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DES SITES D’ACCUEIL DU PUBLIC
Sagne Redonde:
une tourbière à visiter
la loire source de loisirs
CREN Rhône-Alpes
La tourbière de Sagne Redonde
Les bords de Loire sont sans conteste
un atout pour une commune désireuse
de valoriser son patrimoine touristique.Cependant,
dès que l’on remonte
sur les hauts-plateaux d’Ardèche, il
devient difficile de mettre en avant le
lien avec le fleuve, d’autant plus quand
il s’agit d’une simple annexe : une sagne,
espace herbeux, détrempé, abondant à
cette altitude.
Ce bout de prairie qui aurait déjà
«englouti » du bétail n’est pourtant
pas dénué d’intérêt. À 1 200 m d’altitude,
sur la commune de Lanarce, Sagne
Redonde est l’une des plus remarquables
des 38 tourbières d’Ardèche.
Elle présente de multiples habitats tourbeux
d’intérêt communautaire ainsi que
4 espèces végétales rares et protégées :
la droséra à feuilles rondes, la laîche des
bourbiers, l’orpin velu et le rubanier
émergé. Concernant la faune, le site abrite
un papillon remarquable : l’azuré des
mouillères ainsi qu’une grande diversité
d’espèces de libellules.
Son origine géologique, liée à la présence
d’un cratère d’explosion (appelé
maar) explique sa forme ronde et son
emplacement au fond d’une cuvette !
Ce cratère de quelques centaines de mètres
de large est entouré d’un rempart
de débris volcaniques.Cette conformation
offre un point de vue exceptionnel
sur la tourbière depuis les bords de la
dépression.
Son histoire, ancrée dans le paysage, est
une opportunité pour parler de nature
sans pour autant dérouler un chapelet
de connaissances naturalistes, rarement
au goût des promeneurs. Et des visiteurs,
il y en a sur Lanarce, pays où la charcuterie
au goût de montagne renforce le
tourisme rural, plutôt familial, de passage
ou en courts séjours.
La construction du projet
À l’origine, la demande a été locale, certaines
personnes ayant saisi que la nature
pouvait être une ressource territoriale.Le
comité de pilotage, réuni autour
de Robert Philippot – alors maire de
Lanarce – et associant tous les usagers,
a incité le Conservatoire des espaces
naturels de Rhône-Alpes à proposer la
réalisation d’un sentier de promenade
nature. Pour celui-ci le projet devait
s’intégrer dans la gestion de la tourbière.Un
des objectifs du plan de gestion
portait sur cet aspect. Le premier argument
mis en avant a été le caractère dangereux
du site et l’intérêt d’une valorisation
en belvédère. Une parcelle,
propriété de la commune, a très vite été
identifiée en surplomb de la tourbière.
Ensuite, le projet semblait plus facilement
intéresser les acteurs locaux
s’il s’accompagnait d’une riche information,
lue les pieds au sec, sur un sentier
sécurisé. En matière de responsabilité
civile, il convenait de ne pas engager
de risques inutiles pour la commune.
Enfin, dans le cadre de Loire nature, la
construction du projet s’est faite en lien
étroit avec les usagers, au sein du comité
de pilotage, mais aussi par des
contacts directs avec certains d’entre
eux. Qui peut prétendre mieux connaître
le site que les anciens exploitants
agricoles ayant arpenté la tourbière
maintes fois au rythme du mouvement
régulier de leur faux ?
La table d’interprétation surplombant la tourbière
CREN Rhône-Alpes
D. Tarrier
Faire vivre le projet
L’objectif est de favoriser l’appropriation
du projet en confiant à des personnes
locales un rôle dans sa dynamique.
● La commune est propriétaire de la parcelle
; une convention l’associe au projet
notamment à l’entretien du sentier
et de ses abords.
● Une contractualisation instaure l’intervention
régulière d’un accompagnateur
nature pour faire découvrir la
tourbière, avec un cahier des charges
défini en commun.
● Un lien a été fait avec les acteurs du
tourisme de la région de Coucouron et
des environs ; une légère signalétique
routière a été installée pour indiquer
l’accès libre au belvédère.
Le dernier élément d’appropriation du
projet, et non des moindres, concerne
le sujet traité sur les panneaux d’information.
Le temps, inscrit dans le paysage,
c’est en premier lieu l’activité volcanique
identifiée par la présence d’un
«maar » ; il s’affiche alors en millénaires.
Ensuite, ce cratère a été le support de
création d’une tourbière, il y a quelques
Le point de vue de
Le temps, fil conducteur de la découverte de la tourbière
Robert Philippot
ex-maire de Lanarce
siècles. L’intégration de périodes plus
récentes apporte un lien indispensable
entre la « nature intouchable » et le vécu
des habitants des environs. Datée en
décennies, c’est donc l’activité agricole,
encore bien inscrite dans les mémoi-
En 1999, quand le CREN Rhône-Alpes a commencé
à s’intéresser à la tourbière de Sagne Redonde,
quelle était votre position ?
À la fin de l’activité d’extraction de tourbe, je souhaitais que
ce site conserve une certaine vie. Mais, en tant que responsable
communal à l’époque, je voulais que cela se fasse avec
les riverains et les locaux. Pour cela, l’expérience a été plutôt
concluante car les choses se sont construites dans la discussion,
avec des réunions et des échanges.
J’avais également le souhait qu’il y ait une information sur le
paysage et la tourbière et que le site reste ouvert au public
et à différents usages.
Pourquoi ce souhait de mise en valeur du paysage et
de la tourbière ?
Tout d’abord, le paysage depuis Beauregard, juste au-dessus
de la tourbière, est exceptionnel. Le regard embrasse toutes
les montagnes des sources de la Loire : les sucs. De plus, il est
important que le public, en vacances sur le plateau ou de
Un panneau explique les
opérations de gestion menées
sur la tourbière
res, qui est évoquée. Enfin, l’exploitation
de la tourbe par un industriel s’exprime
en années.
La nature révèle de multiples traces de
l’histoire humaine, encore faut-il mettre
en évidence ce lien. On peut alors imaginer
que la population se sente concernée
et tienne à cette réalisation, en
espérant que ce soit suffisant…
◗ Pascal Faverot,
chargé de communication,
Conservatoire Rhône-Alpes
des espaces naturels
passage, trouve sur le secteur des activités : balade, randonnée,
découverte du patrimoine local, et des raisons d’y rester
plus longtemps.
Lorsque le Syndicat mixte de la montagne ardéchoise a envisagé
de réviser son réseau de sentiers de randonnée, Cyrille
Belin, maire actuel de Lanarce, et moi-même avons souhaité
que le sentier belvédère de la tourbière de Sagne Redonde
y soit intégré. Ce nouveau réseau sera complètement en place
et balisé à partir de 2007.
Avez-vous eu récemment des échos du sentier
belvédère ?
Pour l’instant, je n’ai eu que peu d’échos. En tant que gérant
d’un hôtel, je suis parfois surpris par l’intérêt que portent les
visiteurs au patrimoine local, géologique par exemple. Le
sentier belvédère est un élément qui participe au tourisme
local aux côtés d’autres attractions et activités. Plus de recul
nous permettra d’évaluer l’intérêt du public pour cet aménagement.
CREN Rhône-Alpes
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