane Icare * STRASBOURG Bas-Rhin<br />
Ecole maternelle Lezay-Marmésia STRASBOURG Bas-Rhin<br />
Ecole maternelle Louvois STRASBOURG Bas-Rhin<br />
Ecole élémentaire Reus II STRASBOURG Bas-Rhin<br />
Ecole maternelle Karine I STRASBOURG Bas-Rhin<br />
Ecole maternelle Jacques Sturm * STRASBOURG Bas-Rhin<br />
Ecole maternelle Hoehberg STRASBOURG Bas-Rhin<br />
Ecole élémentaire Jean Fischart STRASBOURG Bas-Rhin<br />
Ecole maternelle Dieppe * MULHOUSE Haut-Rhin<br />
Ecole maternelle Lefebvre * MULHOUSE Haut-Rhin<br />
Assoc. scolaire de école élémentaire Furstenberger MULHOUSE Haut-Rhin<br />
Ecole élémentaire Koechlin MULHOUSE Haut-Rhin<br />
Ecole Saint Bruno / Saint Louis LYON Rhône<br />
Ecole Les Allagniers RILLEUX LA PAPE Rhône
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Annexe 2 - Prix École 2002 et 2003 - Liste des 120 écoles lauréates<br />
Liste des 120 écoles lauréates (suite)<br />
Ecole Localité Départements<br />
L’école maison des trois espaces SAINT-FONS Rhône<br />
Ecole Saint-Joseph CHAMBERY Savoie<br />
Ecole de Sous Baz ONNION Haute Savoie<br />
Ecole polyvalente du Tandou PARIS Paris<br />
Ecole maternelle PARIS Paris<br />
Ecole maternelle LE HAVRE Seine-Maritime<br />
Ecole élémentaire Olivier Paulat CHAMPS-SUR-MARNE Seine-et-Marne<br />
Ecole maternelle Daudet * DAMMARIE LES LYS Seine et Marne<br />
Ecole Henri Wallon * DAMMARIE LES LYS Seine et Marne<br />
Assoc. sportive Ecole Louis Blériot DAMMARIE-LES-LYS Seine-et-Marne<br />
Ecole maternelle Ronsard CHANTELOUP-LES-VIGNES Yvelines<br />
Ecole maternelle Petit Prince * MAGNY LES HAMEAUX Yvelines<br />
Ecole maternelle « La petite enfance » MONTIGNY-LE-BRETONNEUX Yvelines<br />
Ecole maternelle Louise Michel PLAISIR Yvelines<br />
Ecole des 4 chemins des routes TOULON Var<br />
Ecole maternelle La Ruche APT Vaucluse<br />
Ecole maternelle Louis Gros AVIGNON Vaucluse<br />
Ecole maternelle Curie BOLLENE Vaucluse<br />
Ecole privée Saint-Andéol CAMARET Vaucluse<br />
Ecole maternelle La colline CAVAILLON Vaucluse<br />
Ecole maternelle Camille Claudel * CAVAILLON Vaucluse<br />
Ecole primaire d’Igney IGNEY Vosges<br />
Ecole René Rücklin BELFORT Territoire-de-Belfort<br />
Ecole élémentaire CHATENAY-MALABRY Hauts-de-Seine<br />
Ecole maternelle Pasteur * CLICHY Hauts-de-Seine<br />
Ecole élémentaire Léon Bourgeois B * COLOMBES Hauts-de-Seine<br />
Ecole maternelle Les Martinets RUEIL-MALMAISON Hauts-de-Seine<br />
Ecole maternelle BONDY Seine-Saint-Denis<br />
Ecole maternelle Victor Hugo – Les Bosquets * MONTFERMEIL Seine-Saint-Denis<br />
Ecole maternelle et élémentaire Belle Epine CERGY Val d’Oise<br />
Ecole maternelle du stade CHAMPAGNE SUR OISE Val d’Oise<br />
* écoles primées à l’unanimité des membres du jury
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE<br />
Annexe 3 - Le Prix école 2002 et 2003,<br />
portraits des 22 écoles primées à l’unanimité des membres du jury<br />
Prix Ecole 2002 et 2003<br />
Portraits des 22 écoles primées à l’unanimité<br />
des membres du jury<br />
Ecole de la Foux d’Allos, ALLOS (04)<br />
Ecole élémentaire La Gravette, CARCASSONNE (11)<br />
Ecole publique La Gallissonnière, ROCHEFORT-SUR-MER (17)<br />
Ecole primaire et maternelle de RocheJean, ROCHEJEAN (25)<br />
Ecole publique de Cudos, CUDOS (33)<br />
Ecole élémentaire Grimault, RENNES (35)<br />
Ecole du Péglé, MONT DE MARSAN (40)<br />
Ecole Ange Guépin, NANTES (44)<br />
Ecole maternelle Gérard Philipe, TRELAZE (49)<br />
Ecole Eugène Lenglet, DOUAI – DORIGNIES (59)<br />
Ecole maternelle Jean Moulin, NOGENT–SUR–OISE (60)<br />
Ecole maternelle Ariane Icare, STRASBOURG (67)<br />
Ecole maternelle Jacques Sturm, STRASBOURG (67)<br />
Ecole maternelle Dieppe, MULHOUSE (68)<br />
Ecole maternelle Lefebvre, MULHOUSE (68)<br />
Ecole maternelle Daudet, DAMMARIE LES LYS (77)<br />
Ecole Henri Wallon, DAMMARIE LES LYS (77)<br />
Ecole maternelle Petit Prince, MAGNY LES HAMEAUX (78)<br />
Ecole maternelle Camille Claudel, CAVAILLON (84)<br />
Ecole maternelle Pasteur, CLICHY (92)<br />
Ecole élémentaire Léon Bourgeois B, COLOMBES (92)<br />
Ecole maternelle Victor Hugo – Les Bosquets, MONTFERMEIL (93)
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
de La Foux d’Allos<br />
(04)<br />
Acteur<br />
Ecole primaire de<br />
04260 La Foux d’Allos<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Béatrice Barbier, directrice<br />
Tél. : 04 92 83 81 46<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Dans ce village montagnard des Alpes de Haute Provence, l’école<br />
maternelle et élémentaire ne comporte que deux classes pour<br />
une petite vingtaine d’élèves. Les deux enseignantes<br />
se partagent, pour l’une, la Direction, les enfants de maternelle<br />
et de CP, pour l’autre, les CE 1 et 2 et les CM 1 et 2.<br />
La population est constituée de petits commerçants et<br />
de paysans vivant beaucoup plus des activités relevant du ski<br />
que du revenu de leurs champs. Les parents qui envoient leurs<br />
enfants à l’école ne sont pas socialement les plus favorisés ;<br />
une partie d’entre eux sont des saisonniers (décembre à avril)<br />
et, lorsque la saison de ski est mauvaise, les fins de mois<br />
peuvent être difficiles… ce qui induit des tensions sociales assez<br />
fortes au sein de la petite communauté villageoise. Il n’y a pas<br />
vraiment de violence, mais plutôt des problèmes relationnels.<br />
Bilan : chaque année, l’équipe était renouvelée et l’on voyait<br />
arriver de jeunes recrues, inexpérimentées. D’où un climat durablement<br />
détestable… En 2001, la nouvelle directrice<br />
a pris la mesure de la situation : absentéisme très élevé,<br />
« parents agressifs » avec les institutrices.<br />
Objectifs<br />
• Il s’agissait d’abord d’essayer de casser le cercle vicieux<br />
du climat détestable installé depuis des années dans l’école.<br />
• Rehausser l’image de l’école au regard des parents, leur<br />
faire comprendre que ce n’est pas une garderie mais un lieu<br />
où les enseignants effectuent un vrai travail et où l’enfant<br />
est là pour apprendre et pour s’enrichir.<br />
• Etablir sur de nouvelles bases, plus confiantes, des rapports<br />
entre les enseignantes et les parents.<br />
Bénéfices<br />
• Après 18 mois de mise en place de ce programme, et pour<br />
la première fois depuis très longtemps dans cette école, rares<br />
sont les parents qui sont venus se plaindre. Les discussions<br />
se déroulent enfin ouvertement et sans conflit.<br />
• Les enfants ont été les ambassadeurs de l’école auprès<br />
de leurs parents : de nombreux échos indiquent que les écoliers<br />
parlent volontiers de ce qui se passe dans la classe.<br />
• L’écoute des parents semble plus grande, désormais.
Actions<br />
• Dès le mois d’août de l’année<br />
2001, c’est-à-dire à peine arrivée<br />
à la Foux d’Allos, la nouvelle directrice<br />
a pris l’initiative<br />
de recevoir les parents, spécialement<br />
ceux des enfants en difficultés.<br />
Elle a abordé avec eux les causes<br />
de ces difficultés et tenté<br />
de résoudre d’emblée celles qui<br />
pouvaient l’être afin d’aborder<br />
plus sereinement la rentrée.<br />
• A tous les parents, elle a distribué<br />
un « livret d’accueil » qui précise<br />
les objectifs pédagogiques de l’école<br />
ainsi que les droits et les devoirs<br />
de chacun.<br />
• Elle a décidé l’ouverture<br />
de sa classe au moins une<br />
demi-journée par an (parfois deux)<br />
à chaque parent, à la date de son<br />
choix, pour qu’il se rende compte<br />
par lui-même du travail qui s’y fait.<br />
Pendant la récréation, le parent<br />
peut en profiter pour discuter avec<br />
l’institutrice sur tout ce qui<br />
l’a interpellé pendant la classe.<br />
• Un questionnaire a été diffusé<br />
auprès de tous les parents afin<br />
de ne pas laisser les seuls parents<br />
délégués expliquer ce que sont<br />
les souhaits des familles (car<br />
ils peuvent être assez différents<br />
les uns des autres).<br />
• Toutes ces <strong>action</strong>s ont été pérennisées,<br />
encore que l’utilité<br />
du « livret d’accueil » soit aujourd’-<br />
hui remise en question,<br />
les nouveaux parents étant peu<br />
nombreux.<br />
• Dès qu’un parent sent son enfant en difficulté, il accepte d’aller<br />
en parler à l’institutrice. Mais le contraire est vrai aussi :<br />
lorsque l’institutrice constate qu’un enfant semble en difficulté,<br />
elle en parle à sa famille. Le dialogue est bien établi.<br />
• Début 2004, parents et enseignants se sont mobilisés avec<br />
une grande cohésion car il y avait menace de fermeture<br />
d’une classe.<br />
• Les 2 enseignantes ont demandé à rester dans l’établissement.<br />
Points forts<br />
Les deux jeunes institutrices ont su imposer un nouvel esprit<br />
en essayant de comprendre les raisons des difficultés<br />
de l’établissement. Non seulement, elle ont eu le courage<br />
de prendre en main ce problème récidivant sur lequel toutes celles<br />
qui les avaient précédées avaient échoué, mais une fois<br />
les conflits apaisés, elles ont voulu continuer et aller plus loin.<br />
Elles ont ainsi décidé de confier aux parents (ou aux grandsparents,<br />
qui ont plus de temps libre) le soin de venir à l’école,<br />
raconter des histoires d’autrefois, de parler des métiers qui<br />
se pratiquaient et qui se perdent… Tous sujets qui servent<br />
de thèmes pour le travail scolaire.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
La Gravette<br />
(11)<br />
Acteur<br />
Ecole élémentaire<br />
La Gravette<br />
15 rue Jacquard<br />
11000 Carcassonne<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Gérard Assens, directeur<br />
Tél. : 04 68 25 23 99<br />
Fax : 04 68 47 43 08<br />
E-mail :<br />
ecole.lagravette@wanadoo.fr<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
L’école La Gravette est implantée dans un quartier sensible<br />
de Carcassonne. Les 280 élèves des 13 classes reflètent toutes<br />
les difficultés de la population qui vit dans ce « ghetto » :<br />
75 % d’enfants sont d’origine étrangère, 8 % d’origine gitane.<br />
Les familles y sont souvent monoparentales, démunies aussi<br />
bien sur le plan culturel (beaucoup ne parlent pas français)<br />
que matériel. Peu de parents disposent d’un travail et nombre<br />
d’entre eux vivent avec le RMI et diverses allocations. Dans<br />
ces conditions, il n’est pas étonnant que le quartier soit en but<br />
à des phénomènes de violence, de racisme, de mal-être…<br />
qui n’épargnent pas toujours l’école. Pour faire face, celle-ci<br />
bénéficie, en plus de ses 16 enseignants dont 5 spécialisés,<br />
d’un psychologue et de 4 intervenants. Mais c’est surtout l’arrivée<br />
du nouveau directeur qui a marqué, en 1998,<br />
le début des <strong>action</strong>s de « requalification » de la vie dans<br />
et autour de l’école.<br />
Objectifs<br />
• Ouvrir l’école aux familles pour établir des relations<br />
de confiance avec elles.<br />
• Faire comprendre aux parents et aux enfants que l’école est<br />
un outil à leur disposition.<br />
• Faire de l’école un lieu de vie qui favorise le dialogue,<br />
qui amène les personnes du quartier à se rencontrer.<br />
• Permettre aux enfants et à leurs parents de comprendre<br />
la nécessité d’établir des règles et de les respecter.<br />
Bénéfices<br />
• L’école est devenue un lieu de vie, le seul lieu de vie « sain »<br />
de ce quartier « laissé-pour-compte ».<br />
• Les mères, qui se sentaient rejetées et isolées du fait de leur<br />
méconnaissance de la langue française, ont retrouvé une certaine<br />
dignité, la fierté de pouvoir désormais parler, communiquer<br />
avec les enseignantes et les autres parents.<br />
• Les parents n’étaient que 42 % à voter au conseil d’école<br />
en 1998… et déjà 73 % en 2001.<br />
• Découvrant la complexité de l’enseignement scolaire,<br />
ils comprennent mieux le sens du travail effectué par<br />
les enseignants. Notamment, ils acceptent mieux l’utilité<br />
des devoirs et la nécessité du travail le soir à la maison.
Actions<br />
• Mise en place d’un atelier d’apprentissage<br />
de la lecture<br />
et de l’écriture destiné aux mères<br />
des enfants scolarisés. Il fonctionne<br />
quatre matinées par semaine au sein<br />
même de l’école. A l’origine animé<br />
bénévolement, il reçoit désormais<br />
une subvention (contrat-ville) pour<br />
rémunérer l’intervenante. Depuis<br />
sa création, le nombre de mamans<br />
qui le fréquentent n’a cessé d’augmenter<br />
: 61 inscrites et<br />
45 assidues en 2004. L’<strong>action</strong> est<br />
aujourd’hui menée en coordination<br />
avec le centre d’évaluation et<br />
les centres de formation de la ville.<br />
• Un travail permanent auprès<br />
des familles vise à les inciter à voter<br />
et à participer au conseil d’école.<br />
A chaque rentrée, les enseignants<br />
donnent aux enfants une information<br />
orale et écrite, en français et en<br />
arabe. Des « relances » sont faites à<br />
l’atelier d’apprentissage de la lecture<br />
et lors des discussions entre parents<br />
et enseignants.<br />
• Au total, 47 ateliers hebdomadaires<br />
sont proposés aux enfants (aide aux<br />
devoirs assurée par des enseignants,<br />
des parents volontaires et<br />
un animateur de l’association sportive<br />
et culturelle, apprentissage de l’arabe<br />
littéraire, échecs, etc.).<br />
Si bien que plus d’un enfant sur deux<br />
reste à l’école jusqu’à 18 h 30.<br />
• Pour lutter contre la peur<br />
des parents lors des départs en classe<br />
de neige, ceux-ci sont invités à venir<br />
passer une journée sur place.<br />
En 2004, 56 d’entre eux l’ont fait.<br />
Du coup, les refus diminuent.<br />
• Chaque année, avant les grandes<br />
vacances, une gigantesque fête<br />
réunit tout le quartier. En juin 2001,<br />
500 personnes y ont assisté.<br />
• Les parents ont moins peur de contacter les enseignants, d’aller<br />
à l’école les rencontrer et parler avec eux de l’évolution de<br />
leur enfant.<br />
• L’ouverture de l’établissement développe des qualités<br />
humaines chez les écoliers : tolérance, respect, solidarité.<br />
• Les enfants, fiers de voir leurs parents venir à l’école<br />
et s’intéresser à leur travail, sont plus motivés.<br />
• La confiance, les bonnes relations permettent de résoudre<br />
les conflits qui peuvent naître entre enfants, mais aussi d’obtenir<br />
plus facilement l’adhésion des parents lors de problèmes d’orientation,<br />
de suivi éducatif ou psychologique, ou encore dans la<br />
lutte contre l’absentéisme.<br />
Points forts<br />
• Le directeur et l’équipe enseignante portent une attention quotidienne<br />
aux parents qui s’avouent « honorés » de cette considération,<br />
eux qui sont constamment confrontés à<br />
des situations humiliantes sur le plan social en raison de leurs<br />
difficultés économiques et culturelles.<br />
• La dynamique est lancée et de nouvelles initiatives s’installent.<br />
Par exemple, la mise en place de 5 à 6 réunions par an animées<br />
par la médiatrice scolaire bilingue (engagée sur un poste d’adulte-relais<br />
par l’association de quartier), sur des thèmes choisis par<br />
les parents : la place du père, la violence, l’apprentissage de la<br />
lecture, etc.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
La Gallissonnière<br />
(17)<br />
Acteur<br />
Association de l’Ecole Publique<br />
La Gallissonnière<br />
28, rue du Docteur Bonnet<br />
17300 Rochefort-sur-Mer<br />
Implication de la Fondation de<br />
France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Michel Pollet, directeur<br />
Tél. : 05 46 99 15 21<br />
Fax : 05 46 99 86 50<br />
E-mail :<br />
direction.gallissonniere@ac-poitiers.fr<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
A Rochefort-sur-mer (27 000 habitants), Le Petit Marseille<br />
est considéré comme un quartier sensible : 80 % des familles<br />
monoparentales, un taux de chômage énorme, des allocataires<br />
du RMI en grand nombre. Bref, le tableau « classique »<br />
de la misère économique, assorti de difficultés sociales<br />
et psychologiques et d’une vie culturelle totalement absente<br />
(le Centre social est le seul équipement du quartier avec l’école).<br />
C’est dans ce cadre de « zone d’éducation prioritaire » ZEP,<br />
que l’école élémentaire La Gallissonnière (152 élèves,<br />
7 enseignants, 1 aide éducatrice, 5 membres du personnel<br />
de service) fonctionne tant bien que mal. Plutôt mal que bien<br />
car les élèves en difficultés se multiplient et, pour les aider,<br />
les enseignants auraient besoin de rencontrer régulièrement<br />
les parents. Or, ces derniers ne viennent à l’école que lorsqu’ils<br />
sont convoqués. Les relations entre les uns et les autres sont tendues,<br />
ce qui ne facilite pas le travail scolaire...<br />
Objectifs<br />
• Mieux faire comprendre aux familles ce qu’est l’école afin que<br />
les enseignants soient mieux soutenus dans leur travail et, par là<br />
même, que les élèves bénéficient de meilleures conditions d’apprentissage<br />
et de meilleurs résultats scolaires.<br />
• Pour cela, il est nécessaire d’ouvrir ses portes aux parents.<br />
D’abord en les faisant venir physiquement dans l’établissement,<br />
puis en établissant progressivement des relations plus simples<br />
et plus chaleureuses avec eux.<br />
• Créer un lieu convivial où instituteurs et parents peuvent<br />
se rencontrer, se parler librement, sans barrière. Un lieu d’échanges<br />
où les parents confrontés aux mêmes difficultés trouvent du<br />
réconfort, des conseils. Un espace où sont mis<br />
à disposition des familles des dossiers, des documents, etc.<br />
• Au-delà, ce lieu doit devenir un centre-ressources pour guider<br />
les familles en difficultés vers des organismes susceptibles<br />
de leur venir en aide, leur donner des informations.<br />
• Un lieu, aussi, où peuvent naître des initiatives, des <strong>action</strong>s culturelles.
