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Terrassements routiers

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ISSN 0458-5860 '<br />

BULLETIN DE LIAISON DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES<br />

V: .<br />

TERRASSErTIEflTS ROUTIERS<br />

MINISTÈRE DE L'URBANISME ET DU LOGEMENT - MINISTÈRE DES TRANSPORTS<br />

Laboratoire central des Ponts et Chaussées<br />

58, boulevard Lefebvre - 75732 PARIS CEDEX 15- Tél. (1) 532.31.79 - Télex LCPARI 200361 F<br />

Bulletin de liaison des LPC (extraits)<br />

1983


Ce dossier regroupe la série d'articles publiés dans cinq numéros du Bulletin de liaison<br />

des Laboratoires des Ponts et Chaussées, du n° 120 (juillet-août 1982) au n° 124<br />

(mars-avril 1982), sur le thème « <strong>Terrassements</strong> <strong>routiers</strong> », un article du n° 111 sur l'essai<br />

au bleu de méthylène, ainsi qu'un article du Numéro Spécial « Matériels de travaux<br />

publics ».<br />

Chaque article a conservé la pagination<br />

d'origine.<br />

Bull. n° 120<br />

ju il. -août<br />

1982<br />

Présentation : E. Leflaive<br />

Chaîne mécanisée d'identification rapide des sols<br />

M. Kergoet<br />

La double sonde gamma et le dispositif de forage associé<br />

J.-C. Valeux<br />

Essai granulaire rapide pour sols peu argileux et granulats<br />

Tran Ngoc Lan, R. Barbaras<br />

Pages<br />

25<br />

27<br />

33<br />

40<br />

Bull. n° 121<br />

sept.-oct.<br />

1982<br />

• Application de la Recommandation pour les terrassements <strong>routiers</strong> sur des<br />

chantiers de faible importance. Constatations.<br />

J.Puig.G. Véron 61<br />

Contrôle de l'exécution des remblais et des couches de forme.<br />

Présentation du quatrième fascicule de la Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong><br />

M. Schaeffner 77<br />

Synthèse d'une enquête sur les contrôlographes<br />

J.-P. Berthier 88<br />

Bull. n° 122 • La dynaplaque<br />

nov.-déc. J. Benoist, M. Schaeffner 61<br />

1982 • Bilan du contrôle en continu (Q/S-e) des terrassements <strong>routiers</strong> en Normandie<br />

A. Fèvre, J.-J. Corbin, G. Vigéa 73<br />

• Imperméabilisation des plates-formes de terrassement<br />

D. Puiatti, A.Quibel 82<br />

Bull.n° 123<br />

janv.-févr.<br />

1983<br />

• Classification des craies et conditions de réutilisation en remblai<br />

M. Rat, M. Schaeffner<br />

• Validité de la prévision météorologique pour la conduite de chantier<br />

A. Quibel<br />

• Choix des sources de renseignements météorologiques. Bilan hydrique.<br />

Arrêts de chantier<br />

M. Segouin<br />

65<br />

75<br />

78<br />

Bull. n° 124 • Comportement des sols supports de chaussées à l'appareil triaxial à chargements<br />

mars-avril répétés<br />

1983 J.-L. Paute 101<br />

• Dimensionnement des couches de forme non traitées<br />

R. Bickard, R. Zwingelstein 115<br />

• Traitement des sols à la chaux aérienne et aux ciments. Méthodologie des études<br />

de laboratoire<br />

D. Puiatti, J. Puig, M. Schaeffner 123<br />

Bull. n° 111<br />

janv.-févr.<br />

1981<br />

Utilisation de l'essai au bleu de méthylène en terrassement routier<br />

Tran Ngoc Lan<br />

N° Spécial XII • L'épandeur à pulvérulent à doseur pondéral. Une nouvelle possibilité<br />

juin 1982 de développement de la stabilisation en place<br />

J.-C. Médinger, M. Schaeffner 87<br />

Abstracts<br />

en fin de volume


ERRA TU M — Ce feuillet, rectifié, est à substituer<br />

aux pages 119 - 120 de la partie : Bull. n° 124.<br />

— que pour obtenir une plate-forme à 50 MPa, avec<br />

une couche de forme de 0,60 m d'épaisseur, il faut au<br />

départ un support ayant déjà près de 30 MPa pour la<br />

couche de forme n° 2, alors qu'un support de 10 MPa<br />

suffit pour la couche de forme en grave du Rhin.<br />

3.2. Couche de forme en roche calcaire<br />

Les résultats concernent deux épaisseurs : 0,40 et<br />

0,60 m d'une couche de forme en roche calcaire, de<br />

classe géotechnique D 4, avec :<br />

— dimension des plus gros éléments: 400mm,<br />

— 90 % d'éléments > 100 mm.<br />

Pour chacune de ces deux- épaisseurs de couche de<br />

forme, on a mesuré à six emplacements le module Ev2<br />

du support de la couche de forme, puis le module Ei?2<br />

sur la couche de forme. Les couples de valeurs « Ev2<br />

sur support-Et;2 sur couche de forme » sont<br />

représentés sur la figure 8.<br />

A titre comparatif, figurent également deux courbes<br />

relatives à des couches de forme en grave du Rhin de<br />

0,40 et 0,60 m d'épaisseur; ces deux courbes ont été<br />

établies de la même façon que la courbe de la figure 7.<br />

On note la faible augmentation de module produite<br />

par ces matériaux par rapport à l'effet de la grave du<br />

Rhin, et la dispersion des résultats dans le cas de la<br />

couche de forme de 0,40 m.<br />

4. VARIATION DU COEFFICIENT<br />

DE RESTITUTION DYNAPLAQUE<br />

EN FONCTION DE L'ÉPAISSEUR<br />

DE COUCHE DE FORME EN GRAVE<br />

ALLUVIONNAIRE DU RHIN CLASSE D,<br />

La figure 9 donne les valeurs du coefficient de<br />

restitution dynaplaque mesurées sur différentes<br />

épaisseurs d'une couche de forme en grave du Rhin<br />

(épaisseurs variant de 0 à 1,50 m). Le sol support est<br />

un limon de classe A2h dont le coefficient de<br />

restitution est < 20 %. Le matériau de la couche de<br />

forme est la même grave du Rhin que celle dont les<br />

caractéristiques ont été indiquées plus haut.<br />

Le graphique de la figure 9 montre que le coefficient<br />

de restitution atteint un seuil de l'ordre de 60 % pour<br />

une épaisseur de grave de l'ordre de 1,20 m.<br />

5. RELATION «MODULE-ÉPAISSEUR<br />

DE COUCHE DE FORME ».<br />

COMPARAISON DE RÉSULTATS<br />

EXPÉRIMENTAUX ET THÉORIQUES<br />

La courbe n 1 de la figure 10 est la courbe<br />

expérimentale « Et;2-épaisseur de couche de forme »<br />

en grave du Rhin, décrite plus haut.<br />

Les courbes « os 2, 3 et 4 sont des courbes théoriques<br />

déterminées de la façon suivante :<br />

— domaine de pression 0 à 200 kPa,<br />

— plaque de 0,60 m de diamètre.<br />

Les courbes n os 2 et 3 sont calculées à partir de<br />

l'abaque d'Odemark * avec les hypothèses suivantes :<br />

• module du support de la couche de forme : 3 MPa,<br />

• module de la grave du Rhin :<br />

— 150 MPa dans le cas de la courbe n° 2,<br />

— 300 MPa dans le cas de la courbe n° 3.<br />

La courbe n° 4 est calculée par le programme Alizé 3<br />

avec les hypothèses suivantes :<br />

— module du support de la couche de forme : 3 MPa,<br />

— module de la grave du Rhin : 300 MPa,<br />

— coefficient de Poisson de la grave du Rhin : 0,25.<br />

* Abaque reproduit dans le Bull, liaison Labo. <strong>routiers</strong> P.<br />

et Ch. Spécial B, 1965, p. 16.<br />

1,50<br />

p i l l i l i I I<br />

Epaisseur de la couche de forme (m)<br />

V<br />

k • +<br />

+ *<br />

1,00<br />

*<br />

* *<br />

+<br />

t<br />

•<br />

Fig. 9.<br />

Courbe « coefficient<br />

de restitution-épaisseur ».<br />

+<br />

+<br />

+<br />

+<br />

+<br />

. + + •<br />

+<br />

0,50<br />

i<br />

+ +<br />

+ + ' X t t<br />

20 30 40 50 60 70<br />

Coefficient de restitution (%)<br />

119


Epaisseur de la couche de forme (m)<br />

1,50<br />

0,60<br />

/ /'<br />

' A<br />

//<br />

il<br />

1/<br />

In'i<br />

F iJ<br />

11<br />

1I<br />

i<br />

7<br />

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1/<br />

i h<br />

7<br />

• i /<br />

i l l<br />

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/ J 7<br />

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i t<br />

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> Mo( iule<br />

-<br />

-<br />

-<br />

•<br />

l 1<br />

15<br />

Fig. 11.<br />

150<br />

EVÎ sur couche de forme (MPa)<br />

Fig. 10.<br />

Courbes expérimentales<br />

« E^-épaisseur de couche de forme»<br />

en "grave du Rhin.<br />

Bien que les abscisses des points des courbes n os 2, 3<br />

et 4 correspondent à des modules « élastiques », elles<br />

ont été positionnées sur le même axe que celui des<br />

modules de déformation Ev2 de la courbe n" 1.<br />

L'expérience montre que le sol support dont<br />

Et>2 = 3 MPa n'a plus d'influence sur la déformabilité<br />

d'une couche de forme en grave du Rhin, lorsque<br />

l'épaisseur de cette couche dépasse 1,60 m (voir<br />

paragraphe 2.1.).<br />

Les courbes théoriques ne traduisent pas cette<br />

constatation expérimentale.<br />

6. ÉVALUATION DE LA PORTANCE<br />

DU SOL SUPPORT<br />

En Alsace, les couches de forme sont le plus souvent<br />

réalisées avec la grave du Rhin. A l'aide de la courbe<br />

de la figure 1, il est possible de dimensionner la<br />

couche de forme au stade de l'étude géotechnique si<br />

on connaît le module Ei; 2 du sol support.<br />

La courbe de tassement enregistrée dans ce<br />

chargement sert à calculer un module de déformation<br />

en faisant le rapport de la pression à la variation<br />

relative de hauteur de l'éprouvette de sol. Ce module<br />

est minoré de 50 % pour tenir compte de l'effet de<br />

paroi *, puis multiplié par un coefficient compris entre<br />

1,5 et 2, ce qui est la fourchette courante des valeurs<br />

Et;<br />

du rapport I = —-— sur des sols cohérents, bien<br />

compactés.<br />

Les points du graphique de la figure 11 résultent<br />

d'essais sur des sols A 2 et A 3.<br />

Chaque point correspond à une teneur en eau pour<br />

laquelle il a été fait un essai CBR et un essai de<br />

chargement décrit ci-dessus. Le coefficient multiplicateur<br />

a été pris égal à 1,7.<br />

Sur le même graphique figure la courbe d'équation<br />

E = 65 CBR citée par Jeuffroy [1] : la similitude<br />

0 6 5<br />

de cette courbe avec le nuage de points incite à utiliser<br />

la relation citée par Jeuffroy pour évaluer le module<br />

Ev2 lorsque le CBR est significatif.<br />

Or, la portance d'un sol n'est facilement appréciée, au<br />

stade de l'étude, que par l'essai CBR (lequel est par<br />

ailleurs inadapté pour les sols grenus).<br />

Pour essayer d'apprécier le module de déformation<br />

Ev2, il a été procédé sur le sol compacté à l'énergie<br />

Proctor normal à un chargement sur toute la surface<br />

du moule CBR, à la pression du premier cycle de<br />

chargement de l'essai de plaque.<br />

* Ce pourcentage ressort d'essais effectués sur des<br />

épaisseurs variables de matériaux dans le moule CBR.<br />

[1] Jeuffroy G., Conception et construction des chaussées,<br />

1967, t. 1, p. 180.<br />

120


TERRASSEfïlEfïïS<br />

ROUTIERS<br />

Présentation<br />

Etienne LEFLAIVE<br />

Chargé d'affaires *<br />

Direction des Programmes et Applications<br />

Laboratoire central des Ponts et Chaussées<br />

La construction des grands ouvrages <strong>routiers</strong> des vingt dernières années, au premier<br />

rang desquels figurent bien sûr les autoroutes, a posé en termes nouveaux le problème des<br />

terrassements <strong>routiers</strong>.<br />

Avant cette période, les tracés neufs étaient peu nombreux et les mouvements de terre<br />

correspondants étaient faibles. Quelle que soit leur influence sur la qualité des ouvrages, les<br />

terrassements intervenaient peu dans le montant des marchés et dans le délai d'exécution. Il<br />

n'en a évidemment plus été de même lorsqu'on a commencé à construire des grandes<br />

déviations et un réseau autoroutier où les terrassements représentaient un tiers des dépenses<br />

et plus de la moitié du temps de réalisation.<br />

Il fallait donc s'organiser pour que cette part du projet et des travaux soit à la hauteur<br />

des autres parties de l'ouvrage du point de vue de l'optimisation technico-économique, de la<br />

maîtrise des coûts et des délais et de la garantie de qualité. Les premiers travaux <strong>routiers</strong><br />

comportant des terrasse.nents importants avaient en effet parfois montré des faiblesses de<br />

l'un ou de l'autre de ces points de vue : retards, dépassements de crédits, mauvais comportement<br />

des ouvrages, etc.<br />

Sur le plan technique, la réalisation d'autres types d'ouvrages; les barrages en terre<br />

notamment, avaient déjà apporté à ce moment-là une expérience et des règles de construction<br />

applicables aux remblais <strong>routiers</strong>. Divers éléments devaient cependant être pris en<br />

compte pour interpréter, adapter et compléter ces bases, parmi lesquels, d'une part, le<br />

caractère linéaire et superficiel des tracés <strong>routiers</strong>, qui implique de s'adapter sur un projet<br />

donné à une assez grande diversité de matériaux, d'autre part l'évolution au cours de la<br />

période en cause des matériels de compactage, avec notamment le développement des<br />

rouleaux vibrants et, plus généralement, l'extension de la gamme des matériels disponibles.<br />

Les Laboratoires des Ponts et Chaussées ont apporté sous diverses formes leur<br />

contribution à l'effort de maîtrise de la partie terrassement des projets et des chantiers : ils<br />

l'ont fait au stade des projets par leurs interventions dans les reconnaissances et les études,<br />

au stade des spécifications et du contrôle par l'élaboration avec le SETRA de la recommandation<br />

pour les terrassements <strong>routiers</strong>, et au stade de la recherche, en particulier sur le<br />

compactage, le traitement en place, les géotextiles, les terrassements rocheux, les moyens<br />

d'essai, la gélivité des sols, le rôle de la météorologie, la mise en végétation des talus, etc.<br />

Un autre aspect a été de préciser la notion de couche de forme, pour assurer une bonne<br />

liaison entre la partie terrassement et la partie chaussée, aussi bien au niveau de la conception<br />

et du dimensionnement qu'au stade de l'exécution.<br />

* Précédemment chargé de mission au département de géotechnique du LCPC.


Cet apport, joint à ceux des autres parties prenantes aux projets et aux travaux, a<br />

conduit à des terrassements <strong>routiers</strong> moins aléatoires et de meilleure qualité, sans conduire<br />

pour autant à une escalade des coûts. Divers éléments de cet apport ont d'ailleurs été mis à<br />

profit en France par d'autres maîtres d'ouvrages et ont fait école à l'étranger où leur mise en<br />

application se développe.<br />

A la suite de cette action et au cours des dernières années, on a suivi et développé<br />

l'application des méthodes qui venaient d'être adoptées, pendant que certaines recherches se<br />

poursuivaient.<br />

Un certain nombre de résultats ainsi acquis vont être présentés dans les numéros 120<br />

à 124 du Bulletin de liaison, dans le cadre d'une série thématique consacrée aux terrassements<br />

<strong>routiers</strong>. Ces articles constituent une réflexion sur le travail des années antérieures<br />

dans ce domaine et un prolongement de ce travail sur certains aspects techniques.<br />

La première série d'articles, dans le présent numéro, intéresse plus particulièrement<br />

les laboratoires puisqu'elle porte sur les moyens d'essai ; la deuxième aura trait à l'application<br />

de la recommandation pour les terrassements <strong>routiers</strong> ; la troisième série sera consacrée<br />

aux questions de plate-forme ; la quatrième traitera de la mise en œuvre et de la météorologie<br />

; la cinquième, enfin, aura pour objet les sols, traités ou non traités, en tant que support<br />

de chaussée.<br />

L'essentiel de ces articles est issu des exposés préparés pour les journées d'information<br />

inter-laboratoires sur les terrassements, qui se sont déroulées à Toulouse en mars 1981.


TERRRSSEtTlÊnTS<br />

ROUTIERS<br />

Chaîne mécanisée<br />

d'identification rapide des sols<br />

Michel KERGOET<br />

Ingénieur<br />

Laboratoire régional de l'Est parisien (Melun)<br />

RÉSUMÉ<br />

L'identification des sols de terrassement est<br />

actuellement souvent trop longue pour permettre<br />

d'agir avec toute l'efficacité voulue lors<br />

des contrôles de chantier.<br />

L'article décrit une méthode et un matériel<br />

d'identification rapide des sols mis au point par<br />

le Laboratoire régional de l'Est parisien (Melun).<br />

Les expérimentations ont mis en évidence la<br />

bonne correspondance avec les essais effectués<br />

suivant les méthodes opératoires classiques.<br />

La méthode proposée est donc fiableet permet<br />

d'identifier un sol de terrassement à partir des<br />

critères granulométriques et des résultats de<br />

l'essai au bleu de méthylène dans un délai<br />

inférieur à deux heures, ce qui répond au souci<br />

d'efficacité souhaité.<br />

MOTS CLÉS : 42 - Sol • Essai - Chantier -<br />

Terrassement - Équipement - Méthode d'essai -<br />

Rapide - Mécanisation - Mesure - Granulométrie<br />

(granularité) - Teneur • Argile/essai au bleu de<br />

méthylène.<br />

Le contrôle des chantiers de terrassement implique souvent que<br />

le délai de réponse des essais d'identification des sols soit assez<br />

court. Cela est d'autant plus vrai que les cadences de mises en<br />

œuvre sont élevées, que les sols sont hétérogènes et que l'identification<br />

se fait à l'avancement.<br />

Dans le cas du contrôle en continu (méthode Q/S) proposée<br />

par la Recommandation pour les terrassements <strong>routiers</strong><br />

(RTR), les éléments d'identification à connaître sont le diamètre<br />

maximal D, le refus à 2 mm, le passant à 80 microns et<br />

l'indice de plasticité ou l'équivalent de sable.<br />

Les méthodes traditionnelles de mesure de ces paramètres conduisent<br />

alors souvent à des délais excessifs, surtout compte<br />

tenu du temps de préparation des matériaux.<br />

L'introduction de l'essai au bleu de méthylène [1, 2], en substitution<br />

des essais de limites d'Atterberg et d'équivalent de sable,<br />

apporte une simplification déjà importante : l'essai est en effet<br />

simple et rapide et permet de définir une échelle unique<br />

d'« argilosité » des matériaux.<br />

27<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. -120 - juillet-août 1982 - Réf. 2644


Fig. 1. — L'appareil.<br />

Dans cette optique, la classification RTR d'un sol ne<br />

nécessitera plus que la connaissance de la valeur de bleu<br />

et de la granulometrie, ce qui peut être obtenu dans un<br />

délai très court pour certains types de matériaux (sables<br />

ou graves peu pollués par exemple D,, D 2, certains Bi,<br />

ou B3).<br />

La majorité des matériaux de terrassement est cependant<br />

constituée de sols hétérogènes, chargés de fines plus ou<br />

moins argileuses, pour lesquels le délai de réponse des<br />

essais est très fortement influencé par le temps de préparation<br />

des échantillons.<br />

Dans ces conditions, il devenait impératif de concevoir<br />

une chaîne mécanisée d'identification des sols permettant<br />

de réduire au maximum le délai d'obtention des<br />

résultats. Cette étude a été menée au Laboratoire régional<br />

de l'Est parisien (Melun) et a abouti à la réalisation<br />

d'un prototype et d'une méthode opératoire.<br />

CONCEPTION, REALISATION, METHODE<br />

OPERATOIRE<br />

Principe<br />

i L'idée de base consiste à associer dans une même préparation<br />

les essais de granulometrie et de bleu de méthylène<br />

et à réaliser les essais sur le bain de sol obtenu (les délais<br />

de réponse des essais classiques sont en effet souvent<br />

allongés par la nécessité de travailler sur une pâte).<br />

Pour réaliser cette mise en suspension dans un temps<br />

assez court, il est nécessaire de recourir à une agitation<br />

mécanique permettant un lavage efficace des particules<br />

sableuses ou graveleuses et des cailloux et une bonne dispersion<br />

des éléments fins.<br />

Différentes conceptions d'appareillage pouvaient être<br />

envisagées. L'idée finalement retenue a été celle d'adapter<br />

certains organes essentiels d'une machine à laver le<br />

linge en conservant son principe de lavage (mise en accélération<br />

de l'eau dans l'espace annulaire entre le tambour<br />

et la cuve avec création de turbulences par les<br />

alvéoles du tambour ; temporisation entre chaque cycle<br />

de rotation permettant de rompre la monotonie des contacts<br />

et frottements entre éléments et facilitant ainsi un<br />

« débourbage »* complémentaire à chaque nouveau<br />

cycle). Cette solution a également été guidée par le souci<br />

de réduire le coût et la difficulté de réalisation de l'appareil<br />

en utilisant des éléments disponibles sur le marché et<br />

de grande diffusion.<br />

Prototype réalisé - Description<br />

L'appareil (fig. 1) se compose de deux ensembles principaux<br />

montés sur un bâti en cornières métalliques.<br />

Le premier ensemble a une fonction de débourbeur. Il<br />

est constitué d'un tambour de machine à laver et d'une<br />

cuve en inox. On associe à cet ensemble le moteur et les<br />

organes d'entraînement ainsi que divers accessoires<br />

(commande électrique, jets de lavage, compteur d'eau,<br />

goulotte de chargement, etc.) L'ensemble a été conçu<br />

de façon à permettre un montage et un démontage<br />

rapides du tambour et un nettoyage facile après essai.<br />

Les pièces pouvant subir une usure sont facilement<br />

interchangeables et disponibles dans le commerce à faible<br />

coût (tambour, systèmes d'entraînement et étanchéité).<br />

Le deuxième ensemble a une fonction de réception et<br />

de traitement du bain de sol obtenu. Il est constitué<br />

essentiellement :<br />

— d'une goulotte et d'un bac de réception,<br />

— de tamis (2 et 20 mm),<br />

— d'un agitateur manuel et d'un système « brisevagues<br />

» pour la mesure rapide de la teneur en fines.<br />

Méthode opératoire<br />

Les phases essentielles sont les suivantes :<br />

Echantillons soumis aux essais<br />

D s'agira généralement de sols graveleux de classe B4,<br />

B5, B6, ou de mélanges de sols fins et de cailloux de<br />

classes C,, C 2 ou C 3, pour lesquels l'utilisation de cet<br />

* Action consistant à déliter les argiles contenues dans le<br />

matériau et à les mettre en suspension dans l'eau.<br />

28


À<br />

T<br />

appareillage est plus particulièrement intéressante. On<br />

prélèvera une masse humide de 10 à 12 kg de matériau<br />

dont on éliminera manuellement les plus gros éléments<br />

(supérieurs à 100mm par exemple) ; une partie représentative<br />

servira à la détermination de la teneur en eau.<br />

Cette mesure sera faite de préférence au moyen d'un<br />

four à micro-ondes de façon à réduire le délai de<br />

réponse de l'essai.<br />

Préparation de l'échantillon et essais<br />

Après chargement du sol dans l'appareil (fig. 2) et remplissage<br />

partiel de la cuve avec environ 12 litres d'eau<br />

(chaude de préférence), l'ensemble est mis en rotation<br />

pendant 20 min effectives.<br />

Fig. 4. — Rinçage sur la goulotte.<br />

Fig. 5.<br />

Rinçage de la cuve.<br />

Fig. 2. — Chargement du matériau.<br />

Dans la plupart des cas, le matériau est alors correctement<br />

débourbé et peut être déversé au moyen d'une<br />

goulotte et tamisé sans difficulté sur deux grilles de 20<br />

et 2 mm (fig. 3 à 6).<br />

Sur le bain de sol récupéré dans le bac (fraction<br />

< 2 mm) est alors effectuée la détermination du passant


TT<br />

Fig. 7.<br />

Agitation du bain.<br />

Fig. 10. — Agitation avec le bêcher à la main<br />

pour prélèvement liquide.<br />

Fig. 11.<br />

Essai au bleu<br />

sur le prélèvement<br />

liquide.<br />

Fig. 8. — Mise en place d'un système « brise-vagues » destiné<br />

à parfaire la lecture du densimètre.<br />

à 80 microns par méthode densimétrique et la mesure<br />

de la valeur de bleu sur un prélèvement liquide (fig. 7<br />

à 11).<br />

RESULTATS, VALIDITE DE LA METHODE<br />

Les résultats des essais réalisés avec la chaîne d'identification<br />

rapide des sols, ont été comparés à ceux issus des<br />

méthodes de préparation et de mesure classiques.<br />

Fig. 9. — Détermination du passant à 80 /ira par lecture sur<br />

le densimètre 30 à 35 secondes après agitation.<br />

Analyse granulométrique<br />

Les écarts observés sont faibles ; les teneurs en fines<br />

diffèrent en effet au maximum de 5 à 6 points en valeur<br />

absolue, cela pour des sols très chargés en fines et dont<br />

le mortier pouvait être très plastique. Ces résultats sont<br />

satisfaisants, si l'on considère :<br />

— que la dispersion due au quartage des matériaux est<br />

du même ordre que l'écart maximal observé ;<br />

— que la précision de la mesure est suffisante pour<br />

l'exploitation qui en est faite en terrassements.<br />

30


Lavage traditionnel.<br />

Fig. 12. — Argile à meulière.<br />

Lavage machine.<br />

L'efficacité du lavage est illustrée par des vues rapprochées<br />

d'éléments de meulière après essai (fig. 12).<br />

Il faut cependant noter que la méthode ne peut s'appliquer<br />

aux matériaux issus de roches très tendres pour<br />

lesquelles le mode de préparation peut conduire à une<br />

évolution granulométrique importante.<br />

Mesure rapide de la teneur en fines<br />

Après délitage dans le tambour de l'appareil, le sol est<br />

facilement tamisé à 2 mm. Le bain de sol récupéré<br />

représente alors un volume d'environ 30 litres, dont le<br />

tamisage à 80 microns nécessiterait une manutention<br />

complémentaire relativement longue que l'on peut éviter<br />

en déterminant la teneur en fines par lecture au densimètre,<br />

directement dans le bac de réception. On<br />

obtient en effet une quasi-identité entre la mesure de la<br />

teneur en fines par tamisage et la mesure au densimètre,<br />

si l'on observe des conditions opératoires précises<br />

(agitation, délai de lecture, etc.). La corrélation obtenue<br />

sur une quinzaine de sols de teneur en fines comprise<br />

entre 10 et 50 % est excellente (fig. 13).<br />

(%)<br />

50<br />

40<br />

20<br />

o<br />

lu bain de s<br />

déterminé<br />

aditionnel c<br />

;ant 80 jum<br />

tamisage tri<br />

Pass<br />

par<br />

- 1<br />

«<br />

y m<br />

Y<br />

= 1,027 x --0,05<br />

Ce<br />

>ef. de corre ïlation<br />

R = 0,9S 6<br />

Mesure de la valeur de bleu du sol<br />

La mesure de la valeur de bleu s'effectue sur prélèvement<br />

liquide (fig. 10 et 11).<br />

Reproductibilité de la mesure<br />

Afin de s'assurer de la reproductibilité de la méthode,<br />

pour chaque essai trois mesures de valeur de bleu ont<br />

été faites sur trois prélèvements liquides successifs du<br />

bain de sol. Les valeurs de bleu obtenues (sur le passant<br />

à 2 mm) diffèrent au plus de 4 % par rapport à leur<br />

moyenne. Ces écarts, sont tout à fait acceptables<br />

puisqu'ils sont inférieurs à la précision relative annoncée<br />

dans le projet de mode opératoire de l'essai au bleu.<br />

Comparaison de la valeur de bleu sur prélèvement<br />

liquide à la valeur de bleu de référence (mode opératoire)<br />

0 10 20 30 40 (%)<br />

Passant 80 jum déterminé par lecture<br />

du densimètre à 35 secondes<br />

Fig. 13.<br />

La valeur de bleu moyenne obtenue sur prélèvement<br />

liquide (et ramenée au sol total O/D) a été comparée<br />

pour une dizaine de sols à la valeur théorique de référence<br />

obtenue en appliquant le mode opératoire classique<br />

au bain de sol, c'est-à-dire après décantation,<br />

siphonnage, séchage partiel (état pâteux), malaxage,<br />

quartage pour prise d'essai).<br />

L'exploitation de ces résultats montre une excellente<br />

corrélation linéaire entre ces deux modes de détermination<br />

de la valeur de bleu (fig. 14). Compte tenu de la<br />

précision de l'essai au bleu lui-même, les résultats<br />

n'apparaissent pas significativement différents.<br />

CONCLUSIONS<br />

L'objectif fixé de mettre au point une méthode et un<br />

matériel d'identification rapide des sols de terrassement<br />

est à notre avis atteint avec l'appareillage et le processus<br />

opératoire succinctement décrits dans cet article.<br />

31


1,5<br />

1 »-<br />

r de bleu sur<br />

ment liquide<br />

Valeui<br />

prélève<br />

Fig. 14.<br />

• /<br />

En effet :<br />

— La méthode proposée permet d'identifier un sol de<br />

terrassement dans un délai total estimé de 1 h 30 à<br />

2 heures au maximum, ce qui répond au souci d'efficacité<br />

des contrôles en continu (e, Q/S).<br />

— Le matériel apparaît bien adapté à ses diverses fonctions<br />

; il est de conception simple et robuste et d'un<br />

prix de revient acceptable (= 10 à 15 kF, valeur 1981).<br />

Sa réalisation et sa diffusion seront assurées par le Centre<br />

d'études et de construction de prototypes (CECP)<br />

d'Angers.<br />

y» • Y = 0,96 x H<br />

r" 0,03<br />

Coef. de corr élation<br />

R = 0,9<<br />

• /<br />

><br />

0 0,5 1 1,5<br />

Valeur de bleu sur décantation<br />

et préparation classique<br />

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

[1] L'essai au bleu de méthylène, Avant-projet de mode<br />

opératoire, oct. 1979, Dépt. de géotech., LCPC.<br />

[2] Utilisation de l'essai au bleu de méthylène en terrassement<br />

routier, Bull, liaison Labo. P. et C, 111,<br />

janv.-févr. 1981, p. 5-16.<br />

32


TERRASSEfflEnTS<br />

ROUTIERS<br />

La double sonde gamma<br />

et le dispositif de forage associé<br />

Jean-Claude VALEUX<br />

Assistant<br />

Centre d'expérimentations routières de Rouen<br />

RÉSUMÉ<br />

La double sonde gamma est un appareil permettant<br />

de mesurer par transmission gamma la<br />

densité à différentes profondeurs dans la<br />

plupart des matériaux mis en œuvre en génie<br />

civil.<br />

La mesure est peu destructive et précise ; elle<br />

est réalisée automatiquement par pas de 2,5 ou<br />

10 cm et enregistrée sur imprimante ou minicassette<br />

avec «identification des profils de<br />

mesure.<br />

La profondeur d'action de la double sonde est<br />

théoriquement illimitée et l'on peut connaître<br />

la distribution des densités humides d'une ou de<br />

plusieurs couches de matériaux suivant un<br />

axe vertical.<br />

Particulièrement intéressant pour apprécier<br />

ou tester l'efficacité des procédés de mise en<br />

œuvre et des engins de compactage, cet appareil<br />

de mesure permet également de détecter la<br />

présence de vides ou de ségrégation dans les<br />

matériaux, de contrôler a posteriori l'épaisseur<br />

des différentes couches mises en œuvre, de<br />

suivre dans le temps l'évolution des densités<br />

d'un remblai, de suivre les mouvements d'eau<br />

dans les sols.<br />

L'article rappelle le principe de fonctionnement<br />

de la double sonde et donne la description du<br />

matériel et de son dispositif de forage associé.<br />

Le bilan des différentes interventions réalisées<br />

sur chantier par l'équipe spécialisée du Centre<br />

d'expérimentations routières de Rouen permet<br />

de donner des exemples concrets d'utilisation<br />

de l'appareil.<br />

MOTS CLÉS : 30 - Densité - Appareil de mesure<br />

à radioélément - Rayon gamma - Matériau -<br />

Contrôle - Chantier - Compactage - Remblai -<br />

Épaisseur - Couche - Forage (processus) -<br />

Équipement.<br />

L'utilisation, en France, des doubles sondes gamma dans le<br />

génie civil date de 1966. Mais c'est surtout à partir des années<br />

70 [1] que ce matériel a subi un développement important,<br />

dans le cadre de la recherche conduite dans le domaine du<br />

compactage. On peut d'ailleurs affirmer que c'est grâce à cet<br />

appareil que les progrès les plus significatifs ont pu être accomplis<br />

en ce domaine [3].<br />

Le perfectionnement et l'essor de l'appareillage « double<br />

sonde » résultent d'un travail d'équipe entrepris sous la conduite<br />

du LCPC et associant les sections des radioisotopes de<br />

Rouen et d'Angers, le Centre d'expérimentations routières<br />

(CER) et le Centre d'études et de construction de prototypes<br />

(CECP) de Rouen.<br />

Les applications de ce matériel sont multiples ; on peut citer<br />

notamment :<br />

— la recherche des mouvements d'eau dans les sols (profil<br />

hydrique à y = Cte,<br />

— l'étude de l'évolution dans le temps d'un remblai<br />

d'ouvrage,<br />

— les planches d'essai de compactage sur chantier,<br />

— le contrôle du compactage a posteriori,<br />

— la détermination de l'influence du mode d'extraction sur la<br />

qualité du compactage,<br />

— la détermination de l'influence de l'épaisseur mise en<br />

œuvre,<br />

— l'étude de la compatibilité de matériaux non classés dans la<br />

recommandation pour les terrassements <strong>routiers</strong> (RTR) [4],<br />

— le contrôle du remblaiement des tranchées.<br />

33<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. -120 - juillet-août 1982 - Réf. 2727


Couche de matériau à ausculter<br />

^Volume de matériau y,<br />

concerné par une<br />

•/>:..'o<br />

_ 100 j _<br />

_<br />

100 + 1,11 W X d (A InC + B) + M'<br />

étal<br />

d<br />

étal<br />

in situ<br />

étai<br />

M' in situ<br />

Source Q\. Compteur<br />

« d = 40 cm • 'fc ' • <br />

«- : ' * ' '<br />

v.'ö.'vV<br />

•.•^.'-"'/.•o '•'•• Q<br />

\•'•'•B.'\<br />

. '0.\'<br />

^.•.•:^..-.a-<br />

1 2 3 4<br />

1 Correction de teneur en eau<br />

2 Épaisseur de matériau traversée lors de la mesure (d. . )<br />

in situ<br />

3 Caractéristiques d'étalonnage<br />

4 Correction de distance<br />

5 Correction de nature chimique<br />

\\\\\\\\\\\\\\\\V<br />

"\ Fond de forme<br />

w w x w w w w v<br />

Fig. 1. — Schéma de principe d'une mesure à la double sonde.<br />

Actuellement, quatre laboratoires sont équipés d'une<br />

double sonde, il s'agit de trois laboratoires des Ponts et<br />

Chaussées (Nancy, Saint-Brieuc, Toulouse) et d'un laboratoire<br />

de constructeur d'engins de compactage. En<br />

outre, le CER dispose d'une équipe pouvant intervenir à<br />

la demande sur tous les chantiers tant en France qu'à<br />

l'étranger.<br />

Densité<br />

Points de mesure<br />

de la double sonde gamma<br />

PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DE LA<br />

DOUBLE SONDE<br />

Principe de la mesure (fig. 1)<br />

La mesure est fondée sur l'absorption d'un flux de<br />

photons gamma émis par une source radioactive<br />

(Césium 137) en direction d'un compteur de particules<br />

(Geiger Millier) placé à une distance d'environ 40 cm<br />

de cette source. L'absorption du rayonnement dû au<br />

matériau traversé (représenté par une tranche A Z de<br />

matériau situé à la cote Z par rapport à la surface) est<br />

directement liée à la masse volumique humide du<br />

matériau. Dans ces conditions, la densité sèche y d est<br />

donnée par la relation de la figure 1.<br />

On peut donc, en faisant varier la profondeur de la<br />

mesure Z (Z,, Z 2, Z 3, etc.) (fig. 2), connaître la distribution<br />

de la densité au sein d'une couche de matériau.<br />

Le volume de matériau intéressé par la mesure est le suivant<br />

(fig. 3) :<br />

— 100 % des comptages pour une tranche de matériau<br />

située à la cote Z ± 8 cm,<br />

— 95 % des comptages pour une tranche de matériau<br />

située à la cote Z ± 5 cm,<br />

— 50 % des comptages pour une tranche de matériau<br />

située à la cote Z ± 1,2 cm.<br />

Cela a pour conséquence que les mesures effectuées<br />

entre la partie supérieure et la cote Z = 8 cm sont<br />

influencées par l'air et la plaque d'embase de la double<br />

sonde.<br />

La précision de la mesure [2] de la densité est de 1 %<br />

pour des épaisseurs de matériau de l'ordre de 50 cm.<br />

Une étude récente a par ailleurs montré que<br />

le gradient A y/A Z est connu avec la même précision<br />

que celle résultant de l'utilisation du « banc<br />

gamma ».<br />

Profondeur<br />

Fond de forme<br />

Densité moyenne<br />

Fig. 2 — Résultats obtenus au moyen d'une double sonde :<br />

distribution de la densité au sein d'une couche de matériau.<br />

nT.<br />

^<br />

Pourcentage de comptage<br />

23 %<br />

12<br />

5,3<br />

,2,5 2<br />

tri<br />

-6-5-4-3- 2- 1 0 1 2 3 4 5 6<br />

Répartition des couches<br />

élémentaires par cm<br />

Fig. 3 — Influence sur le comptage total des tranches<br />

élémentaires de matériaux en fonction de leur éloignement<br />

de l'axe source-capteur.<br />

34


Pour des profondeurs plus importantes et lorsque les<br />

réservations sont réalisées par perçage, l'erreur provenant<br />

de la mesure de la distance source-capteur est plus<br />

importante et augmente l'erreur sur la densité. Ce dernier<br />

point limite actuellement l'utilisation de la double<br />

sonde à 2 m environ. L'effort de recherche entrepris à ce<br />

sujet (sonde de mesure de distance) devrait permettre<br />

d'atteindre des profondeurs plus grandes.<br />

DESCRIPTION D E L A DOUBLE<br />

(«g. 4)<br />

SONDE<br />

Un bâti roulant (1) permet, par l'intermédiaire d'un plateau<br />

de centrage (2), d'amener à la verticale des deux<br />

réservations tubées (3) la tige porte-source (4) et la tige<br />

porte-compteur (5). Celles-ci se déplacent grâce à un dispositif<br />

électro-mécanique de descente (6). La télécommande<br />

à asservissement électronique et le dispositif de<br />

comptage sont situés dans le coffret (7). Une imprimante<br />

(8) (ou une minicassette) permet de relever automatiquement<br />

l'identification du profil de mesure, les comptages,<br />

le temps de comptage et la cote Z, à laquelle est effectuée<br />

la mesure de densité. L'alimentation est asurée par une<br />

batterie de 12 volts (9).<br />

Fig. 4 . — Double sonde.<br />

L'auscultation d'un profil de mesure s'effectue automatiquement<br />

par pas réglable affiché par l'opérateur (2-5<br />

ou 10 cm). La profondeur d'action n'est pas limitée ;<br />

au-delà d'un mètre de profondeur, il suffit d'ajouter des<br />

allonges aux tiges porte-source et porte-compteur.<br />

DISPOSITIF D E PERÇAGE<br />

Les réservations sont le plus souvent constituées par<br />

deux tubes en PVC de 33 mm de diamètre intérieur à<br />

40 mm de diamètre extérieur sensiblement parallèles et dont<br />

les axes, situés à 44 cm de distance (cf. fig. 1) permettent<br />

l'auscultation, pour une cote donnée, de 40 cm de matériau.<br />

Pour une profondeur inférieure à 50 cm, le perçage<br />

et la mise en place des tubes sont effectués manuellement.<br />

Pour des profondeurs plus importantes, une machine de<br />

perçage et de tubage à l'avancement a été réalisée par le<br />

CECP de Rouen (fig. 5). Elle permet de percer des trous<br />

de 40 mm de diamètre et de tuber ces trous à l'avancement<br />

avec des tubes PVC (matériau non conducteur,<br />

léger, facile à usiner). L'air comprimé pour la rotation et<br />

la frappe du marteau pneumatique est fourni par un<br />

compresseur d'un débit de 10 mVmin (compresseur sur<br />

chantier ou location).<br />

Par translation de la glissière de guidage (1), il est possible<br />

d'effectuer trois perçages et tubages le plus parallèlement<br />

possible. Les commandes hydrauliques (2) permettent<br />

d'actionner le marteau pneumatique (3) et d'en contrôler<br />

l'enfoncement par l'intermédiaire d'un vérin à<br />

double effet. Le relevage de la tige porte-outil, après<br />

désaccouplage du taillant (4), peut être soit automatique,<br />

soit manuel, si l'effort demandé est trop important. Une<br />

entretoise (5) disposée entre le marteau et le tube PVC<br />

(6) permet de pousser ce dernier au fur et à mesure de la<br />

pénétration de l'outil (les débris de matériau sont évacués<br />

entre le tube PVC et la tige porte-outil).<br />

Actuellement, une profondeur de 2 m peut être atteinte<br />

quels que soient les matériaux rencontrés ; une profon-<br />

Fig. 5. — Dispositif de perçage.<br />

deur de 5 m est possible, mais elle nécessite un changement<br />

de tige porte-outil et un temps de perçage plus élevé<br />

suivant les matériaux. Cette machine permet de mettre<br />

en place dans de bonnes conditions, tant au plan technique<br />

qu'au plan économique, les réservations pour les<br />

mesures de densité double sonde gamma dans le<br />

domaine des terrassements.<br />

35


BILAN DES INTERVENTIONS « DOUBLE SONDE<br />

GAMMA »<br />

Jusqu'à présent, 55 interventions ont été effectuées en<br />

France et à l'étranger à la demande de maîtres d'oeuvres<br />

ou des LPC, par l'équipe spécialisée du CER de Rouen<br />

(fig. 6) ; soit une moyenne de 7 interventions par an avec<br />

une pointe de 17 interventions en 1981.<br />

Fig. 7 — Compactage de la tranchée au petit rouleau vibrant<br />

(chantier GDF).<br />

STRUCTURE DE LA CHAUSSÉE<br />

Fig. 6. — Fourgon d'intervention et remorque de perçage.<br />

Tout-venant<br />

sableux ou argileux<br />

Mâchefer ou<br />

tout-venant d'apport<br />

Couche C<br />

Couche B<br />

15 cm<br />

_.L<br />

70 cm<br />

Pour mémoire, on peut citer les chantiers suivants :<br />

autoroute A34, Al, A36, C27, A10, A37, A42 -<br />

Contournement de Toul - Traversée ouest de Dunkerque<br />

- Sortie sud de Carcassonne - Rocade nord de Mulhouse -<br />

Entrée nord de Mâcon - Déviation est de Saint-Brjeuc -<br />

Desserte ouest de Cherbourg - Desserte aéroport de<br />

Marignane - Boulevard périphérique de Caen - Voie<br />

express Morlaix-Saint-Brieuc - Extension sud aéroport<br />

de Nice - Chantier expérimental d'Aouze (Vosges) -<br />

Chantier TGV - Barrage de Soulcem (Pyrénées) - Métro<br />

de Lille - Terre-plein à conteneurs en zone portuaire -<br />

Remblais de tranchées - Compactage de matériaux secs<br />

au Niger.<br />

Pour préciser certains domaines d'emploi et montrer<br />

l'intérêt de la double sonde gamma, quelques exemples<br />

concrets d'utilisation sur chantier sont présentés dans ce<br />

qui suit, ainsi que les renseignements recueillis à<br />

l'analyse des mesures.<br />

CONTRÔLE DU REMBLAIEMENT D'UNE TRAN­<br />

CHÉE (chantier GDF)<br />

Dans ce cas, il s'agissait de vérifier si les exigences de<br />

compactage (densités) avaient été atteintes et si les conditions<br />

de mise en œuvre des couches (épaisseur) avaient<br />

été respectées. Ces paramètres n'étaient pas contrôlés<br />

durant l'exécution du chantier.<br />

Les figures 7 et 8 présentent d'une part une vue du chantier,<br />

d'autre part la coupe théorique de la tranchée après remblaiement.<br />

S'agissant d'une tranchée réalisée sous une piste cyclable<br />

et ne devant supporter de ce fait que des charges légères,<br />

la qualité du compactage des différentes couches avait été<br />

fixée comme suit :<br />

— couches A et B : qualité q4, dite « remblai»,<br />

— couche C : qualité q3, dite « couche de forme ».<br />

Entourage de la<br />

canalisation en sablón<br />

Couche A 250<br />

70 cm >J<br />

Fig. 8. — Structure de la chaussée.<br />

Des petits matériels de compactage ont été utilisés :<br />

— rouleaux vibrants (pv 1),<br />

— plaque vibrante (pq 1),<br />

— pilonneuse (pn 3 et pn 2),<br />

— marteau hydraulique.<br />

La figure 9 présente les résultats obtenus dans l'un des<br />

forages de contrôle de ce chantier.<br />

Sur l'ensemble des vingt profils de mesure à la double<br />

sonde gamma, l'étude a permis de conclure que :<br />

— la qualité moyenne du compactage sur le chantier<br />

était insuffisante,<br />

— les épaisseurs des couches de matériaux de remblai<br />

étaient trop fortes, compte tenu des matériels utilisés<br />

pour le compactage (ou du nombre des passes effectuées),<br />

— néanmoins, dans certaines zones les couples « matériel<br />

de compactage - épaisseur des couches à compacter<br />

» étaient satisfaisants.<br />

L'étude a ainsi démontré l'utilité des contrôles pendant<br />

l'exécution de tels chantiers (contrôles des épaisseurs, du<br />

matériel de compactage et du nombre de passes).<br />

36


CONTROLE SUR 2 m DES DENSITÉS EN PLACE<br />

DE MATÉRIAUX CONSTITUANT UN BARRAGE<br />

(chantier EDF)<br />

Sur ce chantier, il s'agissait de contrôler a posteriori si les<br />

conditions de compactage (épaisseur, nombre de passes,<br />

qualité) retenues lors des planches d'essais avaient été<br />

respectées (fig. 10 et 11).<br />

Les matériaux constitués d'une grave schisteuse 0/80<br />

(matériau A) et d'une grave schisteuse 0/160 (matériau<br />

B) seraient classés en Q dans la classification RTR [4].<br />

Ils ont été mis en œuvre au tombereau et au bouteur par<br />

couche de 0,40 m d'épaisseur et compactés par des rouleaux<br />

vibrants de type V 4 (RTR) à raison de 8 passes par<br />

couche, soit un Q/S de 0,05 (compactage intense). La<br />

figure 11 présente un exemple de résultats de mesure sur<br />

ce chantier.<br />

(g/cm ]<br />

OBSERVATIONS<br />

3<br />

MATÉRIAU A<br />

— Epaisseurs ^ 35 cm ± 5 cm<br />

— Gradient positif sur les 10 à 15 cm supérieurs<br />

et négatif dans la partie inférieure de chaque couche<br />

7n maxi 7n r = 0,10<br />

~7h moyen double sonde 7 sur 2 m = 2,276<br />

MATÉRIAU B<br />

Épaisseurs plus dispersées ^30 cm ±10 cm<br />

(difficultés de réglage plus importantes)<br />

Gradients de densité plus élevés que sur A<br />

^h maxi ^h mini =0,14<br />

-<br />

7n moyen double sonde 7 sur 2 m = 2,313<br />

Double sonde y sur 2 n<br />

Fig. 11.<br />

Résultats de mesure<br />

à la double sonde<br />

(chantier EDF).<br />

Fig. 10 — Compactage de la grave schisteuse<br />

(chantier EDF).<br />

L'étude a conduit dans ce cas à la conclusion que les<br />

conditions de compactage retenues (matériel, épaisseur<br />

des couches, nombre de passes) étaient bien adaptées et<br />

permettaient d'obtenir une qualité correcte.<br />

37


PLANCHES D'ESSAI DE COMPACTAGE DE<br />

CRAIES (chantier SNCF-TGV)<br />

1,2 1,3 1,4 1,5<br />

Ces planches d'essai ont été réalisées pour préciser, au<br />

moyen de la double sonde, les règles d'emploi des rouleaux<br />

vibrants : nombre de passes en fonction de la<br />

nature de la craie, de son mode d'extraction (granulometrie<br />

mise en œuvre) et de l'épaisseur des couches<br />

(fig. 12).<br />

Visse—*»<br />

Densité moyenne DS y<br />

sur 80 cm (16 passes)<br />

Fig. 12. — Compactage et mise en œuvre de la craie.<br />

Fig. 14 — Variations de yd avec la profondeur<br />

pour différentes épaisseurs de couches<br />

(mêmes conditions de compactage que pour la fig. 13).<br />

Dans les conditions de teneur en eau et d'extraction :<br />

— les gradients de densité sont importants (même avec<br />

un compacteur de type V4) ;<br />

— l'évolution de y& en fonction du nombre de passes est<br />

faible.<br />

b) Influence de l'épaisseur (fig. 14)<br />

Les matériaux traités étaient des craies très évolutives<br />

— Pour les 50 premiers centimètres, la forme des courbes<br />

y = f (Z) est sensiblement conservée lorsque l'épais­<br />

classées CRd et de teneur en eau comprise entre 18 et<br />

25 %. Ces craies ont été extraites à la pelle hydraulique,<br />

seur varie de 60 à 80 cm, ce qui se traduit par une densité<br />

mises en œuvre au tombereau et au bouteur et compactées<br />

au moyen de compacteurs de type V2b - V3b - V4a -<br />

moyenne décroissante avec l'épaisseur (la partie de la<br />

couche comprise entre 60 et 80 cm, peu compactée dans<br />

V4b ou P2.<br />

le cas de l'épaisseur de 80 cm, n'intervient pas pour<br />

l'épaisseur de 60 cm).<br />

L'étude a conduit aux conclusions suivantes :<br />

— Les valeurs absolues obtenues à la partie inférieure<br />

d'une couche de 60 cm sont encore faibles lorsque le<br />

a) Comportement général de la craie au compactage compactage est effectué au moyen d'un compacteur<br />

(fig. 13)<br />

— Une mise en œuvre par couche de 30 à 40 cm semble<br />

souhaitable.<br />

c) Influence du mode d'extraction (fig. 15)<br />

— L'influence du mode d'extraction est très nette.<br />

— L'effet de la granulométrie sur l'aptitude au compactage<br />

de la craie est très important.<br />

Fig. 13 — Variations de Y d<br />

avec la profondeur après Fig. 15 — Variations de Y d<br />

avec la profondeur : influence du<br />

compactage à la monobille (Ml/L = 46 kg/cm ; type Vj : mode d'extraction du matériau (compactage par monobille,<br />

matériau 0/300 ; Y d<br />

initial = 1,52 ; w initial = 23 %) ' Ml/L = 38 kg/cm ; type V, b<br />

).<br />

38


CONCLUSIONS<br />

La double sonde gamma répond à de nombreux problèmes<br />

que se posent les ingénieurs de génie civil, aussi bien<br />

au niveau de la recherche appliquée qu'au niveau du<br />

chantier. La connaissance de la densité et de sa distribution<br />

à tous les niveaux permet d'accéder directement à<br />

celle de l'efficacité du matériel et de la qualité du travail<br />

réalisé.<br />

L'effort important de mise au point entrepris ces dernières<br />

années pour connaître et améliorer la précision des mesures<br />

et élaborer une méthodologie d'emploi, permet à présent aux<br />

laboratoires des Pont et Chaussées de disposer d'un matériel<br />

de contrôle fiable et précis. La qualité des résultats obtenus et<br />

les renseignements fournis par cet appareil sur différents cas<br />

de chantier suffisent à eux seuls pour que l'on puisse en<br />

recommander l'utilisation.<br />

RÉFÉRENCES<br />

BIBLIOGRAPHIQUES<br />

[1] GABILLY Y., CHAIGNE P., GAUDICHEAU A., Utilisation<br />

d'un prototype de double sonde gamma à un problème<br />

particulier de génie civil, Bull. Liaison Labo. P. et Ch.<br />

Spéc. P, Radioisotopes II, oct. 1970, p. 21 à 34.<br />

[2] MOREL G., FRANCESCHINA R., QUIBEL A., CHAIGNE P.,<br />

Compactage, Utilisation des gammadensimètres R et de<br />

la double sonde gamma, Précision des mesures, validité<br />

des interprétations, Bull. Liaison Labo. P et Ch., 72,<br />

juill.-août 1974, p. 167 à 176.<br />

[3] MORELG., FRANCESCHINA R., SCHAEFFNER M., Double<br />

sonde gamma, Coll. inter. sur le compactage, avr. 1980,<br />

vol. 11, ENPC, LCPC.<br />

[4] SETRA, LCPC, Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong> (fasc. 1, 2, 3, 1976 - fasc. 4, 1981).<br />

39


TERRASSEiïlEflTS<br />

ROUTIERS<br />

"rè--VUS-''<br />

Essai granulaire rapide<br />

pour sols peu argileux et granulats<br />

TRAN NGOC LAN<br />

Ingénieur<br />

Roberte BARBARAS<br />

Technicienne<br />

Section de minéralogie et pétrographie appliquées<br />

Division Gèotechnique<br />

Géologie de l'ingénieur - Mécanique des roches<br />

Laboratoire central des Ponts et Chaussées<br />

RÉSUMÉ<br />

L'essai granulaire décrit dans cet article est<br />

une tentative de simplification de l'essai<br />

classique par tamisage. Il ne retient en effet de<br />

ce dernier que le tamisage de la fraction grossière<br />

(>0,5mm) (opération relativement aisée).<br />

La suite de l'essai comporte :<br />

- une méthode modifiée de sédimentation avec<br />

l'emploi d'un densimètre en matière plastique<br />

sensible et incassable,<br />

— des opérations de jaugeage permettant de<br />

déterminer les masses sèches des divers refus de<br />

la fraction grossière.<br />

On évite ainsi le tamisage laborieux des fines<br />

ainsi que les séchages et les pesées.<br />

Le matériel nécessaire pour cet essai est relativement<br />

rudimentaire et peu coûteux car il ne<br />

fait pas appel à des techniques élaborées de<br />

physique et d'électronique. Le courant électrique<br />

n'est pas nécessaire.<br />

Cet essai est particulièrement utile dans le cas<br />

où l'on ne dispose pas d'installation comportant<br />

courant, étuve, balance : cas de certains<br />

chantiers hors métropole, et quand un très<br />

court temps de réponse est indispensable : cas<br />

du contrôle en centrale, en carrière ou en<br />

chantier.<br />

MOTS CLÉS : 42 - Essai -Sol- Rapide • Mesure -<br />

Granulometrie (granulante) - Tamisage - Sous<br />

l'eau - Gros (mater.)/densimètre - Sédimentation<br />

(essai).<br />

La granulante des matériaux <strong>routiers</strong> (granulats et sols...) constitue<br />

la première des spécifications à respecter en matière de<br />

fourniture des granulats et de réemploi des sols en remblais et<br />

en couches de forme.<br />

Il en résulte un très grand volume d'analyses granulaires dans<br />

les laboratoires; celles-ci, telles qu'elles sont effectuées actuellement,<br />

sont relativement laborieuses. Par ailleurs, certaines<br />

situations comme celles du contrôle en carrière, en centrale ou<br />

en chantier s'accommodent mal de leur long délai de réponse.<br />

La méthode qui va être décrite, constitue une tentative d'amélioration<br />

de cet état de choses à l'aide d'un matériel simple et<br />

relativement peu coûteux.<br />

GENERALITES SUR LE PRINCIPE DE CETTE<br />

METHODE<br />

Rappelons que l'essai granulaire classique par tamisage comporte<br />

les opérations suivantes :<br />

— séparer, par tamisage sous eau, la prise d'essai en coupures<br />

granulaires (< 80 /un, 80 /rni/0,5 mm, 0,5/2 mm);<br />

— sécher et peser les refus aux divers tamis et calculs.<br />

Le tamisage est relativement facile pour les dimensions supérieures<br />

à 0,5 mm ; il devient très malaisé à 80 fim et quasiimpraticable<br />

vers 20 /im.<br />

40<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. -120 - juillet-août 1982 - Réf. 2730


Le séchage et les pesées sont longs. Ils font appel à des<br />

matériels divers et encombrants, en général répartis en<br />

plusieurs postes, occasionnant allées et venues.<br />

L'essai proposé consiste :<br />

— à maintenir le tamisage pour les plus gros éléments<br />

(> 0,5 mm) et à lui substituer une méthode modifiée de<br />

sédimentation, plus adaptée, pour les 80/im et inférieurs<br />

;<br />

— à éviter séchage et pesée en utilisant une méthode de<br />

jaugeage dans l'eau. Celle-ci associe les principes du picnomètre<br />

à eau et de la poussée d'Archimède, et dont la<br />

mise en œuvre a été décrite par Haas [1].<br />

L'ensemble de ces opérations s'effectue au même poste<br />

avec un seul matériel, relativement rustique. Le délai de<br />

réponse est notablement raccourci du fait de l'absence<br />

du séchage.<br />

D'une façon générale, on peut remarquer que cet essai<br />

tranche avec les procédés physiques récents (Laser,<br />

comptage électrique, etc.) ; en effet, les fines échappent à<br />

beaucoup d'entre eux. Ainsi l'optique géométrique que<br />

l'on commence à exploiter pour l'identification granulaire<br />

des gros éléments (> 1 mm) (granulomètre à nappe<br />

Laser LPC) ne s'applique pratiquement pas aux fines;<br />

l'optique physique (diffraction, diffusion) qui a suscité<br />

quelques réalisations ne semble pas convenir, car dans<br />

cette méthode, granularité des particules et quantités ne<br />

sont pas des paramètres séparés, et mêlent inextricablement<br />

leurs effets dans la réponse optique...<br />

Par ailleurs, un aspect des fines, et surtout des fines<br />

humides est que, avant toute analyse granulaire il est<br />

nécessaire de les individualiser par une mise en dispersion<br />

que l'on effectue de préférence dans l'eau. Ce conditionnement<br />

préalable nécessite un minimum de temps<br />

de quelques minutes.<br />

Compte tenu de ces difficultés, il n'est guère possible<br />

pour le moment d'imaginer un procédé physique qui<br />

puisse couvrir toute l'étendue granulaire d'un matériau<br />

usuel O/D.<br />

Par contre, comme on verra, l'essai proposé ne comporte,<br />

en dehors du tamisage des gros éléments que des<br />

opérations de jaugeage. Elles consistent à mesurer les<br />

niveaux d'enfoncement des corps flottants (densimètre<br />

éprouvette) et pourraient s'effectuer aisément d'une<br />

façon automatique, à l'aide de l'un des nombreux procédés<br />

physiques disponibles. Cet essai constitue donc une<br />

étape vers l'automatisation de l'essai granulaire.<br />

On tamise celle-ci à travers une colonne de tamis, en se<br />

limitant du côté des tamis fins à 0,5 mm. Le tamisage<br />

s'effectue avec un volume d'eau de l'ordre de 4 à 5 litres<br />

que l'on recueille dans l'éprouvette, en même temps que<br />

les passants qui s'y trouvent.<br />

Le contenu de l'éprouvette est alors agité durant une<br />

minute à l'aide de l'agitateur à piston.<br />

Le densimètre étant introduit dans l'éprouvette, on lit<br />

sur son échelle la graduation R correspondant au niveau<br />

de l'eau.<br />

Cette lecture doit s'effectuer trente secondes après la fin<br />

de l'agitation. On lit également sur l'échelle dont est<br />

munie l'éprouvette, le niveau h 0 5 de l'eau à l'intérieur de<br />

l'éprouvette.<br />

L'indice 0,5 correspond au tamis le plus fin utilisé, qui<br />

est supposé être ici de 0,5 mm. Les lectures R et h 0 5<br />

représentent respectivement la concentration volumique<br />

et le volume de la suspension ; elles permettront de déterminer<br />

la masse des particules en suspension dont les tailles<br />

sont toutes égales ou inférieures à 80 ixm, du fait du<br />

temps choisi de trente secondes.<br />

E<br />

E<br />

o<br />

CO<br />

00<br />

Éprouvette de<br />

sédimentation (b)<br />

Bac de flottaison (cl<br />

Densimètre (a)<br />

E<br />

E -<br />

-o -<br />

un<br />

in -<br />

. 0 290 mm<br />


sèches des passants aux tamis 0,5mm, dj... et celle de la<br />

priste totale 0/D.<br />

Exploitation des lectures effectuées<br />

a) Calcul des masses des passants au tamis d.<br />

Lorsque l'éprouvette est remplie au niveau intérieur h;<br />

avec de l'eau uniquement, cette éprouvette mise à flotter,<br />

s'enfoncerait jusqu'au niveau H'jj les deux niveaux<br />

hj et H'; sont reliés par une relation linéaire simple:<br />

H'; = a-r-bh;<br />

— a est la partie de la hauteur immergée de l'éprouvette<br />

qui est nécessaire pour compenser la masse propre de<br />

celle-ci,<br />

— b est le rapport des sections extérieure et intérieure de<br />

la partie cylindrique de l'éprouvette Se/S;,<br />

— H'j ne se mesure pas mais s'obtient à partir de h; soit<br />

par calcul soit par lecture sur une droite d'étalonnage<br />

(fig. 4) représentant la relation ci-dessus.<br />

75<br />

- hi<br />

50<br />

) b<br />

25<br />

0<br />

—1 1 1 1—I 1 1 1 1 I I 1<br />

25 50 75 H'i<br />

Fig. 4. — Droite d'étalonnage.<br />

Fig. 3.<br />

Lorsque l'éprouvette, contenant cette fois la masse M;<br />

des passants au tamis dj, est remplie d'eau au même<br />

niveau intérieur hj, l'éprouvette, plus lourde s'enfonce<br />

plus profondément jusqu'au niveau extérieur Hj. On<br />

démontre que :<br />

Mj= ^S e(H rH'j)<br />

On introduit l'éprouvette dans le bac de flottaison, celuici<br />

étant rempli d'eau. L'embase ajourée dont est munie<br />

l'éprouvette, sert d'amortisseur hydraulique permettant<br />

de la stabiliser rapidement. On relève sur l'échelle de<br />

l'éprouvette le niveau de l'eau à l'extérieur de celle-ci :<br />

On introduit de même dans l'éprouvette les divers refus<br />

et l'on relève pour chaque refus R; au tamis d; les<br />

niveaux intérieur et extérieur hj et H;. Lorsque la totalité<br />

de la prise d'essai aura été introduite, les derniers<br />

niveaux lus seront respectivement h D et H D. Les couples<br />

de lectures de niveaux (h 0 5, H 0 5)... (h;, Hj)... (hD, HD)<br />

permettront de déterminer respectivement les masses<br />

En particulier, la masse totale de la prise d'essai 0/D est<br />

donnée par :<br />

Mo = -^rS e(H D-H' D)<br />

Q a - I<br />

— H' D étant le niveau extérieur correspondant au<br />

niveau intérieur h D, quand l'éprouvette ne contient que:<br />

de l'eau ;<br />

— Qaest la masse volumique du matériau.<br />

On note qu'au fur et à mesure qu'on introduit les refus<br />

des divers tamis, le fait de lire les niveaux hj et H; permet<br />

de réaliser automatiquement le cumul des masses déjà<br />

introduites.<br />

42


Le pourcentage cumulé des passants au tamis dj<br />

s'exprime très simplement par le rapport des différences<br />

de niveaux :<br />

Pi<br />

M,<br />

x 100 =<br />

b) Calcul de la masse des fines<br />

HD H'D<br />

_<br />

x 100<br />

La relation de Stokes indique la dimension d des particules<br />

en fonction du temps écoulé t (min) à partir du début:<br />

de sédimentation et de la distance verticale L parcourue<br />

par ces particules [2] :<br />

18 n<br />

fg(pa-i) t<br />

r| étant la viscosité de l'eau.<br />

Dans le cas d'un densimètre, la distance parcourue L est<br />

considérée comme fixe et est représentée par la longueur<br />

séparant le centre de gravité de son bulbe et le point sur<br />

sa tige où s'établit le niveau de l'eau. Elle est de l'ordre<br />

de 17 cm.<br />

Pour cette distance de chute, le temps de trente secondes<br />

choisi correspond à un diamètre moyen de 80,um. On<br />

indique dans le tableau I les temps d'attente nécessaires<br />

au cas où l'on veut prolonger l'essai vers les particules<br />

plus fines.<br />

TABLEAU I<br />

Diamètres équilavents (en microns) en fonction des lectures<br />

( Q a = 2,65 ) Température à 20°C<br />

Lectures<br />

Valeur (um)<br />

R 0,5 1 2 5 10 20 40 80 240 1440<br />

min min min min min min min min min min<br />

25 68 48 34 21 15 10 7 5,3 3,0 1,2<br />

24 70 49 35 22 15 10 7 5,4 3,1 1,3<br />

23 71 50 35 22 15 10 7 5,4 3,1 1,3<br />

22 71 50 35 22 16 11 7 5,6 3,2 1,3<br />

21 72 51 36 23 16 11 8 5,6 3,3 1,3<br />

20 73 52 36 23 16 11 8 5,7 3,3 1,3<br />

19 74 52 37 23 16 11 8 5,8 3,3 1,4<br />

18 75 53 37 24 16 11 8 5,9 3,4 1,4<br />

17 76 54 38 24 16 11 8 5,9 3,4 1,4<br />

16 77 54 38 24 17 12 8 6,0 3,5 1,4<br />

15 78 55 39 25 17 12 8 6,1 3,5 1,4<br />

14 79 56 39 25 17 12 8 6,1 3,6 1,4<br />

13 80 56 40 25 17 12 8 6,2 3,6 1,5<br />

12 80 57 40 25 17 12 8 6,3 3,6 1,5<br />

11 81 57 41 25 18 12 9 6,4 3,7 1,5<br />

10 82 58 41 25 18 12 9 6,4 3,7 1,5<br />

9 83 59 41 26 18 13 9 6,5 3,8 1,5<br />

8 84 59 42 26 18 13 9 6,6 3,8 1,5<br />

7 85 60 42 26 18 13 9 6,6 3,8 1,6<br />

6 86 60 43 26 19 13 9 6,7 3,9 1,6<br />

5 86 61 43 27 19 13 9 6,8 3,9 1,6<br />

4 87 62 44 27 19 13 9 6,8 3,9 1,6<br />

3 88 62 44 27 19 13 9 6,9 4,0 1,6<br />

2 89 63 44 27 19 13 9 7,0 4,0 1,6<br />

1 90 63 45 28 19 14 9 7,0 4,1 1,7<br />

0 91 64 45 28 20 14 10 7,1 4,1 1,7<br />

Ainsi lorsqu'on effectue la lecture R sur la tige du densimètre<br />

au temps choisi de trente secondes à partir de la<br />

fin de l'agitation, comme il a été indiqué, la masse m que<br />

l'on détermine à l'aide de R est celle de l'ensemble des<br />

particules qui sont encore en suspension et qui sont donc<br />

en principe égaux ou plus petits que 80 /un.<br />

On montre que la masse des particules en suspension est<br />

reliée à l'indication R du densimètre par :<br />

M<br />

R<br />

m = (V--^') ( )<br />

on pa-1 1 000<br />

— V étant le volume total, comprenant le volume de la<br />

suspension et celui qu'occupe la masse de matière sèche<br />

Mo,5.<br />

Le pourcentage des fines est donné par l'expression :<br />

1 M pa R<br />

10' 1 Mn<br />

?a ea •<br />

En remplaçant V et Mo par leurs expressions respectives<br />

en fonction des lectures de niveaux hn,5, H'D et H D ,<br />

H'0,5, H 0 5, il vient :<br />

1 /ho.5 HQ,5-H'I M<br />

)<br />

P f<br />

= lô b<br />

( 1,65<br />

R<br />

H n - H '<br />

D<br />

b étant le rapport des sections intérieure et extérieure de<br />

l'éprouvette, déjà défini.<br />

Mo 5/Q a étant un terme correctif représentant le volume<br />

de la matière sèche, on ne commet pas d'erreur notable<br />

en prenant pour ça la valeur courante de 2,65.<br />

ETUDE EXPERIMENTALE DE LA METHODE<br />

L'étude expérimentale a pour but de vérifier la précision<br />

que l'on peut obtenir par cette méthode.<br />

Mesure par jaugeage des masses M¡ des tamisats<br />

Rappelons que le procédé est une association des principes<br />

de la poussée d'Archimède et du picnomètre à eau.<br />

On s'est attaché à concevoir un matériel offrant un<br />

encombrement adapté aux conditions habituelles de<br />

l'analyse granulaire, tout en permettant une précision de<br />

mesure suffisante. La précision finale résulte d'un compromis<br />

de plusieurs facteurs contradictoires. Ainsi une<br />

section étroite de l'éprouvette et une masse élevée de<br />

l'échantillon améliorent la précision. Mais pour contenir<br />

une masse élevée il faut une section d'éprouvette suffisamment<br />

large, sous peine d'avoir à allonger l'éprouvette<br />

d'une façon inacceptable... Le schéma de la figure<br />

1 indique les dimensions retenues pour l'éprouvette. En<br />

admettant que chaque lecture de niveau s'effectue à<br />

0,5 mm près et pour une prise satisfaisante à la règle de<br />

représentativité, l'erreur absolue est de l'ordre de ± 2 à<br />

3 % pour les éléments > 0,5 mm.<br />

La figure 5 indique, à titre de comparaison, un exemple<br />

de courbes granulaires obtenues respectivement d'une<br />

part par séchage et pesée selon la méthode classique et<br />

d'autre part par jaugeage. L'écart des courbes est comparable<br />

à l'erreur calculée ci-dessus.<br />

Mesure du pourcentage de fines à l'aide<br />

du densimètre<br />

On a soumis à cet essai rapide, un certain nombre de<br />

sables soit naturels soit recomposés à partir de sables<br />

propres et de fines de différentes natures.<br />

Sur la figure 6, on a porté les teneurs en fines obtenues<br />

par tamisage sous eau en fonction de celles qui sont indiquées<br />

par le densimètre. La dispersion est de l'ordre de<br />

± 1 % en valeur absolue.<br />

43


100<br />

GRAVIERS<br />

GROS SABLE<br />

SABLE FIN<br />

90<br />

•01<br />

¡ 80<br />

•<br />

s 7 0<br />

E<br />

S 60<br />

"if<br />

8. 50<br />

CD<br />

C<br />

a 40<br />

O<br />

°" 30<br />

Par essai rapide:<br />

S<br />

II<br />

20<br />

10<br />

20 10 5<br />

•<br />

I 1 1-<br />

2 1<br />

—I >-<br />

0.4 0,2 0,1 / * y'<br />

0,08<br />

Fig. 5. — Analyse granulométrique.<br />

30 35<br />

% par essai rapic<br />

Fig. 7.<br />

TABLEAU II<br />

^^-^-^^^ Tamis<br />

Calcaire ^^^^^^<br />

L.R. respons.<br />

préparation<br />

5 mm 4 mm 1 mm 0,08 mm<br />

Moy 33,9 6 54,9 13,7<br />

Tous les labo<br />

Moy.<br />

33,5<br />

33<br />

6,9<br />

53,1<br />

53<br />

13,8<br />

13,8<br />

Répétabilité<br />

L.R. respons.<br />

préparation<br />

O R<br />

1,92 0,58 0,35 0,16<br />

Répétabilité<br />

tous les labo<br />

O R<br />

1,98 0,42 0,52 0,11<br />

18 20<br />

Valeur mesurée (%)<br />

Reproductibilité<br />

tous les labo OR 5,34 1,76 2,08 0,33<br />

Fig. 6.<br />

Un opérateur, non habitué à l'essai rapide, ayant effectué<br />

dix essais sur un matériau, a obtenu les résultats suivants:<br />

— nature de l'échantillon : Diorite,<br />

— teneur en fines par tamisage humide: 9 %,<br />

— essai rapide: moyenne = 9,45 %, écart-type: 0,2 %,<br />

variance: 0,04 °7o.<br />

La figure 7 donne une idée de la reproductibilité lorsque<br />

les résultats proviennent de plusieurs laboratoires. On<br />

note qu'au-delà de 25 % de fines il se produit une non<br />

linéarité dans la droite de corrélation dont on donnera<br />

une explication ultérieurement.<br />

Ces précisions estimées de ± 2 à 3 % pour les gros éléments<br />

et de ± 1 à 1,5 % en valeur absolue pour les fines<br />

sont à rapprocher de la dispersion inter-laboratoire,<br />

chiffrée dans le tableau II lors de plusieurs campagnes<br />

d'essais croisés dans les laboratoires des Ponts et Chaussées<br />

[3].<br />

Les figures 8, 9, 10, 11 indiquent la disposition des<br />

points expérimentaux représentant les résultats obtenus<br />

par les différents laboratoires, sur des échantillons soigneusement<br />

quartés.<br />

Les résultats relatifs aux pourcentages de fines qui viennent<br />

d'être exposés, ont été obtenus avec le densimètre<br />

en verre dit LPC qui fait partie du matériel de l'essai<br />

sédimentométrique [2]. C'est un instrument extrêmement<br />

fragile puisqu'il consiste en une ampoule de verre<br />

de paroi très mince (< 0,5 mm) présentant côté tige un<br />

long élancement (190 mm) et côté bulbe un lest relativement<br />

lourd.<br />

Une telle configuration exige tant de précautions dans le<br />

maniement qu'on ne peut guère envisager l'emploi de ce<br />

densimètre in situ. D'ailleurs, le remplacement d'un densimètre<br />

en cas de bris, nécessite un nouvel étalonnage.<br />

Il a donc été mis au point un densimètre en matière plastique,<br />

incassable, de meilleure sensibilité, sans ménisque<br />

et présentant un effet thermique plus réduit * (fig. 12).<br />

La figure 13 indique les résultats obtenus avec le densimètre<br />

plastique dans les mêmes conditions que celles qui<br />

ont prévalu dans la figure 6.<br />

Enfin, à titre d'illustration, on constate sur la figure 14<br />

que les courbes granulaires d'un même échantillon de<br />

* La conception, le calcul et le suivi de la fabrication de ce densimètre<br />

ont été assurés par M. Lacube, division géotechnique au LCPC.<br />

44


Dispositions des résultats expérimentaux obtenus par 18 laboratoires.<br />

Fig. 8.<br />

Fig. 9.<br />

Fig. 10.<br />

Fig. 11.<br />

12 -<br />

45


Tige de mesure<br />

Extérieur 5,5 mm<br />

E<br />

E<br />

6 mm<br />

100<br />

90<br />

80<br />

E 70<br />

3<br />

O<br />

+2<br />

ro<br />

60<br />

E<br />

ta<br />

S 50<br />

T3<br />

itage<br />

40<br />

SABLE FIN LIMON ARGILE<br />

S<br />

30<br />

20<br />

10<br />

MON<br />

J'UHLY<br />

Carène<br />

0<br />

•<br />

-t T ¿ ¿ * s<br />

Diamètres équivalents (u)<br />

Fig. 14. — Analyse granulométrique<br />

x densimètre LPC - • densimètre de chantier.<br />

Liaison mécanique<br />

limon d'Orly, établies selon le mode opératoire de l'essai<br />

de sédimentométrie, mais en employant successivement<br />

les densimètres en verre et en plastique, sont pratiquement<br />

confondues.<br />

Compte tenu de ces résultats, la validité du densimètre<br />

plastique semble être établie. Au-delà de l'essai granulaire<br />

rapide, on peut donc envisager de l'inclure avantageusement<br />

dans l'essai normalisé de sédimentométrie.<br />

Lest en laiton<br />

36 mm<br />

Fig. 12. — Densimètre de chantier en matière plastique.<br />

40 : % par tamisage<br />

30 35 40<br />

par essai rapide<br />

Fig. 13.<br />

UNE APPLICATION PARTICULIERE:<br />

CONTROLE PAR TOUT OU RIEN<br />

DE LA TENEUR EN FINES<br />

Le tableau III indique que sur des prélèvements effectués<br />

dans cinq carrières, pendant un an, les teneurs en eau en<br />

fabrication comme en stock varient faiblement (M. Garnier,<br />

LR Rouen).<br />

Dans de nombreuses situations, on peut considérer que<br />

les prises d'essai ont une teneur en eau constante ; un calcul<br />

simple conduit à une erreur relativement faible sur le<br />

pourcentage de fines de l'ordre de ± 0,3 lorsque la<br />

teneur en eau vient à s'écarter de cette valeur moyenne<br />

constante de ± 2 points.<br />

Dans ces conditions, on peut tirer parti du fait que la tige<br />

du densimètre plastique, portant l'échelle est amovible.<br />

On peut la munir d'un index coloré dont la position sur<br />

l'échelle et la plage représente respectivement la valeur<br />

de spécification de teneur en fines et les tolérances admises.<br />

La position de l'index tient compte, bien entendu,<br />

de la teneur en eau moyenne des matériaux.<br />

L'essai de contrôle devient dans ces conditions extrêmement<br />

simple puisque même l'opération de jaugeage de<br />

l'éprouvette dans le bac de flottaison n'est plus nécessaire.<br />

Une prise d'essai, de masse humide donnée, étant pesée,<br />

on l'introduit dans l'éprouvette que l'on remplit d'eau<br />

jusqu'à un repère.<br />

Après une minute d'agitation, suivie de l'introduction<br />

du densimètre dans l'éprouvette, si à trente secondes le<br />

niveau du liquide s'établit à l'intérieur de la plage colo-<br />

46


TABLEAU III<br />

Teneurs en eau des sables (1980)<br />

ESSAIS VOUTRE (53) VIGNATS (14) MOUEN (14) CHAILLOUE (61) STREFF (76)<br />

Fabrication Fabrication Fabrication Fabrication Stock<br />

(0/2 mm) (0/2 mm) (0/2 mm) + stock<br />

(0/4 mm) (0/4 mm)<br />

(sable naturel)<br />

35 analyses 20 analyses 19 analyses 78 analyses 19 analyses<br />

m = 1,3 m = 4,9 m = 1,9 m = 1,3 m = 4,6 %<br />

c = 0,20 c = 0,97 CT = 1,39 CT = 0,30 CT = 0,70<br />

Teneurs en eau Stock Stock Fabrication Fabrication Stock<br />

+ stock + stock<br />

(0/2 mm) (0/6 mm) (0/6 mm) (0/6 mm) (0/4 mm)<br />

(sable concassé)<br />

23 analyses 17 analyses 32 analyses 26 analyses 18 analyses<br />

m = 3,8 m = 5,0 m = 1,6 m = 1,2 m = 5,1 %<br />

CT = 2,72 CT = 0,76 CT = 0,41 CT = 0,30 CT = 1,2<br />

rée, le matériau est conforme ; il est non conforme dans<br />

le cas contraire.<br />

Un tel essai de contrôle ne prend guère plus de cinq<br />

minutes.<br />

CRITIQUES DE LA METHODE<br />

1) Le parcours vertical que les particules en suspension<br />

effectuent au cours de l'essai est égal à la distance séparant<br />

le centre de gravité du bulbe et la surface de l'eau.<br />

On a considéré que ce parcours est constant.<br />

Or ce parcours est en réalité variable d'un essai à l'autre ;<br />

il dépend de la concentration en fines de la suspension<br />

par l'intermédiaire de R qui peut varier de 0 à 25 (cf.<br />

tableau I).<br />

L = Lfj-Ri<br />

— Lo est la valeur de L lorsque l'eau est dépourvue de<br />

toute matière en suspension,<br />

— 1 est la longueur d'une graduation de l'échelle du densimètre<br />

(4 mm).<br />

Selon la richesse en fines du matériau et la valeur de la<br />

masse de la prise d'essai, L peut atteindre 12 à 22 cm,<br />

alors qu'on admet qu'elle est de 17 cm. En choisissant<br />

un temps forfaitaire de chute de 30 s, les dimensions<br />

dont on mesure ainsi le pourcentage vont de 70 à 90 mm.<br />

C'est une source d'erreur qui peut être importante lorsque<br />

la courbe granulaire d'un matériau accuse une variation<br />

brusque au voisinage de ces diamètres. C'est l'explication<br />

que l'on peut donner de la non linéarité constatée<br />

sur la figure 7. Il faut de ce fait limiter la valeur de R à<br />

moins de 30 % en réduisant la taille de la prise d'essai<br />

lorsque le matériau testé apparaît visuellement très riches<br />

en fines.<br />

2) Une autre limitation importante de la méthode réside<br />

dans les difficultés de mise en dispersion des argiles à<br />

laquelle une minute d'agitation ne suffit souvent pas<br />

lorsque le matériau en contient beaucoup. Cet essai<br />

s'applique donc en priorité aux granuláis (sables, graves<br />

et gravillons) eu égard à leur faible pollution habituelle ;<br />

il convient ensuite au moins argileux des sols de terrassements<br />

(classes B et D de la RTR [4], où les argiles, en faible<br />

quantité, sont suffisamment distribuées pour ne pas<br />

se constituer en majeure partie en mottes, difficiles à disperser.<br />

Par un long trempage on améliore la mise en dispersion,<br />

mais ce serait au détriment de la rapidité de<br />

l'essai.<br />

CONCLUSION<br />

L'essai décrit dans cet article a pour but d'éviter, parmi<br />

les opérations de l'essai granulaire par tamisage actuel,<br />

celles qui sont plus longues et plus laborieuses.<br />

Il consiste en une association de trois principes, à savoir :<br />

— une méthode modifiée de sédimentation avec<br />

l'emploi d'un densimètre pour remplacer les tamisages<br />

fins;<br />

— les principes du picnomètre à eau et de la poussée<br />

d'Archimède pour se dispenser des séchages et des<br />

pesées.<br />

Le matériel nécessaire pour cet essai est relativement<br />

rudimentaire et peu coûteux, et ne fait pas appel à des<br />

techniques élaborées de physique et d'électronique.<br />

L'essai peut s'effectuer sans source de courant électrique.<br />

Il est particulièrement utile dans les situations où<br />

l'on ne dispose pas d'installation comportant courant<br />

électrique, étuves et balances.<br />

Le densimètre en matière plastique, incassable qui a été<br />

mis au point, constitue un des intérêts de cette étude. Il<br />

permet de réaliser un contrôle de la teneur en finespar<br />

tout ou rien en quelques minutes. On peut d'ailleurs<br />

envisager d'introduire ce densimètre dans le matériel de<br />

l'essai de sédimentométrie. Le densimètre en verre, trop<br />

fragile en constitue, actuellement, un gros inconvénient,<br />

Du fait des difficultés de mise en dispersion des fines<br />

argileuses, cet essai s'applique de préférence au moins<br />

argileux des matériaux c'est-à-dire aux granulats et aux<br />

sols B et D de la RTR.<br />

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

[1] Ein gerät zur schnellen Bestimmung von fein-Kornam in grobkörnigen<br />

Böden und Baustoften Hans Maas-Strasse und Autobahn,<br />

8/1967, Traduc. 81-T-8.<br />

[2] Mode opératoire LCPC. Analyse granulométrique par sédimentométrie.<br />

[3] TOURENQC, DENIS A., Les essais de granulats, Rapp. rech.<br />

LPC, 114.<br />

[4] SETRA. LCPC. Recommandation pour les terrassements <strong>routiers</strong>.<br />

