Carrière de St-Triphon (Ollon, VD) - admin.ch

Géotope suisse n°225 (VD)
Carrière de St-Triphon (Ollon, VD)
Commune / lieu-dit: Ollon / Carrière des Andonces
Carte nationale:
1284 Monthey
(coords.: 564'239 / 126'336)
Description résumée du site
La carrière de St-Triphon a été exploitée pour son "marbre noir". Elle montre des sédiments carbonatés littoraux,
péri-littoraux et lagunaires, ainsi que des paléokarsts.
Intérêts scientifiques principaux
structural
sédimentologique
autre
Intérêts scientifiques secondaires
pétrographique
historique
géoculturel
N'appartient à aucun inventaire existant
Valeur globale
importance nationale
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n°225 (VD)
Illustrations
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n°225 (VD)
Descriptions détaillées
Description générale
La carrière de St-Triphon montre des exemples géologiques bien visibles de tectonique et de sédimentologie.
Cependant, son remblayage pourrait détruire ces affleurements. La carrière, facilement accessible, a également été
utilisée pour des spectacles.
Le géotope est composé de trois sites: les carrières d?Andonces, de Charpigny et de Lessus.
Description scientifique
La klippe tectonique de St-Triphon forme une portion retournée des Préalpes Médianes Rigides. Sa position actuelle
dans la vallée du Rhône, séparée du reste des Préalpes, n'est pas encore clairement expliquée. La localité de
St-Triphon est également bien connue pour ses paléokarsts et ses formes paléotectoniques (Baud & Masson 1975):
on peut y voir plusieurs cavités karstiques remplies avec entre autres des clastes et des dépôts montrant des figures
sédimentaires inversées de strates granoclassées (graded bedding). Un ensemble de failles conjuguées et de
stylolithes confirment une extension au Lias supérieur-Dogger dans ce domaine de sédimentation briançonnais.
C'est un site de référence stratigraphique défini et décrit in Baud (1987).
D'un point de vue sédimentologique, les séries carbonatées de St-Triphon du Trias moyen sont formées de 600 à
700 mètres de sédiments littoraux, péri-littoraux et lagunaires, montrant souvent de nombreuses bioturbations et
quelques bivalves. Ces séries comprennent deux formations: la Formation de Saint-Triphon d'âge anisien (250 m) et
la Formation de Champcella d'âge ladinien formé de bandes sombres de calcaires et de dolomites. C'est la partie
supérieure de la Formation de St-Triphon qui est exposée dans la carrière des Andonces. Des calcirudites,
calcarénites et calcilutites visibles ont été déposées dans des environnements de barrières et péri-littoraux. Des
strates granoclassées, laminations obliques et stratifications entrecroisées indiquent la présence de rides de vagues,
de barres sableuses, de dunes, etc.
La carrière a permis l'exploitation du « marbre noir de St-Triphon ».
Autres caractéristiques
Il s'agit d'un site patrimonial comprenant plusieurs géotopes: un grand site archéologique, plusieurs sites historiques
et un grand biotope (flore).
Importance pour l?histoire et la didactique des Sciences : Les marbres sont mentionnés en 1716 par le savant
zurichois J. J. Scheuchzer. Dans ses voyages dans les Alpes, H.B. de Saussure décrit en 1779 les collines de
Saint-Triphon formées de couches horizontales de marbre d?un pied d?épaisseur. Puis en 1784 le comte G. de
Razoumowski donne une description détaillée de la région dans son « Voyage minéralogique au Gouvernement
d?Aigle » et signale le premier des fossiles à Saint-Triphon. Déjà il émet l?hypothèse de la continuation des couches
de Saint-Triphon dans les collines de Plantour sur le versant droit de la Vallée du Rhône. Selon les idées de
l?époque, leur séparation serait due au déluge!
En 1822, le professeur zurichois A. Mousson s?exclame en examinant sa récolte de pétrifications des calcaires de la
colline du Lessus « das ist aber Muschelkalk !». C?est ce que confirmera 17 ans plus tard le grand paléontologue
Quenstedt, sur la base des fossiles découvert par Mousson, dans ses « Correspondenz aus Tübingen ». C?est ainsi
que Saint-Triphon devient le premier endroit dans les Alpes où les couches du Trias (début de l?ère secondaire) sont
reconnues par la méthode paléontologique alors à ses débuts. La controverse fait alors rage car beaucoup de
savants de l?époque veulent attribuer un âge jurassique aux calcaires de la région.
Ce sont les déterminations de F. Jaccard en 1908 qui apportent la preuve définitive de l?âge triasique puis les
travaux détaillés de A. Jeannet qui en 1912 établissent non seulement l?âge précis des couches de Saint-Triphon
mais également leur position renversée. Nouvelle controverse, les savants lausannois M. Lugeon et E. Gagnebin
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n?admettent pas cette position des couches: elles doivent être à l?endroit. Il faudra attendre 1950 pour que F.
Ellenberger, professeur à la Sorbonne, confirme la position à l?envers des couches de Saint-Triphon et montre leur
analogie avec les couches qu?il a décrites en Vanoise et dans le Briançonnais. Le professeur H. Badoux, qui
succède à E. Gagnebin, entreprend une cartographie géologique détaillée sur la feuille topographique de Monthey Il
publie en 1962 un petit article consacré à la tectonique des couches de Saint-Triphon et à l?explication de leur
position actuelle singulière « la tête en bas ».