Actions<br />
• L’<strong>action</strong> débute pendant l’année scolaire<br />
2000-2001 avec la création<br />
de l’Association Coopérative<br />
de l’Ecole publique La Gallissonnière,<br />
qui regroupe les enseignants,<br />
des parents membres du Conseil d’école<br />
et des membres du bureau<br />
de l’association.<br />
• L’équipe ainsi constituée prend<br />
en charge l’installation d’un lieu<br />
pour les parents, ouvert tous<br />
les matins, y compris le samedi.<br />
• Très vite, les participants constatent<br />
que certains thèmes d’échanges<br />
reviennent régulièrement.<br />
Ils proposent alors que ceux-ci soient<br />
abordés de façon plus précise,<br />
au travers de débats animés par<br />
un intervenant extérieur. C’est ainsi<br />
que naît l’idée des « quinzaines ».<br />
• En 2002, le premier thème retenu,<br />
la violence, sert de banc d’essai.<br />
Elèves, enseignants, parents, adultes<br />
du quartier en liaison avec le centre<br />
social se mobilisent pour monter cette<br />
« quinzaine ». Des questionnaires sont<br />
diffusés (et largement retournés).<br />
Une soirée-débat est organisée<br />
au sein de l’école, qui regroupe<br />
des responsables de l’Education nationale,<br />
de la Politique de la ville, des<br />
enseignants, des intervenants associatifs<br />
(Ecole des Parents), etc.<br />
On projette au Centre social un film<br />
sur l’adolescence, suivi d’un débat.<br />
Participation importante<br />
à ces manifestations.<br />
• Sur le même principe, le thème<br />
de l’année 2003 porte sur « Comment<br />
aider les enfants à apprendre » et celui<br />
de 2004 sur « La santé ».<br />
• Début 2004, la salle des parents,<br />
repeinte et aménagée (cafetière, livres,<br />
revues, etc.) devient « Le café<br />
des parents », ouvert matin et soir<br />
et le samedi matin.<br />
Bénéfices<br />
• La très grande majorité des enfants de l’école se sent concernée<br />
par la démarche.<br />
• Le cadre scolaire ne constitue plus un monde coupé de liens<br />
avec la sphère privée, ce qui permet une meilleure intégration<br />
des élèves.<br />
• L’association de l’école ne cesse de gagner de nouveaux membres<br />
et compte désormais soixante familles adhérentes<br />
dont une moitié environ présente de façon régulière aux réunions<br />
et une douzaine très investie et active. Deux familles d’enfants<br />
en grande difficulté se sont investies dans les activités de<br />
l’école.<br />
• Les relations entre les instituteurs et les parents s’enrichissent.<br />
Plus fréquentes et plus conviviales.<br />
Point fort<br />
• Les parents ne se sont pas seulement rapprochés de l’école :<br />
ils ont trouvé un lieu de socialisation avec des prolongements<br />
intéressants, telle cette sortie en commun, au théâtre de Rochefort,<br />
pour assister à un spectacle de danse contemporaine.<br />
En compagnie de leurs enfants.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole publique<br />
de Rochejean (25)<br />
Acteur<br />
Ecole publique<br />
20 rue Saint Jean<br />
25370 Rochejean<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Rochejean, 430 habitants, est un village montagnard du<br />
Haut Doubs, situé à 1000 mètres d’altitude et à 10 km<br />
de la frontière suisse. La plupart de ses habitants travaillent<br />
en Suisse (employés dans la micro-technique et l’horlogerie) :<br />
partis tôt le matin, rentrés tard le soir, ils confient généralement<br />
leurs enfants à des nourrices. Face à ces parents peu disponibles,<br />
les trois enseignants de la petite école (trois classes, 62 enfants<br />
de 2 ans au CM2) ont eu de réelles difficultés à établir<br />
un contact régulier. Résultats, les relations ont été longtemps<br />
conflictuelles, crispées sur la base de préjugés : les parents considérant<br />
en général que les difficultés des enfants étaient directement<br />
liées aux enseignements et les enseignants estimant eux,<br />
que les principales difficultés provenaient du fait que<br />
de nombreux parents ne jouaient pas leur rôle parental…<br />
François Boudat, directeur<br />
Tél. : 03 81 49 94 05<br />
E-mail : rochejean2@wanadoo.fr<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Les objectifs<br />
• Permettre aux familles de comprendre les dispositifs d’apprentissage<br />
mis en œuvre par les enseignants.<br />
• Encourager les parents à participer à la vie de l’école,<br />
à donner leur avis, voire les impliquer directement dans la vie<br />
de la classe dès que c’est possible.<br />
• Inciter les enfants à exprimer leur vécu scolaire pour<br />
permettre aux parents de bien comprendre ce qui se passe vraiment<br />
dans une salle de classe.<br />
• Supprimer la discrimination fondée sur l’argent.<br />
Bénéfices<br />
• Les relations avec les parents, qui étaient au cœur<br />
du problème au départ, se sont considérablement améliorées.<br />
Ceux-ci, désormais, participent en nombre aux différentes activités<br />
de l’école : le théâtre rassemble un grand nombre<br />
de personnes ; 17 parents ont suivi des formations pour assister<br />
les classes lors des séances de natation, de ski, de cyclisme.<br />
Mieux encore : lors des réunions de classe, 90 % d’entre eux<br />
sont présents et une majorité acceptent l’invitation de passer<br />
une demi-journée en classe.
Actions<br />
• Le projet d’école est réorienté<br />
de façon à renouer des relations<br />
normales avec les familles.<br />
Les parents sont consultés par questionnaires<br />
anonymes sur<br />
les sujets qui fâchent (les leçons,<br />
les bulletins de notes, etc.) et invités<br />
à donner systématiquement leur<br />
avis, à faire des propositions<br />
et suggestions (2000).<br />
• Chaque famille est invitée<br />
à alimenter l’ordre du jour du<br />
Conseil d’école, et pas uniquement<br />
les parents délégués. Un système<br />
de <strong>fiche</strong> est mis en place où<br />
remarques, critiques, questions<br />
ou suggestions (anonymes ou nominatives)<br />
peuvent être portées. Aucun<br />
sujet n’est laissé de côté :<br />
tout est lu et traité en ouverture<br />
de chaque conseil. Les comptes rendus<br />
sont transmis systématiquement<br />
aux parents.<br />
• Instauration de la gratuité totale<br />
des frais de scolarité (2001).<br />
La cotisation à la coopérative est laissée<br />
à l’appréciation des familles.<br />
Pour financer ses projets, l’école<br />
a mis en place des <strong>action</strong>s, diversifiées<br />
suivant les années : telles que<br />
la vente d’un petit journal d’école, le<br />
théâtre, la vente<br />
de papier à recycler, etc.<br />
• Lancement, avec d’autres écoles,<br />
de grands projets fédérateurs qui<br />
impliquent les parents : rallye maths<br />
chaque année depuis 1996, rallye<br />
patrimoine, rallye lecture, etc.<br />
A chaque fois, le projet se décline<br />
sur les trois niveaux (GS/CP, CE, CM).<br />
• Mise en place d’un conseil d’enfants<br />
en cycle 3 (2002).<br />
• Demande d’autorisation auprès<br />
de l’administration pour un accès<br />
libre des parents pendant la classe.<br />
Une invitation est faite chaque<br />
année de venir passer une demijournée<br />
en classe pour mieux voir<br />
et comprendre ce qui s’y passe<br />
(2002).<br />
• Activité théâtre, ateliers de lecture<br />
animés par des parents d’élèves<br />
en dehors des heures de classe.<br />
• Toutes les <strong>action</strong>s mises en place<br />
progressivement sont pérennisées<br />
tandis que de nouvelles <strong>action</strong>s viennent<br />
s’y ajouter.<br />
• Le travail pédagogique de l’enseignant est facilité par<br />
le simple fait qu’aujourd’hui, ce qui est demandé à l’enfant<br />
est compris (sur le fond et dans sa forme) par les parents,<br />
ceux-ci étant prêts psychologiquement et aptes techniquement<br />
à coopérer pour favoriser l’apprentissage de leurs enfants.<br />
• En classe, les enfants ont gagné en motivation et<br />
en discipline.<br />
• Autrefois tendues, les relations entre l’école et la mairie sont<br />
aujourd’hui excellentes et le Conseil municipal est toujours<br />
prêt à soutenir l’école dans ses projets.<br />
Les points forts<br />
• L’équipe pédagogique n’a pas changé depuis trois ans.<br />
Le travail et l’implication des enseignantes dans des classes qui<br />
comportent chacune trois niveaux différents implique forcément<br />
un engagement sur la durée auprès des enfants.<br />
• Les grands projets fédérateurs et motivants constituent<br />
eux aussi un point d’ancrage très fort car il est bien difficile<br />
de partir au milieu du gué. Et de fait, personne à l’école<br />
de Rochejean n’y songe.<br />
Mai 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
de Cudos (33)<br />
Acteur<br />
Coopérative scolaire<br />
de l’école primaire<br />
33430 Cudos<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Claire Goedert, directrice<br />
Tél. : 05 56 25 42 08<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Avec ses 500 habitants, Cudos, petit village isolé de la Haute<br />
Lande girondine, est en pleine mutation. Depuis quelques<br />
années, il doit intégrer de nouvelles familles qui, travaillant dans<br />
les villes proches (Bazas, Langon) ou même Bordeaux, distante<br />
d’une cinquantaine de kilomètres, ont été attirées par ses coûts<br />
de construction modérés. Bien entendu, cette population jeune,<br />
venue de lieux très divers, n’a pas encore d’histoire ni de culture<br />
communes. Il va donc falloir permettre à ces familles de s’ancrer<br />
dans un territoire qui est nouveau pour elles. Pour cela, il faut<br />
leur offrir des activités qui les mobilisent et les rassemblent.<br />
La municipalité, consciente de ses propres responsabilités<br />
dans ce registre, reste cependant assez démunie car les moyens<br />
dont elle dispose sont très modestes. L’arrivée d’une nouvelle<br />
directrice à l’école de Cudos, en 2001, introduit une bouffée<br />
d’air frais et de dynamisme au sein de l’établissement<br />
(4 enseignantes pour 1 classe maternelle et 3 classes de primaire<br />
et 104 élèves). La naissance d’un projet d’école ambitieux<br />
va changer la donne.<br />
Objectifs<br />
• Parce que le village fait vivre l’école et que l’école fait vivre<br />
le village, parce qu’elle constitue un endroit où presque chaque<br />
jour tous les enfants se retrouvent, une idée s’impose : s’il faut<br />
un lieu d’échanges, un espace pour la culture et les loisirs<br />
quelque part dans cette commune, c’est là qu’il doit être créé.<br />
• L’école doit donc s’ouvrir aux parents, de telle sorte que<br />
ceux-ci s’impliquent vraiment dans la vie de l’établissement.<br />
• Les enseignants, de leur côté, doivent participer plus pleinement<br />
à la vie du village.<br />
• Pour faciliter le dialogue, il faut donner aux parents les moyens<br />
de comprendre le travail effectué par les enseignants auprès<br />
de leurs enfants, et cela autrement que par les classiques<br />
« mots » sur des cahiers de correspondance.<br />
• L’équipe enseignante doit s’efforcer quant à elle d’aider<br />
à la reconnaissance, à la valorisation des expériences et<br />
des compétences particulières des parents d’élèves, au profit<br />
de la communauté scolaire.
Actions<br />
• La nouvelle équipe pédagogique<br />
lance la démarche en 2001<br />
et met sur pied son projet d’école<br />
en 2002.<br />
• Le partenariat parents-enseignants<br />
devient dès lors régulier :<br />
des mamans tiennent depuis plusieurs<br />
années le point lecture<br />
à la bibliothèque, des goûters sont<br />
préparés en commun à l’occasion<br />
de la fête des mères, de Carnaval<br />
ou pour Noël…<br />
• Des expositions ouvertes<br />
aux parents en dehors des heures<br />
scolaires sont montées sur<br />
des thèmes qui reflètent la vie<br />
des enfants à l’école (poésie, sortie<br />
scolaire, etc.) et offrent une meilleure<br />
visibilité de la vie scolaire.<br />
• Une équipe constituée de parents<br />
et des institutrices prend en charge<br />
l’organisation d’un vide-grenier,<br />
à l’occasion de la foire de Cudos.<br />
• A l’invitation des enseignantes,<br />
des parents et des grands-parents<br />
acceptent de venir dans les classes<br />
expliquer leur travail ou leur expérience<br />
personnelle.<br />
• Grâce aux talents des uns<br />
et des autres – et à leur bonne<br />
volonté – des constructions voient<br />
le jour au sein de l’école (un kamishibaï<br />
en bois, un castelet)<br />
pour la plus grande joie<br />
des enfants.<br />
Bénéfices<br />
• Le nouvel esprit de coopération qui s’est instauré entre<br />
l’école et les parents ne se traduit pas seulement par<br />
des réalisations concrètes mais aussi par de petites signes :<br />
les enseignantes restent plus tard, le soir, pour ouvrir l’école<br />
aux parents. Ces derniers n’hésitent plus à venir passer<br />
un moment à l’école pour échanger quelques mots, passer<br />
un moment agréable avec les institutrices ou d’autres parents.<br />
• Parents/enseignants se comprennent mieux, ce qui permet<br />
de mieux aborder les particularités des enfants, notamment<br />
ceux qui sont en difficulté scolaire ou qui ont un comportement<br />
problématique.<br />
• Le hiatus entre le monde de la maison et l’école tend<br />
à régresser : les enfants n’entendent plus deux discours, mais<br />
un seul, qui va dans le même sens, rassure et surtout « porte »<br />
mieux son contenu.<br />
• Le temps scolaire est devenu plus gratifiant pour tous<br />
et d’abord pour les enfants.<br />
Points forts<br />
• Dans ce village, la disponibilité des parents est relativement<br />
plus importante que dans les villes ou les cités. Intuitivement<br />
conscients de la nécessité de s’intégrer, ils se sont fortement<br />
mobilisés et participent activement aux activités de l’école.<br />
• La proximité des familles, au sein d’une petite commune, facilite<br />
les rapprochements.<br />
• L’équipe enseignante s’implique vraiment, prenant en main<br />
toutes ces démarches de coopération sans compter son temps.<br />
Mai 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
Grimault (35)<br />
Acteur<br />
Ecole élémentaire Grimault<br />
22 boulevard Grimault<br />
35200 Rennes<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Marie Lebrun, enseignante<br />
Tél. : 02 99 51 85 16<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Actions<br />
•Très tôt, une forte coopération enfantsenseignants-parents<br />
s’est constituée<br />
autour de « Press citron », le journal de la<br />
communauté scolaire (l’école élémentaire<br />
et la maternelle voisine). Depuis deux ans,<br />
le journal papier a été remplacé par un<br />
journal multimédia, projeté sur grand<br />
écran, dans le hall de l’école, aux heures<br />
d’entrée et de sortie des élèves.<br />
Il peut ainsi être vu par les parents.<br />
L’école Grimault (7 classes, 165 élèves et 8 enseignants)<br />
est située dans une zone sensible de la ville de Rennes, hérissée<br />
de tours de logements sociaux… à quelques centaines de mètres<br />
d’un quartier résidentiel. Depuis sa création, en 1973,<br />
elle s’est constituée autour d’une « équipe Freinet » : volonté<br />
de considérer les parents comme de véritables partenaires éducatifs,<br />
direction collégiale, contrat de coopération pour<br />
les enseignants, travail d’équipe, etc. L’hétérogénéité de ses élèves<br />
est forte, la moitié vit dans le quartier et est issue de familles<br />
défavorisées (origine étrangère, chômage, RMI, etc.) ; l’autre<br />
moitié, issue de familles au niveau socio-culturel plutôt élevé,<br />
vient par dérogation de toute la ville. Constat de l’équipe enseignante<br />
: les enfants éprouvant des difficultés scolaires appartiennent<br />
pratiquement tous à des familles en difficultés.<br />
Ils ont un vocabulaire pauvre, une aptitude à la communication<br />
restreinte, un manque d’appétence pour l’école, une image<br />
de soi dévalorisée (ou survalorisée sur des critères extérieurs<br />
à l’école). D’où la volonté de rétablir une certaine égalité<br />
des chances…<br />
Objectifs<br />
• Amplifier la communication et le partage des connaissances<br />
au service des apprentissages.<br />
• Considérer les parents comme de véritables personnes-ressources,<br />
notamment ceux qui se sentent impuissants à l’égard de l’école,<br />
qui craignent ou refusent le contact avec les enseignants.<br />
Faire appel à leurs compétences pour les valoriser et faciliter<br />
leur approche du système scolaire.<br />
Bénéfices<br />
• Les enseignants constatent que plus les parents sont présents<br />
à l’école et participatifs, plus leur enfant s’investit et a des chances<br />
de réussir sur le plan scolaire.<br />
• Pour lourd que soit le travail d’équipe réalisé ici, il est reconnu<br />
par les enseignants comme très stimulant et enrichissant.<br />
• Pour les parents, venir à l’école, c’est, disent-ils,<br />
« un enrichissement personnel », l’occasion d’élargir leurs<br />
connaissances.