janv. 1976.<br />

47


TERRflSSEfïïEfïïS ROUTIERS<br />

Application de la Recommandation<br />

pour les terrassements <strong>routiers</strong><br />

sur des chantiers de faible importance<br />

Constatations<br />

RÉSUMÉ<br />

L'article se rapporte aux constatations effectuées<br />

sur l'application de la Recommandation<br />

pour les terrassements <strong>routiers</strong> (RTR) sur des<br />

chantiers de terrassements de faible importance<br />

(45 000 à 100 000 m 3 ).<br />

Les six chantiers retenus sont situés dans la<br />

zone d'action du Laboratoire de Toulouse.<br />

Ils concernent des travaux de terrassements<br />

effectués avec des matériaux de classe A2, B^,<br />

C 1 ;C 2 )C3,D4 etE 3.<br />

Sur quatre des six chantiers, la nature des<br />

matériaux ne permettait pas d'effectuer un<br />

contrôle par mesure de la densité en place et<br />

la méthode de contrôle en continu s'est avérée<br />

particulièrement bien adaptée. Elle était la seule<br />

capable d'apporter au maître d'œuvre des<br />

éléments pour s'assurer de la qualité des travaux.<br />

L'application de la RTR, au niveau des conditions<br />

de compactage, permet d'exiger dès le<br />

début du chantier que l'entreprise dispose d'un<br />

matériel de compactage bien adapté.<br />

L'analyse des résultats obtenus (valeur Q/S<br />

objectif / Q/S réalisé) a montré que sur de tels<br />

chantiers, ce matériel est souvent surdimensionné<br />

pour le débit de matériau à mettre en<br />

œuvre journellement.<br />

La connaissance permanente des caractéristiques<br />

géotechniques des matériaux est indispensable.<br />

Elle nécessite de disposer d'une étude<br />

géotechnique préalable et d'affecter en permanence<br />

une personne (minimum) sur le chantier<br />

pour contrôler les différentes modalités d'application<br />

de la RTR prévues au CCTP.<br />

L'analyse des différentes rédactions de prescriptions<br />

fait apparaître toutefois qu'un effort<br />

est encore à faire à ce niveau pour bien prendre<br />

en compte cette recommandation et surtout<br />

éviter de spécifier simultanément les résultats<br />

à obtenir et les moyens pour y parvenir.<br />

Enfin, il a été constaté que la prise en compte<br />

des conditions météorologiques au moment du<br />

chantier avait une incidence essentiellement<br />

sur les problèmes de traficabilité et de déformabilité<br />

de plate-forme.<br />

Si, dans l'ensemble, l'application de cette<br />

méthode n'a pas soulevé de problèmes et a fait<br />

l'unanimité des maîtres d'œuvre, il faut signaler<br />

qu'elle nécessite de la part des laboratoires un<br />

gros ^ effort d'information et de formation<br />

auprès des intervenants (maître d'œuvre et<br />

entreprises).<br />

MOTS CLÉS : 51 - Terrassement - Application<br />

(usage) - Recommandation • France - Contrôle -<br />

Continu - Compactage - Chantier - Matériel de<br />

Travaux publics - Climat - Remblai.<br />

José PUIG<br />

Chef de la section Géologie - <strong>Terrassements</strong><br />

Laboratoire régional de Toulouse<br />

Ghlslaln VÉRON<br />

Responsable de la mission <strong>Terrassements</strong><br />

Division <strong>Terrassements</strong>-Chaussées-Eau-Nuisances<br />

Centre d'Etudes techniques de l'Equipement de Bordeaux<br />

La Recommandation pour les terrassements <strong>routiers</strong> (RTR)<br />

de 1976 [1] a déjà fait l'objet d'un certain nombre de constatations<br />

quant à son application sur des chantiers de terrassements<br />

importants [2,3,4].<br />

Sur les chantiers de terrassements de faible importance<br />

(45 000 à 100 000 m 3 ), on ne disposait ni de constatations<br />

concernant la conduite de chantier, ni de réflexions sur les<br />

dispositions contractuelles liées à l'application de la RTR.<br />

L'article se propose de faire le point sur cette application en<br />

s'appuyant sur six chantiers de terrassements de moyenne à<br />

faible importance, pour lesquels la mise en place du processus<br />

de contrôle en continu et son suivi ont été assurés sous la<br />

responsabilité du Laboratoire régional de Toulouse.<br />

Au plan contractuel, une réflexion portant sur l'analyse des<br />

dispositions retenues pour l'application de la RTR a été<br />

faite en collaboration avec la Division terrassements et<br />

chaussées du CETE de Bordeaux. Cette étude avait pour<br />

objectif de démontrer que l'application de la RTR ainsi que<br />

la manière de poser et de traiter les problèmes de terrassement<br />

ne sont pas réservées aux gros chantiers du type autoroute,<br />

et que cette démarche est applicable quelle que soit la<br />

taille du chantier.<br />

PRESENTATION DES CHANTIERS<br />

Situation<br />

Les six chantiers retenus sont tous situés dans la zone<br />

d'action du Laboratoire régional de Toulouse. Quatre chantiers<br />

sont implantés dans l'agglomération toulousaine (rem-<br />

61<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. -121 - sept.-oct. 1982 - Réf. 2652


lai d'accès au viaduc de Lalande, pénétrante Nord,<br />

liaison RN 88 - CD 112) ou dans son environnement<br />

immédiat (déviation du CD 57), les deux autres dans<br />

deux départements différents : l'Aveyron (RN 9) et<br />

l'Aude (déviation de Labastide d'Anjou).<br />

Cadre géologique et géotechnique<br />

L'ensemble des réalisations a fait l'objet d'études géotechniques<br />

plus ou moins importantes.<br />

Pour les tracés ne comportant pas de déblais, l'étude a<br />

surtout porté sur les problèmes de fondations<br />

d'ouvrage ou de sols de fondation du futur remblai<br />

(zones plus ou moins compressibles, par exemple).<br />

L'étude géotechnique des emprunts est souvent très<br />

partielle ; il s'agit le plus souvent d'une identification<br />

sur un seul échantillon.<br />

Dans le cas de tracés comportant des déblais et autorisant<br />

un équilibre déblai-remblai, l'étude géotechnique<br />

des sols a été réalisée. Suivant la nature des terrains<br />

rencontrés, cette étude a été plus ou moins détaillée.<br />

Les tableaux I et II donnent le détail des études et les<br />

caractéristiques des matériaux utilisés en remblai,<br />

déduites de l'étude géotechnique, ainsi que les principales<br />

données quantitatives (volume total, volume<br />

réalisé par jour, durée des travaux, moyens mis en<br />

place pour le contrôle, etc.).<br />

Excepté pour les matériaux de remblai de la pénétrante<br />

Nord, où le projet s'appuie sur une étude très<br />

complète d'un gisement alluvionnaire, on ne disposait<br />

pas au moment des travaux de données suffisantes<br />

pour fixer dès le départ du chantier les conditions de<br />

réutilisation et de compactage des matériaux de remblai.<br />

La nature et les critères d'état sont déterminés par des<br />

essais dont le temps de réponse est en général assez<br />

long. Des études géotechniques préalables, ayant pour<br />

objet de définir les différentes natures de sols et leur<br />

état dans les emprunts auraient permis de disposer à<br />

l'avance des caractéristiques des matériaux, sous<br />

réserve de vérification de la teneur en eau lors des travaux.<br />

De plus, lorsque le choix du matériau de remblai est<br />

laissé à l'initiative de l'entreprise, il est nécessaire que<br />

l'identification complète des matériaux d'emprunt<br />

proposés à l'agrément soit connue suffisamment à<br />

l'avance, ce qui exige de tenir compte du délai de<br />

réponse des essais.<br />

SPÉCIFICATIONS<br />

Le tableau III résume les principales dispositions contractuelles<br />

prévues au CCTP (cahier des clauses techniques<br />

particulières) et relatives :<br />

— aux conditions d'utilisation des sols,<br />

— au mouvement des terres,<br />

— à l'exécution des remblais.<br />

Les différentes dispositions retenues, critiquables ou<br />

non, n'ont pas soulevé de problèmes au moment de<br />

l'exécution.<br />

De l'analyse des différents CCTP, il apparaît cependant<br />

nécessaire de formuler un certain nombre de<br />

remarques afin d'aboutir à la rédaction de spécifications<br />

compatibles avec une définition claire et précise<br />

des responsabilités de l'entrepreneur sans pour cela lui<br />

imposer des contraintes inutiles.<br />

Ces remarques s'appuient sur l'enquête effectuée en<br />

collaboration avec la Division terrassements et chaussées<br />

du CETE, auprès des maîtres d'œuvre à la fin des<br />

travaux.<br />

Pour une définition claire des clauses contractuelles, il<br />

apparaît souhaitable de suivre les règles simples suivantes<br />

:<br />

— classer les sols distingués dans le profil géotechnique<br />

selon les critères de la RTR et faire référence à<br />

cette dernière pour de nouveaux sols découverts à<br />

l'exécution le cas échéant ;<br />

— préciser dans un tableau les conditions d'utilisation<br />

des sols en fonction de leur nature, de leur état et des<br />

conditions météorologiques à l'exécution, que le maître<br />

d'œuvre impose à l'entrepreneur. (En règle générale,<br />

les conditions météo sont absentes des dossiers<br />

examinés, il n'y a pas non plus de dossier météo) ;<br />

— indiquer clairement à l'entrepreneur l'ensemble des<br />

contraintes supplémentaires dont il devra tenir<br />

compte dans l'établissement de son plan de mouvement<br />

des terres ;<br />

— définir la méthode retenue pour le contrôle du<br />

compactage (soit par densité, soit par contrôle en continu).<br />

La première constitue un contrôle de résultats, alors<br />

que la seconde consiste à contrôler les modalités<br />

d'exécution prescrites au CCTP.<br />

Sur le plan contractuel, il convient de ne pas imposer,<br />

pour une même classe de matériaux, à la fois les résultats<br />

à obtenir et les modalités d'utilisation des engins<br />

de mise en œuvre (régalage et compactage).<br />

MISE EN PLACE DE LA PROCÉDURE<br />

DE CONTRÔLE<br />

Présentation de la méthode<br />

Avant toute mise en place de la méthode du contrôle<br />

en continu, on doit procéder à une réunion de présentation<br />

et d'information. Cette première phase est primordiale,<br />

elle doit être conduite avec le maître<br />

d'œuvre et tous les responsables de chantier (maître<br />

d'œuvre, entreprise, laboratoire) qui seront effectivement<br />

affectés au chantier pendant la durée des travaux.<br />

Il importe de bien préparer et présenter cette information,<br />

ce qui conditionne pour beaucoup le sérieux avec<br />

lequel les surveillants de chantier appliqueront cette<br />

méthode. Il faut cependant considérer qu'en principe<br />

62


Désignation du chantier Caractéristiques générales<br />

Déviation de Labastide<br />

d'Anjou<br />

Calibrage et rectification<br />

RN 9<br />

Remblai d'accès au<br />

viaduc de Lalande<br />

Déviation du CD 57<br />

<strong>Terrassements</strong><br />

préliminaires de<br />

l'autoroute pénétrante<br />

Nord de Toulouse<br />

Ville de Toulouse,<br />

liaison RN 88 - CD 112<br />

Tracé en déblai.<br />

Remblai (1 ouvrage d'art)<br />

dans la molasse de<br />

Castelnaudary.<br />

Tracé en déblai.<br />

Remblai.<br />

Remblai d'accès à un<br />

ouvrage.<br />

Phase préparatoire pour<br />

réaliser la plate-forme de<br />

construction de l'ouvrage.<br />

Tracé à niveau ou en<br />

remblai, sur les alluvions<br />

fines de l'Hers.<br />

Tracé à niveau ou en<br />

remblai, sur les alluvions<br />

de Garonne et sur<br />

d'anciennes gravières<br />

remblayées de matériaux<br />

divers.<br />

Phase concernant le<br />

remblaiement avec mise<br />

en place d'une surcharge<br />

dans les zones<br />

compressibles.<br />

Tracé à niveau ou en<br />

remblai sur les alluvions<br />

de l'Hers ou les alluvions<br />

de Garonne.<br />

TABLEAU I - Données qualitatives<br />

TRACE EMPRUNT NATURE SOLS<br />

Etude géotechnique<br />

— moyens<br />

— consistance<br />

Géophysique (sismique de<br />

surface).<br />

Sondages mécaniques.<br />

Identifications.<br />

Profil en long<br />

géotechnique.<br />

Classification des sols<br />

rencontrés par déblais.<br />

Etude de stabilité des<br />

talus de déblais.<br />

Etude de fondation<br />

d'ouvrage d'art et<br />

reconnaissance du sol de<br />

fondation.<br />

— Sondages +<br />

identifications<br />

— Pressiomètre<br />

Sondages mécaniques.<br />

Identifications.<br />

Profil en long<br />

géotechnique du sol de<br />

fondation.<br />

Etude des fondations des<br />

2 ouvrages d'art (1 sur le<br />

canal, l'autre sur<br />

l'autoroute A 61 section<br />

Toulouse-Villefranche).<br />

Géophysique (électrique).<br />

Sondages mécaniques.<br />

Pénétromètre statique.<br />

Profil en long des sols en<br />

place.<br />

Etude de tassements et de<br />

stabilité de talus de<br />

remblai (zones<br />

compressibles).<br />

Sondages mécaniques.<br />

Identifications.<br />

Profil en long<br />

géotechnique du sol de<br />

fondation.<br />

Etude géotechnique<br />

— consistance<br />

Emprunt de matériau<br />

pour chaussée ayant fait<br />

l'objet d'une étude de<br />

gisement très complète<br />

dans le cadre des travaux<br />

de l'A 61.<br />

Matériau de surface mis<br />

en stock et réservé aux<br />

remblais.<br />

Reconnaissance sommaire<br />

par sondages mécaniques<br />

et identifications d'un<br />

gisement situé à proximité<br />

du tracé, dans les<br />

formations alluviales de<br />

l'Hers (sols fins argileux)<br />

reposant sur la molasse<br />

tolosane.<br />

Etude sommaire<br />

(sondages à la pelle<br />

mécanique).<br />

Identifications de<br />

gisements pour briqueterie<br />

(graves argileuses de<br />

terrasses anciennes de la<br />

Garonne).<br />

Caractéristiques des<br />

matériaux pouvant être<br />

déduites de l'étude<br />

E 3<br />

-A 2<br />

B 6<br />

Avec problèmes de venues<br />

d'eau dans les déblais.<br />

C t<br />

(matériau de couverture)<br />

Nature des matériaux<br />

rocheux fonction des<br />

moyens d'extraction,<br />

difficile à prévoir.<br />

Caractéristiques du<br />

matériau du remblai fixées<br />

au CCTP.<br />

Sols de classe C.<br />

L'indisponibilité de<br />

l'emprunt n'a pas permis<br />

d'utiliser les résultats de<br />

l'étude.<br />

Caractéristiques du<br />

matériau de remblai<br />

déterminées à l'avancement<br />

des travaux en fonction des<br />

lieux de provenance.<br />

Caractéristiques du<br />

matériau de remblai fixées<br />

au CCTP.<br />

Sols de classe C.<br />

Sol de fondation de la<br />

chaussée dans les zones à<br />

niveau A 2<br />

- C 2<br />

.<br />

Caractéristiques du<br />

matériau de remblai fixées<br />

au CCTP, sol de classe A,<br />

B ou C.<br />

Caractéristiques du<br />

matériau déterminées à<br />

l'avancement.<br />

cette action n'est à faire qu'un nombre limité de fois<br />

(une seule fois le plus souvent), le temps que la<br />

méthode soit bien comprise et admise par tous les<br />

membres de l'équipe. En général, l'opération ne sera<br />

répétée pour d'autres chantiers que dans le cas où les<br />

partenaires sont nouveaux, cela pouvant surtout se<br />

produire pour les entreprises.<br />

L'information proprement dite doit porter sur les<br />

principaux points suivants :<br />

— Explication de la démarche RTR [1] et de sa traduction<br />

pratique au niveau du marché<br />

La lecture et l'explication des clauses concernant le<br />

contrôle en continu, contenues dans le CCTP, sont<br />

toujours bénéfiques. Le CCTP est le support indispensable<br />

à la traduction pratique des principes généraux<br />

de la méthode.<br />

— Rôle et obligation des différentes parties<br />

Il s'agit de préciser les tâches principales à effectuer et<br />

de savoir qui en sera chargé, à savoir :<br />

— équipement des engins de compactage et entretien<br />

du matériel (entreprise) ;<br />

63


Désignation du<br />

chantier<br />

Quantités de matériaux terrassés<br />

Déblais ou<br />

emprunts<br />

(m')<br />

Remblai<br />

(m>)<br />

TABLEAU II - Données quantitatives<br />

Durée et période<br />

des travaux de<br />

terrassement<br />

Déviation de 77 600 (déblais) 47 000 3 mois du<br />

Labastide d'Anjou<br />

18 juil. au<br />

14 oct. 77<br />

Calibrage et rectification<br />

RN 9<br />

Remblai d'accès<br />

au viaduc<br />

de Lalande<br />

Déviation du CD<br />

57<br />

<strong>Terrassements</strong> préliminaires<br />

de<br />

l'autoroute pénétrante<br />

Nord de<br />

Toulouse<br />

Ville de Toulouse,<br />

liaison<br />

RN88-CD 112<br />

11 000 (déblais)<br />

C3,D4<br />

65 000<br />

C2 et D3<br />

d'emprunt<br />

Emprunt de classes<br />

A2, A3 et B6<br />

90 000 (sur un<br />

total de 270 000<br />

surcharge comprise).<br />

Emprunt<br />

homogène de<br />

classe C2<br />

Emprunt homogène<br />

de classe C2<br />

pour le remblai<br />

accès à l'ouvrage<br />

(emprunt Gélis).<br />

Mat. A2 et C2 sol<br />

en place (compactage<br />

plate-forme)<br />

65 000 Durée totale des<br />

travaux 1 an<br />

à compter<br />

de mai 1978.<br />

Temps terras,<br />

estimé à 4 mois<br />

65 000 4 mois de mai à<br />

fin août 78<br />

67 000 dont<br />

16 000 de<br />

déblais réemployés<br />

16 août au<br />

7 nov. 77, soit<br />

presque 3 mois<br />

90 000 Nov. 77 à oct.<br />

78, soit presque<br />

13 mois pour le<br />

remblai (surcharge<br />

non<br />

comprise)<br />

50 000 Juin à sept.<br />

78<br />

Débit<br />

moyen<br />

journalier<br />

(mVj)<br />

1 300 à<br />

1 400<br />

930, extrêmes<br />

200 à<br />

2 500<br />

1 500/<br />

1 600<br />

Coût des terrassements<br />

par rapport<br />

au coût total<br />

(% du marché)<br />

Laboratoires, personnels et<br />

moyens de contrôle (mois)<br />

Ing. TS Tech. Camion<br />

Labo.<br />

Observations<br />

" 8 0,25 0,5 2,5 2,5 Ne sont pas<br />

inclus dans<br />

les coûts de<br />

contrôle ceux<br />

du contrôle<br />

du traitement<br />

de la couche<br />

de forme.<br />

= 64 0,25 0,25 2 2 Coût<br />

d'extraction<br />

du matériau<br />

important<br />

(extraction à<br />

l'explosif).<br />

» 16 0,25 1 Les matériaux<br />

d'emprunt<br />

étaient transportés<br />

sur<br />

16 km en<br />

moyenne. Le<br />

coût transport<br />

représente<br />

70 %<br />

de la dépense<br />

du poste terras.<br />

Nombreuses<br />

interruptions<br />

des<br />

travaux.<br />

1 200 = 23 0,25 1 2<br />

1 800 Marché de terrassement<br />

uniquement<br />

1 500 à<br />

1 700<br />

0,25 1,5 Distance de<br />

transport des<br />

matériaux<br />

d'emprunt de<br />

15 km. Délais<br />

très larges,<br />

car durée disponible<br />

pour<br />

les travaux<br />

très importante.<br />

Pour la<br />

totalité des<br />

travaux 148 j.<br />

de travail et<br />

83 j.<br />

intempéries.<br />

= 15 0,25 0,75 Coût de contrôle<br />

du traitement<br />

de la<br />

couche de<br />

forme non<br />

compris.<br />

— définition des conditions de mise en œuvre (e et<br />

Q/S) en fonction de la nature et de l'état du matériau<br />

(maître d'œuvre + laboratoire, grille de décision) ;<br />

— mesure du volume du matériau compacté (entreprise)<br />

;<br />

— exploitation des disques d'enregistrement (maître<br />

d'œuvre) ;<br />

— vérification de l'effort de compactage (Q/S et tolérances)<br />

(maître d'œuvre).<br />

Enfin, il faut arrêter à cette réunion les moyens à mettre<br />

en œuvre pour le suivi du chantier en ne perdant<br />

pas de vue l'objectif de qualité pour lequel le maître<br />

d'œuvre est entièrement responsable.<br />

64


TABLEAU HI - Principales dispositions contractuelles prévues au CCTP et relatives à :<br />

Désignation du<br />

chantier<br />

Déviation de<br />

Labastide<br />

d'Anjou (Aude)<br />

Calibrage et rectification<br />

RN 9<br />

(Aveyron)<br />

Remblai d'accès<br />

au viaduc de<br />

Lalande (Haute-<br />

Garonne)<br />

Déviation du<br />

CD 57<br />

(Haute-Garonne)<br />

<strong>Terrassements</strong><br />

préliminaires de<br />

l'autoroute pénétrante<br />

Nord de<br />

Toulouse (Haute-<br />

Garonne)<br />

Ville de Toulouse,<br />

liaison RN 88 -<br />

CD 112 (Haute-<br />

Garonne)<br />

Identification des<br />

sols<br />

Conforme à la<br />

RTR<br />

Conforme à la<br />

RTR<br />

Conforme à la<br />

RTR<br />

Conforme à la<br />

RTR<br />

Conforme à la<br />

RTR<br />

Conforme à la<br />

RTR<br />

Conditions d'utilisation<br />

des sols<br />

Conditions figurant<br />

dans un<br />

tableau et conformes<br />

à la RTR<br />

Conditions figurant<br />

dans un<br />

tableau et conformes<br />

à la RTR<br />

Pas de tableau des<br />

conditions d'utilisation<br />

des sols au<br />

CCTP<br />

Conditions figurant<br />

dans un<br />

tableau du CCTP<br />

Pas de tableau des<br />

conditions d'utilisation<br />

des sols au<br />

CCTP<br />

Conditions d'utilisation<br />

très limitées,<br />

précisées<br />

dans le CCTP<br />

Mouvement des<br />

terres<br />

Etabli par entrepreneur<br />

soumis au<br />

maître d'oeuvre<br />

Etabli par entrepreneur<br />

soumis au<br />

maître d'oeuvre<br />

Les matériaux<br />

provenaient en<br />

totalité<br />

d'emprunts et<br />

étaient mis en<br />

remblai<br />

Etabli par entrepreneur<br />

et soumis<br />

au maître d'oeuvre<br />

Les matériaux<br />

provenaient<br />

d'emprunts<br />

Les matériaux<br />

provenaient en<br />

majorité<br />

d'emprunts<br />

Méthode envisagée<br />

pour le contrôle<br />

du compactage<br />

Méthode du contrôle<br />

en continu<br />

Méthode du contrôle<br />

en continu<br />

A la fois contrôle<br />

par densité et contrôle<br />

en continu<br />

Méthode du contrôle<br />

en continu<br />

A la fois contrôle<br />

par densité et contrôle<br />

en continu<br />

Méthode du contrôle<br />

en continu<br />

Responsabilité<br />

des contrôles<br />

— Identification<br />

— Compactage<br />

— Portance<br />

Assurés par le<br />

maître d'œuvre à<br />

ses frais<br />

Assurés par le<br />

maître d'oeuvre à<br />

ses frais<br />

Effectués par un<br />

« contrôleur » de<br />

qualité désigné par<br />

le maître d'oeuvre<br />

Assurés par le<br />

maître d'oeuvre à<br />

ses frais<br />

Effectués par un<br />

«contrôleur» de<br />

qualité désigné par<br />

le maître d'oeuvre<br />

Identification des<br />

mat. à la charge<br />

de l'entreprise et<br />

soumise pour<br />

agrément au MO ;<br />

contrôle compactage<br />

et portance<br />

assurés par MO à<br />

ses frais<br />

Agrément du<br />

matériel de<br />

compactage<br />

(compacteur,<br />

compteur)<br />

Installation compteur<br />

imposée au<br />

CCTP et contrôles<br />

par densités aux<br />

frais entrepreneur<br />

en cas d'absence<br />

Liste des engins et<br />

compteur sur compacteur<br />

soumis au<br />

visa du MO<br />

Installation du<br />

compteur imposée<br />

au CCTP<br />

Installation compteur<br />

imposée au<br />

CCTP et contrôles<br />

aux frais entrepreneur<br />

en cas<br />

d'absence<br />

Installation de<br />

compteur prévue<br />

au CCTP et contrôle<br />

aux frais<br />

entrepreneur en<br />

cas d'absence<br />

Installation compteur<br />

prévue CCTP<br />

et contrôle aux<br />

frais entrepreneur<br />

en cas d'absence.<br />

Planches d'essai<br />

prévues éventuellement<br />

aux frais<br />

entrepreneur<br />

On doit insister sur le rôle du laboratoire qui doit, surtout<br />

en début de chantier, soutenir le personnel de<br />

contrôle et de surveillance de chantier dans son appréciation<br />

de la qualité de l'ouvrage.<br />

Mise en place pratique de la procédure de contrôle<br />

Il s'agit ici, à partir de la connaissance des caractéristiques<br />

des matériaux, de traduire concrètement sur un<br />

chantier donné, en fonction du matériel de compactage,<br />

les modalités pratiques d'application de la<br />

méthode de contrôle en continu.<br />

amont (avant la passation du marché par exemple), on<br />

dispose le plus souvent d'une étude suffisamment<br />

détaillée (cas d'étude de déblais dans le cadre d'une<br />

étude géotechnique de tracé, ou cas d'un emprunt<br />

effectivement spécifié pour les travaux).<br />

Dans ce cas, celle-ci servira de base à la détermination<br />

des différentes natures des matériaux et de leurs conditions<br />

d'utilisation en remblai. Il faudra lors des travaux,<br />

si nécessaire, déterminer leur position avec plus<br />

de précision dans l'espace (mouvement des terres)<br />

ainsi que leur état dans l'éventualité d'une fluctuation<br />

importante des teneurs en eau par rapport à l'étude.<br />

Détermination des caractéristiques des matériaux à<br />

mettre en œuvre<br />

Cette phase conditionne bien évidemment l'application<br />

correcte de la méthode, elle est indispensable à la<br />

fixation des seuils de réemploi par famille de sol rencontrée.<br />

Plusieurs cas peuvent se présenter.<br />

Premier cas : Si l'identification et le comportement<br />

des matériaux ont été effectués suffisamment en<br />

Pour ce faire, un personnel de laboratoire expérimenté<br />

(technicien supérieur ou technicien hautement<br />

qualifié en terrassements) est nécessaire, au moins au<br />

début. Son expérience lui permet d'identifier rapidement<br />

de visu les différentes natures de sols reconnues<br />

lors de l'étude et de préciser leur état par des mesures<br />

de teneurs en eau, et de former éventuellement le surveillant<br />

de chantier. Dans cette hypothèse, on a un<br />

délai de réponse rapide (1 heure au maximum) qui ne<br />

vient pas perturber la bonne marche du chantier.<br />

65


Second cas : Les matériaux sont spécifiés au CCTP<br />

comme devant répondre à des critères de classe<br />

(classe A, B ou C de la RTR, par exemple), mais ils ne<br />

sont connus qu'à l'ouverture du chantier ou même,<br />

suivant les disponibilités en matériau, au fur et à<br />

mesure de l'avancement des travaux.<br />

Dans ce cas, il est indispensable soit d'affecter en permanence<br />

sur le chantier un homme qualifié, susceptible<br />

sans trop de risques de « reconnaître et classer » de<br />

visu les matériaux mis en œuvre et de mesurer l'état<br />

du matériau (Wn), soit de procéder à l'identification<br />

préalable en laboratoire et à la réalisation d'essais de<br />

comportement.<br />

C'est le plus souvent cette seconde façon de procéder,<br />

limitant dans une large mesure les risques d'erreur,<br />

que nous avons retenue sur la plupart des chantiers<br />

contrôlés. Il faut alors savoir que dans ce cas, les<br />

délais de réponse sont' beaucoup plus longs (quelques<br />

jours à une semaine), mais non incompatibles à un<br />

bon déroulement des travaux, dans la mesure où la<br />

programmation établie par le maître d'œuvre les<br />

prend en compte.<br />

Etablissement de la grille de décision<br />

Les grilles de décision que nous avons mises en place<br />

sur chaque chantier correspondent aux différents couples<br />

«matériau-compacteur» rencontrés (fig. 1).<br />

Elles sont la traduction fidèle de la Recommandation<br />

pour les terrassements <strong>routiers</strong>. Le premier tableau<br />

donne les conditions générales de réemploi (Fascicule<br />

2 : Utilisation des sols en remblai et en couche de<br />

forme). C'est ici qu'éventuellement le maître d'œuvre<br />

peut signifier clairement un choix en ne retenant pas<br />

toutes les conditions générales prévues par la RTR.<br />

Bien que ces conditions soient présentées sous forme<br />

de code, l'expérience nous a montré (outre le fait que<br />

l'épaisseur, la teneur en eau du matériau et le nombre<br />

GRILLE DE<br />

DÉCISION<br />

Chantier<br />

matériau<br />

classe RTR<br />

Remblai<br />

Couche de forme<br />

Conditions de réemploi : Régalage - Compactage<br />

Evaluation de l'état du<br />

matériau Wn sur 0/20 mm<br />

^ \ Météo<br />

Cas \ .<br />

possible + + +<br />

Wn > 10 % C 2<br />

h non non 02 02<br />

Wn = 10 %<br />

10 < Wn < 8 C 2<br />

m non 02 02 02<br />

Wn = 8 %<br />

Wn < 8 % C 2<br />

s non 01 02 02<br />

+ arrosage<br />

Code Régalage Compactage<br />

0 pas d'indication particulière pas d'indication particulière<br />

1 couches minces compactage intense<br />

2 couches minces ou moyennes compactage moyen<br />

3 compactage faible<br />

Valeurs de e et Q/S remblai - Couche de forme<br />

Type de compacteur<br />

et classe<br />

Régalage<br />

Compactage<br />

e Q/S Passes<br />

Rouleau vibrant 02 0,30* 0,05* 6<br />

v i a 01 0,30* 0,03* 10<br />

* avec D maxi < 200 mm<br />

Fig. 1 - Exemple de grille de décision.<br />

66


de passes du compacteur y sont portés en termes<br />

clairs) que les agents chargés de la surveillance du<br />

chantier les employaient sans difficulté.<br />

Il importe toutefois de bien présenter et expliciter ce<br />

document de chantier en donnant en particulier les<br />

modifications possibles par rapport aux valeurs fixées<br />

(par exemple, la procédure à suivre dans le cas de mise<br />

en œuvre en épaisseur plus faible que celle préconisée)<br />

et les limites acceptables dans chaque cas.<br />

Application sur le chantier<br />

Pour des chantiers de faible importance, il n'est pas<br />

toujours envisageable de mettre en place systématiquement<br />

en permanence un personnel de laboratoire.<br />

Les interventions du laboratoire sont indispensables<br />

au démarrage du chantier et, ensuite, elles peuvent<br />

être effectuées au coup par coup pour vérifier s'il n'y<br />

a pas de dérive. Celle-ci pouvant provenir suivant les<br />

cas :<br />

— de la mauvaise application des grilles de décision,<br />

— de la présence de matériaux nouveaux non identifiés<br />

préalablement.<br />

Dans la majorité des cas, le représentant du maître<br />

d'oeuvre sur le chantier a pour première tâche de<br />

déterminer l'état du matériau à mettre en œuvre pour,<br />

à partir de la grille de décision, préciser à l'entreprise<br />

les conditions de mise en œuvre.<br />

Sur les six chantiers ayant fait l'objet de constatations,<br />

seuls deux (Labastide d'Anjou et CD 57) ont<br />

nécessité une présence continuelle ou la visite journalière<br />

d'un personnel qualifié. Pour les quatre autres<br />

chantiers, la mise en œuvre s'est faite à partir d'un, ou<br />

au maximum de deux natures de matériaux bien identifiés<br />

au préalable. Le suivi était réalisé à la demande<br />

(dérive des conditions d'état) ou périodiquement pour<br />

s'assurer, en fonction des conditions réelles de mise en<br />

œuvre, qu'il n'y avait pas dérive risquant de venir<br />

modifier les instructions portées sur la grille de décision.<br />

En outre, au cours de ces visites, le laboratoire<br />

s'assure avec le maître d'œuvre que les conditions<br />

techniques relatives au fonctionnement des compacteurs<br />

(lestage, vitesse de déplacement, fréquence de<br />

vibration) sont toujours conformes à celles du<br />

départ [5].<br />

En ce qui concerne la vérification journalière de<br />

l'effort de compactage exprimé par le rapport Q/S,<br />

seul le maître d'œuvre qui, dans tous les cas de chantier,<br />

disposait d'un personnel affecté à la durée des<br />

travaux, pouvait être à même d'assurer ce suivi qui<br />

consiste, rappelons-le, à :<br />

— relever les disques d'enregistrement et les exploiter,<br />

— s'assurer que l'entreprise a pris les dispositions<br />

nécessaires pour fournir journellement les cubes de<br />

matériau mis en œuvre,<br />

— être suffisamment présent sur le chantier pour vérifier<br />

que l'effort de compactage est bien réparti.<br />

(CHANÎI ER RN 9 J [ SECTION = PR coop a u PK 7,000<br />

^(MARCMÉ-777177")f«^<br />

ORIGINE DES MATERIAUX<br />

EMPRUNT<br />

DEBLAI<br />

ZONE j PROFILS 1<br />

P. 134 au P.140<br />

NIVEAU j NIVEAU j<br />

Terrassement<br />

IDENTIFICATION<br />

NATURE<br />

incL~r«5ATrr»ur«r<br />

I<br />

EXTRACTION<br />

Pelle + camions<br />

MISE EN OEUVRE<br />

regalage au<br />

bull d 4<br />

DECISION<br />

D A T E :<br />

IS dërembre 1978<br />

HEURES 9 h. METEO temps<br />

pluvieux<br />

fCOMPACTEUR \<br />

BR0SS<br />

VP 20 d<br />

VP 20 d<br />

r^oDE j = j<br />

E W T R c H "<br />

-<br />

(CODE ) 0 3 3 0 1 2<br />

OBJECTIFS<br />

NOMBRE DE PASSES e = = g o,8o 7 J<br />

Q/S = 0.12<br />

D E S<br />

T!!i IÎ9N_PES MATERIAUX^<br />

A<br />

COUCHE DE FORME REMBLAI<br />

X<br />

PROFILS PROFILS f<br />

1<br />

DEPOT NIVEAU j<br />

P. 112 AU P.118<br />

I 1 ème couche<br />

VOLUME MIS EN ŒUVRE<br />

30 x 24 x 0,80 -<br />

576<br />

24 + 10 x 30 x 0,80 = 408<br />

x 30 x 0,80 = 264<br />

Total 1248<br />

1248 m 3<br />

SURFACE<br />

BALAYFF<br />

CLASSIFICATION<br />

y//////.<br />

C 3<br />

m<br />

Distance parcourue par le compat<br />

teur :<br />

709,500 - 653,600<br />

55,9<br />

10<br />

5,59<br />

Surface balayée par le compacteur<br />

:<br />

5590 x 1,98 = 11.068 m2<br />

La laboratori Subdivision<br />

L'Entroprlt*<br />

1I.068 m-<br />

Q/S RÉALISE = 0,11<br />

| CONCLUSIONS Compactage convenable<br />

O/S OBJECTIF _ j 09<br />

Q/S «ÉAUSÊ ~ ' '<br />

Fig. 2 • Exemple de feuille de contrôle du suivi et de la qualité du produit sur chantier.<br />

67


L'ensemble des éléments du contrôle de suivi et de la<br />

qualité du produit étaient reportés sur des feuilles du<br />

type de la figure 2.<br />

CONSTATATIONS SUR CHANTIERS<br />

Déviation de Labastide d'Anjou (Aude)<br />

Il s'agit d'un petit chantier dont le coût des terrassements<br />

est inférieur à 10 % du coût total des travaux.<br />

Les fortes précipitations enregistrées pendant les deux<br />

premiers mois des travaux, liées à un profil en long<br />

très défavorable, avec la présence en plein milieu du<br />

déblai d'un chantier d'ouvrage d'art empêchant une<br />

bonne évacuation des eaux, ont conduit à une augmentation<br />

importante des teneurs en eau des sols dont<br />

les valeurs initiales étaient déjà en moyenne supérieures<br />

à celles mesurées lors de la reconnaissance (fig. 3).<br />

La présence fréquente de matériaux trop humides et<br />

un volume excédentaire de déblais a permis de procéder<br />

à la mise en dépôt fréquente sans problèmes. Le<br />

contrôle en continu du compactage et les conditions<br />

de réutilisation des sols correctement précisées ont<br />

permis ainsi, lors de périodes critiques (teneur en eau<br />

élevée et pas d'évaporation), de limiter le réemploi et<br />

les cadences de l'entreprise, évitant ainsi certainement<br />

la mauvaise mise en œuvre de matériaux et la constatation<br />

à posteriori de résultats insuffisants.<br />

La Division terrassements et chaussées du CETE<br />

d'Aix-en-Provence a largement participé à la rédaction<br />

du CCTP. Sur le plan contractuel, les disposi-<br />

Fig. 3 - Caractéristiques des matériaux de la déviation de Labastide d'Anjou.<br />

ESSAI CB B<br />

Poinçonn ement irnm édiat<br />

Poinçonn ement aprè s 4 j d'imbi :>ition__<br />

/<br />

s*<br />

V—^<br />

'<br />

i<br />

1 1 i i 1<br />

8 10 12 14 16 18 20 22 w (%)<br />

50 20 10<br />

Fréquence<br />

2,00<br />

ESSAI PROCTOR NORMAL<br />

3 couches dame PN<br />

55 coups par couche<br />

\<br />

1,60<br />

-<br />

-<br />

90% X<br />

= 80%<br />

><br />

J<br />

s<br />

1 ' i t i i 1 I<br />

-i—l—i—i—i—i—i—i—i—r~<br />

4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 w (%) 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 w (%)<br />

68


tions prévues, liées ou non à l'application de la RTR,<br />

n'ont pas posé de problèmes.<br />

Rectification RN 9.<br />

Nature et état du matériau à la mise en œuvre.<br />

Le maître d'œuvre, favorable à la méthode du contrôle<br />

en continu, n'a pas rencontré par ailleurs de difficultés<br />

relatives à l'installation et à l'exploitation du<br />

compteur sur le compacteur.<br />

Le matériel de compactage était un compacteur à pieds<br />

dameurs, Caterpillar Tamping 815, classé PD 1 dans la<br />

RTR. L'utilisation de ce matériel, aux doubles fonctions<br />

de régalage et de compactage, a posé quelques<br />

problèmes pour la prise en compte de la distance réellement<br />

affectée au compactage.<br />

Il a été admis par les différentes parties de ne prendre<br />

en compte pour la détermination de S que la moitié de<br />

la distance totale parcourue en fin de journée. Cette<br />

décision découlant de la constatation suivante, facilement<br />

vérifiable sur les disques d'enregistrement, à<br />

savoir : la vitesse lors du régalage à la lame est toujours<br />

faible et le plus souvent inférieure à 4 km/h,<br />

valeur correspondant à plus de la moitié de celle normalement<br />

préconisée pour ce type d'engin de compactage.<br />

Fig. 4 - Matériau classé D4.<br />

Malgré le volume important prévu en dépôt dans<br />

l'équilibre déblai-remblai, un pourcentage élevé de<br />

sols dans l'état A 2h a été mis en œuvre avec un compactage<br />

faible. Ces conditions ne sont pas toujours<br />

compatibles avec les problèmes de circulation des<br />

engins de chantier.<br />

Cela a conduit le maître d'œuvre à réaliser un traitement<br />

de la plate-forme de terrassement (couche de<br />

forme 2 x 0,5 cm traitée à la chaux et au ciment) non<br />

prévu au marché, afin de pouvoir mettre en place la<br />

première couche de chaussée dans de bonnes conditions.<br />

Le choix au niveau du marché, qui consistait à ne pas<br />

retenir la solution «traitement» dans le cas de sols<br />

A 2 h, choix raisonnable si l'on prend en compte<br />

l'équilibre de terre très favorable et la période de travaux<br />

correspondant à la saison d'été, donc une bonne<br />

proportion de jours de travail avec une évaporation<br />

importante, a posé des problèmes au maître d'œuvre<br />

par suite des modifications des conditions initialement<br />

prévues. On peut noter que sur la durée des terrassements<br />

proprements dits (exécution des déblais et mise<br />

en remblai), il y a eu 11 jours d'arrêt de chantier pour<br />

35 jours de travail.<br />

Calibrage et rectification RN 9 (PK 0,00-PK 7,00)<br />

(Aveyron)<br />

La méthode de contrôle en continu envisagée pour ces<br />

travaux est particulièrement bien adaptée aux matériaux<br />

rencontrés, essentiellement de classe C et D<br />

(fig. 4 et 5).<br />

Toutefois, dans ce cas, la détermination de la classification<br />

des matériaux mis en œuvre ne peut être vraiment<br />

précisée qu'au moment des travaux. En effet, il<br />

Fig. 5 - Matériau classé C3 ou C2 (cas d'un fractionnement plus<br />

important ou d'une élimination des blocs >250 mm).<br />

s'agit de matériaux rocheux, extraits à l'explosif, pour<br />

lesquels la granularité est fonction des méthodes<br />

d'extraction, de la qualité et de la structure du massif<br />

rocheux.<br />

Deux possibilités sont offertes au laboratoire pour<br />

approcher au mieux la classe de sol :<br />

— classification « de visu »,<br />

— classification à partir d'essais suffisamment représentatifs.<br />

C'est la seconde méthode qui a été retenue. Il a été<br />

effectué une granulométrie sur camion à partir de<br />

deux prélèvements importants (3 à 4 tonnes de matériaux)<br />

représentatifs des matériaux rocheux rencontrés<br />

après extraction dans les déblais.<br />

Ce travail nécessitant un personnel et des moyens<br />

(bascules) importants ne peut être réalisé qu'en début<br />

69


de chantier pour quantifier au mieux les conditions<br />

d'utilisation.<br />

Il était en effet indispensable de préciser sur ce chantier<br />

la classe de sol pour régler au mieux les problèmes<br />

d'épaisseur de couche qui conditionnent dans une<br />

large mesure le déroulement du chantier (rendement<br />

du compacteur). Dans le cas extrême où l'on passe de<br />

la mise en œuvre d'un matériau de classe D 4 à la mise<br />

en œuvre d'un matériau de classe C3s, le rapport des<br />

rendements du compacteur, de classe V 4a, atteint la<br />

valeur de 1,6.<br />

Cela a conduit le laboratoire à effectuer des essais de<br />

comportement sur la fraction 0/20 de ces matériaux,<br />

afin de mieux apprécier ensuite par un suivi des<br />

teneurs en eau de cette fraction les conditions réelles<br />

d'état.<br />

Cette procédure, bien que peu explicitée dans la RTR<br />

nous a donné satisfaction et nous paraît indispensable<br />

à mettre en place dans le cas d'un chantier de ce type<br />

où l'on ne dispose pas en permanence de «l'homme<br />

qualité».<br />

La figure 6 donne les principales caractéristiques des<br />

matériaux et le détail des instructions « descriptives »<br />

pour chaque classe de sol à l'usage du personnel de<br />

surveillance (laboratoire départemental + surveillants).<br />

Les cadences de travaux relativement faibles ont permis<br />

aux deux entreprises adjudicataires de n'utiliser<br />

qu'un seul compacteur de puissance bien adaptée au<br />

matériau à mettre en œuvre (compacteur vibrant<br />

tracté V 4a en location).<br />

Nonobstant, l'élimination des éléments supérieurs à<br />

500 mm était indispensable pour le respect de l'épaisseur<br />

des couches, elle a été réalisée avec plus ou moins<br />

de problèmes par les deux entreprises. L'une d'entre<br />

elles a utilisé un maillage de trou de foration pour<br />

Fig. 6 • Caractéristiques des matériaux de la RN 9.<br />

70


l'extraction à l'explosif assez bien adapté, ne la conduisant<br />

que dans quelques cas (zones les plus indurées,<br />

calcaire dolomitique franc) à repousser lors du<br />

régalage les éléments > 500 mm hors de la plateforme.<br />

L'autre entreprise, travaillant dans une zone hétérogène<br />

et utilisant un maillage et un type d'explosif<br />

moins bien adaptés, a été amenée en début de chantier<br />

à mettre en dépôt, à partir d'un tri à l'extraction, les<br />

blocs de dimensions trop importantes (fig. 7). Par la<br />

suite, une modification de son plan de tir et de la<br />

nature de l'explosif lui a permis d'obtenir un matériau<br />

plus fractionné. Ces travaux de calibrage et rectification,<br />

comportant plusieurs zones de travail, ont obligé<br />

le compacteur à des déplacements fréquents sur ces<br />

différents sites. Ces conditions de réalisation ont compliqué<br />

l'application de la méthode de contrôle du<br />

compactage, principalement dans la saisie des paramètres<br />

Q et S (la largeur à compacter n'étant pas toujours<br />

supérieure à celle de la bille de l'engin). Quelques<br />

difficultés ont également été constatées dans le<br />

Fig. 7 • Chargement du déblai à la pelle, autorisant le tri et<br />

l'élimination des gros blocs (à droite de la photo).<br />

71


fonctionnement, le réglage et la maintenance du<br />

compteur qui s'est révélé fragile et de fiabilité médiocre,<br />

imposant lors des défaillances de ce dernier, un<br />

contrôle manuel (relevé des heures de marche de<br />

l'engin).<br />

Le maître d'œuvre et l'entrepreneur ont cependant<br />

souscrit pleinement à la méthode du contrôle en continu<br />

du compactage qui « clarifie la situation, définit<br />

la règle du jeu, précise les modalités d'exécution».<br />

Sur le plan contractuel, les dispositions prévues n'ont<br />

fait l'objet d'aucune difficulté. Quelques réserves ont<br />

été toutefois faites par les entreprises quant à l'insuffisance<br />

des éléments disponibles lors de la soumission<br />

pour leur permettre d'apprécier les conditions réelles<br />

d'extraction.<br />

Il faut enfin noter qu'au vu des matériaux et compte<br />

tenu de leur classification, le maître d'œuvre n'a eu<br />

aucune difficulté, avant le démarrage de la mise en<br />

remblai, à ne pas donner son agrément pour un compactage<br />

de caractéristiques insuffisantes, mal adapté<br />

aux conditions de mise en œuvre, compacteur de<br />

classe V 2 conduisant à limiter la granulométrie de<br />

mise en œuvre à un diamètre maximal de 250 mm<br />

(condition peu réaliste et incompatible avec le coût<br />

d'extraction et l'équilibre des terres), décision qu'il<br />

aurait eu grand-peine à faire appliquer en l'absence de<br />

la RTR.<br />

Remblai d'accès au viaduc de Lalande<br />

L'ouvrage à construire, dit «viaduc de Lalande», se<br />

situait dans l'opération de raccordement de l'autoroure<br />

A 61 à la pénétrante Nord de Toulouse. Les travaux<br />

de terrassements du projet consistaient à réaliser<br />

les remblais contigus à l'ouvrage, ainsi que l'aire de<br />

préfabrication des éléments de l'ouvrage. L'entreprise<br />

adjudicataire de l'ouvrage a également réalisé les terrassements<br />

prévus exclusivement à partir de matériaux<br />

d'emprunt.<br />

Les matériaux provenaient pour leur majorité de<br />

l'emprunt Gelis (graves argileuses alluvionnaires de la<br />

moyenne terrasse de la Garonne) (fig. 8) et partiellement<br />

(4 000 m 3 ) de la découverte graveleuse du gisement<br />

de La Ramée (emprunt pour matériaux de<br />

chaussée de l'A 61) (fig. 9). Ces deux matériaux<br />

avaient fait l'objet d'études géotechniques détaillées.<br />

Les remblais approvisionnés de classe C 2 étaient très<br />

sensibles à l'eau. Le suivi de leur état (Wn sur la fraction<br />

0/20), souvent très humide (sous-classe C2h), a<br />

conduit à des arrêts fréquents à la mise en œuvre.<br />

Ajoutez à cela l'insuffisance et la fluctuation en<br />

période favorable de la flotte de camions d'approvisionnement,<br />

le compacteur s'est révélé surdimensionné,<br />

le cube de remblai mis en œuvre journellement<br />

étant faible par rapport aux capacités de production<br />

du compacteur.<br />

En vérifiant alors que le compacteur travaillait en<br />

continu pour un matériau C 2m et un temps sec, on<br />

était assuré d'obtenir des valeurs Q/S largement plus<br />

faibles que celles préconisées, donc un compactage<br />

suffisant. Mais cette procédure s'avérait toutefois<br />

source de problèmes (matelassage) lorsque l'on mettait<br />

en œuvre des matériaux trop humides.<br />

Déviation du CD 57<br />

La réalisation de la majorité des remblais s'est faite à<br />

l'aide de matériaux de classe A 2 et A 3 provenant de<br />

deux emprunts différents. Ces matériaux ont été traités<br />

partiellement au ciment ou à la chaux sur décision<br />

du maître d'œuvre (dispositions prévues au CCTP).<br />

Ce traitement a pu être réalisé dans de bonnes conditions<br />

compte tenu de la présence toute proche du<br />

chantier autoroutier de l'A 61, autorisant une plus<br />

grande souplesse dans la livraison des liants —<br />

1 800 tonnes de liants ont été employées pour traiter<br />

les matériaux trop humides (fig. 10) — soit environ<br />

50 % du remblai.<br />

L'application de la Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong> s'est faite sur ce chantier sans problème<br />

majeur. Le maître d'œuvre également responsable<br />

du chantier précédent (viaduc de Lalande) a<br />

apprécié la méthode de contrôle en continu du compactage<br />

dans son ensemble ; sa principale critique a<br />

porté essentiellement sur la difficulté relative, quand<br />

le chantier de petite importance comporte plusieurs<br />

zones à compacter, d'affecter l'énergie de compactage<br />

réellement dépensée à chacune de ces zones (fig. 11).<br />

<strong>Terrassements</strong> préliminaires,<br />

Nord de Toulouse<br />

autoroute pénétrante<br />

Le marché prévoyait d'exécuter une partie des remblais<br />

de l'autoroute pénétrante Nord de Toulouse et<br />

72


Fig. 10 - Caractéristiques des matériaux du CD 57.<br />

PourY^r: 2,65<br />

Pour7 s= 2,65<br />

Poury = 2,65<br />

7d<br />

S. ESSA 1 PROCTC R NORM/<br />

yd<br />

. R<br />

1<br />

ÎSAI PROC TOR<br />

NOR MAL<br />

S. ESS Al PROCT OR NORM^<br />

2,00<br />

1,80<br />

W<br />

\<br />

\<br />

1,80<br />

\<br />

\ \ \<br />

w<br />

, — " ~ \<br />

W \<br />

1,80<br />

B 6<br />

1,60<br />

\<br />

X^s.<br />

s X,.<br />

s ^<br />

N<br />

1 ,60<br />

A 2<br />

\ \<br />

\<br />

N<br />

\ X v<br />

1 ,60<br />

s<br />

N<br />

X<br />

X<br />

X<br />

1 1<br />

1 1<br />

i I<br />

I I<br />

i i 1 1 1 1<br />

4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24<br />

W % W (%) W (%)<br />

ESSAI CBR<br />

Poinçonnement immédiat<br />

lp<br />

ESSAI CBR<br />

Poinçonnement immédiat<br />

ESSAI CBR<br />

Poinçonnement immédiat<br />

A 2 h A 3 m^U A 3 h_<br />

Fig. 11 - Exemple d'enregistrement montrant la<br />

complexité d'affectation (CD57). Une bonne<br />

utilisation de la plage «affectation» aurait<br />

permis de mieux suivre le travail du compacteur.<br />

Différentes<br />

affectations<br />

73


ESSAI CBR<br />

Poinçonnement immédiat<br />

lp 40<br />

-C-2 s C 2 m C2 h<br />

-> »——i 1 |—r 1 r—f—i 1<br />

4 5 6 7 8 9 10 11 12 w (%) (fraction 0/20)<br />

4 6 8 10 12 14 W (%)<br />

I I<br />

C2 S C 2 m C2 h<br />

Fig. 12 - Caractéristiques des matériaux de la pénétrante Nord de Toulouse.<br />

de mettre en œuvre une surcharge partielle et provisoire<br />

sur ces remblais : les matériaux nécessaires à la<br />

réalisation de ces travaux provenaient d'un emprunt<br />

homogène de sol de classe C 2 situé à 15 km du projet<br />

(le même que celui approvisionné sur le chantier de<br />

Lalande).<br />

Les remarques faites pour le remblai d'accès au viaduc<br />

de Lalande concernant le suivi de l'état du matériau<br />

sont les mêmes pour ce chantier (fig. 12).<br />

Les cadences d'approvisionnement ont varié de 1 000<br />

à 2 000 m en fonction des conditions météorologiques<br />

et du nombre de camions mis à disposition sur le<br />

3<br />

chantier. Le maître d'œuvre a constaté des pannes<br />

assez fréquentes du compteur installé sur le compacteur<br />

; il n'a pas signalé par ailleurs d'autres difficultés<br />

concernant l'application du contrôle en continu ou<br />

relatives aux dispositions contractuelles critiquables<br />

figurant au CCTP (voir ^Spécifications et tableau III).<br />

Liaison RN 88-CD 112<br />

Le remblai d'accès à l'ouvrage SNCF, seul point<br />

«dur» de la liaison partout ailleurs à niveau du terrain<br />

naturel, soit pour sa première partie dans les sols<br />

fins limoneux (A2), soit ensuite dans les graves argilosableuses<br />

(C2) n'a pas posé de problèmes majeurs<br />

fig. 13). Le CCTP, outre qu'il précisait bien la nature,<br />

sol de classe A, B ou C, et l'état (m ou s) que devraient<br />

avoir les matériaux fournis par l'entreprise, faisait<br />

obligation d'en donner les caractéristiques précises.<br />

La mise en œuvre à partir d'un matériau homogène<br />

aux mois de juin, juillet, août, avec des précipitations<br />

très inférieures à la moyenne, n'a nécessité que des<br />

interventions limitées du laboratoire pour caler l'état<br />

du matériau de temps en temps à partir des teneurs en<br />

eau de contrôle, par rapport aux études réalisées en<br />

laboratoire. Il faut ajouter que le personnel de surveillance<br />

de chantier du maître d'œuvre était particulièrement<br />

bien au fait de la méthode et fort compétent.<br />

74


ir<br />

tp<br />

ESSAI CBR<br />

Poinçonnement Immédiat<br />

40 1<br />

Fig. 13 - Caractéristiques des matériaux de la liaison RN 88-CD 112.<br />

PRISE EN COMPTE DES CONDITIONS<br />

MÉTÉOROLOGIQUES<br />

Pour l'application de la méthode de contrôle en continu<br />

sur le chantier, il ne faut pas perdre de vue que<br />

toute précipitation qui se produit entre le moment où<br />

le matériau est extrait et le moment où il est compacté<br />

a une incidence directe sur les conditions de réemploi.<br />

La grille de décision permet de connaître immédiatement<br />

les modifications éventuelles à apporter aux conditions<br />

de régalage et de compactage, mais encore<br />

faut-il avoir pu mesurer la teneur en eau du matériau à<br />

la mise en œuvre.<br />

De la même manière, des conditions d'évaporation<br />

très favorables liées à des méthodes de régalage particulières<br />

(par exemple matériau mis en œuvre à la niveleuse<br />

et remué plusieurs fois) peuvent conduire également<br />

à modifier la teneur en eau du matériau et nécessiter<br />

alors une adaptation des conditions de compactage.<br />

Hormis les problèmes liés à la détermination des jours<br />

d'intempéries, les conditions météorologiques peuvent<br />

donc être prises en compte sans difficulté pour<br />

l'application de la méthode. Deux cas se présentent :<br />

1. Prise en compte des conditions météorologiques<br />

antérieures aux jour et heures de la mise en œuvre.<br />

Dans ce cas, on a le plus souvent à préciser l'augmentation<br />

de la teneur en eau du matériau, due à la précipitation.<br />

2. Prise en compte des conditions météorologiques<br />

pendant la mise en œuvre. Ici, il s'agit d'appréhender<br />

l'évolution de teneur en eau susceptible d'intervenir<br />

par suite de conditions météo tendant à augmenter la<br />

teneur en eau (pluie) ou à la réduire (fortes evaporations).<br />

On se place bien sûr toujours dans les conditions de<br />

mise en œuvre autorisées par la RTR ; ainsi les instructions<br />

à donner aux surveillants sont toujours simples,<br />

elles portent le plus souvent sur une seule modification<br />

du nombre de passes du compacteur.<br />

75


Frequences<br />

d'après relèves M 0 ]<br />

X<br />

Chantiers<br />

Classes<br />

Compacteur<br />

Sols<br />

Labastide<br />

d'Anjou A2-B6 PD,<br />

l'avantage de «définir la règle du jeu, de limiter les<br />

incertitudes et de préciser à l'entrepreneur les conditions<br />

de réalisation en obligeant ledit maître d'œuvre<br />

à penser son chantier».<br />

4<br />

+ • • •<br />

• • • • T<br />

• X X X X X<br />

• RN 9 C3-D4<br />

A Lalande C2<br />

v 2<br />

• CD 57 A2 V2a<br />

* Pénétrante c 2<br />

V,a<br />

+ RN 88 C2 V2a<br />

Q/S Qb;«ctif<br />

Elle a permis, dans tous les cas, de définir les conditions<br />

d'emploi des matériaux de remblai et de s'assurer<br />

que les moyens de compactage étaient bien adaptés<br />

et suffisants.<br />

Pour tous les chantiers comportant des matériaux de<br />

type C ou D, c'est la seule méthode qui a pu apporter<br />

au maître d'œuvre les éléments indispensables pour<br />

juger de la qualité de ses remblais.<br />

Cette procédure de contrôle est à comparer à celle parfois<br />

employée et qui consiste à demander au laboratoire<br />

de procéder à un contrôle une fois le remblai terminé.<br />

TOLERANCES<br />

Q/S objectif<br />

Fig. 14 - Valeurs du rapport<br />

Q/S réalisé<br />

QUALITE DU REMBLAI<br />

Ç/S<br />

R^a(.ï«<br />

Excepté sur les chantiers où le laboratoire était présent<br />

en continu, le suivi du régalage était assuré par le surveillant<br />

de chantier. Le débit des engins étant partout<br />

largement compatible avec le volume de remblai mis<br />

en œuvre par jour, il n'a pas été constaté de dérive<br />

importante par rapport aux consignes fixées par le<br />

maître d'oeuvre à l'entreprise.<br />

L'effort de compactage a été globalement très satisfaisant<br />

(fig. 14). On constate même qu'il a été dans de<br />

nombreux cas surabondant. Si cela a peu d'importance<br />

dans le cas de matériaux secs et insensibles à<br />

l'eau (classe D 4 sur le chantier RN 9), cela peut par<br />

contre conduire à des résultats défavorables pour les<br />

sols fins humides (CD 57, déviation de Labastide<br />

d'Anjou). Le degré de saturation du matériau compacté<br />

est trop fort et on constate alors une chute de<br />

portance de la plate-forme, préjudiciable à la bonne<br />

mise en œuvre de la chaussée.<br />

L'exemple de la pénétrante est caractéristique du surdimentionnement<br />

des moyens de compactage par rapport<br />

au débit d'approvisionnement des matériaux.<br />

Bien sûr, dans ce cas on aurait pu limiter le temps de<br />

compactage, mais pour des raisons de simplicité et de<br />

«sécurité», le maître d'œuvre a préféré «laisser tourner<br />

le compacteur toute la journée ».<br />

BILAN<br />

L'application de la Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong> a permis de mettre en place une procédure<br />

de contrôle qui, au dire des maîtres d'œuvre, a<br />

Dans de tels cas, le laboratoire se trouve souvent<br />

devant l'alternative suivante :<br />

— soit refuser d'intervenir en expliquant qu'avec des<br />

moyens limités et peu coûteux il ne pourra pas fournir<br />

les éléments objectifs et suffisants pour juger de la<br />

qualité de l'ouvrage ;<br />

— soit procéder à des mesures ne renseignant que sur<br />

le comportement immédiat d'une plate-forme et<br />

n'apportant aucun élément pour juger de la qualité<br />

globale du remblai (surtout si, de surcroît, celui-ci est<br />

de hauteur non négligeable). Elles n'apporteront dans<br />

la majorité des cas aucun élément pour juger de la<br />

qualité du compactage et par conséquent du risque de<br />

tassement à long terme.<br />

En conclusion, il apparaît que la mise en application<br />

de la démarche de contrôle des tassements découlant<br />

de la RTR ne doit pas être réservée aux grands chantiers<br />

de type autoroute. Cette démarche est à notre<br />

sens adaptée, quelle que soit la taille du chantier. Elle<br />

nécessite l'adhésion complète des parties en présence<br />

et une parfaite connaissance (identification) des matériaux<br />

à mettre en œuvre.<br />

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

[1] SETRA-LCPC Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong>, fasc. 1-2-3, janv. 1976.<br />

[2] DIEZ R., L'autoroute des deux mers A 61, RGRA, 538,<br />

p. 21-26.<br />

[3] PETRONGARI J.-P., MOYNIER R., Application de la<br />

méthode (Q/S,e ) au contrôle du compactage des terrassements<br />

de l'autoroute A 42 dans la zone de Miribel-<br />

Jonage, RGRA, 549, p. 17-25.<br />

[4] HAVARD H., Utilisation de la méthode de contrôle continu<br />

des terrassements sur la bretelle Est du Mans, Bull,<br />

liaison Labo. P. et Ch., 103, sept.-oct. 1979, p. 75-79.<br />

[5] SCHAEFFNER M., BAUCHARD M., DEJONCHEERE G.,<br />

Méthode simple pour suivre le fonctionnement des compacteurs,<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch., 62, nov.-déc.<br />

1972, p. 22-26.<br />

76


TERRASSEmEflTS<br />

ROUTIERS<br />

Contrôle de l'exécution des remblais<br />

et des couches de forme<br />

Présentation du quatrième fascicule<br />

de la Recommandation pour les terrassements <strong>routiers</strong><br />

RÉSUMÉ<br />

Au cours des cinq dernières années, les moyens<br />

de résoudre les problèmes posés par le contrôle<br />

de l'exécution des remblais et des couches de<br />

forme se sont considérablement enrichis,<br />

notamment grâce aux éléments techniques<br />

relatifs aux conditions d'utilisation des sols<br />

publiés dans les trois premiers fascicules de la<br />

Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong> et grâce à la mise au point d'appareils<br />

de contrôle performants.<br />

Le 4e fascicule de cette recommandation a pris<br />

en compte ces apports récents et se veut un<br />

guide à l'intention des maîtres d'œuvre pour<br />

leur permettre de définir la procédure de<br />

contrôle la mieux adaptée aux particularités de<br />

chaque chantier.<br />

Il est principalement constitué de quatre<br />

parties. La première rappelle un certain nombre<br />

de considérations générales relatives à la nécessité<br />

du contrôle, à la responsabilité du maître<br />

d'oeuvre, au stade d'avancement des travaux où<br />

le contrôle doit s'exercer, etc.<br />

La seconde partie analyse les problèmes du<br />

contrôle du compactage, opération délicate<br />

mais capitale dans l'évaluation de la qualité<br />

d'un remblai. On fait notamment apparaître<br />

l'intérêt de la méthode basée sur la vérification<br />

des conditions d'emploi des compacteurs telles<br />

qu'elles sont définies dans les fascicules 2 et 3.<br />

La troisième partie est consacrée au contrôle de<br />

la déformabilité des plates-formes. Sur ce point,<br />

l'accent est mis sur les matériels de mesures<br />

performants (dynaplaque, déflectographe)<br />

existant actuellement pour résoudre ce<br />

problème.<br />

La quatrième partie récapitule les actions de<br />

contrôle spécifique aux opérations de traitement<br />

des sols en déplorant le peu de progrès<br />

réalisé depuis 10 ans dans ce domaine.<br />

Enfin, le fascicule est complété par deux<br />

annexes : l'une traitant de la surveillance de<br />

chantier et de son étroite imbrication avec les<br />

actions de contrôle, l'autre rappelant de<br />

manière très condensée les caractéristiques des<br />

principaux essais intervenant dans l'exécution<br />

du contrôle.<br />

Marc SCHAEFFNER<br />

Chargé de mission<br />

Division Géotechnique<br />

Géologie de l'ingénieur - Mécanique des roches<br />

Laboratoire central des Ponts et Chaussées<br />

MOTS CLÉS : 51 - Contrôle - Terrassement •<br />

Remblai - Couche de forme - Compactage •<br />

Résistance (mater.) - Déformation • Sous-sol -<br />

Traitement des sols • Chantier - Recommandation.<br />

77<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. • 121 • sept.-oct. 1982 - Réf. 2748


« Le contrôle est assez souvent un contrôle aveugle,<br />

qui ne garantit pas la bonne exécution des travaux ».<br />

C'est par cette formule assez crue, que les auteurs du<br />

cours de formation continue « terrassements », édité<br />

en 1971 par la Revue générale des Routes et des Aérodromes<br />

[1], entendaient attirer l'attention des maîtres<br />

d'oeuvre sur le degré de fiabilité qu'il convenait<br />

d'accorder au contrôle des terrassements <strong>routiers</strong>, tel<br />

qu'il était conçu et exécuté à l'époque.<br />

Il faut en effet se souvenir des nombreuses études<br />

publiées au début des années 1970 [2] et tout particulièrement<br />

des communications présentées au Symposium<br />

OCDE sur le contrôle de la qualité des ouvrages<br />

<strong>routiers</strong> d'Aix-en-Provence en 1970 [3, 4] qui démontraient<br />

l'impossibilité d'appliquer aux ouvrages de terrassements<br />

les principes du contrôle statistique de<br />

réception qui avait cependant largement fait ses preuves<br />

dans la fabrication industrielle.<br />

sols significatifs vis-à-vis de leurs conditions de mise<br />

en remblai ou en couche de forme (dimension maximale<br />

des gros éléments, °?o de fines, Ip, ES, état<br />

d'humidité relative, caractère évolutif, etc.).<br />

— Pour chaque classe ou sous-classe de sol ainsi distinguée<br />

et en fonction des conditions météorologiques<br />

au moment des travaux, énoncé des conditions d'utilisation<br />

conduisant à la réalisation d'ouvrage de qualité<br />

normale, ces conditions pouvant, dans le cas des remblais<br />

par exemple, porter sur le mode d'extraction,<br />

d'action sur la teneur en eau, de traitement ou technique<br />

d'amélioration, ainsi que sur les modalités de<br />

régalage et de compactage.<br />

— Enfin (du fait de l'interdépendance existant entre<br />

les modalités de régalage et de compactage exigées<br />

pour un sol donné et les caractéristiques des engins de<br />

compactage utilisés) proposition d'indications précises<br />

sur le mode d'utilisation des compacteurs, formulées<br />

à partir de deux valeurs chiffrées :<br />

Malgré les efforts développés par les ingénieurs des<br />

laboratoires des Ponts et Chaussées pour trouver des<br />

remèdes permettant de se rapprocher des conditions<br />

exigées par ce type de contrôle de réception (mise au<br />

point de matériels de mesure rapide de la densité en<br />

place [5], de la teneur en eau et de la densité de référence<br />

[6, 7] etc.), il est vite apparu qu'une réponse<br />

globale au problème du contrôle de la qualité des<br />

ouvrages de terrassements ne pourrait être apportée<br />

en poursuivant la réflexion uniquement dans cette<br />

voie. C'est d'ailleurs ce qu'exprimaient les auteurs du<br />

cours de formation continue déjà cité lorsqu'ils indiquaient<br />

: « Il n'est pas possible pour les terrassements<br />

de concevoir le contrôle seulement dans son sens le<br />

plus strict (à savoir la vérification, par des mesures,<br />

que les spécifications chiffrées du cahier des charges<br />

sont respectées)... C'est pourquoi, les praticiens de<br />

tous les pays estiment bien que le contrôle des terrassements<br />

doit nécessairement faire appel au jugement<br />

de l'ingénieur fondé à la fois sur des résultats de mesures<br />

et sur une observation visuelle du déroulement du<br />

chantier».<br />

On peut dire aujourd'hui que cette manière de considérer<br />

le contrôle de la qualité des terrassements est à<br />

l'origine des quatre fascicules de la Recommandation<br />

pour les terrassements <strong>routiers</strong> (RTR) qui sont actuellement<br />

publiés [8] et les a inspirés. En effet pour appliquer<br />

cette nouvelle conception du contrôle, il s'agissait<br />

tout d'abord de donner aux ingénieurs n'ayant<br />

pas une longue pratique des chantiers de terrassements<br />

les éléments techniques leur permettant d'estimer<br />

les risques encourus par l'emploi de telle ou telle<br />

technique de mise en œuvre des différents matériaux<br />

rencontrés en terrassement. C'est ce qui est proposé<br />

dans les fascicules 2 et 3 qui présentent sous une forme<br />

facilement assimilable et applicable en pratique,<br />

l'ensemble des conditions d'utilisation des sols aboutissant<br />

à la réalisation de remblais et de couches de<br />

forme de qualité suffisante. Rappelons que pour ce<br />

faire, on a adopté la démarche suivante [9] :<br />

— Etablissement d'une nouvelle classification des<br />

sols s'appuyant sur des critères de nature et d'état des<br />

• une valeur du rapport Q/S entre le volume Q du sol<br />

compacté pendant un temps donné et la surface S<br />

balayée par le compacteur pendant le même temps ;<br />

• une valeur e de l'épaisseur maximale de la couche<br />

pouvant être tolérée avec le compacteur envisagé.<br />

Tous ces éléments, publiés dès 1976, ont fait apparaître<br />

une nouvelle manière de percevoir et de traiter les<br />

problèmes de terrassement, tant au niveau des études<br />

et des marchés, qu'au niveau du suivi et du contrôle<br />

des travaux. Dans ce dernier domaine, en particulier,<br />

la méthode de contrôle découlant de la démarche RTR<br />

et appelée un peu restrictivement méthode Q/S (car<br />

elle ne doit pas se limiter à la vérification de ce seul<br />

paramètre, mais porter sur l'ensemble des conditions<br />

d'utilisation des sols préconisées dans la RTR) a progressivement<br />

convaincu un nombre croissant de maîtres<br />

d'œuvre et d'entrepreneurs responsables de<br />

grands, comme de petits chantiers, et plusieurs d'entre<br />

eux en ont rendu compte ces dernières années [10, 11,<br />

12].<br />

Une fois précisés, les éléments permettant à l'ingénieur<br />

de se faire une première opinion de la qualité des<br />

ouvrages à partir de l'observation directe du déroulement<br />

du chantier, il restait encore à l'éclairer sur le<br />

complément d'information qu'il pouvait attendre des<br />

résultats des mesures. En effet, il est certain qu'il<br />

existe des cas de chantier où le contrôle peut être<br />

conçu avec une part importante de mesures et d'autres<br />

au contraire où, les mesures sur les sols en place<br />

n'étant plus significatives ou non réalisables en pratique,<br />

il faut faire porter le contrôle sur la vérification<br />

des règles d'exécution aidé en cela par des moyens de<br />

mesure et d'enregistrement des conditions de fonctionnement<br />

des compacteurs (tachographes, compteurs<br />

horaires, pesons-bascules, etc.).<br />

L'objet du fascicule 4 de la RTR présenté ci-après est<br />

principalement de préciser les modalités de ce contrôle<br />

des règles d'exécution appelé ici «contrôle en continu»<br />

et de situer son champ d'application par rap-<br />

78


port au contrôle traditionnel fondé sur des mesures<br />

réalisées sur les sols mis en place. Cela a pu être mené<br />

à bien grâce aux nombreuses constatations réalisées<br />

ces dernières années sur une grande variété de chantiers<br />

de. terrassement, dont les responsables avaient<br />

décidé d'appliquer la nouvelle conception du contrôle<br />

déjà implicitement contenue dans les trois premiers<br />

fascicules de la RTR. En contrepartie, le fait d'avoir<br />

voulu s'appuyer sur des constatations faites dans des<br />

conditions réelles de chantier pour codifier le contrôle<br />

de l'exécution des remblais et des couches de forme<br />

dans un 4 e fascicule, explique le délai relativement<br />

long qui le sépare de la publication des trois premiers.<br />

LA NÉCESSITÉ DU<br />

CONTRÔLE<br />

Une première partie du fascicule est consacrée à différentes<br />

considérations d'ordre général, relatives au<br />

contrôle des travaux exécutés dans le cadre d'un marché<br />

en se référant aux documents officiels en vigueur<br />

[13].<br />

On rappelle notamment le principe de base selon<br />

lequel le maître d'oeuvre doit procéder au contrôle des<br />

prestations de l'entrepreneur, étant donné qu'il est<br />

responsable de la qualité des ouvrages vis-à-vis du<br />

maître d'ouvrage. Partant de là, le maître d'oeuvre<br />

doit donc concevoir une procédure de contrôle qui lui<br />

permette une évaluation suffisamment sûre de la qualité<br />

des travaux pour pouvoir garantir que les exigences<br />

de qualité des ouvrages fixées par le maître<br />

d'ouvrage sont effectivement respectées.<br />

Enfin, la procédure de contrôle choisie par le maître<br />

d'oeuvre doit pouvoir être formulée dans les pièces<br />

contractuelles, de manière à définir très clairement les<br />

responsabilités de l'entrepreneur sans lui imposer des<br />

contraintes inutiles qui entraveraient son efficacité.<br />

On attire ensuite l'attention sur les deux écueils qui<br />

guettent toute procédure de contrôle de travaux. Le<br />

premier est celui d'aboutir à des impasses dans le cas<br />

où les résultats du contrôle sont défavorables, impasses<br />

qui peuvent se situer sur plusieurs plans : financier,<br />

délai, responsabilité entre plusieurs entrepreneurs,<br />

technique... Le second écueil évoqué est celui<br />

d'un manque de validité technique et de faisabilité<br />

opérationnelle des mesures sur lesquelles s'appuie le<br />

contrôle.<br />

L'ensemble de ces considérations s'applique en fait au<br />

contrôle de la majorité des types d'ouvrages. Dans le<br />

cas des ouvrages de terrassements <strong>routiers</strong> en particulier,<br />

elles se traduisent par la nécessité d'une part de<br />

bien choisir les stades d'avancement des travaux<br />

auquel le contrôle doit être réalisé pour ne pas risquer<br />

d'aboutir aux impasses précitées. Différents éléments<br />

sont d'ailleurs donnés dans le document pour éclairer<br />

le maître d'oeuvre sur les caractéristiques des différents<br />

stades auxquels on peut envisager de faire porter<br />

le contrôle. Dans le cas du contrôle du compactage,<br />

notamment le tableau I résume ces différents éléments.<br />

En outre, en ce qui concerne la validité et la<br />

faisabilité des mesures de contrôle, pour le contrôle<br />

du compactage principalement, on attire l'attention<br />

du maître d'œuvre sur le fait qu'il n'existe pas toujours<br />

de moyens permettant de réaliser ces mesures à<br />

un stade d'avancement des travaux qui pourrait être<br />

jugé par ailleurs comme le plus opportun.<br />

Enfin, 1'« autocontrôle » ou contrôle effectué sous la<br />

responsabilité de l'entrepreneur n'a volontairement<br />

pas été évoqué dans le document, principalement<br />

parce que ce type de contrôle suppose que le maître<br />

d'œuvre puisse en vérifier la fiabilité selon une procédure<br />

contractuelle bien définie et techniquement fondée.<br />

Or, principalement pour le contrôle du compactage,<br />

imaginer une telle procédure est difficile, compte<br />

tenu de la variabilité des sols rencontrés, cela conduirait<br />

de toute façon à alourdir considérablement et inutilement<br />

la charge du contrôle. En revanche, il est toujours<br />

possible que le maître d'œuvre fasse appel, pour<br />

tout ou partie des tâches de contrôle, à des moyens de<br />

l'entreprise, mais il lui appartient, par tout moyen de<br />

son choix, de s'assurer de la qualité de la prestation<br />

fournie. S'il n'en est pas convaincu, il doit alors concevoir<br />

une autre procédure, faisant appel à d'autres<br />

moyens ; dans ce cas, il est clair que la charge de ces<br />

nouveaux moyens lui revient.<br />

LE CONTRÔLE DU<br />

COMPACTAGE<br />

Une opération délicate, mais capitale dans l'évaluation<br />

de la qualité des ouvrages <strong>routiers</strong><br />

On a déjà vu au travers de l'examen des considérations<br />

générales développées au début du fascicule 4,<br />

que le contrôle du compactage présentait un certain<br />

nombre de difficultés d'ordre technique et opérationnel.<br />

Il revient à la RTR d'avoir proposé une nouvelle<br />

méthode qui progressivement pourra s'appliquer à<br />

l'ensemble des matériaux terrassés et qui repose sur le<br />

contrôle en continu de leurs conditions de mise en<br />

œuvre. Rappelons que cette méthode implique :<br />

— d'avoir identifié le matériau mis en œuvre selon la<br />

nouvelle classification de la RTR ;<br />

— de connaître les conditions de mise en œuvre<br />

(méthode d'extraction particulière, action sur la<br />

teneur en eau, nécessité d'un traitement, etc.) requises<br />

pour le sol considéré (tirées du fascicule 2) ;<br />

— de connaître les conditions de régalage et de compactage<br />

du sol, compte tenu des engins de compactage<br />

utilisés, exprimés à partir des deux paramètres e et<br />

Q/S déjà mentionnés (tirés du fascicule 3) ;<br />

— de vérifier sur le chantier le respect de l'ensemble<br />

de ces conditions.<br />

Le fascicule 4 précise en détail la nature des spécifications<br />

à prescrire et les modalités de l'exécution pratique<br />

du contrôle, qui se confond d'ailleurs en partie<br />

avec la surveillance de chantier.<br />

Par ailleurs, et comme cela a déjà été évoqué, il existe<br />

des cas de chantier où le contrôle du compactage, à<br />

partir des mesures de densités (densité en place et densité<br />

de référence), reste techniquement fondé et réali-<br />

79


TABLEAU I<br />

Caractéristiques des opérations de contrôle du compactage aux différents stades d'intervention envisageables<br />

