Carnet de lecteurs - L'esprit Livre

Portrait d’Aberto Manguel
Né en 1948 à Buenos Aires (Argentine), écrivain,
essayiste, traducteur, Alberto Manguel tombe
amoureux du Poitou-Charentes suite à l’invitation
d’une libraire de Poitiers et s’installe près de
Châtellerault, entouré de ses 30.000 livres. Il
rappelle ce vizir persan qui, au Xe siècle se déplaçait
avec ses 117 000 livres portés par 400 chameaux,
polyglotte, il les classe par langue et
avoue qu’à défaut de ne pas les avoir tous lus, il
les a tous ouverts…Il publie principalement chez
Actes Sud : Histoire de la lecture, Dictionnaire des
lieux imaginaires, Dans la forêt du miroir, le Livre
d’Images et Journal d’un lecteur. Il dirige la collection
Le Cabinet de lecture, toujours chez Actes
Sud. Ce poitevin d’adoption se dit « lecteur de
profession ». Fils d’un diplomate argentin, il parcourt
le monde dès sa plus jeune enfance. Il grandit
à Tel Aviv avec une nurse d’origine tchèque, vit
en Italie, en Angleterre, en Allemagne… Sa bibliothèque
personnelle devient son principale repère
et pays d’attache. En 1964, à l’âge de 16 ans il fait
la rencontre de Jorge Luis Borges. Il travaille à
l’époque dans une librairie anglo-Allemande de
Buenos Aires. Pendant près de trois ans, il
l’accompagne au cinéma (Borges est aveugle) et
lui fait la lecture de Kipling, Stevenson, Henry
James trois ou quatre fois par semaine avec le
privilège de recevoir les commentaires de son
pygmalion. La lecture, aventure initiatique par
excellence, lui procure un sentiment d’exister
intensément. Il déclare à ce sujet : « Je suis toujours
étonné par les gens qui ne lisent pas, je ne
sais pas comment il font pour nommer ce qu’ils
ressentent, pour comprendre ce monde complexe
et absurde, avec tout ce qui s’y passe : l’amour,
la mort, l’amitié… Le lecteur sait qu’il n’y a pas
de bonheur sans difficulté, que c’est dans le fait
de surmonter les obstacles que le bonheur peut
nous être donné. C’est très facile d’être stupide et
de se laisser porter par le courant sans savoir
nager et d’aller tout droit vers la destruction et
l’oubli !». Alberto Manguel a reçu le prix Médicis
pour son Histoire de la Lecture en 1998, le prix du
Livre en Poitou-Charentes en 2003 avec Chez
Borges et le prix Roger Caillois pour l’ensemble de
son oeuvre en 2004.
Jocelyne Barbas