• Des rencontres à thèmes sont organisées<br />
2 à 3 fois par an. Au départ, elles étaient<br />
animées par un enseignant. Aujourd’hui,<br />
elles sont prises en charge par une association<br />
de quartier (groupe de parole sur la<br />
parentalité). Elles se déroulent toujours au<br />
sein de l’école, mais sans<br />
les enseignants. Les échanges portent sur<br />
les questions d’éducation, l’apprentissage<br />
de la lecture, etc.<br />
• De nombreuses initiatives permettent<br />
aux parents de venir dans les classes<br />
et d’y rencontrer les enseignants : les<br />
portes de l’école sont ouvertes 10 mn<br />
avant le début des cours, les parents<br />
étant invités à accompagner leur enfant<br />
jusque dans la classe où les enseignants<br />
sont disponibles pour un accueil individualisé.<br />
Et la même « ouverture » est<br />
proposée au moment de la sortie des<br />
classes. Par ailleurs, chaque enseignant<br />
veille à rencontrer tous<br />
les parents des élèves de sa classe plusieurs<br />
fois par an.<br />
• Dans les classes de CP et CE1,<br />
les parents sont invités à rester pendant<br />
40 mn, tous les matins, pour faire lire<br />
un livre de bibliothèque aux enfants soit<br />
individuellement soit à plusieurs :<br />
ce moment privilégié vise à donner aux<br />
enfants le goût de la lecture mais aussi<br />
le plaisir du partage avec les adultes<br />
qui peuvent, de leur côté, mieux appréhender<br />
les progrès des enfants.<br />
• Mise en place d’un « marché<br />
des connaissances » basé sur l’idée que<br />
toute personne a des compétences<br />
et peut les faire partager. Dans chaque<br />
classe, les enfants « déclarent » savoir<br />
faire quelque chose et pouvoir l’apprendre<br />
à d’autres. Compétences scolaires ou<br />
non, toutes ont la même valeur. La validation<br />
de la compétence se fait par le<br />
groupe. Elle est décrite et les modalités<br />
pour la transmettre sont développées<br />
puis inscrites sur « l’arbre des connaissances<br />
». Ce « marché », utilisé au quotidien<br />
par les enseignants a été élargi aux<br />
parents : 2 samedis par an, une manifestation<br />
qui réunit environ 250 personnes<br />
ouvre ainsi une bourse où une centaine<br />
de compétences sont déposées par les<br />
adultes et<br />
les enfants (compter en arabe, danser<br />
le madison, réparer une roue de vélo…).<br />
• Des débats, organisés par les enfants<br />
sur des thèmes traités en classe<br />
(la télévision, les transports en commun,<br />
etc.) ou sur proposition des adultes, sont<br />
ouverts à tous les parents.<br />
• L’encadrement d’ateliers leur permet de comprendre le travail<br />
fait en classe, de voir l’évolution des enfants sur les apprentissages,<br />
de leur transmettre et faire partager leur savoir de parent<br />
et de mieux mesurer ce que les enseignants peuvent attendre<br />
d’eux dans le suivi de la scolarité.<br />
Points forts<br />
Dans cette école, les parents sont considérés comme<br />
de véritables partenaires éducatifs pour la scolarité<br />
de leur enfant. Association de parents et équipe enseignante<br />
se partagent les responsabilités et les <strong>action</strong>s, qui sont inscrites<br />
dans la durée. Un groupe de travail parents-enseignants vient<br />
d’ailleurs de se mettre en place pour « plancher » sur la relation<br />
école-famille, dresser un bilan des <strong>action</strong>s en cours et réfléchir<br />
à de nouvelles <strong>action</strong>s et notamment à la création d’un espace<br />
parent dans l’école.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole du Péglé<br />
Mont-de-Marsan<br />
(40)<br />
Acteur<br />
Ecole du Péglé<br />
3 rue Louis Barthou<br />
40000 Mont-de-Marsan<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contacts<br />
Jean Duvignau, directeur<br />
Tel. : 05 58 75 06 04<br />
Jeanine Destenabes,<br />
enseignante spécialisée<br />
Tel. : 05 58 06 82 46<br />
Plus d’informations<br />
L’école du Péglé, à Mont-de-Marsan, est installée à deux pas<br />
du « terrain du Rond » où vivent quelque deux cents<br />
Manouches. Presque tous sont sédentarisés mais ils continuent<br />
à vivre là, dans un confort précaire, préférant leurs caravanes<br />
aux maisons voisines, jugées « trop noires ». Comme partout,<br />
ils ne sont pas intégrés au reste de la population qui les tient<br />
à l’écart et se méfie d’eux, jeunes et vieux. Pendant longtemps,<br />
les familles ont refusé d’envoyer les enfants à l’école.<br />
Il y a encore dix ans, à peine la moitié d’entre eux seulement<br />
était scolarisée. « On nous mettait au fond de la classe et<br />
on ne s’occupait pas de nous », explique une ancienne.<br />
Les résultats étaient peu probants : à la sortie du primaire,<br />
10 à 20 % des petits manouches maîtrisaient la lecture<br />
et le calcul. La nomination d’une institutrice spécialisée<br />
a complètement changé la donne…<br />
Objectifs<br />
• Ils se résument en une phrase : franchir le fossé social qui<br />
sépare les familles manouches des autres familles (les « gadjés »<br />
dans leur langage) pour qu’elles envoient leurs enfants à l’école.<br />
Mais, vu l’ampleur du fossé au départ, ce sont des objectifs<br />
fort ambitieux.<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Bénéfices<br />
• Il existe désormais un lien fort entre « le terrain du Rond »<br />
et l’école du Péglé. Il n’y a plus de ghetto. Les relations<br />
parents-enseignants ont complètement changé.<br />
• Tous les enfants tziganes sont scolarisés dans des classes normales,<br />
avec tous les autres enfants du quartier.<br />
• 80 % d’entre eux sortent du CM2 en ayant les acquis fondamentaux<br />
: « L’école n’est plus un lieu d’échec, comme<br />
il l’était autrefois pour nous » dit une mère.<br />
• Les familles « gadjés » qui refusaient autrefois à envoyer<br />
leurs enfants à l’école du Péglé en raison d’une promiscuité rejetée<br />
n’hésitent plus, aujourd’hui, à le faire car chacun sait<br />
que l’équipe enseignante y fait un travail de bonne qualité et<br />
que les enfants y sont bien. La mixité sociale se vit sans heurt.
Actions<br />
• Dans un premier temps, qui dure<br />
environ deux ans, l’institutrice spécialisée<br />
effectue un travail d’approche<br />
pour essayer de faire venir les<br />
petits manouches à l’école. La mise<br />
en confiance de quelques familles<br />
s’amorce.<br />
• Pour marquer le début de ces relations,<br />
une fête « Jazz manouche »<br />
est organisée par l’école. Puis, un<br />
recueil de textes Nous, les Gitans,<br />
spécialement réalisé par eux, est tiré<br />
à 1000 exemplaires.<br />
• En 1996, ces liens se concrétisent<br />
avec la naissance d’une association<br />
« Manouche-Gadjé » dont le foyer<br />
est l’école et la marraine, l’institutrice<br />
spécialisée : présidée<br />
à la fois par un parent tzigane et<br />
un adulte non tzigane, elle réunit<br />
les deux communautés. Depuis,<br />
elle propose très régulièrement<br />
des manifestations conjointes (voyage<br />
annuel enfants, parents<br />
et enseignants à Paris, aux<br />
Saintes-Maries-de–la-mer, etc.,<br />
une grande fête annuelle avec<br />
un concert de jazz manouche,<br />
des colloques, des réunions d’échanges<br />
et de concertation,<br />
des expos photos).<br />
• L’institutrice spécialisée assure<br />
le soutien scolaire des enfants<br />
manouches deux fois par semaine.<br />
• En 2002, un deuxième recueil<br />
de textes, « Manouches-Gadjé, faisons<br />
le voyage ensemble »,<br />
est réalisé. Il montre clairement l’évolution<br />
en expression écrite<br />
des enfants manouches scolarisés.<br />
Points forts<br />
• La relation parents-enseignants a permis de déclencher<br />
une <strong>action</strong> qui a finalement entamé une belle brèche dans<br />
le mur d’hostilité qui sépare les deux communautés.<br />
Sur le terrain de l’école, c’est gagné. C’est désormais sur celui<br />
du collège que doit se déplacer la bataille. Car de plus en plus<br />
d’élèves manouches rentrent au collège en classe de 6 e<br />
(où ils y bénéficient encore de cours de soutien spécifiques)<br />
et là, tout reste à faire.<br />
Mai 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
Ange Guépin<br />
Nantes (44)<br />
Acteur<br />
Ecole publique Ouverte<br />
Ange Guépin<br />
Chemin du Relais<br />
44000 Nantes<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
François Le Menaheze, directeur<br />
Tél. : 02 40 49 01 46<br />
E-mail :<br />
francois.lemenaheze@icem-freinet.org<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Actions<br />
• La rentrée est désormais marquée<br />
par une Assemblée Générale, ouverte<br />
à toutes les familles et suivie d’un<br />
pique-nique organisé par les parents.<br />
Cette rencontre initiale permet<br />
de mettre en place des groupes<br />
de travail qui fonctionneront tout au<br />
long de l’année scolaire (BCD,<br />
Association de parents, etc.),<br />
de faciliter les échanges, de susciter<br />
les questionnements, d’éviter<br />
les malentendus ultérieurs.<br />
Ecole publique associée à une ZEP ( zone d’éducation prioritaire),<br />
l’école Ange Guépin est régie par les mêmes règles que les<br />
autres écoles, mais son statut d’école « ouverte »<br />
lui permet de ne pas être soumise à la carte scolaire.<br />
Elle accueille donc, outre les enfants du quartier – en l’occurrence,<br />
le quartier Malakoff, classé sensible et objet<br />
d’un projet de réhabilitation dans le cadre du Grand Projet<br />
Ville 2000-2010– ceux des autres quartiers de Nantes et<br />
de son agglomération. 115 enfants sont ainsi scolarisés dans<br />
ses cinq classes élémentaires, représentant une importante mixité<br />
sociale. Comme toute école Freinet, Ange Guépin se veut résolument<br />
ouverte aux parents dans un souci de co-éducation. Une<br />
charte basée sur la Convention des Droits de l’Enfant<br />
et reprenant ses principes philosophiques et éducatifs définit<br />
les orientations pédagogiques et le règlement intérieur<br />
de l’établissement. Cela dit, malgré cette vocation et cette volonté<br />
affichée, un manque de relais entre l’école<br />
et les familles s’était installé peu à peu. A la rentrée 2001, l’équipe<br />
pédagogique décide de réagir et de lancer<br />
des opérations pour resserrer les liens distendus…<br />
Objectifs<br />
• Améliorer la communication avec les parents, leur apporter<br />
une meilleure information sur la vie de la classe et sur<br />
les activités des enfants.<br />
• Prendre mieux en compte les apports des familles dans<br />
la construction des savoirs et des apprentissages des enfants.<br />
• Favoriser, dans et hors l’école, la coopération entre les parents<br />
issus de tous les milieux socio-professionnels et culturels,<br />
en prenant soin d’y intégrer les familles qui ont le plus<br />
de difficultés à trouver leur place dans l’institution.