Sens d'évolution pour :<br />

Stade<br />

d'intervention<br />

considéré<br />

Principales<br />

conditions<br />

requises<br />

- conséquences de<br />

résultats défavorables<br />

éventuels prévues au<br />

marché.<br />

Principales<br />

actions<br />

à mener<br />

- diagraphie de densité<br />

sèche sur toute<br />

la hauteur de l'ouvrage.<br />

- la liberté de l'entreprise<br />

dans la conduite<br />

du chantier<br />

- le risqued'aboutir à<br />

des impasses<br />

MAXIMUM<br />

- la contribution du<br />

maître d'oeuvre au<br />

contrôle pendant les<br />

travaux<br />

- la possibilité d'interpréter<br />

les résultats des<br />

mesures du contrôle<br />

MINIMUM<br />

Ouvrage<br />

terminé<br />

- matériaux ne devant<br />

pas comporter plus de<br />

25 % d'éléments tels<br />

que D > 20 mm<br />

(essai proctor).<br />

- disponibilité du matériel<br />

de diagraphie.<br />

- prélèvements d'échantillons<br />

pour :<br />

• la détermination<br />

de la densité de référence,<br />

• la teneur en eau.<br />

- hauteur du remblai<br />

limite aux possibilités<br />

d'investigation du<br />

matériel de diagraphie<br />

utilisé.<br />

- matériaux ne comportant<br />

pas plus de<br />

25 % d'éléments tels<br />

que D > 20 mm<br />

(essai proctor).<br />

- mesure de densité<br />

sèche sur toute l'épaisseur<br />

de la (ou<br />

des) couches considérées.<br />

Couches<br />

élémentaires<br />

- épaisseur de couche<br />

compatible avec le<br />

matériel de mesure de<br />

densité utilisé (en<br />

général ^ 50 cm).<br />

- présence sur chantier<br />

de moyens de<br />

contrôle suffisants<br />

pour effectuer les<br />

essais à la fréquence<br />

souhaitée par le maître<br />

d'œuvre.<br />

- prélèvements d'échantillons<br />

pour :<br />

• la détermination<br />

de la densité de référence,<br />

• la teneur en eau.<br />

1(11<br />

En continu<br />

- définition précise des<br />

conditions d'utilisation<br />

des sols dans le<br />

CCTP.<br />

- connaissance permanente<br />

de la nature<br />

et de l'état des sols<br />

mis en œuvre.<br />

- suivi en continu des<br />

règles d'exécution.<br />

- identification des<br />

matériaux à partir des<br />

essais classiques et<br />

de l'appréciation visuelle.<br />

- vérification du respect<br />

des conditions<br />

d'utilisation des sols<br />

et des modalités de<br />

fonctionnement des<br />

compacteurs.<br />

MINIMUM<br />

MAXIMUM<br />

80


TABLEAU II<br />

Eléments intervenant dans le choix de la procédure de contrôle du compactage des remblais et des couches de forme<br />

DONNÉES TECHNIQUES<br />

DONNÉES<br />

OPÉRATIONNELLES<br />

TYPE DE SPÉCIFICATIONS (S)<br />

ET DE CONTRÔLE (C) APPROPRIÉ<br />

CAS<br />

N°<br />

On<br />

se trouve<br />

Le contrôle par<br />

Le contrôle cou­<br />

dans un des cas<br />

mesure des denrant<br />

par mesure<br />

traités dans les<br />

sités en place est<br />

des densités est<br />

tableaux de la<br />

possible.<br />

possible.<br />

Recommandation,<br />

fascicule 3.<br />

Préférence pour<br />

le contrôle « par<br />

densité ».<br />

Préférence pour<br />

le contrôle « en<br />

continu ».<br />

(S) Valeurs de densités en place à \<br />

D<br />

., ,<br />

obtenir. ^ t A.<br />

f contrôle<br />

(C) Vérification des densités en \ J„?-t/<br />

, ., 1 densité ».<br />

place obtenues. (<br />

(S) Modalités d'emploi des com- 1<br />

pacteurs.<br />

I Procédure de<br />

> contrôle « en<br />

(C) Vérification des modalités \ continu ».<br />

d'emploi des compacteurs. J<br />

1<br />

2<br />

Le contrôle courant par mesures de<br />

densité est impossible.<br />

Procédure de contrôle « en continu » (idem,<br />

cas n° 2).<br />

3<br />

Le contrôle par<br />

mesure des densités<br />

en place est<br />

impossible.<br />

Procédure de contrôle « en continu » (idem,<br />

cas n° 2). 4<br />

On ne se trouve<br />

Le contrôle par<br />

Le contrôle cou­<br />

pas dans un des<br />

mesure des denrant<br />

par mesure<br />

cas traités dans<br />

sités en place est<br />

des densités est<br />

les tableaux de<br />

possible.<br />

possible.<br />

la RTR, fascicule<br />

3.<br />

Préférence pour<br />

le contrôle « par<br />

densité ».<br />

Préférence pour<br />

le contrôle « en<br />

continu ».<br />

Procédure de contrôle « par densité » (idem,<br />

cas n° 1). 5<br />

(S) Modalités d'emploi des compac- \<br />

teurs déterminées sur des planches 1 p r0<br />

cédure de<br />

d'essai à partir de mesures de densité. ( contrôle « en<br />

(C) Vérification du respect des \ c o n t i n u »•<br />

modalités d'emploi des compacteurs. /<br />

6<br />

Le contrôle courant par mesures de<br />

densité est exclu mais des planches<br />

d'essai s'appuyant sur des mesures<br />

de densité sont possibles.<br />

Procédure de contrôle « en continu » (idem,<br />

cas n° 6). 7<br />

Le contrôle courant ainsi que les<br />

planches d'essai s'appuyant sur des<br />

mesures de densité sont exclus.<br />

Choisir parmi les procédures définies dans les cas<br />

n°s 9, io, 12.<br />

8<br />

Le contrôle par<br />

Le contrôle cou­<br />

mesure des denrant<br />

par mesures<br />

sités en place est<br />

des tassements<br />

impossible. (Le<br />

par<br />

nivellement<br />

contrôle des tas­<br />

est possible.<br />

sements<br />

par<br />

nivellement est<br />

toujours possible<br />

mais sa fiabilité<br />

est assez mal<br />

connue).<br />

Préférence pour<br />

le contrôle « par<br />

mesures de tassement<br />

par nivellement<br />

».<br />

Préférence pour<br />

le contrôle « en<br />

continu ».<br />

(S) Tassements maximaux admissibles<br />

sous une sollicitation donnée (sous un<br />

compacteur par exemple).<br />

Procédure de<br />

contrôle<br />

« par tassements<br />

».<br />

(C) Vérification des tassements<br />

constatés.<br />

(S) Modalités d'emploi des com- i<br />

pacteurs déterminées sur des plan- I<br />

ches d'essai et sur la base des mesu- / Procédure de<br />

res de tassements.<br />

[ contrôle « en<br />

(C) Vérification du respect des J c o n t i n « »•<br />

modalités d'emploi des compacteurs. /<br />

9<br />

10<br />

Le contrôle courant par mesures de<br />

tassements est exclu mais des planches<br />

d'essai s'appuyant sur des<br />

mesures de tassement par nivellement<br />

sont possibles.<br />

Procédure de contrôle « en continu » (idem,<br />

cas n° 10). 11<br />

Le contrôle courant ainsi que les<br />

planches d'essai s'appuyant sur des<br />

mesures de tassement par nivellement<br />

sont exclus.<br />

(S) Modalités d'emploi des compacteurs<br />

déduites par analogie<br />

avec un cas proche traité dans les<br />

tableaux de la RTR.<br />

(C) Vérification des modalités<br />

d'emploi des compacteurs.<br />

Procédure de<br />

contrôle « en<br />

continu ».<br />

12<br />

81


sable opérationnellement. Le fascicule 4 a entrepris<br />

d'éclairer les maîtres d'oeuvre sur les conditions que<br />

doivent satisfaire de tels chantiers, notamment en précisant<br />

les classes de sols les mieux adaptées à ce type<br />

de contrôle et en donnant quelques indications sur les<br />

moyens de laboratoire nécessaires.<br />

le fascicule 4 comment des mesures de densité peuvent<br />

être associées au contrôle des modalités d'utilisation<br />

des engins, sans être en contradiction avec le principe<br />

ci-dessus tout en concourant à une meilleure efficacité<br />

du contrôle.<br />

On rappelle également les valeurs des spécifications de<br />

compacités à prescrire dans les remblais et couches de<br />

forme de qualité courante. A ce sujet, il convient de<br />

mentionner la recommandation d'une spécification<br />

nouvelle, applicable aux sols sensibles à l'eau, portant<br />

sur l'obtention d'une valeur du degré de saturation<br />

qui doit se situer dans la fourchette comprise entre 60<br />

et 95 %. Le contrôle de ce paramètre ne nécessite toutefois<br />

aucune mesure supplémentaire, puisqu'il se calcule<br />

directement avec les valeurs déterminées pour le<br />

calcul de la densité sèche et à partir d'une estimation<br />

de la masse volumique des grains. On donne en détail<br />

les justifications de l'introduction de cette spécification<br />

supplémentaire.<br />

Une autre méthode de contrôle du compactage est<br />

également envisagée, lorsque des deux méthodes précédentes,<br />

aucune ne peut s'appliquer (matériaux spéciaux<br />

non traités dans les fascicules 2 et 3, absence de<br />

moyens de laboratoire, etc.). Elle repose sur la mesure<br />

du tassement sur une partie représentative de la couche<br />

à contrôler avant et après lui avoir fait subir un<br />

compactage supplémentaire de une ou deux passes de<br />

compacteur. Bien entendu, cette méthode suppose au<br />

départ un choix réfléchi du compacteur utilisé et de<br />

l'épaisseur de la couche mise en oeuvre, selon ce que<br />

l'on peut préjuger du comportement du matériau considéré.<br />

Il faut remarquer que ces trois méthodes de contrôle<br />

de compactage sont les seules envisagées dans le document<br />

et, qu'en particulier, aucune méthode reposant<br />

sur des mesures de caractéristiques mécaniques (essais<br />

de plaque, pénétromètre) n'a été retenue, en raison de<br />

leur faible signification vis-à-vis du comportement à<br />

long terme des matériaux de remblai.<br />

Du fait de l'existence de différentes méthodes de contrôle<br />

du compactage, chacune d'elle ayant son<br />

domaine d'application particulier, le maître d'œuvre<br />

doit donc faire un choix au moment où il conçoit la<br />

procédure de contrôle qu'il compte faire appliquer sur<br />

le chantier. Pour le guider dans ce choix, le fascicule 4<br />

propose une démarche s'appuyant sur une analyse des<br />

éléments techniques (possibilité ou non de procéder à<br />

des mesures de densité ; être dans un cas traité ou non<br />

dans les fascicules 2 et 3) et des éléments opérationnels<br />

(disponibilité des matériels et du personnel, délai<br />

de réponse des mesures, etc.) qu'il y a lieu de prendre<br />

en considération. Le tableau II résume les différents<br />

types de spécifications et de contrôle pouvant être<br />

envisagés, en fonction des données techniques et opérationnelles<br />

caractérisant chaque cas de chantier. On<br />

peut constater à l'examen de ce tableau, qu'il n'est<br />

jamais envisagé de spécifications portant à la fois sur<br />

des densités et des conditions de fonctionnement des<br />

compacteurs, le principe retenu étant qu'il n'est pas<br />

normal de prescrire à la fois les résultats à obtenir et<br />

les moyens pour y parvenir. On analyse toutefois dans<br />

LE CONTRÔLE DE LA DÉFORMABILITÉ<br />

DES PLATES-FORMES DE TERRASSEMENT<br />

Une opération techniquement résolue, mais des difficultés<br />

au niveau du partage des responsabilités maître<br />

d'œuvre-entreprise en cas de résultats défavorables<br />

Le fascicule 4 a pris acte des progrès réalisés ces dernières<br />

années dans les appareils démesure de la déformabilité<br />

des plates-formes de terrassement. Au déflectographe<br />

utilisé déjà depuis quelques années, mais sur<br />

un éventail de sols (sols fins traités principalement)<br />

relativement réduit, est venue s'ajouter la dynaplaque<br />

appareil spécifiquement conçu pour cette fonction (30<br />

à 50 mesures à l'heure). Avec de tels matériels, il est<br />

raisonnable d'envisager l'auscultation d'une plateforme<br />

- support de chaussée, à raison d'au moins un<br />

essai pour 100 m 2 .<br />

Comme on dispose d'un matériel de mesure performant,<br />

il est probable que l'on pourra progressivement<br />

envisager une auscultation systématique des platesformes<br />

- support de chaussée ; il se posera donc de<br />

plus en plus souvent le problème de la prise en charge<br />

des travaux de correction dont la nécessité aura été<br />

décelée par les résultats du contrôle (purge, sùrdimensionnement,<br />

traitement en place, etc.).<br />

Le fascicule 4 apporte, sur le plan des principes du<br />

moins, des éléments de réponse à cette question.<br />

LE CONTRÔLE DES OPÉRATIONS<br />

DE TRAITEMENTS DES SOLS<br />

Des solutions techniques sont encore à rechercher<br />

Dans ce domaine, le fascicule 4 n'apporte pas d'éléments<br />

vraiment nouveaux, puisque pour l'essentiel il<br />

reprend les spécifications et les modalités de contrôle<br />

déjà énoncées dans la Recommandation pour le traitement<br />

en place des sols fins à la chaux de 1972 [14] et<br />

renvoie à ce document pour les détails pratiques des<br />

opérations à effectuer. Il faut en effet reconnaître que<br />

peu de progrès dans le contrôle de ce type de travaux<br />

ont été réalisés depuis cette époque ; en particulier on<br />

n'est toujours pas en mesure de proposer une méthode<br />

de contrôle courant du dosage pondéral d'un liant<br />

hydraulique mélangé à un sol, alors que le contrôle de<br />

ce dosage au stade d'une couche en fin de malaxage<br />

serait particulièrement intéressant.<br />

Il faut toutefois mentionner une étude publiée après la<br />

parution du fascicule 4. Cette étude porte sur la comparaison<br />

des performances de deux types d'épandeurs<br />

et a débouché sur la proposition d'une méthode de<br />

contrôle de l'épandage techniquement valable et parfaitement<br />

applicable opérationnellement [15].<br />

82


Les gammadensimètres R 30 et R 50 resteront encore<br />

longtemps les appareils traditionnels du contrôle du<br />

compactage des remblais par mesures de densités couche<br />

par couche.<br />

La double sonde gamma « <strong>Terrassements</strong>»<br />

permet de déterminer<br />

le profil des densités dans un<br />

remblai sur plusieurs mètres<br />

d'épaisseur, mais la complexité<br />

de sa mise en œuvre la réserve,<br />

pour l'instant du moins, aux<br />

planches d'essai, aux études<br />

générales sur le compactage,<br />

aux expertises, etc., mais non<br />

au contrôle courant des remblais.<br />

Les tachographes montés<br />

d'origine sur les compacteurs<br />

modernes constituent des<br />

instruments simples et fiables<br />

permettant de vérifier les<br />

conditions d'emploi des<br />

engins d'une manière<br />

continue.<br />

Le déflectographe constitue<br />

l'appareil de mesure de la<br />

déformabilité des platesformes<br />

de terrassement présentant<br />

le rendement le plus<br />

élevé (1000 mesures à<br />

l'heure). M convient cependant<br />

de prendre garde à la<br />

signification de la déflexion<br />

mesurée dans le cas de sols<br />

comportant des gros éléments<br />

pouvant « basculer » sans le<br />

passage des roues ou dans le<br />

cas de sols sensibles à l'eau<br />

très déformables, comme le<br />

montre la photographie de<br />

droite.<br />

83


La dynaplaque est un appareil<br />

spécifiquement conçu<br />

pour la mesure de la déformabilité<br />

des plates-formes de<br />

terrassement (possibilité<br />

d'ausculter la quasi-totalité<br />

des natures de sols à raison<br />

de 30 à 50 points de mesure<br />

à l'heure). Sur ce modèle, il<br />

a été monté à l'arrière du<br />

véhicule une tarière continue<br />

permettant d'effectuer un<br />

prélèvement rapide du sol<br />

pour rechercher les raisons<br />

d'un éventuel mauvais résultat<br />

de déformabilité.<br />

Ce n'est pas le contrôle qui<br />

évitera à un chantier de<br />

terrassement de se trouver<br />

dans une situation aussi<br />

déplorable...mais bien davantage<br />

un suivi permanent et<br />

rigoureux des travaux.<br />

Une action importante<br />

de la surveillance d'un<br />

chantier de terrassement<br />

dans des sols sensibles<br />

à l'eau est de s'assurer,<br />

voire d'ordonner des mesures de protection des plates-formes,<br />

vis-à-vis des précipitations.<br />

Sur les photographies du haut, on imagine bien que le délai de<br />

reprise des travaux après un orage sera très différent sur chacun de<br />

ces deux chantiers.<br />

Sur la photographie du bas, une pente transversale associée à une<br />

fermeture à l'aide d'un rouleau à pneus garantissent une excellente<br />

protection à cette plate-forme en sol argileux.<br />

84


Le compactage des talus de remblais est une<br />

opération toujours difficile à faire exécuter, mais<br />

cependant capitale pour la qualité des ouvrages,<br />

comme l'indique la photographie ci-contre. Il<br />

existe cependant des techniques relativement<br />

simples pour y parvenir ; ci-dessous, à gauche,<br />

la méthode dite du « remblai excédentaire » et,<br />

à droite, le réglage du talus à l'aide d'un bouteur<br />

de moyenne, et, si possible, de forte puissance.<br />

x i v ^<br />

LA SURVEILLANCE DE CHANTIER<br />

ET LES CARACTÉRISTIQUES DES ESSAIS<br />

Deux annexes qui complètent par une note concrète et<br />

pratique les problèmes du contrôle des terrassements<br />

<strong>routiers</strong><br />

La première annexe consacrée à la surveillance de<br />

chantier a été introduite dans le fascicule 4 à la<br />

demande des Inspecteurs généraux spécialisés Routes<br />

pour bien montrer l'étroite imbrication qui existe en<br />

permanence dans les travaux de terrassement entre les<br />

actions de surveillance de chantier et de contrôle proprement<br />

dit, et pour souligner l'impuissance d'un contrôle<br />

qui ne s'appuierait pas sur un bon suivi des travaux.<br />

Dans cette annexe, toutefois, seules les actions de surveillance<br />

ayant une incidence directe sur la qualité<br />

technique des ouvrages ont été recensées ; elles sont<br />

présentées essentiellement sous la forme d'une liste<br />

dont le principal objet est de constituer un aidemémoire<br />

pour le maître d'oeuvre et le surveillant de<br />

chantier. A titre indicatif, on reproduit page 86 le<br />

paragraphe relatif aux règles de surveillance applicables<br />

à l'exécution des remblais en terrains meubles.<br />

La seconde annexe s'est donnée comme objectif de<br />

rappeler au maître d'oeuvre, sous la forme la plus condensée<br />

possible, les principales caractéristiques des<br />

essais intervenant dans l'exécution du contrôle. On<br />

pourra d'ailleurs en juger à partir de la table de classement<br />

des essais concernés et d'un exemple portant sur<br />

l'essai proctor, reproduits page 87.<br />

CONCLUSION<br />

La RTR, un document méthodologique d'application<br />

générale pour les problèmes de terrassements <strong>routiers</strong><br />

Avec les quatre fascicules de la Recommandation<br />

pour les terrassements <strong>routiers</strong> publiés, on peut considérer<br />

que l'on dispose à présent d'une méthodologie<br />

d'ensemble, permettant de poser et de traiter selon<br />

une démarche cohérente l'ensemble des problèmes de<br />

terrassements <strong>routiers</strong>.<br />

Ces documents apportent en effet les réponses aux<br />

principales questions techniques qui se posent lors de<br />

la réalisation de tels ouvrages.<br />

Ainsi, au niveau de l'établissement du projet, les fascicules<br />

2 et 3 répondent aux questions de la possibilité<br />

ou non et dans quelles conditions, selon la situation<br />

météorologique au moment des travaux, les différentes<br />

classes de sols distinguées au cours de la reconnaissance<br />

géotechnique peuvent être utilisées dans des<br />

remblais et des couches de forme.<br />

Au niveau de la rédaction des pièces contractuelles,<br />

l'ensemble des quatre fascicules apporte les éléments<br />

permettant d'exprimer la qualité recherchée à partir<br />

de spécifications claires et facilement contrôlables.<br />

Enfin, au niveau du contrôle et du suivi des travaux,<br />

les actions à mener sont clairement définies dans le<br />

fascicule 4 qui vient d'être examiné.<br />

Bien sûr un tel ensemble est encore perfectible et des<br />

recherches sont en cours dans ce sens.<br />

85


C'est ainsi que, progressivement, on va être en mesure<br />

de proposer :<br />

— des méthodes plus performantes pour le contrôle<br />

des opérations de traitement des sols.<br />

— une classification complète des roches évolutives,<br />

ainsi que les conditions de réutilisation propres à chaque<br />

classe,<br />

— une classification des compacteurs vibrants, prenant<br />

davantage en compte les résultats des recherches<br />

les plus récentes sur le compactage par vibration,<br />

Quoi qu'il en soit, dès à présent les nombreuses publications,<br />

communications aux congrès internationaux,<br />

ainsi que les déclarations et opinions exprimées verbalement<br />

sont garantes du progrès apporté par cette<br />

nouvelle méthodologie dans la réalisation des remblais<br />

<strong>routiers</strong> et des couches de forme.<br />

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

[1] GAUDP., LEFLAIVEE., RGRA : suppl. 463, mars 1971,<br />

fasc. Recyclage Formation continue : Les <strong>Terrassements</strong>,<br />

2 e<br />

partie.<br />

[2] GROUPE DE TRAVAIL DES LPC, Le contrôle des terrassements,<br />

Bull, liaison Labo. <strong>routiers</strong> P. et Ch., 46,<br />

juill.-août 1970, p. 61-92.<br />

[3] LEFLAIVE E., SIMON J., Nombre et dimensions des<br />

échantillons : incidence sur l'interprétation du contrôle,<br />

Comm. Symposium OCDE Aix-en-provence, nov. 1970,<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch., spécial X, mars 1975, p.<br />

162-166.<br />

[4] SHERWOOD P. T., Reproductibilité des essais de classification<br />

et de compactage des sols, Comm. Symposium<br />

OCDE Aix-en-provence, nov. 1970, Bull, liaison Labo.<br />

P. et Ch., spécial X, mars 1975, p. 145-161.<br />

[5] GABILLY Y., Les gammadensimètres R, Bull, liaison<br />

Labo. <strong>routiers</strong> P. et Ch., 36, janv.-févr. 1969, p. 53-76.<br />

[6] GRANGER M., Méthode rapide de compactage des sols<br />

fins, Bull, liaison Labo. <strong>routiers</strong> P. et Ch., 40, sept.-oct.<br />

1969, p. 43-48.<br />

[7] CIMPELLI CH., Contrôle du compactage des sols fins pollués,<br />

Bull, liaison Labo. <strong>routiers</strong> P. et Ch., 48, nov.<br />

1970, p. 17-19.<br />

[8] SETRA-LCPC, Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong>, fasc. 1-2-3, janv. 1976, fasc. 4, oct. 1981.<br />

[9] LEFLAIVE E., SCHAEFFNER M., La recommandation<br />

pour les terrassements <strong>routiers</strong>, Bull, liaison Labo. P. et<br />

Ch., 86, nov.-déc. 1976, p. 101-112.<br />

[10] ROBICHON Y., LAMBERT J., JOUBAULTM., RENARD B.,<br />

COLLIN C, HAVARD H., FRAQUET P., Utilisation de la<br />

méthode de contrôle continu des terrassements sur la<br />

bretelle Est du Mans, Bull, liaison Labo. P. et Ch., 97,<br />

sept.-oct. 1979, p. 67-81.<br />

[11] ALIAS J., La ligne nouvelle à très grande vitesse reliant<br />

Paris au sud-est de la France, Bull. PCM, 8-9, août<br />

1979.<br />

[12] BONIN J., Les terrassements pour la construction de la<br />

centrale nucléaire de Saint-Alban - Saint-Maurice, Travaux,<br />

543, mai 1980.<br />

[13] Guide à l'intention des maîtres d'ouvrage et des maîtres<br />

d'œuvre établi par la Comm. centrale des marchés,<br />

réimpr. 1980, J.O. de la République Franc., 2009.<br />

[14] SETRA-LCPC, Recommandation pour le traitement en<br />

place des sols fins à la chaux, août 1972.<br />

[15] MÉDINGER J.-C, SCHAEFFNERM., L'épandeur à pulvérulent<br />

à doseur pondéral. Une nouvelle possibilité de<br />

développement de la stabilisation en place, Bull, liaison<br />

Labo. P. et Ch., spécial XII, Matériels de travaux<br />

publics, juin 1982, p. 87-103.<br />

Extrait de l'annexe 1 - Surveillance de chantier<br />

EXÉCUTION DES REMBLAIS ET DES DÉBLAIS EN TERRAINS<br />

MEUBLES<br />

Se tenir informé en permanence :<br />

- des lieux d'extraction et de mise en œuvre ;<br />

- de la nature et de l'état des sols extraits ;<br />

- des prévisions météorologiques à court terme dans le cas de sols sensibles à l'eau ; utilisation des répondeurs téléphoniques<br />

des stations météorologiques ;<br />

- du mouvement des terres appliqué par l'entreprise ;<br />

- de l'effectif des engins de production eu égard à celui des engins de compactage.<br />

Vérifier :<br />

- au moins une fois en début de journée la compatibilité des ateliers de terrassement engagés par l'entreprise (atelier de<br />

compactage notamment) avec les conditions d'utilisation des sols prescrites dans le marché et en liaison avec la situation<br />

météorologique du moment et sa probabilité d'évolution ;<br />

- la conformité du plan de mouvement des terres suivi par l'entreprise avec celui visé par le maître d'œuvre ;<br />

- les conditions de régalage et de compactage. En plus de la mesure de l'épaisseur des couches, du rapports Q/S, vitesse,<br />

poids, fréquence lorsque le contrôle de ces valeurs est prescrit, vérifier la bonne répartition du compactage dans<br />

l'espace (en exigeant que soit réalisé un balayage régulier sur tout le profil en travers y compris les bords des remblais) et<br />

dans le temps (en vérifiant la concordance des horaires d'approvisionnement des matériaux sur le remblai avec les horaires<br />

de compactage) ;<br />

- la présence, lorsqu'elle est prescrite dans le marché, d'un compteur tachographe sur les engins de compactage, vérifier<br />

également son fonctionnement correct et en particulier son étalonnage ;<br />

- la compatibilité des compacteurs utilisés avec l'épaisseur des couches, ainsi que le maintien en bon état de fonctionnement<br />

des engins de compactage (dispositif de vibration, notamment) ;<br />

- l'état de fragmentation des déblais minés ou rippés qui ne doit pas laisser subsister d'éléments supérieurs à 0,5 m (ou<br />

0,25 m en cas d'utilisation en couche de forme) ;<br />

- l'absence de matelassage important sous la circulation des engins de transport, ou de compactage, dans la partie supérieure<br />

des remblais ;<br />

86


- le respect des délais entre les différentes phases de construction des remblais sur sols compressibles ;<br />

- le compactage des talus de remblai. Dans le cas où la méthode du remblai excédentaire est prescrite, vérifier la bonne<br />

exécution de cette opération (importance de la partie excédentaire, évacuation des terres en excès au moment et dans les<br />

lieux prévus,...). Dans le cas où cette méthode n'est pas prescrite, vérifier la technique adoptée par l'entreprise (le profilage<br />

des talus avec de gros bouteurs est une méthode souvent satisfaisante) ;<br />

- le compactage des remblais contigiis aux ouvrages (culées, murs de soutènement...) et des remblais de tranchées. En<br />

plus des mesures de contrôle normalement prévues, la surveillance sur les points indiqués pour les remblais courants<br />

s'impose de manière encore plus vigilante pour ces remblais, en raison des difficultés pratiques bien connues qu'il y a à les<br />

exécuter correctement et des tassements différentiels dont ils sont potentiellement le siège, du fait même de leur implantation<br />

(raccordement à un point de tassement nul constitué par l'ouvrage d'art) ;<br />

- la conformité de l'exécution des purges dans les zones définies dans le projet ou lors des réunions de chantier ;<br />

- la conformité des pentes de talus avec celles du projet.<br />

Constater :<br />

- les dispositions de protection contre les précipitations (pluie ou neige) mises en place par l'entreprise dans le cas de sols<br />

sensibles à l'eau ou à l'érosion ; apprécier si ces dispositions concordent avec les prévisions météorologiques à court terme<br />

annoncées par la station de référence.<br />

Recommander (voire imposer) :<br />

- l'exécution systématique en fin de journée et avant tout arrêt de chantier d'un drainage efficace de la plate-forme.<br />

Celui-ci consiste en général à :<br />

• régler les plates-formes avec pente transversale (>5 %) et fermeture des surfaces réglées avec des rouleaux à pneus de<br />

préférence ;<br />

• exécuter des cordons latéraux avec aménagement de descentes d'eau en quantité, dimension et résistance suffisantes ;<br />

• aménager des exutoires et dans l'impossibilité mettre en place des moyens de pompage.<br />

Ordonner :<br />

En dernier ressort et après approbation du maître d'oeuvre l'arrêt de la mise en œuvre si l'on considère que les conditions<br />

essentielles d'obtention de la qualité ne sont plus remplies.<br />

Extrait de l'annexe 2 - Caractéristiques des essais<br />

TABLE DE CLASSEMENT<br />

DES ESSAIS<br />

— Teneur en eau<br />

— Analyse granulométrique<br />

— Limites d'Atterberg<br />

— Equivalent de sable<br />

— Essai au bleu de méthylène<br />

— Essai proctor normal<br />

— Indice CBR immédiat<br />

— Indice CBR après immersion<br />

— Fragmentabilité et altérabilité<br />

— Densités sur blocs<br />

Analyse des chaux<br />

Test de réactivité<br />

Dosage de la chaux dans un sol<br />

Densité humide en place<br />

Déformabilité d'une plate-forme.<br />

ESSAI PROCTOR NORMAL<br />

But de Principe de la Appareillage Domaine et limites Délai de<br />

l'essai méthode de mesure spécifique d'application réponse<br />

1.<br />

Déterminer<br />

les caractéristiques<br />

optimum<br />

- matériel de compactage Matériau non évolutif senproctonormal<br />

d'un<br />

proctor (moules-dame). sible à l'eau et ne compor­<br />

tant pas plus de 25 %<br />

matériau - machine à compacter d'éléments dont la dimen­<br />

(teneur en (facultative). sion D dépasse 20 mm (cf.<br />

eau optimale<br />

et<br />

tableau III).<br />

densité Détermination des varia­ Pour les matériaux argi­ 4 à 72 h<br />

sèche maxi­ tions de la densité sèche leux et très argileux (A3 et suivant la<br />

male). d'un sol, compacté dans A4>la préparation des nature du<br />

des conditions normali­ échantillons soumis à cet matériau et<br />

2. sées, en fonction de sa essai est longue et délicate, la méthode<br />

Caracté­ teneur en eau. donc difficilement réali­ de mesure<br />

riser l'état sable sur chantier. La de la teneur<br />

d'un maté­ détermination des carac­ en eau.<br />

riau sensi­<br />

téristiques proctor doit<br />

ble à l'eau<br />

alors se faire par corrépar<br />

l'écart<br />

lation avec les limites<br />

entre sa<br />

d'Atterberg par exemple.<br />

teneur en<br />

eau optimale<br />

proctor<br />

normal et<br />

sa teneur<br />

en eau<br />

naturelle.<br />

87


TEnnnssEmsnTS<br />

ROUTIERS<br />

Synthèse<br />

d'une enquête sur les contrôlographes<br />

Jean-Pierre BERTHIER<br />

Ingénieur TPE<br />

Division des chaussées et terrassements<br />

Service d'Etudes techniques des Routes et Autoroutes<br />

La faible proportion des sols terrassés satisfaisant aux exigences<br />

de l'essai proctor, et donc susceptibles de faire<br />

l'objet de mesures de densité (moins de 25 % des sols<br />

d'après une étude réalisée en France en 1969), a conduit à<br />

l'élaboration d'une méthode de contrôle en continu,<br />

méthode dite du «Q/S», envisageable pour tous les sols.<br />

Cette méthode ne s'appuie plus sur des mesures à posteriori,<br />

comme le contrôle par densité, mais sur la vérification du<br />

respect des modalités d'emploi des compacteurs, indiquées<br />

dans le fascicule 3 de la Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong> (RTR).<br />

RÉSUME<br />

Le contrôle en continu du compactage des<br />

remblais et couches de forme (méthode dite<br />

du Q/S) nécessite la pose de contrôlographes<br />

sur les compacteurs afin de vérifier le respect<br />

de leurs modalités d'emploi. A la demande du<br />

GSC « terrassements », le SÉTRA a effectué<br />

une enquête sur le problème de l'adaptation de<br />

ces contrôlographes, dérivés des « mouchards »<br />

<strong>routiers</strong>, aux compacteurs. Il en ressort que<br />

lorsque les différents intervenants sont acquis<br />

à cette méthode, il n'y a pas d'obstacle majeur.<br />

On a cependant noté de nombreux problèmes<br />

de pose, de fonctionnement ou de maintenance<br />

des contrôlographes, notamment en ce qui<br />

concerne l'enregistrement de la fréquence de<br />

vibration des rouleaux vibrants. Cette situation<br />

devrait pouvoir être améliorée.<br />

MOTS CLÉS : 51 - Contrôle - Compactage -<br />

Continu - Remblai • Équipement - Appareil de<br />

mesure - Temps (durée) - Longueur - Vitesse -<br />

Fréquence - Rouleau vibrant - Enquête - Terrassement<br />

- /Contrôlographe.<br />

Le problème du contrôle du fonctionnement des compacteurs<br />

se trouve dès lors posé. La méthode dite du « Q/S »<br />

nécessite de connaître le paramètre S, surface balayée par le<br />

compacteur, que l'on obtient en multipliant la largeur efficace<br />

de l'engin par la distance qu'il a parcourue lors du<br />

compactage. En plus de la connaissance de cette distance,<br />

l'application de la méthode impose de s'assurer que les compacteurs<br />

sont utilisés de façon satisfaisante et donc de connaître<br />

en continu leur vitesse d'évolution et, pour les rouleaux<br />

vibrants, leur fréquence de vibration. L'obtention de<br />

ces différentes informations est normalement obtenue en<br />

équipant les compacteurs de contrôlographes, appareils<br />

dérivés des «mouchards» <strong>routiers</strong>, et qui permettent<br />

d'obtenir le temps d'utilisation de l'engin, la distance parcourue<br />

en fonction du temps, l'enregistrement de la vitesse<br />

et éventuellement de la fréquence de vibration ; ces renseignements<br />

étant inscrits sur des disques que l'on peut exploiter<br />

en fin de journée (fig. 1). Les contrôlographes sont<br />

aujourd'hui utilisés de façon très courante sur les chantiers<br />

88<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. -121 - sept.-oct. 1982 - Réf. 2744


de terrassements. On sait cependant par expérience,<br />

que sur certains chantiers l'application de la méthode<br />

ne se fait pas sans mal, sans que l'on connaisse toujours<br />

l'origine de ces difficultés. En dehors des problèmes<br />

purement techniques de nombreux facteurs<br />

peuvent en effet intervenir : rédaction du marché,<br />

organisation du chantier, importance de l'intervention<br />

du laboratoire, attitude du maître d'oeuvre et de<br />

l'entrepreneur, maintenance du matériel, etc.<br />

Le problème de l'adaptation des contrôlographes aux<br />

compacteurs, ainsi que l'effort consenti par l'unique<br />

constructeur de ces appareils avait été soulevé, en<br />

mars 1980, lors de la réunion du Groupe spécialisé de<br />

coordination (GSC) <strong>Terrassements</strong>.<br />

A la demande du GSC, le SETRA a alors organisé sur<br />

ces questions une enquête dont le présent article se<br />

propose d'effectuer la synthèse.<br />

LE QUESTIONNAIRE<br />

Etabli par le SETRA au printemps 1980, le questionnaire<br />

(fig. 2) a été envoyé en plusieurs exemplaires à<br />

chaque Division terrassements et chaussées des<br />

CETE, à charge pour le correspondant <strong>Terrassements</strong><br />

de faire en sorte que pour chaque chantier où le contrôle<br />

en continu est utilisé, une fiche soit remplie. Le<br />

plus souvent, c'est une personne d'un laboratoire<br />

régional qui s'en est chargée.<br />

L'objectif du questionnaire était, une fois le caractère<br />

du chantier rapidement établi, importance et maîtrise<br />

d'œuvre notamment, de connaître les problèmes éventuellement<br />

rencontrés et de pouvoir en déterminer<br />

l'origine.<br />

On s'est efforcé de rédiger un questionnaire suffisamment<br />

détaillé pour pouvoir répondre à cet objectif,<br />

mais cependant court pour pouvoir espérer qu'il soit<br />

rempli attentivement. On a essayé par ailleurs de trouver<br />

un compromis entre des questions suffisamment<br />

précises et des questions plus ouvertes permettant à<br />

l'enquêteur de donner son opinion et d'évoquer des<br />

problèmes importants bien que n'étant pas au centre<br />

de l'enquête.<br />

DÉPOUILLEMENT DES FICHES<br />

Trente-trois fiches ont été collectées ainsi que deux<br />

avis généraux provenant de correspondants <strong>Terrassements</strong><br />

n'ayant pas retourné de fiches.<br />

Bien que les renseignements recueillis ne constituent<br />

pas une étude exhaustive, on peut penser que l'on dispose<br />

d'une vision globalement satisfaisante. La<br />

synthèse de ces fiches s'avère cependant délicate, les<br />

problèmes soulevés étant très nombreux et les témoignages<br />

parfois assez divergents. Il est d'autre part<br />

impossible d'accorder la même importance à chaque<br />

fiche sans tenir compte de l'importance du chantier et<br />

de la précision des réponses. En définitive, il est parfois<br />

difficile de dire si les problèmes rencontrés font<br />

partie des aléas de chantier ou bien s'ils constituent un<br />

véritable obstacle au contrôle en continu.<br />

89


I - LE CHANTIER<br />

CETE :<br />

Nom :<br />

ENQUÊTE CONTRÔLOGRAPHES<br />

A envoyer à M avant (date)<br />

Désignation du chantier :<br />

Importance du chantier : <strong>Terrassements</strong> < 20 000 m 3 • > 20 000 m 3 •<br />

Maître d'oeuvre : DDE • Société autoroutière • Autre •<br />

Contrôle : Q/S exclusivement • Q/S partiellement •<br />

II - LES CONTRÔLOGRAPHES<br />

1. Compacteurs sur lesquels on a trouvé des contrôlographes : (type, marque,<br />

classement).<br />

• Ces compacteurs ont-ils été amenés sur chantier avec leur contrôlographe ?<br />

• Dans le cas contraire, y a-t-il eu des difficultés liées à la pose des contrôlographes<br />

? Lesquelles (problèmes d'ordre technique, liés à l'entrepreneur, au maître<br />

d'œuvre...), sur quels compacteurs ?<br />

• Y a-t-il eu des problèmes de mauvais fonctionnement : de quelle nature, sur<br />

quels compacteurs ?<br />

2. Compacteurs sur lesquels on n'a pas trouvé de contrôlographes : lesquels, causes<br />

(impossibilités techniques, difficultés techniques, problèmes liés à l'entrepreneur, au<br />

maître d'œuvre), conséquences...<br />

III. CONCLUSIONS : principaux problèmes liés aux contrôlographes.<br />

Commentaires.<br />

Fig. 2 - Questionnaire<br />

utilisé pour l'enquête.<br />

Identification des chantiers<br />

Importance des chantiers<br />

— Inférieurs à 20 000 m 3 : 5 (tous dans la zone<br />

d'action du CETE d'Aix-en-Provence)<br />

— Supérieurs à 20 000 m 3 : 27<br />

— non précisés : 1<br />

Cela semble confirmer que la méthode du Q/S est peu<br />

utilisée sur les petits chantiers (1). Il faut cependant<br />

être prudent, les CETE, y compris les laboratoires,<br />

intervenant certainement plutôt sur les chantiers<br />

importants.<br />

Maître d'œuvre<br />

— DDE : 24<br />

— Société autoroutière: 6<br />

— SNCF : 1<br />

— non précisé : 2<br />

Contrôle<br />

— Q/S exclusivement : 22<br />

— Q/S partiellement : 9<br />

— non précisé : 2<br />

Ce point est à rapprocher du paragraphe sur les chantiers<br />

possédant des compacteurs sans contrôlographes.<br />

Présence de contrôlographes<br />

— chantiers sur lesquels tous les compacteurs étaient<br />

équipés à leur arrivée : 16 (soit 1 chantier sur 2) ;<br />

— chantiers sur lesquels certains compacteurs<br />

n'étaient pas équipés à leur arrivée : 7 ;<br />

— chantiers sur lesquels la grande majorité des compacteurs<br />

n'étaient pas équipés à leur arrivée : 6.<br />

(1) On lira à cet égard avec intérêt dans le présent numéro, l'article de MM. Puig et Véron, Application de la RTR sur des chantiers de faible<br />

importance. Constatations.<br />

90


Le CETE de Bordeaux signale cependant que les compacteurs<br />

sont rarement équipés à leur arrivée, contrairement<br />

à ce qui semble se passer dans l'Est. Il apparaît<br />

donc qu'une certaine diversité règne dans ce domaine.<br />

— chantiers sur lesquels certains compacteurs fonctionnaient<br />

sans contrôlographes : 10.<br />

Il a été signalé trois fois que le maître d'œuvre n'a pas<br />

demandé de contrôlographes, s'agissant de compacteurs<br />

d'appoint ou amenés en cours de chantiers. Cinq<br />

fois que l'on avait affaire à du matériel de location et<br />

une seule fois l'existence d'un problème technique :<br />

vibration trop importante sur un V 5 tracté.<br />

Signalons également que pour chacun des sept chantiers<br />

où l'on n'a pas relevé de problèmes de fonctionnement<br />

de contrôlographes, tous les compacteurs sont<br />

arrivés déjà équipés. Ce point peut difficilement être<br />

considéré comme un simple hasard.<br />

Il apparaît donc qu'il est très souhaitable d'obtenir<br />

que les compacteurs arrivent sur chantier déjà équipés.<br />

La fermeté du maître d'œuvre, dès la rédaction<br />

du marché, devrait permettre d'y parvenir.<br />

Problèmes de pose<br />

On en a relevé sur sept fiches, les différentes catégories<br />

de compacteurs (pneus, vibrants, pieds dameurs)<br />

étant concernées. Certains cas ne sont pas dus au<br />

matériel lui-même (problèmes liés à l'entrepreneur,<br />

erreur dans le branchement, incompétence de l'entreprise<br />

de location). Trois cas seulement sont explicités :<br />

— sur un rouleau à pieds dameurs PDj, automobile :<br />

le générateur d'impulsions s'est trouvé hors d'état de<br />

marche dès la mise en service ;<br />

— sur un rouleau vibrant V 5 tracté : vibration trop<br />

importante. Le problème a été cependant résolu grâce<br />

à un générateur d'impulsions sur le vibrant tracté, un<br />

contrôlographe sur le tracteur et une liaison électrique<br />

entre les deux ;<br />

— sur un rouleau vibrant V 5 mono-axe tracté : du<br />

fait de vibrations trop importantes, le contrôlographe<br />

n'a pas été monté.<br />

Les problèmes techniques de pose semblent donc rarement<br />

impossibles à résoudre, mais il paraît cependant<br />

y avoir un problème pour les vibrants tractés.<br />

Fonctionnement des contrôlographes<br />

Vingt-six fiches mentionnent des problèmes de fonctionnement.<br />

Quelques cas semblent toutefois imputables<br />

à de mauvaises manipulations ou à un entretien<br />

défectueux.<br />

Dans la quasi-totalité des cas, les problèmes de fonctionnement<br />

sont intervenus sur des compacteurs<br />

vibrants. Des pannes fréquentes de contrôlographe<br />

nécessitant parfois son changement sont plusieurs fois<br />

mentionnées. De plus, on a constaté de très nombreuses<br />

fois des problèmes liés à l'enregistrement de la fréquence,<br />

empêchant très souvent de vérifier ce paramètre.<br />

Le fonctionnement des contrôlographes pour les compacteurs<br />

vibrants n'est donc pas satisfaisant. Il semble<br />

important de reproduire ici un commentaire mentionné<br />

dans une fiche se rapportant à un chantier<br />

autoroutier de 3,5 millions de m 3 sur lequel dix compacteurs<br />

(dont huit vibrants) étaient équipés de contrôlographes<br />

: «Si seul le contrôlographe monté sur<br />

PAlbaret TT 1600 donne satisfaction, ce n'est pas le<br />

simple fait du hasard ! en effet, cette société — au<br />

dire d'un de ses spécialistes — a modifié en profondeur<br />

le tachygraphe de type routier. Plus particulièrement,<br />

c'est au niveau de l'adaptation des échelles<br />

qu'une modification importante a été apportée. Le<br />

constructeur ne s'est pas contenté d'une simple<br />

démultiplication mécanique de rapport 1/10 comme<br />

c'est le cas généralement». Cette modification, effectuée<br />

en collaboration avec la société fabriquant les<br />

contrôlographes ne pourrait-elle pas être généralisée à<br />

tout contrôlographe ?<br />

2 - Montage du<br />

contrôlographe dans<br />

la cabine du tracteur.<br />

91


Il apparaît ainsi qu'un effort technique permettant<br />

d'adapter définitivement les contrôlographes (d'origine<br />

routière) aux compacteurs est à la fois nécessaire,<br />

notamment pour les vibrants, et possible.<br />

Maintenance des contrôlographes<br />

L'incidence d'un mauvais fonctionnement de contrôlographes<br />

est amplifiée par le fait qu'il y a parfois des<br />

problèmes de délais de réparation (2 mois à Rouen<br />

pour obtenir des pièces détachées) et de compétence<br />

du personnel chargé de la maintenance. Le fait que les<br />

compacteurs proviennent d'une société de location<br />

semble de ce point de vue un élément défavorable.<br />

Le problème de la maintenance et des délais de réparation<br />

est certainement en partie conditionné par l'organisation<br />

du chantier. Le fait qu'une panne de contrôlographe<br />

n'arrête souvent pas l'utilisation du compacteur<br />

ne pousse pas l'entrepreneur à effectuer une réparation<br />

rapide et rend alors le contrôle illusoire.<br />

Afin d'améliorer cette situation, une solution parfois<br />

utilisée peut consister à posséder en réserve un contrôlographe,<br />

voire pour les gros chantiers un compacteur<br />

équipé.<br />

Remarques<br />

Bien que ne faisant pas strictement partie de l'objectif<br />

de l'enquête, certains problèmes entravant l'utilisation<br />

du contrôle en continu sont évoqués : par exemple<br />

le manque de qualification du conducteur de<br />

l'engin, le manque d'information au sein de l'entreprise,<br />

le cheminement très long du disque pour son<br />

exploitation, l'absence sur le disque de données indispensables<br />

comme la date, le lieu, le compacteur.<br />

Il est certain qu'il faut prendre en compte ces problèmes<br />

si l'on veut avoir une idée globale de l'efficacité<br />

des contrôlographes.<br />

CAS DE QUELQUES CHANTIERS IMPORTANTS<br />

Nous allons évoquer ici le cas de quatre fiches particulièrement<br />

intéressantes du fait qu'elles sont remplies<br />

de façon suffisamment détaillée et qu'elles se rapportent<br />

à de très gros chantiers, ce qui présente l'avantage<br />

de donner des indications sur de nombreux compacteurs<br />

utilisés pendant un temps suffisamment long. En<br />

outre, la mise en place d'un contrôle efficace étant<br />

souvent plus aisée que sur de petits chantiers, on peut<br />

penser que les problèmes spécifiques aux contrôlographes<br />

peuvent être mieux appréciés.<br />

— Cas n° 1 : chantier SNCF de 2,5 millions de m 3 .<br />

Cinq compacteurs (quatre vibrants, un pieds dameurs),<br />

tous équipés avant d'arriver sur chantier. Les seuls<br />

problèmes évoqués concernent la maintenance défectueuse<br />

au mois d'août pour les réparations courantes<br />

par la société fabricant les contrôlographes et le retard<br />

lorsque les compacteurs sont en location.<br />

— Cas n° 2 : chantier autoroutier de 1,270 millions<br />

de m 3 . Deux compacteurs (un vibrant et un pieds<br />

dameurs) arrivés équipés. Aucun problème n'est<br />

signalé. La conclusion de l'enquêteur est la suivante :<br />

« dans la mesure où le maître d'ceuvre et l'entreprise<br />

sont d'accord pour jouer le jeu, il n'y a pas de problèmes».<br />

— Cas n° 3 : chantier autoroutier. Problèmes de<br />

pose de contrôlographe sur deux vibrants tractés<br />

(résolus sur l'un d'eux, cf. § Problèmes de pose).<br />

L'enquêteur conclut cependant : «Si le maître<br />

d'ceuvre veut appliquer la méthode (e, Q/S) avec<br />

l'aide de l'entreprise et du laboratoire de chantier,<br />

tout se passe très bien».<br />

— Cas n° 4 : chantier autoroutier de 3,5 millions de<br />

m 3 . Il s'agit du chantier évoqué au § Fonctionnement<br />

des contrôlographes. Ce cas contraste avec les précédents<br />

: tous les compacteurs (excepté le TT 1600)<br />

posent des problèmes de fonctionnement du contrôlographe,<br />

notamment en ce qui concerne l'enregistrement<br />

de la fréquence. Cependant, le contrôle de ce<br />

chantier s'est effectué dans des conditions à peu près<br />

acceptables, l'entrepreneur ayant toujours un contrôlographe<br />

disponible, susceptible d'en remplacer un<br />

autre défectueux.<br />

CONCLUSION<br />

Le fait que sur certains gros chantiers le contrôle se<br />

soit réalisé de façon tout à fait satisfaisante montre<br />

que les problèmes que l'on peut rencontrer ne constituent<br />

pas des obstacles insurmontables à l'application<br />

de la méthode lorsque les différents intervenants,<br />

notamment le maître d'ceuvre et l'entrepreneur, sont<br />

acquis à cette méthode.<br />

Il ne faut pas pour autant sous-estimer les problèmes<br />

de contrôlographes. Ces problèmes sont réels et peuvent<br />

nuire à la bonne application de la méthode ainsi<br />

qu'à son développement, notamment sur les petits<br />

chantiers. Ce sont essentiellement :<br />

— des problèmes de pose pour les vibrants tractés,<br />

— des problèmes de fonctionnement pour les<br />

vibrants, notamment en ce qui concerne l'enregistrement<br />

de la fréquence.<br />

Ces problèmes techniques sont parfois aggravés par<br />

des délais de réparation importants.<br />

Le dépouillement de cette enquête nous paraît avoir<br />

montré la nécessité :<br />

— de faire en sorte que les compacteurs arrivant sur<br />

chantier soient déjà équipés de contrôlographes. Ce<br />

point nécessite une rédaction appropriée du marché et<br />

la fermeté du maître d'ceuvre. À terme, lorsque tous<br />

les compacteurs en service auront été équipés dès leur<br />

construction, le problème sera résolu de lui-même ;<br />

— de mettre sur pied une organisation de chantier<br />

permettant une maintenance efficace et des réparations<br />

rapides. Le fait de disposer d'un contrôlographe<br />

supplémentaire paraît très intéressant et susceptible<br />

d'être généralisé ;<br />

— d'adapter définitivement les contrôlographes aux<br />

compacteurs. Les modifications qu'aurait apportée la<br />

société Albaret en collaboration avec la société<br />

Kienzle semblent efficaces. Leur généralisation, ou<br />

celle d'un autre procédé à déterminer, devrait être<br />

étudiée.<br />

92


TERRnSSEfTIEnTS ROUTIERS<br />

La dynaplaque<br />

Jean BENOIST<br />

Ingénieur<br />

Section de physique<br />

Laboratoire régional d'Angers<br />

Marc SCHAEFFNER<br />

Chargé de mission<br />

Division Géotechnique<br />

Géologie de l'ingénieur - Mécanique des roches<br />

Laboratoire central des Ponts et Chaussées<br />

RÉSUMÉ<br />

Il s'agit d'un nouvel appareil conçu spécialement<br />

pour la mesure de la déformabilité des<br />

plates-formes support de chaussée, la connaissance<br />

précise de cette caractéristique s'étant<br />

progressivement avérée indispensable pour<br />

permettre la mise en œuvre des assises de<br />

chaussée.<br />

Sa réalisation a été décidée en raison des<br />

limites d'emploi des différents appareils de<br />

mesure de la déformabilité utilisés jusqu'alors<br />

(déflectographe Lacroix, poutre Benkelman,<br />

essais de plaque statiques).<br />

La dynaplaque applique sur le sol un chargement<br />

dynamique provoqué par la chute d'une<br />

masse sur une plaque d'appui circulaire, par<br />

l'intermédiaire d'une couronne de ressorts.<br />

L'impulsion ainsi engendrée est du même ordre<br />

de grandeur que celle mesurée sous le passage<br />

d'un essieu lourd ou d'un gros compacteur<br />

vibrant.<br />

La réaction de la plate-forme soumise à cette<br />

impulsion est mesurée d'une manière originale<br />

et séduisante d'un point de vue pratique à<br />

partir du coefficient de restitution qui exprime<br />

le rapport entre les hauteurs de chute et de<br />

rebond de la masse tombante. Ce coefficient<br />

varie de 0,1 à 0,7 dans la plage des modules<br />

de réaction habituellement constatée sur les<br />

plates-formes support de chaussée (entre 10<br />

et 100 MPa).<br />

Dans la construction de l'appareil, la priorité a<br />

été donnée à l'aspect pratique de son utilisation<br />

opérationnelle (montage sur un véhicule léger<br />

tous terrains, manœuvres hydrauliques partieUement<br />

automatisées, calcul automatique et enregistrement<br />

du coefficient de restitution, etc.).<br />

On a ainsi abouti à un appareil extrêmement<br />

mobile qui, une fois en batterie, permet l'auscultation<br />

d'une plate-forme à raison de 30 à 40<br />

essais à l'heure avec une personne seulement.<br />

La dynaplaque peut également ^ être utilisée<br />

pour étudier divers autres problèmes de géotechnique<br />

routière nécessitant l'emploi d'un<br />

générateur d'impulsion très énergique.<br />

Enfin, l'article insiste sur le fait que la dynaplaque<br />

en tant qu'appareil de mesure doit faire<br />

l'objet d'un suivi rigoureux de ses caractéristiques<br />

métrologiques.<br />

MOTS CLÉS : 42-Mesure-Résistance (mater.) •<br />

Déformation - Sol de fondation • Essai de<br />

plaque • Dynamique • Appareil de mesure -<br />

Impulsion/'Dynaplaque.<br />

Fig. 1 - La dynaplaque.<br />

La nécessité de procéder à une auscultation fine de la déformabilité<br />

de la plate-forme de terrassement ou de couche de<br />

forme, sur laquelle doit être mise en œuvre la première couche<br />

de la structure d'une chaussée s'est progressivement<br />

affirmée à partir de la fin des années soixante, en raison du<br />

grand développement de la technique des assises traitées<br />

avec des liants hydrauliques. En effet, les nombreuses études<br />

et constatations réalisées sur le comportement de ces<br />

assises ont montré l'extrême sensibilité de leurs propriétés<br />

mécaniques à la compacité à laquelle elles sont mises en<br />

œuvre d'une part, et d'autre part la nécesité de les compacter<br />

sur un support suffisamment rigide pour pouvoir obtenir<br />

la compacité souhaitée avec les compacteurs usuels.<br />

A cette époque, pour réaliser l'auscultation des platesformes<br />

support de chaussées, on mesurait soit la déflexion<br />

du sol dans l'axe des jumelages d'un essieu de 130 kN à<br />

l'aide de la poutre Benkelman ou du déflectographe<br />

Lacroix, soit le module de Boussinesq du sol en procédant à<br />

un essai de chargement statique sur une plaque circulaire<br />

rigide.<br />

61<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. - 122 - nov.-déc. 1982 - Réf. 2764


Le déflectographe Lacroix, appareil de mesure à<br />

grand rendement (plus de 1 000 mesures de déflexions<br />

à l'heure) s'était révélé parfaitement adapté à l'auscultation<br />

des plates-formes en sols fins traités, mais inutilisable<br />

le plus souvent sur les autres matériaux, en raison<br />

à la fois des risques de détérioration du matériel<br />

(écrasement de la poutre de référence lorsque l'appareil<br />

circule sur des plates-formes présentant des « têtes<br />

de chat », dues à la présence de gros éléments) et des<br />

incertitudes sur la validité des mesures dans le cas des<br />

sols assez déformables (possibilité de formation de<br />

bourrelet entre les roues du jumelage qui masque la<br />

vraie valeur de la déflexion). Par ailleurs, la priorité<br />

donnée à l'utilisation de l'appareil pour les actions<br />

d'ausculation et de renforcement des chaussées, son<br />

coût de fonctionnement relativement élevé, les risques<br />

de fausser la poutre de référence et son système de<br />

commande durant les phases d'accès sur le chantier,<br />

les difficultés de circulation du véhicule (un seul essieu<br />

moteur) sur les pistes des engins de terrassement, ne<br />

permettait, d'un point de vue opérationnel, d'envisager<br />

son utilisation que pour l'auscultation de grandes<br />

surfaces de plates-formes (plusieurs milliers, voire<br />

dizaine de milliers de mètres carrés).<br />

L'auscultation d'une plate-forme à partir des mesures<br />

de déflexion sous jumelage réalisée à l'aide de la poutre<br />

Benkelman constituait une solution intéressante<br />

pour les cas de chantier où le déflectographe ne pouvait<br />

être utilisé pour les raisons opérationnelles indiquées<br />

ci-dessus, car d'une part le matériel utilisé est<br />

particulièrement simple et d'usage courant, et d'autre<br />

part la cadence des mesures est assez satisfaisante (10<br />

à 20 mesures à l'heure). Toutefois, l'incertitude sur la<br />

validité des mesures de déflexion sur les sols assez<br />

déformables (qui se rencontrent en majorité dans les<br />

plates-formes de terrassement) reste sensiblement la<br />

même que pour le déflectographe, ce qui limite le<br />

dbmaine d'application des deux méthodes à une panoplie<br />

assez restreinte de familles de sols (sols des classes<br />

A et B traités principalement).<br />

Les essais de plaque, en revanche, étaient praticables<br />

et significatifs sur la quasi-totalité des sols, constituant<br />

les plates-formes support de chaussée, mais leur<br />

lenteur (deux à trois essais à l'heure) constituait un<br />

handicap majeur, car conduisant à un coût prohibitif<br />

dès lors que l'on désirait réaliser l'auscultation fine<br />

d'une plate-forme. En outre, le caractère physiquement<br />

pénible de la préparation de l'essai en faisait une<br />

tâche réellement peu attrayante pour le personnel<br />

chargé de l'exécuter.<br />

Face aux imperfections présentées par chacune des<br />

méthodes de mesure de la déformabilité des platesformes<br />

support de chaussée, il s'est avéré nécessaire<br />

de concevoir un nouveau matériel qui réponde spécifiquement<br />

à cette fonction. Une première voie de<br />

recherche s'est orientée vers la mesure de la déflexion<br />

sous une charge roulante, soit en s'inspirant du principe<br />

du déflectographe Lacroix (CECP Angers), soit à<br />

partir d'un principe nouveau consistant à mesurer la<br />

déflexion directement à l'intérieur d'un pneumatique<br />

(CECP Rouen), mais ces idées n'ont pas abouti, principalement<br />

parce qu'elles conservaient sur le plan de<br />

l'utilisation opérationnelle une grande partie des<br />

inconvénients déjà signalés à propos du déflectographe<br />

Lacroix.<br />

La seconde direction a débouché sur l'appareil<br />

dénommé «dynaplaque» présenté dans cet article<br />

(fig. 1). Le premier exemplaire, fabriqué par le CECP<br />

d'Angers, a été livré fin 1976 au Laboratoire régional<br />

de Clermont-Ferrand, et actuellement la quasi-totalité<br />

des LPC en sont équipés.<br />

PRINCIPE DE LA DYNAPLAQUE<br />

A la manière des appareils de mesure de la déformabilité<br />

dont il a été question, la dynaplaque applique sur<br />

la plate-forme à ausculter une sollicitation mécanique<br />

et mesure la réponse de la plate-forme à cette sollicitation.<br />

La sollicitation appliquée est une impulsion provoquée<br />

par la chute d'une masse tombant d'une certaine<br />

hauteur sur une plaque rigide par l'intermédiaire de<br />

ressorts.<br />

L'intérêt de ce type de générateur d'impulsion est<br />

principalement de pouvoir produire une contrainte<br />

d'intensité relativement élevée sans exiger un massif<br />

de réaction lourd et coûteux à déplacer. En effet, si on<br />

considère en première approximation que les ressorts<br />

sont élastiques, sans masse et sans frottements,<br />

l'expression de l'intensité maximale de la force appliquée<br />

sur la plaque de chargement reposant sur un<br />

massif supposé indéformable et l'expression de sa<br />

durée sont les suivantes :<br />

avec<br />

Fmax = yj 2 k Mg H + Mg<br />

Durée T =<br />

M : masse tombante,<br />

H : hauteur de chute,<br />

k : rigidité des ressorts.<br />

ir^f^<br />

V k<br />

(En réalité, le choc de la masse tombante sur les ressorts<br />

dont la masse n'est pas nulle provoque des vibrations<br />

des ressorts entraînant des perturbations de<br />

l'impulsion fondamentale).<br />

Par ailleurs, on applique par ce procédé une contrainte<br />

dynamique dont les caractéristiques, amplitude<br />

et pulsation, peuvent être choisies du même ordre<br />

de grandeur que celles des contraintes supportées par<br />

la plate-forme lorsqu'elle est soumise à la circulation<br />

des engins de transport des matériaux de chaussée, ou<br />

lorsqu'elle sert d'enclume lors du compactage de la<br />

couche de fondation. On réalise donc un essai de comportement<br />

sous des sollicitations qui se rapprochent<br />

davantage des sollicitations réelles supportées par la<br />

plate-forme que de celles engendrées par les essais de<br />

plaque statiques ou le déflectographe Lacroix. Il faut<br />

d'ailleurs reconnaître que plusieurs chercheurs ont<br />

déjà proposé ce type de générateur d'impulsion pour<br />

étudier le comportement de structures de chaussées<br />

sous les sollicitations du trafic [1, 2, 3, 4, 5] et c'est<br />

62


a) Ensemble du matériel. b) Détail du générateur d'Impulsion du c) Détail de la chaîne de mesure embarcapteur<br />

de force et de la poutre de réfé- quée dans le fourgon : pont de mesure et<br />

rence du capteur de déplacement.<br />

enregistreur.<br />

Fig. 2 - Le déflectomètre à boulet utilisé pour l'étude et la mise au point de la dynaplaque.<br />

précisément en reprenant l'ancien déflectomètre à<br />

boulet étudié dans les LPC en 1965-66 [6, 7] que l'on<br />

a réalisé les essais ayant abouti à la définition de la<br />

dynaplaque (fig. 2).<br />

La réponse de la plate-forme soumise au chargement<br />

dynamique est mesurée d'une manière originale avec<br />

la dynaplaque, à partir du rapport entre la hauteur de<br />

rebond Hr de la masse tombante et sa hauteur de<br />

chute H 0, appelé coefficient de restitution énergétique<br />

R de la plate-forme. Ce coefficient exprime le rendement<br />

énergétique de l'ensemble constitué par la dynaplaque<br />

couplée au massif soumis au chargement dynamique<br />

:<br />

_ 1/2 MVr* _ 2 gHr _ Hr<br />

1/2 MV 0 2 ~ 2g H 0 ~ HQ<br />

avec<br />

M : masse tombante,<br />

V 0 : vitesse initiale de la masse (à l'instant où elle<br />

entre en contact avec les ressorts),<br />

V r : vitesse de rebond (à l'instant où elle quitte les<br />

ressorts).<br />

rapport au temps subirait une double intégration ;<br />

mais à l'époque où l'étude a été engagée (entre 1970 et<br />

72), les dispositifs censés pouvoir réaliser cette double<br />

intégration ne se sont pas avérés suffisamment au<br />

point pour persévérer dans cette voie [8].<br />

C'est alors que l'on s'est intéressé à une corrélation<br />

mise en évidence au cours des essais réalisés avec le<br />

déflectomètre à boulet entre le coefficient de restitution<br />

définit précédemment et un «pseudo-module<br />

dynamique » du sol calculé en appliquant la relation<br />

établie par Boussinesq pour un massif semi-infini<br />

chargé par une plaque circulaire rigide (fig. 3).<br />

E d y n = ^ (1-^)<br />

avec<br />

q : pression maximale sous la plaque,<br />

Z : déflexion maximale au centre de la plaque,<br />

a : rayon de la plaque,<br />

v : coefficient de Poisson pris égal à 0,25.<br />

Le choix de ce paramètre pour caractériser la déformabilité<br />

d'une plate-forme résulte principalement de<br />

considérations pratiques. En effet, après avoir retenu<br />

le principe d'un chargement dynamique, la première<br />

idée venue à l'esprit était, comme l'ont fait les chercheurs<br />

qui se sont préoccupés de mesurer la déformabilité<br />

avec ce type de générateur d'impulsion, de déterminer<br />

l'effort et la déflexion, en fonction du temps,<br />

en utilisant la technologie classique : capteurs de force<br />

et de déplacement et chaîne d'amplification. D'un<br />

point de vue pratique, cette procédure présentait un<br />

défaut de taille puisqu'elle nécessitait la mise en place,<br />

à chaque essai, d'une poutraison assurant la référence<br />

à partir de laquelle le capteur de déplacement mesurait<br />

la déflexion, ce qui limitait la cadence pratique des<br />

essais à une valeur voisine de celle des essais de plaque<br />

statiques (fig. 2).<br />

1 11 1 1 1 1<br />

/V•\ater iau : i>/\ - c / 1 u - u<br />

4<br />

*<br />

- 4<br />

•<br />

r<br />

•<br />

•<br />

<<br />

Une voie de recherche a alors été explorée pour tenter<br />

de mesurer la déflexion sans recourir à cette poutraison,<br />

en utilisant un accéléromètre, dont le signal proportionnel<br />

à la dérivée seconde du déplacement par<br />

0 0,10 0,20 0,30 0,40 0^0 0,60 0,70<br />

RENDEMENT GLOBAL<br />

Fig. 3 - Corrélation, entre le rendement énergétique et le pseudomodule<br />

dynamique, mise en évidence lors des essais réalisés avec le<br />

déflectomètre à boulet.<br />

63


" h<br />

Amplificateur<br />

-a Domodulotour<br />

Enrogittrour<br />

. I-<br />

ENREGISTREMENT EN FONCTION DU TEMPS CYCLE FORCE -<br />

DEFLEXION<br />

R«gle<br />

wpport<br />

Coptour dt fore*<br />

Copieur do dóploctimnt<br />

'A<br />

HT : hauteur idéale de chute de la masse. HR : hauteur de rebond de la masse.<br />

W A S : énergie absorbée par le sol. W p s : énergie restituée par le sol.<br />

E : module dynamique du sol (moduTe sécant).<br />

Z max<br />

Fmax, Zmax : valeurs prises en compte pour la détermination du pseudo-module dynamique.<br />

Fig. 4 - Différents paramètres mesurés au cours d'un essai avec le déflectomètre à boulet.<br />

Il s'agit en effet d'un pseudo-module puisque dans le<br />

cas d'un sol, la force maximale et la déflexion maximale<br />

ne s'observent pas au même instant. Toutefois,<br />

l'étude de la corrélation entre le module vrai (module<br />

sécant) et le coefficient de restitution n'a pas été entreprise,<br />

compte tenu du fastidieux travail de dépouillement<br />

que cela aurait exigé (établissement de la courbe<br />

force déflexion pour chaque essai) (fig. 4).<br />

L'intérêt de cette corrélation est par ailleurs apparu<br />

d'autant plus grand que déjà avec le déflectomètre à<br />

boulet utilisé pour les premiers essais, on pouvait<br />

observer une plage de variation assez sensible du coefficient<br />

de restitution (entre 0,1 et 0,6) dans le domaine<br />

des modules dynamiques couramment mesurés sur les<br />

plates-formes de remblai et de couches de forme<br />

(entre 10 et 100 MPa). D'où l'idée séduisante par sa<br />

simplicité pratique, de caractériser la déformabilité<br />

d'une plate-forme par son coefficient de restitution.<br />

Dès lors, il restait à concevoir un appareil dont les<br />

paramètres fonctionnels soient déterminés pour obtenir<br />

les meilleures caractéristiques métrologiques (sensibilité<br />

et fidélité) et dont les modalités d'utilisation<br />

opérationnelle soient nettement améliorées par rapport<br />

à celles des matériels utilisés jusqu'alors.<br />

PARAMÈTRES FONCTIONNELS<br />

DESCRIPTION GÉNÉRALE<br />

La détermination des paramètres fonctionnels de la<br />

dynaplaque a été entreprise dans le cadre d'une thèse<br />

d'ingénieur CNAM appuyée sur le plan expérimental<br />

par les essais réalisés avec l'ancien déflectomètre à<br />

boulet [9].<br />

Il s'agissait donc principalement d'améliorer la fidélité<br />

et la sensibilité de l'appareil existant ; pour cela, il<br />

fallait réduire et stabiliser l'énergie consommée dans<br />

l'appareil au cours de l'impulsion et choisir les valeurs<br />

des paramètres masses et rigidités de manière à obtenir<br />

un graphe E d y n = f (R) traduisant la plus grande<br />

variation possible du coefficient de restitution dans la<br />

plage des pseudo-modules dynamiques des platesformes<br />

support de chaussée couramment observée.<br />

En outre, pour rendre comparables les résultats de<br />

deux sollicitations, il fallait concevoir un dispositif<br />

permettant d'immobiliser la masse tombante après le<br />

premier rebond.<br />

La minimisation et la stabilisation de l'énergie absorbée<br />

dans l'appareil ont fait l'objet d'une étude théorique<br />

et expérimentale d'un nouveau type de générateur<br />

d'impulsion. Cette étude a conduit à remplacer les ressorts<br />

auto-amortisseurs du déflectomètre à boulet,<br />

dont la consommation énergétique était importante et<br />

variable en fonction du temps et de la température,<br />

par un dispositif purement élastique dont l'amplitude<br />

des vibrations propres engendrées par le choc avec la<br />

masse tombante est limitée. Ces conditions ont été<br />

obtenues en utilisant un ensemble de ressorts à boudin<br />

fixés pour moitié à la masse tombante et à la plaque<br />

d'appui selon le schéma de la figure 5.<br />

L'augmentation de la sensibilité de l'appareil a été<br />

obtenue à partir de l'étude de l'influence des paramètres<br />

du système comprenant le générateur d'impulsion<br />

couplé au sol.<br />

Les résultats de ces études ont permis de proposer les<br />

paramètres fonctionnels d'un nouvel appareil répondant<br />

aux spécifications d'étendue de mesure et<br />

d'encombrement que l'on s'était fixé. Les valeurs de<br />

ces paramètres sont les suivantes :<br />

— masse tombante : 125 daN,<br />

— masse de la plaque de chargement : 250 daN,<br />

— rigidité des ressorts : 600 daN/mm obtenue par<br />

64


1<br />

1<br />

1<br />

Fig. 5 - Principe du générateur<br />

d'impulsion utilisé sur<br />

la dynaplaque.<br />

un coup de dynaplaque étaient comparables à celles<br />

provoquées par le passage d'un compacteur vibrant de<br />

classe V 3 et même V 4 si on remplace la plaque d'appui<br />

circulaire plane par une coquille cylindrique de 2 m de<br />

diamètre environ (fig. 6).<br />

60 70 x (cm)<br />

Bulbe obtenu avec le rouleau V 4<br />

Bulbe obtenu avec la dynaplaque<br />

équipée d'une coquille cylindrique de<br />

2m<br />

Bulbe obtenu avec la dynaplaque et la<br />

plaque circulaire de 4>-0,6 m<br />

six ressorts à boudin de 100 daN/mm chacun montés<br />

en parallèle,<br />

— hauteur de chute de la masse tombante : elle peut<br />

être choisie entre 0 et 0,7 m, mais elle est fixée à 0,5 m<br />

dans l'essai pour la mesure de déformabilité des<br />

plates-formes support de chaussée.<br />

Pour ces valeurs des paramètres fonctionnels, l'impulsion<br />

maximale communiquée à la plate-forme par<br />

l'intermédiaire de la plaque d'appui pour une hauteur<br />

de chute de 0,5 m est fonction de la rigidité de la<br />

plate-forme auscultée, mais pour les déformabilités<br />

habituellement constatées pour des plates-formes de<br />

terrassement et de couche de forme, on a observé<br />

qu'elle variait entre 6 500 et 7 500 daN (pour des rigidités<br />

de 20 à 100 MPa exprimées suivant le pseudomodule<br />

dynamique explicité précédemment). La<br />

durée de la sollicitation, en revanche, ne paraît pas<br />

varier sensiblement dans cette plage de rigidité, et sa<br />

valeur reste de l'ordre de 15 ms.<br />

On a pu également vérifier, en plaçant une série de<br />

jauges de contraintes à différentes profondeurs dans<br />

le sol que les contraintes dynamiques engendrées par<br />

Fig. 6 - Comparaison des bulbes de pressions totales obtenus<br />

avec un rouleau vibrant de type V (M IL = 50 kg/cm), et la dynaplaque<br />

(les unités sont en bars sur la figure -1 MPa = 10 bars).<br />

1. Plaque de chargement<br />

circulaire (0 600 mm)<br />

2. Colonne de guidage liée<br />

à la plaque de chargement<br />

3. Masse tombante coulissant<br />

sur la colonne de<br />

guidage<br />

4. Deux ensembles de ressorts<br />

identiques<br />

5. Dispositif de relevage et<br />

de lâchage de la masse<br />

E (MPa)<br />

ston<br />

ssif b(<br />

ur ma<br />

Fig. 7 - Schéma de<br />

principe de la dynaplaque<br />

et allure générale<br />

de la corrélation coefficient<br />

de restitution -<br />

pseudo-module dynamique<br />

présentée par<br />

l'ensemble des dynaplaques<br />

en service.<br />

6. Bague conique permettant<br />

de lâcher la masse J 0<br />

de la hauteur désirée<br />

7. Système à cames per- *°<br />

mettant d'immobiliser<br />

la masse après le rebond 30<br />

8. Codeur permettant de<br />

mesurer et d'enregistrer 2 0<br />

sur une imprimante les<br />

hauteurs de chute et de io<br />

rebond<br />

9. Vérin de relevage<br />

^ —<br />

0,10 020 0,30 o/o<br />

tion s<br />

estitu<br />

t de r'<br />

ficien<br />

Coef<br />

F<br />

65


La chute de la masse est déclenchée au cours de son<br />

relevage par l'action d'une butée conique qui dégage<br />

les crochets d'amarrage de la masse lorsque la hauteur<br />

de relevage souhaitée est atteinte. La butée peut par<br />

ailleurs être positionnée sur la colonne de guidage de<br />

la masse, de manière à obtenir des hauteurs de chute<br />

variant entre 0 et 0,70 m. Après chaque impulsion, la<br />

masse est immobilisée à la hauteur maximale atteinte<br />

par le rebond, à l'aide d'un système de cames autoblocantes<br />

commandées électriquement à l'instant où se<br />

produit l'inversion du sens de la vitesse de la masse.<br />

L'utilité de ce dispositif est, en supprimant les<br />

rebonds successifs, de maîtriser les sollicitations appliquées<br />

au point d'essai, d'éviter une fatigue inutile de<br />

l'appareil, et d'accroître la sécurité du personnel ;<br />

accessoirement, il permet, en cas de défaillance éventuelle<br />

du système de mesure automatique décrit ciaprès,<br />

de continuer provisoirement les essais en lisant<br />

directement la hauteur de rebond sur une règle graduée<br />

fixée sur le bâti de l'appareil.<br />

Fig. 8 - Caractéristiques de l'impulsion produite par la dynaplaque<br />

pour une hauteur de chute de la masse de 0,5 m.<br />

En partant de ces paramètres fonctionnels, le CECP<br />

d'Angers a entrepris l'étude d'un appareil qui soit le<br />

plus satisfaisant possible du point de vue de son utilisation<br />

opérationnelle, et réalisé la dynaplaque telle<br />

qu'elle existe actuellement (fig. 7 et 8).<br />

Il s'agit d'un appareil embarqué sur un véhicule<br />

pick-up 4x4 Land Rover ou Cournil, d'une charge<br />

utile supérieure à 600 kg, comportant une centrale<br />

hydraulique de puissance.<br />

L'appareil est monté à demeure sur le véhicule ; sa<br />

montée et sa descente du plateau, ainsi que le relevage<br />

de la masse après chaque chute sont hydrauliques et<br />

commandés par une manette située au tableau de<br />

bord, à la gauche du volant pour que le technicien soit<br />

en mesure d'effectuer les essais indifféremment de<br />

l'intérieur ou de l'extérieur du véhicule (fig. 9 et 10).<br />

Les hauteurs de chute et de rebond sont mesurées<br />

automatiquement à l'aide d'un compteur d'impulsions<br />

optiques actionné par une chaînette liée à la<br />

masse tombante (fig. 7). Le pas de ce codeur optique<br />

est de une impulsion par millimètre de déplacement de<br />

la chaînette, donc de la masse. Les informations sont<br />

envoyées à une calculatrice imprimante qui affiche, à<br />

chaque coup : la hauteur de chute, la hauteur de<br />

rebond et la valeur du coefficient de restitution.<br />

Récemment, le CECP d'Angers a étudié et proposé en<br />

option deux perfectionnements : le premier est un dispositif<br />

de commande automatique d'un essai. Une<br />

fois l'appareil mis en place sur la plate-forme, les différentes<br />

opérations d'accrochage et de remontée de la<br />

masse sont effectuées automatiquement pour le nombre<br />

de coups préaffichés (entre 1 et 10) (fig. 10 et 11).<br />

Ce dispositif protège le matériel vis-à-vis d'éventuelles<br />

fausses manoeuvres et soulage considérablement le<br />

technicien exécutant les essais. Le deuxième perfectionnement<br />

est l'enregistrement, sous la forme d'un<br />

diagramme en bâtons, de la valeur du coefficient de<br />

restitution sur un papier, dont le défilement est proportionnel<br />

à la distance parcourue par l'appareil<br />

Fig. 9 • La dynaplaque montée sur pick-up 4x4<br />

Land-Rover.<br />

) Situation transfert sur chantier. b) En position d'essai. c) Situation transfert entre deux points d'essai<br />