A partir d?études entreprises avec le professeur H. Masson, la description de phénomènes géologiques d?une
ampleur insoupçonnée telle la surrection kilométrique des couches marines au cours de la période jurassique et de
leur karstification a été publiée en 1975. Elle s?inscrit comme une illustration de la tectonique des plaques. Les
témoins de ces phénomènes sont admirablement préservés sur la falaise sud de la carrière des Andonces et sont
devenu un lieu d?enseignement en plein air visité chaque année par de nombreux étudiants en sciences de la terre
de Lausanne mais également de toutes les universités suisses. Des marques glaciaires spectaculaires telles des
stries et lunules dues aux frottements de blocs transportés par le glacier du Rhône ont été répertoriées sur les
surfaces planes du sommet de la colline du Lessus et servent de support à l?enseignement des phénomènes
glaciaires.
En paléobiologie et paléoécologie, les couches de Saint-Triphon illustrent également un autre phénomène, celui de
la reconquête des fonds marins par des organismes évolués au début de l?ère secondaire. Cette reconquête fait
suite à la grande extinction de la fin de l?ère primaire qui a vu la disparition de plus de 90% des espèces vivantes et
la colonisation de la mer par les algues et bactéries.(In: Pradervand & Baud, 2007)
Références
- Feuille Monthey nº37 de l?Atlas Géologique de la Suisse au 1:25'000, publié sous la direction du Professeur Héli
BADOUX par la Commission géologique Suisse à Bâle en 1960. C?est le Professeur Badoux qui a effectué les
relevés stratigraphiques des couches du Trias de Saint-Triphon illustrés.
- Aymon BAUD, thèse de 203 pages, publiée à l?Université de Lausanne et intitulée: « Histoire naturelle des
calcaires de Saint-Triphon (Anisien, Préalpes et Alpes occidentales) »
et publiée en 1987 sous « Stratigraphie et sédimentologie des calcaires de Saint-Triphon (Trias, Préalpes, Suisse et
France) ». Mémoires de Géol., Lausanne, Volume 1: Lausanne. Suisse, 322 pages.
- Aymon BAUD et Henri MASSON, 1975 : Preuves d'une tectonique de distension dans le domaine briançonnais:
failles conjugées et paléokarst à Saint-Triphon (Préalpes médianes, Suisse) in Eclogae geologicae Helvetiae, volume
68, p. 131-145.
- Henri MASSON et Aymon BAUD, 1974: Stries et lunulles glaciaires à Saint-Triphon (vallée du Rhône) in Bulletin de
la Société Vaudoise des Sciences Naturelles, volume 72, p. 141-153.
- Aymon BAUD, Sylvain RICHOZ et Jean MARCOUX, 2005: Calcimicrobial cap rocks from the basal Triassic units:
western Taurus occurrences (SW Turkey) in Comptes Rendus Palevol, volume 4.
- Johann Jakob SCHEUCHZER, 1716, Helvetia historia naturalis: Zürich, Edition Bodmer.
- Horace Bénédicte de SAUSSURE, 1779, 1796 : Voyages dans les Alpes, précédés d'un essai sur l'histoire
naturelle des environs de Genève. Neuchâtel, Edition Fauche.
- Grégoire de RAZOUMOWSKY, 1784, Voyages minéralogiques dans le gouvernement d'Aigle et une partie du
Vallais: Lausanne, Edition Mourer.
- F. JACCARD, 1908: Brachiopodes des calcaires de Saint-Triphon in Bulletin de la Société vaudoise des Sciences
naturelles, volume 43, p. 162-164
- Alphonse JEANNET, 1912-1913: Monographie géologique des Tours d'Aï. 1. Stratigraphie de la nappe rhétique, du
Trias et du Lias des Préalpes médianes et de la zone interne in Matériaux pour la Carte Géologique de la Suisse
nouvelle série, volume. 32, p. 1-466.
- Maurice LUGEON et Elie GAGNEBIN, 1941: Observations et vues nouvelles sur la géologie des Préalpes
romandes in Bulletin du Laboratoire de Géologie de l'Université de Lausanne, volume 72, p. 1-90.
- François ELLENBERGER, 1950: Horizons paléontologiques du Trias à faciès radical des Préalpes médianes
vaudoises (coupes de la Grande Eau et de Saint-Triphon) in Comptes Rendus des Séances de l'Académie des
Sciences de Paris, série D, volume 231, p. 1326-1328.
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- François ELLENBERGER, 1952: Sur l'extension des faciès briançonnais en Suisse, dans les Préalpes médianes et
les Pennides in Eclogae geologicae Helvetiae, volume 45, p. 285-286.
- Héli BADOUX, 1962, La géologie des collines de Saint-Triphon in Bulletin de la Société vaudoise des Sciences
naturelles, volume 68, p. 35-48.
- B. PRADERVAND & A. BAUD, 2007. Les collines de Saint-Triphon, un géotope unique. Tiré de Guignard, H.L. et
Pradervand, B., éditeurs: Ollon Villars. Association de l?Académie du Chablais, 98-107.
Feuille Monthey n°37 de l?Atlas Geologique de la Suisse (1:25?000) (1960)
www.dse.vd.ch/forets/dossier/nature/pdf/LaNaturedemain_geotopes.pdf -
www.unil.ch/webdav/site/igp/shared/stampfli_research/field_trips/field_trip6.pdf -
Adresse de contact
Baud Aymon
Parc de la Rouvraie 28
1018 Lausanne
021 647 89 73 / fax: 021 647 89 73
aymon.baud@unil.ch
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