• « L’heure des parents » est instituée un<br />
samedi matin sur deux : entre 11 h<br />
et 12 h, dans chaque classe, les enfants<br />
présentent leurs réalisations aux parents.<br />
• Le samedi suivant, en alternance,<br />
se tient « Super, c’est samedi » : les<br />
enfants des cinq classes sont rassemblés<br />
pour présenter à leurs parents des textes,<br />
des poèmes, du théâtre ou<br />
de la danse, des recherches, etc.<br />
• Dès le début de l’année, un grand panneau<br />
permet aux parents d’indiquer<br />
leurs connaissances, compétences, expériences,<br />
savoir-faire ou simplement<br />
disponibilités. A partir de là,<br />
un programme d’activités est établi, des<br />
projets sont montés et des appels aux<br />
bonnes volontés lancés. Sur ce panneau,<br />
les enseignants font aussi état de leurs<br />
besoins spécifiques (informatique, journal<br />
scolaire, site internet).<br />
• Un « livret de formation » est mis<br />
en place : il suit la construction<br />
des apprentissages de chaque enfant,<br />
dans le cadre du programme. Sa famille<br />
peut se tenir pas à pas au courant<br />
de ses activités et de ses progrès.<br />
• Chaque année, l’école abonne tous<br />
les enfants « apprentis lecteurs » (CP<br />
et CE1) à la revue « J Magazine ». Elle<br />
est envoyée à leur domicile et pour un<br />
certain nombre d’eux, ceux du quartier<br />
notamment, c’est souvent le seul support<br />
écrit qui pénètre à la maison.<br />
• En cours d’année, la semaine de<br />
« stage enfants » permet de conduire<br />
des projets et ateliers artistiques<br />
et culturels conjointement entre enseignants-parents<br />
et intervenants extérieurs.<br />
• Les « portes ouvertes » de l’école permettent<br />
aux parents des enfants déjà<br />
scolarisés d’accueillir les visiteurs et<br />
les futurs parents d’élèves, d’expliquer<br />
le fonctionnement de l’établissement…<br />
• Une multitude d’ateliers (autour<br />
de la philo, de la démocratie),<br />
des groupes de réflexion (sur les règles<br />
de vie, etc.) ont vu le jour.<br />
• L’association de parents en coopération<br />
avec l’équipe enseignante ayant<br />
défini les missions d’un poste d’adulterelais,<br />
emploie cette personne<br />
à temps plein depuis mai 2003 ; son rôle<br />
est de créer des liens entre l’école,<br />
les familles et le quartier.<br />
Bénéfices<br />
• La participation des familles aux activités est importante<br />
(60 % d’entre elles assistent assez régulièrement aux « samedi »).<br />
• Il existe désormais dans cette école des échanges vrais entre<br />
enfants et parents autour du travail réalisé à l’école : une incitation<br />
pour les enfants à bien faire, à se dépasser.<br />
• Globalement, les enseignants constatent une meilleure<br />
réussite scolaire.<br />
• Les relations entre parents et enseignants, entre enseignants<br />
et enfants sont chaleureuses, en particulier les rencontres du<br />
samedi, traditionnellement animées et riches de sens.<br />
• L’agressivité est désormais régulée, médiatisée par la parole<br />
et les institutions coopératives mises en place. Lorsqu’il y a<br />
des conflits, ils se règlent dans le cadre de l’un des conseils existants<br />
(un conseil d’enfants par classe, un conseil des enfants<br />
pour l’ensemble de l’école, un conseil des maîtres et un conseil<br />
pour l’ensemble des parents de l’école).<br />
Points forts<br />
• A Ange Guépin, on s’efforce de considérer l’enfant dans<br />
toute sa dimension. On n’oublie pas que sa place dans l’école<br />
n’est pas tout et que la qualité de ses rapports avec ses parents<br />
et, plus généralement, avec l’extérieur est elle aussi essentielle.<br />
Sans négliger les apprentissages fondamentaux, cette ouverture<br />
permet de mieux comprendre l’enfant. Elle permet aussi d’enrichir<br />
le monde de l’école par des apports extérieurs,<br />
à commencer par ceux des parents.<br />
Mai 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
Gérard Philipe<br />
(49)<br />
Acteur<br />
Ecole maternelle<br />
Gérard Philipe<br />
255, rue Elisée Reclue<br />
49800 Trélazé<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contacts<br />
Annette Proux, directrice<br />
Thierry Bacchi, enseignant chargé<br />
du lien école-famille<br />
Tél./ Fax : 02 41 69 08 96<br />
E-mail : ce.0490773z@ac-nantes.fr<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Trélazé est une grosse commune (12 000 habitants)<br />
de l’agglomération angevine. L’école maternelle Gérard Philipe<br />
se situe au cœur du quartier des Plaines, un secteur qui compte<br />
beaucoup de logements sociaux et où vit une population modeste,<br />
voire franchement défavorisée. L’établissement<br />
est d’ailleurs classé en ZEP (zone d’éducation prioritaire)<br />
et ZUS (zone urbaine sensible). Il accueille dans ses 6 classes<br />
132 enfants de différentes communautés, notamment turque.<br />
En partenariat avec la CAF (Caisse d’allocations familiales),<br />
un enseignant supplémentaire est affecté à l’école pour assurer<br />
le « lien-école-famille », mission qu’il développe également dans<br />
d’autres écoles de la commune, intervenant en binôme avec<br />
un travailleur social dans toutes les <strong>action</strong>s du dispositif<br />
(note : ce poste doit passer à mi-temps à la rentrée 2004-2005).<br />
Objectifs<br />
• Rapprocher le monde de l’école et la famille, faciliter l’entrée<br />
des parents dans l’école, renforcer la communication<br />
parents/enfants/enseignants.<br />
• Associer les parents à la scolarité de leur enfant, leur permettre<br />
de prendre connaissance de l’école et de son fonctionnement,<br />
expliquer les objectifs pédagogiques des apprentissages.<br />
• Agir pour que l’échec scolaire des enfants issus des milieux<br />
défavorisés ne soit pas vécu comme une fatalité.<br />
• Accompagner la démarche éducative des parents.<br />
• Etablir des passerelles entre les structures de la « petite<br />
enfance », la maternelle et l’école élémentaire.<br />
Bénéfices<br />
• Depuis l’origine du projet, l’équipe pédagogique a constaté<br />
une absence de comportement agressif de la part des parents<br />
vis-à-vis des enseignants.<br />
• Un réel lien de confiance avec les familles s’est instauré.<br />
• Les parents se montrent très assidus aux différentes activités<br />
proposées.<br />
• Ils participent de plus en plus activement à la scolarité<br />
des enfants.
Actions<br />
• Mise en place d’un atelier passerelle<br />
en direction des enfants,<br />
à partir de 18 mois. Ils viennent avec<br />
leurs parents tous les lundis matin<br />
pour un accueil en trois temps :<br />
une heure dans la classe de petite<br />
section, une heure et demie d’activités<br />
de motricité et de jeux sensoriels<br />
puis une demi-heure<br />
de récréation avec les autres enfants.<br />
L’auxiliaire de puériculture<br />
de la Maison de la petite enfance<br />
et l’enseignant lien école-famille<br />
participent à cette matinée hebdomadaire.<br />
• A la rentrée, les parents ont<br />
la possibilité de rester avec leur<br />
enfant durant deux matinées,<br />
une interprète étant présente pour<br />
faciliter les contacts lorsqu’il s’agit<br />
de familles turques ne maîtrisant<br />
pas bien le français.<br />
• Pendant deux périodes de l’année,<br />
les parents sont accueillis une fois<br />
par semaine dans la classe<br />
et peuvent participer durant<br />
3/4 d’heure aux séquences animées<br />
par l’enseignant chargé de la classe<br />
et par l’enseignant chargé du lien<br />
école-famille.<br />
• Deux fois par an, le cahier d’évaluation<br />
de l’enfant fait l’objet d’une<br />
rencontre personnalisée entre sa<br />
famille et l’enseignant.<br />
• Une fois par an, un petit déjeuner<br />
est organisé dans l’école, où parents<br />
et enseignants se retrouvent.<br />
• Un atelier « parents » est ouvert<br />
une fois par mois, le jeudi après-midi :<br />
c’est un lieu de rencontres<br />
et d’échanges. Des activités interculturelles<br />
y sont proposées (notamment<br />
« cuisine du monde ») mais il<br />
est surtout le lieu d’échanges<br />
parents-enseignants-travailleur social<br />
sur la scolarité des enfants.<br />
• Chaque année, dans chaque classe,<br />
une sortie pédagogique d’une journée<br />
entière (visite d’un musée, d’une<br />
ferme, d’un zoo, d’un village troglodyte,<br />
etc.) est proposée.<br />
Elle réunit enfants, enseignants<br />
et parents.<br />
• Les enfants qui fréquentent l’atelier passerelle ont une meilleure<br />
socialisation et une adaptation plus rapide à l’école.<br />
• Les enfants dont les parents viennent à l’école sont<br />
plus motivés.<br />
• La fréquentation de l’école est devenue plus régulière.<br />
Points forts<br />
Les <strong>action</strong>s « lien école-famille » débordent le cadre de l’école<br />
maternelle. Elles ont en effet été initiées dès 1988 dans le groupe<br />
scolaire des Plaines. Un cadre de référence existe depuis septembre<br />
1993, qui a fait l’objet d’un accord entre la CAF,<br />
le CCAS (Centre communal d’<strong>action</strong> sociale) de Trélazé<br />
et l’Education nationale. Ce partenariat inscrit dans la durée,<br />
a permis d’ancrer solidement la démarche. Mais il est évident<br />
que la mobilisation de toute l’équipe enseignante est également<br />
un élément déterminant. Les nouveaux arrivants ont, s’ils<br />
le souhaient, une année d’observation avant de s’engager dans<br />
le dispositif : en réalité, la plupart intègre l’équipe dès leur arrivée<br />
dans l’école.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
Eugène Lenglet<br />
Douai Dorignies<br />
(59)<br />
Acteur<br />
Ecole élémentaire<br />
Eugène Lenglet<br />
6, rue de Trannois<br />
59500 Douai Dorignies<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Arnaud Durut, directeur<br />
Tél. : 03 27 88 78 07<br />
E-mail : ce-590381u@ac-lille.fr<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Dorignies, hameau de Douai (48 000 habitants), se situe<br />
à quatre kilomètres du centre ville. Ce n’est pas une bien<br />
grande distance mais cela suffit à isoler les familles qui vivent<br />
là car il faut prendre le bus pour la moindre activité, le moindre<br />
achat. Le handicap est d’autant plus marqué qu’ici, personne<br />
ne roule sur l’or… il s’en faut même de beaucoup !<br />
Pour l’équipe éducative de l’école Eugène Lenglet – 6 classes,<br />
141 élèves encadrés par 7 enseignants, 1 RASED (réseau<br />
d’aide spécialisé), 1 aide éducateur et 2 dames de service –<br />
cet état de fait a constitué un argument de poids pour lancer<br />
sa démarche de coopération avec les parents. Celle-ci a démarré<br />
il y a près de dix ans par la rénovation de toutes les salles<br />
de classe avec la participation des familles. Elle s’est ensuite<br />
poursuivie pour de nombreuses autres activités : entretien<br />
du jardin pédagogique, du bassin aquatique et des jardinières.<br />
Depuis, grâce à la grande stabilité de l’équipe pédagogique,<br />
cette coopération s’enrichit d’année en année de nouvelles initiatives<br />
et attire de plus en plus de parents.<br />
Les objectifs<br />
• Faire en sorte que les enfants, quasiment tous issus<br />
de milieux socio-culturels défavorisés, prennent le goût<br />
et le plaisir de la lecture.<br />
• Solliciter leurs parents pour qu’ils viennent à l’école,<br />
qu’ils participent à certaines activités et qu’ainsi, leurs relations<br />
avec les enseignants et, plus généralement, avec l’institution scolaire<br />
s’améliorent.<br />
• Réduire la violence verbale des élèves, améliorer leur vocabulaire.<br />
Bénéfices<br />
• Le nombre d’enfants qui ne savent pas lire à la fin du Cours<br />
Préparatoire a diminué. D’une manière générale, les enfants<br />
sont plus à l’aise avec la lecture et, de ce fait, participent plus<br />
activement aux autres disciplines.<br />
• Ils s’expriment mieux, utilisent moins systématiquement<br />
des propos violents.
Actions<br />
• Elles ont démarré au cours<br />
de l’année 2000-2001 avec la mise<br />
en place, chaque samedi, d’ateliers<br />
multiculturels, en étroite collaboration<br />
avec les parents : danse, cuisine,<br />
musique, contes,<br />
arts plastiques.<br />
• Chorale des six classes de l’école<br />
chaque vendredi matin pour développer<br />
l’écoute des autres.<br />
• Elaboration d’une charte tripartite<br />
(enfants, enseignants, parents)<br />
qui pose clairement les règles de vie<br />
élaborées à l’école mais qui concernent<br />
aussi la vie à la maison et, plus<br />
généralement avec<br />
les autres.<br />
• Instauration d’une discussion hebdomadaire<br />
(le mardi après-midi)<br />
avec les parents autour de ces lois,<br />
en lien avec un groupe d’alphabétisation<br />
mis en place<br />
dans le quartier.<br />
• Organisation d’une fête entre<br />
tous les enfants de l’école à la veille<br />
de chaque congé pour aider à leur<br />
socialisation.<br />
• Toutes ces <strong>action</strong>s, désormais reprises<br />
d’une année sur l’autre,<br />
sont complétées par de nouvelles<br />
<strong>action</strong>s, notamment la création<br />
d’une ludothèque pour inciter<br />
les parents à jouer avec leurs enfants<br />
à la maison. Les mamans viennent<br />
le mardi s’initier aux jeux de société<br />
(avec la directrice, qui bénéficie<br />
d’une décharge) : l’occasion pour<br />
elles de se familiariser avec l’école<br />
et de prendre conscience du rôle<br />
important qu’elles doivent tenir<br />
dans l’éducation et<br />
les apprentissages de leurs enfants.<br />
Par ailleurs, parents et enfants ont<br />
mené un travail sur l’environnement<br />
qui a fait l’objet d’une exposition.<br />
• Le contact parents-enseignants s’est nettement amélioré.<br />
L’image de l’école en a été valorisée au regard des familles.<br />
• Résultat : dans ces familles, le nombre d’enfants qui entrent<br />
au lycée augmente.<br />
• Les parents sont plus nombreux à s’impliquer dans la vie<br />
de l’école, à se socialiser grâce à ces contacts. En 2003-2004,<br />
un premier groupe d’une douzaine de parents a pu bénéficier<br />
d’une formation informatique (stage de traitement de texte<br />
et de logiciels de lecture). Ces stages seront poursuivis.<br />
• Les enseignants assurent que travailler en étroite coopération<br />
avec les parents, cela les motive plus encore pour bien faire<br />
avec les enfants.<br />
Points forts<br />
• La quasi-totalité de l’équipe éducative est mobilisée sur<br />
cette démarche. Elle est par ailleurs extrêmement stable<br />
(en moyenne 8 ans d’ancienneté).<br />
• Les parents « stagiaires » sont fiers et responsabilisés.<br />
Mais surtout, leur présence dans l’école a entrainé<br />
une évolution remarquable sur le comportement de leurs<br />
enfants. Désormais, ils restent volontiers le soir (moment pendant<br />
lequel se déroulent les stages) et font leurs devoirs, encadrés<br />
par un enseignant.<br />
• Confiance accrue entre parents et enseignants.<br />
Mai 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
Jean Moulin<br />
Nogent-sur-Oise<br />
(60)<br />
Acteur<br />
Ecole maternelle<br />
Jean Moulin<br />
28 rue de la Liberté<br />
60180 Nogent-sur-Oise<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Yvette Kis, directrice<br />
Tél. : 03 44 74 12 02<br />
E-mail : Mat.J.Moulin@wanadoo.fr<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Le quartier de la Commanderie, à Nogent-sur-Oise, n’a pas<br />
bonne réputation. La violence y est quotidienne : voitures brûlées,<br />
jets de pierre, trafic de drogue, combats de pitbulls, etc.<br />
Cette violence est même arrivée jusqu’à l’école maternelle :<br />
baies vitrées cassées, jeux de cour détériorés, parterres de fleurs<br />
saccagés. Plusieurs familles, découragées, sont parties, laissant<br />
le quartier et son habitat délabré à une population immigrée<br />
encore plus démunie… mais qui n’a pas d’autres choix que<br />
de rester là, encore plus marginalisée. Aujourd’hui, parmi<br />
les enfants accueillis à la maternelle Jean Moulin (6 classes<br />
et 140 enfants), il n’y a plus que 6 familles françaises.<br />
13 nationalités sont représentées, dont une majorité venue<br />
d’Afrique noire (Mali et Congo, principalement). La plupart<br />
des parents ne parlent pas français et ne semblent avoir aucun<br />
projet d’intégration…<br />
Objectifs<br />
• Apprendre aux enfants les règles de vie en commun,<br />
leur donner des repères leur permettant de savoir se comporter<br />
et vivre avec les autres, notamment en respectant les différences.<br />
• Leur apprendre ce qu’est une loi, ce que sont les droits<br />
et les devoirs de chacun.<br />
• Développer l’esprit de solidarité aussi bien au niveau<br />
des parents que des enfants.<br />
• Amener les enfants à mesurer l’intérêt des projets collectifs<br />
et à les conduire à terme.<br />
• Les aider à maîtriser le langage, à acquérir du vocabulaire,<br />
à échanger.<br />
• Réduire la distance des familles avec l’institution, les faire participer<br />
aux activités pour les aider à s’intégrer.