66


Fig. 10 - Commandes de montée et de descente de l'appareil et<br />

de l'exécution automatique de l'essai installées sur le tableau de<br />

bord du véhicule.<br />

a) Situation transfert<br />

sur chantier.<br />

m*. #1"»* .H •'- ^<br />

' Pi *' ' 1.<br />

b) Utilisation de la tarière<br />

à mèche continue.<br />

Fig. 11 - Dispositifs d'affichage du nombre de coups et d'enregistrement<br />

numérique et graphique du coefficient de restitution installés à<br />

l'intérieur de la cabine.<br />

Fig. 12 - La dynaplaque montée<br />

sur pick-up 4x4 Cournil en<br />

association avec une tarière à<br />

mèche continue.<br />

(fig. 11). On dispose ainsi d'un diagramme qui, à<br />

l'image d'un déflectogramme, permet une appréciation<br />

immédiate et concrète de la portance de la plateforme,<br />

ainsi que la localisation des zones à purger ou<br />

à corriger.<br />

Il faut enfin indiquer qu'à la demande d'un laboratoire<br />

régional, le CECP d'Angers a réalisé l'adaptation,<br />

sur une dynaplaque montée sur un pick-up<br />

Cournil (charge utile 1 750 kg), d'une tarière hydraulique<br />

continue de 150 mm de diamètre permettant<br />

l'exécution d'un sondage jusqu'à 1 à 2 m (pour<br />

rechercher éventuellement les raisons de mauvaises<br />

valeurs de déformabilité) (fig. 12). Cette adaptation<br />

permet également de monter un carottier de même<br />

diamètre pour des prélèvements non remaniés dans<br />

des couches liées.<br />

ÉTALONNAGE<br />

L'étalonnage comporte un certain nombre d'opérations<br />

dont le but est de vérifier les qualités métrologiques<br />

de tout exemplaire nouvellement construit et celles<br />

des exemplaires ayant déjà assuré une certaine<br />

durée de service.<br />

En premier lieu, on procède à la sélection des ressorts<br />

en effectuant l'étalonnage de chacun d'eux sous<br />

charge statique. La rigidité de l'ensemble des six ressorts<br />

montés en parallèle et symétriquement comme<br />

indiqué précédemment doit être comprise dans la<br />

plage 600 ± 5 % daN/mm et l'écart de rigidité entre<br />

chacun des six ressorts ne doit pas excéder 10 °/o.<br />

La seconde opération, la plus longue (quelques jours)<br />

consiste, une fois l'appareil assemblé, à vérifier que sa<br />

courbe caractéristique qui traduit la corrélation entre<br />

le pseudo-module dynamique et le coefficient de restitution<br />

ne s'écarte pas sensiblement de celles des autres<br />

appareils déjà construits. En effet, si cela n'était pas le<br />

cas, il ne serait pas justifié d'exprimer directement la<br />

déformabilité en valeurs du coefficient de restitution,<br />

mais il faudrait revenir aux valeurs du module dynamique<br />

par l'intermédiaire de la courbe caractéristique,<br />

ce qui du point de vue pratique alourdirait sensiblement<br />

la mesure.<br />

Pour réaliser cette opération, on déplace l'appareil sur<br />

un certain nombre de plates-formes présentant des<br />

zones de déformabilité couvrant la plage habituellement<br />

rencontrée (entre 10 et 1 000 MPa) et on exécute<br />

sur chacune d'elles des essais de déformabilité, selon<br />

le processus opératoire décrit plus loin ; on mesure à<br />

67


Module (MPa)<br />

Fig. 13 - Ensemble du matériel utilisé pour l'étalonnage : le capteur<br />

de force intercallé entre la plaque d'appui et l'enclume, le capteur de<br />

déplacement sustenté par la poutre de référence, la chaîne de<br />

mesure située à l'intérieur du fourgon.<br />

la fois le coefficient de restitution, la force et la<br />

déflexion maximales, à l'aide d'une chaîne de mesure<br />

comprenant : un capteur piézo-électrique construit<br />

spécialement pour cet usage, un capteur de déplacement,<br />

une poutraison lui servant de référence et une<br />

électronique d'amplification et d'enregistrement classique<br />

(fig. 13).<br />

On termine cette opération en effectuant une série<br />

d'impulsions sur un cube de béton de 2 m d'arête,<br />

noyé dans le sol, pour caractériser le coefficient de<br />

restitution maximal de l'appareil, ainsi que la répétabilité<br />

des mesures en effectuant un grand nombre de<br />

coups successifs.<br />

En considérant ces deux dernières valeurs, ainsi que<br />

la courbe de corrélation module dynamique-coefficient<br />

de restitution, on vérifie que les caractéristiques<br />

métrologiques de la dynaplaque considérée, sont suffisamment<br />

voisines de celles des autres appareils déjà<br />

en service, sinon il convient d'en rechercher les raisons<br />

et de la renvoyer en atelier pour correction. Si l'appareil<br />

a été déclaré satisfaisant, il est remis à ses utilisateurs<br />

muni de son procès-verbal de réception et après<br />

quelques jours de formation du personnel chargé de le<br />

mettre en oeuvre (fig. 14). En particulier, pour assurer<br />

cette formation, il est judicieux de faire participer les<br />

futurs utilisateurs de la dynaplaque à l'établissement<br />

de la courbe caractéristique et aux essais sur le cube de<br />

béton.<br />

L'ensemble de ces opérations est réalisé par un groupe<br />

spécialisé de trois personnes (ingénieur - technicien<br />

supérieur - technicien) du Laboratoire d'Angers qui<br />

assure également la maintenance des appareils en service<br />

dans le réseau des LPC.<br />

Lorsque l'appareil est en service, il revient à ses utilisateurs<br />

de vérifier la constance de ses caractéristiques<br />

en procédant périodiquement (au moins une fois par<br />

mois et davantage en cas d'utilisation intensive de<br />

l'appareil) à des essais sur une surface de rigidité parfaitement<br />

stable (en général on utilise un cube de<br />

béton analogue à celui servant à l'étalonnage). Si une<br />

différence significative est observée par rapport aux<br />

valeurs consignées dans le procès-verbal de réception,<br />

a) Graphe de la corrélation : pseudo-module dynamique et coefficient<br />

de restitution.<br />

Hauteur<br />

de chute<br />

(mm)<br />

Nombre<br />

d'essais<br />

R moyen 0<br />

0<br />

C V =<br />

R moy.<br />

600 30 0,81 0,08 10<br />

500 50 0,81 0,10 12<br />

400 30 0,81 0,09 11<br />

300 30 0,81 0,08 10<br />

200 30 0,81 0,09 11<br />

b) Test de répétabilité réalisé sur cube de béton.<br />

Fig. 14 - Principaux éléments communiqués dans le procès-verbal de<br />

réception de chaque appareil.<br />

il convient de se rapprocher des spécialistes du groupe<br />

de maintenance des dynaplaques du Laboratoire<br />

d'Angers.<br />

PROCESSUS OPÉRATOIRE DE L'ESSAI<br />

DE DÉFORMABILITÉ<br />

SPÉCIFICATIONS RETENUES<br />

S'agissant d'un nouvel essai réalisé avec un appareil<br />

spécifique nouveau, une expérience d'environ deux<br />

ans s'est avérée nécessaire avant de pouvoir fixer définitivement<br />

les modalités du processus opératoire de<br />

l'essai de déformabilité à la dynaplaque et proposer<br />

des valeurs pouvant figurer dans les spécifications.<br />

Durant cette phase, deux actions principales ont été<br />

menées par les LPC qui s'étaient équipés les premiers<br />


de la dynaplaque (Laboratoires de Clermont-Ferrand,<br />

Toulouse, Est parisien (Le Bourget), Strasbourg).<br />

• La première action a consisté à rechercher le nombre<br />

de coups au bout desquels il convenait de retenir la<br />

valeur du coefficient de restitution pour caractériser la<br />

déformabilité de la plate-forme. En effet, lorsqu'on<br />

procède à un essai de la dynaplaque, le coefficient de<br />

restitution mesuré au premier coup n'a en général<br />

aucune signification (l'appareil et le sol se «mettent<br />

en place»).<br />

Lorsqu'on applique le coup suivant, on observe un<br />

net accroissement du coefficient de restitution, souvent<br />

dans un rapport de 2, puis pour les coups suivants<br />

cet accroissement tend vers 0 plus ou moins<br />

rapidement, suivant l'état et la nature des sols.<br />

Dans le cas des sols non évolutifs (fig. 15), la stabilisation<br />

est obtenue entre le 2 et le 4 ou 5 coup en général.<br />

Au-delà de 6 coups, la dispersion des mesures est<br />

e e e<br />

du même ordre que la dispersion propre de l'appareil<br />

mise en évidence par les essais de répétabilité sur cube<br />

de béton. Les nombreux essais et comparaisons statistiques<br />

effectuées entre le coefficient de restitution<br />

mesuré au coup n et la moyenne des coefficients mesurés<br />

aux coups n+1, n + 2, n + 3... ont montré que<br />

pour ces sols il était tout à fait justifié de considérer le<br />

coefficient de restitution du 3 coup pour caractériser<br />

e<br />

la déformabilité de la plate-forme.<br />

Dans le cas des roches évolutives (calcaires et grès tendres,<br />

pouddingues, etc.) qui peuvent se fragmenter<br />

sous les contraintes engendrées par la dynaplaque, la<br />

stabilisation du coefficient de restitution est plus difficile<br />

à apprécier.<br />

En effet, sur ce type de matérieux on peut observer<br />

une apparente stabilisation après trois ou quatre<br />

coups, puis brutalement une diminution lors des deux<br />

coups suivants, puis une remontée et une nouvelle stabilisation<br />

durant les 3 ou 4 coups suivants s'établissant<br />

à une valeur légèrement supérieure à la première<br />

et ainsi de suite... Ce phénomène, qui doit s'expliquer<br />

par les énergies consommées dans les fragmentations<br />

qui se produisent de manière aléatoire à chaque chute,<br />

empêche de retenir un nombre de chutes déterminé<br />

pour le calcul du coefficient de restitution caractérisant<br />

la déformabilité. On a donc décidé que sur ces<br />

matériaux, il convenait d'appliquer, en chaque point<br />

d'essai, au moins, dix coups et de calculer la moyenne<br />

des coefficients de restitution mesurés à chaque coup,<br />

en excluant de ce calcul les valeurs mesurées lors des<br />

trois premiers, la moyenne ainsi trouvée étant alors<br />

considérée comme caractéristique de la déformabilité<br />

de la plate-forme.<br />

• La seconde action avait pour objet de préciser les<br />

valeurs du coefficient de restitution pouvant être proposées<br />

pour exprimer les exigences contractuelles concernant<br />

la déformabilité des plates-formes support de<br />

chaussée.<br />

Pour ce faire, on disposait de la courbe caractéristique<br />

de l'appareil, mais pouvait-on simplement transférer<br />

à la dynaplaque l'expérience acquise avec les essais de<br />

plaque statique, expérience qui avait notamment permis<br />

de dégager le seuil de 50 MPa comme limite inférieure<br />

de la déformabilité acceptable pour mettre en<br />

œuvre une couche de fondation en grave traitée ? De<br />

la même façon, comment comparer déflexion sous<br />

jumelage et coefficient de restitution ? Pour préciser<br />

ces questions, des études de corrélations ont donc été<br />

engagées.<br />

Moyenne des coefficients de restitution<br />

mesurés au 3e, 4e et 5e coup_<br />

L'étude de la corrélation déflexion-coefficient de restitution<br />

a été rapidement abandonnée car, cela a déjà<br />

été évoqué, les deux appareils n'ont pas les mêmes<br />

domaines d'utilisation. Ainsi, sur les plates-formes en<br />

sols fins traités, qui présentent les meilleures conditions<br />

d'utilisation du déflectographe, on peut distinguer<br />

de manière significative des zones présentant des<br />

déflexions comprises entre 0,25 et 1 mm, alors que sur<br />

ces mêmes zones la plage de variation du coefficient<br />

de restitution reste du même ordre que celle des<br />

défauts de répétabilité déterminés sur le cube de<br />

béton. Toutefois, pour des déflexions supérieures à<br />

1 mm qui, dans le cas de ce type de plate-forme, correspondent<br />

soit à un net sous-dimensionnement de la<br />

couche traitée, soit à des défauts de prise du liant<br />

hydraulique, on retombe dans le domaine de sensibilité<br />

de la dynaplaque. Inversement, sur les platesformes<br />

en matériaux non liés, ce sont davantage les<br />

mesures de déflexion qu'il convient de suspecter pour<br />

les raisons évoquées précédemment.<br />

Fig. 15 - Corrélation entre le coefficient de restitution mesuré au troisième<br />

coup et la moyenne des coefficients de restitution mesurés au<br />

3, 4 et 5 e coups sur différents sols.<br />

Les études de corrélation entre module à l'essai de plaque<br />

statique et coefficient de restitution ont en revanche<br />

été largement plus conséquentes, puisqu'au total<br />

plusieurs centaines d'essais comparatifs ont été réalisés<br />

par les laboratoires précités, ainsi que par le Laboratoire<br />

d'Angers, au cours de la phase d'étude de la<br />

dynaplaque, à l'aide du déflectomètre à boulet. Elles<br />

n'ont cependant pas permis de dégager des conclu-<br />

69


en service à un coefficient de restitution de 50 °7o, on a<br />

proposé de retenir également cette valeur comme pouvant<br />

figurer dans les spécifications [10].<br />

DOMAINES D'UTILISATION<br />

Mesure de la déformabilité des plates-formes<br />

0 10 20 30 40 50 60 70 8D 90 100 110 120<br />

Fig. 16 - Corrélation entre module statique à la plaque et module<br />

dynamique à la dynaplaque mesurés sur différentes catégories<br />

de-sols.<br />

sions plus précises que celles exprimées par les tendances<br />

suivantes (fig. 16) :<br />

— Dans la plage des modules statiques inférieurs à<br />

30 MPa, des écarts importants pouvant atteindre 50 et<br />

souvent 30 % peuvent être observés dans les deux<br />

sens, sans qu'une explication claire puisse être avancée<br />

(probablement en liaison avec la création des pressions<br />

interstitielles sur certains sols sous le chargement<br />

dynamique, alors qu'il peut y avoir drainage et consolidation<br />

pour les mêmes sols sous un chargement statique<br />

avec attente de la stabilisation).<br />

— Dans la plage des modules statiques compris entre<br />

30 et 80 MPa, la corrélation se resserre très nettement,<br />

elle devient même excellente si l'on corrèle le module<br />

statique avec le module dynamique déterminé à partir<br />

de la courbe caractéristique de l'appareil (ce qui élimine<br />

la dispersion due aux écarts entre les courbes<br />

caractéristiques des différents appareils, qui est introduite<br />

lorsqu'on corrèle globalement, c'est-à-dire toutes<br />

dynaplaques confondues : module statique et coefficient<br />

de restitution).<br />

— Enfin, au-delà de 80 MPa, la corrélation se relâche<br />

à nouveau, mais là il est clair que l'on sort du<br />

domaine de sensibilité de la dynaplaque et que ses<br />

défauts de répétabilité grèvent très sensiblement la<br />

précision de la mesure du coefficient de restitution<br />

(alors que la précision du module statique ne peut<br />

valablement être incriminée qu'au-delà de 200 MPa).<br />

Ces éléments n'ont donc pas permis de conclure que<br />

module statique mesuré par l'essai à la plaque et<br />

module dynamique mesuré à la dynaplaque étaient<br />

significativement différents, et par conséquent il a été<br />

décidé de conserver la valeur de 50 MPa comme seuil<br />

caractérisant la valeur minimale de la rigidité d'une<br />

plate-forme support de chaussée. Par ailleurs, comme<br />

cette valeur coïncidait pour la moyenne des appareils<br />

On a vu qu'il s'agissait là de la fonction spécifique de<br />

la dynaplaque et que son domaine préférentiel concernait<br />

les plates-formes en matériaux non liés. Dans le<br />

cas des matériaux liés, elle peut également être utilisée<br />

avec intérêt pour rechercher des défauts de portance<br />

localisés, provenant d'un sous-dimensionnement ou<br />

du processus de prise. En particulier, l'expérience a<br />

montré, dans le cas de plates-formes, traitées ou non,<br />

ayant été fortement sollicitées durant la phase chantier,<br />

que la dynaplaque était l'appareil le mieux adapté<br />

en pratique à la détection d'éventuels défauts de portance<br />

au moment de la mise en oeuvre de la couche de<br />

fondation. Il faut toutefois rappeler que, si le contrôle<br />

de la déformabilité à ce stade des travaux offre un<br />

maximum de garanties sur le plan technique, il n'est<br />

viable sur le plan contractuel que dans la mesure où<br />

l'importance des purges qu'il fait apparaître reste faible<br />

et peuvent être réalisées, sans désorganiser l'atelier<br />

de mise en œuvre de la couche de fondation. C'est<br />

d'ailleurs pour éviter le risque de situations conflictuelles,<br />

avec l'adjudicataire du marché «chaussées»<br />

que le fascicule 4 de la RTR [11] recommande de procéder<br />

à une investigation de la déformabilité plus en<br />

amont, au stade de la fin du marché «terrassement»<br />

pour préciser la responsabilité du terrassier ; plus en<br />

amont encore, avant la mise en œuvre de la couche de<br />

forme ou de la dernière couche de remblai, pour évaluer<br />

la probabilité de satisfaire les exigences fixées à la<br />

plate-forme support de chaussée et procéder, le cas<br />

échéant, à des adaptations du projet (modification du<br />

mouvement des terres, augmentation (ou réduction)<br />

de la couche de forme, mise en place d'un géotextile<br />

etc.).<br />

Bien entendu, la finesse d'auscultation doit être croissante<br />

avec le stade d'avancement des travaux considéré.<br />

Ainsi, au stade le plus en aval, c'est-à-dire<br />

immédiatement avant mise en œuvre de la couche de<br />

fondation (ou à partir du moment où l'on peut considérer<br />

à juste titre que la portance de la plate-forme<br />

support de chaussée n'a plus de raison de diminuer), il<br />

est recommandé de procéder à une exploration systématique,<br />

à raison d'un essai pour une surface donnée<br />

et constante (et non de concentrer les essais, seulement<br />

dans les zones où la portance apparaît de visu plus faible).<br />

L'idéal serait d'exécuter un essai par unité de<br />

surface pouvant être considérée comme étant la surface<br />

minimale de purge réalisée en pratique. Si l'on<br />

estime cette surface à 25 m et la cadence d'essais de la<br />

2<br />

dynaplaque équipée de ses perfectionnements (cycle<br />

automatique et enregistrement graphique) de 30 à<br />

40 essais à l'heure, on peut compter sur une surface<br />

auscultée de l'ordre de 5 000 m par jour, valeur qui<br />

2<br />

peut être considérée comme à l'échelle de la mise en<br />

œuvre de nombreux petits et moyens chantiers de<br />

chaussée. Pour des chantiers plus importants, il est<br />

justifié de prévoir l'utilisation simultanée de deux<br />

70


À<br />

dynaplaques. Enfin, dans le cas de chantiers modestes<br />

(chaussées à faible trafic, voirie agricole et forestière,<br />

voirie de lotissement privé, parking, etc.) où par le<br />

passé aucun essai de déformabilité n'était réalisé, en<br />

raison de l'inaptitude opérationnelle des appareils<br />

existants, la dynaplaque apporte une réponse technique<br />

et économique intéressante, compte tenu de sa<br />

grande mobilité et de sa facilité de mise en œuvre,<br />

pouvant être assurée par une personne seulement.<br />

Autres applications de la dynaplaque<br />

0,5<br />

0,4<br />

Coefficien t de restitut on<br />

/<br />

¿e<br />

i - —<br />

• e 1.<br />

i<br />

/<br />

\<br />

(<br />

•j<br />

C<br />

d<br />

0 c<br />

s<br />

as d'une co<br />

mensionné<br />

as d'une COL<br />

aus-dimensic<br />

che de form e en grave p<br />

pour un tra fie normal<br />

ropre largen<br />

e chantier<br />

ent<br />

che de form e en sol-cim ent netteme nt<br />

nnée pour u n trafic nor mal de chan ter<br />

^<br />

><br />

Le fait que l'on dispose avec la dynaplaque d'un générateur<br />

d'impulsion susceptible d'engendrer à chaque<br />

coup un champ de contrainte reproductible et relativement<br />

intense avec mesure à chaque coup du rendement<br />

énergétique, a incité les ingénieurs des LPC à<br />

chercher d'autres applications dans lesquelles l'utilisation<br />

de cet appareil pourrait s'avérer intéressante. Une<br />

grande part d'entre-elles repose d'ailleurs sur la possibilité<br />

d'utiliser l'appareil comme un simulateur de trafic<br />

particulièrement économique. C'est ainsi que l'on<br />

a utilisé l'appareil pour :<br />

— mettre en évidence le pouvoir anticontaminant<br />

d'un géotextile intercalé entre un matériau argileux et<br />

un matériau granulaire [12] ;<br />

— fatiguer des structures rustiques telles que pistes de<br />

chantier ou couches de forme traitées et mises en<br />

œuvre sur un sol portant et préjuger, à partir de<br />

l'observation de leur comportement, de leur aptitude<br />

à supporter le trafic de chantier qu'elles devront assurer<br />

(fig, 17) ;<br />

Dans un autre ordre d'idées, on peut signaler que l'on<br />

a pensé utiliser la dynaplaque :<br />

— pour l'identification des roches évolutives, en<br />

observant l'évolution du coefficient de restitution, en<br />

fonction du nombre de coups, qui est d'autant plus<br />

lente à se stabiliser que la roche est fragmentable<br />

(fig. 18) ;<br />

— pour les études sur le compactage, du fait de l'analogie<br />

déjà mentionnée entre une impulsion de dynaplaque<br />

et une alternance de balourd d'un gros rouleau<br />

vibrant ;<br />

— pour les mesures de sismique-réfraction, en diminuant<br />

considérablement la durée de l'impulsion mais<br />

en conservant l'aspect pratique de l'ensemble embarqué<br />

sur un véhicule léger tout-terrain.<br />

Avant d'en terminer sur le chapitre des diverses applications<br />

de la dynaplaque, il convient de mentionner<br />

les premiers résultats des études visant à utiliser la<br />

dynaplaque pour le contrôle du compactage des remblais<br />

et des couches de forme. Ces études avaient été<br />

souhaitées dès la sortie de l'appareil par la plupart des<br />

ingénieurs des LPC séduits par les qualités pratiques<br />

de sa mise en œuvre. Il s'agissait donc de rechercher<br />

un processus d'essai permettant de dégager un paramètre<br />

qui soit relié significativement à la compacité ;<br />

il était en effet acquis au départ que ni le coefficient de<br />

restitution, ni le module dynamique (pas plus que le<br />

0.2<br />

Nombre i<br />

1 3 6 12 24 48 96 192 384<br />

e coups<br />

Fig. 17 - Utilisation de la dynaplaque pour appréhender le comportement<br />

à la fatigue d'une couche de forme.<br />

¡1<br />

v f<br />

i<br />

/<br />

——-< —•<<br />

y<br />

< >•—'<br />

•—i 1 1<br />

.* • / *•», •»***<br />

—<<br />

•••»<br />

y<br />

Sur ora ve alluvinnnai<br />

Cr m-ho ¿unh itili» IfraÍB nHi i rlancet<br />

> Su sol f nargi eux à w<br />

OPr.<br />

• «<br />

-.^ 1 ( 1 í<br />

2 4 6 8 10 12 14 16 18 20<br />

Fig. 18 - Evolution du coefficient de restitution en fonction du<br />

nombre de coups sur différents matériaux.<br />

module statique à l'essai de plaque d'ailleurs) ne pouvaient<br />

caractériser de manière fiable la compacité<br />

d'une couche de sol compacté.<br />

L'idée qui a alors été retenue s'appuie sur l'analogie<br />

constatée entre le champ de contraintes induit dans un<br />

sol par la dynaplaque lorsqu'on remplace sa plaque<br />

d'appui plane et circulaire par une coquille cylindrique<br />

(0 2 m) de même surface, et un rouleau vibrant<br />

de forte puissance (V4 de la RTR). Disposant ainsi<br />

d'un compacteur étalon puissant, on pouvait penser<br />

qu'en appliquant en un point d'un massif de sol mal<br />

compacté un certain nombre de coups, il se produirait<br />

une densification qui pourrait être décelée par l'un ou<br />

l'autre des paramètres mesurables avec la dynaplaque.<br />

Pour ce faire, on a mis en œuvre une série de massifs<br />

en grave concassée à des compacités croissantes, contrôlées<br />

par des profils à la double sonde : on a appliqué,<br />

en deux ou trois points de chacun de ces massifs,<br />

une série de 128 coups de dynaplaque et mesuré l'évolution<br />

des paramètres suivants :<br />

71


— le coefficient de restitution par mesure directe,<br />

— l'énergie consommée dans le sol en traçant et planimétrant<br />

les courbes effort-déformation de chaque<br />

coup,<br />

— l'enfoncement de la plaque d'appui cylindrique<br />

dans le sol par nivellement.<br />

Les premiers résultats ne montrent pas de relations<br />

utilisables entre l'un quelconque de ces paramètres et<br />

la compacité du massif considéré. En outre, on a pu<br />

vérifier, ceci expliquant cela, que bien qu'engendrant<br />

dans le sol des contraintes plus intenses que celles produites<br />

par le rouleau vibrant qui avait été utilisé pour<br />

mettre en œuvre les massifs aux différentes compacités,<br />

la dynaplaque ne densifie quasiment pas le sol<br />

lorsqu'on applique une série de coups successifs au<br />

même point, ce qui confirme la nécessité, pour compacter<br />

un sol, de déplacer le générateur à chaque<br />

impulsion, comme cela se fait avec les rouleaux.<br />

A l'heure actuelle, il n'est donc pas permis d'affirmer<br />

que la dynaplaque puisse être utilisée avec succès pour<br />

contrôler le compactage des couches élémentaires de<br />

remblai.<br />

CONCLUSION<br />

La dynaplaque apporte une réponse très satisfaisante<br />

au problème de la mesure de la déformabilité des<br />

plates-formes support de chaussée. Elle réalise en<br />

effet un heureux compromis entre la signification de<br />

l'essai, la complexité de l'appareillage spécifique et la<br />

cadence des essais (30 à 40 essais à l'heure).<br />

Son domaine d'utilisation préférentiel concerne les<br />

plates-formes en matériaux non liés, dont les plus gros<br />

éléments ne dépassent pas 250 mm ; elle peut toutefois<br />

être également utilisée sur des plates-formes en<br />

matériaux liés pour détecter des absences de prise ou<br />

des sous-dimensionnements caractérisés, mais sa sensibilité<br />

devient insuffisante pour distinguer des contrastes<br />

de portance moins prononcés consécutifs, par<br />

exemple, aux dispersions du dosage en liant.<br />

Dans sa version la plus perfectionnée, elle permet<br />

d'envisager l'auscultation des plates-formes support<br />

de chaussée, à raison d'un essai pour 25 m 2 environ,<br />

densité pouvant être considérée comme à l'échelle des<br />

purges minimales réalisées en pratique. Par ailleurs,<br />

grâce à la mobilité et à la facilité de mise en œuvre de<br />

l'appareil, il est à présent économiquement justifié<br />

d'exécuter des mesures de déformabilité sur des chantiers<br />

modestes et dispersés (voirie de lotissement, agricole,<br />

forestière, parking, aires de stockage, etc.), afin<br />

d'affiner le dimensionnement de ces ouvrages.<br />

On peut également utiliser la dynaplaque en tant<br />

qu'appareil d'étude dans des problèmes variés nécessitant<br />

en particulier d'exercer des sollicitations dynamiques<br />

intenses comparables à celles provoquées par le<br />

trafic de poids lourds ou par des rouleaux vibrants.<br />

Dans cet ordre d'idées des expériences intéressantes<br />

ont été menées (étude de la contamination de géotextiles,<br />

comportement à la fatigue de structures rustiques,<br />

pistes de chantier, couches de forme, etc.), d'autres,<br />

comme l'utilisation de la dynaplaque pour le contrôle<br />

du compactage des couches de remblai, n'ont pas<br />

encore abouti.<br />

Enfin, en tant qu'appareil de mesure, la dynaplaque<br />

doit faire l'objet d'un suivi rigoureux de ses caractéristiques<br />

métrologiques : d'abord, au niveau de l'utilisateur<br />

qui doit périodiquement vérifier la constance<br />

de la valeur du coefficient de restitution mesuré sur un<br />

massif indéformable (cube de béton) ; ensuite, au<br />

niveau du groupe chargé de la maintenance des dynaplaques<br />

(Laboratoire d'Angers), qui doit intervenir<br />

lors de toute dérive constatée sur la valeur du coefficient<br />

de restitution sur cube de béton, ou à la suite de<br />

toute intervention nécessitée par une réparation ; ou,<br />

de manière systématique au bout d'une certaine durée<br />

de service (ou d'un nombre d'essais) qui reste encore à<br />

préciser.<br />

. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

[I] BOHN A., Tragfähigkeitsmessungen mittels Fallgeräts,<br />

Strasse und Autobahn, 1, 1968, P. 17-24.<br />

[2] GRÜNBAUM H., Dynanische Tragfähigkeitsmessungen<br />

mit eiren Fallgerät, Route et Trafic, 13-14, déc. 1970, p.<br />

707-711.<br />

[3] CLAESSEN A.I.M., VALKERING CP., DITMARSCH R.,<br />

Überprüfung der Tragfähigkeit von Strassen und<br />

Flugplatzbefestigungen mit den Fallgewichtsgerät, Bitumen,<br />

38, Heft 5, 1976.<br />

[4] WEINGART W., Theoretische Grundlagen der dynamischen<br />

Tragfähigkeitsprüfung mit Fallgeräten, Die<br />

Strasse, Heft 9, sept. 1978, p. 309-315.<br />

[5] ULRICH N., Theoretische Untersuchungen zur Beschreibung<br />

des Verformungsverhaltens, von Strassenbaustoffen,<br />

Die Strasse 21. Jahrgang, Heft 9, sept. 1981, p.<br />

310-312.<br />

[6] BRETONNIÈRE S., Les déflectomètres à boulet pour<br />

l'étude des déflexions des chaussées sous charges dynamiques,<br />

Bull, liaison Labo. <strong>routiers</strong> P. et Ch., 2,<br />

juil.-août 1963, p, 43.1-43-16.<br />

[7] CHARLES H., Un déflectomètre à boulet adapté à un<br />

tracteur-porteur, Bull, liaison Labo. <strong>routiers</strong> P. et Ch.,<br />

10, nov.-déc. 1964, p. 1-30, 1-33.<br />

[8] KERYELL P., BENOIST J., Le déflectomètre à boulet,<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch., 57, janv.-févr. 1972, p.<br />

33-46.<br />

[9] BENOIST J., Contribution à l'adaptation d'un déflectomètre<br />

à boulet au contrôle rapide de la portance des<br />

plates-formes de terrassement, Mémoire présenté en vue<br />

de l'obtention du diplôme d'Ing. CNAM, Conservatoire<br />

national des Arts et Métiers et Centre régional associé<br />

d'Angers, oct. 1975.<br />

[10] SETRA-LCPC, Catalogue 1977 des structures types de<br />

chaussées neuves.<br />

[II] SETRA-LCPC, Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong>, Fasc. 4 : Contrôle de l'exécution des remblais<br />

et des couches de forme, oct. 1981.<br />

[12] SCHAEFFNER M., KHAY M., Mesure du pouvoir anticontaminant<br />

des géotextiles soumis à un trafic simulé,<br />

Commun. Congr. Inter, sur les Géotextiles, Las Vegas,<br />

août 1982.<br />

72


TERRRSSEfflEIlTS ROUTIERS<br />

Bilan du contrôle<br />

en continu (Q/S-e)<br />

tes terrassements <strong>routiers</strong><br />

en Normandie<br />

Alain FEVRE<br />

Assistant<br />

Jean-Jacques CORBIN<br />

Gérard VIGÊA<br />

Techniciens supérieurs<br />

Section <strong>Terrassements</strong><br />

Laboratoire régional de Rouen<br />

RÉSUMÉ<br />

Depuis 1978 nous avons recensé dix-neuf<br />

chantiers, représentant une potentialité de<br />

4 100 000 m 3 , pour lesquels les maîtres<br />

d'oeuvre de la région normande avaient prévu,<br />

dans la rédaction des CCTP, un contrôle en<br />

continu des terrassements <strong>routiers</strong> selon la<br />

méthode Q/S et e.<br />

La première partie du document présente ce<br />

qui aurait dû se faire (conformément aux<br />

CCTP) et ce qui s'est réellement fait (au cours<br />

de la réalisation des travaux) en matière de<br />

dévolution des contrôles : qui fait quoi et<br />

comment ? Il ressort un glissement très net<br />

au niveau des intervenants...<br />

Dans la deuxième partie, nous avons recensé<br />

un certain nombre d'anomalies rencontrées<br />

pendant le déroulement des chantiers, et qui<br />

ne sont pas compatibles avec une utilisation<br />

correcte de la méthode.<br />

La troisième partie rappelle les différentes<br />

opérations à effectuer par le responsable<br />

des contrôles pour être en conformité avec les<br />

« règles de l'art » énoncées dans la RTR.<br />

Et, enfin, nous présentons le point de vue du<br />

laboratoire sur les méthodes de contrôle disponibles<br />

et, plus particulièrement, nous précisons<br />

les moyens nécessaires à mettre en œuvre dans<br />

le cadre de la méthode Q/S, e.<br />

MOTS CLÉS : 51 - Contrôle • Continu - Terrassement<br />

- Chantier • Recommandation - France -<br />

Application (usage).<br />

Nous reproduisons ici un document réalisé à la demande du<br />

SÉTRA dans le cadre de ses Etudes Particulières de 1982.<br />

Depuis 1978, année au cours de laquelle les maîtres d'oeuvre<br />

commencent à faire appliquer en Normandie le principe du<br />

contrôle en continu du compactage des terrassements (Q/S<br />

et e), nous avons recensé dix-neuf chantiers pour lesquels les<br />

cahiers des clauses techniques particulières (CCTP) prévoyaient<br />

un contrôle selon cette méthode.<br />

Pour ce recensement, le temps matériel pour lancer une<br />

enquête auprès de chaque maître d'œuvre de la région normande<br />

nous ayant manqué, nous nous sommes bornés à rassembler<br />

l'ensemble des chantiers connus du laboratoire<br />

régional. Il est donc possible que la liste dressée ci-après soit<br />

incomplète, tout oubli de notre part serait bien sûr involontaire.<br />

Ces chantiers, qui représentent une part très importante de<br />

l'ensemble des remblais mis en œuvre depuis 1978 en Normandie,<br />

ont une potentialité globale d'environ<br />

4 100 000 m 5 .<br />

73<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. - 122 - nov.-déc. 1982 - Réf. 2749


Ils sont inégalement répartis sur la région (fig. 1) :<br />

— Calvados : deux chantiers (120 000 m 3 ),<br />

— Eure : trois chantiers (1 130 000 m 3 ),<br />

— Manche : cinq chantiers (1 160 000 m 3 ),<br />

— Orne : un chantier (125 000 m 3 ),<br />

— Seine-Maritime : huit chantiers (1 585 000 m 3 ),<br />

et ont des tailles très diverses (de 20 000 à<br />

650 000 m 3 ) :<br />

— sept chantiers de moins de 100 000 m 3 ,<br />

— six chantiers de 100 à 300 000 m 3 ,<br />

— six chantiers de plus de 300 000 m 3 .<br />

Nous constatons que cinq chantiers sur dix-neuf<br />

entrent dans cette catégorie, ce sont :<br />

— la déviation nord d'Avranches (Manche) :<br />

400 000 m 3 de remblais à 1 500 mVjour,<br />

— la déviation de Valognes (Manche) : 80 000 m 3 de<br />

remblais à 1 000 mVjour,<br />

— la déviation d'Alençon (RN 12) (Orne) :<br />

125 000 m 3 de remblais à 2 500 mVjour,<br />

— la liaison A 13 - CD 514, première tranche (Calvados)<br />

: 20 000 m 3 de remblais à 500 mVjour,<br />

— la déviation de Saint-Joseph (Manche) : 80 000 m 3<br />

de remblais à 1 000 mVjour.<br />

Classe II<br />

Le maître d'œuvre demande à l'entreprise d'assurer<br />

une partie des contrôles de chantier. La formulation<br />

peut être faite dans les termes suivants :<br />

«Les essais d'identification des sols seront à la charge<br />

de l'entrepreneur. Le contrôle du compactage sera à la<br />

charge du maître d'œuvre».<br />

Seul le chantier du CD 13 (liaison A 13 - zone portuaire)<br />

en Seine-Maritime entre dans cette catégorie<br />

(450 000 m 3 de remblais à 4 000 mVjour).<br />

Classe III<br />

Fig. 1<br />

Le maître d'œuvre demande à l'entreprise d'assurer<br />

l'ensemble des contrôles, en se réservant le droit, en<br />

cas de mauvais fonctionnement du laboratoire<br />

d'entreprise, de faire exécuter les essais par un laboratoire<br />

de son choix, aux frais de l'entreprise.<br />

BILAN DU CONTRÔLE EN CONTINU<br />

Classification initiale des chantiers<br />

Compte tenu des diverses orientations données par les<br />

maîtres d'oeuvre pour la dévolution des contrôles (à la<br />

charge du maître d'oeuvre, de l'entreprise ou des<br />

deux), dès la rédaction du cahier des clauses techniques<br />

particulières, nous avons été amenés à considérer<br />

trois classes de chantiers en fonction des intervenants.<br />

Le classement présenté ici est donc fonction des termes<br />

employés dans les CCTP en matière de contrôle.<br />

Classe I<br />

Le maître d'œuvre se réserve l'exécution de l'ensemble<br />

des contrôles. Cette clause peut être précisée dans<br />

les termes suivants :<br />

«Pour l'application de l'article 15-3 du fascicule 2 du<br />

CCTG, il est précisé que l'entrepreneur n'est pas tenu<br />

de vérifier la qualité des matériaux ni la qualité de la<br />

mise en remblai ; le maître d'œuvre se réserve l'exécution<br />

de ces contrôles».<br />

Cela se concrétise par la présence d'un laboratoire<br />

(laboratoire régional ou laboratoire départemental)<br />

sur le chantier pour réaliser les essais et, éventuellement,<br />

exploiter la méthode de contrôle.<br />

Les CCTP sont généralement rédigés de la façon suivante<br />

:<br />

• Identification<br />

«LABORATOIRE DE CHANTIER DE<br />

L'ENTREPRENEUR POUR LES TERRAS­<br />

SEMENTS :<br />

Le laboratoire que l'entrepreneur est tenu<br />

d'avoir sur le chantier, en vertu des dispositions<br />

du paragraphe 4.2 de l'article 12 du fascicule 2<br />

du cahier des prescriptions communes (1),<br />

devra permettre d'exécuter les essais pour<br />

l'identification de la nature et de l'état du sol et<br />

pour la conduite des ateliers de compactage.<br />

Ce laboratoire sera utilisé par l'entrepreneur ou<br />

par le maître d'œuvre pour conduire son chantier.<br />

Dans le cas de mauvais fonctionnement persistant<br />

du laboratoire de chantier de l'entrepreneur,<br />

le maître d'œuvre pourra exiger que tous<br />

les essais soient réalisés dans un laboratoire de<br />

son choix, aux frais de l'entrepreneur, sans que<br />

celui-ci puisse de ce fait élever de réclamations,<br />

en raison des retards ou des interruptions de<br />

chantier consécutifs à cette sujétion ».<br />

(1) Depuis septembre 1976, cahier des clauses techniques générales<br />

(CCTG).<br />

74


À<br />

• Contrôle du compactage<br />

« Matériel de compactage :<br />

L'entrepreneur devra s'assurer en permanence<br />

du bon fonctionnement des engins de compactage<br />

et du lestage effectif et de la charge par<br />

roue correspondante.<br />

Intensité du compactage :<br />

L'entrepreneur devra s'assurer en permanence :<br />

— du respect de l'épaisseur des couches,<br />

— de la bonne répartition de l'effort de compactage<br />

à la surface de la couche,<br />

— du respect de l'intensité de compactage définie<br />

par Q/S,<br />

— du respect du plan de balayage.<br />

Chaque fin de journée, l'entrepreneur devra<br />

faire connaître au maître d'œuvre le nombre de<br />

mètres cubes de chaque nature de sol mis en<br />

remblai pour chaque engin de compactage et les<br />

bandes ou disques enregistrés sur chaque<br />

engin ; le maître d'œuvre se réserve la possibilité<br />

de consulter à tout moment ces bandes ou<br />

disques ».<br />

Ces termes sont en accord avec les documents types<br />

existants mais on notera que, dans ce cas, le texte présente<br />

quelques imprécisions de langage quant à la<br />

dévolution exacte du contrôle du compactage. Nous<br />

avons donc fait l'hypothèse que le terme « l'entrepreneur<br />

devra s'assurer...» signifiait que ce dernier<br />

devait exécuter les calculs d'intensité de compactage<br />

(Q/S) afin de s'assurer que...<br />

Dans d'autres CCTP, le texte concernant la responsabilité<br />

des essais et contrôles, plus concis et sans ambiguïté,<br />

est généralement rédigé de la façon suivante :<br />

« ESSAIS DE LABORA TOIRE<br />

Le présent marché est rédigé dans le cadre de<br />

l'autocontrôlé des travaux par l'entrepreneur.<br />

Celui-ci devra donc mettre en œuvre tous les<br />

moyens en personnel et matériel pour assurer les<br />

essais décrits dans le présent marché.<br />

Sauf dispositions contraires explicitement mentionnées,<br />

tous les essais de fabrication et de mise<br />

en œuvre sont à la charge de l'entrepreneur, les<br />

essais de réception à la charge du maître<br />

d'œuvre ».<br />

Comme précédemment, on notera que le maître<br />

d'œuvre se réserve également la possibilité de faire<br />

appel à un laboratoire de son choix en cas de mauvais<br />

fonctionnement du laboratoire de l'entreprise.<br />

Nous constatons que treize chantiers, sur les dix-neuf<br />

recensés, entrent dans cette catégorie :<br />

— les aménagements des virages d'Orval (Manche) :<br />

100 000 m 3 de remblais à 1 500 mVjour,<br />

— la déviation de Pont-Farcy (Manche) : 500 000 m 3<br />

de remblais à 5 000 mVjour,<br />

— le doublement de la bretelle de Tancarville (Eure) :<br />

80 000 m 3 de remblais à 1 500 mVjour,<br />

— la liaison Evreux-Louviers (1 er tronçon) (Eure) :<br />

650 000 m 3 de remblais à 5 000 mVjour,<br />

— la liaison Evreux-Louviers (2 e tronçon) (Eure) :<br />

400 000 m 3 de remblais à 5 000 mVjour,<br />

— la liaison Caen-Missy (Calvados) : 100 000 m 3 de<br />

remblais à 1 500 mVjour,<br />

— l'aménagement du CD 915 à Mainemare (Seine-<br />

Maritime) : 60 000 m 3 de remblais à 1 000 mVjour,<br />

— l'aménagement de la RN 29 à Saint-Victorl'Abbaye<br />

(Seine-Maritime) : 50 000 m 3 de remblais à<br />

1 000 mVjour,<br />

— l'aménagement du CD 54 à Saint-Aubin-sur-Scie<br />

(Seine-Maritime) : 25 000 m de 3 remblais à<br />

1 000 mVjour,<br />

— la déviation d'Yvetot (Seine-Maritime) :<br />

250 000 m 3 de remblais à 2 500 mVjour,<br />

— l'aménagement du CD 43 (Seine-Maritime) :<br />

150 000 m 3 de remblais à 2 000 mVjour,<br />

— la déviation de Neufchâtel (travaux préparatoires)<br />

(Seine-Maritime): 100 000 m 3 de remblais à<br />

2 000 mVjour,<br />

— la déviation de Saint-Saëns (Seine-Maritime) :<br />

400 000 m 3 de remblais à 3 500 mVjour.<br />

Au vu de cette classification on peut d'ores et déjà<br />

constater que des tendances différentes se dégagent en<br />

faveur de tel ou tel type de contrôle selon les départements<br />

:<br />

Département Classe I Classe II Classe III<br />

— Calvados 50 % — 50 %<br />

— Eure — — 100 %<br />

— Manche 60 % — 40 %<br />

— Orne 100 % — —<br />

— Seine-<br />

Maritime — 12 % 88 %<br />

C'est ainsi que l'on notera la tendance à favoriser<br />

l'autocontrôlé de l'entreprise en Haute-Normandie,<br />

alors qu'en Basse-Normandie les choix sont plus partagés.<br />

Réalité des contrôles<br />

La réalité des contrôles est souvent différente des<br />

orientations définies dans le CCTP. Cette dérive intervient<br />

en général dès la réunion préparatoire, donc<br />

avant le démarrage du chantier, et le maître d'œuvre<br />

est amené (par prudence ?) à modifier plus ou moins<br />

fortement la dévolution des essais et contrôles qui<br />

seront réellement appliqués sur chantier.<br />

Il s'ensuit une modification de la répartition des chantiers<br />

par classe. Cette nouvelle répartition, établie à<br />

partir des données réelles de réalisation des contrôles,<br />

est la suivante :<br />

75


Classe I (contrôle maître d'œuvre)<br />

Douze chantiers (pour cinq prévus) ont fait l'objet<br />

d'un suivi par le laboratoire régional avec, dans certains<br />

cas, une participation du laboratoire départemental<br />

au niveau de la réalisation des essais) ou, pour<br />

quelques cas, par le laboratoire départemental seul.<br />

Classe II (contrôle maître d'œuvre + entreprise).<br />

On retrouve deux chantiers dans cette catégorie alors<br />

qu'un seul était prévu au départ.<br />

Classe III (autocontrôle)<br />

Nous ne retrouvons réellement dans cette catégorie<br />

qu'un seul chantier sur les treize prévus au départ.<br />

Cette nouvelle classification ne concerne que quinze<br />

chantiers. Les quatre chantiers restant n'ont pu être<br />

classés dans les types définis précédemment et peuvent<br />

être rangés dans une nouvelle classe que l'on pourrait<br />

appeler II bis.<br />

Classe II bis<br />

Le principe consiste à appliquer effectivement l'autocontrôlé,<br />

mais avec un suivi techique du chantier par<br />

la laboratoire régional et une participation effective<br />

de ce laboratoire aux réunions de chantier afin de conseiller<br />

le maître d'œuvre.<br />

Parfois, le souhait du maître d'œuvre aurait consisté à<br />

attribuer au laboratoire régional le rôle de « contrôleur»<br />

de «l'autocontrôlé». Il faut noter que cette<br />

situation n'est pas fiable car, si l'on veut qu'elle soit<br />

menée à bien, elle revient à doubler le nombre, donc le<br />

coût des contrôles, et elle risque de mettre en position<br />

de conflit permanent les personnels concernés.<br />

Tendance des dérives<br />

A l'aide d'un tableau, il est facile de faire apparaître<br />

la tendance de l'évolution du contrôle dans le<br />

domaine de l'application de la méthode Q/S et e :<br />

Méthode Méthode appliquée sur le chantier<br />

prévue au<br />

CCTP Classe I Classe II Classe<br />

Il bis Classe III<br />

Classe 1<br />

(MO) 5 5 — — —<br />

Classe II<br />

(MO + entr.) 1 1 — — —<br />

Classe III<br />

(autocontrôle) 13 7 1 4 1<br />

Total 19 12 2 4 1<br />

Les résultats mettent clairement en évidence que<br />

l'autocontrôlé strict n'a pratiquement pas été appliqué<br />

(un seul cas sur 13). Un peu plus de la moitié des<br />

chantiers prévus en autocontrôle a subi le contrôle de<br />

classe I, avec une présence quasi permanente du laboratoire<br />

régional (et éventuellement du laboratoire<br />

départemental), alors que le tiers des chantiers réalisés<br />

réellement en « autocontrôle » a nécessité l'appui et le<br />

suivi technique du laboratoire régional (classe II bis).<br />

Les chantiers prévus en classes I et II au niveau du<br />

CCTP le sont restés au moment des travaux.<br />

On notera donc que les maîtres d'œuvre ont tendance,<br />

au niveau de la réalité des chantiers, à s'orienter vers<br />

les principes de la classe I, et éventuellement II. En<br />

effet, d'une façon générale les dérives observées, prévisions<br />

vers réalisations, ont été à «sens unique» : de<br />

l'autocontrôlé vers la réalisation des contrôles par un<br />

laboratoire du maître d'œuvre.<br />

Commentaires<br />

Cette étude conduit à un certain nombre de commentaires.<br />

En reprenant les différentes formes de contrôle<br />

répertoriées précédemment, soit :<br />

— Classe I : le maître d'œuvre se réserve l'exécution<br />

de l'ensemble des contrôles ;<br />

— Classe II : le maître d'œuvre demande à l'entreprise<br />

d'assurer une partie des contrôles ;<br />

— Classe III : autocontrôle ;<br />

— Classe II bis : même principe de la classe III, mais<br />

le maître d'œuvre s'adjoint la participation du laboratoire<br />

régional afin de s'assurer d'une bonne qualité du<br />

contrôle ;<br />

il se dégage deux grandes orientations :<br />

— pour les classes I et III le maire d'œuvre ou l'entreprise<br />

maîtrise entièrement l'application de la<br />

méthode ;<br />

— pour la classe II, il apparaît nettement une séparation<br />

des tâches entre maître d'œuvre et entreprise qui<br />

peut entraîner certaines difficultés d'interprétation au<br />

niveau de la synthèse journalière.<br />

La première orientation est sans doute celle qui pose le<br />

moins de problèmes de coordination. Les rôles et<br />

tâches sont clairement définis au départ et la synthèse<br />

appartient au maître d'œuvre ou à l'entreprise qui dispose<br />

de l'ensemble des données. On peut ajouter que<br />

le glissement constaté de la classe III vers la classe I,<br />

dans la majeure partie des chantiers répertoriés, semble<br />

montrer que cette dernière correspond le mieux<br />

aux besoins ressentis par les maîtres d'œuvre.<br />

La seconde orientation présente à nos yeux des inconvénients.<br />

Au départ, elle répartit les actions entre le<br />

maître d'œuvre et l'entreprise. Il faut donc bien savoir<br />

«qui fait quoi et surtout comment». A partir des<br />

règles nécessaires à appliquer, définies par la RTR,<br />

pour que la méthode soit un moyen entre les intervenants<br />

pour aller vers la décision qui s'impose. A notre<br />

avis, cette solution peut conduire à des interprétations<br />

incomplètes ou erronées.<br />

Imaginons que le maître d'œuvre se réserve les essais<br />

d'identification (ce qui est souvent le cas). Il possède<br />

deux sources d'information :<br />

— l'étude géotechnique qui, si elle est suffisamment<br />

précise, lui donne les différentes natures de sols qu'il<br />

76


i<br />

Grille de décision<br />

Nature de sol = B4 - Grave argileuse<br />

Grille de décision<br />

Nature de sol = Cx - Grave très argileuse<br />

><br />

\Météo<br />

+ + + = —<br />

Ëtat^^<br />

h 02 22<br />

m<br />

\ 22 22<br />

s 21 21<br />

^XMétéo<br />

É t a t \<br />

h<br />

if<br />

•<br />

ÜI m lu<br />

m 02 02 01<br />

s 01 01<br />

W/<br />

+ + + = -<br />

Fig. 2 - Exemple de grilles<br />

de décision.<br />

RC^\<br />

Q/S<br />

e<br />

Nombre<br />

de passes Rc\^ Q/S e<br />

Nombre<br />

de passes<br />

21 0,06 0,30 5 01 0,045 0,30 7<br />

22 0,10 0,40 3<br />

Type de compacteur= V2a<br />

02 0,07 0,40 6<br />

Type de compacteur<br />

02 0,20 0,60 3<br />

R = Épaisseur des couches<br />

C = Intensité de compactage<br />

0 Fortes épaisseurs possibles<br />

1 Minces nécessaires (0,15 à 0,30)<br />

2 Minces ou moyennes (0,25 à 0,50)<br />

1 Intense<br />

2 Moyen<br />

3 Faible<br />

0 Fortes épaisseurs possibles<br />

R — Épaisseur des couches 1 Minces nécessaires 10,15 à 0,30)<br />

2 Minces ou moyennes (0,25 à 0,50!<br />

1 Intense<br />

C = Intensité de compactage 2 Moyen<br />

<<br />

3 Faible<br />

est susceptible de rencontrer lors de ses terrassements<br />

;<br />

— les essais d'identification complémentaires réalisés<br />

par le laboratoire de son choix pour actualiser ou<br />

compléter les informations en sa possession.<br />

Il confie alors au laboratoire de l'entreprise la vérification<br />

des critères d'état selon une fréquence prévue<br />

au marché.<br />

Nous raisonnons toujours pour des natures de sols<br />

sensibles à l'eau : le critère principal d'état est par<br />

conséquent la teneur en eau. Dans ce cas, nous pensons<br />

que séparément chacune des parties est dans<br />

l'impossibilité d'exploiter la méthode :<br />

— pour le maître d'œuvre, l'identification sans l'état<br />

est insuffisante,<br />

— pour l'entreprise, l'état sans l'identification est<br />

inexploitable.<br />

Il faut donc réaliser la synthèse des deux informations.<br />

Nous prendrons un exemple entre deux natures<br />

de sols qui peuvent entraîner une confusion et conduire<br />

à des consignes de réemploi inadaptées (une<br />

grave ± argileuse dont le D m a x ¡ varie entre 50 et<br />

80 mm).<br />

Nous comparerons les deux grilles de décision (fig. 2)<br />

où apparaissent les paramètres d'entrée (état et météo)<br />

qui conduisent, en fonction du matériel de compactage<br />

présent sur le chantier, à fixer le Q/S objectif. On<br />

s'aperçoit que, suivant que le sol sera classé en B 4 ou<br />

en C p les conditions de remploi s'inversent pour des<br />

conditions d'état et de météo identiques :<br />

— B 4 h : météo = réemploi possible<br />

Q/S = 0,20 ; e = 0,60 m ;<br />

— C, h : météo = réemploi interdit ;<br />

\ — B 4 m : météo + réemploi interdit ;<br />

I — C¡ m : météo + réemploi possible<br />

Q/S = 0,07 ; e = 0,40 m.<br />

On voit ainsi toute l'importance qu'il faut accorder à<br />

l'interprétation des essais d'identification et d'état<br />

pour que la consigne donnée à l'atelier de mise en<br />

œuvre corresponde à un objectif réel qui permette le<br />

compactage des remblais selon les règles définies dans<br />

la RTR.<br />

On pourrait multiplier les exemples qui conduisent à<br />

des dérives de ce type. Nous nous contenterons<br />

d'insister sur le risque que représente à nos yeux l'utilisation<br />

du type de contrôle II, pour les raisons évoquées<br />

ci-dessus, et qui nous renforce dans l'impression<br />

que le contrôle type I est le mieux adapté (cela<br />

étant confirmé par la répartition des types de contrôle<br />

de chantier évoqués précédemment).<br />

ANOMALIES RENCONTRÉES<br />

SUR LES CHANTIERS<br />

La méthode de contrôle en continu Q/S, est une<br />

méthode simple, mais qui suppose une organisation<br />

méthodique et demande une grande rigueur quant à la<br />

qualité des diverses opérations à effectuer.<br />

Elle peut être symbolisée par une chaîne dans laquelle<br />

on devra rechercher un niveau de qualité équivalent<br />

pour chaque maillon si l'on veut être assuré de la<br />

tenue de l'ensemble.<br />

Nous avons récapitulé ci-après un certain nombre<br />

d'anomalies, rencontrées sur des chantiers réalisés en<br />

Normandie, qui ne sont pas compatibles avec une utilisation<br />

correcte de la méthode telle qu'elle est définie<br />

par la RTR.<br />

Certaines de ces anomalies peuvent sembler excessives<br />

ou évidentes pour le lecteur averti, mais nous tenons à<br />

préciser qu'aucune d'entre elles n'est le fait de l'imagination<br />

et qu'elles ne sont que le reflet de certaines de<br />

nos observations.<br />

77


La liste dressée ici ne peut donc être exhaustive et son<br />

but est simplement de présenter des anomalies qui<br />

pourraient, dans certains cas, conduire à une faillite<br />

totale de la méthode de contrôle malgré la bonne<br />

volonté affichée par les intervenants.<br />

/ - Sous un angle très général nous avons noté que :<br />

— la méthode ou les tâches à réaliser par les différents<br />

intervenants ne sont pas toujours expressément<br />

ou clairement définies dans le CCTP ;<br />

— l'entreprise utilise pour tout ou partie du chantier<br />

un matériel de compactage non équipé de tachygraphes,<br />

alors qu'il était prévu au CCTP et que le maître<br />

d'oeuvre aurait pu être en droit de l'exiger ;<br />

— les entreprises ont une fâcheuse tendance à placer<br />

sur les compacteurs les conducteurs les moins bons<br />

alors que cette tâche requiert des personnels de qualité<br />

pour aboutir à un travail soigné ;<br />

— les maîtres d'oeuvre ou les entreprises n'ont pas,<br />

ou ne se donnent pas, des moyens suffisants en personnel<br />

pour mener à bien l'ensemble des tâches nécessaires<br />

au contrôle : « le Q/S ça vient après la conduite<br />

ou l'avancement du chantier... » moyennant quoi les<br />

opérations relatives au Q/S ne sont menées que sommairement<br />

quand elles le sont ;<br />

— certains maîtres d'oeuvre prévoient les types de<br />

clauses ou prennent les décisions suivantes :<br />

• « Tous les résultats des essais effectués par<br />

l'entreprise feront l'objet d'un compte rendu<br />

établi par l'entrepreneur qui sera adressé au<br />

maître d"œuvre dans les deux jours ouvrables<br />

suivant leur obtention. Ce dernier donnera son<br />

avis dans un délai de deux jours ouvrables ».<br />

Il est évident que pendant ces quatre jours certains<br />

événements peuvent survenir (pluie, couverture des<br />

matériaux incriminés par d'autres couches, etc.), et à<br />

notre avis un tel délai est inadmissible.<br />

• «Les disques de contrôle seront envoyés journellement<br />

au CETE par la poste en vue de leur<br />

exploitation ».<br />

Lorsque l'on connaît la lenteur de certains courriers...<br />

on peut être amené à douter de l'efficacité d'un tel<br />

procédé. Nous pensons plutôt qu'il y a lieu de mettre<br />

en place une procédure telle, que le dépouillement des<br />

disques, l'exploitation des contrôles et la décision<br />

quant à la qualité obtenue, soient réalisés dans les<br />

meilleurs délais.<br />

2 - Concernant l'identification des sols, nous avons<br />

noté que :<br />

— pour certains chantiers, les responsables des contrôles<br />

se contentaient d'une classification visuelle en<br />

nature et en état des matériaux sans qu'aucun essai ait<br />

été réalisé avant ou pendant la durée des travaux ;<br />

— pour d'autres chantiers, les responsables des contrôles<br />

se satisfaisaient des résultats obtenus sur les<br />

sondages de l'étude géotechnique (sondages réalisés<br />

parfois depuis plusieurs années et à des périodes<br />

annuelles qui ne correspondaient pas à celle du chantier).<br />

Dans ces deux cas, on peut comprendre aisément que<br />

la détermination du Q/S objectif souffre d'une certaine<br />

imprécision (!) sans tenir compte des erreurs qui<br />

peuvent être faites quant aux possibilités de réemploi<br />

des matériaux.<br />

3 - Suivi des conditions de mise en œuvre :<br />

— le responsable des contrôles chargé d'exploiter la<br />

méthode ne fait que quelques visites occasionnelles du<br />

chantier et passe trop peu de temps autour des ateliers<br />

de répandage et de compactage pour s'assurer correctement<br />

de l'épaisseur des couches et du balayage du<br />

(des) compacteur(s) ;<br />

— l'épaisseur des couches est donnée visuellement<br />

sans jamais réaliser de mesures.<br />

4 - Détermination de l'intensité de compactage :<br />

— les pannes de tachygraphes ne sont pas signalées<br />

assez rapidement par les entreprises ; il faut que la<br />

surveillance extérieure soit suffisamment pressante<br />

pour en accélérer la remise de l'enregistrement ;<br />

— le remplissage des fiches journalières et l'état récapitulatif<br />

hebdomadaire ne sont pas réalisés régulièrement<br />

;<br />

— le disque d'enregistrement est placé sur la mauvaise<br />

face (recto au verso) et sa lecture n'est pas simple<br />

;<br />

— il n'est pas tenu compte du verso des disques sur<br />

lequel apparaît le fonctionnement effectif de la vibration<br />

des engins vibrants ;<br />

— en cas d'utilisation d'un cylindre vibrant tracté,<br />

l'entreprise prétexte une dégradation rapide du tachygraphe<br />

pour se faire dispenser de l'installation de<br />

celui-ci. Dans ce cas, le maître d'oeuvre doit demander<br />

l'installation de l'enregistreur sur l'engin tracteur ;<br />

— l'affichage des vitesses n'est pas étalonné par rapport<br />

aux vitesses réelles ;<br />

— la vitesse de fonctionnement du compacteur, enregistrée<br />

sur le disque, est supérieure à la vitesse préconisée<br />

;<br />

— il n'est pas réalisé d'étalonnage des cubages de<br />

matériaux transportés, ni même de pesée des engins ;<br />

— le comptage des voyages n'est pas correctement<br />

effectué (oubli dans certains cas, ou bien prise en<br />

compte du voyage alors que les matériaux avaient une<br />

destination autre que celle de l'atelier de mise en<br />

œuvre contrôlé) ;<br />

— l'estimation du cubage de matériaux mis en œuvre<br />

est minorée par l'entreprise ;<br />

— exploitation de la distance parcourue en prenant<br />

en compte la distance globale (indiquée par le compteur<br />

kilométrique de l'engin) parcourue au niveau de<br />

la journée ;<br />

— les distances réalisées lors des déplacements ou des<br />

travaux divers sont prises en compte inconsidérément<br />

;<br />

— estimation des distances en fonction du temps affiché<br />

par l'horloge de maintenance sur les compacteurs<br />

vibrants tractés ;<br />

78


— prise en compte du temps de régalage des engins à<br />

double fonction (engins à pieds dameurs) dans le<br />

temps de compactage, alors que ceux-ci ne travaillent<br />

pas à la vitesse préconisée pour cette fonction.<br />

5 - Répartition de l'intensité de compactage :<br />

— le responsable des contrôles ne s'assure pas, par<br />

des mesures complémentaires (densités relatives sur<br />

des profils transversaux notamment), de la bonne<br />

répartition de l'intensité de compactage ;<br />

— le compactage des bords de remblai n'est pas réalisé<br />

dans de bonnes conditions, notamment dans le cas<br />

d'utilisation d'engins tractés ou de compacteurs à<br />

pneumatiques ;<br />

— répartition hétérogène du nombre de passes des<br />

engins à double fonction (régalage et compactage)<br />

sans tenir compte d'un abattement de la distance<br />

totale parcourue pour le calcul de la surface réellement<br />

compactée dans de bonnes conditions.<br />

RÔLE DU RESPONSABLE DES CONTRÔLES<br />

L'objet de ce chapitre est de dresser une liste des opérations<br />

à effectuer par le responsable du contrôle si ce<br />

dernier veut disposer d'une crédibilité qui lui permette<br />

d'assurer au maître d'ouvrage que les travaux ont été<br />

exécutés conformément aux règles de l'art énoncées<br />

dans la RTR.<br />

A titre indicatif, on peut fixer les fréquences d'essais<br />

ci-après en cours de chantier, en sachant que ces fréquences<br />

devront être augmentées au démarrage et à<br />

chaque changement de nature de sol ou d'organisation<br />

des travaux.<br />

Ces mesures doivent être réalisées selon les modes<br />

opératoires en vigueur et « // est indispensable de les<br />

confier à un personnel très expérimenté qui pourra au<br />

mieux juger de l'importance à leur accorder» ainsi<br />

que de modifier ces fréquences en fonction des données<br />

du chantier :<br />

— un essai proctor avec poinçonnement CBR pour<br />

1 500 m 3 ,<br />

— une analyse granulométrique pour 15 000 m 3 ,<br />

— une mesure occasionnelle des limites d'Atterberg,<br />

— une teneur en eau pour 500 m 3 .<br />

Définition des conditions d'utilisation des sols<br />

Compte tenu de l'identification en nature et état des<br />

sols, du plan de mouvement des terres suivi par<br />

l'entreprise, et des prévisions météorologiques (pour<br />

les sols sensibles à l'eau), il est possible de définir, à<br />

l'aide du fascicule 2 de la RTR, les conditions d'utilisation<br />

des sols. Celles-ci serviront à fixer les données<br />

relatives aux engins de compactage et aux épaisseurs<br />

de couche qui sont nécessaires pour la réalisation des<br />

travaux. Le choix de l'engin de compactage permettra<br />

ensuite de déterminer les paramètres e et Q/S qui<br />

devront être respectés sur le chantier.<br />

Identification des sois (1)<br />

Epaisseur<br />

«La mise en application et l'interprétation de la<br />

méthode de contrôle en continu seront d'autant plus<br />

aisées et fiables que les études de reconnaissance<br />

auront permis d'avoir une meilleure connaissance de<br />

la nature et de l'état des sols qui seront utilisés. C'est,<br />

en particulier, essentiellement à partir des résultats de<br />

ces études que le maître d'œuvre est en mesure de fixer<br />

les conditions d'utilisation des sols qui définissent en<br />

fait le plan du mouvement des terres.<br />

Toutefois, même dans le cas d'études de reconnaissance<br />

particulièrement complètes, il sera toujours<br />

nécessaire de procéder au moment du contrôle des travaux<br />

à des mesures complémentaires d'identification<br />

des sols, en raison notamment :<br />

— des variations de teneur en eau entre le moment<br />

des reconnaissances et celui des travaux,<br />

— du caractère inévitablement ponctuel des résultats<br />

des études de reconnaissance,<br />

— et, surtout, du remaniement considérable et difficilement<br />

estimable des sols provoqué au cours des différentes<br />

phases du terrassement : extraction, chargement,<br />

déchargement, régalage, mélanges de déblais<br />

d'origines différentes, etc., qui réduit plus ou moins<br />

la possibilité d'utiliser les résultats des études de<br />

reconnaissance ».<br />

(1) Les passages en italique sont extraits du fascicule 4 de la RTR.<br />

Les valeurs présentes dans la RTR correspondent à<br />

une épaisseur maximale des couches à mettre en<br />

œuvre (fig. 3 à 5).<br />

On accordera le soin nécessaire à la mesure de l'épaisseur<br />

réelle des couches :<br />

— nivellement précis pour les planches d'essai,<br />

— toise ou jauge d'épaisseur en cours de chantier.<br />

l'appréciation visuelle est à écarter autant que possible,<br />

compte tenu de son imprécision qui peut atteindre<br />

fréquemment les limites de tolérance exigées ± 15 °7o.<br />

« Il est souvent préférable de procéder à ces mesures<br />

au moment du régalage (en estimant l'incidence du<br />

compactage), car c'est évidemment à ce stade qu'il est<br />

le plus facile d'apporter les corrections nécessaires».<br />

Intensité de compactage Q/S<br />

Evaluation de Q<br />

Elle peut être réalisée par relevés topographiques au<br />

remblai ou par comptage des engins de transport,<br />

après avoir étalonné le contenu de ces derniers pour<br />

chaque nature de sol et chaque mode d'extraction rencontrés<br />

sur le chantier. Ces étalonnages peuvent être<br />

réalisés par pesées des chargements, associées à des<br />

mesures de densité du matériau mis en œuvre.<br />

79


Fig.3<br />

Fig.4<br />

Fig. 3 et 4 - Contrôle de l'épaisseur des couches. Le réglage en<br />

« biseau » et la présence de blocs posent des problèmes<br />

pour déterminer l'épaisseur à prendre en compte.<br />

Fig. 5 - Sur des ateliers de mise en œuvre étendus, le plan de<br />

balayage est facile à appréhender : c'est le cas idéal.<br />

Fig. 6 et 7 - Au voisinage des ouvrages d'art :<br />

— le plan de balayage est incertain,<br />

— les moyens de mise en oeuvre sont souvent disproportionnés par<br />

rapport au volume à traiter. Les épaisseurs mises en œuvre sont souvent<br />

fortes.<br />

La qualité des remblais ne pourra être évaluée sans observation de<br />

l'exécution des travaux.<br />

Fig. 5<br />

1*,<br />

Fig. 6 Fig. 7<br />

Ces deux méthodes peuvent être menées parallèlement<br />

et l'on devra s'assurer lors des relevés topographiques<br />

que leur recoupement est satisfaisant.<br />

Si tel est le cas, on pourra utiliser la seconde méthode,<br />

qui est la plus commode, pour avoir une bonne estimation<br />

du débit journalier.<br />

Evaluation de S<br />

Cette valeur est obtenue par le produit de la largeur de<br />

compactage par la distance parcourue pendant l'échelon<br />

de temps retenu (généralement la journée). La largeur<br />

de compactage est donnée dans la liste des compacteurs<br />

annexée au fascicule 3. La détermination de<br />

la distance est assujettie aux règles suivantes :<br />

— présence d'un tachygraphe enregistreur sur chaque<br />

engin de compactage,<br />

— étalonnage des distances (enregistrement/réalité)<br />

avant le démarrage du chantier,<br />

— élimination des distances correspondant à des<br />

tâches autre que le compactage du remblai contrôlé<br />

80


(par exemple : transfert, entretien des pistes, reprises<br />

de compactage de matériaux précédemment mis en<br />

œuvre, etc.). Cette tâche peut être notablement simplifiée<br />

par un emploi judicieux de la manette d'affectation<br />

et des plages correspondantes enregistrées sur le<br />

disque. On notera, pour tout problème rencontré lors<br />

de l'exploitation des disques, que l'on peut se reporter<br />

utilement aux notices d'emploi des constructeurs<br />

(Kienzle France notamment : «L'emploi utile du<br />

tachygraphe Kienzle »).<br />

Vérifications complémentaires<br />

A l'aide des enregistrements on s'assurera également<br />

de la régularité :<br />

— de la vitesse d'avancement de l'engin de compactage,<br />

— de la fréquence de vibration pour les matériels<br />

vibrants.<br />

Par ailleurs, il sera nécessaire de s'assurer, par pesée<br />

en début de chantier notamment, du poids des engins<br />

et que le lestage correspondant n'est pas modifié en<br />

cours de chantier.<br />

Répartition de l'intensité de compactage<br />

« 77 reste enfin à vérifier le respect des modalités relatives<br />

à l'organisation du chantier et, plus particulièrement,<br />

la répartition uniforme du travail des compacteurs<br />

sur la totalité de la zone de mise en œuvre (en<br />

bord de talus notamment). Ce contrôle relève avant<br />

tout de la surveillance de chantier. On peut cependant<br />

indiquer qu 'un moyen objectif de vérifier cette uniformité<br />

consiste à effectuer, sur un ou quelques profils en<br />

travers, une série de mesures de densité du sol en<br />

place.<br />

Cela suppose néanmoins, sous peine d'alourdir rédhibitoirement<br />

la méthode, que les matériaux soient suffisamment<br />

homogènes (en nature et en état) dans les<br />

profils considérés, de manière à ce que les valeurs des<br />

densités humides mesurées soient immédiatement<br />

comparables entre elles ».<br />

Par ailleurs, le responsable des contrôles doit asseoir<br />

l'autorité des conducteurs de compacteur, vis-à-vis<br />

des autres conducteurs d'engins, afin qu'ils puissent<br />

disposer d'une surface d'évolution suffisante pour<br />

travailler dans de bonnes conditions, notamment visà-vis<br />

de la répartition de l'intensité de compactage.<br />

POINT DE VUE DU LABORATOIRE ET CONCLUSIONS<br />

La Recommandation pour les terrassements <strong>routiers</strong><br />

propose deux méthodes de contrôle du compactage<br />

des matériaux mis en remblais ou en couche de<br />

forme : le contrôle des densités du matériau mis en<br />

œuvre et le contrôle en continu.<br />

La méthode de contrôle en continu est une méthode<br />

qui ne peut souffrir la médiocrité ; elle est composée<br />

d'un certain nombre d'opérations indispensables, qui<br />

doivent être traitées avec la plus grande attention.<br />

Tout manquement ou omission de l'une de ces opérations<br />

rendrait le contrôle caduc et, dans ce cas, aucune<br />

garantie de qualité des travaux ne pourrait être formulée<br />

au maître d'ouvrage.<br />

C'est cependant cette méthode qui nous semble la plus<br />

efficace lorsqu'elle est correctement traitée. Elle permet<br />

de contrôler le compactage avec un délai de<br />

réponse court, à condition toutefois que le fait de vouloir<br />

la faire appliquer ne constitue pas uniquement<br />

une satisfaction de l'esprit pour les maîtres d'œuvre<br />

qui l'ont choisie.<br />

Compte tenu des nombreuses anomalies présentées<br />

dans le chapitre précédent, il nous semble indispensable<br />

de conseiller aux maîtres d'œuvre de faire preuve<br />

de la plus grande vigilance quant à la conduite de la<br />

méthode, afin que de tels errements, préjudiciables à<br />

la réussite du contrôle, soient évités pour les chantiers<br />

à venir.<br />

Le rôle du laboratoire régional est d'aider les maîtres<br />

d'œuvre dans cette tâche et il serait souhaitable<br />

qu'une collaboration plus étroite ait effectivement<br />

lieu entre ces deux parties qui poursuivent le même<br />

but : réaliser des travaux de qualité dans le cadre de<br />

l'enveloppe financière attribuée.<br />

Compte tenu des éléments fournis précédemment on<br />

peut dire qu'un contrôle correct selon la méthode Q/S<br />

ne peut être assuré que :<br />

— par la présence d'un technicien de laboratoire<br />

chargé des essais d'identification ;<br />

— par la présence quasi permanente sur le chantier<br />

du responsable des contrôles qui aura également en<br />

charge l'exploitation des données et la mise en forme<br />

de la feuille signalitique de contrôle (on peut estimer<br />

qu'une durée moyenne de deux heures par jour est<br />

nécessaire pour réaliser correctement l'exploitation et<br />

le remplissage de cette fiche pour chaque atelier de<br />

compactage).<br />

Il est donc nécessaire, pour mener à bien la méthode<br />

de contrôle, que les maîtres d'œuvre se donnent des<br />

moyens suffisants en personnel (qu'il s'agisse de leur<br />

propre personnel, de celui d'un laboratoire spécialisé<br />

— régional ou départemental — ou de celui de<br />

l'entreprise) et qu'ils s'assurent de la compétence<br />

réelle des intervenants (quitte à prévoir une formation<br />

adaptée pour des agents non initiés).<br />

81


TERRflSSEmEfïïS<br />

ROUTIERS<br />

Imperméabilisation des plates-formes<br />

de terrassement<br />

RÉSUMÉ<br />

Daniel PUIATTI<br />

Ingénieur<br />

Service des études et recherches internationales<br />

Laboratoire central des Ponts et Chaussées<br />

Alain QUIBEL<br />

Ingénieur<br />

Centre d'expérimentations routières de Rouen<br />

On recommande souvent d'imperméabiliser les<br />

plates-formes de terrassement alors qu'on<br />

ignore l'efficacité des techniques disponibles.<br />

Face à cet état de fait, les auteurs de l'article<br />

ont cherché à connaître l'état actuel des<br />

choses soit par une étude bibliographique,<br />

soit par des essais en semi-grandeur réalisés<br />

au CER (Centre d'expérimentations routières)<br />

de Rouen. Les résultats de l'étude bibliographique<br />

sont décevants car on y trouve peu de<br />

références spécifiques aux terrassements proprement<br />

dits. Par contre, la première série d'essais<br />

réalisés au CER apporte des informations et<br />

même des révélations intéressantes.<br />

L'article rappelle tout d'abord qu'une bonne<br />

« fermeture » des surfaces peut limiter les<br />

risques de pénétration de l'eau dans des proportions<br />

intéressantes. Le traitement aux liants<br />

hydrauliques modifie la perméabilité : le<br />

traitement à la chaux l'augmente, le traitement<br />

au ciment, ou mixte chaux-ciment, la diminue.<br />

Les enduits superficiels de type monocouche ou<br />

bicouche, avec ou sans cloutage préalable, qui<br />

sont bien souvent des transpositions pures<br />

et simples de formules pour chaussées, sont<br />

d'une efficacité douteuse, voire nulle, à cause<br />

de la perforation du voile étanche par les<br />

gravillons. Un simple voile de bitume avec<br />

sablage est de beaucoup plus efficace, mais<br />

se pose alors le problème de la résistance au<br />

trafic. Les membranes étanches sont actuellement<br />

peu utilisées ; elles sont par ailleurs<br />

fragiles. Les hydrophobants sont plus utilisés<br />

jusqu'ici dans les travaux paysagers que dans<br />

les travaux <strong>routiers</strong>. Leur efficacité pour une<br />

période de courte durée est certaine mais les<br />

essais doivent être poursuivis. Il existe enfin<br />

beaucoup d'autres produits qu'on nous présente<br />

comme des stabilisants ou des imperméabilisants<br />

et qui n'ont bien souvent aucune de ces<br />

vertus. L'avis d'un laboratoire peut être utile.<br />

MOTS CLÉS : 51 - Remblai - Déblai - Sol de<br />

fondation - Étanchéité - Traitement des sols -<br />

Chaux - Ciment - Mixte (mélange) • Enduit<br />

superficiel - Bitume - Répandage - Sable -<br />

Hydropholant • Essai -/Membrane.<br />

En matière de terrassement, il est couramment admis<br />

qu'une imperméabilisation superficielle est nécessaire pour<br />

éviter qu'une plate-forme sensible aux intempéries perde ses<br />

qualités mécaniques à cause des eaux météoriques. Dans<br />

certains cas de plates-formes en matériaux sensibles à l'eau,<br />

mais ne risquant pas de s'humidifier par la nappe, la RTR<br />

(Recommandation pour les terrassements <strong>routiers</strong>, SETRA-<br />

LCPC, 1976) envisage même la possibilité de réduire l'épaisseur<br />

des couches de forme en matériaux graveleux faiblement<br />

pourvus en fines (D2, B3) ou faiblement argileux et<br />

donc plus délicats (B4, C2), à condition qu'ils soient imperméabilisés<br />

en surface et qu'ils le soient de « façon sûre ».<br />

Tout le problème consiste à définir ce qu'est une imperméabilisation<br />

sûre.<br />

A cet effet, nous avons effectué une étude bibliographique<br />

complétée par une enquête auprès de nombreux organismes<br />

étrangers pour faire un recensement des différentes méthodes<br />

pratiquées et, si possible, de leur efficacité.<br />

Par ailleurs, nous nous sommes appuyés sur les résultats<br />

d'une série d'expérimentations en « semi-grandeur » sur<br />

planches d'essais qui ont été réalisées au CER (Centre<br />

d'expérimentations routières) à Rouen.<br />

82<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. -122 - nov.-déc. 1982 - Réf. 2756


