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B. âgée de 16 ans, non mariée, victime de grossesse non désirée, est porteuse de fistule depuis 3<br />
mois, suite à un accouchement difficile avec manœuvre instrumentale (forceps) à l'hôpital de<br />
Sélibaby. Elle cumule les problèmes psychologiques et sociaux de la fistule et de l'opprobre de l'enfant<br />
né hors mariage, mais vit <strong>to</strong>ujours à la charge de sa famille.<br />
qui obère les chances d'une prise en charge rapide et efficace. A noter <strong>to</strong>utefois que 3 patientes citent déjà<br />
le jeune âge comme cause d'accouchement difficile.<br />
Leur source actuelle de revenu est constituée essentiellement par leur propre famille: 7 cas sur 10. Par<br />
contre, elles sont abandonnées par leur mari. En effet, seule une patiente sur dix est encore prise en charge<br />
par son mari.<br />
La durée du travail lors de l'accouchement responsable de la fistule a été en moyenne de 58 heures avec<br />
un maximum de 4 jours pour la doyenne du groupe. Il s'agit d'une patiente âgée actuellement de 37 ans,<br />
dont 27 passés en tant que fistuleuse. Mariée à 7 ans à la place de sa sœur décédée, elle accouche à 10 des<br />
mains d'un guérisseur. Depuis, sa vie est brisée, répudiée par son mari, elle s'égare dans les thérapeutiques<br />
traditionnelles. Une fois, elle tente un traitement chirurgical qui échoue à la première tentative et par<br />
manque de moyens ne recherche plus à se soigner.<br />
Le cas de cette patiente, dramatique et pathétique et où se mêlent pratiques sociales dangereuses, ignorance<br />
et pauvreté, résume à lui seul le cadre dans lequel naissent et évoluent les fistules obstétricales en<br />
Mauritanie. Cadre qui menace <strong>to</strong>ute une vie : enfance, adolescence et âge adulte.<br />
La durée du travail a été prolongée par les transferts vers des centres médicaux d'un niveau supérieur,<br />
transfert qui s'est fait dans des conditions presque <strong>to</strong>ujours aléa<strong>to</strong>ires: 1 fois seulement, il s'est effectué en<br />
ambulance. Les autres fois, la famille a transporté la parturiente dans les véhicules de transport en commun,<br />
en charrette et à dos de chameau. Ces trajets cahoteux pris par des patientes dys<strong>to</strong>ciques non sondées<br />
augmentent grandement le risque de fistule vésico-vaginale et même rec<strong>to</strong>-vaginale.<br />
La distance moyenne de ce transfert a été de 150 km avec un maximum à 680 km (de Kiffa à<br />
Nouakchott, car la seule gynécologue en poste était en congé). Sur <strong>to</strong>ut le long de ce trajet, il existe 15<br />
structures de santé (9 postes de santé, 2 centres de santé A, 3 centres de santé B, et 1 hôpital régional),<br />
mais aucune n'est en mesure de prendre en charge les urgences obstétricales.<br />
Au bout de ce travail si long, l'issue est presque <strong>to</strong>ujours la naissance d'un mort-né (8 cas sur 10). Sur<br />
les deux enfants nés vivants l'un est décédé à 24h et l'autre est actuellement âgé de 8 ans.<br />
Les patientes sont en général proches d'un centre de santé (distance moyenne de 10 km), mais qui ne<br />
peut pas prendre en charge les soins obstétricaux essentiels. En effet, hormis une patiente qui a accouché<br />
à domicile, les autres ont <strong>to</strong>utes été transférées dans des structures de santé. Toutefois, ces transferts sont<br />
intervenus après une longue période d'attente à domicile avec une assistance d'un personnel non qualifié<br />
(accoucheuse traditionnelle, matrone, membre de la famille).<br />
La tentative de traitement a été entreprise par presque <strong>to</strong>utes les fistuleuses interviewées. Ce traitement<br />
a été soit médical non opéra<strong>to</strong>ire (6 cas), soit chirurgical (3 cas), soit traditionnel (2 cas). Dans certains<br />
cas, il y a eu combinaison du traitement médical et traditionnel. Une seule patiente dit n'avoir tenté jusque<br />
là aucun traitement.<br />
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