Actions<br />
• Elles ont démarré au cours<br />
de l’année 2000-2001 avec la mise<br />
en place, chaque samedi, d’ateliers<br />
multiculturels, en étroite collaboration<br />
avec les parents : danse, cuisine,<br />
musique, contes,<br />
arts plastiques.<br />
• Chorale des six classes de l’école<br />
chaque vendredi matin pour développer<br />
l’écoute des autres.<br />
• Elaboration d’une charte tripartite<br />
(enfants, enseignants, parents)<br />
qui pose clairement les règles de vie<br />
élaborées à l’école mais qui concernent<br />
aussi la vie à la maison et, plus<br />
généralement avec<br />
les autres.<br />
• Instauration d’une discussion hebdomadaire<br />
(le mardi après-midi)<br />
avec les parents autour de ces lois,<br />
en lien avec un groupe d’alphabétisation<br />
mis en place<br />
dans le quartier.<br />
• Organisation d’une fête entre<br />
tous les enfants de l’école à la veille<br />
de chaque congé pour aider à leur<br />
socialisation.<br />
• Toutes ces <strong>action</strong>s, désormais reprises<br />
d’une année sur l’autre,<br />
sont complétées par de nouvelles<br />
<strong>action</strong>s, notamment la création<br />
d’une ludothèque pour inciter<br />
les parents à jouer avec leurs enfants<br />
à la maison. Les mamans viennent<br />
le mardi s’initier aux jeux de société<br />
(avec la directrice, qui bénéficie<br />
d’une décharge) : l’occasion pour<br />
elles de se familiariser avec l’école<br />
et de prendre conscience du rôle<br />
important qu’elles doivent tenir<br />
dans l’éducation et<br />
les apprentissages de leurs enfants.<br />
Par ailleurs, parents et enfants ont<br />
mené un travail sur l’environnement<br />
qui a fait l’objet d’une exposition.<br />
Bénéfices<br />
• Au cœur de ce quartier difficile, l’école apparaît aujourd’hui<br />
comme un havre de paix, mais aussi un lieu d’échange pour<br />
ces familles déracinées, une passerelle vers le monde extérieur.<br />
• Les parents se sont investis au-delà de toute attente :<br />
10 à 12 d’entre eux sont là chaque lundi pour les ateliers<br />
et le mardi pour les discussions. Ils ont participé très largement<br />
aux réunions d’élaboration de la charte tripartite.<br />
• Les projets collectifs (en particulier ceux qui s’ouvrent<br />
aux différentes cultures) menés avec les parents ont permis<br />
de les familiariser avec l’école et contribué à diminuer leur sentiment<br />
d’infériorité. Aujourd’hui, la relation éducative parentsenseignants<br />
est bien amorcée et le résultat sur<br />
les enfants, sensible.<br />
• Depuis le lancement de cette démarche, aucune dégradation<br />
matérielle n’a été constatée à l’école, ni dans les locaux,<br />
ni à l’extérieur (fleurs, arbustes respectés, cour propre).<br />
Aucun vol non plus.<br />
Points forts<br />
• L’année scolaire qui a vu le lancement de cette démarche<br />
s’est terminée par un événement exceptionnel :<br />
une journée « Repas du monde » qui a attiré 270 personnes<br />
dans un climat de grande convivialité. Aboutissement<br />
d’une <strong>action</strong> quotidienne modeste mais tenace au sein<br />
de l’école, une exposition et un « concert » de la chorale<br />
ont été présentés aux convives qui ont ensuite partagé<br />
des plats de leurs pays respectifs. Le tout s’étant achevé<br />
par des danses. A la Commanderie, on en parle encore…<br />
Mai 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
Ariane Icare (67)<br />
Acteur<br />
Ecole maternelle Ariane Icare<br />
7 rue Roland Garros<br />
67100 Strasbourg<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
M me Schenckbecher,<br />
directrice de l’école<br />
Tél. : 03 88 34 48 55<br />
Fax : 03 88 34 45 11<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Avec ses 13 classes et ses 330 élèves, l’école Ariane Icare<br />
est l’une des plus grosses « maternelles » de Strasbourg.<br />
Située dans la zone d’éducation prioritaire du Neuhof,<br />
un quartier très populaire, elle accueille deux types d’enfants.<br />
Deux-tiers d’entre eux viennent de la cité du Neuhof<br />
et sont issus, en grande majorité, de familles immigrées<br />
d’origine maghrébine, turque, asiatique ou africaine.<br />
L’autre tiers vient du Polygone qui regroupe la cité des Aviateurs<br />
et trois terrains de stationnement des gens du voyage où sont<br />
installées des familles tziganes : gitans espagnols, manouches,<br />
etc. Bien que connaissant des problèmes différents,<br />
tous ces enfants ont en commun de vivre dans des milieux<br />
très défavorisés. Beaucoup de parents sont au chômage<br />
(62 % sans travail) et sont peu, voire pas du tout intégrés<br />
dans la ville. Beaucoup d’entre eux parlent très mal<br />
le français.<br />
Objectifs<br />
• Au départ, l’équipe pédagogique cherche surtout<br />
les moyens de favoriser la scolarisation des petits gitans.<br />
D’où l’idée de créer une classe spécifique d’intégration pour<br />
la première année permettant aux enfants, les années suivantes,<br />
d’effectuer un parcours scolaire normal, au milieu des autres<br />
enfants.<br />
• Instaurer une dynamique forte, à partir de l’école,<br />
entre les enseignants, les parents, les associations et les structures<br />
institutionnelles du quartier pour aider à la réussite de cette intégration.<br />
• La dynamique créée autour des enfants des familles tziganes<br />
doit également bénéficier aux enfants des familles immigrées,<br />
souvent en aussi grandes difficultés que les premiers.<br />
• Etablir, au sein même de l’établissement, une relation<br />
de confiance entre les parents et l’équipe enseignante à partir<br />
de projets collectifs.<br />
• Permettre aux familles de cultures différentes de se rencontrer,<br />
en insistant pour que les familles tziganes participent à ce mouvement.
Actions<br />
• Tout commence donc,<br />
en 2000-2001, avec l’ouverture<br />
d’une « classe passerelle »,<br />
baptisée « classe Caravelle »,<br />
pour scolariser les enfants tziganes<br />
du quartier du Polygone.<br />
• En septembre 2002, un projet collectif<br />
est proposé aux parents pour<br />
les encourager à venir à l’école, se<br />
familiariser avec cet univers<br />
qu’ils ne connaissent pas et<br />
qu’ils craignent, auquel ils sont<br />
même le plus souvent hostiles.<br />
Ce projet, c’est la création d’un livre<br />
de recettes de cuisine. Par le biais<br />
de différents ateliers hebdomadaires<br />
de « cuisine, d’illustration et de peinture<br />
», cela va peu à peu permettre<br />
aux mamans et à l’équipe éducative<br />
de se connaître et de se reconnaître.<br />
• L’élaboration du livre<br />
a occupé une année scolaire<br />
et est aujourd’hui achevée<br />
(sa publication a été assurée par<br />
la municipalité).<br />
D’autres projets collectifs<br />
ont pris la relève : mise en place<br />
d’une chorale dans le cadre d’une<br />
<strong>action</strong> Opéra ; des cours de français<br />
pour les mamans qui en ont fait la<br />
demande (avec le soutien de la mairie)<br />
devraient voir le jour en septembre<br />
2004.<br />
• Au fil du temps<br />
et de l’évolution des relations,<br />
les initiatives se multiplient.<br />
C’est ainsi qu’ont vu le jour<br />
un atelier « photo » (manipulation,<br />
exploitation) et un atelier<br />
de comptines. Ce dernier répertorie<br />
et enregistre dans différentes langues<br />
les comptines traditionnelles<br />
des populations représentées<br />
à l’école. Sans oublier la création<br />
d’un atelier d’arts plastiques, l’organisation<br />
d’expositions,<br />
des sorties au musée, etc.<br />
Bénéfices<br />
• Les ateliers ouverts au sein de l’école avec la participation<br />
des parents valorisent la culture de chacun et permettent une<br />
reconnaissance et un respect mutuels des différentes communautés,<br />
mais aussi entre les parents et les enseignants.<br />
• Les familles tziganes, qui étaient au début de la démarche<br />
très mal à l’aise, très distantes et fermées vis-à-vis de l’équipe<br />
pédagogique, se sont progressivement détendues.<br />
Il y a quatre ans, elles ne disaient pas bonjour. Aujourd’hui,<br />
la plupart d’entre elles acceptent de se mêler aux autres familles,<br />
de partager un repas.<br />
• Leurs enfants, mis en confiance, sont en général heureux<br />
de venir à l’école.<br />
Points forts<br />
• Pour assurer sa tâche, particulièrement lourde,<br />
l’école maternelle bénéficie d’un encadrement substantiel :<br />
14 enseignants, 3 membres du RASED (réseau d’aide spécialisé),<br />
10 ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles),<br />
2 emplois jeunes, 1 éducatrice et 1 agent d’animation.<br />
• L’équipe a trouvé un soutien précieux auprès des associations<br />
du quartier, de même qu’auprès des responsables de la bibliothèque<br />
municipale du quartier et du lieu d’accueil parentsenfants.<br />
D’autres « bonnes volontés » (des traducteurs,<br />
une étudiante de l’IUFM – institut universitaire de formation<br />
des maîtres) se sont également mobilisées.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole J. Sturm<br />
(67)<br />
Acteur<br />
Ecole maternelle J. Sturm<br />
9 rue d’Upsal<br />
67000 Strasbourg<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Michèle Lewonczuck, directrice<br />
Tél. : 03 88 61 87 64<br />
Fax : 03 88 61 87 64<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Le groupe scolaire J. Sturm, situé à l’est du centre ville, dans<br />
un quartier qui longe le port du Rhin, comporte trois écoles<br />
pour 850 élèves. L’école maternelle accueille pour sa part<br />
292 enfants. D’origines sociales très contrastées (30 % issus<br />
de familles très favorisées et 30 % très défavorisées)<br />
et de nationalités fort diverses (22 nationalités représentées),<br />
ils sont encadrés par 15 enseignants, 2 aides-éducateurs<br />
et 6 ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles).<br />
Ceux-ci rencontrent quelques difficultés à gérer une communauté<br />
aussi hétéroclite car, entre les familles qui nourrissent des<br />
ambitions pour leurs enfants et celles qui, mal<br />
à l’aise avec l’école, transmettent à leur progéniture une image<br />
négative, la reproduction des clichés « bon élève/mauvais élève »<br />
n’est jamais très loin. L’équipe éducative, consciente du risque<br />
que cela représente pour l’égalité des chances des enfants,<br />
décide de se mobiliser…<br />
Objectifs<br />
• La nécessité de créer des liens entre les différents groupes s’impose<br />
aux enseignants. Ces liens doivent passer par<br />
la valorisation des différents types de savoirs et par un échange<br />
de compétences, sans exclusive.<br />
• Ce terme « échange de compétences » est d’ailleurs à la base<br />
du projet d’école. C’est lui qui doit permettre d’instaurer<br />
un climat de confiance entre l’équipe éducative et les parents.<br />
Et permettre à ces derniers, lorsqu’ils ont conservé des réticences<br />
vis-à-vis de l’école, de les vaincre et de se familiariser avec elle,<br />
de faire connaissance avec ses objectifs et ses programmes<br />
pour mieux soutenir leurs enfants.<br />
• Les élèves, dans ce climat de confiance et de reconnaissance<br />
de leurs particularités, doivent s’épanouir plus facilement<br />
et aborder les apprentissages avec de meilleures chances.<br />
Bénéfices<br />
• La coopération entre enseignants et familles, notamment<br />
celles qui participent aux ateliers de parents, est totale.<br />
La confiance s’est installée durablement.<br />
• L’école est devenue un lieu de référence pour les enfants<br />
et leurs familles. Elle est le lieu du partage et d’intégration<br />
pour petits et grands. Elle est aussi un lieu de discussion et d’échanges<br />
sur l’éducation des enfants pour les parents<br />
et pour les enseignants.
Actions<br />
• L’<strong>action</strong> débute en 1999, après<br />
le choc d’un saccage de l’école. Sous<br />
l’impulsion de la directrice de l’école,<br />
des commissions réunissant parents<br />
et enseignants se mettent en place<br />
pour préparer des <strong>action</strong>s proposées<br />
par le conseil d’école (fêtes culturelles,<br />
sécurité, soirées d’information).<br />
• Diverses initiatives sont prises, destinées<br />
à faciliter l’intégration<br />
des parents dans la vie de l’école :<br />
les familles des nouveaux inscrits<br />
sont invitées, dès le mois de juin,<br />
à découvrir l’école et ses objectifs.<br />
Elles viennent lors d’après-midi<br />
« portes ouvertes », avec leurs<br />
enfants.<br />
• A la rentrée, l’équipe éducative<br />
fait part à tous les parents<br />
de ses projets pour l’année.<br />
• Depuis octobre 2001, chaque premier<br />
trimestre donne lieu<br />
à un « petit déjeuner des citoyens »<br />
où les habitudes et les mets des pays<br />
d’origine des familles sont mis<br />
en commun : une occasion pour<br />
les enfants d’apprendre à accepter<br />
l’univers des autres et de s’ouvrir<br />
à ce qu’ils ne connaissent pas.<br />
• La même année, l’atelier<br />
de parents est mis en place. Une permanence<br />
2 jours par semaine,<br />
le mardi et le jeudi, de 9 heures<br />
à 10 heures, accueille tous ceux qui<br />
le désirent. C’est là que se préparent<br />
les animations et les événements<br />
scolaires. Là, que les parents viennent<br />
confectionner des objets traditionnels<br />
qui sont parfois vendus au<br />
profit de la coopérative. Celle-ci<br />
dispose ainsi d’un petit pécule pour<br />
préparer des fêtes et des cadeaux<br />
pour les enfants, à l’occasion<br />
de certaines coutumes désormais<br />
partagées (l’Avent, Noël, Ramadan,<br />
le nouvel an iranien, etc.).<br />
• Prolongement : le conseil<br />
des enfants, qui existe depuis 10 ans<br />
et permet aux plus jeunes de faire<br />
l’apprentissage de la démocratie,<br />
af<strong>fiche</strong> désormais après chaque<br />
réunion (deux fois par trimestre)<br />
les compte-rendus de ses discussions<br />
dans l’école.<br />
• Les parents sont fiers d’être reconnus et utiles, contents d’être<br />
acceptés tels qu’ils sont, avec leurs différences de culture.<br />
Certains parents, mis en contact avec d’autres, sont sortis<br />
de leur isolement. Un atelier de français pour parents étrangers<br />
a été créé pour faciliter ce mouvement.<br />
• La présence dans l’école d’adultes autres que les enseignants<br />
favorise la prise de conscience de la citoyenneté : les enfants<br />
se tiennent mieux dans leur quartier depuis qu’ils connaissent<br />
les parents de leurs petits camarades.<br />
Points forts<br />
• L’équipe éducative est très soudée autour de la directrice<br />
et partage totalement son projet.<br />
• Les assistantes sociales et les puéricultrices du quartier travaillent<br />
en étroite coopération avec l’école, faisant le relais<br />
auprès des familles les plus isolées, avec l’appui de quelques<br />
parents très impliqués dans le fonctionnement de l’école<br />
et une association de quartier.<br />
• Les enseignants ont largement assimilé la notion d’ouverture<br />
de l’école aux parents et, sans crainte de voir leur territoire<br />
empiété, n’hésitent pas à faire appel à eux en cas de besoin.<br />
• L’école veut être le lieu où les problèmes rencontrés<br />
par les enfants, les parents ou les enseignants sont l’objet d’échanges<br />
constructifs dans le respect et la tolérance.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole Dieppe<br />
(68)<br />
Acteur<br />
Ecole maternelle<br />
23 rue de Dieppe<br />
68200 Mulhouse<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
L’école maternelle Dieppe – trois classes encadrées par<br />
4 enseignants et 3 ATSEM (agent territorial spécialisé<br />
des écoles maternelles)– s’est ouverte au cœur d’un quartier déshérité,<br />
coincé entre deux voies rapides. Elle accueille<br />
75 enfants, pour la plupart d’origine étrangère, principalement<br />
algérienne et turque de première ou deuxième génération.<br />
10 à 20 % des familles sont en grande difficulté, beaucoup<br />
de parents isolés. D’une façon générale, on y parle peu ou mal<br />
le français. Dans ce cadre, l’école représente souvent le premier,<br />
sinon le seul lieu de socialisation pour les mères.<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Sylvie Birot,<br />
directrice de l’école<br />
Tél. : 03 89 52 44 65<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Actions<br />
• Au départ, décision est prise d’ouvrir<br />
complètement l’école aux<br />
familles. L’équipe éducative conseille<br />
même aux parents des tout petits,<br />
au moins pendant les premières<br />
semaines, de rester un peu dans<br />
la classe, le temps de rassurer<br />
les enfants, de faire connaissance<br />
avec l’instituteur et avec<br />
les autres parents.<br />
Objectifs<br />
• Consciente du rôle que joue l’école dans la vie des habitants<br />
du quartier, l’équipe éducative se mobilise pour la rendre<br />
la plus conviviale et la plus chaleureuse possible.<br />
• Idée fondamentale : il faut donner aux parents et aux enfants<br />
l’envie de fréquenter l’école et pour cela, créer un climat serein<br />
et dénué de toute crainte. Aussi bien la crainte des enfants<br />
vis-à-vis de l’école que la crainte des parents vis-à-vis<br />
des enseignants. Sans négliger celle des enseignants vis-à-vis<br />
des parents…<br />
• Au-delà de la volonté de voir cette confiance mutuelle contribuer<br />
à la réussite scolaire des enfants, existe la volonté d’apporter<br />
une aide aux familles par des conseils,<br />
des informations, une écoute pouvant concerner<br />
d’autres sujets que l’école.<br />
Bénéfices<br />
• Alors que les conditions de travail dans ce quartier sensible<br />
n’incitent pas les enseignants à rester dans cette école, l’arrivée<br />
de nouveaux collègues s’investissant fortement dans l’école<br />
a permis à l’équipe de se construire depuis 3 ans.<br />
Les enseignants actuels apprécient suffisamment l’état d’esprit<br />
qui y règne pour souhaiter rester à leur poste.<br />
• Les parents se sentent « chez eux » dans l’établissement<br />
et participent volontiers à la vie quotidienne de l’école.<br />
• Ces nombreux contacts permettent aux enseignants d’avoir<br />
une bonne connaissance des conditions de vie des élèves.