À<br />

Nous nous sommes volontairement limités à l'imperméabilisation<br />

superficielle des sols supports de couches<br />

de forme et des couches de forme elles-mêmes à<br />

l'exclusion des couches de chaussées et de tout autre<br />

ouvrage n'ayant pas un usage routier ou assimilé. Le<br />

présent article fait la synthèse des résultats obtenus.<br />

•<br />

D'une manière générale, les résultats de l'étude bibliographique<br />

sont assez décevants dans la mesure où il<br />

s'avère que peu de pays ont fait des recherches spécifiques<br />

sérieuses dans le domaine des terrassements ou<br />

des pistes et routes en terre. La technique la plus fréquemment<br />

utilisée, avec plus ou moins de bonheur,<br />

reste l'enduit superficiel classique, parfois la membrane<br />

épaisse qui peut prendre l'allure d'une enveloppe<br />

étanche. Les autres procédés basés sur une réaction<br />

physico-chimique avec le sol à traiter sont moins<br />

répandus. Il arrive d'ailleurs que certains de ces procédés<br />

soient avant tout utilisés comme anti-poussière ou<br />

anti-érosion.<br />

un minimum de précautions élémentaires, généralement<br />

peu coûteuses, peut avoir des effets bénéfiques<br />

sur l'imperméabilisation. On a malheureusement souvent<br />

tendance à l'oublier, surtout en cours de travaux<br />

de terrassement (fig. 1).<br />

Variation du coefficient de ruissellement en fonction<br />

de la compacité en partie supérieure des couches<br />

Les résultats qui suivent proviennent de planches<br />

d'essais avec un limon Ip 8 à la teneur en eau optimum<br />

proctor normal, mis en œuvre et compacté dans différentes<br />

conditions :<br />

Modalité<br />

A<br />

B<br />

Caractéristiques<br />

de mise en œuvre<br />

Vibrant RV2<br />

Pente 4 %<br />

Pneu 3 t/roue P,<br />

Pente 4 %<br />

Td/TdQpN<br />

des 10 cm supérieurs<br />

(%)<br />

93,8<br />

100,8<br />

EFFETS DU COMPACTAGE<br />

Rappel des règles élémentaires<br />

La perméabilité d'un sol étant liée à l'importance et à<br />

la disposition des vides qu'il contient, il y a lieu de<br />

minimiser leur rôle en compactant énergiquement et<br />

en lissant la couche supérieure tout en permettant à<br />

l'eau de pluie de s'évacuer rapidement vers des exécutoires<br />

grâce à des pentes appropriées. Certains pays<br />

reconnaissent se contenter de telles mesures (Norvège,<br />

Danemark, Bulgarie, Australie). D'autres en grand<br />

nombre, sont d'accord pour dire que cela nécessite<br />

une mise en œuvre rapide des couches de chaussées.<br />

Dans le cas contraire, en Grande-Bretagne, on cite la<br />

possibilité de laisser une surépaisseur de 30 cm en<br />

déblai, 15 cm en remblai, qu'on enlève lors de la mise<br />

en œuvre des chaussées.<br />

Des essais réalisés au CER ont permis de mesurer<br />

l'effet du compactage sur le coefficient de ruissellement<br />

et d'en connaître l'importance. On met en évidence<br />

que, bien que n'étant pas totalement efficace,<br />

C<br />

D<br />

A h (mm)<br />

15 *i<br />

10<br />

5 --<br />

Vibrant RV2<br />

Pente nulle<br />

1 passage en statistique<br />

du RV2<br />

Pente 4 %<br />

JL<br />

1 OCTOBRE<br />

il<br />

Fig. 2 - Pluviométrie durant la période d'essais.<br />

98,1<br />

77,6<br />

] ours<br />

• ' »•<br />

15<br />

Les structures ont été soumises aux conditions météorologiques<br />

naturelles et les coefficients de ruissellement<br />

comparatifs ont été déterminés sur une période<br />

de 12 jours durant laquelle il est tombé 37,4 mm d'eau<br />

(«g- 2).<br />

La représentation des coefficients de ruissellement en<br />

fonction du taux de compactage en partie supérieure<br />

(fig. 3) montre que :<br />

— une absence de compactage (roulage du cylindre en<br />

statique seulement) conduit à une infiltration totale en<br />

dépit de la présence d'une pente régulière (D) ;<br />

Fig. 1 - Le non-respect de certaines règles élémentaires a considérablement<br />

retardé la reprise de ce chantier après l'hiver.<br />

— un rouleau vibrant peut conduire à une surface<br />

supérieure relativement « ouverte » dans certains cas,<br />

83


coefficient<br />

de<br />

ruisselLement (%)<br />

0-_<br />

B<br />

A<br />

C<br />

D<br />

i<br />

Td<br />

TdOPN<br />

80 90<br />

100<br />

Fig. 3 - Variation du coefficient de ruissellement avec le taux de compactage<br />

des 10 cm supérieurs.<br />

Fig. 4 - Différences de compactage en partie supérieure en fonction<br />

du matériel employé.<br />

en raison des actions de cisaillement développées sur<br />

parfois plus que les 10 cm supérieurs (fig. 4).<br />

Cela a eu notamment comme conséquence pour le<br />

limon de présenter des « lamelles » horizontales de 1 à<br />

2 cm d'épaisseur, visibles au démontage de la structure<br />

(fig. 5) jusqu'à 15 à 20 cm de profondeur. On ne<br />

trouve pas un phénomène de cette ampleur avec le<br />

rouleau à pneus, qui permet de densifier à plus de<br />

100 °7o 7d 0 P N les 10 cm supérieurs :<br />

— quand le taux de compactage en partie supérieure<br />

passe de 95 à 100 % 7 d 0PN' l e coefficient de ruissellement<br />

dans ce cas de matériau passe d'une valeur faible<br />

: 20 °7o, à une valeur intéressante : 50 % ;<br />

— l'absence de pente (transversale, mais peut être aussi<br />

davantage longitudinale) favorisant l'écoulement de<br />

la fraction qui ruisselle conduit à des stagnations de<br />

flaques plus ou moins importantes, bien évidemment<br />

PLANCHES A et C<br />

compactées au vibrant compactée au pneu<br />

Fig. 5 - Influence du mode de compactage sur la structure en surface<br />

pour le type de sol testé.<br />

préjudiciables au coefficient de ruissellement global<br />

qui peut à la limite être nul. En outre, ces stagnations<br />

provoquent une hétérogénéité des teneurs en eau du<br />

sol en surface au niveau des zones d'accumulations,<br />

pouvant amener d'une manière plus précoce les difficultés<br />

de traficabilité et les arrêts de chantier.<br />

84


D'autres résultats (fig. 6) ont pu être obtenus à partir<br />

d'essais de laboratoire où des éprouvettes (0 =<br />

150 mm, h = 300 mm) compactées à différentes énergies,<br />

donc à différents taux de compactage, étaient<br />

soumises à une infiltration contrôlée sous une lame<br />

d'eau de faible épaisseur (1 à 2 cm). Le paramètre<br />

mesuré est la hauteur maximale infiltrée, en fonction<br />

du temps :<br />

— dans le cas d'un sable argileux sec, l'infiltration<br />

maximale possible d'eau est divisée par plus de 2<br />

quand le taux de compactage en partie supérieure augmente<br />

de 5,5 % ;<br />

— dans le cas d'un limon A} à teneur en eau voisine de<br />

W<br />

OPN> l'infiltration est quatre fois plus faible au bout<br />

de 3 à 4 heures quand le sol a un taux de compactage<br />

de 5 °7o plus élevé environ.<br />

EFFETS DU TRAITEMENT A LA CHAUX ET AU<br />

CIMENT SUR LA PERMÉABILITÉ DES PLATES-<br />

FORMES<br />

Considérations générales<br />

On sait qu'un apport de chaux, même faible, dans un<br />

sol argileux provoque instantanément la floculation<br />

des argiles ce qui entraîne entre autres une diminution<br />

de la densité maximale de l'essai proctor (Td O P N et<br />

7d O P M). Sur le terrain, à condition de mise en oeuvre<br />

identique (énergie de compactage, épaisseur des couches,<br />

etc.), un sol traité à la chaux contiendra donc un<br />

volume de vides plus important que le même sol non<br />

traité et sera, par conséquent, plus perméable que le<br />

sol initial.<br />

Aux Etats-Unis on a montré que, toutes choses étant<br />

égales par ailleurs, 30 jours après le traitement à la<br />

chaux des sols d'Ip variant entre 17 et 63, le coefficient<br />

de perméabilité augmentait considérablement et<br />

pouvait être multiplié selon l'Ip par 10 2 à 10 6 et passer<br />

de 10" 9 cm/s à 10" 7 et 10 3 cm/s. On pense que cette<br />

augmentation est directement liée au délai qui s'écoule<br />

entre l'introduction de la chaux et le compactage :<br />

plus ce délai est long et plus la perméabilité augmente.<br />

Contrairement à ce qui se passe avec la chaux, les<br />

effets immédiats de l'incorporation d'un ciment dans<br />

un sol sur les caractéristiques proctor ne sont pas aussi<br />

spectaculaires. La densité maximale de référence par<br />

exemple varie très peu et, autrement dit, le volume des<br />

vides reste sensiblement constant. Par contre, l'hydratation<br />

du ciment s'accompagne de la création de liaisons<br />

qui viennent remplir plus ou moins partiellement<br />

les vides et provoquer une diminution de la<br />

perméabilité.<br />

Cependant, bien que cela soit admis dans certains<br />

états des Etats-Unis, il paraît risqué pour la réussite<br />

du traitement de ne pas recouvrir une couche traitée<br />

au ciment d'un enduit de cure chargé de limiter les risques<br />

d'évaporation. Dans ce cas, l'enduit joue aussi le<br />

rôle d'imperméabilisation.<br />

Les essais réalisés au CER de Rouen sur un limon, un<br />

sable argileux et une grave ont confirmé les répercussions<br />

opposées de ces deux types de traitement sur le<br />

coefficient de perméabilité.<br />

Résultats des essais effectués au CER<br />

Ces essais concernent quatre types de sols dont les<br />

principales caractéristiques d'identification sont :<br />

Limon Ip 11<br />

% < 8CV = 78 %<br />

% < 2/i = 21 %<br />

Sable 0/5 naturel<br />

%


h<br />

à<br />

30 +<br />

(mm)<br />

30 --<br />

A h (mrn)<br />

Fig. 7 - Influence des traitements à la chaux et<br />

chaux-ciment de deux limons sur les infiltrations<br />

potentielles.<br />

— — L-2 non traité<br />

20--<br />

L-|<br />

+ chaux<br />

20 --<br />

Lj + chaux<br />

» — -» — chaux-ciment<br />

10--<br />

L-) + chaux-ciment ¿*<br />

10 •-<br />

—t—I—t-<br />

10 30 1<br />

16<br />

t<br />

(h)<br />

10 30 1<br />

16 t (h)<br />

h<br />

(mm)<br />

ih<br />

(mm)<br />

Fig. 8 - Influence sur l'infiltration<br />

potentielle du traitement au ciment<br />

d'un sable B2 et d'une grave B4.<br />

30--<br />

SABLE B2 non traité<br />

traitée<br />

6 % ciment<br />

20.<br />

i a -<br />

traité<br />

5 % ciment<br />

t<br />

(h)<br />

10 30 1<br />

Il est observé que le traitement à la chaux seule multiplie<br />

par un facteur 10 la perméabilité du limon naturel,<br />

et que le traitement mixte chaux-ciment ramène la<br />

perméabilité à une valeur inférieure à celle du limon<br />

naturel, bien que la porosité soit plus élevée dans le<br />

cas du sol traité chaux-ciment (densité plus faible).<br />

Le sable S traité au ciment ou non, a pour conditions<br />

initiales :<br />

traité peut absorber 15 mm dans le même temps<br />

(fig. 8).<br />

Quant à la grave limoneuse G, dont les paramètres initiaux<br />

sont :<br />

w initiale<br />

Non traitée<br />

3 %<br />

(w 0 P N - 2,5)<br />

Traitée ciment<br />

4,3 %<br />

(w 0 P N - 1,5)<br />

w initiale<br />

Non traité<br />

4,5 %<br />

(WOPN - 4)<br />

Traité ciment<br />

6,9 %<br />

(w 0 P N - 1.5)<br />

7d des 10 cm<br />

supérieurs<br />

2,19<br />

(97,6 % 7d0PN)<br />

2,11<br />

(94 % Td0PN)<br />

y à des 10 cm<br />

supérieurs<br />

2,06<br />

(100 %Td 0 P N)<br />

2,08<br />

(100,7 % Td0PN)<br />

Après 4 heures au contact d'une lame d'eau, le sable<br />

traité laisse s'infiltrer 2 mm, alors que le sable non<br />

le rapport des infiltrations entre la modalité non traitée<br />

et traitée est supérieur à 2, et cela malgré une très<br />

mauvaise fermeture de surface consécutive au traitement<br />

et à la mise en œuvre du matériau traité (plus<br />

grande ségrégation).<br />

86


A.<br />

En résumé, le traitement à la chaux seule des sols A, -<br />

A 2 multiplie par un facteur de 10 environ la perméabilité.<br />

Le traitement au ciment (après traitement à la<br />

chaux dans le cas des sols fins) abaisse d'une façon<br />

générale les perméabilités par rapport aux sols non<br />

traités, cela bien que la difficulté de compactage ne<br />

permette pas, bien souvent, d'obtenir des taux de<br />

compactage identiques à ceux obtenus sur les sols<br />

naturels.<br />

LES ENDUITS SUPERFICIELS<br />

Considérations générales<br />

Bien que la technique des enduits superficiels soit universellement<br />

répandue, on trouve peu d'indications<br />

bibliographiques sérieuses traitant de son rôle, de son<br />

fonctionnement et de son dimensionnement dans le<br />

cas des plates-formes support de chaussées.<br />

En Belgique, comme en Grande-Bretagne, on insiste<br />

sur la qualité du sol support qui doit être bonne avant<br />

la mise en œuvre des enduits sous peine d'échec :<br />

• en Belgique, il existe un cahier des charges type<br />

fixant les qualités et quantités des composants pour<br />

chaque technique d'enduit (mono ou bicouche). On<br />

fait beaucoup appel au goudron et bitume fluidifié.<br />

• en Grande-Bretagne, des directives fixent même des<br />

périodes d'utilisation de tel ou tel procédé avec<br />

comme autre contrainte :<br />

— d'octobre à avril, imperméabilisation obligatoire si<br />

les chaussées ne recouvrent pas la plate-forme le jour<br />

même de son exécution ;<br />

— de mai à septembre, imperméabilisation obligatoire<br />

si les chaussées ne recouvrent pas la plate-forme dans<br />

les 4 jours suivant son exécution.<br />

En France, la littérature existante, fort abondante,<br />

concerne uniquement le domaine des chaussées. La<br />

Directive Réalisation des enduits superficiels [1] constitue<br />

de ce point de vue un outil intéressant, mais hélas<br />

difficilement adaptable à nos préoccupations de terrassiers.<br />

On peut d'ailleurs s'interroger sur l'opportunité<br />

du terme « préoccupations » tant il est vrai que<br />

cette partie des travaux, souvent rattachée au marché<br />

terrassements, est délaissée aussi bien par le maître<br />

d'œuvre que par l'entreprise qui fait appel en général<br />

à un sous-traitant considéré comme spécialisé.<br />

Il faut malgré tout citer un travail intéressant réalisé<br />

par le Laboratoire régional de Toulouse qui a fait un<br />

« recensement des différents procédés de préparation<br />

des supports en grave non traitée avant réalisation de<br />

l'enduit superficiel ». Ce recensement a été publié<br />

sous forme résumée dans le Bulletin de liaison [2]. On<br />

y apprend que la technique des imprégnations est délicate<br />

et que son efficacité est souvent douteuse à cause<br />

des contraintes liées à la nature de chaque liant hydrocarboné.<br />

Le goudron fluide qui serait le mieux adapté<br />

aux sols fins est peu utilisé. L'avenir serait plutôt du<br />

côté des émulsions dopées spécialement pour sols<br />

naturels.<br />

Par contre, on signale que le cloutage donne généralement<br />

de bons résultats mais qu'on pourrait avantageusement<br />

le remplacer, dans certains cas, par un<br />

cloutage en creux appelé « bouchardage » effectué<br />

par un compacteur à cylindre tapissé de boulons.<br />

L'efficacité des enduits sur plate-forme terrassements<br />

a été testée sous trafic sur l'autoroute A42 par le<br />

Laboratoire régional de Lyon [3] et hors trafic sur<br />

planche en semi-grandeur au CER de Rouen :<br />

— à Lyon on a constaté que la tenue d'un enduit sous<br />

circulation sur un sol C, traité à la chaux et non traité<br />

était liée à la qualité du cloutage préalable et surtout à<br />

la portance du sol à protéger, qu'il soit traité ou non ;<br />

— à Rouen on a montré que le rôle imperméabilisant<br />

des enduits mono ou bicouches, avec ou sans cloutage<br />

préalable, sur sol traité ou non, était plus que discutable,<br />

même en l'absence de toute circulation.<br />

Dans les deux expérimentations, l'enduit possède des<br />

points faibles dès la réalisation ou après circulation<br />

qui sont des chemins d'infiltration préférentiels pour<br />

l'eau. Celle-ci circule ensuite à l'interface enduit - sol<br />

lorsque le sol est peu perméable et y reste piégée car<br />

elle peut difficilement s'évaporer. Il s'ensuit une rupture<br />

sous trafic ressemblant à un orniérage sauf dans<br />

le cas des couches traitées au ciment qui restent stables.<br />

Ces observations sont tout à fait conformes à<br />

celles trouvées dans la littérature belge et anglaise.<br />

Résultats des essais effectués au CER<br />

Ces planches avaient pour objectif de tester l'imperméabilisation<br />

apportée par un enduit monocouche et<br />

un enduit bicouche, avec éventuellement cloutage<br />

préalable, aussitôt après exécution et en l'absence de<br />

circulation sur un sol Aj traité au ciment et non traité<br />

et une grave 0/100 avec 10 % de fines classée C 2<br />

La réalisation des enduits a été assurée par une entreprise<br />

spécialisée avec les matériels habituellement utilisés<br />

dans ce type de travaux. On devra cependant considérer<br />

à posteriori que le type de liant employé, une<br />

émulsion acide de type répandage avec bitume 80/100<br />

dosé à 60 %, n'est pas le type de liant le mieux adapté<br />

sur les diverses natures de sols employées. En effet,<br />

nous avons constaté au démontage que la pénétration<br />

du liant était nulle, même dans la grave.<br />

Caractéristiques des enduits<br />

— cloutage : gravillons 15/20 ;<br />

— monocouche : liant dosé à 1,5 kg/m 2 et gravillonnage<br />

10/14 (10 1/m 2 ) ;<br />

— bicouche : première couche de liant 1,5 kg/m 2 et<br />

gravillonnage 6/14 (10 1/m 2 ), deuxième couche de<br />

liant 1,2 kg/m 2 et gravillonnage 4/6 (7 1/m 2 ).<br />

Le gravillonnage a été exécuté dans les 10 min qui ont<br />

suivi le répandage de l'émulsion. Un cylindrage statique<br />

au moyen d'un rouleau RV 2 a ensuite été réalisé.<br />

Les résultats exposés ici concernent les moyennes des<br />

hauteurs d'eau capables de s'infiltrer dans trois<br />

emplacements de 0,5 m (fig. 9) sur chaque planche,<br />

2<br />

en contact avec une lame d'eau.<br />

87


— Sur le sol fin traité à la chaux et au ciment (fig. 10)<br />

l'enduit monocouche non clouté et la structure non<br />

revêtue présentent la même capacité à laisser entrer<br />

l'eau, ce qui signifie que l'enduit n'apporte pas<br />

d'imperméabilisation supplémentaire par rapport aux<br />

caractéristiques de perméabilité propre du limonchaux-ciment.<br />

Fig. 9 - Mise en place des cadres étanches pour l'essai d'infiltration.<br />

h (mm)<br />

/<br />

/<br />

/<br />

— Par contre le même enduit mis en œuvre sur la<br />

même structure, mais qui a été cloutée aussitôt après<br />

le traitement, laisse s'infiltrer une quantité d'eau nettement<br />

plus importante que pour les deux modalités<br />

précédentes. On explique ce résultat par le fait que le<br />

cloutage provoque une réouverture de la surface supérieure,<br />

lors du cylindrage destiné à le faire pénétrer<br />

partiellement dans le limon traité. Il en résulte une<br />

plus grande capacité d'infiltration (cf. paragraphe<br />

Importance de la frange supérieure) et par rapport<br />

aux nouvelles caractéristiques de perméabilité,<br />

l'enduit n'apporterait pas davantage de freinage de<br />

l'entrée d'eau.<br />

— Dans le cas de la grave C 2<br />

sur laquelle les deux modalités<br />

d'enduits monocouche et bicouche ont été testées,<br />

on obtient à nouveau des résultats défavorables<br />

(fig. 11), à savoir qu'aucun des deux enduits ne confère<br />

une perméabilité moindre, relativement à la grave<br />

non revêtue. Chaque courbe, moyenne de trois emplacements<br />

de mesure, a pour fuseau de dispersion<br />

l'ordre de grandeur de l'écart entre les courbes extrêmes<br />

de la figure 11 et en ce sens on ne peut attribuer de<br />

différence significative entre les trois modalités.<br />

-4 1 1 1 1 1 »><br />

1 4 9 16 25 36<br />

Fig. 10 - Influence sur l'Infiltration potentielle d'un enduit monocouche<br />

recouvrant un sol traité avec ou sans cloutage préalable.<br />

A la suite de ces constatations, un essai « décomposé<br />

» a été réalisé à l'intérieur d'un emplacement de<br />

0,5 m sur la structure non revêtue : Pémulsion est<br />

2<br />

d'abord projetée au pistolet avec le dosage de<br />

1,5 kg/m . L'essai d'infiltration maximale sous lame<br />

2<br />

d'eau est alors effectué (fig. 12, courbe A). Ensuite, le<br />

gravillonnage est réalisé et compacté à la dame à main<br />

(embase carrée 15x15 cm environ). L'essai d'infiltration<br />

est répété (courbe B). Les résultats indiquent<br />

2<br />

que l'émulsion seule a bien un rôle relativement<br />

imperméabilisant, mais le fait de disposer le gravillonnage<br />

fait retrouver la perméabilité initiale du sol non<br />

revêtu.<br />

Cependant, le délai entre la mise en œuvre de l'émulsion<br />

et le gravillonnage sont dans ce cas de 48 h.<br />

L'essai est alors repris au même emplacement, après<br />

enlèvement de l'enduit précédent, avec cette fois le<br />

délai minimal (10 min) entre la mise en place de<br />

l'émulsion et le gravillonnage. Le résultat en infiltration<br />

(courbe C) est identique à celui obtenu précédemment,<br />

c'est-à-dire que l'enduit est au moins aussi perméable<br />

que la grave non revêtue.<br />

Fig. 11 - Influence sur l'Infiltration potentielle d'enduits monocouche<br />

et bicouche recouvrant une grave C2.<br />

L'observation visuelle des planches enduites montre<br />

par ailleurs que quelques « trous » (environ 0,5 mm<br />

de diamètre) se produisent dans l'émulsion, vraisemblablement<br />

au moment du cylindrage et en raison des<br />

déplacements relatifs des gravillons. Ils ne semblent<br />

pas nombreux (quelques-uns au m 2 ), mais suffisent à<br />

détruire complètement le rôle imperméabilisant du<br />

liant en raison de la diffusion horizontale de l'eau à<br />

l'interface enduit-sol, qui est permise par l'absence<br />

d'imprégnation des pores en surface.<br />

88


quefois suffi» si on ne prévoit pas de trafic de chantier.<br />

Dans le cas contraire, on accordera un soin tout<br />

particulier à la préparation du support. Si le trafic<br />

envisagé n'est pas trop agressif, un simple voile de<br />

produit hydrocarboné suivi d'un sablage sans gravillonnage<br />

peut être préférable au monocouche ou<br />

bicouche traditionnel car les perforations de l'enduit<br />

par les gravillons se font dès la mise en œuvre. Si le<br />

trafic envisagé est agressif, un gravillonnage est en<br />

principe nécessaire pour ralentir l'usure de l'enduit.<br />

Les chances de réussite qui restent malgré tout réduites,<br />

sont augmentées si on bénéficie d'un support sain.<br />

Par ailleurs, un contrôle sérieux de la mise en œuvre<br />

n'est pas superflu.<br />

LES MEMBRANES IMPERMÉABLES<br />

Fig. 12 - Comparaison de l'imperméabilisation obtenue à différents<br />

stades d'exécution d'un enduit monocouche.<br />

Les résultats d'essais d'infiltration qui représentent un<br />

test comparatif sur une courte durée, entre les différentes<br />

modalités, ne sont pas les seuls obtenus. L'évolution<br />

des teneurs en eau des planches a été suivie<br />

entre les mois de septembre, date de réalisation,<br />

jusqu'à la fin du mois d'avril suivant.<br />

Pendant la phase d'imbibition en automne, on ne<br />

constate aucun retard dans l'augmentation des<br />

teneurs en eau dans les planches revêtues comparativement<br />

aux planches non revêtues.<br />

En revanche, dans la phase d'assèchement commençant<br />

au début du printemps suivant, toutes les planches<br />

revêtues d'enduits hydrocarbonés présentent une<br />

baisse de teneur en eau moins importante que les planches<br />

non revêtues, ce qui traduit un effet de blocage<br />

de l'évaporation par l'enduit.<br />

Elles se différencient des enduits superficiels par le<br />

fait que leur réalisation s'inspire plutôt des techniques<br />

d'imperméabilisation d'ouvrages hydrauliques. Elles<br />

peuvent être fabriquées sur place ou préfabriquées.<br />

Généralement elles ne peuvent supporter directement<br />

le trafic routier à cause de leur fragilité. Il faut avoir<br />

recours à un matériau de protection.<br />

Ce procédé est timidement employé en France, un peu<br />

plus développé à l'étranger comme en Israël et surtout<br />

aux Etats-Unis où elles sont utilisées dans le but d'éviter<br />

l'imbibition d'argiles gonflantes risquant de détériorer<br />

les chaussées qu'elles supportent. Seules la<br />

Grande-Bretagne et la Belgique, par l'intermédiaire de<br />

recommandations ou de cahier des charges type,<br />

fixent des normes d'utilisation.<br />

Comme dans le cas des enduits, ces membranes ne<br />

sont efficaces que si le sol support est de portance correcte<br />

à la mise en œuvre et s'il ne comporte pas de<br />

points durs risquant de les perforer. Il faut veiller<br />

aussi à ne pas faire d'erreur lors de la pose, du type :<br />

alimentation du sol à protéger par les fossés latéraux<br />

(fig. 13). Les avis sur les résultats obtenus sont d'ailleurs<br />

contradictoires. Les échecs cuisants ne sont pas<br />

rares.<br />

Conclusions sur les enduits superficiels<br />

En résumé, la technique de l'enduit hydrocarboné<br />

peut conduire à la limite à un effet opposé à celui<br />

escompté, c'est-à-dire par exemple à retrouver une<br />

plate-forme après l'hiver dans un état moins favorable<br />

que si elle n'avait pas été revêtue. L'augmentation de<br />

la probabilité de réussite d'une imperméabilisation de<br />

plate-forme par un enduit hydrocarboné pourrait passer<br />

par une meilleure adaptation des propriétés des<br />

liants (imprégnation, vitesse de rupture) à l'emploi<br />

envisagé. A l'heure actuelle, il semble que les laboratoires<br />

de recherches des fabricants d'émulsion puissent<br />

en théorie répondre partiellement au problème et<br />

puissent également poursuivre des recherches en ce<br />

domaine (micro-émulsions, etc.).<br />

Dans cet état actuel des choses, il convient de n'envisager<br />

le recours à la technique des enduits superficiels<br />

qu'à bon escient. Une surépaisseur de matériaux avec<br />

compactage, lissage et pentes appropriées peut quel-<br />

Membrane bitume<br />

Accotements<br />

Revêtement bitumineux<br />

Chaussée<br />

Plate-forme<br />

Risques d'infiltration<br />

Revêtement bitumineux<br />

Chaussée<br />

Membrane bitume '<br />

sa?<br />

Fossé<br />

Fig. 13 • Types d'utilisation de la membrane bitume dans les constructions<br />

routières.<br />

89


On distingue deux procédés principaux :<br />

— les membranes en bitume soufflé (ou oxydé) avec<br />

incorporation de fillers et répandu à chaud sur 6 à<br />

8 cm d'épaisseur. En Grande-Bretagne, on utilise<br />

aussi du bitume-goudron ou du goudron pur. Ces<br />

membranes sont souvent armées de textiles synthétiques<br />

ou de verre. Le liant hydrocarboné est parfois<br />

remplacé par une résine synthétique qui polymérise à<br />

l'air ambiant. On peut faire appel à la préfabrication ;<br />

— les feuilles préfabriquées de faible épaisseur en<br />

matière plastique. Il faut accorder une attention toute<br />

particulière au vieillissement possible de ces matériaux<br />

aux rayons ultraviolets. Les membranes préfabriquées<br />

peuvent être posées avec un simple recouvrement à<br />

condition qu'il soit judicieusement fait en tenant<br />

compte du sens de l'écoulement des eaux.<br />

IMPERMÉABILISATION DES COUCHES PAR<br />

ENVELOPPES ÉTANCHES<br />

Plus connu sous l'appellation MESL (Membrane<br />

Encapsulated Soil Layers), ce procédé a été utilisé<br />

pour la première fois en 1948 puis développé principalement<br />

par l'armée américaine à des fins militaires. Il<br />

consiste à carrément envelopper, à l'aide d'une membrane<br />

étanche du type de celles citées précédemment,<br />

la couche de matériau à protéger des risques d'imbibition,<br />

quelle que soit l'origine de ces risques. Cette<br />

technique permet donc de réutiliser en couche de<br />

forme ou en couche de fondation des matériaux sensibles<br />

à l'eau à condition qu'ils soient dans un état correct<br />

lors de la mise en œuvre (fig. 14).<br />

Les principales réalisations ont été faites aux Etats-<br />

Unis et en Australie. On insiste à chaque fois sur le<br />

soin qu'on doit apporter à la mise en œuvre. En effet,<br />

on imagine facilement les conséquences d'une perforation<br />

dans la membrane. Nous n'avons pas relevé<br />

d'échec cuisant.<br />

LES HYDROPHOBANTS<br />

Considérations générales<br />

Du point de vue géotechnique, les argiles sont des sols<br />

très fins (< 2 /un) composés de minéraux dont les<br />

cristaux sont constitués par l'empilement de feuillets<br />

élémentaires. Les activités de surface de ces sols sont<br />

très importantes. Ils peuvent en particulier adsorber<br />

une grande quantité d'eau.<br />

Un hydrophobant est un composé organique qui a la<br />

propriété de s'adsorber instantanément sur les surfaces<br />

minérales des argiles en réduisant leur capacité<br />

d'adsorption d'eau. Les hydrophobants les plus<br />

répandus sont les dérivés aminés donnant des composés<br />

cationiques et les sels d'aminés ou les composés<br />

d'ammonium.<br />

L'action des hydrophobants sur les sols argileux a surtout<br />

été étudiée en France en laboratoire par M. Bouche<br />

dans sa thèse intitulée : « Mouvement de l'eau<br />

Exemple 2<br />

Fig. 14 - Exemples d'imperméabilisation des couches par enveloppes<br />

étanches (MESL).<br />

dans les sols fins compactés - Action d'un produit<br />

hydrophobant » (ITBTP, sept. 1975). On peut en retirer<br />

ceci :<br />

— Ecoulements horizontaux : ralentissement important<br />

de l'imbibition à condition qu'il n'y ait pas de<br />

charge, ce qui exclut l'utilisation dans les berges de<br />

canaux.<br />

— Infiltrations verticales : l'hydrophobant ralentit<br />

l'imbibition d'autant plus que la teneur en eau initiale<br />

est faible. Dans ce cas comme dans le précédent, une<br />

fois le régime constant établi, la vitesse d'écoulement<br />

est identique à celle existant dans le même sol non<br />

traité.<br />

— Remontées capillaires : réduction permanente de la<br />

hauteur de remontée capillaire. On peut utiliser cette<br />

propriété pour déterminer le dosage en hydrophobant.<br />

— Evaporation en l'absence d'une nappe : pas de<br />

modifications.<br />

Les hydrophobants sont commercialisés sous des formes<br />

et des appellations diverses susceptibles<br />

d'évoluer :<br />

— liquide diluable (présentation la plus courante),<br />

— pâte diluable,<br />

— poudre dispersable dans l'eau.<br />

La première appellation, dans certaines marques, peut<br />

dans le cas d'humidité trop élevée du sol à traiter, se<br />

présenter sous forme pulvérulente sèche par fixation<br />

sur un ballast calcaire ou argileux. Le traitement se<br />

fait alors comme pour un traitement à la chaux.<br />

L'utilisation des hydrophobants dans le domaine routier<br />

est encore peu répandue. Bien que les dosages<br />

nécessaires en équivalent actif soient faibles (1 à<br />

2 °/oo), le coût d'une hydrophobation est élevé<br />

(environ 2 fois le prix d'un enduit monocouche). Le<br />

traitement peut se faire par un répandage du liquide<br />

sur la surface brute ou par foisonnement, répandage,<br />

malaxage puis recompactage. On a constaté que les<br />

surfaces traitées produisaient de la poussière sous trafic<br />

du fait de l'assèchement du sol par evaporation.<br />

Dans ce cas, les fabricants préconisent un répandage<br />

complémentaire de chlorure de calcium qui fixe l'eau<br />

interne.<br />

90


et<br />

Il faut retenir qu'on ne peut hydrophober que les sols<br />

argileux ou sableux fins.<br />

Résultats d'essais effectués au CER<br />

Le stabiram 677 S (liquide diluable) a été utilisé sur<br />

des mini-planches (fig. 15) qui ont fait l'objet, comme<br />

pour les planches d'enduits hydrocarbonés, d'un suivi<br />

de l'état de teneur en eau sur plusieurs mois par rapport<br />

à des structures témoin et ce, pour trois natures<br />

de sol : un sol fin (limon A^, un sable pollué B 2, et<br />

une grave limoneuse 0/50 classée B 4. Chaque planche<br />

est en outre pourvue d'un dispositif de recueil des<br />

eaux de ruissellement permettant pour chaque précipitation<br />

de comparer les taux de ruissellement des sols<br />

hydrophobés à ceux des sols non traités.<br />

Fig. 15 - Planches avec les dispositifs de recueil<br />

des eaux de ruissellement.<br />

La question qui se pose lors d'une extension d'un traitement<br />

artisanal portant sur des surfaces restreintes<br />

(allées de parc, sentiers forestiers) à des applications<br />

en terrassements est celle de la méthodologie de traitement<br />

qui doit rester dans une fourchette de prix de<br />

revient similaire à celle permise par d'autres techniques.<br />

C'est pourquoi, nous avons étudié en partie<br />

l'influence du mode de mise en œuvre sur l'efficacité<br />

du traitement.<br />

Il est habituellement recommandé pour les emplois en<br />

travaux paysagers de traiter d'une manière homogène<br />

les dix premiers centimètres du sol. Dans un cas de<br />

matériau (B4), à quantité donnée de produit répandu<br />

par mètre carré, l'influence de la profondeur de<br />

malaxage a été testée en comparant avec une mise en<br />

œuvre différente :<br />

— hersage diagonal profond intéressant environ 8 cm<br />

de sol,<br />

— griffage léger sur 3 cm (fig. 16),<br />

— pulvérisation de l'hydrophobant sur la surface du<br />

sol et compactage.<br />

Le dosage du produit a été déterminé préalablement<br />

par le producteur suivant un mode opératoire qui lui<br />

est propre. Il est pour chacun des trois sols de 2 %>o<br />

en pondéral rapporté à une épaisseur théorique traitée<br />

de dix centimètres.<br />

Le dosage réellement obtenu avec le produit préalablement<br />

dilué à 50 °7o dans l'eau ne rejoint la valeur<br />

visée que grâce à un supplément de pulvérisation en<br />

raison d'un mauvais comportement du produit dans<br />

son solvant d'origine. Un type de solvant différent est<br />

maintenant employé et ne doit plus, selon les producteurs,<br />

reproduire cet inconvéni ent. Des précautions<br />

ont été prises quant à la teneur en eau initiale des sols,<br />

qui de préférence doit être inférieure ou égale à w o p N,<br />

pour éviter un matelassage après traitement.<br />

Actuellement, les résultats obtenus sur ces planches<br />

d'essais sont en cours d'interprétation. Ils sont complétés<br />

par quelques essais limités en laboratoire permettant<br />

de répondre à des points précis tels que<br />

l'entraînement éventuel du produit actif, l'aminé, par<br />

les eaux infiltrées.<br />

Dans l'ensemble des planches, les résultats obtenus<br />

mettent nettement en évidence, lors des toutes premiè-<br />

Fig. 16 - Pulvérisation manuelle du produit hydrophobant dilué, après<br />

griffage de la surface.<br />

res précipitations, le rôle de limiteur d'entrée d'eau de<br />

l'hydrophobant. Toutefois, ce rôle n'est plus constaté<br />

après deux à trois mois d'âge du traitement et l'augmentation<br />

de teneur en eau des structures en période<br />

automnale se déroule alors au même rythme pour les<br />

planches traitées que pour les planches témoin non<br />

traitées.<br />

Ce résultat est en contradiction avec celui obtenu par<br />

le Laboratoire de Lyon sur planches expérimentales<br />

sur lesquelles a été constaté un effet durable et nous<br />

nous garderons pour l'instant de vouloir tirer prématurément<br />

des conclusions définitives.<br />

Dans l'immédiat, nous nous contenterons de dire que<br />

le produit testé au CER, tel qu'il nous a été livré, convient<br />

pour les imperméabilisations provisoires. Reste<br />

à savoir maintenant si le nouveau solvant utilisé aura<br />

des effets sur la longévité de l'imperméabilisation. En<br />

tout état de cause, des essais sont à faire.<br />

AUTRES PROCÉDÉS - AUTRES PRODUITS<br />

Il est difficile d'être exhaustif dans le domaine de<br />

l'imperméabilisation, car il existe probablement une<br />

91


infinité d'autres procédés plus ou moins bien adaptés<br />

au domaine routier.<br />

Il existe et il se commercialise à des prix souvent élevés,<br />

des produits dont les propriétés réelles ne sont pas<br />

toujours à la hauteur des qualités vantées par leurs<br />

vendeurs ou des espoirs formulés par leurs acquéreurs<br />

et, cela, soit parce qu'ils sont utilisés à mauvais<br />

escient, soit carrément parce qu'ils n'ont aucune<br />

action sur les sols.<br />

Citons dans la première catégorie :<br />

— le silicate de sodium, connu (assez mal d'ailleurs)<br />

comme un stabilisant réagissant avec les sels de calcium<br />

solubles pour former du silicate de calcium<br />

hydraté. Des essais en laboratoire ont montré qu'il<br />

procurait une mauvaise imperméabilisation ;<br />

— le chlorure de calcium, sel avide d'eau qui permet<br />

de conserver l'humidité du milieu ambiant. Il peut<br />

s'avérer utile pour les pistes de chanter comme antipoussière<br />

;<br />

— d'autres produits sont des fixateurs anti-érosion ou<br />

anti-poussière. Il en existe un grand nombre et il est<br />

préférable de bien se renseigner et de faire des essais<br />

préalables avant de les employer à grande échelle. En<br />

imperméabilisation, leur efficacité est douteuse car ils<br />

sont soit peu durables dans le temps, soit très fragiles<br />

sous les sollicitations d'un trafic.<br />

Dans la seconde catégorie, il existe des produits qui,<br />

bien que se présentant le plus souvent sous forme<br />

liquide, contiennent plutôt du vent et sont donc totalement<br />

inefficaces dans le domaine de l'imperméabilisation<br />

comme dans bien d'autres.<br />

pour l'appliquer (préparation sérieuse des supports à<br />

enduire, matériels de mise en œuvre adaptés, contrôles,<br />

etc.).<br />

Bien entendu, il est des questions préalables auxquelles<br />

nous ne connaissons pas encore de réponses et cet<br />

article n'avait pas la prétention d'en apporter. Il y a<br />

encore un travail de réflexion et de recherche important<br />

à entreprendre dans ce domaine car il faut reconnaître<br />

que jusqu'ici, fabricants et utilisateurs se sont<br />

surtout penchés sur les problèmes spécifiques aux<br />

chaussées et on s'est contenté ensuite de plaquer les<br />

procédés ainsi mis au point aux plates-formes de<br />

terrassement.<br />

Quant aux procédés particuliers, certains, par leur<br />

coût, encore relativement élevé (membranes préfabriquées<br />

ou non, composites ou non) n'ont pas encore un<br />

créneau d'utilisation très étendu pour l'instant.<br />

D'autres (hydrophobants) méritent qu'on s'y intéresse<br />

bien que les résultats obtenus pour l'instant sur planches<br />

d'essais soient assez contradictoires. D'autres<br />

enfin (traitements physico-chimiques), doivent être<br />

considérés avec beaucoup de circonspection car s'il<br />

n'a pas encore été trouvé de solution miracle pouvant<br />

se substituer aux techniques routières traditionnelles<br />

(si cela était, nous le saurions très vite) on nous présente<br />

bien souvent des panacées qui se prétendent universelles,<br />

mais dont les bienfaits se font rarement<br />

ressentir.<br />

Dans ce dernier cas, le recours au laboratoire expérimenté<br />

le plus proche pour avis favorable peut s'avérer<br />

très utile.<br />

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

CONCLUSIONS<br />

L'imperméabilisation des plates-formes de terrassement,<br />

nous venons de le voir, n'est pas chose facile et<br />

la transposition pure et simple de techniques éprouvées<br />

dans le domaine des chaussées, comme celle des<br />

enduits superficiels, est discutable bien que ce soit la<br />

technique la plus couramment utilisée à l'heure<br />

actuelle.<br />

Avant d'envisager l'imperméabilisation d'une plateforme,<br />

il est bon de s'interroger sur sa nécessité, d'une<br />

part et les sollicitations qu'elle aura à subir, d'autre<br />

part. Ainsi, il faut se poser la question de savoir si un<br />

enduit superficiel est vraiment nécessaire là où un simple<br />

respect des règles élémentaires (« fermeture » de la<br />

surface au rouleau à pneus, avec pentes longitudinales<br />

et transversales) pourrait suffire. Inversement, lorsque<br />

la prévision d'un trafic de chantier rend le recours à<br />

l'enduit superficiel nécessaire, il est bon de réfléchir<br />

soigneusement à la formule qu'ont doit retenir (le trafic<br />

exige-t-il un gravillonnage ou un sablage seul ne<br />

suffit-il pas ? Faut-il prévoir un cloutage préalable ou<br />

pas ? etc.) et aussi aux moyens qu'on va se donner<br />

[1] LCPC-SETRA, Réalisation des enduits superficiels, Directive,<br />

2 e éd. 1978.<br />

[2] BORDES P., Le traitement superciciel des graves non traitées.<br />

Un cahier de « recettes » pour une monotechnique,<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch., 108, juil. 1980, p. 83-88.<br />

[3] BIMBARD J., Traitement de surface pour imperméabilisation<br />

des sols traités, Bull, liaison Labo. P. et Ch., 119,<br />

mai-juin 1982, p. 107-113.<br />

Autres références<br />

CENTRE DE RECHERCHES ROUTIÈRES (CRR), Code de bonne<br />

pratique pour la protection des travaux <strong>routiers</strong> contre les<br />

effets de l'eau, Bruxelles, Recom, CRR - R 28/65.<br />

Bitume actualités, 70, avr. 1980.<br />

Université de Liège, Institut de Génie Civil, Matières plastiques<br />

et caoutchouc dans l'étanchéité des constructions du<br />

génie civil, Sym. inter. Liège, 7-8-9 juin 1977.<br />

INGLES ET LAWSON, Mesl. A new apparaisal, Congr. inter.<br />

Mécasols et trav. fond., Tokyo, 1977.<br />

BOUCHE M., Mouvement de l'eau dans les sols fins compactés.<br />

Action d'un hydrophobant, ITBTP, 331, sept. 1975,<br />

Série sols et fondations, 119.<br />

92


TERRnSSEmEflTS<br />

ROUTIERS<br />

Classification des craies<br />

et conditions de réutilisation en remblai<br />

Marcel RAT<br />

Directeur technique<br />

Marc SCHAEFFNER<br />

Chargé de mission<br />

Division Géotechnique<br />

Géologie de l'ingénieur - Mécanique des roches<br />

Laboratoire central des Ponts et Chaussées<br />

Le comportement de la craie en terrassement a fait l'objet<br />

de nombreuses études [1], dont les conclusions ont servi à<br />

établir la classification des craies dans la Recommandation<br />

pour les terrassements <strong>routiers</strong> [2]. Après un rappel des<br />

principales caractéristiques de la craie et des principes de la<br />

classification anglaise des craies, une proposition de classification<br />

est présentée, en précisant les conditions de réutilisation<br />

de ce matériau si particulier.<br />

LA<br />

CRAIE<br />

RFSIME<br />

Cet article propose une nouvelle classification<br />

des craies et précise les conditions de réutilisation<br />

de ce matériau si particulier. Dans une<br />

première partie, les propriétés de ce matériau<br />

évolutif sont rappelées. Puis, les avantages et<br />

inconvénients des deux classifications existantes<br />

- celle de la Recommandation pour<br />

les terrassements <strong>routiers</strong> et la classification<br />

britannique - sont discutés à partir des observations<br />

faites sur un certain nombre de grands<br />

chantiers récents. A partir de cette discussion,<br />

une proposition de classification est faite, en<br />

ne retenant que deux paramètres : densité<br />

sèche et teneur en eau en place. Enfin, on<br />

montre que la craie est un matériau très difficile<br />

à compacter.<br />

MOTS CLÉS : 51 - Craie - Classification -<br />

Propriétés (mater.) - Densité - Teneur en eau -<br />

Sensibilité - Broyage - Extraction - Remblai -<br />

Terrassement • Efficacité - Compactage.<br />

La craie est un matériau dont le comportement en terrassement<br />

est caractérisé :<br />

— par la production d'une matrice de craie remaniée consécutive<br />

au broyage provoqué par les engins de terrassement.<br />

Cette matrice communique rapidement son comportement à<br />

l'ensemble de l'ouvrage dès qu'elle atteint une proportion<br />

de l'ordre de 20 °/o. Ce comportement est celui d'un sol fin<br />

non argileux, c'est-à-dire celui d'un sol présentant des<br />

caractéristiques mécaniques élevées jusqu'à des teneurs en<br />

eau de l'ordre de 20 %. (I. CBR immédiat > 20), mais ces<br />

caractéristiques chutent très rapidement à partir de cette<br />

teneur en eau pour atteindre un I. CBR immédiat quasi nul<br />

au-delà de 24 %. Au-delà de cette teneur en eau, si la proportion<br />

de la matrice est trop élevée, d'importantes difficultés<br />

de mise en œuvre apparaissent, ainsi que des risques<br />

d'instabilité générale de l'ouvrage liés aux surpressions<br />

interstitielles engendrées par la mise en saturation rapide de<br />

la matrice sous l'action des engins ;<br />

65<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. -123 - janv.-févr. 1983 - Réf. 2770


— la possibilité d'une densification postérieure à la<br />

mise en remblai de certaines craies, dont la densité<br />

dans le gisement est faible. Cette densification s'opère<br />

par destruction de la structure des éléments non remaniés<br />

(blocs) qui sont introduits, et ce d'autant plus que<br />

le volume des vides entre les blocs n'est pas comblé<br />

par la matrice constituée par la matrice de craie-sol<br />

formée au cours des opérations de terrassement.<br />

La conséquence de ces deux caractéristiques est le risque<br />

de n'avoir le choix qu'entre les deux solutions suivantes<br />

:<br />

1 - extraire un matériau sans fines, mais les remblais<br />

de grande hauteur risquent d'évoluer ;<br />

2 - extraire en produisant des fines pour garantir la<br />

stabilité du remblai à long terme, mais alors le chantier<br />

peut ne pas être réalisable.<br />

Toute classification des craies doit tenir compte de ces<br />

deux caractéristiques.<br />

La RTR a retenu trois paramètres pour classer les<br />

craies (tableau I) :<br />

— la densité sèche : en effet, plus la densité sèche est<br />

faible, plus la craie est friable et pourra produire de<br />

fines. En outre, une craie dense (Yd > 1,70) a une<br />

résistance suffisante pour se comporter comme une<br />

roche, et donc ne pas évoluer dans le corps de remblai<br />

;<br />

— la teneur en eau : si la teneur en eau est faible, les<br />

fines produites, comme nous l'avons déjà vu, gardent<br />

leur portance : le chantier est réalisable ;<br />

— l'essai de vibrobroyage, enfin, doit permettre de<br />

séparer en deux catégories les craies peu denses et<br />

humides.<br />

Depuis la publication de la RTR en 1976, des chantiers<br />

importants se sont déroulés dans la craie, en utilisant<br />

comme point de départ cette classification. Cette<br />

confrontation n'a pas, naturellement, remis en cause<br />

les principes de la classification, bien au contraire,<br />

mais il s'est avéré utile de revoir les limites entre classes.<br />

Il était en outre nécessaire de compléter la RTR,<br />

car à l'opposé des autres sols, aucune indication sur le<br />

compactage des craies n'était donnée.<br />

CLASSIFICATION ANGLAISE<br />

DES CRAIES (tableau II)<br />

En 1977, le TRRL publiait la classification anglaise<br />

des craies [3]. Dans le cadre de la coopération TRRL-<br />

LCPC, il a été décidé de comparer les deux<br />

classifications.<br />

La classification britannique des craies a été établie à<br />

partir des observations faites sur onze chantiers<br />

importants : c'est le facteur « réalisation des terrasse-<br />

Classification<br />

TABLEAU I - Classification RTR des craies<br />

Sous-<br />

CLASSE<br />

SOLS LES PLUS<br />

FRÉQUEMMENT<br />

RENCONTRÉS<br />

CARACTÈRES PRINCIPAUX<br />

CLASSEMENT D'APRÈS L'ÉTAT DU SOL<br />

MOYENS D'ÉVALUATION<br />

CAS POSSIBLES<br />

DE L'ÉTAT<br />

COMMENTAIRES<br />

Ei<br />

Matériaux<br />

à<br />

structure<br />

fine<br />

fragile<br />

avec peu<br />

ou pas<br />

d'argile.<br />

Craie<br />

(Matériau rocheux<br />

peu compact<br />

contenant<br />

plus de 95 %<br />

de CaCO,)<br />

Matériaux gréseux<br />

fins, loess non<br />

remanié, etc.<br />

La craie est un empilement<br />

de particules<br />

de calcite dont la dimension<br />

est de l'ordre<br />

du<br />

micron à la dizaine<br />

de microns. Cet<br />

empilement constitue<br />

une<br />

structure assez<br />

fragile d'une forte porosité<br />

(environ 40 %)<br />

et d'une succion très<br />

L'état du sol est dé­<br />

élevée (pas<br />

de draiterminé<br />

par sa den­<br />

Craie<br />

nage en - dessous de<br />

sité, sa teneur en eau<br />

peu<br />

et sa friabilité.<br />

pF = dense<br />

3).<br />

YJ <<br />

Les fines produites<br />

1,70 Teneur<br />

par écrasement et attrition<br />

peuvent être<br />

en eau<br />

élevée.<br />

de très faibles dimensions<br />

(1 à 10 (j.m) et<br />

n'ont aucune plasticité<br />

;. elles se situent<br />

parmi les sols de la<br />

classe A,.<br />

CRa<br />

craie dense.<br />

CRb<br />

teneur en eau<br />

faible ou moyenne.<br />

CRc<br />

friabilité<br />

faible.<br />

CRd<br />

friabilité<br />

forte.<br />

Ta > 1.70<br />

La teneur en eau peut<br />

en général être considérée<br />

comme moyenne<br />

ou faible si elle est<br />

inférieure à 20 °o.<br />

La teneur en eau peut<br />

en général être considérée<br />

comme élevée<br />

si elle dépasse 20 %.<br />

La friabilité s'apprécie<br />

par des essais de<br />

compactage répétés ou<br />

de vibrobroyage [voir<br />

documents spécialisés<br />

tels que le Bulletin<br />

spécial V des Laboratoires<br />

des Ponts et<br />

Chaussées,<br />

(oct. 1973)].<br />

La craie<br />

Les principes ci-dessua sont applicables, au moins en partie, au classement<br />

des matériaux E, autres que la craie, les valeurs numériques à<br />

retenir devant être définies par une étude particulière.<br />

66


é<br />

TABLEAU II - Classification anglaise<br />

Limites en dessous desquelles les risques d'instabilité<br />

sont probablement minimisés<br />

co<br />

ETE<br />

CONDITIONS<br />

D'UTILISATION<br />

HIVER<br />

Extraction à l'aide de la pelle en butte<br />

L'instabilité peut survenir fréquemment<br />

Effort de compactage réduit sauf par<br />

temps très sec<br />

Extraction à l'aide de la pelle en butte<br />

Effort de compactage normal<br />

L'instabilité peut survenir occasionnellement<br />

Les terrassements en hiver<br />

ne sont pas recommandés<br />

Extraction à l'aide de la pelle en butte<br />

ou en rétro<br />

L'instabilité peut survenir occasionnellement<br />

Utilisation possible de tous les engins de<br />

terrassement<br />

Effort de compactage normal<br />

L'instabilité peut survenir occasionnellement<br />

24<br />

22<br />

+ craies étudiées<br />

26 3,4 3,8 4,2<br />

Indice d'écrasement<br />

©<br />

Utilisation possible de tous les engins<br />

de terrassement<br />

Effort de compactage normal<br />

L'instabilité est peu probable<br />

Utilisation possible de tous les engins de terrassement<br />

Effort de compactage normal<br />

L'instabilité ne surviendra pas, quel que soit le temps.<br />

Extraction à l'aide de la pelle en butte<br />

Effort de compactage normal<br />

L'instabilité est peu probable<br />

Extraction à l'aide de la pelle en butte<br />

ou en rétro<br />

Effort de compactage normal<br />

L'instabilité est peu probable<br />

ments », qui a été pris en compte pour distinguer les<br />

classes, et deux paramètres ont été retenus :<br />

1 - la teneur en eau à saturation : c'est l'équivalent de<br />

la densité sèche ;<br />

2 - le résultat d'un essai de fragmentation dynamique<br />

: «crushing value» (indice d'écrasement).<br />

Cet essai consiste à faire tomber une masse donnée<br />

dans un moule contenant la craie sous forme 10/20.<br />

L'originalité de l'essai se situe au niveau de l'interprétation.<br />

Au lieu d'étudier la courbe granulométrique de<br />

la craie après essai, ce qui est impossible compte tenu<br />

de l'évolution du matériau, on se contente d'étudier<br />

les variations de la hauteur de l'échantillon, en fonction<br />

du nombre de coups. Dans un diagramme semilogarithmique,<br />

cette variation est linéaire : la pente de<br />

la droite définit l'indice d'écrasement.<br />

Cet essai a deux avantages : d'une part, il caractérise<br />

bien la résistance du squelette crayeux qui est un paramètre<br />

dont dépendent en grande partie les conditions<br />

de réutilisation de ces matériaux, d'autre part, il est<br />

d'exécution très rapide et peut être pratiqué sur chantier.<br />

Malheureusement, il varie dans une plage<br />

étroite : de 2,4 pour les craies les plus dures à 4,2, la<br />

précision de l'essai étant relativement faible d'après<br />

nos essais (± 0,25). Les constatations faites sur chantier<br />

ont bien mis en évidence l'intérêt de ce paramètre,<br />

puisque l'on peut relier très bien la valeur au pourcentage<br />

de matrice crayeuse fabriquée à l'extraction des<br />

craies (fig. 1).<br />

„ 60<br />

c<br />

1<br />

I 40<br />

:raie d'Evreux-Louviers<br />

Indice d'écrasement<br />

(crushing test)<br />

Fig. 1 - Relation entre le degré d'écrasement du matériau de<br />

remblai avant le compactage et le « crushing test ».<br />

Des corrélations ont été faites aussi avec l'essai de<br />

vibrobroyage : pour les craies tendres, l'essai de<br />

vibrobroyage est plus sélectif, alors que c'est l'inverse<br />

pour les craies dures.<br />

On remarquera immédiatement l'intérêt de la classification,<br />

grâce aux indications données sur la réalisation<br />

des travaux, lorsqu'on étudie la forme des limites<br />

entre classes, on s'aperçoit que le paramètre essentiel<br />

est la teneur en eau à saturation (ou densité sèche),<br />

67


puisqu'une variation sur toute la plage de l'indice<br />

d'écrasement ne corrige que de deux points la valeur<br />

de la teneur en eau. D'ailleurs, on s'aperçoit (fig. 2)<br />

que la valeur de cet indice est très liée à la teneur en<br />

eau à saturation, et si la corrélation n'est pas parfaite,<br />

il nous semble que pour des essais géotechniques, elle<br />

est acceptable.<br />

APPLICATION AUX CRAIES FRANÇAISES<br />

Un certain nombre de craies françaises ont été testées<br />

et classées selon cette classification. Leurs caractéristiques<br />

sont indiquées sur la figure 2 et le tableau III.<br />

On remarque qu'elles diffèrent légèrement de celles<br />

des craies anglaises, puisqu'à teneur en eau à saturation<br />

égale leur indice d'écrasement est plus fort : ces<br />

craies seraient donc en moyenne plus friables.<br />

Les constatations faites sur chantier ont montré que<br />

cette classification était assez bien adaptée, mais plutôt<br />

optimiste, puisque sur les sept craies étudiées par le<br />

Laboratoire de Rouen, cinq se situeraient dans la<br />

classe inférieure. L'explication doit être trouvée dans<br />

la forte teneur en eau de ces cinq craies, puisque la<br />

saturation est pratiquement atteinte. Les deux craies<br />

bien classées sont celles dont la saturation est de<br />

l'ordre de 85 °?o. Ce fait illustre bien l'importance du<br />

paramètre saturation, surtout lorsque les conditions<br />

atmosphériques sont mauvaises.<br />

PROPOSITION DE CLASSIFICATION<br />

Etant donné la relation assez étroite entre la densité<br />

sèche de la craie et les résultats des essais de friabilité,<br />

la seule caractéristique densité sèche peut être retenue<br />

: trois classes sont ainsi définies, les seuils retenus<br />

étant 1,7 et 1,5 (tableau IV).<br />

En vue de leur réutilisation, ces trois classes seront<br />

subdivisées en fonction de la teneur en eau. La valeur<br />

limite de 23 % a été choisie, compte tenu des résultats<br />

des essais CBR réalisés sur des échantillons de matrice<br />

crayeuse (< 400 /*m).<br />

CONDITIONS DE RÉUTILISATION<br />

2.01 I ! I I I<br />

5 10 15 20 25 30 35<br />

Fig. 2 - Relation teneur en eau<br />

Teneur en eau de saturation (%)<br />

indice d'écrasement.<br />

Les conditions de réutilisation résultent directement<br />

des remarques précédentes : pour les conditions<br />

d'extraction, la classification anglaise donne un cadre<br />

satisfaisant, à condition de déplacer les limites, si les<br />

craies sont saturées.<br />

Pour la mise en remblai, les craies CRj ayant un comportement<br />

de roches ne posent aucun problème parti-<br />

TABLEAU III - Caractéristiques des craies étudiées et leurs classifications<br />

N" Origine Étage<br />

géologique<br />

w n<br />

(%)<br />

, 7 d<br />

(t/m 3 )<br />

w s<br />

(%)<br />

Degré<br />

de<br />

saturation<br />

(%)<br />

Compactages<br />

répétés<br />

CBR < 10<br />

pour N =<br />

Classement<br />

RTR<br />

Crushing<br />

test<br />

à<br />

Wn<br />

Crushing<br />

test<br />

à<br />

Ws<br />

Classement<br />

TRRL<br />

Classement<br />

LR<br />

Rouen<br />

1 Sauqueville Coniacien 30 1,50 30 100 1 CRd 4,2 4,4 C D<br />

2<br />

Evreux<br />

Louviers<br />

Sénonien 23 1,57 27 85 3 CRd 3,8 — B B<br />

3 Incarville Campanien 23 1,64 24 96 3 CRd 3,6 3,8 A B<br />

4 La Londe<br />

Coniacien<br />

inférieur<br />

20 1,67 23 87 5 CRb 3,5 3,7 A A<br />

5 Mainemare Turonien 26 1,58 26 100 2 CRd 3,6 4,1 B D<br />

29 1,53 29 100<br />

6 Penly 30 1,49 30 100 2 CRd 3,9 — C D<br />

7 Les Essarts<br />

Sénonien<br />

supérieur<br />

21 1,66 23 91 — CRd 3,6 — A B<br />

TGV<br />

Sénonien<br />

24 1,63 25 96<br />

20 1,51 29 69<br />

3 CRd<br />

3,4<br />

à<br />

4,1<br />

A<br />

et<br />

C<br />

— A26 Turonien 26,5 15,5 27,4 98 3,9<br />

68


Roches évolutives<br />

TABLEAU IV<br />

SOUS-<br />

CLASSE<br />

SOLS LES PLUS<br />

FRÉQUEMMENT<br />

RENCONTRÉS<br />

CARACTÈRES<br />

PRINCIPAUX<br />

MOYENS D'ÉVALUATION<br />

DE L'ÉTAT<br />

CLASSEMENT D'APRÈS L'ÉTAT DU SOL<br />

CAS POSSIBLES<br />

COMMENTAIRES<br />

La craie est un empilement<br />

de particules de<br />

calcite dont la dimension<br />

est de l'ordre du<br />

micron à la dizaine de<br />

microns. Cet empilement<br />

constitue une<br />

structure assez fragile<br />

d'une forte porosité<br />

(environ 40 %) et d'une<br />

succion très élevée (pas<br />

de drainage en dessous<br />

de pF = 3).<br />

Les fines produites par<br />

écrasement et attrition<br />

peuvent être de très faibles<br />

dimensions (1 à<br />

10 jim) et n'ont aucune<br />

plasticité (valeur au bleu<br />

de méthylène B<br />

< 1,5).<br />

L'état de la craie est<br />

déterminé à partir des<br />

deux paramètres suivants<br />

:<br />

— sa densité sèche en<br />

place dans son gisement<br />

(1).<br />

— sa teneur en eau<br />

naturelle.<br />

Craie<br />

de<br />

densité<br />

moyenne<br />

CR,<br />

Craie<br />

peu<br />

dense<br />

CR,<br />

craie dense<br />

CR2 s et m<br />

teneur en<br />

eau<br />

faible et<br />

moyenne<br />

CR2 h<br />

teneur en<br />

eau<br />

élevée<br />

CR3 s et m<br />

teneur en<br />

eau<br />

faible et<br />

moyenne<br />

%i > 1,70<br />

1,50 < yd < 1,70<br />

w % < 23<br />

1,50 < 7d < 1,70<br />

w % > 23<br />

Td < 1,50<br />

w % < 20<br />

C<br />

1<br />

Matériaux<br />

à<br />

structure<br />

fine<br />

fragile<br />

avec peu<br />

ou pas<br />

d'argile<br />

VB< 1,5<br />

Craie<br />

(matériau rocheux<br />

peu compact<br />

contenant<br />

plus de 95 %<br />

de CaC03)<br />

Les mesures et observations<br />

de chantier ont<br />

montré que la quantité<br />

de fines produites au<br />

cours des opérations de<br />

terrassement dépendait<br />

en premier lieu de la<br />

densité sèche de la craie<br />

dans son gisement, puis<br />

de la méthode d'extraction.<br />

On a également constaté<br />

que si les fines produites<br />

sont en quantité suffisante<br />

et si leur teneur en<br />

eau est élevée, elles<br />

s'agglomèrent en formant<br />

une pâte très<br />

déformable dont le<br />

comportement s'étend<br />

rapidement à l'ensemble<br />

du matériau, empêchant<br />

le trafic des engins et<br />

créant des zones avec<br />

des pressions interstitielles.<br />

Inversement<br />

lorsque la quantité et la<br />

teneur en eau des fines<br />

sont faibles c'est un<br />

matériau peu déformable<br />

et relativement difficile<br />

à compacter.<br />

(1) une mesure indirecte<br />

de la densité sèche peut<br />

être réalisée en utilisant<br />

la corrélation existant<br />

entre densité sèche et<br />

friabilité, cette caractéristique<br />

pouvait être<br />

facilement mesurée par<br />

« crushing-<br />

l'essai<br />

test ».<br />

CR 3h<br />

teneur en<br />

eau<br />

élevée<br />

CR3 th<br />

teneur en<br />

eau<br />

très élevée<br />

20<br />

Td < 1,50<br />

< w % 28<br />

culier. En ce qui concerne les craies CR 2 et CR 3 qui<br />

sont friables, pour monter des remblais de grande<br />

hauteur, il faut produire de grandes quantités de<br />

fines. Compte tenu des problèmes de traficabilité,<br />

seules les craies sèches pourront être mises en oeuvre.<br />

Le compactage n'augmentant que légèrement le pourcentage<br />

de fines (sauf en surface, comme nous le verrons),<br />

elles devront se former à l'extraction, et pour<br />

cela on recommande l'extraction en couches minces<br />

(tableau V).<br />

69


Remblai<br />

TABLEAU V<br />

Roches évolutives<br />

SOL<br />

OBSERVATIONS GÉNÉRALES<br />

SITUATION<br />

MÉTÉOROLOGIQUE<br />

CONDITIONS D'UTILISATION EN REMBLAI<br />

CODE<br />

EWTRCH<br />

CR,<br />

Ces<br />

matériaux se réemploient<br />

sans difficulté à condition que<br />

l'on obtienne à l'extraction une<br />

granulométrie assez continue et<br />

dont le diamètre des plus gros éléments<br />

ne gêne pas le régalage en<br />

couche mince ou moyenne. Des<br />

difficultés de circulation pour les<br />

engins à pneus peuvent cependant<br />

apparaître en cas de pluie du fait<br />

de la formation d'une pellicule<br />

glissante en surface.<br />

+ + Forte pluie Situation ne permettant pas la mise en remblai avec des<br />

garanties de qualité suffisantes.<br />

+ Pluie légère<br />

ou modérée<br />

ou<br />

Pas de pluie<br />

R Couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage moyen.<br />

R Couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage intense.<br />

N O N<br />

0 0 0 2 2 0<br />

0 0 0 2 1 0<br />

+ + Pluie moyenne<br />

ou forte.<br />

Situation ne permettant pas la mise en remblai avec des<br />

garanties de qualité suffisantes.<br />

N O N<br />

CR2<br />

S et m<br />

La craie dans cet état ne requiert<br />

pas de conditions particulières<br />

hormis celle d'une bonne fragmentation<br />

préalablement au compactage<br />

pour obtenir une compacité<br />

suffisante dans le cas des<br />

hauts remblais. Il s'agit en effet<br />

d'un matériau qui se densifie difficilement<br />

sous la seule action des<br />

compacteurs.<br />

Des difficultés de circulation<br />

pour les engins à pneus peuvent<br />

apparaître en cas de pluie du fait<br />

de la formation d'une pellicule<br />

glissante en surface.<br />

+ Légère pluie.<br />

ou<br />

Pas de pluie.<br />

R Couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage intense.<br />

H La difficulté de maîtriser la teneur en eau et les éventuelles<br />

difficultés de compactage, qui accroissent les<br />

risques d'évolution ultérieure, conduisent à limiter ces<br />

conditions d'utilisation aux remblais de hauteur faible<br />

ou moyenne.<br />

Solution 1<br />

E Extraction en couches minces pour obtenir une bonne<br />

fragmentation.<br />

R Régalage en couches minces pour parfaire la fragmentation<br />

et le compactage.<br />

C Compactage intense.<br />

Solution 2<br />

R Couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage intense.<br />

H La difficulté d'obtenir une compacité élevée par la<br />

seule action des compacteurs conduit à n'envisager<br />

cette solution que pour des remblais de hauteur faible<br />

ou moyenne.<br />

0 0 0 2 1 2<br />

1 0 0 2 1 0<br />

0 0 0 2 1 2<br />

Cette classe de craies peut présenter<br />

des difficultés de réemploi en<br />

remblai du fait de la production<br />

d'une fraction fine saturée plus<br />

ou moins importante suivant le<br />

mode de terrassement utilisé.<br />

Le recours au traitement est en<br />

général nécessaire pour<br />

l'employer dans des remblais de<br />

grande hauteur.<br />

+ Pluie Situation ne permettant pas la mise en remblai avec des<br />

garanties de qualité suffisantes.<br />

Solution 1<br />

T Traitement avec un additif utilisant l'excès d'eau et<br />

donnant la cohésion (ciment, cendres volantes...).<br />

R Régalage en couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage intense.<br />

N O N<br />

0 0 12 10<br />

CR2h<br />

Un réemploi sans traitement est<br />

possible en adoptant un mode de<br />

terrassement limitant au maximum<br />

le broyage, mais le risque<br />

d'évolution ultérieure ainsi introduit<br />

n'autorise cette possibilité<br />

que pour les remblais de hauteur<br />

faible ou moyenne. Si les conditions<br />

météorologiques sont très<br />

favorables, on peut par les<br />

moyens d'aération appropriés,<br />

espérer faire évoluer cette classe<br />

de craies vers la classe CRZS et m.<br />

En cas de pluie, le terrassement<br />

de ces matériaux est rendu quasiimpossible<br />

du fait notamment des<br />

difficultés à pouvoir assurer la<br />

circulation des engins.<br />

= Pas de pluie<br />

ni<br />

evaporation<br />

Solution 2 (éviter la formation de pâte par destruction de<br />

la structure).<br />

E Extraction en butte en réduisant au maximum la fragmentation<br />

et la formation de fines.<br />

R Régalage en couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage moyen.<br />

H Les risques d'évolution ultérieure conduisent à ne retenir<br />

ces conditions que pour des remblais de faible hauteur.<br />

Solution 1<br />

T Traitement avec un additif utilisant l'excès d'eau et<br />

donnant la cohésion (ciment, cendres volantes...).<br />

R Régalage en couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage intense.<br />

2 0 0 2 2 1<br />

0 0 12 10<br />

70


TABLEAU V (suite)<br />

= Evaporation<br />

importante<br />

Solution 2 (profiter de la situation météo pour abaisser la<br />

teneur en eau).<br />

W Utiliser tous moyens d'aération pour assécher le matériau.<br />

R Régalage en couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage moyen.<br />

H La difficulté de garantir l'abaissement de teneur en<br />

eau recherché conduit à ne retenir ces conditions que<br />

pour des remblais de hauteur faible ou moyenne.<br />

Solution 3 (éviter la formation de pâte par destruction de<br />

la structure).<br />

E<br />

Extraction en butte en réduisant au maximum la fragmentation<br />

et la formation de fines.<br />

R Régalage en couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage moyen.<br />

H<br />

Les risques d'évolution ultérieure conduisent à ne retenir<br />

ces conditions que pour des remblais de faible hauteur.<br />

0 10222<br />

2 0 0 2 2 1<br />

CR3<br />

S et m<br />

Ces matériaux se broient très<br />

rapidement sous l'action des<br />

engins de terrassement en produisant<br />

une importante quantité de<br />

fines.<br />

Toutefois, leur teneur en eau<br />

étant faible, la fraction fine produite<br />

est peu déformable et de ce<br />

fait peuvent être fragmentés et<br />

compactés<br />

suffisamment pour ou<br />

être utilisés dans des remblais de<br />

hauteur moyenne.<br />

En cas de pluie même légère, ils<br />

ne sont plus circulables.<br />

+ Pluie. Situation ne permettant pas la mise en remblai avec des<br />

garanties de qualité suffisantes.<br />

Pas de pluie.<br />

E<br />

Extraction en couches minces pour obtenir une bonne<br />

fragmentation.<br />

R Régalage en couches minces pour parfaire la fragmentation<br />

et le compactage.<br />

C Compactage intense.<br />

H Les risques d'évolution ultérieure de cette classe de<br />

craie mise en œuvre dans ces conditions sont suffisamment<br />

faibles pour autoriser son emploi jusque dans des<br />

remblais de hauteur moyenne.<br />

NON<br />

10 0 112<br />

+ Pluie. Situation ne permettant pas la mise en remblai avec des<br />

garanties de qualité suffisantes.<br />

NON<br />

CR,h<br />

Ces matériaux sont toujours difficiles<br />

à utiliser en remblai en raison<br />

de l'importante fraction fine<br />

saturée qui se forme rapidement<br />

au cours du terrassement. En<br />

général, il faudra procéder par un<br />

traitement par conditions météorologiques<br />

très évaporantes on<br />

pourra chercher en utilisant les<br />

moyens appropriés à faire évoluer<br />

cette classe de matériau vers la<br />

classe CR3 S et m.<br />

En cas de pluie, même légère, ils<br />

ne sont plus circulables.<br />

=<br />

-<br />

Ni pluie,<br />

ni<br />

evaporation<br />

importante,<br />

température<br />

basse<br />

ou<br />

température<br />

moyenne<br />

avec<br />

hygrométrie<br />

élevée.<br />

Evaporation<br />

importante<br />

(température<br />

moyenne<br />

ou élevée,<br />

temps sec,<br />

vent).<br />

T Traitement avec un additif utilisant l'excès d'eau et<br />

donnant de la cohésion (ciment, cendres volantes...).<br />

R Régalage en couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage intense.<br />

Solution 1<br />

T Traitement avec un additif utilisant l'excès d'eau et<br />

donnant de la cohésion (ciment, cendres volantes...).<br />

R Régalage en couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage intense.<br />

Solution 2 (profiter de la situation météo pour réduire la<br />

teneur en eau).<br />

E Extraction en couches pour favoriser l'évaporation.<br />

W Utiliser tous moyens d'aération pour assécher le matériau.<br />

R Régalage en couches minces ou moyennes.<br />

C Compactage moyen.<br />

H Les risques d'évolution ultérieure conduisent à n'indiquer<br />

ces conditions que pour des remblais de faible<br />

hauteur.<br />

0 0 12 10<br />

0 0 12 10<br />

1 1 0 2 2 1<br />

CR.th<br />

L'emploi en remblai de cette<br />

classe de craie n'est en général pas<br />

envisageable dans les conditions<br />

technico-économiques actuelles<br />

car il nécessiterait un traitement<br />

avec des dosages en liant anormalement<br />

élevés.<br />

NON<br />

71


LE<br />

COMPACTAGE<br />

Les essais de laboratoire classiques proctor-CBR<br />

n'étant pas adaptés à la craie, la granularité du matériau<br />

évoluant, il est difficile de fixer une référence de<br />

densité sèche à obtenir lors du compactage. C'est la<br />

raison pour laquelle les formules adoptées sont très<br />

variables. Parmi les plus fréquentes, on peut citer celle<br />

qui consiste à obtenir, après compactage, soit la densité<br />

sèche de la craie en place, soit la densité proctor<br />

après compactage multiple (c'est un essai long, mais il<br />

caractérise bien la friabilité de la craie et son évolution).<br />

Dans la classification anglaise, les craies sont considérées<br />

du point de vue du compactage comme des sols<br />

cohérents, si leur teneur en eau à saturation est supérieure<br />

à 20 %, ce qui se traduit dans les prescriptions,<br />

qui sont du type RTR, par un e, Q/S de 0,25 et 0,06<br />

pour un compacteur de type V 4. Seule la réalisation de<br />

planches d'essai pouvait permettre de progresser ; les<br />

terrassements du TGV en ont fourni l'occasion. Ces<br />

planches ont été décrites dans un article précédent<br />

[4] ; nous n'examinerons que leur interprétation :<br />

l'aspect le plus simple est celui de Padaptatipn des<br />

engins de compactage et de leur efficacité. Le point le<br />

plus important est le gradient de densité sèche observé<br />

(fig. 3) avec la profondeur. Manifestement, l'efficacité<br />

des rouleaux vibrants, même lourds, est limitée.<br />

Pour juger du compactage, en l'absence de référence,<br />

nous avons vu que, la seule solution consistait à ouvrir<br />

une tranchée et à observer l'état de la craie. D'une<br />

manière à peu près générale, la coupe suivante a été<br />

relevée (fig. 4), sur les planches compactées au rouleau<br />

V 4 :<br />

Z (cm)<br />

Fig. 3 - Variations de -yd avec la profondeur après compactage à la<br />

monobille (M,/L = 46 kg/cm ; type V4a = 1,52 ; w initial = 23 %).<br />

V<br />

— 0 - 10 cm : craie en pâte. Les blocs ont pratiquement<br />

disparu ;<br />

— 10 - 30 à 40 cm : craie avec blocs, les vides étant<br />

remplis par de la pâte ;<br />

A<br />

- -v-<br />

— au-delà de 30 - 40 cm : blocs de craie sans pâte, les<br />

blocs se retirant à la main, d'où possibilité d'évolution<br />

ultérieure des remblais.<br />

Fig. 4 - Tranchée dans la craie compactée. Noter les vides à la<br />

base de la couche.<br />

La limite vers 30 - 40 cm est généralement très nette et<br />

on peut admettre qu'elle fixe la profondeur limite du<br />

compactage. A titre indicatif, le yà. du remblai à cette<br />

profondeur est de l'ordre de 0,85 fois la densité sèche<br />

de la craie en place, ce qui montre le pourcentage<br />

important de vides qu'il reste dans le remblai. L'efficacité<br />

du nombre de passes a aussi été testé. Au-delà<br />

de huit passes, l'évolution est faible. Pour le chantier,<br />

nous avons donc recommandé les valeurs de Q/S suivantes<br />

0,4, 0,05 pour un compacteur du type V 4a, la<br />

craie étant extraite à la pelle : cela place la craie dans<br />

les sols «très difficilement compactables» (analogie<br />

avec des sols A3).<br />

La conséquence générale en est que la craie ne pourra<br />

pas être mise en œuvre en couches de très grande<br />

épaisseur.<br />

D'autres observations ont pu être faites :<br />

— le rôle de la vitesse du compacteur : le passage de 2<br />

à 3 km/h diminue sensiblement l'efficacité ;<br />

— le rôle de l'extraction : comme le rapport anglais<br />

l'avait déjà signalé, la production de fines se fait principalement<br />

à l'extraction ; seule la couche superficielle<br />

est broyée. Il est donc nécessaire, si l'on veut<br />

obtenir un remblai sans vide, de jouer sur la méthode<br />

d'extraction.<br />

Ainsi, on a obtenu des densités sèches après deux passes<br />

de compacteur V 3, sur de la craie extraite à la<br />

défonceuse puis reprise au chargeur, supérieures à celles<br />

mesurées après seize passes de compacteur V 4 sur<br />

la même craie, mais extraite à la pelle (fig. 5).<br />

D'autres planches d'essai ont été réalisées, mais avec<br />

des moyens de mesure plus faibles (gammadensimètre).<br />

Leurs résultats ont pu être utilisés pour<br />

construire le tableau de compactage (tableau VI),<br />

compte tenu des observations précédentes. Cependant<br />

le tableau de compactage présenté ne doit être considéré<br />

actuellement qu'à titre indicatif. Les résultats de<br />

nouvelles planches d'essai sont nécessaires pour confirmer<br />

les valeurs avancées.<br />

72


TABLEAU VI<br />

ENGINS PNEUS VIBRANTS DAMEURS<br />

SOLS p. p. p,<br />

ET MODALITÉS<br />

i 2 3<br />

D'UTILISATION<br />

E,<br />

co<br />

<<br />

m<br />

LU<br />

ce<br />

Couche mince<br />

et compactage<br />

intense<br />

Couche mince<br />

ou moyenne<br />

et compactage<br />

intense<br />

Couche mince<br />

ou moyenne<br />

et compactage<br />

moyen<br />

Couche épaisse<br />

possible et<br />

compactage<br />

faible<br />

11 Q/S<br />

e<br />

21 Q/S<br />

e<br />

22 Q/S<br />

03<br />

e<br />

Q/S<br />

e<br />

o<br />

o<br />

0,04<br />

(7)<br />

0,20<br />

0,06<br />

(7)<br />

0,25<br />

0,04<br />

(7)<br />

0,15<br />

0,04<br />

(7)<br />

0,30<br />

0,06<br />

(7)<br />

0,30<br />

0,08<br />

(7)<br />

0,40<br />

0,05<br />

(7)<br />

0,25<br />

0,05<br />

(7)<br />

0,40<br />

0,075<br />

(7)<br />

0,40<br />

0,10<br />

(7)<br />

0,50<br />

V, \ \ r ^ \<br />

vs<br />

a et b b et c a et b c et d a et b c et d a et b c et d a et b<br />

0 0<br />

o<br />

0,05<br />

(7)<br />

0,20<br />

0,07<br />

(7)<br />

0,25<br />

o<br />

0,045<br />

(9)<br />

0,15<br />

0,06<br />

(9)<br />

0,20<br />

0,04<br />

(7)<br />

0,15<br />

0,05<br />

(7)<br />

0,30<br />

0,065<br />

(7)<br />

0,30<br />

0,09<br />

(7)<br />

0,35<br />

0,04<br />

(9)<br />

0,15<br />

0,04<br />

(9)<br />

0,25<br />

0,06<br />

(9)<br />

0,25<br />

0,08<br />

(9)<br />

0,30<br />

0,06<br />

(7)<br />

0,25<br />

0,06<br />

(7)<br />

0,40<br />

0,08<br />

(7)<br />

0,40<br />

0,10<br />

(7)<br />

0,50<br />

0,05<br />

(9)<br />

0,20<br />

0,05<br />

(9)<br />

0,35<br />

0,07<br />

(9)<br />

0,35<br />

0,09<br />

(9)<br />

0,40<br />

0,07<br />

(7)<br />

0,30<br />

0,07<br />

(7)<br />

0,50<br />

0,09<br />

(7)<br />

0,50<br />

0,12<br />

(7)<br />

0,70<br />

(2)<br />

(2)<br />

(2)<br />

0,08<br />

(7)<br />

0,35<br />

0,08<br />

(7)<br />

0,60<br />

0,10<br />

(7)<br />

0,60<br />

(2) O<br />

PD,<br />

0,03<br />

(7)<br />

0,15<br />

0,03<br />

(7)<br />

0,20<br />

0,04<br />

(4,7)<br />

0,20<br />

0,06<br />

(7)<br />

0,25<br />

PD,<br />

0,04<br />

(7)<br />

0,25<br />

0,04<br />

(7)<br />

0,30<br />

0,06<br />

(4,7)<br />

0,30<br />

0,08<br />

(7)<br />

0,40<br />

COUCHE DE FORME<br />

Q/S<br />

e<br />

O<br />

0,03<br />

(7)<br />

0,15<br />

0,04<br />

(7)<br />

0,25<br />

O<br />

o<br />

0,04<br />

(7)<br />

0,15<br />

0,03<br />

(9)<br />

0,15<br />

0,05<br />

(7)<br />

0,25<br />

0,04<br />

(9)<br />

0,20<br />

0,06<br />

(7)<br />

0,30<br />

(2)<br />

0,07<br />

(7)<br />

0,35<br />

O<br />

O<br />

Q/S<br />

en mètre<br />

Engin ne<br />

convenant pas<br />

(1) Sous réserve que la traficabilité le permette.<br />

(2) Apparemment, il n'existe encore aucun engin appartenant<br />

à cette catégorie.<br />

(3) Pour les rouleaux tandem à 2 billes vibrantes, Q/S peut<br />

être plus élevé.<br />

(4) Prévoir un engin annexe pour effacer les empreintes<br />

laissées par les pieds.<br />

(5) Des conditions d'utilisation légèrement plus favorables<br />

pourront être appliquées aux engins présentant une fréquence<br />

variable, lorsque celle-ci correspondra à la fréquence<br />

de résonance (prendre l'avis de spécialistes).<br />

(6) Valeurs qui tiennent compte du fait que le seul engin de<br />

cette catégorie est un compacteur mixte vibrant-pneus<br />

voisin de la limite supérieure de la classe V 3 a-b.<br />

(7) Impose que le D m a x < 2/3 de l'épaisseur de la couche en<br />

question.<br />

(8) Impose que le D m a x < 1/5 de l'épaisseur de la couche en<br />

question.<br />

(9) Impose que le D ^ < 1/4 de l'épaisseur de la couche en<br />

question.<br />

(10) Des conditions d'utilisation légèrement moins favorables<br />

devront être appliquées aux engins les moins lourds<br />

de cette classe.<br />

(11) Cas non envisagé dans le fascicule 2, mais indiqué ici<br />

pour mieux traduire certaines possibilités des compacteurs<br />

éventuellement utilisables dans certains cas (remblais<br />

non <strong>routiers</strong>).<br />

1,4 1,5 1,6 1,7 Td<br />

Extraction pelle Poclain (granularità 0/300 mm) :<br />

Compactage V 4b : • 2 passes<br />

X 16 passes<br />

Profondeur (m)<br />

Fig. 5 - Influence de l'extraction. Craie ya = 1,62 ; w =23 %.<br />

TRAITEMENT DES CRAIES<br />

Dans de nombreuses régions, la craie affleure sur de<br />

grandes étendues. Il peut être très difficile de trouver<br />

des matériaux de remblais pour remplacer des craies<br />

très humides. Avant d'envisager le traitement, il faut<br />

remarquer que la craie est un matériau qui perd assez<br />

facilement de l'eau, si les conditions météorologiques<br />

sont favorables, et donc que les techniques d'aération<br />

sont particulièrement efficaces.<br />

En cas de traitement, celui-ci a pour but avant tout de<br />

diminuer la teneur en eau du matériau : on demande<br />

donc à la matière apportée de jouer le rôle d'éponge.<br />

L'apport doit être relativement important. Comme<br />

matériau, on peut penser à des sables secs, aux cendres<br />

volantes, à la chaux (mais celle-ci devra être vive<br />

pour être efficace) et au ciment. Pour l'instant, seul le<br />

traitement au ciment a été utilisé. En effet, on espère<br />

qu'il apportera en plus une rigidification de l'ensemble<br />

du remblai et qu'il permettra d'utiliser des craies<br />

tendres pour des remblais de grande hauteur, les risques<br />

d'évolution ultérieure étant ainsi limités. Sur<br />

l'autoroute A 26, on a traité des craies de teneur en<br />

eau comprise entre 25 et 29 %, les densités étant de<br />

l'ordre de 1,55 (CR2h) à 2,5 % de ciment. Ce pourcentage<br />

a été adopté après étude en laboratoire, à partir<br />

d'essai de poinçonnement immédiat. Après un certain<br />

nombre de planches d'essai, la technique suivante<br />

a été retenue :<br />

— épandage de la craie,<br />

— scarification,<br />

— extraction à la décapeuse,<br />

— répandage en couche de faible épaisseur, puis<br />

compactage.<br />

73


Notons que cette technique, qui produit une bonne<br />

fragmentation de la craie, garantit également contre<br />

les évolutions ultérieures (si la mise en œuvre est possible).<br />

Grâce à cette technique, le chantier a pu se<br />

dérouler, mais il faut remarquer que le mélange craieciment<br />

n'est pas parfaitement homogène. Des constatations<br />

ont été faites :<br />

— Dans la zone hors circulation, la prise se fait normalement<br />

(augmentation spectaculaire des coefficients<br />

de restitution à la dynaplaque qui peuvent<br />

dépasser 50) et le résultat est satisfaisant.<br />

— Par contre, dans les zones circulées, un orniérage<br />

apparaît rapidement, orniérage qui entrave plus ou<br />

moins la circulation des engins, mais celle-ci reste<br />

néanmoins possible, ce qui prouve que la couche inférieure<br />

conserve sa portance. Le traitement doit être<br />

fait en prenant certaines précautions*, et il serait peut<br />

être intéressant de choisir un ciment à prise rapide. De<br />

toute manière, c'est une opération très coûteuse, qu'il<br />

convient de bien analyser dans le contexte particulier<br />

de chaque nouveau chantier, avant d'en décider<br />

l'application.<br />

— Enfin, si on augmente notablement le pourcentage<br />

en ciment (au-delà de 5 °/o), on peut réutiliser certaines<br />

craies en matériau de couche de forme, le problème<br />

majeur étant alors la tenue au gel, en particulier<br />

dans le cas où le sol support contiendrait une nappe<br />

aquifère. Un certain nombre de chantiers ont été ainsi<br />

réalisés ces dernières années, mais il est difficile<br />

actuellement de porter un jugement sur cette technique.<br />

Chaque cas doit faire l'objet d'une étude<br />

détaillée.<br />

* Comme par exemple de travailler par demi-plates-formes espacées<br />

dans le temps d'au moins 1/2 à 1 journée.<br />

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

[1] La craie, Numéro spécial V, Bull, liaison Labo. P. et<br />

Ch., oct. 1973, 190 p.<br />

[2] LCPC-SETRA Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong>, (fasc. 1, 2, 3, janv. 1976 - fasc. 4, oct. 1981).<br />