• Mais pour que ce contact<br />
ne s’interrompe pas ensuite,<br />
une règle est établie : tous<br />
les parents sont invités à venir chercher<br />
les enfants dans les classes. C’est<br />
l’occasion pour eux<br />
de rencontrer l’enseignant, de nouer<br />
des relations avec d’autres parents,<br />
mais aussi de voir les réalisations<br />
de leur enfant, parfois de s’asseoir<br />
pour un jeu ou un dessin.<br />
• Autre règle instituée : quelques<br />
semaines après la rentrée,<br />
les enseignants reçoivent individuellement<br />
chaque parent pour un<br />
échange plus approfondi sur les<br />
enfants qu’ils vont suivre pendant<br />
l’année.<br />
• Le hall d’entrée de l’école est aménagé<br />
en bureau des ATSEM (agent<br />
territorial spécialisé des écoles<br />
maternelles) de façon à ce qu’il y ait<br />
toujours une présence pour renseigner<br />
ou diriger les parents.<br />
Ces derniers trouvent dans cet espace,<br />
en plus de l’affichage concernant<br />
l’école, toutes sortes d’informations<br />
sur le quartier,<br />
la ville, les associations susceptibles<br />
de leur être utiles (aide aux<br />
sans-papiers, femmes battues,<br />
enfants maltraités, planning familial,<br />
etc.).<br />
• A la rentrée 2002, une « papothèque<br />
du matin » est créée : de 8 h<br />
30 à 9 h, les parents sont invités à<br />
venir prendre le café<br />
avec un des enseignants présents<br />
à tour de rôle.<br />
• L’ouverture quotidienne<br />
de la « papothèque » étant lourde<br />
à assurer, un seul jour, le vendredi,<br />
est finalement conservé à la rentrée<br />
suivante.<br />
• Depuis janvier 2004, des réunions<br />
trimestrielles avec la psychologue<br />
scolaire sont instaurées. Au début,<br />
les parents, hostiles à cette idée,<br />
ne voulaient pas participer. Mais<br />
celle-ci est venue à la « papothèque »,<br />
a fait la connaissance des parents<br />
dont les réticences sont peu à peu<br />
tombées.<br />
• Les parents, grâce à l’habitude acquise de venir à l’école,<br />
n’ont plus peur d’assister aux réunions. Ils sont nombreux<br />
à y participer.<br />
• Les parents sont en confiance et les enfants le ressentent : désormais,<br />
les rentrées scolaires s’effectuent sans cris ni pleurs.<br />
• Peu d’absentéisme des élèves.<br />
• Des mères ont suivi une formation à la bibliothèque municipale<br />
pour gérer la BCD (Bibliothèque Centre<br />
de Documentation). D’une façon générale, elles sont plus disponibles<br />
qu’autrefois pour accompagner les sorties,<br />
préparer et participer aux fêtes.<br />
• Les enseignants af<strong>fiche</strong>nt un évident respect pour<br />
les parents, ce qui, en retour, facilite le respect des parents<br />
pour les enseignants.<br />
Points forts<br />
• Aujourd’hui, plus personne, à l’école Dieppe, ne doute<br />
que cette <strong>action</strong> soit indispensable à l’équilibre des enfants,<br />
voire à celui des familles concernées qui trouvent dans ce lieu<br />
une atmosphère harmonieuse, par ailleurs rare.<br />
Une interruption de la démarche menée depuis quatre ans<br />
serait très mal vécue et tous sont prêts à la défendre.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole Lefebvre<br />
(68)<br />
Acteur<br />
Ecole maternelle Lefebvre<br />
40 rue Lefèbvre<br />
68100 Mulhouse<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Catherine Pimmel,<br />
directrice de l’école<br />
Tél./fax. : 03 89 45 84 65<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Située au cœur d’une quartier sensible de Mulhouse,<br />
l’école maternelle Lefèbvre accueille des enfants de milieux défavorisés.<br />
La grande majorité d’entre eux (60 %) est issue<br />
de l’immigration africaine ou maghrébine et 20 % appartiennent<br />
au quart-monde français. Ils se répartissent dans deux classes<br />
de 26 petits/moyens et 28 moyens/grands. La directrice,<br />
une institutrice et une aide-éducatrice stagiaire les encadrent,<br />
ainsi qu’une psychologue scolaire, présente dans l’école<br />
une matinée par semaine.<br />
Objectifs<br />
• Sensibiliser les familles à la nécessité d’un parcours scolaire<br />
réussi en s’appuyant sur diverses <strong>action</strong>s. Certaines relevant<br />
directement d’une participation des parents à la vie de l’école,<br />
avec une série de mesures pour les associer le plus possible<br />
(accueil du matin, présence physique lors des jeux, réunions<br />
de parents, etc.). D’autres relevant d’une sensibilisation<br />
à la citoyenneté afin d’aider ces parents, souvent encore mal<br />
intégrés, à trouver leur place dans la vie de la cité mais aussi<br />
à mieux affronter les difficultés rencontrées dans l’éducation<br />
des enfants.<br />
• Le projet d’école repose sur une découverte approfondie<br />
de la Ville par les deux classes, de sa géographie, de son histoire,<br />
de ses transformations urbaines, de ses services municipaux<br />
(pompiers, police, etc.). Les enfants, à travers les compte rendus<br />
de ces visites destinés aux parents, permettent à ces derniers<br />
de mieux faire connaissance avec les rouages de Mulhouse.<br />
Ce qui doit contribuer à leur enracinement dans la ville.<br />
Bénéfices<br />
• Pas de barrière entre parents et enseignants ; la grille<br />
est ouverte et un climat de confiance règne.<br />
• L’école est devenue un lieu de respect mutuel parents / enseignants.<br />
• L’équipe stabilisée depuis septembre 2000, est animée<br />
de la même conviction et du même enthousiasme pour l’<strong>action</strong><br />
menée. Elle fait régner une ambiance chaleureuse, bénéfique<br />
à tous.
Actions<br />
• En 1997, le projet d’école est<br />
lancé : « Ma ville est fragile ».<br />
• En mai 1998, création de la<br />
Bibliothèque Centre Documentation.<br />
• En septembre 2001, l’équipe pédagogique,<br />
stabilisée après<br />
le départ d’une enseignante,<br />
se regroupe autour d’une idée forte :<br />
l’ouverture des portes de l’école aux<br />
parents et la nécessité de les associer<br />
très largement aux projets touchant<br />
à la vie scolaire.<br />
• Concrètement, cela se traduit par<br />
l’accueil des parents tous les matins,<br />
entre 8 h et 8 h 40 : ils sont invités<br />
à jouer dans la classe avec leur<br />
enfant puis avec les autres enfants.<br />
Ils y rencontrent d’autres parents,<br />
peuvent constater les progrès<br />
accomplis par leur enfant en termes<br />
de socialisation ou, plus tard,<br />
en termes scolaires. Les institutrices<br />
sont présentes et peuvent toujours<br />
expliquer l’utilité de tel ou tel jeu,<br />
l’intérêt de telle règle collective.<br />
• Une BCD mobile est mise en place<br />
et permet aux parents, pendant l’accueil<br />
du matin, de se familiariser<br />
avec les livres. Certains ouvrages sont<br />
même acquis à leur intention.<br />
• Décision est prise d’élargir<br />
le Conseil d’école, qui prévoit officiellement<br />
l’élection de 4 parents, 2<br />
titulaires et 2 suppléants ;<br />
la possibilité est donnée à d’autres<br />
parents représentant leur communauté<br />
ou leur « petit morceau » de<br />
quartier de se rajouter aux parents<br />
élus, afin que le conseil d’école soit<br />
davantage le reflet<br />
de l’ensemble des parents. Le conseil<br />
d’école ouvert a entraîné un certain<br />
engouement pour la vie quotidienne<br />
de l’école, si bien que le taux<br />
de participation aux élections<br />
de parents d’élèves est aujourd’hui<br />
l’un des meilleurs de Mulhouse<br />
(90%).<br />
• A l’initiative de l’équipe pédagogique<br />
mais sans sa présence, les<br />
parents peuvent venir une fois par<br />
mois débattre de tous les thèmes liés<br />
à l’éducation des enfants avec<br />
la psychologue scolaire.<br />
• En retour, les parents s’impliquent fortement dans la vie<br />
de l’école : un tiers d’entre eux, selon disponibilités, accompagne<br />
les enfants dans les classes chaque matin. Les mamans participent<br />
de multiples façons : fabrication de gâteaux,<br />
de costumes et de décors pour les fêtes, accompagnement lors<br />
des sorties, voire initiation à la danse. Un papy retraité fait<br />
des séances de lecture, etc.<br />
• La rentrée s’effectue pratiquement sans pleurs et les enfants,<br />
en confiance, sont même impatients d’aller à l’école.<br />
• Le taux d’absentéisme est très faible chez les petits et quasi<br />
nul chez les « grands ». Et, lorsque cela arrive, les parents ont<br />
pris l’habitude de téléphoner pour excuser l’absence de leur<br />
enfant et la justifier (ce qui, pour rappel, n’est pas obligatoire<br />
en maternelle).<br />
• Il n’y a pas, ou peu, d’écarts de langage.<br />
Points forts<br />
• L’équipe enseignante est motivée et convaincue du bien-fondé<br />
de la démarche entreprise.<br />
• L’école maternelle, en offrant un lieu de rencontre<br />
et d’intégration pour les familles, est aussi devenue une véritable<br />
école des parents.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
Alphonse Daudet<br />
Dammarie-lès-Lys<br />
(77)<br />
Acteur<br />
Ecole maternelle<br />
Alphonse Daudet<br />
77190 Dammarie-lès-Lys<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Nadine Lemonnier, directrice<br />
de l’école et coordinatrice ZEP<br />
Tél. : 01 64 41 61 26<br />
Fax : 01 64 39 58 81<br />
E-mail : haluska@infonie.fr<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
L’école maternelle Daudet, avec ses 4 classes, ses 5 enseignants<br />
et ses 100 élèves, se situe depuis 1981 en ZEP (zone<br />
d’éducation prioritaire). Dans cette ville de la grande banlieue<br />
parisienne (Seine-et-Marne), la population – le plus souvent<br />
issue de l’immigration où plus de 15 cultures se côtoient – est<br />
en proie à de graves problèmes économiques (chômage, etc.).<br />
La tension sociale y est très forte et, malgré une présence<br />
et un travail intensifs de la part de nombreuses associations,<br />
des événements dramatiques se succèdent. Certains ont marqué<br />
le quartier (morts de jeunes, affrontements avec la police)<br />
en 1991 et en 2002. En fait, dans ce climat détérioré, l’école<br />
maternelle Daudet, au sein du groupe scolaire (Macé/Blériot.<br />
Colette) tente de jouer son rôle de « lien social ».<br />
Objectifs<br />
• Favoriser les échanges entre l’école et la famille à travers<br />
des outils de communication (journal, témoignage, vidéo, site<br />
Internet).<br />
• Créer des liens entre les familles autour de rencontres,<br />
de soirées, de fêtes.<br />
• Ouvrir l’école sur le quartier en créant des ateliers pour<br />
les adultes, en accueillant des réunions d’associations ou<br />
des stages de formation pour les jeunes (ne pas perdre le lien<br />
avec les anciens élèves).<br />
• Faire de l’école un pôle culturel et un centre-ressource d’informations<br />
(accueil, écoute, conseils pour les familles).<br />
• Valoriser le quartier et rompre sa « ghettoïsation ».<br />
• Permettre aux parents de devenir des acteurs qui se sentent<br />
concernés par l’éducation de leurs enfants.<br />
Bénéfices<br />
• L’école maternelle Daudet occupe aujourd’hui une place centrale<br />
dans la vie du quartier : elle marque son identité.<br />
• Les <strong>action</strong>s engagées ont permis de nouer un dialogue riche<br />
et permanent avec les familles. L’école est le lieu où les mères<br />
viennent le plus naturellement lorsqu’elles ont besoin<br />
d’un conseil, d’une écoute. Les grandes sœurs osent s’y rendre<br />
seules. Les grands frères, même les plus violents, respectent<br />
les règles et les pères participent aux soirées.
Actions<br />
• L’école est engagée depuis 1973<br />
dans des <strong>action</strong>s innovantes destinées<br />
à favoriser le partenariat avec<br />
les familles. Celles-ci sont invitées à<br />
participer aux activités scolaires et<br />
événements festifs dont l’école<br />
prend l’initiative.<br />
• L’équipe pédagogique, en lien<br />
étroit avec les associations<br />
de quartier, est ainsi à l’origine<br />
de la fête du quartier, du carnaval,<br />
du festival de théâtre, des soirées<br />
contes (60% de fréquentation),<br />
de la fête du livre, de la réalisation<br />
de fresques, etc.<br />
• De nombreuses activités culturelles<br />
sont mises en place : expositions<br />
d’artistes, rencontres de danse, organisation<br />
de sorties au théâtre, au<br />
concert, au musée, etc.<br />
• Des opérations sont montées avec<br />
d’autres écoles de Seine-et-Marne<br />
autour de projets communs (<strong>action</strong><br />
de solidarité avec le Vietnam,<br />
notamment).<br />
• L’école a mis en place une commission<br />
maternelle, aujourd’hui ouverte<br />
à d’autres partenaires sociaux.<br />
• « Le café des parents » est créé<br />
au sein du groupe scolaire, avec<br />
la participation de la CAF<br />
(Caisse d’allocations familiales),<br />
de la fédération de parents d’élèves<br />
et de tous les parents. Chaque<br />
semaine, les familles peuvent venir<br />
partager un « petit déjeuner » pour<br />
rencontrer des professionnels (diététicienne,<br />
enseignants, agents de la<br />
CAF et associations locales) et soulever<br />
les problèmes du quotidien.<br />
Sujets abordés : alimentation<br />
et santé, conflits familles/école,<br />
entrée au collège, etc.<br />
• Accompagnement des familles<br />
avec visite des établissements scolaires<br />
pour une meilleure connaissances<br />
des lieux,<br />
des personnes et des fonctions.<br />
• L’école Daudet est un lieu de convivialité privilégié dans<br />
ce quartier sensible ; tous se connaissent et personne<br />
ne songerait à dégrader des locaux qui portent la mémoire<br />
des nombreux travaux réalisés collectivement par tous<br />
les enfants du quartier.<br />
• Elle joue un rôle de référence sociale : conseils pour<br />
des projets professionnels, aide à l’insertion des anciens élèves,<br />
etc.<br />
Points forts<br />
• Avant le départ à la retraite de l’équipe enseignante qui, pendant<br />
deux décennies, a porté nombre d’initiatives innovantes sur<br />
l’école Daudet, un projet ambitieux a été lancé :<br />
la réalisation d’un film documentaire, d’une exposition et<br />
d’un site sur l’histoire de l’école. Intitulé Mémoire d’école,<br />
ce travail a été repris par la nouvelle équipe et programmé<br />
sur deux années, 2003-2004 et 2004-2005. Il va permettre<br />
de faire le lien entre tout ce qui, au cours de ces années particulièrement<br />
riches, a distingué cet établissement et lui<br />
a donné cette place si spécifique au cœur du quartier.<br />
Des paroles d’enfants d’hier et d’aujourd’hui, des témoignages<br />
de parcours scolaires et professionnels permettant de mieux<br />
mesurer le temps et les choix de chacun avec le recul,<br />
des créations culturelles parents-professionnels pour faire<br />
revivre la mémoire collective à travers d’autres modes<br />
(peinture, cinéma, fresque, son) que la parole : c’est tout cela<br />
qui est à l’œuvre actuellement.<br />
Mai 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
Henri Wallon<br />
Dammarie-lès-Lys<br />
(77)<br />
Acteur<br />
Ecole Henri Wallon<br />
Rue René Cassin<br />
77100 Dammarie-lès-Lys<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Martine Gozard, directrice de l’école<br />
Tél. : 01 64 37 78 87<br />
L’école Henri Wallon accueille 293 enfants dans ses 16 classes<br />
dont 2 réservées aux enfants handicapés moteur. Par ailleurs,<br />
elle reçoit régulièrement des enfants du voyage. Cette double<br />
particularité fait qu’elle dispose d’un encadrement renforcé :<br />
en plus de la directrice, il y a 16 enseignants, un psychologue<br />
scolaire à temps partiel, 2 rééducateurs et une institutrice d’adaptation.<br />
L’équipe est stable (en moyenne dix ans d’ancienneté).<br />
A ces handicaps bien définis et pris en charge s’ajoutent les<br />
difficultés habituelles liées à la précarité. Car<br />
la plupart des enfants scolarisés à Henri Wallon viennent<br />
de la Plaine du Lys, une zone de logements sociaux où vivent<br />
des familles souvent issues de l’immigration, monoparentales<br />
et engluées dans des problèmes de chômage, de surendettement,<br />
voire d’exclusion. La vie quotidienne se passe souvent entre vols,<br />
incendies, dégradation des lieux publics. La misère y est à la fois<br />
matérielle et culturelle. Des conditions qui expliquent la difficulté<br />
des enseignants à motiver les élèves… et à rencontrer leurs<br />
parents, souvent totalement déconnectés de la scolarité<br />
de leurs enfants.<br />
Objectifs<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
• Remotiver les élèves et ouvrir l’école pour favoriser<br />
le contact avec les parents, pour leur faire partager la nécessité<br />
de participer à la progression de leurs enfants.<br />
• Valoriser le travail scolaire dans ses différentes composantes.<br />
• Encourager les parents à jouer pleinement leur rôle éducatif.<br />
• Offrir aux familles une ouverture vers la culture par leur participation<br />
à des sorties collectives en dehors du temps scolaire,<br />
ainsi que des initiatives menées au sein de l’école.<br />
Bénéfices<br />
• Au fil du temps, l’école s’est forgée la réputation d’être<br />
un établissement dynamique et ouvert. Grâce au bouche à oreille,<br />
le nombre de parents qui se rendent à l’école spontanément augmente<br />
d’année en année.<br />
• D’une façon générale, les enseignants constatent que<br />
le contact avec les parents est bien meilleur : le fait qu’ils soient<br />
régulièrement invités à l’école pour la présentation de projets<br />
ou pour des sorties collectives a permis d’établir avec eux<br />
des relations plus détendues et chaleureuses.
Actions<br />
• Un coin accueil pour les parents<br />
a été aménagé par les enfants de<br />
4 classes, avec l’aide d’une plasticienne<br />
(dans le cadre des ateliers de pratique<br />
artistique, ils ont réalisé des paravents<br />
et rénové une armoire). L’école<br />
a acheté du mobilier, a mis<br />
à disposition un présentoir avec<br />
des dépliants informatifs sur l’alimentation,<br />
la santé, le sommeil, etc. et<br />
s’est abonnée à un magazine familial.<br />
La salle a été inaugurée<br />
en grande pompe avec un concert<br />
donné par la chorale de l’école, suivi<br />
d’un buffet. Une centaine de parents<br />
étaient présents. Ce lieu est<br />
désormais le leur.<br />
• Les sorties pour les parents et<br />
les enfants ont démarré en 2000.<br />
Inscrites dans la durée, elles portent<br />
chaque année sur un thème différent<br />
(danse, théâtre, musée). Tous les frais<br />
sont pris en charge par l’école.<br />
En 2003, 60 % des familles ont répondu<br />
présentes pour la visite<br />
au musée d’Orsay ! Pour la plupart<br />
d’entre eux, c’était la première fois<br />
qu’ils se rendaient dans un musée.<br />
En 2004, une sortie cinéma (Les<br />
Choristes), a été organisée avec<br />
la chorale de l’école et, en fin d’année,<br />
à la Maison des arts et<br />
de la culture de Créteil, cette fois avec<br />
les familles des classes concernées<br />
par le projet danse.<br />
• Toujours dans l’idée de resserrer<br />
les liens entre les parents et l’école,<br />
la directrice a instauré l’habitude d’un<br />
contact téléphonique avec les familles.<br />
Dès qu’il y a un retard non justifié,<br />
une absence ou un comportement<br />
inhabituel, elle appelle les parents<br />
qui apprécient cette attention prêtée<br />
à leurs enfants.<br />
• A l’occasion du Printemps<br />
des poètes, des parents sont venus<br />
en classe pendant deux semaines pour<br />
lire des poèmes dans différentes langues<br />
: portugais, italien, anglais, etc.<br />
Les textes étaient choisis par<br />
les enseignants et les parents. Après<br />
lecture, les poèmes ont fait l’objet<br />
d’un travail d’approfondissement<br />
avec les enfants qui les ont ensuite<br />
recopiés dans les différentes langues<br />
et affichés dans plusieurs lieux<br />
de l’école.<br />
• Les effets sur le comportement des enfants en classe et sur<br />
la scolarité sont positifs.<br />
• Les <strong>action</strong>s impliquant les parents, les sorties tout particulièrement,<br />
permettent à ceux-ci de se rencontrer, d’échanger leurs<br />
expériences et leurs acquis.<br />
Points forts<br />
• La directrice, présente dans l’établissement depuis 7 ans,<br />
est très impliquée et a su mobiliser autour d’elle une petite poignée<br />
d’enseignants tout aussi motivés par cette démarche.<br />
De plus, étant déchargée à plein temps, elle bénéficie d’une certaine<br />
disponibilité qui lui permet de coordonner les différents<br />
projets.<br />
Mai 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
Petit Prince (78)<br />
Acteur<br />
Ecole maternelle Petit Prince<br />
1 rue de l’Egalité<br />
78114 Magny-les-Hameaux<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Marie-Pascale Milon, directrice<br />
Tél. : 01 30 47 15 09<br />
Fax : 01 30 52 43 23<br />
E-mail : marie.milon@wanadoo.fr<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Magny-les-Hameaux, 9000 habitants, se situe<br />
à mi-chemin du monde rural et du monde urbain : elle fait partie<br />
du Syndicat d’Agglomération de la ville nouvelle<br />
de Saint-Quentin-en-Yvelines, mais en est la commune<br />
la plus excentrée. L’école maternelle Petit Prince se situe<br />
à « La Croix aux Buis », un quartier surgi de terre au début<br />
des années 1990. Cela dit, il y règne une assez bonne mixité<br />
sociale grâce à un équilibre entre petits immeubles collectifs,<br />
maisons individuelles et maisons de ville. Les 74 enfants scolarisés<br />
dans les trois classes sont donc issus de milieux assez hétérogènes.<br />
Dans la plupart des familles, les deux parents travaillent<br />
et les enfants passent beaucoup de temps à l’école<br />
(les locaux sont ouverts de 7 h à 19 h). Depuis l’ouverture<br />
de l’école, en septembre 1991, une équipe stable et réputée<br />
pour son professionnalisme était en place. Elle a été entièrement<br />
renouvelée après le départ de l’ancienne directrice, en 2000.<br />
Les parents regrettant l’équipe précédente, leur adhésion n’était<br />
pas acquise. Une « froideur » qui a été un formidable déclencheur<br />
d’<strong>action</strong>…<br />
Objectifs<br />
• Dans un premier temps, il s’est agi de mettre en œuvre<br />
et de prolonger le projet d’école préparé par l’équipe « sortante »<br />
sur le thème de l’éducation à la citoyenneté.<br />
• Très vite la nécessité d’approfondir la communication s’est<br />
imposée. Une communication à tous les niveaux : entre enfants,<br />
entre enfants et enseignants, entre enseignants et parents, etc.<br />
• Assurer une bonne communication doit permettre d’avoir<br />
des échanges plus authentiques, d’instaurer un réel climat<br />
de confiance et de faire en sorte que les enfants s’épanouissent<br />
le mieux possible.<br />
• La finalité est de favoriser une cohérence éducative pour permettre<br />
un développement harmonieux de chaque enfant.<br />
Bénéfices<br />
• L’ambiance de l’école est plus détendue. Le dialogue entre l’équipe<br />
enseignante et les familles est franc et constructif,<br />
les rapports plus sains, où les non-dits et les jugements rapides<br />
se font plus rares.<br />
• Les activités avec les parents autour de l’école donnent<br />
du sens à la pédagogie, à la réussite des enfants.
Actions<br />
• Tout a commencé avec un projet<br />
spectaculaire avec un artiste-peintre<br />
handicapé : en réalisant avec lui, pendant<br />
toute une année, deux grandes<br />
fresques sur toile et<br />
un panneau tactile, les enfants,<br />
mais aussi leurs parents, ont appris<br />
à accepter, à respecter la différence.<br />
Un tiers des familles ont participé<br />
à l’aventure et toutes étaient là<br />
pour le vernissage.<br />
• Un livret d’accueil a été rédigé<br />
en partenariat entre les enseignantes,<br />
les parents volontaires et les enfants.<br />
Il est remis aux parents des nouveaux<br />
inscrits en témoignage de bienvenue.<br />
• De même, un livret de compétences<br />
a été imaginé pour suivre l’enfant<br />
tout au long de sa scolarité,<br />
en permettant aux parents d’avoir<br />
des repères et poser des bases<br />
de dialogue avec des références communes.<br />
Il est remis à chaque enfant.<br />
• Le Café-école a été mis en place<br />
en 2003, suite logique d’une autre<br />
opération, le classeur articles-débat.<br />
Ce dernier avait été conçu comme<br />
un outil de communication transversal<br />
et interactif : sur un thème donné,<br />
autour de la petite enfance,<br />
des articles étaient collectés, toutes<br />
les personnes concernées, enseignant<br />
ou parent, pouvant participer à son<br />
élaboration. Progressivement, devant<br />
l’intérêt pour cet outil de réflexion, l’idée<br />
est venue de le faire déboucher<br />
sur un vrai débat. C’est ainsi que<br />
le classeur « nutrition » a donné naissance<br />
au premier Café-école,<br />
où parents et enseignants ont pu<br />
échanger avec un médecin nutritionniste.<br />
• Les animations à la ludothèque<br />
ont commencé en 2001 : les familles<br />
sont conviées à se retrouver lors<br />
d’une soirée autour d’un « combat<br />
ludique », un jeu de société auquel<br />
les enfants sont déjà familiarisés.<br />
Le succès de cette initiative a donné<br />
naissance, en 2003, aux « animations<br />
du samedi » : les élèves invitent leurs<br />
parents dans les classes pour partager<br />
avec eux un moment leurs jeux<br />
de société.<br />
• Toutes ces <strong>action</strong>s sont devenues<br />
pérennes tandis que d’autres<br />
s’y ajoutent.<br />
• Les enseignants portent un regard plus large sur chaque<br />
enfant, sur une progression qui ne se mesure pas uniquement<br />
en termes d’enseignement scolaire.<br />
Points forts<br />
• La nouvelle équipe est très soudée et bien stabilisée, avec<br />
un esprit de dynamisme et de professionnalisme accru.<br />
• Les parents, pourtant tous occupés professionnellement,<br />
sont aujourd’hui très impliqués dans la vie de l’école<br />
(99 % présents lors des journées pédagogiques, 94 % pour<br />
le Carnaval, 50 % pour les soirées ludothèque). Ils n’hésitent<br />
pas à participer aux diverses activités, à lancer des idées.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
Camille Claudel<br />
(84)<br />
Acteur<br />
Ecole maternelle<br />
Camille Claudel<br />
Avenue Weinheim<br />
84300 Cavaillon<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Monique Aubert, directrice<br />
Tél. : 04 90 78 08 78<br />
Plus d’informations<br />
Installée dans un quartier périphérique de Cavaillon,<br />
« Camille Claudel », avec ses 150 enfants, 6 classes,<br />
6 enseignants, 6 ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles<br />
maternelles) et 2 aides éducateurs, est classée en zone d’éducation<br />
prioritaire (ZEP) depuis 1989. De fait, l’école<br />
reçoit une majorité d’enfants issus de l’immigration (surtout<br />
maghrébine), qui vivent dans des HLM et viennent le plus souvent<br />
de familles confrontées à de sérieuses difficultés économiques.<br />
Elle reçoit également quelques enfants d’autres communautés,<br />
notamment gitanes, mais aussi des enfants<br />
d’un quartier résidentiel de villas. C’est un avantage car<br />
les mamans, économiquement et culturellement favorisées, peuvent<br />
plus facilement s’investir dans des activités d’animation, de<br />
lecture, etc. Cela dit, lorsqu’elle est arrivée, en 1995,<br />
la nouvelle directrice a trouvé un établissement où les liens<br />
avec les parents étaient très réduits, limités à des questions matérielles.<br />
Pas d’implication dans les activités scolaires, pas<br />
de lieu de rencontre ou d’échange, pas d’activités culturelles<br />
ou sportives pour les enfants, un tissu associatif faible...<br />
D’où sa décision de lancer une démarche volontariste<br />
et d’ouvrir l’école aux familles.<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Objectifs<br />
• Favoriser la réussite scolaire de tous les enfants, faire en sorte<br />
que chacun d’eux, quelles que soient ses origines, se sente bien<br />
à l’école et puisse acquérir tous les apprentissages.<br />
• Ouvrir l’école aux familles, améliorer la communication<br />
entre elles et les enseignants.<br />
• Permettre aux parents de prendre connaissance de ce qui<br />
se fait à l’école, de comprendre le pourquoi des <strong>action</strong>s mises<br />
en place et de mesurer l’impact pour l’enfant dans sa scolarité.<br />
• Faire en sorte que les enseignants, eux aussi, grâce aux liens<br />
établis avec les familles, comprennent mieux l’enfant et ainsi<br />
puissent l’aider plus efficacement dans ses apprentissages.<br />
• Soutenir les parents dans le rôle qu’ils doivent tenir auprès<br />
de leur enfant afin de l’aider au mieux dans sa scolarité.
Actions<br />
• Ouverture d’un local pour<br />
les parents au sein même<br />
de l’établissement. Ouvert<br />
un après-midi par semaine,<br />
il s’est présenté au début comme<br />
un lieu de paroles et d’écoute<br />
sur toutes questions liées<br />
à l’enfance. Des intervenants extérieurs<br />
(psychologues, puéricultrices,<br />
etc.) y sont<br />
d’ailleurs conviés régulièrement.<br />
• Le succès du local ayant permis<br />
d’attirer de plus en plus de parents,<br />
ceux-ci ont été incités, au-delà<br />
de ces rencontres, à participer<br />
à des activités puis, peu à peu,<br />
à les prendre en charge.<br />
• Ainsi est né un « atelier livres »<br />
avec lecture de contes, mais aussi<br />
de création de documents, avec l’aide<br />
d’une plasticienne.<br />
• Une ludothèque a été mise<br />
en place, ouverte deux fois par<br />
semaine hors du temps scolaire.<br />
• Lancement d’un atelier « alphabétisation<br />
» animé bénévolement deux<br />
fois<br />
par semaine par une enseignante<br />
à la retraite.<br />
Bénéfices<br />
• En 6 ans, la participation des parents à la vie de l’école<br />
n’a cessé de croître, à l’image de leur taux de participation<br />
aux élections : 44 % en 1997, 72 % en 2002 !<br />
• Les absences sont de moins en moins nombreuses,<br />
et lorsqu’elles se produisent, elles sont de plus en plus souvent<br />
justifiées (par téléphone, courrier, en direct).<br />
• L’équipe enseignante, très impliquée dans la démarche<br />
et remarquablement stable, travaille dans un excellent climat.<br />
• Les parents immigrés, ravis de voir que l’on vient vers eux,<br />
qu’on leur fait confiance pour contribuer à la réussite scolaire<br />
de leurs enfants, s’impliquent vraiment.<br />
Point fort<br />
Ce qui aurait pu être un handicap majeur, en l’occurrence,<br />
la gestion d’un groupe d’enfants de niveaux culturels et<br />
de milieux sociaux très hétérogènes, l’équipe pédagogique<br />
de Camille Claudel a su s’en saisir pour en faire un atout.<br />
En s’appuyant sur les familles les plus favorisées pour agir<br />
auprès des familles qui l’étaient le moins, elle a réussi à créer<br />
une dynamique fructueuse entre les différents groupes (au total,<br />
une quarantaine de personnes se retrouve ainsi très impliquée).<br />
Il est vrai que la directrice bénéficie d’une journée de décharge<br />
pour assurer au mieux les liens avec les parents. Le résultat<br />
est si probant que « Camille Claudel » sert aujourd’hui<br />
de « modèle » dans la région.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole<br />
Léon Bourgeois B<br />
(92)<br />
Acteur<br />
Ecole élémentaire<br />
Léon Bourgeois B<br />
3, rue Léon Bourgeois<br />
92700 Colombes<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
Claudine Brard, directrice<br />
Tél. : 01 47 85 36 58<br />
Fax : 01 47 82 13 35<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Actions<br />
• Conseil d’enfants : sa tenue bimensuelle,<br />
hors du temps scolaire, permet<br />
de recenser tous<br />
les problèmes, de proposer<br />
des solutions et de les diffuser (lettres<br />
aux personnes concernées,<br />
demande d’aides financières, af<strong>fiche</strong>s<br />
pour rappeler les règles<br />
de vie dans l’école, etc.).<br />
10 à 15 parents d’élèves, en plus des<br />
2 délégués de chaque classe, aident<br />
les enfants dans toutes ces tâches.<br />
L’école élémentaire Léon Bourgeois, avec ses 306 élèves<br />
et ses 12 classes, ne figure pas parmi les plus problématiques<br />
de la région. Située dans un quartier pavillonnaire de Colombes,<br />
commune de la proche banlieue parisienne, elle accueille<br />
des groupes assez hétérogènes, provenant de familles de cadres<br />
mais aussi d’employés et d’ouvriers. Engagée depuis longtemps<br />
dans des <strong>action</strong>s conduites avec les enfants (conseils d’enfants,<br />
etc.), l’école n’avait pas de démarche spécifique d’ouverture<br />
vers les parents. C’est avec l’arrivée, en 1996, d’une nouvelle<br />
directrice, convaincue de l’efficacité d’« une autorité et d’une<br />
éducation partagées des parents et de l’école vis-à-vis<br />
des enfants » que celle-ci a commencé à se mettre en place.<br />
La stabilité de l’équipe enseignante – 14 personnes – a permis,<br />
ensuite, de pérenniser les <strong>action</strong>s et d’en lancer de nouvelles.<br />
Objectifs<br />
• Favoriser la concordance et la complémentarité<br />
enfants-adultes.<br />
• Associer les familles à la réalisation de projets, aussi bien<br />
au niveau des idées que de leur mise en oeuvre.<br />
• Multiplier les sorties culturelles en dehors du temps scolaire,<br />
quitte à ce qu’elles soient suggérées et encadrées par les parents<br />
eux-mêmes.<br />
• Ouvrir l’école non seulement aux familles des enfants scolarisés<br />
mais au quartier, par exemple aux personnes âgées.<br />
Bénéfices<br />
• Impliqués dans le conseil d’enfants et dans les différentes<br />
<strong>action</strong>s menées avec les adultes, les élèves acquièrent<br />
de la rigueur, de la logique et le sens des responsabilités.<br />
• Pour les parents, la notion de « leur » enfant disparaît<br />
un peu au profit de celle, plus généreuse et plus ouverte,<br />
de la communauté qui regroupe « tous » les enfants de l’école.<br />
• Les parents sont acteurs à part entière des <strong>action</strong>s qu’ils prennent<br />
en charge ou au sein des instances de décision.