[3] INGOLBY H.-C, PARSONS A.-W., The classification of<br />

chalk for use as a fill material, TRRL, Laboratory<br />

Report, 806, 1977.<br />

AUTRES RÉFÉRENCES<br />

CORBIN M., PUIATTI D., Le crushing test et la classification<br />

des craies en Normandie, Doc. LR Rouen, 1981.<br />

DE BAERE J.-P., Les craies de l'autoroute<br />

Lille, 1981.<br />

A26, Doc. LR<br />

[4] VALEUX J.-C, La double sonde gamma et le dispositif<br />

de forage associé, Bull, liaison P. et Ch., 120, juil.-août<br />

1982, p. 33-39.<br />

Les auteurs expriment leurs remerciements à M. A.W. Parsons (du TRRL) pour sa collaboration<br />

et les discussions fructueuses qu'ils ont eues avec lui.<br />

74


TERRASSEfflEflTS ROUTIERS<br />

Validité de la prévision météorologique<br />

pour la conduite de chantier<br />

Alain QUIBEL<br />

Ingénieur<br />

Centre d'expérimentations routières de Rouen<br />

L'exécution des travaux de terrassement peut se réaliser<br />

dans des conditions et à un rythme tout à fait différents<br />

selon les conditions météorologiques existantes au moment<br />

du chantier. L'époque de démarrage du chantier, la nature<br />

des sols rencontrés, la grande dispersion des paramètres<br />

météorologiques par rapport à une année « moyenne »,<br />

sont parmi les facteurs qui influent le plus sur le nombre de<br />

jours d'arrêt pour intempéries.<br />

RESUME<br />

Los répondeurs automatiques des stations<br />

météorologiques régionales fournissent un<br />

bulletin de prévision actualisé en fonction<br />

des données de l'évolution météorologique<br />

générale et locale.<br />

L'utilisation de ces renseignements pour la<br />

conduite de chantiers à adopter peut être<br />

très appréciable, à condition que les prévisions<br />

soient fiables.<br />

Le test de leur validité, à Rouen, sur une<br />

période limitée, a montré que le risque d'être<br />

induit en erreur d'une manière défavorable<br />

à l'échelle bijournalière est de trois cas sur<br />

cent, pour le site et la période concernés.<br />

MOTS CLÉS : 51 - Climat - Prévision - Terrassement<br />

- Chantier - Gestion.<br />

Pour l'entrepreneur, le problème se pose ainsi : comment<br />

déjouer au mieux les pièges de la météorologie ? Certes, il<br />

ne peut pas changer les conditions climatiques ; le démarrage<br />

de chantier est pour lui une donnée, de même que la<br />

nature des sols, dont il aura pu apprécier la sensibilité.<br />

Est-ce à dire qu'il n'a aucun degré de liberté ? Vraisemblablement<br />

pas : les constatations passées permettent de s'apercevoir<br />

que, à cas de chantier similaire, certaines entreprises<br />

sont moins affectées que d'autres par une situation météorologique<br />

donnée ; autrement dit : elles savent mieux en<br />

tirer parti.<br />

A l'opposé du fatalisme, l'attitude qui consiste à prendre la<br />

prévision météorologique comme un facteur susceptible<br />

d'influer a priori sur l'organisation d'un chantier, ou tout<br />

au moins à mettre davantage l'accent sur certaines dispositions<br />

adéquates : fermeture de surface en fin de journée,<br />

écoulements des eaux,... en période de risque prononcé,<br />

peut être payante. Cela à condition que les prévisions<br />

météorologiques soient fiables.<br />

75<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. -123 - janv.-févr. 1S83 - Réf. 2776


L'ampleur du problème (en moyenne, sur 3 jours<br />

ouvrables, un jour d'arrêt est dû aux conditions<br />

météorologiques) justifie qu'on tente de mieux le connaître<br />

et d'apporter des solutions.<br />

Le propos de cet article est de donner quelques éléments<br />

succincts concernant la validité de la prévision<br />

météorologique, à la suite des constatations faites sur<br />

un site particulier et pendant une période donnée. Il<br />

est souhaitable que d'autres expériences de ce type<br />

soient tentées, car les résultats ne peuvent pas être<br />

étendus sans vérification à d'autres régions, et chacun<br />

devrait pouvoir se faire une idée de la justesse de la<br />

prévision de la station météorologique pour lui la plus<br />

proche.<br />

LES ÉCHÉANCES DE PRÉVISION ET LEUR<br />

QUALITÉ GLOBALE<br />

Les stations météorologiques régionales sont équipées<br />

de répondeurs automatiques qui délivrent des bulletins<br />

« grand public » actualisés en fonction des données<br />

de l'évolution générale et locale. Dans le cas de la<br />

station de Rouen-Boos, trois bulletins sont enregistrés<br />

vers 6, 12 et 17 h chaque jour. Ils fournissent une prévision<br />

à échéance de 24 h, complétée deux fois par<br />

semaine par une prévision « moyenne échéance » à<br />

72 heures.<br />

La prévision à 24 h est considérée globalement comme<br />

satisfaisante, mais l'appréciation que l'usager en fait<br />

dépend des critères qui l'intéressent (gel, pluie, vent,<br />

etc.) en fonction de sa propre spécificité (agriculture,<br />

bâtiment et travaux publics, etc.). Les prévisions à<br />

48 h, puis à 72 h baissent en qualité. Quant aux prévisions<br />

à 96 h (4 j), elles existent mais ne sont pas diffusées,<br />

étant donné leur caractère bien trop aléatoire.<br />

Des progrès sont cependant attendus dans un avenir<br />

proche concernant les prévisions à échéance de plusieurs<br />

jours.<br />

Outre le service rendu par le répondeur automatique,<br />

il faut signaler qu'il est toujours possible d'interroger<br />

la station météorologique pour affiner les renseignements<br />

dans le champ des préoccupations qui nous<br />

intéresse, en particulier la pluviométrie.<br />

RÉSULTATS DU TEST DE LEUR<br />

CONCORDANCE AVEC LA RÉALITÉ<br />

On ne s'intéresse ici qu'aux prévisions à l'échelle de<br />

24 h, et même plus précisément aux données fournies<br />

le matin et à midi, pour la durée qui s'écoule jusqu'au<br />

prochain bulletin. L'annonce du soir, qui serait peutêtre<br />

intéressante aussi à considérer, n'est plus incluse<br />

dans l'analyse.<br />

La concordance prévision-situation réelle a porté sur<br />

74 demi-journées en période automnale, ce qui constitue<br />

un échantillon relativement limité pour traduire<br />

avec des pourcentages précis les cas de nonconcordance.<br />

Néanmoins, il paraît utile de faire part<br />

de cette expérience.<br />

La méthode retenue consiste à traduire les prévisions<br />

selon un schéma donné (fig. 1) et à mettre sous une<br />

forme similaire les informations réelles, qui proviennent<br />

soit de données quantitatives fournies par une<br />

station simplifiée implantée au Centre d'expérimentations<br />

routières, soit d'informations qualitatives (ensoleillement,<br />

vent).<br />

La justesse de l'information est appréciée pour chaque<br />

rubrique et une note est attribuée selon le barème<br />

(arbitraire) suivant :<br />

CIEL : 1 point<br />

PLUIE : 2 points<br />

VENT : 1 point<br />

Tmax : 1 point<br />

Le total conduisant à une note par demi-journée.<br />

PRÉVU<br />

DATE<br />

CIEL<br />

ensoleillement<br />

PLUIE<br />

VENT<br />

Tmax<br />

CO<br />

Tmin<br />

(°C)<br />

Fig. 1 - Exemple de concordances sur une<br />

journée.<br />

12.11<br />

M<br />

Ap<br />

Très nuageux<br />

à couvert<br />

Très nuageux<br />

à couvert<br />

pluie<br />

pluies éparses<br />

modéré à fort<br />

faible<br />

14<br />

10 à 12<br />

12<br />

6 à 8<br />

OBSERVÉ<br />

DATE CIEL NOTE PLUIE VENT<br />

Tmax<br />

co<br />

Tmin<br />

co<br />

Piche<br />

M Ensoleillement 0 averses 2 fort 1 11 0 3<br />

12.11 + nuageux 0,3<br />

Ap Couvert 1 averses 2 A fort 0 10(16h) 1 4<br />

(2,8 mm)<br />

NOTE/5<br />

76


Tableau I<br />

ON ANNONCE :<br />

Fréquence<br />

d'apparition de ce cas<br />

(%) pour l'époque<br />

considérée<br />

POURCENTAGES DE CAS OU IL EST OBSERVE<br />

pluie > 5 mm 1 à 5 mm < 1 mm<br />

couvert<br />

sans pluie<br />

ensoleillement<br />

persistant<br />

1 De la pluie 63 33 25 29 8 4<br />

2 Pas de pluie et couvert 32 8 0 0 84 8<br />

3 Ensoleillement persistant<br />

(échantillonnage faible à<br />

cette époque)<br />

5 0 0 0 0 100<br />

Il ressort du dépouillement de l'ensemble, que la note<br />

obtenue est de :<br />

— 5 pour 40 % des cas,<br />

— 4 pour 30 % des cas,<br />

— 3 pour 23 % des cas,<br />

— 2 pour 7 % des cas,<br />

— 1 pour 0 % des cas,<br />

— 0 pour 0 % des cas.<br />

La note moyenne est 4.<br />

Il y a donc pour environ 30 % des cas (notes 2 et 3),<br />

une information qui n'est pas de qualité satisfaisante.<br />

Afin de se rendre compte, pour deux aspects majeurs<br />

en terrassement, à savoir les précipitations et la possibilité<br />

d'assèchement, du degré de justesse des prévisions,<br />

l'analyse a été conduite par critères (tableau!).<br />

La part de prévision erronée s'établit donc de la façon<br />

suivante :<br />

, Pourcentage<br />

Frequence p o n d é r é*<br />

Cas 1 :<br />

8 + 4 = 12 % 0,63 7,6<br />

Cas 2 :<br />

8 + 8 = 16 % 0,32 5<br />

Cas 3 :<br />

0 % 0,05<br />

12,6 %<br />

En considérant dans quel sens dérive la prévision, on<br />

a :<br />

Cas 1 f ^ a v o r a D^ e : 12 % des cas (de la catégorie),<br />

(.non favorable : 0 %.<br />

Cas 2 [ f a v o r a D l e : 8 % des cas,<br />

tnon favorable : 8 % des cas.<br />

Seul le pourcentage de 8 % sur un critère apparaissant<br />

à une fréquence de 0,32 concerne une prévision trop<br />

favorable par rapport à la météorologie réelle, pouvant<br />

induire véritablement en erreur lors de la prise de<br />

décision de la conduite de chantier.<br />

Pour cette époque de l'année, on peut donc conclure<br />

que le risque d'être induit en erreur d'une manière<br />

défavorable par la prévision météorologique à<br />

l'échelle bijournalière ou à la rigueur journalière, concerne<br />

environ 3 cas sur 100.<br />

LIMITES ACTUELLES DE L'UTILISATION<br />

DE LA PRÉVISION MÉTÉOROLOGIQUE<br />

Si les 3 cas sur 100 d'insuccès constatés sur le cas particulier<br />

étudié semblent en fait un bon résultat, puisque<br />

les 97 autres cas se passent plutôt bien, les conséquences<br />

d'une confiance aveugle en la prévision peuvent<br />

être néfastes. Il y aura toujours des phénomènes<br />

plus ou moins localisés et apparaissant plus ou moins<br />

soudainement dans le temps, comme les précipitations<br />

orageuses, qui peuvent passer à travers les mailles de<br />

la prévision, ou pour lesquelles la prévision ouvrira<br />

large son filet : « Avis d'orage en cours ». Ni l'ordre<br />

de grandeur de la quantité de pluie, ni les endroits touchés<br />

ne peuvent être appréhendés beaucoup de temps<br />

à l'avance.<br />

Une limite essentielle est bien la « maille » de prévision.<br />

Celle-ci est actuellement de l'ordre de la centaine<br />

de kilomètres au niveau du traitement pour l'ensemble<br />

du territoire (chaque station météorologique est équipée<br />

de terminaux « récepteurs » d'informations traitées<br />

à l'ordinateur central). La microclimatologie, qui<br />

se donne pour objectif de résoudre le problème à une<br />

échelle beaucoup plus réduite, en est au stade de la<br />

recherche. Pour le moment, l'expérience locale, la<br />

connaissance des éventuels microclimats sont encore<br />

utiles pour interpréter au mieux les données de la prévision<br />

régionale.<br />

77


TERRflSSEmEflTS<br />

ROUTIERS<br />

Choix des sources<br />

des renseignements météorologiques<br />

Bilan hydrique. Arrêts de chantier<br />

Michel SÉGOUIN<br />

Assistant<br />

Laboratoire régional de Saint-Brieuc<br />

Le facteur «météorologie» a, comme chacun sait, une<br />

grande influence sur le déroulement des chantiers de terrassement<br />

et conditionne non seulement les techniques de mise<br />

en œuvre, mais aussi les délais d'exécution, tout en jouant<br />

sur son économie.<br />

RESUME<br />

La comparaison des relevés pluviométriques<br />

de plusieurs postes météorologiques fixes<br />

proches d'un chantier de terrassement et de<br />

stations mobiles implantées sur celui-ci a<br />

permis, sur deux cycles de saisons complets,<br />

de constater qu'il pouvait être justifié de<br />

s'appuyer sur les renseignements d'un point<br />

de relevés fixe voisin, dans le cas où le site<br />

géographique était homogène.<br />

De l'étude du bilan hydrique, il s'ensuit que<br />

l'année se divise en deux périodes bien distinctes<br />

et que le nombre de jours d'arrêt de chantier,<br />

pour un échelon de décapeuses, pouvait être<br />

déterminé soit mensuellement à partir du<br />

bilan hydrique mensuel, soit par périodes de<br />

même bilan hydrique à partir du nombre de<br />

jours de pluie dépassant un certain seuil bien<br />

défini.<br />

MOTS CLÉS : 51 - Climat • Terrassement -<br />

Matériel de travaux publics - Chantier - Sol -<br />

Sensibilité - Pluie - Évaporation - Saison -<br />

Prévision - Variation - Eau souterraine -/Bilan<br />

hydrique.<br />

Les renseignements météorologiques peuvent être recueillis<br />

auprès de l'Office national de la météorologie, qui dispose<br />

sur le territoire métropolitain d'un réseau bien structuré.<br />

Au cours d'un chantier de terrassement important, nous<br />

nous sommes attachés à rechercher quelles pouvaient être,<br />

d'une part la meilleure source d'information météorologique<br />

en comparant entre elles les pluviométries relevées sur<br />

un certain nombre de postes météorologiques fixes proches<br />

de ce chantier et de stations mobiles implantées sur celui-ci,<br />

d'autre part la relation liant les arrêts de chantier aux intempéries,<br />

par l'intermédiaire du bilan hydrique.<br />

Le chantier se situe dans le nord-est du département du<br />

Finistère ; il s'agit de la voie express Morlaix - Côtes-du-<br />

Nord (ex. RN 12), partie intégrante du Plan routier Breton ;<br />

ses caractéristiques principales sont les suivantes :<br />

—longueur : 17 km environ,<br />

— orientation : Ouest - Est ;<br />

— terrassements exécutés pour une plate-forme à deux<br />

chaussées séparées par un terre-plein central,<br />

— volume des remblais : 1 500 000 m 3 ,<br />

— durée des terrassements : de fin mai 1979 à juillet 1981.<br />

78<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. • 123 • janv.-févr. 1983 - Réf. 2771


Terrains rencontrés<br />

— limons de couverture et schistes altérés ou décomposés<br />

sur le plateau de Plouigneau, partie ouest et centre<br />

du chantier, sur une longueur de l'ordre de 11 km<br />

(classification RTR : A, - A 2 et Ci) ;<br />

— gneiss et granité à l'est (classification RTR : C, -<br />

C 2 - C 3 - D 3 - D 4 et occasionnellement B5 - B 6 ) ;<br />

— emprunts granitiques et schisteux extérieurs au<br />

chantier (classes C 2 - C 3).<br />

Les renseignements météorologiques [1] provenaient :<br />

• de trois postes d'observation climatologique fixes :<br />

— le premier à l'ouest : Morlaix - Suscinio, à l'altitude<br />

65 m,<br />

— le second à l'est : Plounévez-Moëdec, à l'altitude<br />

34 m,<br />

— le troisième au nord : Lanmeur, à l'altitude 60 m,<br />

(dont la création ne date que de septembre 1979).<br />

• d'une ministation météorologique mobile, implantée<br />

au centre du chantier à l'altitude 132 m, sur la<br />

commune de Plouigneau et comportant : un thermohygrographe,<br />

un évaporomètre Piche, un pluviographe<br />

à augets basculeurs ;<br />

• d'un second pluviographe à augets basculeurs<br />

implanté à l'extrémité Est du chantier à l'altitude<br />

172 m, sur la commune de Plouégat-Moysan (dont<br />

l'implantation n'a été faite qu'en juillet 1980).<br />

Les distances des postes par rapport à la ministation<br />

mobile centrale de Plouigneau étaient les suivantes :<br />

— Morlaix-Suscinio : 10 km,<br />

— Plounévez-Moëdec : 23 km,<br />

— Lanmeur : 8 km,<br />

— Plouégat-Moysan : 9 km.<br />

Leur implantation vis-à-vis du chantier est représentée<br />

sur la figure 1.<br />

PLUVIOMETRIE<br />

La période concernée s'est échelonnée de juillet 1979 à<br />

juin 1981, soit sur 24 mois consécutifs.<br />

Nous avons regroupé, dans le tableau I, les relevés des<br />

hauteurs des précipitations (HP en mm) mensuelles de<br />

chaque poste ou station et les nombres de jours de<br />

pluie correspondants, chaque journée allant de 8 h 00<br />

le jour « J » à 8 h 00 le jour « J + 1 ».<br />

La précision des enregistrements des précipitations<br />

(0,1 mm pour les postes fixes : lecture, et 0,5 mm<br />

pour les stations mobiles : enregistrement graphique)<br />

étant différente, nous a amené, par souci d'homogénéité,<br />

à recalculer les hauteurs des précipitations journalières<br />

des postes fixes en prenant pour seuil 0,5 mm,<br />

ce qui a entraîné des nombres de jours de pluie différents.<br />

Nous avons récapitulé les valeurs mensuelles<br />

des hauteurs des précipitations et les nombres de jours<br />

de pluie ainsi obtenus dans le tableau II.<br />

HAUTEURS DES PRÉCIPITATIONS<br />

La figure 2, traduction du tableau II, met en évidence<br />

la très faible dispersion des hauteurs mensuelles des<br />

précipitations pour les cinq postes et stations considérés,<br />

tandis que la figure 3, où nous n'avons fait figurer<br />

pour la période considérée que la station mobile de<br />

Plouigneau, montre des écarts importants avec les<br />

relevés moyens des postes de Morlaix-Suscinio et<br />

Plounevez-Moedec, pour les périodes, respectivement,<br />

des 7 et 25 dernières années.<br />

Notons toutefois, sur la figure 2, une certaine dispersion<br />

pour les mois de décembre 1980 et janvier 1981. Il<br />

semble que nous ayons affaire, en 1979-1980 et 1981,<br />

à des années différentes de la moyenne du point de<br />

vue de la répartition mensuelle des précipitations,<br />

Fig. 1 - Plan de situation du chantier et implantation des postes météorologiques fixes (1-2-3) et stations mobiles (4-5).<br />

1 • Morlaix-Suscinio ; 2 - Plounévez-Moëdec ; 3 - Lanmeur ; 4 - Plouigneau ; 5 - Plouégat-Moysan.<br />

79


TABLEAU I<br />

Hauteurs des précipitations et nombres de jours de pluie mensuels pour chaque point de relevés<br />

Postes fixes Stations mobiles<br />

Date MORLAIX LANMEUR PLOUNEVEZ-MOEDEC PLOUIGNEAU PLOUEGAT-MOYSAN<br />

HP Nb jours HP Nb jours HP Nb jours HP Nb jours HP Nb jours<br />

(mm) pluie (mm) pluie (mm) pluie (mm) pluie (mm) pluie<br />

07 12,9 11 6,6 4 19,0 7 — —<br />

08 59,6 20 — — 67,5 19 65,0 19 — —<br />

38,2 13 42,6 12 35,0 8 32,0 9 — —<br />

1Q7Q<br />

1979 0 9 1 Q<br />

63,0 22 62,5 21 85,8 16 53,5 16 — —<br />

11 102,4 22 121,9 20 138,1 18 112,5 21 — —<br />

12 175,7 27 182,6 27 214,7 22 191,5 27 — —<br />

TOTAL 451,8 115 409,6 80 547,7 87 473,5 99<br />

(6 mois) (4 mois) (4 mois)<br />

01 86,8 17 103,7 19 108,8 16 101,5 16 — —<br />

02 97,9 19 101,4 19 84,3 17 104,5 20 — —<br />

03 120,3 25 134,0 25 140,6 23 132,0 22 — —<br />

04 4,2 4 5,2 4 0,8 1 9,0 8 — —<br />

05 41,7 10 44,5 11 47,2 10 44,5 11 — —<br />

1 non 96,2 22 93,8 21 91,0 20 103,0 20 — —<br />

1980 Q 7<br />

37,9 18 47,5 18 29,3 11 44,0 17 51,0 15<br />

08 25,4 12 37,4 14 23,1 9 25,0 12 35,0 10<br />

09 34,0 19 43,1 15 38,4 13 40,5 17 53,0 16<br />

10 140,8 19 150,2 19 170,7 18 166,0 20 197,5 20<br />

11 89,6 16 105,3 13 97,2 12 93,0 14 107,5 13<br />

12 74,5 20 95,4 19 128,2 20 88,5 19 123,0 19<br />

TOTAL 849,3 201 961,5 197 959,6 170 951,5 196 567,0 93<br />

(12 mois) (6 mois) (6 mois)<br />

01 70,9 18 90,2 18 112,3 17 103,0 20 115.5 21<br />

02 54,4 16 59,0 16 74,1 14 74,0 17 66.5 15<br />

-i no i 139,7 24 142,2 22 132,6 23 140,5 23 150,0 24<br />

1 9 8 1<br />

04 52,8 13 47,4 13 45,4 12 56,5 11 51,5 11<br />

05 124,5 25 142,3 26 144,5 26 120,0 25 145,0 23<br />

06 18,1 13 22,1 12 14,7 8 12,5 9 24,5 10<br />

TOTAL 460,4 109 503,2 107 523,6 100 506,5 105 553,0 104<br />

(6 mois)<br />

TABLEAU II<br />

Hauteurs des précipitations et nombres de jours de pluie mensuels pour chaque point de relevés. Valeurs corrigées<br />

Postes fixes Stations mobiles<br />

Date MORLAIX . LANMEUR PLOUNEVEZ-MOEDEC PLOUIGNEAU PLOUEGAT-MOYSAN<br />

HP Nb jours HP Nb jours HP Nb jours HP Nb jours HP Nb jours<br />

(mm) pluie (mm) pluie (mm) pluie (mm) pluie (mm) pluie<br />

07 12,5 8 — — 6,5 4 19,0 7<br />

08 60,0 19 — — 67,5 17 65,0 19 — —<br />

1 Q7Q<br />

u 9 38,0 9 42,5 11 35,0 8 32,0 9 — —<br />

19/9 1 Q<br />

63,0 18 62,5 18 85,5 14 53,5 16 — —<br />

11 102,5 20 122,0 20 138,5 18 112,5 21 — —<br />

12 175,5 25 182,5 26 214,5 22 191,5 27 — —<br />

TOTAL 451,5 99 409,5 75 547,5 83 473,5 99<br />

(6 mois) (4 mois) (4 mois)<br />

01 -87,0 16 103,5 18 109,0 16 101,5 16<br />

02 97,5 18 101,5 18 84,0 17 104,5 20 —<br />

03 120,5 23 134,0 24 140,5 23 132,0 22 —<br />

04 4,0 4 5,0 4 1,0 1 9,0<br />

_<br />

8<br />

—<br />

05 41,5<br />

_<br />

10 44,5 11 47,0 10 44,5 11 — —<br />

-iqan<br />

0 6<br />

96,5 19 94,0 21 91,0 20 103,0 20 — —<br />

1980 0 /<br />

37,5 18 47,5 17 29,5 11 44,0 17 51,0 15<br />

08 25,5 9 37,0 9 23,0 9 25,0 12 35,0 10<br />

09 34,0 16 43,5 15 38,5 13 40,5 17 53,0 16<br />

10 141,0 18 150,0 17 170,5 17 166,0 20 197,5 20<br />

11 89,0 16 105,5 13 97,5 12 93,0 14 107,5 13<br />

12 74,5 18 95,5 19 128,0 18 88,5 19 123,0 19<br />

TOTAL 849,0 185 961,5 186 959,5 167 951,5 196 567,0 93<br />

(12 mois) (6 mois) (6 mois)<br />

01 71,0 17 90,0 18 112,5 17 103,0 20 115,5 21<br />

02 54,5 15 59,0 15 74,0 11 74,0 17 66,5 15<br />

03 139,5 22 142,0 21 132,5 22 140,5 23 150,0 24<br />

1QP.1<br />

1 a a l<br />

04 53,0 11 47,0 12 45,5 12 56,5 11 51,5 11<br />

05 124,5 25 142,5 24 144,5 25 120,0 25 145,0 23<br />

06 18,0 13 23,0 12 15,0 7 12,5 9 24,5 10<br />

TOTAL 460,5 103 503,5 102 524,0 94 506,5 105 553,0 104<br />

(6 mois)<br />

80


Fig. 2 - Hauteurs des précipitations<br />

(HP) mensuelles des trois postes<br />

fixes et des deux stations mobiles.<br />

i i i i i | i i i i i i i i i i i | i i i—i—i—r~ c<br />

01 06 01 06 Mois<br />

1979 1980 1981<br />

Fig. 3 - HP mensuelles de la station de<br />

Plouigneau pour la durée du chantier.<br />

Moyennes mensuelles des HP des sept<br />

dernières années pour Morlaix-Suscinio<br />

et des vingt-cinq dernières années pour<br />

Plounévez-Moëdec.<br />

01 06 01 06 Mois<br />

1979 1980 1981<br />

mais qu'au total, la hauteur des précipitations annuelles<br />

soit à peu près constante.<br />

NOMBRES DE JOURS DE PLUIE<br />

Les nombres de jours de pluie correspondant aux<br />

jours où les hauteurs des précipitations sont supérieures<br />

ou au moins égales à 0,5 mm, sont aussi très voisins<br />

les uns des autres pour les différents points de<br />

relevés comme le montre la figure 4 issue également<br />

du tableau IL II est à noter que le mois d'avril 1980 a<br />

été un mois exceptionnellement sec.<br />

Au cours de la période pendant laquelle les cinq relevés<br />

ont pu être effectués simultanément (du 23.06.80<br />

au 30.06.81), nous avons constaté la répartition suivante<br />

:<br />

— Nombre de jours où la pluie a affecté les 5 points<br />

de relevés : 142<br />

— Nombre de jours où la pluie n'a affecté que 4<br />

points de relevés : 37<br />

— Nombre de jours où la pluie n'a affecté que 3<br />

points de relevés : 20<br />

— Nombre de jours où la pluie n'a affecté que 2<br />

points de relevés : 22<br />

— Nombre de jours où la pluie n'a affecté qu'l point<br />

de relevés : 35<br />

81


30 •<br />

20 •<br />

Fig. 4 - Nombres de jours de pluie<br />

mensuels des trois postes fixes<br />

et des deux stations mobiles.<br />

10 -<br />

200<br />

_1_ _l I u<br />

200<br />

Plouigneau (Bouchet n° 2)<br />

Plouigneau (Véron)<br />

Fig. 5 - Bilans hydriques<br />

mensuels de la station<br />

mobile de Plouigneau, et<br />

bilan hydrique mensuel<br />

moyen du poste de<br />

Plounévez-Moëdec.<br />

100-<br />

+<br />

\<br />

Ploune'vez-Moèdec<br />

•100<br />

- 0<br />

100-<br />

100<br />

"I I I I I I |~<br />

i I I r<br />

I<br />

01<br />

06<br />

01<br />

06<br />

Mois<br />

1979<br />

1980<br />

1981<br />

Sur les 35 jours où la pluie n'a été perçue que sur un<br />

seul des cinq points de relevés, si 5 jours correspondent<br />

à des hauteurs de précipitations supérieures à<br />

0,5 mm, les 30 autres correspondent à des hauteurs de<br />

précipitations égales à 0,5 mm.<br />

BILAN HYDRIQUE (BH)<br />

Disposant, entre autre dans la station mobile de<br />

Plouigneau, d'un évaporomètre Piche [2] dont les<br />

relevés ont pu être faits tous les matins à 8 h 00, à raison<br />

de cinq jours par semaine (samedi et dimanche<br />

exclus), nous avons pu déterminer deux bilans hydriques<br />

mensuels à partir de cette station, vu la faible dispersion<br />

constatée dans les différents relevés des hauteurs<br />

des précipitations :<br />

— en calculant d'une part l'évapotranspiration<br />

potentielle (ETP) journalière selon la formule de Bouchet<br />

n° 2 [3, 4] :<br />

ETP = a E p [ 1 + X ( tx + 3 tn ) ]<br />

4<br />

dans laquelle<br />

a est un coefficient dépendant de l'abri et de l'aridité<br />

de la région,<br />

E p est l'évaporation Piche,<br />

1 + X (tx + 3 tn^ e s t u n coefficient dépendant des<br />

4 températures maximale (tx) et minimale<br />

(tn) du jour,<br />

Remarque : pour les mois d'octobre à mars, pour lesquels<br />

la formule précédente n'est pas applicable, nous<br />

avons pris pour valeur de l'ETP celle de l'évaporation<br />

Piche.<br />

— et en prenant d'autre part pour valeur de l'ETP,<br />

les valeurs moyennes mensuelles statistiques de la<br />

région (zone 1) données par M. Véron [5].<br />

La figure 5 donne l'allure des deux bilans hydriques<br />

mensuels ainsi obtenus, de même que celui calculé à<br />

partir des moyennes mensuelles des précipitations des<br />

vingt-cinq dernières années de Plounévez-Moëdec et<br />

des valeurs moyennes mensuelles statistiques de la<br />

région données par M. Véron.<br />

82


Nous pouvons remarquer d'une part la même allure<br />

générale des trois courbes et, d'autre part, pour la<br />

durée du chantier (juillet 1979-juin 1981), l'absence de<br />

zones transitoires à bilan hydrique faiblement positif<br />

ou négatif.<br />

Signalons, comme particularité, les mois de juin 1980<br />

et mai 1981 pour lesquels les pluies abondantes ont<br />

entraîné des bilans hydriques respectivement nul et<br />

positif.<br />

Les deux années intéressées se trouvent ainsi découpées<br />

en deux périodes marquées :<br />

— l'une à bilan hydrique négatif : mois 07-08-09 et<br />

04-05-06 ;<br />

— l'autre à bilan hydrique positif : mois 10 -11-12 et<br />

01- 02 - 03.<br />

~~I i i i i i i 1 1 i 1 1 1 1 1 1 1 r<br />

ARRÊTS DE CHANTIER DUS<br />

AUX INTEMPÉRIES<br />

Ce sont environ 1 500 000 m 3 de matériaux de remblais<br />

qui ont été mis en œuvre, dont 180 000 ont été<br />

traités auparavant à la chaux vive (Classes RTR :<br />

A rA 2-B 5 et B6).<br />

0 5 10 15<br />

Jours d'arrêt mensuels constatés<br />

Fig. 6- Relation entre le bilan hydrique mensuel (formule Bouchet<br />

n° 2) et le nombre de jours d'arrêt de chantier réellement<br />

constatés.<br />

Pour les 1 320 000 m 3 restants, 320 000 m 3 étaient<br />

constitués de sols fins (A rA 2-B 5-B 6) et 1 000 000 m 3<br />

de sols blocailleux ou rocheux (CpCj-Cj-Dj-D^.<br />

Le tableau III donne, pour les périodes à bilan hydrique<br />

négatif d'une part, et à bilan hydrique positif<br />

d'autre part, la moyenne pour les cinq postes et stations<br />

étudiés du nombre de jours de précipitations<br />

supérieures ou égales aux seuils indiqués, ainsi que le<br />

nombre de jours d'arrêt de chantier effectivement<br />

constatés pendant les mêmes périodes. (Nota : nous<br />

ne nous sommes intéressés qu'aux échelons de décapeuses).<br />

TABLEAU III<br />

Mois à bilan<br />

hydrique négatif<br />

07-08-09-04-05-06<br />

Nombres de jours<br />

où HP a été<br />

supérieur ou égal à<br />

1 mm 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

Nombres<br />

de Jours<br />

d'arrêt<br />

constatés<br />

118 88 71 57 44 35 26 19 15 13 28,5<br />

0 5 10 15<br />

Jours d'arrêt mensuels constatés<br />

Fig. 7 - Relation entre le bilan hydrique mensuel (formule Véron) et<br />

le nombre de jours d'arrêt de chantier réellement constatés.<br />

Mois à bilan<br />

hydrique positif<br />

10-11-12-01-02-03<br />

196 166 139 118 96 84 72 64 51 45 126<br />

La relation s'exprime par la formule :<br />

Nous pouvons remarquer que le nombre de jours<br />

d'arrêt de chantier effectivement constatés correspond<br />

pour les mois à bilan hydrique négatif au nombre<br />

de jours de pluie où la hauteur des précipitations<br />

dépasse le seuil de 6 mm, et pour les mois à bilan<br />

hydrique positif au nombre de jours de pluie où la<br />

hauteur des précipitations dépasse le seuil de 3 mm.<br />

La figure 6, donne la relation existant entre le nombre<br />

de jours d'arrêt de chantier effectivement constatés<br />

par mois et le bilan hydrique mensuel correspondant<br />

(à partir des HP de Plouigneau et de l'ETP Bouchet<br />

n° 2).<br />

Nombre de jours d'arrêt _ (BH mensuel) + 45<br />

de chantier par mois 11<br />

En utilisant les valeurs moyennes mensuelles statistiques<br />

de la région (M. Véron), nous obtenons la<br />

figure 7 et la relation suivante :<br />

Nombre de jours d'arrêt (BH mensuel) + 60<br />

de chantier par mois 13<br />

83


La comparaison entre le nombre de jours d'arrêt de<br />

chantier constatés et ceux calculés par les deux relations<br />

précédentes figure dans le tableau IV.<br />

TABLEAU IV<br />

Nombres de jours d'intempéries constatés<br />

et nombre de jours d'intempéries calculés<br />

constatés<br />

Nombre de jours<br />

d'intempéries<br />

BH + 45<br />

11<br />

calculés<br />

BH + 60<br />

13<br />

Cela nous conduit à penser qu'au niveau du projet, il<br />

est tout à fait fondé de s'appuyer sur les renseignements<br />

d'une station fixe voisine ; il est en outre plus<br />

intéressant de disposer de relevés établis sur une longue<br />

période plutôt que d'affiner la précision géographique<br />

par une station mobile, implantée sur le site du<br />

chantier préalablement à celui-ci, au détriment de la<br />

période de relevés souvent beaucoup plus réduite.<br />

De plus, les constatations effectuées sur ce chantier<br />

ont mis en évidence la bonne corrélation existant entre<br />

le nombre de jours d'arrêt de chantier effectif et :<br />

— le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à<br />

3 mm durant les mois à bilan hydrique positif (mois :<br />

01-02-03-10-11 et 12),<br />

— le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à<br />

6 mm durant les mois à bilan hydrique négatif (mois :<br />

04-05-06-07-08 et 09),<br />

Mois à bilan<br />

hydrique négatif<br />

Mois à bilan<br />

hydrique positif<br />

28,5 29 23<br />

126 136 139<br />

— le bilan hydrique.<br />

Toutefois, avant d'être utilisées dans les projets, ces<br />

valeurs demandent à être vérifiées sur d'autres chantiers<br />

de la région.<br />

Nous pouvons constater une bonne correspondance<br />

entre les différentes valeurs obtenues.<br />

CONCLUSIONS<br />

Les observations précédentes n'ont pas montré de différences<br />

significatives entre les cinq postes et stations<br />

météorologiques étudiés, tant en ce qui concerne les<br />

moyennes mensuelles des précipitations que la répartition<br />

journalière des pluies.<br />

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

[1] MERMET M., Météorologie et travaux publics, TFE<br />

ENPC, mai 1980.<br />

[2] RICHARD J.-M., Climatologie et terrassements.<br />

RGRA, 534, sept. 1977.<br />

[3] BROCHET P., et GERBIER N., l'évapotranspiration,<br />

Monographie 65 de la Météorologie nationale, déc.<br />

1975.<br />

[4] HÉNENSAL P., Météorologie et terrassements, Rapp.<br />

rech. LPC, 99, mai 1980.<br />

[5] VÉRON G., Calcul des intempéries en terrassements<br />

<strong>routiers</strong>, Doc. CETE Bordeaux, déc. 1980.<br />

[6] GIROUY J., VÉRON G., Prévision des intempéries en<br />

terrassements <strong>routiers</strong>, RGRA, 580, nov. 1981,<br />

p. 79-82.<br />

84


TERRASSEfïlEfïïS ROUTIERS<br />

Comportement des sols supports<br />

de chaussées à l'appareil triaxial<br />

à chargements répétés<br />

Jean-Louis PAUTE<br />

Ingénieur<br />

Laboratoire régional de Saint-Brieuc<br />

RÉSUMÉ<br />

L'étude des sols et des graves non traitées a<br />

gardé longtemps un caractère empirique. L'essai<br />

CBR est, à cet égard, considéré universellement<br />

comme étant le seul essai permettant d'estimer<br />

la portance d'un sol support de chaussée en<br />

fonction de sa teneur en eau.<br />

Cependant, son caractère empirique ne permet<br />

ni d'améliorer les connaissances du comportement<br />

du sol ni d'aborder l'étude rationnelle<br />

du dimensionnement des chaussées souples.<br />

L'essai triaxial à chargements répétés est<br />

apparu, à de nombreux chercheurs, comme<br />

étant l'outil qui pouvait permettre cette approche<br />

rationnelle de l'étude du comportement des<br />

sols et des graves à cause de la similitude qu'il<br />

présente par rapport aux contraintes induites<br />

par le trafic.<br />

On présente dans cet article un appareil mis au<br />

point dans le double but de réaliser des études<br />

courantes et de parfaire l'amélioration des<br />

connaissances générales. Les principales propriétés<br />

des graves non traitées proposées ces dernières<br />

années par les spécialistes sont rappelées et<br />

illustrées par des résultats obtenus lors de<br />

diverses études. On montre que le comportement<br />

des sols observés à l'appareil triaxial à<br />

chargements répétés nécessite l'analyse en<br />

contraintes effectives. Les sols partiellement<br />

saturés doivent donc être préalablement consolidés<br />

sous succion contrôlée. On montre, enfin,<br />

comment déformations réversibles et déformations<br />

permanentes sont liées à l'état initial du<br />

sol ainsi défini.<br />

MOTS CLÉS : 22 - Sol de fondation - Granulat -<br />

Granulométrie continue - Assise - Essai -<br />

Triaxial • Chargement répété • Comportement -<br />

Contrainte • Déformation • Élasticité - Plasticité.<br />

Les méthodes utilisées actuellement pour le dimensionnement<br />

des chaussées font appel à un modèle mathématique et<br />

permettent ainsi d'estimer les contraintes et les déformations<br />

dans les couches du corps de chaussée et dans le sol support.<br />

Ces méthodes prennent également en compte le<br />

comportement en fatigue des matériaux de chaussées.<br />

Le programme Alizé 3 [1], actuellement utilisé en France,<br />

est bien adapté à l'étude des structures de chaussées<br />

comportant des matériaux d'assise rigide (graves traitées<br />

aux liants hydrauliques, graves-bitume), c'est-à-dire aux<br />

matériaux dont le comportement peut être considéré comme<br />

élastique et linéaire. Dans ce cas, les contraintes supportées<br />

par le sol de fondation de la chaussée sont relativement<br />

faibles.<br />

Par contre, on note des écarts importants entre les<br />

déformations observées et celles calculées dans les structures<br />

de chaussées souples faisant appel à des matériaux non traités<br />

(graves non traitées). Ces désaccords sont imputés au fait<br />

que les modules d'Young et les coefficients de Poisson des<br />

matériaux non liés et des sols dépendent des contraintes et<br />

qu'ils n'ont pas, de ce fait, un comportement linéaire.<br />

La répétition des charges n'a pas non plus le même effet sur<br />

les matériaux traités et sur les sols et matériaux non traités.<br />

Pour les premiers, la fatigue se traduit par une diminution<br />

de leur résistance à la rupture. Pour les seconds, la répétition<br />

des chargements entraîne des déformations permanentes,<br />

responsables du phénomène d'orniérage dans les chaussées<br />

souples.<br />

101<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. - 124 - mars-avril 1983 - Réf. 2788


L'essai triaxial à chargements répétés permet<br />

d'obtenir des relations entre les contraintes et les<br />

déformations réversibles (comportement élastique)<br />

ainsi qu'entre les contraintes et les déformations<br />

permanentes (comportement plastique).<br />

On donne dans cet article, la description d'un matériel<br />

destiné à l'étude des graves et des sols, on rappelle<br />

également les principales propriétés des sols observées<br />

à l'appareil triaxial à chargements répétés.<br />

Pour simplifier l'illustration on a négligé l'effet de la<br />

troisième dimension.<br />

On constate que les contraintes de cisaillement sur les<br />

facettes de l'élément ne sont nulles que lorsque x = 0.<br />

L'étude correcte en laboratoire nécessiterait donc<br />

d'imaginer un dispositif de chargement permettant de<br />

soumettre une éprouvette du matériau à étudier à un<br />

système de contraintes normale et de cisaillement. Ce<br />

dispositif est trop complexe à réaliser et on utilise<br />

actuellement l'essai triaxial (fig. 2).<br />

ANALOGIE ENTRE LE CHARGEMENT<br />

EN PLACE ET L'ESSAI TRIAXIAL<br />

Principe de base<br />

Lorsqu'une roue chargée se déplace à la surface de la<br />

chaussée, un élément du sol support, M, est soumis à<br />

un système de contraintes variables avec la position,<br />

JC, de la roue par rapport à la verticale en ce point<br />

(fig. 1) :<br />

— av et aH sont, respectivement, les contraintes<br />

verticale et horizontale sur les facettes de l'élément;<br />

— \ H V et xVH sont les contraintes de cisaillement :<br />

Charge roulante<br />

ai Fig. 2. — Principe de l'essai triaxial à<br />

chargements répétés.<br />

La contrainte principale minimale CT3 est obtenue par<br />

la pression du fluide de la chambre de la cellule<br />

triaxiale. La contrainte principale maximale c 1<br />

est la<br />

somme de la pression du fluide de la chambre et de la<br />

contrainte de chargement axiale. L'appareil triaxial ne<br />

permet d'exercer que des contraintes de pression.<br />

On peut reporter l'état des contraintes appliquées à<br />

l'éprouvette triaxiale dans le plan p, q (fig. 3) avec :<br />

Chaussée<br />

p = l - (o-j + 2a3) (1)<br />

Sol support<br />

contrainte moyenne de compression,<br />

q = a t — a 3 (2)<br />

déviateur des contraintes.<br />

t k Contraintes<br />

\ i<br />

Fig. 1. — Contraintes induites par une charge roulante<br />

102


Du fait du mode habituel de conception des cellules<br />

triaxiales, seule, une partie du plan p, q peut être<br />

accessible, c'est la zone non hachurée de la figure 3.<br />

Les essais en compression sont ceux qui se pratiquent<br />

couramment; on applique un effort de compression F<br />

aux extrémités de l'éprouvette, qui est elle-même<br />

soumise à une pression uniforme sur toutes ses faces,<br />

°"3;<br />

F<br />

a!-a,=-,<br />

S étant la section droite de l'éprouvette :<br />

Les essais en extension nécessitent un aménagement<br />

spécial de la liaison de l'axe de compression sur le<br />

plateau supérieur de manière à exercer un effort<br />

d'extension et :<br />

Seuls certains dispositifs de recherche sont équipés<br />

pour pouvoir réaliser des essais en extension.<br />

Contraintes appliquées à l'éprouvette.<br />

Chemin de contraintes<br />

F<br />

déviateur q, on se déplace de A vers B sur une droite<br />

de pente 1/3 :<br />

P =


— un système d'acquisition de données (forces,<br />

pression, mesure de déformation, nombre de cycles).<br />

Le dispositif expérimental réalisé pour l'étude du<br />

comportement des sols et des graves non traitées sous<br />

chargements répétés comprend deux appareils<br />

triaxiaux :<br />

— l'un destiné à la réalisation des essais à contrainte<br />

latérale constante (CLC),<br />

— l'autre destiné à la réalisation des essais à<br />

contrainte latérale variable (CLV).<br />

L'analyse des relations contraintes-déformations<br />

obtenues avec chacun des deux dispositifs permet la<br />

généralisation des relations contraintes-déformations.<br />

Les dispositifs d'application des contraintes sont<br />

entièrement pneumatiques, tant pour ce qui concerne<br />

la pression interne de la cellule que pour l'application<br />

de l'effort dé compression axiale.<br />

Cellule triaxiale<br />

Les cellules triaxiales (fig. 6 et 7) ont été conçues pour<br />

des éprouvettes de 160 mm de diamètre et de 320 mm<br />

de hauteur. Ces dimensions ont été retenues car on<br />

dispose d'un appareillage conçu pour le compactage<br />

d'éprouvettes de graves traitées aux liants hydrauliques<br />

par vibrocompression permettant le contrôle de<br />

la masse volumique apparente et assurant l'homogénéité<br />

de celle-ci. L'appareil réalise le compactage dans<br />

un étui en polychlorure de vynile (PVC) fendu suivant<br />

une génératrice. Le transport de l'éprouvette est<br />

réalisé dans l'étui. Celui-ci est extrait lors du montage<br />

de l'éprouvette sur l'embase de la cellule. Dans les cas<br />

difficiles, l'éprouvette est congelée après compactage.<br />

Dans les autres cas, les éprouvettes de graves non<br />

traitées, compactées, à des teneurs en eau proches de<br />

l'optimum Proctor modifié, et les éprouvettes de sol<br />

légèrement cohérent présentent une stabilité suffisante<br />

pour permettre le montage complet de la cellule.<br />

Les dispositions retenues permettent :<br />

— le contrôle du drainage aux extrémités de<br />

l'éprouvette;<br />

— la mesure de l'effort de compression à l'aide d'un<br />

capteur de force placé sur l'embase supérieure;<br />

— la mesure de la pression interne de la cellule à<br />

l'aide d'un capteur de pression;<br />

— la mesure de la déformation axiale de l'éprouvette<br />

à l'aide de trois capteurs de déplacements placés à<br />

120°, indiquant les déformations sur le tiers central<br />

(base de mesure initiale de 120 mm);<br />

— la mesure de la déformation axiale de l'éprouvette<br />

à l'aide de trois capteurs de déplacements placés à<br />

120°, indiquant les variations du rayon de l'éprouvette<br />

à sa partie centrale.<br />

Le fluide interne de la cellule est de l'air comprimé, la<br />

valeur maximale de la pression est de l'ordre de<br />

0,5 MPa.<br />

Bâti de chargement<br />

La cellule triaxiale est placée sur un bâti (fig. 6) dont<br />

le portique pivotant permet aisément le relèvement de<br />

la cloche de la cellule. Le portique comprend dans son<br />

axe un vérin pneumatique interchangeable et adapté à<br />

l'effort maximal à délivrer. L'effort de compression<br />

maximal est de 1 400 daN soit un déviateur maximal<br />

possible qmm de l'ordre de 0,7 MPa.<br />

Dispositif de pilotage des chargements répétés<br />

L'effort de compression du vérin pneumatique et la<br />

pression interne de la cellule sont réglés à leur valeur<br />

maximale, à l'aide de détendeurs de précision. Des<br />

1 — Éprouvette<br />

2 — Membrane<br />

3 — Pierre poreuse<br />

4 — Embase supérieure<br />

5 — Embase inférieure<br />

6 — Capteur de force<br />

7 — Dispositif des mesures de<br />

déformations axiales<br />

8 - Dispositif des mesures de<br />

déformations radiales<br />

9 — Tige de chargement<br />

10 - Plateau supérieure de la<br />

cellule<br />

11 — Cellule plexiglas<br />

12 - Guidage par roulement à billes<br />

13 — Capteur de pression<br />

Fig. 6. — Cellule triaxiale et bâti de chargement.<br />

Fig. 7. — Schéma de la cellule triaxiale.<br />

104


À<br />

vannes à commande pneumatique mettent alternativement<br />

les circuits « cellule » et « vérin » en relation soit<br />

avec la pression atmosphérique, soit avec les circuits<br />

dont la pression est calibrée comme indiqué plus haut.<br />

Chaque ensemble pneumatique est piloté par un<br />

couple de deux temporisations permettant de régler la<br />

durée du cycle et la durée de repos entre deux<br />

chargements, dans la gamme des fréquences 0,2-2 Hz.<br />

Dispositions spéciales<br />

concernant l'essai à contrainte latérale variable<br />

Lorsqu'on désire réaliser un essai CLV dont le<br />

rapport :<br />

q/p = 3(ox - o3)/(°i + 2a3) (4)<br />

reste constant pendant la durée du chargement, il est<br />

nécessaire que le rapport : effort de compression<br />

axiale/pression interne dans la cellule le demeure.<br />

Du fait de la compressibilité de l'air, cette condition<br />

est difficilement réalisable avec un vérin pneumatique<br />

dont le volume est faible comparé au volume interne<br />

de la cellule triaxiale. Il est donc nécessaire<br />

d'augmenter le volume de détente du vérin de<br />

compression axiale à l'aide d'un réservoir monté en<br />

parallèle. La figure 8 montre l'enregistrement de<br />

l'effort de compression en fonction de la pression<br />

interne de la cellule. Dans la pratique, l'ajustement de<br />

ces deux paramètres nécessite l'utilisation de<br />

fréquences basses (0,2 Hz).<br />

q (kPa) ,,<br />

200.<br />

équipée de :<br />

— un choix de base standard,<br />

— une carte voltmètre numérique,<br />

— une carte multiplexeur analogique (20 voies),<br />

— une carte digitale (16 bits),<br />

— deux cartes compteurs,<br />

— une carte relais de puissance.<br />

Tous ces périphériques sont reliés entre eux à partir du<br />

contrôleur par un bus d'interface aux normes<br />

IEE 488.<br />

Pour chaque cycle de chargement, il permet<br />

d'enregistrer :<br />

t 0 > 1 s<br />

ti >0,2 s<br />

Forme des signaux.<br />

Chemin de contraintes réel<br />

d'un essai CLV.<br />

Fig. 8. — Forme et caractéristique des signaux de chargement.<br />

L'essai triaxial à contrainte latérale constante (CLC)<br />

est réalisé à des fréquences de chargement plus élevées<br />

(0,5 à 1 Hz).<br />

Dispositif d'acquisition de données<br />

Il comprend (fig. 9) :<br />

• un contrôleur HP 85 (avec imprimante interne et<br />

lecteur de cartouche),<br />

• un lecteur/enregistreur de disques souples de 5<br />

pouces,<br />

• une unité d'acquisition de données HP 3497 A<br />

— les valeurs minimale et maximale de l'effort de<br />

compression axiale,<br />

— les valeurs minimale et maximale de l'étreinte<br />

latérale (pression interne de la cellule),<br />

— la déformation réversible et la déformation<br />

permanente axiale,<br />

— la déformation réversible et la déformation<br />

permanente radiale,<br />

— le rang du cycle considéré.<br />

DÉFORMATIONS RÉVERSIBLES<br />

ET DÉFORMATIONS PERMANENTES<br />

Lorsqu'on applique un chargement cyclique à<br />

l'éprouvette, on observe des variations de sa hauteur<br />

et de son diamètre. La figure 10 montre ce qu'il en est<br />

pour la variation de hauteur. La figure 10 a) montre,<br />

par exemple, qu'au énième chargement, il se produit<br />

une déformation totale Ah„ mais on ne récupère au<br />

déchargement qu'une partie Ahr.<br />

105


BF<br />

iq (kPa)<br />

! °3 Ah,<br />

do<br />

Ahp<br />

Ahr<br />

Fig. 10. — Déformations de l'éprouvette lors d'un chargement<br />

cyclique.<br />

Ah r<br />

est considérée comme la déformation réversible ou<br />

« élastique » du matériau.<br />

La différence Ah,(N) — Ah r<br />

= Ahp(N) est la déformation<br />

permanente ou « plastique » induite au énième<br />

chargement. En fait, on prendra en compte la<br />

déformation permanente totale Ah p<br />

induite depuis le<br />

premier chargement. On peut faire les mêmes<br />

constatations pour la déformation radiale.<br />

Si h 0<br />

et r 0<br />

sont respectivement la hauteur initiale de<br />

l'éprouvette et son rayon initial; Ah p<br />

et Ar p<br />

sont les<br />

déformations permanentes totales au énième<br />

chargement; Ah r<br />

et Ar r<br />

sont les déformations<br />

réversibles; on définit ainsi les déformations relatives<br />

du matériau :<br />

Déformations permanentes au énième chargement :<br />

axiale<br />

— radiale<br />

fc<br />

3 —<br />

Ahp<br />

K<br />

(5)<br />

(6)<br />

Fig. 11. — Courbes effort-déformations obtenues lors d'un essai CLV sur<br />

une arène granitique (w et YJOPN)'<br />

pour a, = 40kPa et q = 80 kPa (cycliques).<br />

non linéaire. L'illustration en est donnée par la<br />

figure 11. On note :<br />

1. La rigidification du sol lorsque les contraintes<br />

augmentent.<br />

2. L'absence d'élasticité, la courbe de décharge étant<br />

située sous la courbe de chargement. L'aire comprise<br />

entre les deux courbes représente l'énergie dissipée au<br />

cours d'un cycle charge-décharge.<br />

3. Le développement des déformations permanentes<br />

avec l'augmentation du nombre de cycles de<br />

chargements. Celles-ci sont plus importantes pour les<br />

premiers cycles et diminuent d'ampleur par la suite.<br />

Les travaux entrepris depuis une vingtaine d'années<br />

par divers organismes de recherche permettent de<br />

fixer les différents modes de comportement des sols et<br />

des graves non traitées.<br />

Déformations réversibles au énième chargement :<br />

— axiale £<br />

radiale<br />

Ah r<br />

h 0<br />

- Ahp(N - 1)<br />

àr r<br />

r 0<br />

- Arp(N - 1)<br />

LOIS DE COMPORTEMENT DES SOLS<br />

ET DES GRAVES NON TRAITÉES<br />

(7)<br />

(8)<br />

Dans la suite du texte le terme sol sera utilisé pour<br />

traiter des matériaux contenant une forte proportion<br />

d'éléments fins, plus ou moins argileux (sols A l<br />

à A 4,<br />

B 5, B 6, Cj selon la classification de la RTR [2]); le<br />

terme graves non traitées sera utilisé pour les<br />

matériaux correspondant à cette appellation suivant<br />

la recommandation [3], on peut englober sous cette<br />

appellation, du point de vue des lois de comportement,<br />

les sols qui par leur nature se rapprochent des<br />

graves non traitées (sols B t à B 4 dont la teneur en<br />

fines est faible, 5 à 7 %).<br />

Déformations réversibles<br />

A l'inverse des matériaux de chaussées traités (aux<br />

liants hydrauliques) les sols et les graves non traitées<br />

sont des matériaux à comportement non élastique et<br />

Cas des graves non traitées<br />

C'est principalement pour ces matériaux que les<br />

connaissances ont été les plus importantes ces<br />

106


À<br />

dernières années. Comme il s'agit de matériaux<br />

perméables (ceux dont la teneur en fines n'excède pas<br />

5 à 7 %), en opérant à drainage ouvert, on réalise des<br />

essais drainés sur des éprouvettes compactées à sec ou<br />

à la teneur en eau OPM. On détermine ainsi des<br />

relations entre les contraintes effectives et les<br />

déformations. Ce sont les essais à contrainte latérale<br />

constante (CLC) qui ont été généralement réalisés<br />

dans un premier temps. La figure 4 montre le chemin<br />

de contraintes d'un .tel essai. Lors de la mise en<br />

pression de la cellule, on se déplace de O vers A<br />

(p = a3), mais on néglige généralement les<br />

déformations qui se produisent lors de l'application de<br />

o"3. L'essai de chargements répétés réside essentiellement<br />

dans l'application du déviateur. C'est pendant la<br />

répétition AB, BA, AB,..., que sont mesurées les<br />

déformations de l'éprouvette.<br />

Lorsqu'on réalise des essais à contrainte latérale<br />

variable (fig. 4) on décrit le chemin de contraintes OB,<br />

BO, OB,... Les relations (9) et (10) sont alors<br />

inappropriées. Il serait alors nécessaire, pour<br />

interpréter l'essai, d'avoir recours à la loi de Hooke<br />

généralisée :<br />

2vra r 3]<br />

1<br />

G", = [a 3(l - r<br />

~Mr<br />

vr) - vra^l<br />

(12)<br />

Plusieurs auteurs, dont Boyce [6] et Brown et Pappin<br />

[7], ont proposé de représenter le comportement du<br />

matériau par le module de compressibilité, K, et par le<br />

module de cisaillement, G :<br />

Il est alors possible de définir un module réversible,<br />

Mr, et un coefficient de Poisson, vr :<br />

K = P_<br />

(13)<br />

Mr = qr<br />

(9)<br />

3«£<br />

avec s r v<br />

= £i + 2e3, déformation volumique,<br />

avec qr =<br />

vr = —<br />

(10)<br />

Divers auteurs ont montré que le module réversible<br />

Mr est lié au premier invariant des contraintes<br />

9 = o - ! + CT2 + CT 3 ( o u 0 = o _ 1 + 2a 3 pour l'essai<br />

triaxial) par une expression de la forme :<br />

Mr = A.%" (11)<br />

A et n étant des paramètres caractéristiques du<br />

matériau, mais liés également au chemin de<br />

contraintes suivi.<br />

Allen et Thompson [4] ont montré que le coefficient<br />

de Poisson était lié au rapport des contraintes<br />

principales par une expression du troisième degré. La<br />

figure 12 illustre ces relations et montre que vr dépend<br />

également de l'étreinte latérale a 3 [5].<br />

Il n'est pas rare d'observer des valeurs du coefficient<br />

de Poisson supérieures à 0,5. Cela s'explique par le<br />

développement du phénomène de dilatance lors des<br />

cycles de chargement, phénomène dû aux variations<br />

de l'indice des vides [5].<br />

2<br />

et s r q<br />

= - (e\ — s r 3), déformation de cisaillement.<br />

Brown et Pappin [7] ont proposé des relations<br />

généralisées, applicables à des chemins de contraintes<br />

quelconques, pour exprimer les relations entre les<br />

contraintes et les déformations.<br />

— Déformations volumiques<br />

- (k _<br />

KP<br />

i - w ! (14)<br />

k, ex, ß et 5 étant des paramètres représentatifs du<br />

matériau. Le principe de superposition s'applique<br />

pour cette relation.<br />

Si l'on se reporte à la<br />

figure 13, on obtient,<br />

par exemple, l'égalité :<br />

jftOB) = «ftOA) + s r v(AB)<br />

Fig. 13.<br />

Mr (MPa)<br />

1 000<br />

[—<br />

Grave moyenne (1 )<br />

500<br />

— i<br />

Grave moyenne<br />

Fig. 12. — Essai CLC sur grave non<br />

traitée. Module réversible et coefficient<br />

de Poisson [5].<br />

Mr = 2,99 0°' 7 6<br />

Ir = O SRI 2 1<br />

k<br />

À<br />

A<br />

0,5<br />

o3 (kPa)<br />

100<br />

1 r i S"<br />

'S<br />

50<br />

4<br />

d (kF<br />

4 5 6 7 8 9 1 0 2 2 3 4 5 6 7 8 9 10 3 aja.<br />

107


200 300 400 500 P<br />

Contrainte normale moyenne (kPa)<br />

0 100 200 300 400 500 P<br />

Contrainte normale moyenne (kPa)<br />

Fig. 14. — Courbes d'iso-déformations volumiques (10 ). Grave non<br />

4<br />

traitée d'origine alluvionnaire. t' v<br />

1.5 x 10'<br />

Fig. 15. — Courbes d'iso-déformations de cisaillement normalisées<br />

0,00064 g<br />

(10 ). Grave non traitée 4 d'origine alluvionnaire. E„ :<br />

180,4 + p<br />

T = 1,44.<br />

La figure 14 montre les courbes d'iso-déformations<br />

volumiques obtenues en exploitant des essais sur grave<br />

non traitée en application de la relation (14) et du<br />

principe de superposition. A également été reportée<br />

sur la figure 14, l'enveloppe de rupture du matériau<br />

(qf = 1,923/jy + 31,57; pf étant la contrainte normale<br />

moyenne à la rupture et qf le déviateur de rupture).<br />

— Déformations de cisaillement<br />

Brown et Pappin [7] ont montré que le principe de<br />

superposition ne s'appliquait pas aux déformations de<br />

cisaillement, z'q, mais qu'on pouvait l'appliquer à la<br />

déformation de cisaillement normalisée, e„. Celle-ci est<br />

liée aux contraintes par la relation suivante :<br />

e„ = m.q<br />

n + p<br />

(15)<br />

m et n étant des paramètres caractéristiques du<br />

matériau.<br />

Si l'on se reporte à la figure 13, on aura par exemple :<br />

e„(OB) = e„(OA) + e„(AB)<br />

Déformation de cisaillement réelle et déformation de<br />

cisaillement normalisée sont liées par l'expression<br />

suivante :<br />

eq = e,<br />

2\0,5 (Y-l)<br />

(pf + qì)<br />

(16)<br />

pr et qr étant les composantes cycliques des contraintes<br />

appliquées et pm la moyenne de la contrainte p<br />

La figure 15 illustre la relation (15) pour une grave<br />

non traitée d'origine alluvionnaire.<br />

Les relations (14), (15) et (16) permettent de décrire les<br />

relations contraintes déformations réversibles pour un<br />

chemin de contraintes quelconque; leur forme<br />

généralisée constitue un outil précieux pour les calculs<br />

de structure.<br />

Il convient, enfin, de signaler que les déformations<br />

réversibles sur les graves sont relativement constantes,<br />

pour un chargement monotone, en fonction du<br />

nombre de chargements et qu'elles sont également<br />

indépendantes de la fréquence de chargements [8].<br />

Pour conclure sur le comportement réversible des<br />

graves non traitées, il convient de mentionner les<br />

hypothèses de Boyce [6] pour un modèle K — G qui<br />

propose les relations suivantes :<br />

avec p = (1 -<br />

1<br />

1<br />

«)*i/6(?i<br />

1 (17)<br />

(18)<br />

L'expression (17) est identique à l'expression (14)<br />

proposée par Brown (avec S = 2). Les déformations<br />

de cisaillement diffèrent suivant les deux auteurs.<br />

On notera que les expressions (17) et (18) vérifient le<br />

théorème de réciprocité applicable en élasticité linéaire<br />

ou non linéaire :<br />

Pm = ~ (/>max + A») 1 Y est un paramètre caractéristique<br />

du matériau.<br />

dt'v = dz r q<br />

dq<br />

dp<br />

(19)<br />

108


À<br />

Boyce, enfin, propose les hypothèses suivantes pour<br />

expliquer le comportement non linéaire des graves<br />

non traitées. La déformation d'un matériau granulaire<br />

fait intervenir principalement trois phénomènes :<br />

1. la déformation des particules aux points de<br />

contact,<br />

2. le glissement (et le basculement) des particules aux<br />

points de contact,<br />

3. l'attrition des particules aux points de contact.<br />

Il est évident que le point 3 contribue aux<br />

déformations permanentes et irréversibles et peut<br />

donc de ce fait être éliminé. Le glissement est<br />

également irréversible puisqu'une part d'énergie est<br />

dissipée par frottement. Boyce montre qu'en<br />

appliquant la théorie de Hertz et Goodier à un<br />

assemblage de sphères, le comportement du modèle<br />

est élastique et non linéaire, ainsi que l'a mentionné<br />

Biarez [18].<br />

Cas des sols<br />

Les sols comportant une' forte proportion d'éléments<br />

fins plus ou moins argileux ont un comportement<br />

étroitement lié à leur teneur en eau ainsi qu'à la valeur<br />

de la pression du fluide interstitiel. Leur comportement<br />

dépend donc des conditions d'environnement.<br />

Les moyens à mettre en œuvre pour l'appréhender<br />

sont plus complexes que pour les graves non traitées,<br />

car il est nécessaire de contrôler la pression<br />

interstitielle.<br />

Le comportement des sols est en relation directe avec<br />

la valeur des contraintes intergranulaires normales<br />

effectives, CT'. Pour les sols partiellement saturés<br />

Bishop [9] a proposé l'équation générale suivante :<br />

a' = a - ua + %(ua - ue) (20)<br />

lllllllllll<br />

~ T<br />

r<br />

Chaussée<br />

I 1^ an S o 1 su PPort<br />

Nappe phréatique<br />

Fig. 16. — Contraintes dans le sol support de chaussée.<br />

Ces expressions proposées vers 1960 n'ont reçu que<br />

peu d'applications à cause des difficultés de mesure<br />

de la pression du gaz interstitiel. Sous une forme<br />

simplifiée, ces expressions permettent toutefois<br />

d'évaluer la pression de consolidation p'0 du sol en<br />

place (fig. 16).<br />

On considère un élément de sol situé à la profondeur h<br />

comptée à partir de la plate-forme de la chaussée et<br />

soumis, d'une part, à la charge apportée par le poids<br />

de la chaussée, qc, et, d'autre part, à la succion due au<br />

niveau de la nappe dont la profondeur est z.<br />

La contrainte totale verticale, CTz, à la profondeur/?<br />

est :<br />

°z = ic + y- h<br />

avec y poids spécifique du sol.<br />

On fait l'hypothèse que ua = 0 (l'air dans le sol est à<br />

la pression atmosphérique).<br />

avec a, contrainte normale totale,<br />

ua, pression du gaz interstitiel,<br />

ue, pression de l'eau interstitielle,<br />

X, coefficient dépendant du sol et du degré de<br />

saturation Sr (% = 1 pour Sr = 100 %).<br />

Si le sol est saturé, la pression de l'eau ue<br />

profondeur h est :<br />

ue = - ye(z - h),<br />

avec je poids spécifique de l'eau.<br />

à la<br />

Lorsque la pression du gaz interstitiel demeure<br />

constante et égale à la pression atmosphérique,<br />

Croney et Coleman [9] ont montré que la pression de<br />

l'eau interstitielle ue produite par l'application d'une<br />

contrainte totale isotrope p, lors d'un essai à teneur en<br />

eau constante, est donnée par la relation :<br />

ue = - s + a.p (21)<br />

s, succion initiale du sol,<br />

a, facteur de compressibili té.<br />

Lors d'un chargement à teneur en eau constante, avec<br />

variation de la contrainte principale minimale Aa 3 et<br />

variation du déviateur A(


éversible et le rapport du déviateur appliqué, q, à la<br />

pression de consolidation initiale du sol p'0 —<br />

[12, 13] -.<br />

Motan [11] a réalisé des essais de compression répétés,<br />

non drainés sur sols partiellement saturés avec mesure<br />

de la succion initiale de l'éprouvette à l'aide de<br />

psychromètres placés sur les embases de la cellule<br />

triaxiale. Les essais ont été réalisés pour une seule<br />

valeur du déviateur cyclique et avec étreinte latérale<br />

nulle (fig. 17).<br />

_ 300<br />

S.<br />

I 200<br />

100<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

Keuper Marl (earlier tests)<br />

/ Drammen - Clay<br />

A<br />

A >^<br />

j-3<br />

•<br />

A \ .<br />

•<br />

A<br />

A A<br />

I I I<br />

A — P'„ • u =40 kPa<br />

• W — 1 9 %<br />

•<br />

•<br />

10<br />

0.3 0.4 0.5 1 2 3 4 5<br />

q/pb<br />

Fig. 18. — Relation entre Mr et q rlp' 0 ^our une marne du Keuper [12].<br />

500<br />

1<br />

-Hflriïii<br />

/h/lnil<br />

\iv iyo i 1 1<br />

o Mr • OL r N = 150<br />

+ Mr pour N = 1,5.10 s -<br />

300<br />

Matrix suction, \[im (kPa x 10" 2 )<br />

200<br />

Fig. 17. — Relation entre le module réversible et la succion pour o-3 = 0,<br />


À<br />

Cas des graves non<br />

traitées<br />

Lors des chargements répétés, réalisés à drainage<br />

ouvert, la déformation permanente axiale, s{, évolue<br />

sensiblement suivant une loi de type « puissance » :<br />

e{ = A.N B (24)<br />

avec A et B paramètres expérimentaux,<br />

N nombre de chargements.<br />

Un meilleur ajustement des résultats expérimentaux a<br />

cependant été observé à partir de la relation que nous<br />

avons proposée [14] :<br />

EÇ = ef(100 + A(N - lOOf (25)<br />

La relation (24) ne conduit pas toujours à de bons<br />

ajustements, même si les coefficients de corrélation<br />

sont élevés, on a tendance souvent à majorer la<br />

déformation pour N grand. Il est par ailleurs délicat,<br />

dans la vie d'une chaussée, de discerner l'état initial du<br />

fait des opérations de mise en œuvre et de compactage<br />

qui sont génératrices également de déformations<br />

permanentes. La figure 21 illustre la relation (25).<br />

Fig. 22. — Grave non traitée. Évolution de la déformation permanente<br />

axiale relative entre 10 2 et 10 5 chargements [14].<br />

La figure 22 obtenue sur une grave non traitée 0/20 et<br />

sur une arène granitique illustre cette relation. Elle<br />

met en évidence également un rapport q/qf limite<br />

correspondant à l'apparition de déformations<br />

permanentes importantes.<br />

50<br />

Laboratoire régional<br />

de Saint-Brieuc<br />

Brown et Hyde [16] ont montré l'existence d'une<br />

similitude de comportement du point de vue de la<br />

déformation axiale entre les essais triaxiaux à<br />

chargements répétés CLC et CLV, à mêmes<br />

contraintes moyenne pm, qm et même déviateur<br />

cyclique qr.<br />

30<br />

La figure 23 montre que cette relation se vérifie<br />

également sur un sol relativement perméable [14].<br />

E 20<br />

10<br />

40<br />

e? = 14,50 + 3880- (N - 100) 2 No<br />

122 160 200<br />

Nbre cycles (10 )<br />

3<br />

Grave 0/15 F4 A-61<br />

Essai CLC<br />

03 mini 03 maxi q mini q maxi<br />

* 2-131-1 0 100 5 350<br />

100<br />

Fig. 23. — Arène granitique.<br />

Comparaison<br />

entre les déformations<br />

permanentes axiales<br />

obtenues lors d'essais<br />

CLC et CLV à mêmes<br />

niveaux de contraintes<br />

(p m q m q,) [14].<br />

Fig. 21. — Grave non traitée.<br />

Evolution de la déformation permanente axiale.<br />

Lentz et Baladi [15] ont montré qu'il existait une<br />

relation entre la déformation permanente axiale,<br />

obtenue pour un nombre de chargements fixés à<br />

l'avance et la déformation axiale obtenue au triaxial<br />

statique :<br />

Q _ £ i/ £ 95 (26)<br />

qf u + vz p Jz95<br />

avec e95, déformation axiale mesurée à l'essai triaxial<br />

statique à 95 % du déviateur de rupture<br />

sous la même étreinte latérale;<br />

qf, déviateur de rupture à l'essai triaxial statique<br />

sous la même étreinte latérale;<br />

q, déviateur appliqué;<br />

M et t;, paramètres expérimentaux.<br />

Si la déformation permanente axiale, eÇ, est<br />

convenablement décrite, en fonction du chemin de<br />

contraintes, et des contraintes appliquées, il n'existe<br />

pas encore de tentatives satisfaisantes pour décrire la<br />

déformation permanente radiale E§ ni la déformation<br />

volumique e p . La figure 24 montre que pour les graves<br />

non traitées, le phénomène de dilatance est mis en<br />

évidence également pour les déformations permanentes.<br />

Cas des sols<br />

Pendant une longue période, la réalisation et<br />

l'interprétation des essais triaxiaux à chargements<br />

111


6f,e?.e v<br />

p<br />

(lO-<br />

4<br />

)<br />

Fig. 24. — Grave non traitée alluvionnaire.<br />

Déformations permanentes lors d'un<br />

essai CLC pour /V = 10'.<br />

Les essais triaxiaux à chargements répétés ont été<br />

réalisés à drainage ouvert, la formule Ft a été<br />

effectuée après conditionnement initial des éprouvettes,<br />

la formule F10 sans conditionnement. La<br />

déformation permanente prise en compte dans les<br />

deux cas a pour valeur :<br />

Si — — e' 1(100)<br />

et N = 10 5<br />

répétés est restée très empirique. Pour notre part, en<br />

premier lieu, nous avons adopté un processus<br />

opératoire mis au point par le TRB[17] pour la<br />

détermination des caractéristiques réversibles. Il était<br />

recommandé en particulier de soumettre l'éprouvette<br />

à un conditionnement initial, c'est-à-dire une série de<br />

chargements répétés d'étreinte latérale et de déviateurs<br />

variables, en nombre restreint. Ce conditionnement<br />

était conseillé, pour parfaire le compactage de<br />

l'éprouvette et limiter les déformations permanentes<br />

initiales, puisque l'on s'intéresse surtout à leur<br />

évolution.<br />

En réalité, cette procédure, ne reposant pas sur des<br />

notions claires, conduisait à des résultats souvent<br />

difficilement exploitables. On ne contrôle pas<br />

parfaitement la teneur en eau de compactage; les<br />

conditions de drainage étant mal définies, on ne peut<br />

qu'exploiter l'essai à partir des contraintes totales<br />

appliquées.<br />

La figure 25 montre l'influence du conditionnement<br />

initial sur une grave limoneuse contenant 25 % de<br />

fines, compactées à une teneur en eau de 7,5 %<br />

( OPN = 8,5 %) et à une densité sèche de 2,11. Le<br />

W<br />

déviateur de rupture, q f<br />

, est calculé à partir des<br />

résultats d'un essai triaxial statique consolidé drainé.<br />

Les essais sont souvent dispersés du fait que la déformation<br />

enregistrée est la somme des déformations<br />

dues au déviateur cyclique appliqué, des déformations<br />

volumiques dues à la détente après conditionnement,<br />

au gonflement du sol (ou à son tassement) sous<br />

l'action de l'étreinte latérale et à l'absorption d'eau<br />

suivant la teneur en eau initiale. La figure 26 illustre<br />

bien ce phénomène. En fin d'essai, la teneur en eau de<br />

l'éprouvette était respectivement de 8,8 %, 7,0 % et<br />

6,9 % pour q = 20, 40 et 60 kPa.<br />

e? (10'"<br />

Fig. 26. — Grave limoneuse (w = 6,3 %, y d = 2,10). Déformation<br />

permanente axiale suivant le nombre de chargements pour a3 = 20 kPa.<br />

Influence du gonflement du sol aux faibles teneurs en eau. Essais à<br />

drainage ouvert après conditionnement initial.<br />

Procédure d'essai proposée<br />

Il apparaît qu'il est nécessaire, autant que faire se<br />

peut, de conduire l'essai et de l'interpréter à partir des<br />

contraintes effectives. Comme on s'intéresse au<br />

comportement des sols partiellement saturés, il a été<br />

d'abord nécessaire de modifier la cellule triaxiale de la<br />

façon suivante :<br />

IL"<br />

1,5-.<br />

0,5<br />

' /F,<br />

/<br />

— des pierres poreuses en porcelaine à pores très fins<br />

ont été scellées sur les embases afin de pouvoir<br />

appliquer à l'éprouvette une succion;<br />

— un dispositif permet de contrôler la succion<br />

appliquée et de mesurer en continu les échanges d'eau<br />

avec l'éprouvette;<br />

— les embases sont également munies d'un orifice<br />

relié à l'extérieur de façon à ce que la pression de l'air<br />

interstitiel soit égale à la pression atmosphérique;<br />

— un capteur de pression interstitielle est placé à mihauteur<br />

de l'éprouvette.<br />

Le processus opératoire comprend les phases<br />

suivantes :<br />

1. Confection de l'éprouvette à une teneur en eau et à<br />

une densité correspondant à l'état en place.<br />

0,5 q/qf<br />

Fig. 25. — Grave limoneuse (w=7,5%, 2,11). Influence du<br />

conditionnement initial des éprouvettes. F, . épiouvettes conditionnées,<br />

' = ef(io') — efoocn. F10 éprouvettes non conditionnées.<br />

2. Consolidation de l'éprouvette dans la cellule<br />

triaxiale sous une succion (ou une gamme de succion)<br />

correspondant aux conditions de l'environnement et<br />

112


sous une étreinte latérale a 3 correspondant aux<br />

contraintes dues au poids du sol en place.<br />

3. L'essai triaxial à chargements répétés peut être<br />

conduit :<br />

— soit à drainage fermé si l'on s'intéresse aux seuls<br />

déformations réversibles,<br />

— soit à drainage ouvert si l'on s'intéresse aux<br />

déformations permanentes.<br />

dimensionnement des chaussées peut être déterminé à<br />

l'appareil triaxial.<br />

Les déformations réversibles et les déformations<br />

permanentes dépendent des contraintes appliquées,<br />

mais aussi du chemin de contraintes. Si l'on veut<br />

estimer au mieux le comportement des matériaux, il<br />

est nécessaire de se rapprocher du chemin de<br />

contraintes induit par le trafic dans les couches de<br />

chaussées et dans le sol support.<br />

C'est dans ce cas que l'essai triaxial à chargements<br />

répétés et à contrainte latérale variable en phase avec<br />

le déviateur (CLV) est le plus adapté.<br />

L'essai triaxial à chargements répétés à contrainte<br />

latérale constante (CLC) ne présente d'intérêt que<br />

dans la mesure où l'on met en évidence la<br />

correspondance entre les deux types d'essais.<br />

0,5 q/q f<br />

Fig. 27. — Grave limoneuse. Déformation permanente pour N=<br />

chargements, o3 = 20kPa, q cyclique = 20kPa<br />

et 10 < s < 100 cm d'eau.<br />

10 s<br />

Les lois de comportement des graves non traitées<br />

établies ces dernières années donnent des relations<br />

entre les contraintes effectives et les déformations.<br />

Pour les déformations réversibles, il est possible de<br />

définir le comportement du matériau par le module de<br />

compressibilité K et par le module de cisaillement G<br />

qui dépendent l'un et l'autre des contraintes<br />

appliquées (p et q).<br />

Un tel processus opératoire permet une interprétation<br />

rationnelle de l'essai. Sa mise au point fait<br />

actuellement l'objet d'une thèse préparée au<br />

Laboratoire régional de Saint-Brieuc par<br />

M. Hernandez.<br />

L'introduction de la notion de contraintes effectives<br />

dans la conduite et l'interprétation de l'essai permet<br />

de mieux comprendre le comportement des sols.<br />

Ainsi, sur la figure 27, on compare la déformation<br />

permanente e? à N = 10 chargements, à la<br />

5<br />

déformation e95, obtenue à l'essai triaxial statique<br />

consolidé-drainé, à 95 % du déviateur de rupture,<br />

après avoir consolidé l'éprouvette sous une seule<br />

valeur de l'étreinte latérale (a3 = 20 kPa,, mais sous<br />

différents niveaux de succion (10 < 5 < 100 cm<br />

d'eau). Le déviateur appliqué à l'éprouvette est dans<br />

tous les cas q = 20 kPa et l'essai est réalisé à drainage<br />

ouvert.<br />

En fin de consolidation, la pression de consolidation<br />

p'0 a été calculée en application de la formule (20) avec<br />

pa = 0 et Ue = - s.<br />

La pression de consolidation p'0 permet le calcul du<br />

déviateur de rupture qf.<br />

Cet essai montre l'influe ,e de la pression de l'eau<br />

interstitielle, principalement de la succion et de<br />

l'intérêt qu'il y a à prendre en considération les<br />

pressions effectives.<br />

CONCLUSIONS<br />

Le comportement des sols et des graves non traitées<br />

dont la connaissance est nécessaire pour le<br />

La déformation permanente axiale,<br />

deux termes :<br />

efw = efooo) + AN - 100)*<br />

est la somme de<br />

Le premier, et le plus important, est difficilement<br />

reliable à « la vie » d'une chaussée. Le second, permet<br />

d'évaluer l'évolution des déformations permanentes<br />

en fonction du trafic. Lentz et Baladi [15] ont montré<br />

qu'il était possible de relier les déformations<br />

permanentes axiales à la déformation observée au<br />

triaxial statique près de la rupture.<br />

Les lois de comportement des sols (sols fins siège des<br />

pressions interstitielles) sont plus délicates à obtenir.<br />

L'analyse en contraintes totales, faite en ne prenant en<br />

compte que la teneur en eau du sol (et sa densité),<br />

conduit à des résultats très empiriques et dispersés.<br />

L'introduction de la notion de contraintes effectives, y<br />

compris pour les sols partiellement saturés, conduit à<br />

une meilleure interprétation.<br />

Le module réversible Mr apparaît alors comme<br />

dépendant du déviateur cyclique apporté qr et de la<br />

pression de consolidation du sol p'0 :<br />

K<br />

Mr = -———-<br />

(qjpo)"<br />

Les déformations permanentes dépendent aussi de la<br />

pression de consolidation du sol p'Q. Il semble qu'une<br />

relation généralisée de type Lentz-Baladi soit<br />

également possible dans ce cas. Le comportement des<br />

sols apparaît comme lié aux contraintes extérieures et<br />

à la valeur de la succion qu'ils subissent par leur<br />

environnement.<br />

113


RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

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<strong>routiers</strong>, janv. 1976.<br />

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assises de chaussées en graves non traitées, mai 1974.<br />

[4] ALLEN et THOMPSON, Resilient réponse of Granular<br />

Material Subjected to time dependant lateral stresses,<br />

TRR record 510, 1974.<br />

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Ingénieur, INSA Rennes, 1980.<br />

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Asphalt pavements, Delft, 1982.<br />

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[17] Test procedure for caracterizing Dynamic Stress-strain<br />

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162,1975.<br />

[18] BIAREZ J., Contribution à l'étude des propriétés<br />

mécaniques des sols et matériaux équivalents, thèse de<br />

doctorat d'État, Grenoble, 1969.<br />

114


À<br />

TERRfìSSEmEfìTS<br />

ROUTIERS<br />

Dimensionnement des couches de forme<br />

non traitées<br />

Robert BICKARD<br />

Assistant<br />

Raymonn ZWINGELSTEIN<br />

Tecnnicien supérieur<br />

Section <strong>Terrassements</strong><br />

Laboratoire régional de Strasbourg<br />

1. INTRODUCTION<br />

RÉSUMÉ<br />

La portance des plates-formes support de chaussées<br />

dépend essentiellement de trois paramètres :<br />

la portance du sol-support, l'épaisseur et la<br />

nature des matériaux de la couche de forme.<br />

Pour un sol-support et une nature de couche de<br />

forme donnés, il est possible d'établir une<br />

correspondance entre l'épaisseur de la couche<br />

de forme et la portance au toit de cette couche.<br />

L'article présente des exemples de correspondance<br />

pour des couches de formes granulaires<br />

non traitées dont la portance est appréciée par<br />

le module Ev 2<br />

de l'essai à la plaque ou par le<br />

coefficient de rebond à la dynaplaque. Ces<br />

correspondances permettent de comparer les<br />

effets d'augmentation de portance produits<br />

par différentes natures de matériaux, de déterminer<br />

l'épaisseur de couche de forme nécessaire<br />

pour réaliser un niveau de portance donné, ou<br />

de définir des profondeurs de purge dans un<br />

sol-support. Elles peuvent servir à dimensionner<br />

une couche de forme au stade d'une reconnaissance<br />

géotechnique à condition de pouvoir<br />

apprécier au préalable le module Ev 2<br />

du solsupport,<br />

ce qui semble possible pour les sols<br />

fins, à partir de l'essai CBR. Il est également<br />

possible d'en déduire une appréciation quantitative<br />

de la portance des classes de sol-support<br />

définies dans le Catalogue des structures de<br />

chaussées.<br />

MOTS CLÉS : 22 - Épaisseur • Couche de<br />

forme - Portance - Granulométrie continue -<br />

Granulat - Sol de fondation - Matériau - Module<br />

de déformation.<br />

La déformabilité des plates-formes dépend de trois<br />

paramètres : la déformabilité du sol support, l'épaisseur de<br />

la couche de forme et la nature des matériaux de couche de<br />

forme. La déformabilité d'un bicouche constitué par un sol<br />

support et une couche de forme diminue en fonction de<br />

l'augmentation d'épaisseur de couche de forme et, à partir<br />

d'un certain seuil d'épaisseur, la déformabilité reste<br />

sensiblement constante comme si le bicouche était devenu<br />

un massif semi-indéfini uniquement constitué par le<br />

matériau de la couche de forme. Une série de courbes, dans<br />

l'article, indiquent la variation de la déformabilité de tels<br />

bicouches — mesurée par le module Ei; 2 ou par le coefficient<br />

dynaplaque — en fonction de l'épaisseur des couches de<br />

forme en matériaux locaux non traités, de classes<br />

géotechniques D 2 et D 3. Ces courbes permettent des<br />

comparaisons sur l'effet « d'amélioration de portance »<br />

produit par différents matériaux de couche de formé, à<br />

épaisseur constante. Elles peuvent également servir à<br />

déterminer l'épaisseur de couche de forme nécessaire pour<br />

obtenir une déformabilité donnée (module Ev2 ou<br />

coefficient dynaplaque) à condition de connaître la<br />

caractéristique correspondante du sol support; à cet effet,<br />

nous proposons une approche de la prévision du module<br />

Ev2 des sols.<br />

Les différents résultats expérimentaux indiqués dans l'article<br />

sont utilisés pour évaluer les niveaux de module de<br />

différents types de sol support et de plates-formes, définis<br />

dans le Catalogue 1977 des structures types de chaussées<br />

neuves.<br />

115<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. -124 - mars-avril 1983 - Réf. 2780


2. VARIATION DU MODULE Ev2<br />

EN FONCTION DE L'ÉPAISSEUR<br />

DE COUCHE DE FORME<br />

2.1. Cas d'une couche de forme en grave<br />

alluvionnaire du Rhin — Classe géotechnique D3<br />

La courbe de la figure 1 indique une correspondance<br />

entre l'épaisseur d'une couche de forme en grave du<br />

Rhin et le module Ev2 au toit de cette couche de<br />

forme. La courbe a été tracée à partir de 32 couples de<br />

valeurs « épaisseur-module ».<br />

Épaisseur de la couche de forme (m)<br />

1,80<br />

— qu'avec 1,60 m de couche de forme, les mesures<br />

n'ont plus le « souvenir » du sol support, puisque le<br />

module atteint 150 MPa, ce qui est une valeur<br />

minimale pour un massif semi-indéfini en grave du<br />

Rhin du type de celle décrite ci-dessus.<br />

Elle est arrêtée à Ev2 = 200 MPa. Cette valeur est la<br />

limite supérieure de l'intervalle des valeurs Eu2<br />

mesurées habituellement sur des massifs semi-indéfinis<br />

de grave du Rhin. L'amplitude de l'intervalle est liée,<br />

d'une part à la granulometrie du matériau, d'autre<br />

part au compactage. En ce qui concerne la granulometrie,<br />

le fuseau de la figure 2 montre que le<br />

matériau peut avoir un caractère soit graveleux, soit<br />

plutôt sablonneux; ce facteur d'hétérogénéité est<br />

encore accentué par les effets du régalage des couches<br />

qui produit une ségrégation donnant naissance à des<br />

plages de sable ou de galets. En ce qui concerne le<br />

compactage, son effet sur la valeur du module Et>2 est<br />

assez faible tant que l'énergie de compactage conduit<br />

Et,<br />

à des valeurs du rapport K voisins de 2 (K = —-<br />

Evi<br />

rapport des modules mesurés respectivement du<br />

2 e cycle et au 1 er cycle de l'essai de plaque). Par<br />

contre, un compactage très intense peut induire une<br />

augmentation considérable du module Ev2 : des pistes<br />

de chantier supportant un trafic intense d'engins<br />

lourds peuvent présenter des modules Ev2 de 400 à<br />

500 MPa.<br />

Fig. 1. — Courbe «module Ev2-épaisseur ».<br />

150 200<br />

Ev2 sur couche de forme (MPa)<br />

Le sol support de cette couche de forme est un limon<br />

loessique de classe A2h; ses caractéristiques sont les<br />

suivantes :<br />

• limites d'Atterberg :<br />

— wL : 29 à 35,<br />

— Ip: 14 à 17;<br />

• indice CBR: de l'ordre de 0,8;<br />

• module Ev2 : de l'ordre de 3 MPa.<br />

Le matériau de la couche de forme est la grave<br />

alluvionnaire du Rhin de classe géotechnique D 3. Ses<br />

caractéristiques sont les suivantes :<br />

• granulometrie : la figure 2 représente le fuseau du<br />

matériau;<br />

• équivalent de sable: 50 à 75;<br />

• essai au bleu de méthylène :<br />

— fraction 0/0,4 mm : 0,08,<br />

— fraction 0/0,08 mm : 0,99;<br />

• nature minéralogique : silico-calcaire;<br />

• Los Angeles: de l'ordre de 15 à 17.<br />

La courbe de la figure 1 indique :<br />

— qu'une épaisseur de 1 m de couche de forme est<br />

nécessaire pour atteindre 50 MPa, qui est le niveau<br />

minimal de déformabilité que doit présenter une<br />

plate-forme de chaussée (compte tenu du module du<br />

sol support, qui est de 3 MPa);<br />

• mm 200 100 50 0,1 0,05<br />

Fig. 2. — Fuseau granulométrique de la grave alluvionnaire du Rhin<br />

de la classe géotechnique D3. Équivalent de sable (ES) 50 à 75.<br />

2.2. Cas d'une couche de forme en grave<br />

alluvionnaire vosgienne — Classe géotechnique D2<br />

Dans le cas de cette couche de forme, le sol support<br />

est une grave alluvionnaire vosgienne de classe D 2,<br />

mais dont le comportement est celui d'un sol sensible<br />

à l'eau. Ses caractéristiques sont les suivantes :<br />

• granulometrie : la figure 3 représente le fuseau du<br />

sol;<br />

• équivalent de sable: 24 à 29;<br />

• limites d'Atterberg :<br />

— fraction 0/0,4 mm : wL : 41 à 46,<br />

I„: 21 à 23;<br />

fraction 0/0,08 mm : wL : 72 à 77,<br />

I„: 41 à 46;<br />

116


• essai au bleu de méthylène :<br />

— fraction 0/0,4 mm : 3,2 g,<br />

— fraction 0/0,08 mm : 5,4 g;<br />

• teneur en eau : 8 à 10 %;<br />

• module Ev2 : < 5 MPa.<br />

Le matériau de la couche de forme est la même grave<br />

alluvionnaire que celle du sol support et qui a subi<br />

les transformations suivantes :<br />

— écrêtement à 50 mm,<br />

— lavage pour élimination des fines argileuses,<br />

— mélange avec un sable broyé 0/3 afin d'entrer dans<br />

le fuseau granulométrique (fig. 4).<br />

La courbe de la figure 5 indique la variation du<br />

module Ev2 au toit de cette couche de forme en<br />

fonction de l'épaisseur de couche de forme. On note :<br />

— qu'une épaisseur de 1,40 m est nécessaire pour<br />

atteindre 50 MPa (compte tenu du module du sol<br />

support qui est de 3 MPa),<br />

Épaisseur de la couche de forme (m)<br />

t<br />

+ J.<br />

+<br />

— qu'à partir d'une épaisseur de 1,90 m, on atteint<br />

130 MPa, ce qui est le niveau de module mesurable au<br />

toit d'un massif semi-indéfini du matériau de la<br />

couche de forme (mesuré pratiquement au moyen<br />

d'essais de plaque effectués sur des tas de stockage du<br />

matériau).<br />

1,00<br />

J •<br />

t<br />

+<br />

+<br />

3. COMPARAISON DE L'EFFET<br />

D'AUGMENTATION DU MODULE Ev2<br />

PRODUIT PAR DIFFÉRENTS MATÉRIAUX<br />

DE COUCHE DE FORME<br />

3.1. Couches de forme mixtes en graves<br />

et sables alluvionnaires<br />

0,50<br />

t t<br />

Les résultats de l'expérimentation concernent deux<br />

couches de forme d'épaisseur uniforme 0,60 m. Dans<br />

la suite du texte, ces deux couches de forme sont<br />

numérotées 1 et 2. Leurs structures et les granulométries<br />

des matériaux utilisés sont indiquées sur la<br />

figure 6.<br />

Les classes géotechniques de ces matériaux sont les<br />

suivantes :<br />

0 10 50 100 150 (MPa)<br />

Ev2 sur couche de forme<br />

Fig. 5. — Courbe «module £v2-épaisseur».<br />

— Bj pour le sable 0/6,<br />

— D 2 pour la grave 0/20,<br />

— D 3 pour la grave 0/80.<br />

117


A quatre emplacements pour la couche de forme n° 2<br />

et à six emplacements pour la couche n° 1, on a<br />

mesuré le module Ev2 du support de la couche de<br />

forme, puis le module Ev2 sur la couche de forme. Les<br />

couples de valeurs « Ev2 sur support-Eu2 sur couche<br />

de forme » sont représentés sur la figure 7.<br />

o» ó 0°.°°"<br />

A titre comparatif, figure une courbe relative à une<br />

couche de forme en grave du Rhin de 0,60 m<br />

d'épaisseur. Chaque point a pour ordonnée,<br />

l'ordonnée d'un point relatif à la couche de forme n° 1<br />

ou n° 2, c'est-à-dire une valeur de module du support<br />

de la couche de forme. Pour obtenir le module Ev2 sur<br />

couche de forme indiqué en abscisse, il a été fait usage<br />

de la courbe « Ey2-épaisseur » de la figure 1, de la<br />

façon suivante :<br />

0QDo° - - -1% o° °<br />

Support de la couche de forme<br />

1001<br />

90 Ë<br />

0,25 m de 0/6<br />

GROS SABLE<br />

Support de la couche de forme<br />

— la valeur « module du support de couche de<br />

forme » est portée en abscisse de la courbe de la<br />

figure 1 ;<br />

— on relève sur cette courbe, la valeur d'abscisse<br />

résultant d'une augmentation d'épaisseur de 0,60 m<br />

(en ordonnée).<br />

1 60 I<br />

S 50 Ë<br />

S 40 I<br />

c i<br />

I °|<br />

3<br />

O. Ë<br />

20 6<br />

10¡<br />

: mm 200 100 50<br />

Le graphique de la figure 7 indique :<br />

— que par rapport à la couche de forme n° 2 qui<br />

contient du sable, la couche de forme n° 1 constituée<br />

seulement en grave produit une augmentation<br />

supplémentaire du module d'environ 15MPa;<br />

l'augmentation est de 60 à 70 MPa pour la grave<br />

du Rhin;<br />

fui 6. — Courbes<br />

granulomêtnques des matériaux.<br />

700<br />

Module Evj du support<br />

de la couche de forme<br />

600<br />

Module Ev2 sur couche de forme (MPa)<br />

118


— que pour obtenir une plate-forme à 50 MPa, avec<br />

une couche de forme de 0,60 m d'épaisseur, il faut au<br />

départ un support ayant déjà près de 30 MPa pour la<br />

couche de forme n° 2, alors qu'un support de 10 MPa<br />

suffit pour la couche de forme en grave du Rhin.<br />

3.2. Couche de forme en roche calcaire<br />

Les résultats concernent deux épaisseurs : 0,40 et<br />

0,60 m d'une couche de forme en roche calcaire, de<br />

classe géotechnique D 4, avec :<br />

— dimension des plus gros éléments : 400 mm,<br />

— 90 % d'éléments > 100 mm.<br />

Pour chacune de ces deux épaisseurs de couche de<br />

forme, on a mesuré à six emplacements le module Ev2<br />

du support de la couche de forme, puis le module Ev2<br />

sur la couche de forme. Les couples de valeurs « Ev2<br />

sur support-Ei;2 sur couche de forme » sont<br />

représentés sur la figure 8.<br />

A titre comparatif, figurent également deux courbes<br />

relatives à des couches de forme en grave du Rhin de<br />

0,40 et 0,60 m d'épaisseur; ces deux courbes ont été<br />

établies de la même façon que la courbe de la figure 7.<br />

On note la faible augmentation de module produite<br />

par ces matériaux par rapport à l'effet de la grave du<br />

Rhin, et la dispersion des résultats dans le cas de la<br />

couche de forme de 0,40 m.<br />

4. VARIATION DU COEFFICIENT<br />

DE RESTITUTION DYNAPLAQUE<br />

EN FONCTION DE L'ÉPAISSEUR<br />

DE COUCHE DE FORME EN GRAVE<br />

ALLUVIONNAIRE DU RHIN CLASSE D,<br />

La figure 9 donne les valeurs du coefficient de<br />

restitution dynaplaque mesurées sur différentes<br />

épaisseurs d'une couche de forme en grave du Rhin<br />

(épaisseurs variant de 0 à 1,50 m). Le sol support est<br />

un limon de classe A2h dont le coefficient de<br />

restitution est < 20 %. Le matériau de la couche de<br />

forme est la même grave du Rhin que celle dont les<br />

caractéristiques ont été indiquées plus haut.<br />

Le graphique de la figure 9 montre que le coefficient<br />

de restitution atteint un seuil de l'ordre de 60 % pour<br />

une épaisseur de grave de l'ordre de 1,20 m.<br />

5. RELATION « MODULE-ÉPAISSEUR<br />

DE COUCHE DE FORME ».<br />

COMPARAISON DE RÉSULTATS<br />

EXPÉRIMENTAUX ET THÉORIQUES<br />

La courbe n" 1 de la figure 10 est la courbe<br />

expérimentale « Ev2-épaisseur de couche de forme »<br />

en grave du Rhin, décrite plus haut.<br />

Les courbes n os 2, 3 et 4 sont des courbes théoriques<br />

déterminées de la façon suivante :<br />

— domaine de pression 0 à 200 kPa,<br />

— plaque de 0,60 m de diamètre.<br />

6. EVALUATION DE LA PORTANCE<br />

DU SOL SUPPORT<br />

En Alsace, les couches de forme sont le plus souvent<br />

réalisées avec la grave du Rhin. A l'aide de la courbe<br />

de la figure 1, il est possible de dimensionner la<br />

couche de forme au stade de l'étude géotechnique si<br />

on connaît le module Ei; 2 du sol support.<br />

Or, la portance d'un sol n'est facilement appréciée, au<br />

stade de l'étude, que par l'essai CBR (lequel est par<br />

ailleurs inadapté pour les sols grenus).<br />

1,50<br />

k 1 1 1 1 1 1 1 1<br />

Epaisseur de la couche de forme (m) +<br />

+ +<br />

+ r<br />

+ / +<br />

ï +<br />

*<br />

*<br />

/<br />

1,00<br />

+<br />

Fig. 9.<br />

Courbe « coefficient<br />

de restitution-épaisseur».<br />

0,50<br />

+<br />

•<br />

+<br />

1<br />

•* t<br />

+<br />

+<br />

t<br />

+<br />

. + +<br />

t<br />

*<br />

+<br />

*


o so ioo 150 en grave du Rhin.<br />

Ev2 sur couche de forme (MPa)<br />

Pour essayer d'apprécier le module de déformation<br />

Ev2, il a été procédé sur le sol compacté à l'énergie<br />

Proctor normal à un chargement sur toute la surface<br />

du moule CBR, à la pression du premier cycle de<br />

chargement de l'essai de plaque.<br />

La courbe de tassement enregistrée dans ce<br />

chargement sert à calculer un module de déformation<br />

en faisant le rapport de la pression à la variation<br />

relative de hauteur de l'éprouvette de sol. Ce module<br />

est minoré de 50 % pour tenir compte de l'effet de<br />

paroi *, puis multiplié par un coefficient compris entre<br />

1,5 et 2, ce qui est la fourchette courante des valeurs<br />

Eu<br />

du rapport I = —— sur des sols cohérents, bien<br />

Ei^<br />

compactés.<br />

Les points du graphique de la figure 11<br />

d'essais sur des sols A 2 et A 3.<br />

résultent<br />

Les courbes n° s 2 et 3 sont calculées à partir de<br />

l'abaque d'Odemark ** avec les hypothèses suivantes :<br />

• module du support de la couche de forme : 3 MPa,<br />

• module de la grave du Rhin :<br />

— 150 MPa dans le cas de la courbe n° 2,<br />

— 300 MPa dans le cas de la courbe n° 3.<br />

La courbe n° 4 est calculée par le programme Alizé 3<br />

avec les hypothèses suivantes :<br />

— module du support de la couche de forme : 3 MPa,<br />

— module de la grave du Rhin : 300 MPa,<br />

— coefficient de Poisson de la grave du Rhin : 0,25.<br />

Bien que les abscisses des points des courbes n os 2, 3<br />

et 4 correspondent à des modules « élastiques », elles<br />

ont été positionnées sur le même axe que celui des<br />

modules de déformation Ei; 2 de la courbe n° 1.<br />

L'expérience montre que le sol support dont<br />

Ev2 = 3 MPa n'a plus d'influence sur la déformabilité<br />

d'une couche de forme en grave du Rhin, lorsque<br />

l'épaisseur de cette couche dépasse 1,60 m (voir<br />

paragraphe 2.1.).<br />

Les courbes théoriques ne traduisent pas cette<br />

constatation expérimentale.<br />

Chaque point correspond à une teneur en eau pour<br />

laquelle il a été fait un essai CBR et un essai de<br />

chargement décrit ci-dessus. Le coefficient multiplicateur<br />

a été pris égal à 1,7.<br />

Sur le même graphique figure la courbe d'équation<br />

E = 65 CBR 0 6 5 citée par Jeuffroy [1] : la similitude<br />

de cette courbe avec le nuage de points incite à utiliser<br />

la relation citée par Jeuffroy pour évaluer le module<br />

Ei; 2 lorsque le CBR est significatif.<br />

* Ce pourcentage ressort d'essais effectués sur des<br />

épaisseurs variables de matériaux dans le moule CBR.<br />

** Abaque reproduit dans le Bull, liaison Labo. <strong>routiers</strong> P.<br />

et Ch. Spécial B, 1965, p. 16.<br />

[1] Jeuffroy G., Conception et construction des chaussées,<br />

1967, t. 1, p. 180.<br />

120


7. ÉVALUATION DE LA PORTANCE DE<br />

SOLS SUPPORTS ET DE PLATES-FORMES<br />

DÉFINIS DANS LE CATALOGUE DES<br />

STRUCTURES<br />

Le Catalogue des structures types de chaussées neuves<br />

indique :<br />

— que le module Ev2 de toute plate-forme doit être<br />

au moins égal à 50 MPa,<br />

— que sur un sol support S1, une plate-forme PFj est<br />

réalisée avec une couche de forme de 0,20 à 0,30 m.<br />

Pour les deux matériaux de couche de forme décrits<br />

au paragraphe 2.1., les courbes « E*;2-épaisseur » des<br />

figures 1 et 5 indiquent que pour obtenir 50 MPa, il<br />

faut partir, sur le sol support, des Ev2 indiqués dans le<br />

tableau I.<br />

Matériau de la<br />

couche de forme<br />

Grave du Rhin (D3)<br />

Grave 0/50<br />

TABLEAU I<br />

Module Ei/2 du sol support<br />

(D2)<br />

Pour une couche de forme<br />

de 0,20 m<br />

27,5 MPa<br />

30 MPa<br />

de 0,30 m<br />

20 MPa<br />

24 MPa<br />

Pour la couche de forme n° 1 décrite au paragraphe 3.1.<br />

(grave et sable alluvionnaires) et constituée de graves<br />

0/20 + 0/80, le graphique de la figure 7 montre que<br />

pour obtenir 50 MPa avec une épaisseur de 0,60 m, il<br />

faut un module de départ, sur le support, d'au moins<br />

20 MPa, de sorte qu'on peut prévoir qu'avec une<br />

couche de 0,20 à 0,30 m de ces matériaux, le module<br />

de départ doit se situer entre 30 et 40 MPa.<br />

Pour ces trois exemples de matériaux, la réalisation<br />

des deux conditions du Catalogue des structures (0,20<br />

à 0,30 m pour PF 1 5 Et>2 ^ 50 MPa) implique que le<br />

module Ei; 2 du sol support Sj soit en moyenne d'au<br />

moins 30 MPa.<br />

Si on compare les classements de sol support du<br />

Catalogue des structures et le classement des états de<br />

sols définis dans la Recommandation pour les<br />

terrassements <strong>routiers</strong> on constate que pour les sols<br />

Aj et A 2, les seuils délimitant les domaines de teneur<br />

en eau des classes S0 et Sj d'une part, des états « h » et<br />

« m » d'autre part, sont définis par les mêmes critères :<br />

— pour les sols A 1 5 wOPN + 1,<br />

— pour les sols A 2, wOPN + 2<br />

La Recommandation pour les terrassements <strong>routiers</strong><br />

(RTR) précise en plus des conditions relatives à<br />

l'indice CBR :<br />

— état h pour les sols A! si CBR < 8,<br />

— état h pour les sols A 2 si CBR < 5.<br />

A ces valeurs de CBR, la courbe de la figure 11 fait<br />

correspondre les valeurs suivantes de Ev2 :<br />

— pour les sols A,, Ev2 < 26 MPa,<br />

— pour les sols A 2, Eu2 < 19 MPa.<br />

Ces différentes estimations conduisent toutes à situer<br />

le module Eu2 minimal d'un sol Sj dans une<br />

fourchette de 20 à 30 MPa.<br />

Le Catalogue des structures fixe respectivement à 0,50<br />

et 0,80 m les épaisseurs minimales de couche de forme<br />

en matériaux D 2 ou D 3 (dont Ev2 > 120 MPa) pour la<br />

réalisation de plate-forme PF 2 et PF 3. En supposant<br />

que ces épaisseurs minimales sont mises en œuvre sur<br />

des supports dont les modules sont les valeurs<br />

extrêmes de la fourchette proposée ci-dessus,<br />

l'utilisation des courbes des figures 1 et 5 donne, pour<br />

le toit des plates-formes les modules indiqués dans le<br />

tableau IL<br />

En supposant que le module au toit de plates-formes<br />

PF 2 et PF 3 soit égal à la valeur minimale fixée dans le<br />

Catalogue des structures, c'est-à-dire 50 MPa, et que<br />

les couches de forme en matériaux D 3 et D 2 aient les<br />

épaisseurs minimales requises, c'est-à-dire 0,50 et<br />

0,80 m pour les sols S 1 ; les courbes des figures 1 et 5<br />

situent les modules des sols supports aux valeurs<br />

suivantes (tableau III) :<br />

Plate-forme<br />

PF2<br />

Couche de forme<br />

0,50 m<br />

PF3<br />

Couche de forme<br />

0,80 m<br />

TABLEAU III<br />

Module du sol support<br />

Grave du Rhin<br />

D3<br />

12 MPa<br />

5 MPa<br />

Couche de forme<br />

Grave 0/50<br />

15 MPa<br />

7 MPa<br />

A ces quatre valeurs de modules, la courbe de la<br />

figure 11 fait correspondre les valeurs de CBR<br />

indiquées dans le tableau IV.<br />

TABLEAU II. — Module Ev2 au toit de la<br />

plate-forme<br />

Plate-forme<br />

Épaisseur<br />

(m)<br />

Grave du Rhin<br />

Sol support : 30 MPa<br />

Grave 0/50<br />

Grave du Rhin<br />

Sol support : 20 MPa<br />

Grave 0/50<br />

D 3<br />

D2<br />

D3<br />

D2<br />

PF2<br />

> 0,50<br />

» 97 MPa<br />

> 92 MPa<br />

> 77 MPa<br />

> 67 MPa<br />

PF3<br />

> 0,80<br />

=s 156 MPa<br />

> 150 MPa<br />

> 130 MPa<br />

> 113 MPa<br />

121


Plate-forme<br />

TABLEAU<br />

CBR du sol<br />

IV<br />

support<br />

Grave du Rhin<br />

D3<br />

Couche de forme<br />

Grave 0/50<br />

D2<br />

2,6 3,5<br />

PF3 0,9 1,2<br />

Ces valeurs de CBR sont inférieures à celles indiquées<br />

ci-dessus dans le cas des sols A t et A 2.<br />

Il semble donc qu'en limitant à 50 MPa l'exigence<br />

minimale de portance d'une plate-forme, la portance<br />

minimale du sol support puisse être différente selon la<br />

classe de plate-forme désirée et que, dans le cas des<br />

plates-formes PF 2 et PF 3, le seuil délimitant les<br />

domaines de teneur en eau des sols S0 et Sx puisse être<br />

situé à un niveau plus élevé que celui défini dans le<br />

Catalogue des structures.<br />

8. CONCLUSIONS<br />

Pour un sol support de déformabilité donnée, les<br />

modules Ev2 mesurés sur des couches de forme en<br />

grave D 2 ou D 3 sont en corrélation serrée avec<br />

l'épaisseur de couche de forme. Matérialisée sous<br />

forme d'une courbe « Eu2-épaisseur de couche de<br />

forme », la corrélation est utilisable pour dimensionner<br />

la couche de forme ou pour définir des<br />

profondeurs de purge dans un sol support.<br />

La corrélation est moins serrée avec le coefficient de<br />

restitution de la dynaplaque; il est probable que la<br />

quantité du contact entre la plaque et le sol est un<br />

facteur de dispersion des résultats.<br />

Comme il ne semble pas y avoir concordance entre la<br />

relation « Ev2-épaisseur » déterminée expérimentalement,<br />

et celle calculée à partir d'un modèle bicouche<br />

théorique, il serait utile de disposer de corrélation<br />

expérimentale pour toutes les catégories de sols de la<br />

RTR susceptibles d'être utilisées en couche de forme<br />

non traitée. Pour la réalisation des mesures, il est<br />

nécessaire de porter graduellement l'épaisseur de<br />

couche de forme jusqu'à deux mètres environ, ce qui<br />

exige des planches expérimentales de grandes<br />

dimensions. Les mesures peuvent se réaliser plus<br />

couramment à différents niveaux de l'élévation d'un<br />

remblai, mais l'expérimentation doit alors se plier à<br />

l'avancement du chantier et devient plus imprécise.<br />

Par ailleurs, le sol support se consolide sous l'effet de<br />

la mise en place du remblai, de sorte que la portance<br />

de ce sol évolue probablement en cours d'expérimentation<br />

d'autant plus que celle-ci est plus longue, c'està-dire<br />

que l'édification du remblai est plus lente.<br />

L'expérimentation la plus précise serait sûrement celle<br />

réalisable sur un bicouche édifié en fosse d'essai; il<br />

serait alors en particulier possible de mesurer la<br />

portance du sol support en fin d'expérimentation,<br />

après démontage de la couche de forme. L'expérimentation<br />

en fosse permettrait également de faire varier le<br />

module de sol support et, par là, de savoir si<br />

l'évolution du module sur la couche de forme est<br />

uniquement fonction du module du support — ce qui<br />

est l'hypothèse admise dans l'utilisation des courbes<br />

« Ev 2-épaisseur de couche de forme » — ou si cette<br />

évolution est également dépendante d'autres facteurs<br />

— par exemple, la nature du contact entre le matériau<br />

de la couche de forme et celui du sol support.<br />

L'utilisation des courbes « Ei>2-épaisseur de couche de<br />

forme » au stade d'une étude de reconnaissance<br />

géotechnique implique de connaître le module du sol<br />

support. Des relations semblent exister entre le<br />

module et l'indice portant CBR qui est une<br />

caractéristique facile à mesurer en laboratoire.<br />

Sur la base du dimensionnement minimal de couche<br />

de forme indiqué dans le Catalogue des structures<br />

pour la réalisation d'une plate-forme PFj, l'utilisation<br />

des courbes « Eu2-épaisseur » conduit à situer le<br />

module Ei; 2 d'un sol support de classe Sx dans un<br />

domaine de 20 à 30 MPa. On arrive à une estimation<br />

identique pour les sols Aj et A 2, en partant de la<br />

définition du sol support Sj donnée dans le Catalogue<br />

des structures et de celle de l'état « h » donnée dans la<br />

RTR. En caractérisant la déformabilité du sol support<br />

Sj par ce domaine de module, les dimensionnements<br />

de couche de forme définis dans le Catalogue des<br />

structures conduisent à situer dans le domaine 70-<br />

100 MPa les modules d'une plate-forme PF 2, et dans<br />

le domaine 110-160 MPa, ceux d'une PF 3.<br />

Si, inversement, on limite à 50 MPa l'exigence du<br />

module Ev2 sur des plates-formes PF 2 et PF 3 les<br />

courbes « Eu2-épaisseur » conduisent a situer le<br />

module ED 2 des sols Sj dans le domaine 12-15 MPa<br />

pour le sol support sous la plate-forme PF 2, et dans le<br />

domaine 5-7 MPa sous plate-forme PF 3. Ces<br />

domaines de modules correspondent à des teneurs en<br />

eau plus élevées que les teneurs en eau définies dans le<br />

Catalogue des structures pour la distinction entre les<br />

sols supports S1 et S0.<br />

122


À<br />

TERRASSEmErlTS ROUTIERS<br />

Traitement des sols<br />

à la chaux aérienne et aux ciments<br />

Méthodologie des études de laboratoire<br />

Daniel PUIATTI<br />

Ingénieur<br />

Service des études et recherches internationales<br />

Laboratoire central des Ponts et Chaussées<br />

José PUIG<br />

Chef de la section Géologie - <strong>Terrassements</strong><br />

Laboratoire régional de Toulouse<br />

Marc SCHAEFFNER<br />

Chargé de mission<br />

Division Géotechnique •<br />

Géologie de l'ingénieur - Mécanique des roches<br />

Laboratoire central des Ponts et Chaussées<br />

RÉSUMÉ<br />

Le large développement des traitements de sol<br />

en construction routière ces dix dernières<br />

années a fait apparaître la nécessité d'uniformiser<br />

les méthodologies des études en laboratoire,<br />

et notamment celles aboutissant à<br />

fixer les dosages en produit de traitement à<br />

introduire dans les sols pour garantir les objectifs<br />

recherchés.<br />

L'objet de l'article est de proposer une méthode<br />

d'étude, élaborée à partir de l'expérience des<br />

ingénieurs des laboratoires des Ponts et Chaussées<br />

ayant étudié et suivi les principaux chantiers<br />

de traitement de sols réalisés ces dernières<br />

années.<br />

La méthode proposée examine successivement<br />

trois aspects :<br />

- les études d'identification des sols eu égard à<br />

leur aptitude à être traités,<br />

- les études d'identification des différents<br />

produits de traitement entrant dans la dénomination<br />

générale de chaux aérienne et des<br />

ciments,<br />

- les études de formulation des mélanges solproduit<br />

de traitement aboutissant à la détermination<br />

du dosage à incorporer.<br />

Ce troisième aspect est le plus développé car il<br />

décrit la consistance des études à entreprendre,<br />

compte tenu de l'objectif recherché (réalisation<br />

de remblais ou de couches de forme) et de<br />

l'adéquation sol-produit de traitement.<br />

MOTS CLÉS : 42 • Traitement des sols - Chaux •<br />

Ciment - Sol • Remblai - Couche de forme •<br />

Teneur en liant • Expérimentation - Laboratoire -<br />

Évaluation.<br />

Il peut paraître surprenant qu'à ce jour une méthodologie<br />

générale d'étude en laboratoire des traitements de sols n'ait<br />

pas encore été proposée, étant donné le très large<br />

développement de cette technique en construction routière<br />

constaté au cours de la dernière décennie.<br />

En fait, le problème est plus complexe qu'il n'y paraît à<br />

première vue et l'élaboration d'une méthodologie<br />

susceptible de recueillir l'approbation générale s'est heurtée<br />

à plusieurs difficultés, dont on peut rappeler les principales.<br />

• Tout d'abord, il faut mentionner la nature très différente<br />

des objectifs pouvant être visés dans le traitement des sols.<br />

En effet, ce terme est utilisé, d'une manière générale, pour<br />

désigner toute opération qui consiste à mélanger un sol<br />

naturel avec un liant hydraulique ou pouzzolanique, que ce<br />

soit en vue de lui apporter une amélioration immédiate,<br />

même provisoire, pour permettre sa mise en œuvre en corps<br />

de remblai dans des conditions satisfaisantes, ou que ce soit<br />

pour augmenter considérablement ses caractéristiques<br />

mécaniques à moyen et long terme, pour l'utiliser comme<br />

matériau de couche de forme, voire de couche de forme non<br />

gélive et même de couche de chaussée à faible trafic. On<br />

* On entend ici le terme « ciments » dans un sens très général, c'est-à-dire<br />

celui de tout liant hydraulique, tel que ciment au clinker, au laitier, aux<br />

cendres, chaux hydrauliques, cendres sulfocalciques etc., et qui, en<br />

présence d'eau, s'hydrate et cristallise en faisant prise avec la fraction<br />

granulaire des sols avec lesquels il est mélangé.<br />

123<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch. - 124 - mars-avril 1983 - Réf. 2796


etrouve là le problème bien connu de mécaniciens des<br />

chaussées qui est la recherche du meilleur indice<br />

qualité-épaisseur.<br />

Fig. 1. — Au cours de la dernière décennie, la technique des traitements<br />

de sols s'est élargie progressivement à une très grande variété de sols.<br />

Ainsi, par exemple, la possibilité de faire transiter le matériau sur une<br />

bande transporteuse, grâce à l'emploi d'une roue-pelle pour réaliser<br />

l'extraction, permet d'introduire et de mélanger une quantité précise de<br />

ciment dans une grave glaciaire 0/300 mm.<br />

comprend donc la nécessité qu'il y a, avant<br />

d'entreprendre une étude de traitement de sol, de<br />

procéder à une bonne analyse de l'objectif recherché<br />

et de disposer alors d'une méthodologie d'étude qui<br />

soit bien adaptée à chaque objectif pouvant être<br />

envisagé.<br />

• La deuxième difficulté découle du fait bien connu<br />

que lorsqu'on incorpore des proportions croissantes<br />

de liant hydraulique dans un sol, ses propriétés<br />

mécaniques, toutes conditions égales par ailleurs, vont<br />

en augmentant également. Or, le but principal de la<br />

méthodologie des études de laboratoire étant de<br />

déterminer un dosage optimal, c'est-à-dire la<br />

quantité minimale de produit de traitement à<br />

incorporer dans le sol permettant de satisfaire<br />

l'objectif que Ton s'est donné, cela pose le problème<br />

du choix du type de sollicitation à appliquer et du<br />

paramètre de résistance à mesurer sur l'échantillon,<br />

ainsi que le problème de la valeur quantitative de ce<br />

paramètre de résistance pouvant être considérée<br />

comme nécessaire et suffisante. Dans le cas de<br />

l'amélioration d'un sol pour une utilisation en<br />

remblai, ces éléments sont connus et admis depuis<br />

assez longtemps par la grande majorité des ingénieurs<br />

(indice CBR immédiat compris entre 5 et 30 suivant la<br />

nature des sols). En revanche, lorsque l'objet du<br />

traitement est la stabilisation définitive d'un sol dans<br />

le but de constituer un matériau de couche de forme,<br />

voire de couche de chaussée, le problème se complique<br />

considérablement. En effet, d'une part le type d'essai à<br />

pratiquer n'apparaît pas de manière évidente; faut-il<br />

réaliser des essais à la rupture ? et dans ce cas quel<br />

type de sollicitation choisir : compression ou<br />

traction ? ou au contraire est-il préférable d'entreprendre<br />

des études de comportement en fatigue plus<br />

représentatives du mode de travail du sol dans<br />

l'ouvrage, mais nécessitant des essais plus longs et<br />

plus complexes ? En outre, une fois le choix du type<br />

d'étude décidé, intervient encore un paramètre<br />

supplémentaire qui est l'épaisseur optimale de la<br />

couche de matériau traité à mettre en œuvre et on<br />

• Enfin, une troisième source de difficultés peut être<br />

mise au compte du peu de constatations existantes sur<br />

le comportement à long terme des couches traitées aux<br />

liants hydrauliques et pouzzolaniques et qui auraient<br />

permis éventuellement de comparer les résultats<br />

obtenus, en utilisant des méthodes d'études<br />

différentes. Il faut en effet reconnaître que ces couches<br />

sont pour le moment placées relativement bas dans les<br />

structures de chaussées (en couche de forme<br />

principalement) et qu'il est, de ce fait, très rare que<br />

l'on ait prévu à l'origine un programme de<br />

constatations en vue de suivre leur comportement<br />

dans le temps. Il faut également reconnaître que les<br />

essais de réception des couches de sols traités, qui<br />

pourraient donc constituer le point zéro de ces<br />

constatations, sont en fait assez peu discriminants<br />

puisqu'ils consistent généralement en un passage du<br />

déflectographe un mois après la mise en œuvre de la<br />

couche [1]; c'est dire que ces essais, étant donné le<br />

faible niveau de contrainte auquel ils soumettent la<br />

couche, permettent seulement de révéler les zones<br />

n'ayant pas fait prise du fait de mauvaises conditions<br />

de mise en œuvre, d'une absence ou d'une très nette<br />

insuffisance de liant, mais ils ne mettent pas en<br />

évidence la dispersion des caractéristiques mécaniques<br />

dues à la dispersion habituelle de réalisation<br />

(notamment la répartition du liant), alors que c'est<br />

précisément cette dispersion qui régit le comportement<br />

à la fatigue de la couche.<br />

Ce contexte général explique donc que dans les débuts<br />

du développement de la technique des traitements des<br />

sols, les études de laboratoire aient été conduites selon<br />

des démarches et des processus relativement<br />

différents, fonction, bien souvent, des spécificités<br />

différentes des ingénieurs qui les ont mis en œuvre<br />

(point de vue plutôt terrassement que chaussée et<br />

réciproquement) et des matériels d'essai dont ils<br />

disposaient.<br />

Toutefois, s'est dégagé progressivement le besoin<br />

d'une synthèse de l'ensemble de ces études,<br />

débouchant sur une méthodologie pouvant être<br />

proposée à l'application générale, notamment pour<br />

être en mesure d'interpréter les quelques constatations<br />

actuelles et, surtout, celles qui pourront être faites à<br />

l'avenir. C'est précisément à l'occasion des journées<br />

d'information des LPC sur les terrassements de<br />

Toulouse, en mars 1981, que cette synthèse a été<br />

entreprise et qu'une première proposition dans ce sens<br />

a été présentée et discutée.<br />

Depuis, les observations et suggestions faites lors de<br />

ces journées ont été étudiées et, pour la plus grande<br />

part d'entre-elles, prises en compte dans la<br />

proposition de méthodologie générale pour l'étude des<br />

sols traités aux liants hydrauliques et pouzzolaniques<br />

décrite dans cet article. Il faut cependant être<br />

conscient que, du fait des difficultés évoquées cidessus,<br />

une telle proposition ne peut être qu'un<br />

compromis qui, dans le moment du moins, s'avère<br />

être le meilleur; on peut toutefois penser que pour ce<br />

qui concerne le traitement des sols pour emploi en<br />

124


TABLEAU I — Les différents types de traitement de sols en fonction de l'objectif recherché et des sols concernés<br />

Objet<br />

du traitement<br />

Effets<br />

(s)<br />

recherches<br />

(s)<br />

dans le traitement<br />

Type<br />

de<br />

Sols concernés Essais (s) de base<br />

de l'étude<br />

traitement Sols bien adaptés Sols éventuellement adaptés<br />

de<br />

formulation<br />

Valeurs<br />

proposées<br />

Réalisation<br />

Cas des sols<br />

argileux<br />

trop humides<br />

Augmentation immédiate ou au<br />

moins très rapide de leur<br />

consistance pour permettre le<br />

terrassement.<br />

Traitement<br />

aérienne<br />

à la chaux<br />

vive<br />

A 3h; A 2h; B6h C,h (1); E3 (4); A4h (1);<br />

A,h (2); C2h (1)(2); B5h (2)<br />

Étude Proctor normal,<br />

indice CBR immédiat<br />

Indice CBR immédiat de<br />

l'ordre de 5 à 15<br />

de<br />

Cas des sols fins<br />

non argileux<br />

trop humides<br />

Idem ci-dessus Traitement aux ciments B,h; B4h A,h (3); B5h (3); C2h (1)(3) Étude Proctor normal,<br />

indice CBR immédiat<br />

Indice CBR immédiat de<br />

l'ordre de 1 5 à 30<br />

remblais<br />

Cas' des roches<br />

évolutives<br />

à structure fine<br />

fragile<br />

avec peu ou pas<br />

d'argile<br />

Traitement aux ciments Craie peu dense à forte<br />

teneur en eau<br />

yd < 1,50; w> 23%<br />

Idem ci-dessus<br />

+<br />

Blocage du processus d'évolution<br />

par cimentation des blocs entreeux.<br />

Éventuellement certains matériaux Étude Proctor normal,<br />

gréseux fins, loess non remanié,...<br />

se trouvant dans un état + étude de Rc à 7 jours<br />

indice CBR immédiat<br />

trop humide<br />

Indice CBR immédiat de l'ordre de<br />

15 à 30<br />

Rc > 0,1 à 0,3 MPa<br />

Réalisation<br />

de<br />

Cas des sols<br />

moyennement<br />

à fortement<br />

argileux<br />

a) Ajuster l'état du sol pour qu'il se<br />

présente dans les meilleures<br />

conditions de mise en oeuvre.<br />

b) Augmentation des caractéristiques<br />

mécaniques à moyen et<br />

long terme sous l'action de<br />

cimentation due aux réactions<br />

pouzzolaniques de la chaux sur<br />

l'argile.<br />

Traitement<br />

à la chaux<br />

aérienne<br />

Chaux<br />

vive<br />

Chaux<br />

éteinte<br />

(8)<br />

Lait de<br />

chaux<br />

A3h<br />

A 3m<br />

A3s<br />

A 4h (1); A 2h (2); B6h (2); C,h<br />

0X2);<br />

E, (2)(4)<br />

A 4m (1); A,m (2); B6m (2); C,m<br />

(D(2);<br />

E3 (2) (5)<br />

A4s (1); A2s (2); B6s (2); C,s<br />

(1)(2);<br />

E3 (2) (6)<br />

Étude Proctor normal,<br />

indice CBR immédiat +<br />

Indice CBR immédiat de l'ordre de<br />

5 à 15<br />

Etude indice CBR après immersion Indice CBR après immersion de<br />

+<br />

l'ordre de 20 à 25<br />

Essai de gonflement au gel (9)<br />

Absence de gélivité<br />

couches<br />

de<br />

Cas des sols<br />

peu ou pas<br />

argileux<br />

Augmentation rapide et permanente<br />

des caractéristiques mécaniques<br />

par cimentation des<br />

éléments non argileux sous<br />

l'action d'hydratation du ciment.<br />

Traitement aux ciments D,; D2; B,; B,<br />

B2m; B4m; E,<br />

A,m (3); A,s (3)(7); B2s (7);<br />

B4s (7); B5m (3); B5s (3)(7);<br />

E2 (1); C2m (1); C2S (1)(7)<br />

Étude Proctor normal<br />

indice CBR immédiat +<br />

Étude de Rc à 7 ou 28 jours +<br />

Essai d'immersion séchage +<br />

Essai de gélifraction (9)<br />

Indice CBR immédiat entre 15 et<br />

50<br />

Rc > 1 à 1,5 MPa<br />

R,. > 75 % Rc initiale<br />

Rc > 75 % Rc immersion<br />

forme<br />

Cas des sols<br />

moyennement ou<br />

peu argileux<br />

Idem ci-dessus.<br />

+<br />

Augmentation rapide et permanente<br />

des caractéristiques mécaniques<br />

par cimentation des<br />

éléments non argileux sous<br />

l'action de l'hydratation du<br />

ciment.<br />

Traitement mixte chaux<br />

vive + ciments<br />

A, h; B„h;<br />

A~h; B,h;<br />

B, h; B4h<br />

C,h (1); C2h (1)(2); A,m (7); Étude Proctor normal<br />

A,s (7); B^m (7); B„s (7); Bsm indice CBR immédiat +<br />

(2)(7); B,s (2)(7); A,m (2)(7); Étude de Rc à 7 ou 28 jours +<br />

A,s(2)(7).<br />

Essai d'immersion séchage +<br />

Essai de gélifraction (9)<br />

Indice CBR immédiat entre 5 et 15<br />

Rc > 1 à 1,5 MPa<br />

Rc > 75% Rc initiale<br />

Rc > 75% Rc immersion<br />

(1 ) Sous réserve de vérifier la faisabilité du malaxage.<br />

(2) Pour les plus argileux de cette classe.<br />

(3) Pour les moins argileux de cette classe.<br />

(4) Sous réserve d'une évolution en cours de mise en oeuvre vers un sol A ou B dans un état h.<br />

(5) Sous réserve d'une évolution en cours de mise en oeuvre vers un sol A ou B dans un état m.<br />

(6) Sous réserve d'une évolution en cours de mise en oeuvre vers un sol A ou B dans un état s.<br />

(7) Sous réserve de procéder à un arrosage minutieux permettant d'ajuster la teneur en eau du mélange<br />

sol-liant à sa valeur optimale de mise en œuvre.<br />

(8) Le traitement à la chaux éteinte peut être considéré comme équivalent à un traitement à la chaux vive dans<br />

lequel on pratique un arrosage minutieux permettant d'ajuster la teneur en eau du mélange à sa valeur<br />

optimale démise en œuvre.<br />

(9) A n'exécuter qu'en fonction du contexte particulier du chantier considéré.


emblai et en couche de forme, cette méthodologie<br />

n'est probablement pas susceptible d'être remise en<br />

cause à brève échéance. Pour ce qui concerne la<br />

réalisation de couches de chaussées à faible trafic, elle<br />

peut certainement constituer, en l'absence d'autre<br />

proposition, une base de départ dont on pourra<br />

s'inspirer, mais qu'il conviendra vraisemblablement<br />

d'adapter aux problèmes particuliers posés par cette<br />

nature d'ouvrage (prise en compte de la résistance et<br />

du module en traction, comportement en fatigue,<br />

etc.).<br />

La méthodologie générale des études de traitement de<br />

sols décrite dans cet article se propose donc<br />

d'examiner les trois volets suivants :<br />

— l'étude de reconnaissance géotechnique aboutissant<br />

à l'identification des sols rencontrés, selon les<br />

critères retenus dans la RTR;<br />

— l'identification des liants pouvant être concernés<br />

par les sols rencontrés et la localisation du chantier;<br />

— l'étude de formulation définissant le dosage<br />

optimal en chaux ou en ciment à retenir pour le sol et<br />

l'objectif considérés.<br />

LES DIFFÉRENTS SOLS SUSCEPTIBLES<br />

D'ÊTRE TRAITÉS<br />

Jusqu'à présent, les deux applications principales du<br />

traitement des sols ont été d'une part l'amélioration<br />

immédiate de sols de trop faible consistance ou<br />

présentant un caractère évolutif très marqué pour<br />

pouvoir les mettre en œuvre dans des remblais dans<br />

des conditions satisfaisantes et, d'autre part,<br />

l'augmentation substantielle et permanente des<br />

caractéristiques mécaniques d'une large variété de<br />

sols, jusqu'à les rendre compatibles avec les valeurs<br />

exigées pour des matériaux de couche de forme.<br />

Une des premières questions qui se pose donc au<br />

géotechnicien à un stade relativement en amont du<br />

projet est de pouvoir caractériser, ne serait-ce que<br />

d'une manière assez grossière, les sols susceptibles<br />

d'être rencontrés sur un tracé, vis-à-vis de leur<br />

potentialité à être traités en vue de satisfaire à l'un ou<br />

l'autre, voire à l'ensemble des deux objectifs précités.<br />

Il revient à la Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong> (RTR) [2] d'avoir proposé une<br />

classification des sols qui prend particulièrement bien<br />

en compte cet aspect, puisque chaque classe de sols<br />

qui y est distinguée est assortie de conditions<br />

d'utilisation en remblai et en couche de forme<br />

pouvant faire appel ou non au traitement, selon que<br />

cette classe de sol s'y prête ou ne n'y prête pas.<br />

Le tableau I récapitule l'ensemble des éléments relatifs<br />

à l'aptitude des sols à être traités, tels qu'ils peuvent<br />

être exraits de la RTR. En outre, l'expérience acquise<br />

depuis la publication de la RTR en 1976 a été prise en<br />

compte en faisant apparaître la possibilité d'élargir le<br />

domaine du traitement aux sols de granulante plus<br />

grossière (classes C,, C 2) sous réserve, toutefois, d'une<br />

vérification de la faisabilité du malaxage qui, d'après<br />

l'expérience récente, s'est presque toujours révélée<br />

réalisable [3, 4]. Enfin, on a complété ce tableau en<br />

indiquant pour chaque objectif et chaque type de<br />

traitement le ou les essais sur lesquels repose l'étude<br />

de formulation ainsi que les valeurs seuils qui sont<br />

prises en considération.<br />

A partir des éléments du tableau, on conçoit que<br />

projeteur et géotechnicien soient en mesure d'évaluer<br />

l'intérêt que présente le traitement de sol dans<br />

l'ouvrage à construire, dès lors qu'ils connaissent,<br />

avec une précision suffisante, les sols qui seront<br />

rencontrés sur le tracé.<br />

ÉTUDES DE RECONNAISSANCE ET<br />

D'IDENTIFICATION SPÉCIFIQUES AU<br />

TRAITEMENT DES SOLS<br />

Ces études comprennent les reconnaissances et<br />

identifications réalisées classiquement pour l'établissement<br />

de tout projet de construction d'un ouvrage en<br />

terre et complétées par des études spécifiques aux<br />

problèmes posés par le traitement des sols [5].<br />

Pour ce qui est des premières, on rappelle qu'elles<br />

doivent aboutir à la fourniture d'un profil<br />

géotechnique des déblais et des emprunts, faisant<br />

apparaître des zones constituées par des familles de<br />

sols identifiées suivant les critères proposés dans la<br />

RTR, suffisamment voisines pour être justiciables des<br />

mêmes conditions d'utilisation. Bien entendu l'idéal<br />

serait de pouvoir distinguer des zones par sous-classes<br />

de sols telles que définies dans la RTR. Il est clair,<br />

aussi bien techniquement qu'économiquement, qu'on<br />

n'est pas en mesure d'exiger une telle précision; il faut<br />

donc se satisfaire d'un zonage qui englobe une variété<br />

TABLEAU II<br />

Différentes associations de classes et de sousclasses<br />

de sols plus ou moins significatives<br />

vis-à-vis du traitement<br />

Associations<br />

très<br />

satisfaisantes<br />

Associations<br />

satisfaisantes<br />

Associations<br />

encore<br />

acceptables<br />

Associations<br />

trop larges<br />

(A, et A 2); (A2 et A 3);<br />

(A3 et A t); (B, et B3);<br />

(B2 et B4); (B, et BJ;<br />

(A2 et B6); (C2 et C3);<br />

(D, et D2); (D2 et D3);<br />

(D3 et DJ<br />

(B2 et Bs); (B2 et B6);<br />

(B4 et Bs); (B4 et BJ;<br />

(D, et D3); (A2 et B6);<br />

(B, et B2); (B3 et BJ;<br />

(D, et B2); (B, et B5);<br />

(B3 et B5)...<br />

(A,, A2 et A 3), (A2, A5 et AJ;<br />

(B2, B4, B5 et BJ (C, et CJ;<br />

(D2 et BJ; (D2 et BJ;<br />

(D2 et B5); (C2 et DJ;<br />

(C3 et DJ...<br />

Ensemble de chaque classe RTR ;<br />

(A); (B); (C); (D)<br />

et a fortiori associations de plusieurs<br />

classes RTR telles que :<br />

(A et C); (B et C);<br />

(C et D); (A, B et C)...<br />

126


de sols dont les caractéristiques d'identification se<br />

situent dans des fourchettes qui restent suffisamment<br />

significatives par rapport à son aptitude à être traité.<br />

Ainsi, par exemple, on comprend qu'un profil<br />

géotechnique sur lequel une zone serait caractérisée<br />

par la possibilité de rencontrer des sols de classes A et<br />

C ou B et C n'a pratiquement aucune signification par<br />

rapport à la potentialité de ces sols à être traités.<br />

Verrouillage de la sonde<br />

A titre indicatif, on propose dans le tableau II un<br />

certain nombre d'associations de classes et de sousclasses<br />

de sols de signification décroissante vis-à-vis<br />

du traitement.<br />

On remarque que ces associations sont établies à<br />

partir des seules caractéristiques de nature des sols. Il<br />

conviendrait donc, en toute logique, de les compléter<br />

par des indications sur l'état d'humidité dans lequel<br />

on prévoit que se trouveront les sols au moment des<br />

travaux. Il n'apparaît toutefois pas possible sur ce<br />

point de recommander des plages particulières, car on<br />

conçoit aisément que, dans un projet donné, une<br />

même nature de sol puisse passer, entre le moment des<br />

études et celui des travaux, par des états d'humidité<br />

très différents, suivant les possibilités qu'il a d'être<br />

soumis à l'influence des agents climatiques et<br />

hydrogéologiques. Il faut toutefois souligner tout<br />

l'intérêt qu'il y a, dans l'éventualité où l'on prévoit de<br />

procéder à un traitement de sol sur une assez grande<br />

échelle, à préciser au mieux l'état d'humidité<br />

prévisible des sols susceptibles d'être traités, ce qui<br />

peut conduire à entreprendre des études de<br />

reconnaissance complémentaires relativement lourdes<br />

que l'on peut alors considérer comme faisant partie<br />

des études spécifiques de traitement examinées à<br />

présent.<br />

• Parmi les études spécifiques pouvant être requises<br />

par le traitement des sols figure donc la recherche de<br />

la meilleure prévision de leur état d'humidité au<br />

Fig. 2. — Schéma de la sonde à<br />

neutron utilisée pour réaliser les<br />

diagraphies de teneur en eau<br />

naturelle.<br />

moment présumé de l'exécution des travaux. Suivant<br />

les cas de chantier : caractérisé par la plus ou moins<br />

grande complexité du contexte géologique, hydrogéologique,<br />

climatique, le caractère plus ou moins<br />

critique de l'opération traitement de sol dans<br />

l'économie globale du projet, etc., on pourra être<br />

amené à mettre en œuvre des moyens plus ou moins<br />

lourds et performants, comme par exemple la mise en<br />

place, dans les zones de déblais et d'emprunt<br />

concernées, d'une série de tubages de réservation, et<br />

venir périodiquement (une à deux fois par mois sur un<br />

cycle annuel) effectuer une diagraphie de teneur en<br />

eau (fig. 2), afin de pouvoir établir un graphique des<br />

variations saisonnières de la teneur en eau, en<br />

fonction de la profondeur, tel que celui présenté sur la<br />

figure 3 [6]. Toutefois, quels que soient les moyens mis<br />

Fig. 3. — Graphiques représentant les variations saisonnières de teneur en eau dans un massif de limon mesurées à l'aide d'une sonde à neutron.<br />

1<br />

17 18 19 20 21 22 23 24<br />

_i i i i 1 1 1 1—<br />

Nov. 67 Nov. 6 8<br />

_ 5,00<br />

_<br />

a) Comparaison des variations moyennes des mesures de teneur en<br />

eau obtenues par les méthodes nucléaire et pondérale en fonction de<br />

la saison et de la profondeur.<br />

Comptages<br />

R = -ÜLL<br />

N2<br />

Profondeur<br />

(m)<br />

o) Exemple de diagramme<br />

synthétisant les mesures de diagraphie de teneur en eau.<br />

127


en œuvre, les études doivent aboutir à assortir les<br />

différentes associations de natures de sols évoquées<br />

plus haut de plages de teneurs en eau, de mise en<br />

œuvre par le projeteur et le géotechnicien, comme<br />

suffisamment significatives par rapport aux problèmes<br />

posés par le traitement (fig. 4).<br />

• Le deuxième type d'étude spécifique a pour objet de<br />

caractériser la fraction fine (< à 80 urn) du sol plus<br />

précisément que ne le permet la seule considération de<br />

la valeur de l'indice de plasticité (Ip). C'est en effet des<br />

caractéristiques de cette fraction principalement que<br />

dépendent le choix du produit de traitement et les<br />

résultats de l'opération.<br />

Pour cette raison, il convient de mesurer systématiquement<br />

la valeur au bleu de méthylène [7] de tous les<br />

échantillons soumis à une étude de traitement. Il est<br />

probable qu'avec un peu d'expérience on sera<br />

rapidement en mesure d'interpréter finement les<br />

valeurs de ce paramètre afin, notamment, de mieux<br />

comprendre les phénomènes et donc d'alléger d'autant<br />

les études de formulation.<br />

Toujours dans le but de préciser l'identification de la<br />

fraction fine, il est recommandé, dans le cas des sols<br />

présentant de faibles valeurs de bleu de méthylène<br />

(VB < 1,5), d'établir l'analyse granulométrique par<br />

sédimentation de cette fraction et cela d'autant plus<br />

qu'elle est importante dans le sol total (sols A,).<br />

• Un troisième type d'étude spécifique doit être<br />

également envisagé, chaque fois qu'un doute existe sur<br />

la possibilité, pour le sol considéré, de renfermer des<br />

matières organiques ou tout autre élément chimique<br />

susceptible d'inhiber l'action du produit de traitement<br />

(nitrates et sulfates principalement). Les essais à<br />

réaliser sont des essais spécifiques relevant des<br />

techniques de l'analyse chimique classique. Les<br />

résultats de ces études permettent notamment<br />

d'expliquer certaines anomalies pouvant être décelées<br />

dans les résultats des études de formulation<br />

développées ci-après et même, dans certains cas, de<br />

faire renoncer à entreprendre de telles études si la<br />

probabilité de réussite du traitement s'avère a priori<br />

trop faible.<br />

• Enfin, il conviendrait de développer un dernier type<br />

d'essai spécifique aux études de traitement de sol qui<br />

tiendrait à caractériser l'abrasivité des sols concernés<br />

par le traitement. En effet, l'usure plus ou moins<br />

rapide des organes de malaxage, notamment dans des<br />

malaxeurs à arbre horizontal, a des conséquences non<br />

négligeables sur le prix du traitement, souvent dans un<br />

rapport de 1 à 2, voire davantage (si l'on ne considère<br />

pas le prix du liant).<br />

Une première voie pourrait s'inspirer de l'essai<br />

d'abrasivité étudié pour les roches [8] en utilisant le<br />

matériel spécifique mis au point pour cet essai, mais<br />

en adaptant le processus opératoire au cas des sols.<br />

D'autres voies sont également imaginables. Quoi qu'il<br />

en soit, même si l'essai retenu ne peut s'interpréter<br />

qu'en valeur relative (comme c'est le cas pour l'essai<br />

étudié pour les roches), on peut penser que la<br />

systématisation de son exécution permettra à l'avenir<br />

d'en préciser concrètement l'interprétation.<br />

CHOIX ET IDENTIFICATION DES LIANTS<br />

Le choix d'un liant est toujours délicat car il repose<br />

sur la prise en considération de plusieurs facteurs<br />

aussi différents que la nature et l'état des matériaux à<br />

traiter, l'objectif du traitement, les possibilités<br />

d'approvisionnement du chantier en liants avec, dans<br />

certains cas, leur prix de revient, etc. On voit donc la<br />

nécessité de pouvoir disposer d'une étude géotechnique<br />

aussi complète que possible ainsi que d'une bonne<br />

connaissance des possibilités régionales de production<br />

en liants. Les enseignements tirés d'expériences locales<br />

antérieures peuvent être également d'un précieux<br />

secours. Le tableau I résume les choix possibles en<br />

fonction des paramètres de nature et d'état du sol et<br />

de l'objet du traitement. Il ne distingue pas en détail<br />

les différents ciments, notamment certains liants<br />

hydrauliques, ni certains liants pouzzolaniques, qui<br />

peuvent abonder dans des régions telles que les centres<br />

industriels générateurs de produits secondaires aux<br />

propriétés intéressantes (laitiers, cendres volantes), ou<br />

celles riches en matériaux à caractère pouzzolanique.<br />

128


Les liants particuliers ne sont pas pour autant à rejeter<br />

car ils peuvent être intéressants sur le plan<br />

économique même si, comme cela arrive parfois, il<br />

s'avère nécessaire de les utiliser à des dosages élevés.<br />

Dans ce cas, des études comparatives des performances<br />

de mélanges sol-liants en laboratoire sont<br />

justifiées.<br />

Une fois la sélection du liant faite, il faut pouvoir<br />

l'identifier car de son mode de fabrication et de<br />

conservation dépendent ses performances et il est<br />

nécessaire de disposer de garanties sur la régularité,<br />

tant pour la phase étude en laboratoire que pour la<br />

phase réalisation des travaux. Il faut signaler à ce<br />

propos que, dans toute la mesure du possible, il est<br />

souhaitable que le liant utilisé sur chantier soit celui qui<br />

a servi à l'étude de laboratoire. Si pour une raison<br />

quelconque cela n'était pas possible, il faudrait recaler<br />

les études en laboratoire avant le démarrage des<br />

travaux. D'une manière générale, il vaut mieux éviter<br />

ce genre de situation car les impératifs de délais qui<br />

sévissent sur les chantiers ne sont pas toujours<br />

compatibles avec le temps de réponse habituel d'une<br />

étude de traitement, même très simplifiée comme c'est<br />

le cas lorsqu'on opère un recalage.<br />

TABLEAU<br />

Spécifications concernant les chaux hydrauliques<br />

utilisées dans le bâtiment<br />

Rc (bars)<br />

à 28 j<br />

Chaux<br />

naturelles<br />

30 XHN 30 —<br />

III<br />

Chaux artificielles<br />

60 XHN 60 XHA 60 + Adjuvants<br />

100 XHN 100 XHA 100<br />

TABLEAU<br />

Spécifications concernant les chaux aériennes<br />

éteintes utilisées dans le bâtiment<br />

Teneur en équivalent CaO + MgO > 80%<br />

Teneur en équivalent en C0 2 < 5%<br />

Refus à 80 um 0%<br />

Refus à 80 u.m « 10%<br />

IV<br />

Les chaux et les ciments sont l'objet de normes ou de<br />

spécifications qui permettent leur identification rapide<br />

soit grâce à un marquage normalisé, soit à l'aide<br />

d'essais de laboratoire simples et rapides.<br />

Expansion<br />

Í 2mm<br />

C'est principalement dans la perspective de leur<br />

emploi en bâtiment qu'ont été établies les normes<br />

concernant les chaux hydrauliques (NF P 15-310<br />

d'octobre 1969) et les chaux aériennes éteintes<br />

(NF P 15-510 de juin 1981). Les tableaux III et IV en<br />

présentent les principales caractéristiques.<br />

Il n'existe par de normes relatives aux chaux<br />

utilisables dans le domaine routier mais des<br />

spécifications, qui figurent dans la Recommandation<br />

pour les traitements en place des sols fins à la<br />

chaux [9]. Rappelons que cette recommandation<br />

concerne les chaux aériennes vives et éteintes. Les<br />

spécifications sont résumées dans le tableau V. Leur<br />

respect garantit l'aptitude d'une chaux au traitement<br />

des sols fins; cependant, l'emploi d'une chaux ne<br />

remplissant pas toutes les conditions énumérées n'est<br />

pas nécessairement exclu, sous réserve d'une étude<br />

particulière de laboratoire, d'un calcul de rentabilité et<br />

de la compatibilité de la chaux en question avec le bon<br />

fonctionnement du matériel d'exécution.<br />

Les ciments, du fait de leur abondante utilisation dans<br />

les domaines du bâtiment et du génie civil, sont<br />

soumis à des normes beaucoup plus complètes et<br />

rigoureuses que les chaux. Les nouvelles normes<br />

françaises ont été mises en application en 1979 et<br />

modifiées en décembre 1981. Il s'agit pour les<br />

principaux ciments de la norme NF P 15-300<br />

complétée par la norme NF P 15-299, et de la norme<br />

NFP 15-301 [10]. Cette dernière établit une<br />

classification des ciments basée sur leur composition<br />

et leur classe de résistance. Le tableau VI donne la<br />

composition des principales catégories de ciments.<br />

TABLEAU<br />

Spécifications relatives à la chaux aérienne<br />

utilisée pour le traitement des sols [5]<br />

Chaux vive<br />

1. Classe granulométrique<br />

0/2 mm<br />

2. Passant au tamis de<br />

200 um > 90 %<br />

Critères granulométriques<br />

V<br />

Chaux éteinte<br />

3. Passant au tamis de<br />

80 um > 50 % Passant au tamis de<br />

80 um > 90 %<br />

Critères chimiques et de réactivité<br />

1. Teneur en chaux libre<br />

> 80%<br />

2. Teneur en chaux éteinte<br />

< 5%<br />

3. Test de réactivité à l'eau<br />

La température finale minimale<br />

doit atteindre 60 °C au<br />

bout de 25 min<br />

Teneur en chaux libre<br />

> 50%<br />

Chacune des catégories définies est découpée en<br />

quatre classes suivant la résistance à la compression<br />

mesurée à 28 jours d'âge sur mortier normalisé. Ces<br />

classes peuvent être divisées en sous-classes selon la<br />

résistance à la compression à deux jours (les<br />

résistances sont exprimées en mégapascal). Le<br />

tableau VII définit les classes de résistance.<br />

129


Symbole<br />

TABLEAU VI<br />

Composition des principaux<br />

Clinker<br />

(%)<br />

Laitier<br />

(%)<br />

Cendres<br />

(%)<br />

Fillers<br />

(%)<br />

ciments<br />

Total<br />

(%)<br />

CPA » 97 — — < 3 100<br />

CPJ S* 65<br />

Constituants secondaires<br />

divers : < 35 %<br />

100<br />

CHF 60 à 25 40 à 75 — « 3 100 à 103<br />

CLK < 20 » 80 — « 3 100 à 103<br />

CLC 25 à 60 20 à 45 20 à 45 « 3 100 à 103<br />

+<br />

Produits d'addition selon % autorisés<br />

Gypse Sels solubles Agents de mouture<br />

TABLEAU VII<br />

Classes de résistances<br />

Désignation<br />

de la<br />

classe<br />

Sousclasse<br />

éventuelle<br />

Résistances à la compression<br />

à 2 jours<br />

limite<br />

inférieure<br />

nominale<br />

limite<br />

inférieure<br />

nominale<br />

à 28 jours<br />

limite<br />

supérieure<br />

nominale<br />

35 — — 25 45<br />

45 R<br />

(Rapide)<br />

55 R<br />

(Rapide)<br />

HP<br />

(hautes<br />

performances)<br />

R<br />

(Rapide)<br />

15<br />

22,5<br />

27<br />

35<br />

35<br />

45<br />

45<br />

55<br />

55<br />

65<br />

65<br />

55<br />

55 —<br />

D'une manière générale, le fabricant garantissant que<br />

son ciment est contrôlé régulièrement, on peut, en<br />

première approche, se contenter des indications<br />

figurant sur le marquage. Si une identification plus<br />

précise est nécessaire, on devra réaliser les<br />

vérifications et contrôles spécifiques normalisés<br />

indiqués dans les normes NF P 15-300 et NF P 15-<br />

299.<br />

Les autres liants, hydrauliques (laitiers vitrifiés, liants<br />

de fabrication particulière à partir de produits<br />

secondaires, cendres volantes sulfocalciques) ou<br />

pouzzolaniques artificiels (cendres volantes silicoalumineuses)<br />

ou naturels (pouzzolanes, basaltes) ne<br />

sont pas soumis à des normes. Il existe toutefois, pour<br />

certains d'entre eux, des spécifications ou des essais<br />

pouvant faciliter leur identification.<br />

Pour les laitiers granulés par exemple, on peut<br />

apprécier le pouvoir hydraulique à partir du<br />

coefficient oc [11] :<br />

S x F<br />

a =<br />

"iôcT<br />

avec<br />

S, surface spécifique des éléments fins naturels du<br />

laitier granulé,<br />

F, pourcentage d'éléments < 80 um obtenu après<br />

broyage type.<br />

Plus a est élevé et plus le pouvoir hydraulique est<br />

élevé.<br />

Pour les cendres sulfocalciques de Gardanne, le<br />

Laboratoire d'Aix-en-Provence a déterminé leurs<br />

caractéristiques à partir du pourcentage de fines, de la<br />

surface spécifique, de la teneur en chaux libre, des<br />

insolubles dans HC1 et des résistances en compression<br />

à 7 et 90 jours sur mortier standard [12],<br />

Pour les autres liants hydrauliques et pouzzolaniques<br />

ne faisant pas l'objet de normes de fabrication et pour<br />

lesquels on ne dispose pas d'expérience, il convient<br />

d'une part de s'assurer de l'homogénéité de leurs<br />

performances en procédant à des contrôles fréquents<br />

de la fabrication, et d'autre part de conduire<br />

scrupuleusement les études de formulation développées<br />

ci-après.<br />

LES ÉTUDES DE FORMULATION DES<br />

SOLS TRAITÉS<br />

La méthodologie d'étude en laboratoire des sols<br />

traités a pour but la détermination du dosage optimal<br />

(ou éventuellement d'une plage de dosages optimale)<br />

en produit de traitement correspondant à l'objectif<br />

recherché. On conçoit aisément l'importance capitale<br />

de cette partie des études étant donné que la<br />

faisabilité économique du traitement dépend<br />

directement de leur résultat, mais elle ne doit pas pour<br />

autant éclipser celle des études de reconnaissance et<br />

d'identification, car de la qualité de celles-ci dépend en<br />

fait la fiabilité des dosages que les études de<br />

formulation auront révélée. // serait anormal de<br />

procéder à des études de formulation très fines sur des<br />

échantillons dont le géotechnicien mettrait en doute la<br />

bonne représentativité par rapport aux sols qui seront<br />

effectivement rencontres lors des travaux.<br />

En outre, lorsque les échantillons envoyés au<br />

laboratoire comportent une fraction grossière<br />

importante, intervient une difficulté supplémentaire<br />

qui est celle du choix de la fraction du sol à soumettre<br />

effectivement aux essais. Il importe en effet de limiter<br />

la dimension des plus gros éléments à des valeurs qui<br />

soient compatibles avec les matériels utilisés en<br />

laboratoire (les moules notamment) et qui ne<br />

conduisent pas à manipuler des quantités trop<br />

importantes de matériaux. L'expérience actuelle<br />

montre que l'on peut limiter cette dimension à 20 mm,<br />

et que dans ces conditions les valeurs de dosages<br />

déterminées sur la fraction 0/20 mm peuvent être<br />

130


À<br />

corrigées proportionnellement au pourcentage de cette<br />

fraction présente dans l'échantillon. Cela revient en<br />

fait à admettre que la surface spécifique de la fraction<br />

supérieure à 20 mm est négligeable devant celle de la<br />

fraction 0/20 mm, autrement dit que la quasi-totalité<br />

du produit de traitement réagira uniquement sur cette<br />

fraction, hypothèse pouvant être considérée comme<br />

tout à fait justifiée.<br />

Fig. 5. — Le malaxeur Hobbart est particulièrement adapté au mélange de<br />

sols même très argileux avec de la chaux ou (et) des liants hydrauliques.<br />

Ainsi par exemple, si l'étude de formulation a montré<br />

qu'il était nécessaire d'introduire 5 % de ciment sur la<br />

fraction 0/20 mm d'un échantillon de sol qui ne<br />

comporte que 60 % de cette fraction, le dosage à<br />

appliquer sur le chantier sera de 5 x 0,6 = 3 %.<br />

Nous allons aborder la consistance des études de<br />

formulation en distinguant, pour plus de clarté, les<br />

deux objectifs nettement différents que sont le<br />

traitement des sols appliqué à la réalisation de<br />

remblais et le traitement pour couches de forme c'està-dire,<br />

en fait, en suivant le plan tracé par le tableau I.<br />

a) Introduction dans la cuve du malaxeur d'un échantillon de sol humide<br />

et très plastique (l p > 40, w% > 35%).<br />

Traitement des sols pour réalisation de remblai<br />

Le traitement des sols constitue une technique de plus<br />

en plus souvent intéressante techniquement et<br />

économiquement pour réaliser des remblais avec des<br />

sols dont les caractéristiques à l'état naturel sont<br />

insuffisantes. C'est le cas des sols sensibles à l'eau,<br />

argileux ou non, se trouvant dans un état d'humidité<br />

élevé leur conférant une consistance suffisamment<br />

molle au point que, malgré le coût du traitement, il est<br />

plus économique de les traiter pour les terrasser plutôt<br />

que de les utiliser tels quels, ou que, même si cet<br />

intérêt économique n'était pas prouvé, l'utilisation des<br />

matériaux sans traitement conduit à prendre un risque<br />

trop élevé sur la stabilité des ouvrages ainsi construits<br />

(par consolidation ultérieure ou surtout par induction<br />

de pressions interstitielles localisées dans certaines<br />

parties de remblai).<br />

b) État du même sol après introduction de 1 % de chaux vive et 30 à<br />

40 secondes de malaxage.<br />

C'est le cas également pour certaines roches à<br />

caractère évolutif très marqué qui risquent de se<br />

densifier postérieurement à la mise en œuvre (par<br />

modification des arrangements, suite à des fracturations<br />

de blocs sous Faction des contraintes statiques<br />

dues au poids des terres ou, dynamiques, engendrées<br />

par le trafic). Actuellement, c'est principalement avec<br />

certaines craies peu denses (yd < 1,50 g/cm 3 ) et à forte<br />

teneur en eau (w > 23 %) que ce comportement a été<br />

observé et donc que le traitement peut objectivement<br />

être recommandé [13].<br />

Dans le cas des sols argileux trop humides, l'étude de<br />

formulation doit aboutir à fixer le dosage en chaux<br />

vive minimal permettant l'exécution des terrassements.<br />

On peut en effet considérer que si la mise en<br />

remblai de sols présumés trop humides s'effectue dans<br />

des conditions à peu près normales en utilisant les<br />

matériels traditionnels (décapeuses, tombereaux, gros<br />

compacteurs, etc.), cela constitue déjà une garantie<br />

satisfaisante de la qualité des matériaux employés. Or,<br />

il est clair que les actions à long terme de la chaux sur<br />

la fraction argileuse renforcent encore sensiblement<br />

cette garantie.<br />

On comprend donc que, dans ce cas, l'étude de<br />

formulation repose sur la mesure de l'indice CBR<br />

immédiat qui constitue un bon critère d'évaluation<br />

des conditions d'exécution; c'est d'ailleurs la méthode<br />

déjà préconisée, dans les sols fins notamment, dans la<br />

Recommandation pour le traitement des sols fins à la<br />

chaux [9]. On rappelle qu'elle consiste à préparer des<br />

échantillons de sols à 3 ou 4 teneurs en eau choisies<br />

dans la plage des teneurs en eau prévisibles au<br />

moment des travaux, mises en évidence dans les<br />

études de reconnaissance et d'identification, et à<br />

mélanger ces échantillons avec des quantités<br />

croissantes de chaux vive, en utilisant un matériel de<br />

malaxage approprié, tel que le malaxeur Hobbart à<br />

vitesse réglable par exemple (fig. 5). Une fois le<br />

mélange réalisé, et après attente de 30 min en boîtes<br />

étanches, on procède au compactage à l'énergie<br />

Proctor normal dans le moule CBR, et on poinçonne<br />

l'éprouvette ainsi confectionnée selon les modalités de<br />

l'essai de poinçonnement CBR immédiat. Les<br />

résultats sont présentés selon les graphiques<br />

maintenant bien connus (fig. 6, 7 et 8). Ces graphiques<br />

131


Fig. 6. — Étude de formulation d'un sol traité dans l'optique « réalisation<br />