• A la rentrée, chaque enseignant<br />
expose aux parents son projet d’ateliers<br />
pour l’année et sollicite leur<br />
aide. La préparation se déroule le<br />
soir ou le samedi afin<br />
de regrouper parents, enseignant<br />
et directrice. Les ateliers, eux, ont<br />
lieu pendant le temps scolaire.<br />
Ils peuvent varier d’une année<br />
à l’autre : ateliers de jardinage, d’informatique<br />
ou encore<br />
de recherche documentaire<br />
(à la bibliothèque centre de documention-BCD)<br />
sur un thème déterminé.<br />
• Enfants, parents, enseignants, personnel<br />
de service et services techniques<br />
de la ville se sont associés<br />
pour concevoir le réaménagement<br />
des murs de l’école et de la cour.<br />
Après un travail en classe sur<br />
l’étude des plans, des photos,<br />
de la recherche des transformations<br />
possibles, il a fallu faire les plans<br />
et les maquettes. Puis, passer<br />
à la réalisation des fresques et<br />
des plantations. Un projet qui<br />
a beaucoup mobilisé.<br />
• Des sorties hors temps scolaires<br />
sont organisées régulièrement.<br />
Le fonctionnement est toujours<br />
le même : un parent propose<br />
une idée, avec date, lieu, coût<br />
et nombre d’enfants possible.<br />
La directrice regroupe<br />
les propositions, les transmet<br />
aux parents. Ceux-ci inscrivent<br />
leur enfant. Au minimum, 2 parents<br />
encadrent les sorties. Sur une année,<br />
il y a en moyenne 20 sorties<br />
(40 parents impliqués, 120 enfants<br />
concernés).<br />
• Des formations sont proposées<br />
aux parents « actifs » et aux enseignants<br />
bénévoles (aux premiers<br />
secours, à la gestion de la BCD, etc.).<br />
• Des ateliers du soir se déroulent<br />
(entre 6 et 15 par an) pour préparer<br />
les fêtes qui rythment l’année scolaire<br />
: kermesse de rentrée, Noël, marché<br />
de Pâques, « grand pot »<br />
de fin d’année. Les fêtes de l’école<br />
sont ouvertes à tout le quartier.<br />
• Tous les adultes concernés par l’école coopèrent<br />
étroitement dans une atmosphère de réelle convivialité.<br />
Ces rencontres autour d’activités ludiques facilitent<br />
les discussions, les échanges entre parents et enseignants sur<br />
les comportements ou le travail scolaire des enfants.<br />
Le dialogue, devenu particulièrement fluide, évite<br />
la survenue des tensions ou, du moins, permet leur<br />
règlement rapidement.<br />
Point fort<br />
Le moteur des <strong>action</strong>s, dans cette école, c’est le plaisir, l’excitation<br />
de se lancer dans des projets, de s’ouvrir sur<br />
un nouveau travail, sur une idée neuve. Si bien que les adultes,<br />
qu’ils soient parents, enseignants ou personnel de service,<br />
y consacrent beaucoup de temps et d’énergie en dehors<br />
des heures scolaires. D’une façon générale, la directrice<br />
accorde une très grande attention à la communication<br />
en direction des parents, ce qui constitue pour elle le gage<br />
de la réussite des projets et de la mobilisation des familles.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole Pasteur<br />
(92)<br />
Acteur<br />
Ecole maternelle et école élémentaire<br />
Pasteur<br />
6 rue Fernand Buisson<br />
92110 Clichy<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contacts<br />
Yves Mouton, directeur<br />
de l’école maternelle<br />
Tél. : 01 47 31 93 84<br />
Fax : 01 47 37 03 46<br />
E-mail :<br />
mat.lPasteur.Clichy<br />
@ecoles92.ac-versailles.fr<br />
Marie-France Michel, directrice<br />
de l’école élémentaire<br />
Tél. : 01 47 31 71 70<br />
Fax : 01 47 39 25 12<br />
E-mail : ele.lPasteurB.Clichy<br />
@ecoles92.ac-versailles.fr<br />
Le Groupe scolaire Pasteur, à Clichy, est un poids lourd avec<br />
ses 11 classes de maternelle (295 élèves), ses 15 classes élémentaires<br />
(345 élèves), ses deux équipes pédagogiques bien structurées<br />
(12 enseignants et 2 aides éducateurs pour l’école maternelle,<br />
14 enseignants, 2 aides éducateurs, 1 enseignant CLIS (classe<br />
d’intégration scolaire), 1 enseignant d’adaptation<br />
et la présence d’un rééducateur du RASED (Réseau d’aide spécialisée<br />
aux enfants en difficulté). Dans cette ville de<br />
la banlieue nord de Paris qui compte plusieurs quartiers réputés<br />
« sensibles », « Pasteur » est inscrit en Réseau d’éducation prioritaire<br />
(REP). De fait, le groupe scolaire accueille des enfants<br />
issus pour l’essentiel de familles d’origine étrangère (70% de<br />
la population) en très grandes difficultés. Un grand nombre<br />
d’entre elles, mono-parentales, vit avec de très faibles revenus<br />
et un taux de chômage élevé, dans des logements trop petits<br />
ou insalubres, quand ils ne sont pas provisoires (hôtels, etc.).<br />
Car l’école accueille fréquemment des enfants de familles<br />
de réfugiés, prises en charge pour quelque temps par<br />
des associations. Cela explique que sur 300 inscriptions par an,<br />
l’école enregistre en moyenne 80 radiations en cours d’année...<br />
Face aux difficultés énormes auxquelles les parents sont<br />
confrontés quotidiennement, la plupart des enfants sont livrés<br />
à eux-mêmes. Ils se couchent très tard et ne connaissent guère<br />
de limites, sinon celles dictées par les lois de la rue. Ils ne savent<br />
pas ce qu’est le respect des autres (réflexions racistes, sexistes,<br />
etc.)…<br />
Objectifs<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
• Le projet d’école a été construit autour d’un axe majeur :<br />
recréer des repères sociaux éducatifs dans le cadre d’une coopération<br />
parents-enseignants.<br />
• Montrer aux familles étrangères récemment arrivées sur<br />
le sol français et n’ayant aucune idée de ce que peut être l’école<br />
comment se déroule la classe, ce qu’est le travail des enseignants<br />
et ce que les enfants apprennent.<br />
• Rendre l’institution scolaire plus accessible au regard<br />
des familles, créer une dynamique au sein de l’école pour<br />
les inciter à y être plus présentes et plus actives.<br />
• Leur permettre, par des <strong>action</strong>s collectives, de s’identifier,<br />
de se rencontrer pour s’intégrer dans le quartier.<br />
• Faire prendre conscience aux parents de l’importance<br />
de la lecture.
Actions<br />
• Au cours de l’année 2001-2002,<br />
deux films ont été réalisés pour présenter<br />
une journée de classe<br />
en petite et en moyenne sections.<br />
Dans un premier temps, ces films<br />
ont été projetés aux parents lors<br />
de la fête de fin d’année.<br />
• Depuis septembre 2002, l’école élémentaire<br />
édite cinq fois par an<br />
un petit journal qui est diffusé<br />
à tous les parents.<br />
• La bibliothèque a été ouverte<br />
aux enfants et à leurs parents.<br />
Depuis la rentrée 2003, des soirées<br />
« contes » y sont même organisées<br />
pour renforcer le mouvement.<br />
• En 2003, un grand forum sur<br />
la parentalité a été organisé<br />
en partenariat avec la ville de Clichy<br />
et divers partenaires locaux (organismes<br />
municipaux<br />
et associations). Une centaine<br />
de familles y a assisté.<br />
Bénéfices<br />
• Grâce aux petits films sur la vie à l’école maternelle,<br />
les familles étrangères fraîchement débarquées (des familles<br />
Sri-Lankaises, notamment) comprennent mieux<br />
le fonctionnement de l’école et la demande qui leur est faite<br />
de s’impliquer dans le suivi scolaire de leurs enfants.<br />
• L’accueil des parents à la bibliothèque leur permet de prendre<br />
conscience de l’importance du livre et de la lecture.<br />
• Le petit journal de l’école élémentaire n’a pas seulement<br />
pour effet de fédérer les élèves autour d’un projet mobilisateur ;<br />
il constitue aussi un lien avec les parents, les informe de ce qui<br />
se passe à l’école.<br />
• Les résultats sont lents mais déjà mesurables : aux élections,<br />
le taux de participation des parents a augmenté de 20 %.<br />
• L’équipe enseignante constate que des relations de confiance<br />
avec les familles s’instaurent. Cela rend leur mission auprès<br />
des enfants plus facile.<br />
Points forts<br />
• Dans ce groupe scolaire, les conditions de travail des équipes<br />
pédagogiques sont extrêmement difficiles mais les directeurs<br />
des écoles maternelle et élémentaire, très impliqués dans<br />
la démarche, œuvrent en étroite collaboration et se rencontrent<br />
régulièrement pour conjuguer leurs efforts.<br />
• Ils trouvent auprès des différents partenaires du quartier<br />
un soutien important.<br />
Juin 2004
<strong>fiche</strong>-<strong>action</strong><br />
Contexte<br />
La coopération parents-enseignants à l’école<br />
Ecole Victor Hugo-<br />
Les Bosquets<br />
de Montfermeil<br />
(93)<br />
Acteur<br />
Ecole maternelle<br />
Victor Hugo-Les Bosquets<br />
54 boulevard Bargue<br />
93370 Montfermeil<br />
Implication de la Fondation<br />
de France<br />
Programme Enfance,<br />
Prix Ecole 2002-2003<br />
Contact<br />
B. Mazzola, directrice<br />
Tél. : 01 45 09 28 40<br />
Plus d’informations<br />
Fondation de France<br />
Programme Enfance<br />
Elisabeth Wattel-Buclet<br />
Tél. : 01 44 21 31 34<br />
Fax : 01 44 21 31 54<br />
E-mail : rafia.sfaxi@fdf.org<br />
Site internet : www.fdf.org<br />
Le quartier des Bosquets, à Montfermeil, commune<br />
de la banlieue nord-est de Paris, figure en tête des quartiers sensibles<br />
de l’Hexagone. Il a même a été classé par le ministère de<br />
la Ville comme une priorité nationale au titre des grands projets<br />
urbains… De fait, l’habitat et l’environnement y sont<br />
très dégradés ; les familles sont souvent en grandes difficultés<br />
économiques. Le groupe scolaire des Bosquets est d’ailleurs classé<br />
en ZEP (zone d’éducation prioritaire) depuis 1982.<br />
L’école maternelle accueille pour sa part 8 classes et 189 élèves<br />
issus en majorité de l’immigration, qui sont littéralement<br />
« portés » par une équipe éducative ancienne et remarquablement<br />
stable, très structurée autour des <strong>action</strong>s engagées dans et<br />
par l’école pour lutter contre l’échec scolaire et autour de la<br />
prise<br />
en compte de la « formidable attente des familles ».<br />
Objectifs<br />
• L’école se doit d’accueillir les parents, non seulement pour faciliter<br />
les relations parents-enseignants et favoriser ainsi<br />
la scolarité de l’enfant mais aussi parce que, dans ce quartier<br />
défavorisé, elle est la seule structure accessible pour les enfants<br />
de 2 à 6 ans. Elle est aussi le lieu où les familles peuvent<br />
trouver des conseils, une écoute, des informations.<br />
• Faire de l’établissement « l’école de tous les possibles<br />
et du devenir », un lieu d’où l’on peut porter un regard positif<br />
sur l’avenir.<br />
• Ouvrir l’école pour permettre aux parents de voir ce qui<br />
se fait dans les classes, leur donner des repères afin<br />
qu’ils puissent saisir l’<strong>action</strong> pédagogique et comprendre<br />
les enjeux de l’école.<br />
• Participer au soutien et à la valorisation de la fonction parentale<br />
et prendre en compte le rôle joué par les parents<br />
dans les apprentissages scolaires.<br />
• Enrichir le vocabulaire et la syntaxe des enfants,<br />
les familiariser avec le français et plus généralement avec l’écrit.<br />
• Centrer la relation enfant-école-famille autour des rapports<br />
des enfants et des parents à la langue orale et écrite.
Actions<br />
• Dès le mois de juin, les parents d’enfants<br />
qui feront leur entrée en septembre<br />
sont reçus individuellement avec leur<br />
enfant par la directrice pour être informés<br />
du fonctionnement et<br />
des contenus de l’école. S’ils ne parlent<br />
pas le français, ils se font accompagner<br />
par une femme-relais de leur pays d’origine.<br />
Ils sont invités à visionner<br />
un film sur l’entrée en maternelle (ONI-<br />
SEP, diffusé dans leur langue),<br />
à visiter les locaux et à passer une matinée<br />
dans la classe de la maîtresse qui<br />
accueillera l’enfant. S’il y a<br />
des difficultés particulières, elles sont<br />
abordées dès ce moment-là.<br />
• Ce premier contact est relayé<br />
à la rentrée par un accueil des parents<br />
et des enfants, chaque matin, dans<br />
les classes de petite section. Les parents<br />
sont associés aux activités de la classe :<br />
l’occasion pour eux de découvrir cette<br />
dernière, de rencontrer la maîtresse, d’échanger<br />
et d’être ainsi valorisés<br />
dans leur rapport à l’écrit.<br />
• Dans toutes les classes de maternelle,<br />
les parents ont la possibilité d’assister<br />
au démarrage ou au déroulement<br />
de la classe.<br />
• Tout au long de l’année, des réunions<br />
de parents sont organisées avec<br />
les enseignantes en présence<br />
des femmes-relais.<br />
• Un prêt de livres et de livres-cassettes<br />
audio existe depuis plusieurs années :<br />
toutes les semaines, chaque enfant rentre<br />
à la maison avec un nouveau livre<br />
qu’il a choisi dans la bibliothèque de<br />
sa section, et en présence de ses parents.<br />
• Le cahier de correspondance écolefamilles<br />
est remis régulièrement aux<br />
parents.<br />
• Les recueils de comptines apprises<br />
en classe, accompagnés d’une cassette<br />
audio, sont remis aux parents et une fois<br />
par trimestre, des compteurs viennent<br />
à l’école pour des séances ouvertes aux<br />
enfants et à leurs parents.<br />
• Un « Salon des parents » est proposé<br />
depuis 2003 pour que parents, psychologue<br />
scolaire et directrice<br />
se rencontrent et débattent sur<br />
un thème choisi ensemble.<br />
• En 2004, une exposition sur le thème<br />
des différents modes de vie est organisée<br />
à partir de photos (réalisées par les<br />
familles, dans leur pays d’origine, grâce<br />
à des appareils financés par<br />
le « Prix Ecole ») et d’objets de la vie<br />
quotidienne.<br />
Bénéfices<br />
• Pour les parents, la possibilité de dialoguer avec<br />
les enseignantes et avec la directrice est permanente<br />
et très profitable : ils peuvent aborder toutes les questions,<br />
même celles qui ne concernent pas directement l’école.<br />
• Ils se sentent utiles et se sentent valorisés.<br />
• Grâce à ces relations de confiance, les parents ont pris conscience<br />
que l’école maternelle est un atout précieux pour l’avenir<br />
de leurs enfants, voire pour eux-mêmes.<br />
• L’école est devenue un point d’ancrage fort, un lieu que<br />
parents et enfants voient de façon positive.<br />
• Les enseignants peuvent mieux travailler avec des enfants<br />
qui semblent à l’aise et heureux d’être là.<br />
• L’école est un espace respecté dans un environnement<br />
dégradé.<br />
Points forts<br />
• Une classe pour les tout-petits (à partir de 2 ans)<br />
s’est ouverte sous la pression des parents et de l’équipe enseignante<br />
qui, ensemble, se sont fortement mobilisés pour<br />
leur offrir une chance supplémentaire en les scolarisant très tôt,<br />
et cela même lorsque les mères ne travaillent pas.<br />
Lorsqu’il s’est agi de déplacer l’école maternelle, la mobilisation<br />
a permis d’obtenir la réfection des locaux. Une réflexion commune<br />
sur les aménagements de la nouvelle école<br />
s’est alors engagée, très enrichissante pour tous et,<br />
de l’aveu même des enseignantes, très gratifiante pour elles<br />
et le travail accompli à l’école.<br />
Mai 2004
NOTES<br />
LA COOPÉRATION PARENTS-ENSEIGNANTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE
La Fondation de France<br />
Conçue pour encourager la générosité, pour<br />
conseiller ceux qui souhaitent en faire oeuvre et<br />
pour gérer avec rigueur, en toute transparence,<br />
les fonds qui lui sont confiés, la Fondation de<br />
France est privée et indépendante. Apolitique et<br />
non confessionnelle, elle agit au nom de l’intérêt<br />
général.<br />
Plate-forme d’échanges, d’expérimentation et<br />
d’information, la Fondation de France encourage<br />
les initiatives qui apportent des réponses<br />
nouvelles à des besoins peu ou mal pris en charge<br />
par la collectivité, dans les domaines des<br />
solidarités, de la santé, de la recherche médicale,<br />
de l’enfance, de l’environnement et de la culture.<br />
Elle est reconnue d’utilité publique.<br />
Janvier 2005<br />
ISBN 2-914404-16-6<br />
40, avenue Hoche - 75008 Paris<br />
Tél. : 01 44 21 31 00 - Fax : 01 44 24 31 01<br />
Pour en savoir plus : www.fdf.org