de remblai ».<br />

\ w%<br />

initiale<br />

(%\<br />

Chaux^<br />

CBR<br />

imm<br />

Tableau des résultats expérimentaux.<br />

18 20 24<br />

w%<br />

traité<br />

7d<br />

CBR<br />

imm<br />

w%<br />

traité<br />

Yd<br />

CBR<br />

imm<br />

w%<br />

traité<br />

0 3,5 18,1 1,73 2 19,7 1,67 0,5 24,1 1,56<br />

0,5 14,5 17,6 1,73 5,5 19,6 1,69 1,5 23,7 1,57<br />

7d<br />

S? 4<br />

o<br />

Q<br />

Fig 7 et 8. — Étude de formulation d'un sol traité dans l'optique<br />

« réalisation de remblai ». Exemples d'abaques d'exploitation sur le<br />

chantier.<br />

Dosag<br />

e en chau><br />

c à prévoir<br />

en for<br />

ction de la<br />

teneur en (;au<br />

nature<br />

Ile pour ob<br />

tenir un in<br />

CBR i<br />

mmédiat d<br />

3 5, 10, 15.<br />

dice<br />

& /<br />

f n¡ •<br />

/<br />

/ ?/<br />

f<br />

1 23,5 17,1 1,70 14,0 19,3 1,69 2,5 23,1 1,59<br />

2 35,5 16,4 1.67 23,5 18,7 1,68 5,0 21,7 1,63<br />

4 27,0 14,7 1,57 23,5 17,4 1,61 13,0 20,5 1,63<br />

0,5<br />

Représentation graphique.<br />

18<br />

—<br />

19 20 21 22 24<br />

«nat < % »<br />

.a 1 5<br />

T3<br />

•CD<br />

E<br />

E<br />

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CJ<br />

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), 15.<br />

;<br />

/ /<br />

5<br />

X<br />

^1<br />

3 ^ 4<br />

Dosage en chaux (%)<br />

10 12 14<br />

CBR à w n a t (%)<br />

permettent de déterminer les dosages en chaux vive à<br />

introduire dans le sol suivant les valeurs de la teneur<br />

en eau constatées au moment des travaux ou suivant<br />

la valeur de l'indice CBR immédiat du sol à sa teneur<br />

en eau naturelle (cet essai peut en effet s'avérer<br />

d'exécution plus rapide qu'une mesure de teneur en<br />

eau si l'on est équipé pour le réaliser directement sur<br />

le chantier [14]), ou encore suivant la valeur de tout<br />

autre paramètre telle que perméabilité du sol à l'air [15],<br />

coefficient de restitution à la dynaplaque [16],<br />

résistance au pénétromètre dynamique [17] etc. dont<br />

on aura estimé particulièrement opportun, compte<br />

tenu des conditions particulières du chantier<br />

considéré, d'établir la corrélation avec le dosage en<br />

chaux permettant d'obtenir après traitement, un<br />

matériau d'indice CBR immédiat de l'ordre de 5 à 15,<br />

garantissant des conditions d'exécution satisfaisantes.<br />

Dans le cas des sols sensibles à l'eau, peu ou pas<br />

argileux, trop humides, la méthodologie précédente<br />

s'applique également à quelques nuances près. Tout<br />

d'abord, comme on l'a dit, la chaux vive n'est<br />

132


généralement plus le produit de traitement le mieux<br />

adapté. Son emploi peut même s'avérer néfaste<br />

lorsque le sol ainsi traité vient à se réhumidifier avant<br />

d'être mis en remblai car, à ce moment là, la chaux<br />

éteinte qui ne peut se combiner à une fraction<br />

argileuse, présente en quantité suffisante dans le sol,<br />

se comporte alors également comme un sol sensible à<br />

l'eau non argileux trop humide. On a donc à la fois<br />

perdu l'investissement du traitement et obtenu un<br />

matériau encore plus difficile à mettre en remblai que<br />

le matériau initial. Pour ces sols, le produit de<br />

traitement à retenir sera donc quasi généralement un<br />

ciment, mais comme l'effet recherché est l'obtention la<br />

plus rapide possible d'une élévation de la cohésion du<br />

sol, on aura intérêt à préférer des ciments à forte<br />

teneur en clinker tels que les ciments CPJ ou mieux les<br />

ciments CPA. D'autres ciments peuvent également<br />

être concernés (ciments au laitier, aux cendres<br />

volantes sulfocalciques type cendres de Gardanne,<br />

etc.), mais dans tous les cas il convient, nous le<br />

répétons, de rechercher l'optimum technico-économique<br />

en réalisant des études de formulation pour les<br />

principaux ciments risquant de se trouver en<br />

concurrence sur un chantier donné.<br />

Toujours dans la recherche de l'optimum technicoéconomique,<br />

on peut chercher à apprécier à partir des<br />

mêmes études l'influence du délai séparant le<br />

compactage et le poinçonnement, afin de mettre en<br />

évidence l'intérêt de recommencer une organisation de<br />

chantier particulière, par exemple, interdiction de<br />

circuler sur une couche moins de 6, 12 ou 24 heures<br />

après sa mise en œuvre, obligation de passer par une<br />

mise en dépôt provisoire, etc. Il faut enfin attirer<br />

l'attention sur le fait que pour ces sols qui se<br />

rencontrent principalement parmi les classes B 2h,<br />

B 4h, B 5h, C 2h les valeurs de l'indice CBR immédiat à<br />

atteindre sont sensiblement supérieures à celles<br />

préconisées pour les sols argileux; elles doivent être de<br />

l'ordre de 15 à 30 suivant l'importance de la fraction<br />

granulaire (>80um) pour garantir de bonnes<br />

conditions d'exécution.<br />

Enfin, pour ce qui concerne les craies peu denses à<br />

forte teneur en eau, l'effet recherché dans le<br />

traitement, exclusivement aux ciments cette fois, est<br />

double; il est en premier lieu de permettre l'exécution<br />

des terrassements dans des conditions correctes, car<br />

ces matériaux dans leur état naturel se broient<br />

facilement, formant rapidement une pâte crayeuse<br />

sans portance, et, en second lieu, d'assurer la stabilité à<br />

long terme de l'ouvrage en donnant une cohésion<br />

artificielle à la pâte crayeuse entourant les blocs. Dans<br />

ces conditions, on comprend que l'étude de<br />

formulation comporte d'abord une étude type CBR<br />

immédiat identique à celle décrite pour la réutilisation<br />

en remblai de sols sensibles à l'eau non argileux trop<br />

humides, en visant une valeur d'indice CBR immédiat<br />

de 15 à 30. Elle doit être suivie d'une vérification de la<br />

résistance à la compression simple à 7 jours mesurée<br />

sur des éprouvettes (0 = 10 cm et h = 20 cm),<br />

confectionnées avec la même fraction 0/20 mm de<br />

craie traitée avec les dosages déterminés dans l'étude<br />

précédente, permettant d'obtenir les valeurs d'indice<br />

CBR immédiat recherchées, et compactées statiquement<br />

jusqu'à obtenir les mêmes densités sèches que<br />

celles obtenues sur les mêmes mélanges avec l'énergie<br />

Proctor normal. Si les résistances en compression ainsi<br />

mesurées sont comprises entre 0,1 et 0,3 MPa (ce qui<br />

correspond au niveau de contrainte sous 5 à 15 m de<br />

remblai), on pourra admettre que la stabilité à long<br />

terme sera assurée et retenir ces valeurs de dosage. A<br />

ce moment là, et ce sera généralement le cas, c'est<br />

l'aspect réalisation des travaux qui détermine le<br />

dosage en ciment, mais il peut se présenter des cas où<br />

il sera nécessaire d'augmenter cette valeur du dosage<br />

pour pouvoir satisfaire la condition de stabilité.<br />

Un point reste encore à préciser pour ces craies, celui<br />

de la correction à appliquer sur le dosage « chantier »<br />

par rapport au dosage « laboratoire » obtenu sur la<br />

fraction 0/20 mm. S'agissant d'un matériau évolutif<br />

très friable, il est en effet nécessaire de préjuger la<br />

proportion de cette fraction dans la fraction totale du<br />

sol après malaxage et compactage. Si l'on suppose le<br />

malaxage réalisé avec des charrues à disques, matériel<br />

qui est d'une manière générale le mieux adapté pour le<br />

traitement des sols dans l'objectif réutilisation en<br />

remblai, on peut compter que la fraction 0/20 mm ne<br />

dépassera pas 50 % de la fraction totale, ce qui<br />

permet donc de réduire de moitié le dosage sur<br />

chantier. Si l'on utilise de grosses tritureuses à arbre<br />

horizontal, ce n'est plus du tout le cas; ces matériels<br />

ne sont donc pas à recommander car leur utilisation<br />

produit une quantité trop importante d'éléments<br />

< 20 mm.<br />

Traitement des sols pour réalisation de couches de<br />

forme<br />

Considérations générales<br />

Le recours aux traitements de sols pour réaliser des<br />

couches de forme s'est rapidement répandu et se<br />

développe de plus en plus. On peut d'ailleurs constater<br />

que depuis deux ou trois ans la quasi-totalité des<br />

projets <strong>routiers</strong> importants (autoroute ou route<br />

nationale nouvelle) ont fait, au moins en partie, appel à<br />

cette technique pour l'exécution de la couche de<br />

forme. Cela s'explique par la meilleure garantie<br />

procurée, de plus en plus souvent à coût équivalent,<br />

voire moindre, par les sols traités eu égard aux sols<br />

naturels traditionnellement utilisés pour cette nature<br />

d'ouvrage [18] et par l'expérience progressivement<br />

acquise à l'occasion des études, chantiers expérimentaux,<br />

constatations sur chantiers réels... qui a permis<br />

de montrer que le domaine du traitement pouvait être<br />

étendu à la quasi-totalité des sols dont la granularité<br />

respectait les exigences minimales requises pour<br />

l'exécution correcte du nivellement de cette couche<br />

(D < 250 mm).<br />

En ce qui concerne toutefois les études de<br />

formulation, il faut reconnaître qu'il a été assez<br />

difficile de décider d'une part du choix du ou des<br />

essais sur lesquels devraient s'appuyer ces études, et<br />

d'autre part du niveau de résistance à viser pour<br />

obtenir le meilleur indice qualité-épaisseur déjà<br />

évoqué au début de l'article.<br />

Pour ce qui est du premier point, on a recherché le<br />

meilleur compromis entre : la signification du ou des<br />

essais vis-à-vis du comportement du matériau en<br />

133


l<br />

couche de forme, leur commodité d'exécution dont<br />

dépend directement le coût de l'étude et enfin le délai<br />

de fourniture du résultat. C'est ainsi que l'on a abouti<br />

à retenir (cf. tableau I) :<br />

a) Dans tous les cas l'exécution d'une étude Proctor<br />

normal poinçonnement CBR immédiat pour préciser<br />

les valeurs de référence densité sèche maximale, teneur<br />

en eau optimale des mélanges sols-produits de<br />

traitement et pour préjuger des conditions de mise en<br />

œuvre (traficabilité et compactage).<br />

b) Une étude des performances s'appuyant soit sur<br />

des essais de résistance à la compression simple pour<br />

les sols traités au ciment ou chaux + ciment, soit sur<br />

des essais de poinçonnement CBR après 4 jours<br />

d'immersion pour les sols traités à la chaux seule. Bien<br />

qu'ils puissent apparaître plus représentatifs, on a<br />

écarté les essais de résistance à la traction, traction<br />

directe et traction indirecte par essai de compression<br />

diamétrale, en raison de la difficulté de réalisation des<br />

premiers et pour les essais de compression diamétrale,<br />

en raison de leur dispersion importante qui<br />

nécessiterait de multiplier les éprouvettes pour<br />

caractériser statistiquement les résultats.<br />

c) Une vérification à hauteur d'au moins 75 % de la<br />

conservation de la R c des sols traités aux ciments et<br />

chaux + ciments lorsqu'ils sont soumis à un cycle de<br />

conservation-immersion défini par 14 jours de<br />

conservation (à 20 "C et hygrométrie de 100 %) et 14<br />

jours d'immersion.<br />

d) Une vérification, si le contexte climatique du<br />

chantier l'exige, du comportement au gel du sol traité.<br />

Dans le cas des sols traités aux ciments et chaux<br />

+ ciment on vérifie que la R c d'un échantillon soumis<br />

à un essai de gélifraction défini par 14 jours de<br />

conservation (à 20 °C et hygrométrie de 100 %)<br />

+ 1 jour d'immersion + 13 jours de gel-dégel (16 h à<br />

— 5°C + 8hà + 5 °C) est encore d'au moins 75 %<br />

de la R c mesurée sur un échantillon soumis au cycle de<br />

conservation-immersion défini précédemment. Dans<br />

le cas des sols traités à la chaux seule on vérifie la non<br />

gélivité du sol par un essai de gonflement au gel tel<br />

que celui utilisé pour le classement des sols supports<br />

de chaussée [19].<br />

En ce qui concerne le problème de la recherche du<br />

meilleur indice qualité-épaisseur, on a choisi de s'en<br />

tenir aux épaisseurs proposées dans le fascicule 2 de la<br />

RTR pour le dimensionnement des couches de forme,<br />

suivant la nature des matériaux dont elles sont<br />

constituées et suivant l'état de la plate-forme de<br />

terrassement (et la probabilité d'évolution de cet état à<br />

long terme) sur laquelle elles seront mises en œuvre<br />

(fig. 9). On rappelle que les valeurs des épaisseurs<br />

données dans ce document sont des ordres de<br />

grandeur qui ont été proposés suite aux nombreuses<br />

constatations réalisées dans les années 70-75, sur une<br />

grande variété de natures de couches de forme [18]. Le<br />

paramètre épaisseur étant verrouillé, il restait à<br />

préciser le niveau de résistance à la compression ou<br />

l'indice CBR après immersion à viser, pour<br />

déterminer le dosage en produit de traitement à<br />

appliquer, et à évaluer les réductions de performances<br />

inhérentes à des écarts par rapport aux conditions<br />

optimales de mise en œuvre. Sur ce point, ce sont<br />

encore principalement des constatations sur des<br />

couches de forme en sols traités qui se sont plus ou<br />

moins bien comportées qui ont permis de proposer les<br />

valeurs seuils données plus loin.<br />

Ces aspects communs aux différents types de<br />

traitement de sols pour réalisation de couches de<br />

forme étant exposés, nous examinons à présent<br />

chacun de ces types de traitement en détail.<br />

1er CAS<br />

Plate-forme de bonne portance<br />

insensible à l'eau,<br />

mais pouvant poser des problèmes<br />

de réglage ou de traficabilité<br />

2e CAS<br />

Plate-forme de bonne portance à la<br />

mise en œuvre de la couche de forme<br />

et ne risquant de se détériorer<br />

que par les précipitations<br />

3e CAS<br />

Plate-forme de bonne portance<br />

à la mise en œuvre de la<br />

couche de forme,mais risquant de<br />

se détériorer par les précipitations<br />

ainsi que par la remontée de la nappe<br />

4e CAS<br />

Modalité<br />

de traitement<br />

particulière<br />

Cas de plateforme<br />

de<br />

terrassement<br />

Imperméabilisation<br />

superficielle<br />

Intercalation<br />

d'un géotextiie<br />

anticontaminant<br />

l<br />

Insensible à l'eau<br />

\<br />

moyenne —15 cm<br />

Couche de forme<br />

D 2<br />

:


i<br />

Traitement à la chaux aérienne des sols<br />

moyennement à fortement argileux<br />

Ce traitement repose sur la modification des sols<br />

argileux obtenue à plus ou moins long terme par<br />

l'attaque de la fraction argileuse du sol par la chaux et<br />

connue sous le nom de réaction pouzzolanique. On<br />

rappelle que cette réaction consiste tout d'abord en<br />

une dissolution en milieu fortement basique<br />

(pH > 12) de la silice et de l'alumine présente sous<br />

forme mal cristalisée dans les minéraux argileux,<br />

suivie d'une recristallisation des silico-aluminates de<br />

calcium ainsi formés. Ce sont ces nouveaux cristaux<br />

qui en pontant rigidement les éléments inertes du sol<br />

élèvent les résistances du sol traité. Dans cette<br />

réaction, la température du milieu joue un rôle<br />

prépondérant [20]; ainsi on peut considérer que la<br />

réaction est arrêtée au-dessous de 5 °C, qu'à 20 °C elle<br />

peut se développer durant plusieurs mois, voire<br />

plusieurs années, si la quantité active argile + chaux<br />

est importante et que, pour les dosages généralement<br />

considérés, la réaction est terminée au bout de<br />

quelques jours à 40 °C (fig. 10). Cet aspect est donc<br />

capital dans l'organisation de chantier si l'on prévoit<br />

de recourir à ce type de traitement, et il convient de<br />

préciser, suivant la zone climatique du chantier, les<br />

périodes durant lesquelles le traitement pourra être<br />

exécuté.<br />

_i 1 1<br />

100 200 300 t (j)<br />

Le traitement à la chaux aérienne vive s'applique<br />

préférentiellement à la réalisation de couches de forme<br />

avec des sols argileux humides (classes A 3 h et<br />

éventuellement A 2 h) car, dans ce cas, on mobilise<br />

successivement les deux formes d'action de la chaux<br />

vive : action immédiate sur la consistance du sol (par<br />

réduction de la teneur en eau et floculation des<br />

minéraux argileux) et action de cimentation à moyen<br />

et long terme (par réaction pouzzolanique). Dans la<br />

pratique, c'est également avec ces classes de sols que<br />

l'on réunit le maximum de conditions propices à<br />

l'obtention de bons résultats (présence de quantités<br />

d'argile et d'eau suffisantes pour le développement de<br />

la réaction pouzzolanique, consistance du mélange<br />

sol-chaux ni trop faible, ni trop élevée permettant<br />

l'obtention de densités sèches élevées avec les<br />

compacteurs usuels).<br />

Dans le cas des mêmes sols se trouvant à des teneurs<br />

en eau faibles voire moyennes, les réactions<br />

immédiates de la chaux incorporée sous forme de<br />

chaux éteinte et surtout de chaux vive ne sont plus<br />

opportunes; elles sont même le plus souvent néfastes<br />

car elles accroissent encore sensiblement la<br />

consistance déjà élevée, voire très élevée de ces sols, les<br />

rendant impossibles à densifier suffisamment pour<br />

provoquer la rigidification souhaitée. Le traitement<br />

doit alors faire en sorte que l'on retrouve des<br />

conditions de mise en œuvre satisfaisantes en<br />

apportant à la fois les quantités de chaux et d'eau<br />

dans les proportions qui s'imposent.<br />

L'objet de l'étude de laboratoire est de préciser ces<br />

éléments.<br />

100 200 300 t(j)<br />

Fig. 10. — Influence de la température sur « la consommation de chaux »<br />

Ce % par le sol et sur le développement des résistances en compression<br />

simples Rc (P. Perret, [20]).<br />

Elle est conduite de la manière suivante :<br />

a) On établit les courbes Proctor normal indice CBR<br />

immédiat du sol et on prépare des quantités de<br />

matériaux correspondant au poids de 6 à 8 éprouvettes<br />

CBR à chacune des teneurs en eau suivantes :<br />

Ijl w OPNÎ U3w 0 P N; l,5w 0 P N;<br />

b) Pour chaque teneur en eau on mélange une<br />

quantité de matériau correspondant à deux<br />

éprouvettes CBR avec trois ou quatre dosages en<br />

chaux vive, choisis par exemple de 0,5, 1, 2 à 4 %. On<br />

conserve les mélanges ainsi réalisés 30 minutes en<br />

boîtes étanches puis on réalise avec chacun d'eux deux<br />

éprouvettes CBR compactées à l'énergie Proctor<br />

normal.<br />

c) Après compactage des deux éprouvettes, qui<br />

correspondent donc à une teneur en eau et à un<br />

dosage en chaux donnés, on poinçonne la première<br />

immédiatement et la seconde est mise en immersion<br />

durant quatre jours puis poinçonnée à son tour.<br />

d) Les résultats obtenus permettent alors de tracer les<br />

graphes (fig. 11 et 12) qui expriment les dosages en<br />

chaux à introduire pour obtenir des valeurs de l'indice<br />

CBR immédiat de 5, 10, 15 et des valeurs de l'indice<br />

CBR après immersion de 15, 20, 25.<br />

135


Ces graphiques mettent en évidence les caractères<br />

spécifiques du traitement à la chaux aérienne, à<br />

savoir :<br />

— les valeurs d'indice CBR après immersion ne sont<br />

pas indéfiniment croissantes avec le dosage en chaux,<br />

mais atteignent rapidement un maximum correspondant<br />

à un couple w %, % CaO bien déterminé (sur<br />

l'exemple, fig. 12, ce sont les valeurs de w % = 26 % et<br />

% CaO = 1,5 % qui permettent d'atteindre l'indice<br />

CBR après immersion maximale de 26). Cette valeur<br />

maximale est caractéristique du matériau et de<br />

l'énergie de compactage appliquée. On a considéré ici<br />

uniquement l'énergie Proctor normal parce que<br />

relativement représentative de celle appliquée sur les<br />

chantiers pour ce type de travaux, mais suivant<br />

l'importance du chantier il pourrait être justifié<br />

d'étudier aussi l'évolution de la valeur maximale de<br />

l'indice CBR après immersion pour différentes valeurs<br />

de l'énergie de compactage (ce qui nécessiterait<br />

évidemment de répéter l'étude de formulation<br />

précédente pour chaque valeur d'énergie considérée).<br />

Fig. 11. — Exemple d'étude de formulation pour l'utilisation en couche de<br />

forme d'un sol A3 (w p = 22%, w L = 46%, w 0 P N = 20%). Graphes,<br />

indice CBR immédiat et indice CBR après immersion = f(%CaO).<br />

Le traitement à la chaux aérienne exige que les sols se<br />

trouvent dans un état d'humidité élevée pour obtenir<br />

les résistances souhaitées. Si leur teneur en eau<br />

naturelle w nat est inférieure à w0PN, il sera<br />

pratiquement toujours nécessaire de les humidifier<br />

pour élever leur teneur en eau d'une valeur Aw<br />

permettant de les placer dans la fourchette<br />

1,1 w 0 P N < w < 1,5 w0PN. C'est à partir de la teneur<br />

en eau corrigée et mesurée sur le chantier que l'on<br />

déterminera à l'aide des abaques (fig. 12) les valeurs<br />

du dosage en chaux à introduire pour atteindre la<br />

valeur de l'indice CBR après immersion souhaitée,<br />

après avoir vérifié toutefois, sur les mêmes abaques,<br />

que le dosage choisi garantit également de bonnes<br />

conditions de réalisation (indice CBR immédiat<br />

compris entre 5 et 15).<br />

Courbes d'Iso-CBR après immersion<br />

Courbes d'Iso-CBR immédiat<br />

Fig. 12. — Exemple d'étude<br />

de formulation pour l'utilisation<br />

en couche de forme<br />

d'un sol A 3 (w = 22 %,<br />

I =24%, w O P N = 20%).<br />

Abaques donnant les dosages<br />

en chaux à introduire en<br />

fonction de la teneur en eau<br />

pour obtenir les valeurs de<br />

l'indice CBR immédiat de 5,<br />

10, 15 et de l'indice CBR<br />

après immersion de 15, 20 et<br />

25<br />

CaO (%)<br />

136


À<br />

Si l'on prévoit d'apporter conjointement l'eau et la<br />

chaux nécessaires en pratiquant un traitement au lait<br />

de chaux, il convient de préparer un lait de chaux à la<br />

concentration suivante :<br />

avec<br />

chaux vive (g) X<br />

C ou = —<br />

eau (g) Y<br />

X = augmentation en % de teneur en eau<br />

recherchée,<br />

Y = dosage en chaux vive nécessaire en %<br />

également.<br />

en remarquant toutefois qu'au-delà d'une concentration<br />

C > 0,5 l'écoulement du lait de chaux n'est plus<br />

réalisable.<br />

Pour ce qui concerne les valeurs de l'indice CBR après<br />

immersion à viser pour garantir la qualité d'une<br />

couche de forme en matériaux argileux traités à la<br />

chaux, l'expérience actuelle, bien qu'encore assez<br />

limitée, permet néanmoins de proposer la valeur de 20<br />

comme suffisante. La Recommandation pour le<br />

traitement en place des sols fins à la chaux [9]<br />

proposait à titre provisoire une valeur de 25 qui, à<br />

l'usage, s'est avérée trop sévère.<br />

Il convient de souligner également que l'augmentation<br />

de la valeur de l'indice CBR après immersion par<br />

rapport à celle de l'indice CBR immédiat, toutes<br />

conditions égales par ailleurs, constitue en elle-même<br />

une confirmation de l'aptitude du sol à réagir<br />

favorablement avec la chaux.<br />

Avant d'en terminer avec le traitement à la chaux<br />

pour réalisation de couches de forme, il convient<br />

d'argumenter le choix des indices CBR immédiat et<br />

après 4 jours d'immersion comme critères de base de<br />

l'étude de formulation. Ces critères ont été choisis en<br />

raison de la lenteur déjà mentionnée des réactions de<br />

cimentation de la chaux sur la fraction argileuse<br />

(plusieurs mois à 20 °C), qui fait que le fonctionnement<br />

d'une couche de forme en sol traité à la chaux<br />

seule peut être assimilé à celui d'une couche en<br />

matériau non lié durant une bonne partie du temps ou<br />

elle joue son rôle dans la phase « chantier ».<br />

On conçoit alors que, dans ces conditions, il soit<br />

justifié de vérifier tout d'abord que la résistance au<br />

cisaillement du sol immédiatement après le traitement<br />

soit déjà suffisante pour remplir ce rôle, d'où la<br />

recherche d'un indice CBR immédiat de l'ordre de 10,<br />

mais également que cette valeur ne puisse en aucun<br />

cas régresser sous l'action des agressions climatiques<br />

habituelles en phase chantier (pluies, remontées<br />

capillaires) d'où la recherche d'un indice CBR après<br />

4 jours d'immersion de 20. Le fait que l'on exige un<br />

indice CBR après immersion sensiblement supérieur à<br />

celui de l'indice CBR immédiat s'explique par la<br />

recherche d'une confirmation de la réactivité du<br />

mélange sol-chaux comme déjà indiqué plus haut. Il<br />

est certain toutefois que cette démarche ne vaut que<br />

pour les couches de forme dont on peut avoir la quasicertitude<br />

qu'elles ne seront pas soumises à un cycle de<br />

gel-dégel important avant d'avoir terminé leur rôle en<br />

phase chantier. Si cela n'est pas le cas, il faut alors<br />

abandonner le traitement à la chaux seule ou<br />

éventuellement vérifier, par des essais de gélifraction<br />

s'inspirant de ceux proposés dans l'étude de<br />

traitement au ciment décrite plus loin, que le sol traité<br />

conserve des caractéristiques suffisantes après une<br />

période hivernale.<br />

Même lorsque l'on peut estimer avec une bonne<br />

certitude que le rôle de la couche de forme en phase de<br />

chantier sera terminé avant l'apparition des premiers<br />

gels, il importe de caractériser le comportement au gel<br />

à long terme du sol traité sous l'angle du gonflement<br />

pouvant résulter de la cryosuccion. Il convient alors<br />

de soumettre à l'essai de gonflement au gel [18] une<br />

série d'éprouvettes de 10 cm de diamètre et de 20 cm<br />

de haut (ou 0 = 5 cm h = 10 cm si les plus gros<br />

éléments du matériau n'excèdent pas 5 mm) obtenues<br />

par compactage statique en considérant les valeurs de<br />

w %, CaO % et Yc qui ont permis d'obtenir la valeur<br />

d'indice CBR après immersion visée.<br />

En définitive, il faut reconnaître que la réalisation de<br />

couches de forme à partir de sols argileux traités à la<br />

chaux seule constitue dans le contexte géologique et<br />

climatique français une technique assez complexe qui<br />

présente des risques d'échec non négligeables. C'est<br />

toutefois la seule technique envisageable actuellement<br />

pour utiliser des sols très argileux dans cette nature<br />

d'ouvrage et si, pour un chantier donné, d'importantes<br />

quantités de ces sols existent en même temps que des<br />

conditions de climat tempéré et relativement humide,<br />

il ne faut en aucun cas écarter cette solution qui alors<br />

présente un maximum de chances de réussite.<br />

Traitement au ciment de sols peu ou pas argileux<br />

Cette technique de traitement utilise la prise résultant<br />

de l'hydratation des ciments qui agglomère les<br />

minéraux inertes (quartz) en provoquant une<br />

rigidification du squelette granulaire. La fraction<br />

argileuse éventuellement présente dans le sol peut soit<br />

être simplement emprisonnée dans le squelette rigidifié<br />

soit, si le ciment utilisé comporte une proportion<br />

importante de clinker, réagir avec la chaux dégagée<br />

par l'hydratation de ce type de ciment pour former à<br />

son tour un ciment qui viendra encore accroître à plus<br />

ou moins long terme la rigidité du sol traité selon le<br />

même processus que celui développé dans le<br />

traitement à la chaux décrit précédemment.<br />

Contrairement à ce qui se passe dans le cas de la<br />

chaux aérienne sur les matériaux argileux, la<br />

rigidification provoquée par la prise des ciments est<br />

rapide, et bien qu'elle dépende également de la<br />

température du milieu, on peut considérer qu'elle est<br />

déjà très avancée au bout de 7 jours, et quasi terminée<br />

à 90 jours sous le climat français. Néanmoins, elle<br />

s'interrompt aussi pour des températures inférieures à<br />

0 "C. Contrairement à la chaux le ciment n'a pas une<br />

action spectaculaire et immédiate sur la consistance<br />

du sol avec lequel il est mélangé, ce qui peut être un<br />

avantage ou un inconvénient suivant que la<br />

137


consistance du sol avant traitement est proche ou non<br />

de la consistance requise pour une bonne mise en<br />

œuvre.<br />

Enfin, du fait de la rapidité de rigidification produite<br />

par les ciments, les couches de forme ainsi traitées se<br />

distinguent nettement de celles réalisées avec des sols<br />

traités à la chaux aérienne car le comportement des<br />

premières peut être considéré comme analogue à celui<br />

d'une couche liée dès les premiers âges alors que l'on a<br />

vu que ce n'était pas le cas pour une couche de sol<br />

argileux traité à la chaux.<br />

Ces rappels des principes d'action des ciments dans les<br />

couches de sols traités expliquent qu'il ne serait pas<br />

valable d'appliquer à ce traitement la même<br />

méthodologie d'étude de formulation que celle<br />

proposée pour le traitement à la chaux. On a donc été<br />

conduit à rechercher une méthodologie s'appuyant à<br />

la fois sur un paramètre significatif vis-à-vis des<br />

conditions de réalisation et sur un paramètre<br />

représentatif des résistances à long terme. Pour le<br />

premier aspect, c'est évidemment encore l'indice CBR<br />

immédiat qui a été retenu, et pour le second on a opté,<br />

toutes considérations examinées, pour la valeur de la<br />

résistance à la compression simple mesurée à 7 et à<br />

28 jours d'âge, et exprimée par la moyenne de trois<br />

éprouvettes de 10 cm de diamètre et de 20 cm de haut<br />

(ou 0 = 5 cm; h = 10 cm pour les sols dans<br />

D < 5 mm).<br />

Le schéma complet proposé pour l'étude de<br />

formulation d'un traité au ciment pour emploi en<br />

couche de forme est donc le suivant :<br />

a) Établissement des courbes Proctor normal CBR<br />

immédiat réalisées sur le mélange sol + C % de<br />

ciment (C dosage médian explicité en b) après<br />

avoir observé un délai de 30 minutes en boîtes<br />

étanches entre malaxage et compactage. Ces courbes<br />

permettent de déterminer les valeurs de y d O P N et<br />

w %op N e t d'évaluer les conditions d'exécution dans la<br />

fourchette des teneurs en eau prévisibles au moment<br />

des travaux. Il convient toutefois de souligner une<br />

difficulté résultant de l'interprétation assez peu précise<br />

que l'on peut faire de l'indice CBR immédiat sur les<br />

sols peu ou pas argileux justiciables du traitement au<br />

ciment seul. Sauf à disposer d'une expérience<br />

particulière, il convient d'interpréter les valeurs de<br />

l'indice CBR immédiat vis-à-vis des conditions de<br />

réalisation, comme indiqué au tableau VIII.<br />

b) Réalisation d'éprouvettes de 10 cm de diamètre et<br />

de 20 cm de haut ou de 5 cm de diamètre et de 10 m de<br />

haut en faisant varier les valeurs des paramètres<br />

suivants :<br />

— le dosage en ciment : on considérera généralement<br />

trois valeurs de dosage C", C, C + , que l'on pourra<br />

choisir à défaut d'une meilleure connaissance du<br />

problème, égales aux valeurs indiquées au tableau IX ;<br />

— la teneur en eau des mélanges : à partir des courbes<br />

Proctor CBR précédentes on pourra considérer les<br />

trois valeurs suivantes :<br />

w~ = 0,75 w 0 P N; w = w O P N; w + = 1,25 w 0 P N<br />

Classes de sols<br />

TABLEAU<br />

E„ A„ B„ B2, D„ B5, B6,<br />

A2...<br />

E2, B3, B4. C2, D2,...<br />

Classe de sols<br />

A,, B,, D„ A2, B2, E,...<br />

TABLEAU<br />

B3, B4, B5, B6, C2, D2, E2...<br />

VIII<br />

Indice CBR immédiat<br />

garantissant les conditions de<br />

réalisation<br />

Entre 15 et 30<br />

Entre 30 et 50<br />

IX<br />

3; 6; 9<br />

3; 4; 6<br />

Dosages en ciment<br />

C", C, C + (%)<br />

— la densité sèche : toujours en s'appuyant sur les<br />

courbes Proctor CBR, on considérera les valeurs<br />

suivantes :<br />

Yd = 0>95 Yd0pN» Yd + = YdOPN<br />

— pour les sols faciles à compacter (sables<br />

homométriques), on considérera plutôt<br />

Yd + = 1,05 YdopN<br />

— pour les sols difficiles à compacter (substratum de<br />

faible portance), on considérera plutôt<br />

Yd" =<br />

0,9 ydoPN•<br />

c) Les éprouvettes ainsi constituées sont conservées<br />

dans les conditions indiquées dans le tableau X avant<br />

d'être soumises à l'essai de résistance à la compression<br />

simple.<br />

Le dernier point restant à préciser est celui de la<br />

valeur de la résistance à la compression simple<br />

pouvant être considérée comme suffisante pour<br />

garantir l'utilisation d'un sol traité au ciment en<br />

couche de forme. L'expérience actuelle a montré que<br />

pour les épaisseurs indiquées dans la RTR, des valeurs<br />

de R c comprises entre 1 et 1,5 MPa à 7 jours<br />

conduisent à des matériaux de caractéristiques<br />

satisfaisantes, des valeurs allant jusqu'à 2 MPa<br />

pouvant toutefois s'avérer nécessaires sur certains<br />

matériaux et certaines conditions climatiques<br />

particulièrement rudes.<br />

Partant de ces valeurs, il est pratique d'établir, à l'aide<br />

des résultats obtenus après écrasement des différentes<br />

éprouvettes recensées dans le tableau X, des abaques<br />

(fig. 13) permettant de visualiser l'influence des<br />

paramètres dosage en ciment, teneur en eau,<br />

compacité sur la R c à 7 jours. A partir de ces abaques<br />

on peut évaluer les chutes de résistances produites par<br />

des valeurs de teneur en eau (w %ch) et de compacité<br />

(Ydch) constatées réellement sur le chantier et<br />

s'écartant plus ou moins des conditions optimales de<br />

mise en œuvre, et en déduire le surdosage en ciment<br />

nécessaire pour compenser ces chutes de caractéristiques.<br />

Il est également possible de vérifier à partir de<br />

ces résultats que la progression des R c se développe<br />

normalement dans le temps en établissant des<br />

graphiques analogues à celui proposé figure 14 pour le<br />

traitement mixte qui va être examiné à présent.<br />

138


à<br />

TABLEAU<br />

X<br />

Tableau récapitulatif des différentes modalités à considérer dans une étude de formulation d'un sol traité<br />

au ciment<br />

Modalités de préparation<br />

Modalités de conservation<br />

Cas<br />

Dosage<br />

en<br />

ciment<br />

Teneur<br />

en eau<br />

Compacité<br />

En atmosphère<br />

saturée à 20 °C<br />

(j)<br />

Sous<br />

immersion<br />

(j)<br />

Sous cycle (')<br />

gel-dégel<br />

(j)<br />

Paramètre<br />

étudié<br />

1 C w<br />

OPN Yd OPN<br />

7-28-90 14c + 14i ( 2 ) 14c + 1i + 13g ( 3 )<br />

Modalités<br />

de<br />

référence<br />

w 7-28 14c + 14i 14c + 1 i + 13g 2 C Dosage<br />

OPN Yd OPN en<br />

3 C + w<br />

OPN Yd OPN 7-28 14c + 14i 14c + 1 i + 13g<br />

ciment<br />

4 C 1,25 w 0 P N<br />

5 C 0,75 w 0 P N<br />

Yd OPN<br />

Yd OPN<br />

7-28<br />

7-28<br />

14c + 14i<br />

14c + 14i<br />

14c + 1i + 13g<br />

14c + 1 i + 13g<br />

Teneur<br />

en<br />

eau<br />

6 C w 7(')<br />

C w<br />

OPN<br />

9 5<br />

°' Yd OPN<br />

7-28 14c + 14i 14c + 1i + 13g<br />

O- Yd 9 OPN<br />

7-28 14c + 14i 14c + 1i + 13g<br />

OU<br />

OPN 1.05 7 d 0 P N 7-28 — —<br />

Densité<br />

sèche<br />

(') A ne réaliser qu'en fonction des caractéristiques particulières du chantier considéré.<br />

( 2 ) Lire: 14 jours de conservation à 20 "C, hygrométrie = 100% + 14 jours de mise en immersion.<br />

( 3 ) Lire: 14 jours de conservation à 20 °C, hygrométrie = 100% + 1 jour d'immersion + 13 jours de cycles gel-dégel: 16 h à<br />

— 5°C, 8 à + 5°C.<br />

Modalités de référence<br />

pour le limon A<br />

t<br />

CaO 1,5 %<br />

Ciment 5 %<br />

W 0 P N<br />

100%7 DOPN<br />

Limon A donnant<br />

satisfaction<br />

wp = 26 |p = 6<br />

T D O P N = 1,79 t/m 3<br />

«c=f|w|j<br />

)?d°<br />

C %<br />

<<br />

z<br />

o<br />

w 0 P N =13,5 %<br />

Modalités de référence<br />

pour le limon B<br />

t<br />

CaO 1,5%<br />

Ciment 5 %<br />

W 0 P N<br />

100%7 DOPN<br />

Limon B ne donnant<br />

pas satisfaction<br />

wp = 18 Ip = 8<br />

y DOPN = 1,77 t/m 3<br />

W Q P N =12 %<br />

0 7 28 90 Temps (j)<br />

Fig. 13. — Représentation des variations de Rc (à 7j) en fonction de: %de<br />

ciment, w % de mise en œuvre, y d de mise en œuvre. Détermination du surdosage<br />

en ciment à apporter pour compenser des valeurs w c h et y d c h différentes des<br />

conditions optimales yd0FN et w 0 P N.<br />

Fig. 14. — Exemple de représentation graphique de l'évolution dans le<br />

temps des résistances constatées sur deux limons traités à la chaux et au<br />

ciment. La courbe de comparaison du limon A établie pour les modalités<br />

de référence (cf. tableau XI) permet d'évaluer l'influence des paramètres<br />

de mise en œuvre ( % ciment, % de chaux vive, w %, yd) sur les<br />

résistances obtenues à 7, 28 et 90 jours. Elle permet également de déceler<br />

la mauvaise adaptation de ce type de traitement au cas du limon B.<br />

139


Traitement à la chaux aérienne et aux ciments<br />

(traitement mixte) des sols peu et moyennement<br />

argileux<br />

Dans ce traitement, on utilise la complémentarité<br />

d'action de la chaux aérienne sur la fraction argileuse<br />

du sol d'une part et des ciments sur la fraction<br />

granulaire d'autre part. Conformément aux principes<br />

d'action de la chaux et des ciments développés<br />

précédemment, on conçoit que ce type de traitement<br />

s'adresse tout particulièrement aux sols moyennement<br />

argileux, humides, voire très humides (classes A 2h,<br />

B 6h). Dans le cas de ces sols, on mobilise en effet<br />

successivement :<br />

— les réactions immédiates de la chaux sur la fraction<br />

argileuse qui, on l'a vu, provoquent une augmentation<br />

immédiate et importante de la consistance du sol. Cela<br />

permet tout d'abord de réaliser, dans de bonnes<br />

conditions, les différentes phases de l'exécution du<br />

traitement et une fois le traitement exécuté de rétablir<br />

rapidement (1 à 2 jours après le traitement) la<br />

circulation sur la couche traitée. En effet, la résistance<br />

au cisaillement du sol ainsi traité est alors<br />

généralement suffisante pour que la prise hydraulique<br />

du ciment puisse se développer normalement, malgré<br />

les contraintes induites par la circulation; il convient<br />

toutefois de l'interrompre si une imbibition de la<br />

couche vient à se produire au très jeune âge du<br />

traitement (< 7 jours);<br />

— la prise hydraulique à court et moyen terme,<br />

provoquée par l'hydratation du ciment, qui confère<br />

progressivement (de quelques jours à quelques<br />

semaines) une cohésion élevée et permanente au<br />

matériau traité;<br />

— les réactions à long terme de la chaux sur la<br />

fraction argileuse, qui produisent une rigidification<br />

complémentaire à celle imputable au ciment et qui<br />

renforcent à long terme les propriétés mécaniques de<br />

la couche traitée, aspect qui peut s'avérer très<br />

intéressant dans le cas d'une couche fortement<br />

sollicitée durant la phase chantier.<br />

Dans le cas des sols peu argileux humides (classes<br />

B 5h, Ajh, B2h...) ce type de traitement est également<br />

très souvent justifié, mais ce sont alors principalement<br />

les réactions immédiates de la chaux aérienne et la<br />

prise hydraulique du ciment qui sont mises à profit<br />

pour faciliter l'exécution du traitement, et dans ce cas<br />

il convient, d'une manière générale, de ne pas<br />

autoriser la circulation sur la couche traitée au très<br />

jeune âge (< 7 jours) étant donné que le matériau<br />

garde une grande sensibilité à l'eau durant cette<br />

période.<br />

Enfin, dans le cas des sols moyennement argileux à<br />

teneur en eau moyenne ou faible, le traitement mixte<br />

peut, en principe, être envisagé moyennant un<br />

arrosage rigoureusement contrôlé. Dans ce cas, c'est<br />

évidemment la recherche d'un complément de<br />

rigidification à long terme qui constitue l'intérêt<br />

majeur du traitement mixte; il faut souligner toutefois<br />

que jusqu'à présent il n'a encore pratiquement jamais<br />

été appliqué de manière rationnelle sur les chantiers<br />

français, et nous ne le développerons pas davantage.<br />

Les principes de l'étude de formulation, dans le cas du<br />

traitement mixte, associent bien entendu à la fois les<br />

principes exposés dans les études de formulation des<br />

sols traités à la chaux aérienne seule et traités au<br />

ciment seul.<br />

D'un point de vue général, on peut considérer que<br />

l'étude de formulation d'un sol traité à la chaux et au<br />

ciment comprend tout d'abord une étude type<br />

« réutilisation en remblai de sols argileux trop<br />

humides », suivie d'une étude type « utilisation en<br />

couche de forme de sols peu ou pas argileux traités<br />

aux ciments », avec toutefois les particularités<br />

examinées ci-après.<br />

La première des deux études est conduite de la même<br />

manière que décrite précédemment, à cela près que le<br />

dosage en chaux vive maximale à considérer peut être<br />

limité à 3 %, valeur constituant à l'expérience une<br />

limite technique et économique. Cette étude aboutit,<br />

comme on l'a vu, à fixer le dosage en chaux vive à<br />

introduire dans le sol, en fonction de sa teneur en eau<br />

naturelle, pour élever sa consistance jusqu'à obtenir<br />

une valeur de l'indice CBR immédiat de l'ordre de 5 à<br />

10 pour les sols moyennement argileux (A 2, B 6) et de<br />

l'ordre de 10 à 15 pour les sols peu argileux (A 1 5 B 5,<br />

B 2). Elle fournit également les caractéristiques de<br />

compactage y d 0pN„ e t W OPN 0 du sol naturel.<br />

La seconde étude est réalisée en principe sur un<br />

mélange sol + 1,5 % de chaux vive; un dosage en<br />

chaux différent peut, le cas échéant, être pris en<br />

considération si l'on prévoit que pour le chantier en<br />

question la valeur de 1,5 % a peu de chances d'être<br />

appliquée, compte tenu de la teneur en eau prévisible<br />

du sol du moment des travaux; on prendra alors le<br />

dosage en chaux le plus probable, compte tenu de<br />

cette teneur en eau. En l'absence d'une prévision<br />

fiable de la teneur en eau à l'exécution, on considère<br />

donc la valeur de 1,5 % de chaux vive et on prépare, à<br />

partir du sol séché à l'air, jusqu'à au moins 0,5 w O P N ,<br />

une quantité du mélange sol + 1,5 % chaux suffisante<br />

pour effectuer un essai Proctor normal sur ce mélange<br />

en cinq points minimaux, ainsi que pour pouvoir<br />

mouler le nombre d'éprouvettes de 5 cm de diamètre<br />

et de 10 cm de haut ou de 10 cm de diamètre et de<br />

20 cm de haut, tel que prévu dans le tableau XI. Pour<br />

l'exécution de l'essai Proctor normal, on humidifie des<br />

quantités de l'ordre de 6 kg de ce mélange<br />

(correspondant à chacune des éprouvettes dans le<br />

moule CBR sur lesquelles est réalisé l'essai) à des<br />

teneurs en eau croissantes, dont trois au moins<br />

dépassent la w 0 P N du sol naturel. On malaxe jusqu'à<br />

homogénéisation du mélange et on conserve les<br />

échantillons 24 heures en boîtes étanches, avant de les<br />

soumettre à Fessai Proctor normal. Le but de cet essai<br />

est de déterminer les références de compactage yd O P N |<br />

et w 0 P N à partir desquelles on pourra mouler les<br />

différentes éprouvettes prévues dans le tableau XI.<br />

• On constate qu'apparaissent à nouveau, dans ce<br />

tableau, les notations C + , C, C~, 1,25 w 0 P N,<br />

0,75 w 0 P N, 0,95YdOp>v °> 9 Ydopiv ^YdOPN, q u i<br />

140


À<br />

TABLEAU<br />

XI<br />

Tableau récapitulatif des différentes modalités à considérer dans l'étude<br />

de formulation d'un sol traité à la chaux et au ciment<br />

Cas<br />

Dosage<br />

en<br />

chaux vive<br />

Modalités de préparation<br />

Dosage<br />

en<br />

ciment<br />

Teneur<br />

en<br />

eau<br />

Densité<br />

sèche<br />

En atmosphère<br />

saturée à 20 °C<br />

(j)<br />

Modalités de conservation<br />

En<br />

immersion<br />

(j)<br />

Sous<br />

gel-dégel<br />

C)<br />

Paramètre<br />

étudié<br />

1 1,5 C w<br />

0PN, Yd OPN (<br />

7-28-90 14c + 14i ( 2 ) 14c + 1i + 13g ( 3 )<br />

Modalités<br />

de<br />

référence<br />

2 1,5 C + w<br />

OPN, Yd OPN, 7-28 14c + 14i 14c + 1 i + 13g Dosage<br />

en<br />

3 1,5 C w<br />

OPN, Yd OPN, 7-28 14c + 14i 14c + 1 i + 13g<br />

ciment<br />

4 0 C W<br />

OPN 0 Yd OPN 0<br />

7-28-90 14c + 14i 14c + 1 i + 13g<br />

5 3 C w<br />

OPN, Yd OPN, 7-28-90 14c + 14i 14c + 1 i + 13g<br />

Dosage<br />

en<br />

chaux<br />

vive<br />

6 1,5 C 1,25 w 0p N_ Yd OPN, 7-28 14c + 14i 14c + li + 13g Teneur<br />

en<br />

7 1,5 C 0,75w O P N<br />

Yd OPN, 7-28 14c + 14i 14c + 1 i + 13g<br />

eau<br />

8 1,5 C w<br />

OPN, 0.95 Yd OPN, 7-28 14c + 14i 14c + 1 i + 13g<br />

0.9 Yd OPN,<br />

7-28 14c + 14i 14c + 1 i + 13g<br />

9(') 1,5 C w OPN,<br />

ou<br />

1.05 Y d 0PN, 7-28 — —<br />

Densité<br />

sèche<br />

(') A ne réaliser qu'en fonction des caractéristiques particulières du chantier considéré.<br />

( 2 ) Lire: 14 jours de conservation à 20 °C, hygrométrie: 100% + 14 jours de mise en immersion.<br />

( 3 ) Lire : 14 jours de conservation à 20 °C, hygrométrie : 100 % + 1 jour de mise en immersion + 13 jours de cycles gel-dégel 16 h à<br />

— 5°C + 8 h à + 5°C.<br />

figuraient déjà dans le tableau X relatif à l'étude de<br />

formulation d'un sol traité au ciment. Les mêmes<br />

considérations, et notamment celles concernant le<br />

choix des valeurs de C , C, C , s'appliquent.<br />

+<br />

• On constate également qu'une étude complète de<br />

formulation, telle que définie dans ce tableau,<br />

constitue un travail considérable qui nécessite de<br />

manipuler des quantités importantes (de l'ordre de 5 à<br />

600 kg dans le cas où les valeurs de Rc sont mesurées<br />

sur la moyenne de trois éprouvettes 0 = 10 cm et<br />

h = 20 cm). Il y a donc lieu, avant d'entreprendre une<br />

telle étude, de réfléchir au préalable à la meilleure<br />

organisation et à la méthode de travail à appliquer, et<br />

en particulier d'établir systématiquement un phasage<br />

rigoureux des différentes opérations élémentaires<br />

requises par l'étude.<br />

Les résultats des mesures de Rc déterminées sur les<br />

éprouvettes confectionnées selon les modalités du<br />

tableau peuvent être exprimés sous la forme des<br />

graphiques déjà présentés (fig. 13). Il convient alors<br />

d'ajouter une échelle supplémentaire sur l'axe des<br />

abscisses, proportionnelle aux dosages en chaux, et de<br />

représenter les variations de Rc en fonction de ce<br />

paramètre. Comme dans le cas du traitement au<br />

ciment, seul ces graphiques permettent de déterminer<br />

le dosage en ciment à appliquer sur le chantier,<br />

compte tenu du dosage en chaux qui s'est avéré<br />

nécessaire à la bonne réalisation du chantier et pour<br />

obtenir, à 7 jours, la résistance de 1 à 1,5 MPa.<br />

Il est également nécessaire, et cela vaut aussi pour le<br />

traitement au ciment seul, de vérifier l'allure de la<br />

progression des résistances dans le temps des<br />

éprouvettes de sol traité suivant les différentes<br />

modalités envisagées. A cet égard, le graphique<br />

(fig. 14) représentant l'évolution des Rc aux différents<br />

âges et modalités envisagés dans le tableau XI montre<br />

la différence de réactivité avec le ciment pouvant<br />

exister entre deux limons de caractéristiques<br />

géotechniques pourtant assez voisines, mais dont l'un<br />

avait fixé des nitrates, alors que si l'on s'était limité à<br />

considérer les Rc à 7 jours, la différence n'aurait peutêtre<br />

pas attiré l'attention. A partir de ce graphique, on<br />

peut également apprécier l'influence d'éventuels écarts<br />

par rapport aux conditions optimales de mise en<br />

œuvre sur les valeurs de Rc, et orienter en conséquence<br />

la surveillance et le Contrôle du chantier.<br />

CONCLUSION<br />

On retirera peut-être de la lecture de ce qui précède<br />

l'impression que les traitements de sols requièrent,<br />

notamment lorsqu'ils visent la réalisation de couches<br />

de forme et a fortiori d'assises de chaussées, des études<br />

de laboratoire lourdes et coûteuses. Encore faut-il<br />

rappeler que ce qui est proposé constitue le<br />

compromis technique et économique jugé le meilleur<br />

par les praticiens les plus expérimentés dans cette<br />

technique.<br />

141


Il conviendra toutefois de se conformer à l'exécution<br />

de l'intégralité des opérations requises pour ces études<br />

chaque fois que l'on abordera une formation<br />

géologique nouvelle, ou chaque fois qu'un nouveau<br />

produit de traitement entrera en compétition, ou<br />

encore à l'occasion de tout nouveau chantier de<br />

traitement important. C'est en effet à ce prix<br />

seulement que l'on sera en mesure d'appréhender<br />

objectivement les conséquences sur la dispersion des<br />

résistances imputables à des écarts de tel ou tel<br />

paramètre par rapport à sa valeur optimale, et par<br />

conséquent que l'on pourra exercer un suivi efficace et<br />

rationnel du chantier.<br />

Dans l'avenir, au fur et à mesure de l'expérience<br />

acquise et à condition d'avoir analysé et synthétisé les<br />

résultats des trois volets que consituent l'identification<br />

des sols, l'identification des liants et les études de<br />

formulation, il n'est pas exclu qu'il soit possible,<br />

régionalement du moins, de définir avec une précision<br />

satisfaisante les paramètres d'un traitement de sol à<br />

partir d'une procédure allégée, celle-ci se limitant<br />

alors à la vérification, par quelques recalages des<br />

règles et des corrélations qui auront été établies à<br />

l'occasion des études antérieures.<br />

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

[1] Ministère de l'Équipement et de l'Aménagement du<br />

territoire, Direction des Routes et de la Circulation<br />

routière, Catalogue 1977 des structures types de chaussées<br />

neuves.<br />

[2] SETRA-LCPC, Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong>, fasc. 1-2-3, janv. 1976 et fasc. 4, oct. 1981.<br />

[3] SCHAEFFNER M., CAUSERO M., Utilisation des marnes du<br />

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dans l'utilisation et le traitement des graves<br />

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févr. 1982.<br />

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des Transports LCPC, Note d'information technique,<br />

Reconnaissance géologique et géotechnique des tracés de<br />

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[6] PUIG J., CARIOU J., Sonde pour la détermination des<br />

variations de la teneur en eau dans un déblai, Bull,<br />

liaison Labo. P. et Ch., 60, juill.-août 1972, p. 50-53.<br />

[7] TRAN NGOC LAN, SCHAEFFNER M., Utilisation de l'essai<br />

au bleu de méthylène en terrassements <strong>routiers</strong>, Bull,<br />

liaison Labo. P. et Ch., 111, janv.-févr. 1981.<br />

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broyabilité des roches, une nouvelle technique d'essai<br />

et d'analyse mise au point par le LCPC, Équipement<br />

mécanique carrières et matériaux, 187, oct. 1980.<br />

[9] SETRA-LCPC, Recommandation pour le traitement en<br />

place des sols fins à la chaux, août 1972.<br />

[10] Normalisation française des Ciments, janv. 1982,<br />

Centre d'information de l'Industrie cimentière, 41,<br />

avenue Friedland 75008 Paris.<br />

[11] MODE OPÉRATOIRE LCPC, Mesure du coefficient n<br />

d'activité du laitier granulé, de haut fourneau, Dunod,<br />

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[12] FERDY F., Utilisation des graves-cendres volantes de<br />

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et Ch., 82, mars-avr. 1976, p. 25-32.<br />

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conditions de réutilisation en remblai, Bull, liaison<br />

Labo. P. et Ch., 123, janv.-févr., 1983, p. 65-74.<br />

[14] YONNET D., GESTIN G., Utilisation d'une presse CBR<br />

sur chantier dans un gourgon, Bull, liaison Labo. P. et<br />

Ch., 83, mai-juin 1976, p. 138-139.<br />

[15] LEFLAIVE E., SCHAEFFNER M., Compactibilitè des sols<br />

appréciée par la mesure de leur perméabilité à l'air,<br />

Commun, colloq. inter, sur le compactage, ENPC-<br />

LCPC, Paris, avr. 1980, Ed. anc. ENPC.<br />

[16] BENOIST J., SCHAEFFNER M., La Dynaplaque, Bull, liaison<br />

Labo. P. et Ch., 122, nov.-déc. 1982, p. 61-72.<br />

[17] CENTRE DE RECHERCHES ROUTIÈRES ICRR), Estimation rapide<br />

de la portante des sols à l'aide d'une sonde de battage<br />

légère tvpe CRR. Méthode de mesure. Mode opératoire,<br />

MF 39/78, Bruxelles 1978.<br />

[18] DE RAGUENEL A., PUIATTI D., GESTIN G., Constatations<br />

sur les couches de forme de l'autoroute A13, Bull, liaison<br />

Labo. P. et Ch., 85, sept.-oct. 1976, p. 103-112.<br />

[19] Ministère de l'Équipement LCPC, Gel et dégel des<br />

chaussées, Note d'information technique, janv. 1975.<br />

[20] ESTÉOULE J., PERRET P., Le traitement des sols fins à la<br />

chaux, Bull, liaison Labo. P. et Ch., 99, janv.-<br />

févr. 1979, p. 99-109.<br />

142


Utilisation de l'essai au bleu de méthylène<br />

en terrassement routier<br />

TRAN NGOC LAN<br />

Ingénieur<br />

Département de géotechnique<br />

Laboratoire central des Ponts et Chaussées<br />

Présentation<br />

Marc SCHAEFFNER<br />

Chargé de mission<br />

Département de géotechnique<br />

Laboratoire central des Ponts et Chaussées<br />

RÉSUMÉ<br />

Cet article expose d'une façon détaillée le principe<br />

opératoire de l'essai au bleu de méthylène.<br />

Après avoir dégagé, à l'aide de rappels de la<br />

minéralogie des argiles, la signification fondamentale<br />

de cet essai, on le propose comme<br />

critère de classification des sols sous l'angle de<br />

l'importance de leurs phases argileuses. Appliqué<br />

à la classification décrite dans la Recommandation<br />

pour les terrassements <strong>routiers</strong> (RTR), cet<br />

essai apporte à celle-ci :<br />

- une simplification, car il s'applique aussi bien<br />

aux sols pulvérulents qu'aux sols cohérents,<br />

- une amélioration sur divers points, en particulier<br />

dans le cas des matériaux pour lesquels<br />

il n'existe pas d'essais satisfaisants (graves pauvres<br />

en fines, roches...).<br />

On met à profit par ailleurs le fait que le nouvel<br />

essai s'effectue sur une suspension aqueuse pour<br />

mettre au point un procédé opératoire qui,<br />

en un seul traitement simple et rapide de l'échantillon,<br />

permettra, une fois acquises toutes les<br />

données, de déterminer la classe RTR d'un sol.<br />

Enfin, les résultats des études de corrélation avec<br />

les essais classiques de sols montrent qu'à partir<br />

de la valeur de bleu on peut présumer le comportement<br />

d'un sol.<br />

MOTS CLÉS : 42 - Essai - Argile - Classification -<br />

Sol - Teneur - Terrassement - Evaluation - Minéralogie<br />

- Adsorption - Bleu de méthylène - Essai<br />

d'identification.<br />

L'identification des sols est un problème plus ou<br />

moins critique et complexe qui se pose lors de l'étude<br />

de tout projet de génie civil et de bâtiment.<br />

Son rôle général est de fournir une partie des données<br />

nécessaires à la définition des conditions de réalisation<br />

de l'ouvrage projeté dans le site qui lui a été<br />

réservé. Lorsque cet ouvrage est constitué en tout ou<br />

partie en terre, ce rôle général se double de celui de<br />

caractériser les sols rencontrés sur le site, ou éventuellement<br />

à proximité, en tant que matériaux de<br />

construction.<br />

Si l'on considère plus particulièrement ce second<br />

aspect qui est très important dans le cas d'ouvrages<br />

tels que remblais <strong>routiers</strong>, ferroviaires, digues, barrages,<br />

etc., on peut dire que l'objectif principal de<br />

l'identification des sols est de donner, dans les meilleures<br />

conditions de coût et de délai, une image suffisamment<br />

précise du sol rencontré pour pouvoir le<br />

situer dans une classe de sols à laquelle correspondent<br />

des conditions de mise en œuvre spécifiques.<br />

Il revient à la Recommandation pour les terrassements<br />

<strong>routiers</strong>* d'avoir pour la première fois proposé<br />

une classification générale des sols indiquant, pour<br />

chacune des classes qu'elle distingue, les conditions<br />

normales d'utilisation des sols en remblai et en couche<br />

de forme.<br />

* Ministère de l'Équipement, SETRA, LCPC, Recommandation<br />

pour les terrassements <strong>routiers</strong>, 1. Établissement des projets et<br />

conduite des travaux de terrassement, 2. Utilisation des sols en<br />

remblai et en couche déforme, 3. Compactage des remblais et des<br />

couches de forme, janv. 1976.<br />

5<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch. -111 - janv.-févr. 1981 - Réf. 2519


L'intérêt de cet outil dans l'étude des projets, la rédaction des marchés, la conduite<br />

et le contrôle des travaux de terrassement, n'est plus à démontrer ; de nombreuses<br />

publications et notamment dans le Bulletin de liaison en ont déjà largement rendu compte<br />

ces dernières années**.<br />

Aujourd'hui, c'est-à-dire environ quatre ans après la mise en application de la<br />

nouvelle classification, il apparaît possible d'y apporter quelques compléments et améliorations<br />

à la lumière d'une part des résultats des études générales poursuivies depuis<br />

cette époque sur Videntification des sols, et d'autre part des constatations réalisées par<br />

les ingénieurs ayant suivi son application pratique sur les chantiers.<br />

Il faut se souvenir en effet que la classification des sols proposée en 1976 comportait<br />

dans la classe particulièrement importante des «Roches évolutives » quelques<br />

« blancs » portant la mention « en cours d'étude » ; par ailleurs, à plusieurs occasions, des<br />

ingénieurs ont dénoncé le caractère insuffisamment significatif des critères retenus pour<br />

définir la classe des sols insensibles à l'eau et plus particulièrement les sous-classes Ü2et<br />

D3, insuffisances d'autant moins tolerables que le fait de situer un matériau dans cette<br />

classe a des conséquences capitales sur les choix technico-économiques dans le cas d'un<br />

projet de terrassement routier. Il faut enfin rappeler le problème général posé par les<br />

difficultés pratiques de mesure des critères retenus pour la définition des autres classes.<br />

Les compléments et améliorations de la classification des sols, présentés dans cet<br />

article, découlent de l'introduction de la « valeur de bleu de méthylène » dans la panoplie<br />

des critères d'identification des sols. Ce critère nouveau est mesuré par V essai au bleu de<br />

méthylène, imaginé et développé par M. Tran Ngoc Lan depuis 1973 ; il s'agit d'un essai<br />

remarquable par la qualité de l'information apportée eu égard à sa rapidité d'exécution et<br />

la simplicité du matériel qu'il requiert.<br />

Dans l'article qui suit, M. Tran Ngoc Lan propose une nouvelle démarche intéressante<br />

à plus d'un titre, qui s'appuie en premier lieu sur les deux critères suivants:<br />

dimension des plus gros éléments et valeur de bleu, pour classer les sols dans l'une ou<br />

l'autre des classes définies dans la Recommandation pour les terrassements <strong>routiers</strong>.<br />

Dans un premier temps, on peut considérer qu'il est souhaitable dans les études<br />

d'identification des sols d'inclure systématiquement la valeur de bleu aux autres critères<br />

traditionnels (Ip, ES, < 80 \xm < 2 mm...) ; il conviendra alors d'interpréter une absence<br />

éventuelle de convergence entre les deux démarches comme une nécessité d'identifier<br />

plus finement le sol considéré.<br />

Il est possible qu'à l'usage, la valeur de bleu se révèle comme pouvant se substituer<br />

avantageusement à certains des critères pris en compte dans la classification actuelle<br />

définie par la recommandation.<br />

Toutefois, et quels que soient les progrès apportés par l'introduction de ce nouveau<br />

critère, on ne peut pas encore considérer que le problème général de l'identification des<br />

sols en vue de leur utilisation pour constituer des ouvrages en terre soit parfaitement<br />

résolu; il subsiste notamment deux domaines où les techniques actuelles se révèlent<br />

insuffisantes.<br />

Le premier domaine est celui des sols comportant toutes les dimensions granulaires,<br />

depuis les blocs jusqu'aux argiles. Pour ces sols, se posent à la fois le problème du<br />

prélèvement d'échantillons représentatifs, au stade des études en particulier, et celui de<br />

la mesure de la granulante proprement dite. Cette dernière en effet ne peut dans la<br />

plupart des cas, pour des raisons pratiques évidentes, se satisfaire des techniques<br />

classiques de tamisage.<br />

Le second domaine concerne les roches évolutives. On peut s'attendre en effet à ce<br />

que la valeur de bleu, significative seulement de la quantité et de l'activité de l'argile<br />

** IFERGANJ., ROBICHON Y., JOUBAULTM., RENARDB., COLLINT., HAVARDH., FRAQUETP., Utilisation de<br />

la méthode de contrôle continu des terrassements sur la bretelle est du Mans, Bull, liaison Labo. P. et Ch.,<br />

103, sept.-oct. 1979, p. 67-69.<br />

ALIAS J. La ligne nouvelle à très grande vitesse reliant Paris au Sud-Est de la France, PCM, 8-9, août-sept.<br />

1979, p. 35-42.<br />

BONIN R. Les <strong>Terrassements</strong> pour la construction de la centrale nucléaire de St-Alban — St-Maurice,<br />

Travaux, 543, mai 1980, p. 107-113.


li<br />

emprisonnée dans la roche, ne soit pas un critère suffisant pour prévoir son risque<br />

d'évolution, puisque dans ce phénomène intervient évidemment la résistance structurale<br />

de la roche.<br />

Il reste donc encore à chercher des solutions techniques dont le coût soit cohérent<br />

avec les risques encourus par une insuffisance d'identification pour ces deux catégories<br />

de sols, risques qui par ailleurs, pour les roches évolutives en particulier, sont encore mal<br />

estimés.<br />

Les moyens actuels d'extraction et de transport<br />

permettent d'obtenir dans les chantiers de terrassement<br />

une cadence élevée de mise en œuvre. Par<br />

conséquent, il est nécessaire que les contrôles et le<br />

suivi des travaux puissent être réalisés avec des essais<br />

suffisamment rapides. De même, les études géotechniques<br />

approfondies ou relatives à de gros projets<br />

entraînent un volume considérable d'essais.<br />

On ressent, dans les deux cas, la nécessité de trouver<br />

de nouveaux essais et de moderniser le matériel.<br />

Ainsi ont été introduits notamment le four à microondes<br />

pour la mesure de la teneur en eau ou le Sedigrah,<br />

version automatique et accélérée de la sédimentométrie.<br />

Il est également mis à l'étude un ensemble de procédés<br />

de préparation et d'identification des sols, qui<br />

ont tous la particularité de porter sur une suspension<br />

aqueuse. Cet état de sol se prête bien en effet à des<br />

opérations simples, rapides, qu'on peut rendre facilement<br />

automatiques.<br />

Il en est ainsi de l'essai dit au bleu de méthylène dont<br />

il est question dans cet article. Il y sera exposé successivement<br />

le principe de cet essai d'une façon plus<br />

détaillée que précédemment [1], les premiers résultats<br />

des études de corrélation avec les essais classiques<br />

d'identification et de comportement, ainsi<br />

qu'une méthode pour déterminer à l'aide de cet essai<br />

le classement d'un sol donné dans la classification<br />

générale définie dans la Recommandation pour les<br />

terrassements <strong>routiers</strong> (RTR) [2].<br />

Il faut souligner que les essais d'identification actuels<br />

sont le plus souvent empiriques et que les résultats<br />

dépendent pour une large part du savoir-faire de<br />

l'opérateur. L'un des objectifs poursuivis dans cette<br />

étude est de mettre à la disposition des maîtres d'œuvre<br />

et des entreprises des moyens d'investigation qui<br />

nécessitent peu de personnel et notamment de personnel<br />

qualifié, ce qui est particulièrement utile dans<br />

beaucoup de chantiers hors métropole.<br />

Schématiquement, chaque particule peut se représenter<br />

comme un empilement de feuillets, lesquels<br />

résultent à leur tour de la superposition alternée de<br />

couches tétraédriques de silice, de couches octaédriques<br />

d'alumine.<br />

L'épaisseur du feuillet est une caractéristique cristallographique<br />

du minéral argileux. On distingue ainsi<br />

principalement les familles à 7Â (kaolinite...), à<br />

10 Â (muscovite, pyrophyllite... montmorillonite) et<br />

à 14 À (chlorite...).<br />

Kaolinite Montmorillonite Chlorite<br />

La structure cristalline des minéraux argileux apparaît<br />

ainsi de prime abord d'une grande simplicité,<br />

pouvant se ramener à la limite à un jeu de construction<br />

de tétraèdres et d'octaèdres (fig. 1).<br />

Octaèdre<br />

isolé<br />

(AL(OH3:<br />

Couche tétraédrique<br />

de silice<br />

Couche octaédrique<br />

d'alumine<br />

Symbole<br />

Symbole<br />

1J4A<br />

Fig. 1 - Structure cristalline des argiles.<br />

LE LIEN ENTRE L'ESSAI<br />

AU BLEU DE MÉTHYLÈNE ET LES ARGILES<br />

Les argiles sont essentiellement des produits de décomposition<br />

de roches par altération physicochimique.<br />

Leurs particules ont la forme de plaquettes<br />

ou d'aiguilles de taille inférieure, et parfois très<br />

inférieure, à 2 um. Leur structure cristalline très particulière<br />

leur confère un ensemble de propriétés de<br />

comportement appelé activité : cohésion, plasticité,<br />

gonflement, affinité pour l'eau, etc.<br />

Pourtant deux remarques s'imposent:<br />

— L'extrême variété des espèces argileuses, telles<br />

qu'elles sont dénombrées dans les livres de minéralogie<br />

(400 à 500 espèces), contraste avec «la monotonie<br />

structurale» précédente.<br />

— Comment expliquer qu'une famille comme celle à<br />

10 Â puisse donner lieu à des minéraux de réactivité<br />

7


infiniment variée. Ainsi la muscovite et la pyrophyllite<br />

sont inertes, alors que la montmorillonite est la<br />

plus active des argiles.<br />

C'est qu'en effet l'édifice cristallin comporte des<br />

défauts liés principalement aux substitutions isomorphes.<br />

On désigne ainsi le remplacement de certains<br />

cations constitutifs du réseau cristallin par<br />

d'autres de moindre valence (le silicium et l'aluminium<br />

respectivement par l'aluminium et le magnésium).<br />

Les nombreuses variétés argileuses correspondent<br />

alors aux divers modes de distribution et degrés<br />

d'abondance de ces défauts. Une argile est d'autant<br />

plus active que sa structure cristalline est désorganisée.<br />

Ces défauts, qui sont des déficits de charge,<br />

affaiblissent les forces ioniques de liaison entre les<br />

feuillets. Ceux-ci ont tendance :<br />

— soit à se séparer les uns des autres ; le cristal<br />

argileux s'individualise donc, comme il a été mentionné,<br />

en particules très fines,<br />

— soit à s'écarter, laissant l'eau accéder aux espaces<br />

interfoliaires.<br />

Les argiles actives sont ainsi caractérisées par une<br />

surface spécifique interfoliaire — dite interne — extrêmement<br />

élevée (800 m 2 /g), s'ajoutant à une surface<br />

externe déjà considérable (80 m 2 /g).<br />

Ces surfaces sont abondamment chargées du fait des<br />

déficits de charge, ce qui explique deux comportements<br />

parallèles :<br />

D'une part, elles sont le siège de forces électriques<br />

agissant sur les molécules d'eau qui, étant polaires, y<br />

sont très sensibles. Il s'établit ainsi un rapport privilégié<br />

entre les particules argileuses et l'eau, rapport<br />

sans lequel, disait Mering, «le terme même d'argile<br />

n'aurait pas de sens» et qui est à l'origine de l'activité<br />

des argiles.<br />

D'autre part, ces sites de charges superficielles<br />

fixent des cations quand les particules sont mises en<br />

présence d'une solution ionique. C'est le cas de la<br />

solution de bleu de méthylène dont les molécules<br />

adhèrent aussi bien sur la surface interne que sur la<br />

surface externe des argiles.<br />

Ainsi un sol adsorberá proportionnellement d'autant<br />

plus de bleu de méthylène que :<br />

— la quantité d'argile qu'il contient est importante,<br />

— que cette argile est active, c'est-à-dire comme<br />

nous l'avons vu, qu'elle développe une surface spécifique<br />

— interne et externe — élevée et qu'elle est<br />

abondamment chargée.<br />

La quantité de bleu adsorbée qu'il s'agit de mesurer<br />

dans cet essai représente ainsi une saisie directe, et<br />

dans son aspect le plus significatif, de la phase argileuse.<br />

C'est donc une grandeur de choix pour la<br />

caractériser.<br />

L'ESSAI AU BLEU DE MÉTHYLÈNE [3]<br />

Le principe de l'essai consiste à introduire des quantités<br />

croissantes de bleu de méthylène par doses successives,<br />

jusqu'à ce que les particules argileuses en<br />

soient saturées ; il apparaît alors un début d'excès qui<br />

marque la fin de l'essai et que l'on détecte par le test<br />

dit de la tache. Ce dernier consiste à former avec une<br />

goutte de la suspension, et sur du papier filtre, une<br />

tache qui est un dépôt de sol coloré en bleu soutenu,<br />

entouré d'une zone humide en général incolore<br />

(fig. 2 a). L'excès se traduit par l'apparition dans<br />

cette zone d'une auréole bleu clair. On dira alors que<br />

le test est positif (fig. 2 b).<br />

En pratique, on procède de la manière suivante:<br />

— L'échantillon de sol est mis à tremper avec 100 ou<br />

200 ml d'eau dans un récipient. Le bain obtenu sera<br />

maintenu en permanence sous agitation.<br />

— On injecte dans le récipient, à l'aide d'une burette,<br />

des doses successives de 5 ml d'une solution<br />

de bleu de méthylène, chaque addition étant suivie<br />

du test de la tache sur le papier filtre. On procède<br />

ainsi jusqu'à ce que le test devienne positif. A ce<br />

moment, on laisse s'opérer l'adsorption du bleu sur<br />

les particules argileuses du sol sans rien y ajouter,<br />

tout en effectuant de minute en minute des tests.<br />

— Si au bout de cinq minutes, le test est toujours<br />

positif, le dosage est considéré comme terminé ; dans<br />

Fig. 2a- Tache sans auréole (test négatif).<br />

Fig. 2b- Tache avec auréole bleu clair (test positif).<br />

8


À<br />

QUELQUES RÉSULTATS DES ÉTUDES<br />

DE CORRÉLATION<br />

Deux exemples de variations des valeurs de bleu en<br />

fonction de l'équivalent de sable (fig. 4) et de l'indice<br />

de plasticité (fig. 5) sont indiqués.<br />

Dans cette dernière figure on a porté pour chaque<br />

point expérimental la moyenne des valeurs de bleu<br />

sur une vingtaine de sols fins, ayant tous le même<br />

indice de plasticité. Le lien entre ces deux essais est<br />

confirmé par la corrélation du coefficient de Skempton<br />

(Ip/% < 2 u.m) et la valeur de bleu de la fraction<br />

granulaire assimilée à l'argile (< 2 u,m) (fig. 6).<br />

Fig. 3 - Matériel pour l'essai au bleu.<br />

le cas contraire on renouvelle ces opérations jusqu'à<br />

ce que ce résultat soit obtenu.<br />

— De la quantité de bleu totale qu'on aura introduite<br />

et qui dépend de la masse sèche de la prise d'essai, on<br />

calculera la quantité correspondant à 100 g de sol,<br />

appelée valeur de bleu du sol. Son ordre de grandeur<br />

va de 0,5 - 2 g pour les sables courants, à 10 ou 12 g<br />

pour les sols cohérents.<br />

VB (g/100 g de sol)<br />

Fig. 4 - Variation de la valeur de bleu des sables en fonction<br />

de l'équivalent de sable piston.<br />

10 - VB<br />

(unité arbitraire)<br />

L'essai est rapide : de 10 à 40 minutes selon le type de<br />

sol. Aucune préparation particulière n'est nécessaire,<br />

sinon un écrêtage éventuel des gros éléments<br />

(> 10 mm) qui pourraient gêner l'agitateur. Le matériel<br />

nécessaire est facile à se procurer et peu coûteux:<br />

une burette, un agitateur de laboratoire et du<br />

papier filtre (fig. 3).<br />

L'utilisation de cet essai, qui est donc d'une grande<br />

simplicité, se heurte toutefois aux difficultés d'interprétation<br />

liées au manque de référence pratique.<br />

5 -<br />

Afin d'atténuer cet inconvénient, ont été entreprises<br />

:<br />

— d'une part, une étude de corrélation permettant<br />

de le situer par rapport aux essais classiques d'identification<br />

et de comportement,<br />

— d'autre part, la recherche des valeurs de bleu<br />

qu'on peut attribuer aux différentes classes de la<br />

RTR.<br />

2 -<br />

i i i i I i i i i I i i i_>-<br />

5 10 l p<br />

Fig. 5 - Variation de la valeur de bleu en fonction<br />

de l'Ip des sols limoneux.<br />

9


25<br />

.VB (g/100 g de sol)<br />

Td,<br />

OPN<br />

Phase B<br />

1,80 -<br />

20<br />

1,70<br />

1,60<br />

15<br />

1,50<br />

Fig. 8-Variation de yd OPN en fonction de la valeur de bleu des<br />

sables [5]. '<br />

10<br />

On constate que les corrélations de cette caractéristique<br />

Proctor avec les résultats d'essais d'identification,<br />

que ceux-ci soient nouveaux ou classiques, ont<br />

une dispersion comparable.<br />

A i i 1_ J 1 L<br />

0,5 1,0 1,5<br />

Coeff. de Skempton<br />

Fig. 6 - Variation du coefficient de Skempton en fonction de la valeur<br />

de bleu de laf raction argileuse (< 2 nm) (coeff. de corrélation r = 0,85).<br />

La figure 11 indique par ailleurs que, pour les sols<br />

limoneux, la teneur en eau qui correspond au même<br />

indice portant CBR de 5 par exemple, croît linéairement<br />

avec la valeur de bleu.<br />

Ces quelques exemples de corrélation montrent que<br />

l'essai au bleu est bien un essai de sol. Ayant la<br />

simplicité et la rusticité requises pour cet emploi, le<br />

nouvel essai permet non seulement de reconnaître<br />

rapidement la nature du sol, mais aussi d'en présumer<br />

le comportement.<br />

1,90<br />

i TdfjpM<br />

TdoPN = - ^ + 1,90<br />

UTILISATION DE L'ESSAI AU BLEU COMME UN<br />

CRITÈRE DE CLASSIFICATION DES SOLS<br />

1,80 —<br />

1,70<br />

1,60l__l I L<br />

30 40<br />

ES (H) au piston<br />

Fig. 7 - Variation de Yd OPN en fonction de TES piston [4].<br />

De même, nous avons mis côte à côte les courbes<br />

d'évolution de la densité optimale Proctor (yd OPN)<br />

en fonction :<br />

— de la valeur de bleu et de l'équivalent de sable<br />

(fig. 7 et 8),<br />

— de la valeur de bleu et des limites d'Atterberg<br />

pour les sols cohérents (fig. 9 et 10).<br />

Le fascicule 2 de la RTR, dont l'objet est d'indiquer<br />

les conditions d'utilisation des sols en remblais et en<br />

couches de forme, répartit les sols en six classes (A,<br />

B, C, D, E, F); elles-mêmes sont divisées en sousclasses<br />

en fonction des caractéristiques intrinsèques<br />

les plus importantes pour chaque matériau du point<br />

de vue de leur réutilisation. Les tableaux I et II<br />

rappellent les caractères généraux des sols de ces<br />

classes ; tous sont des sols et des roches naturels, à<br />

l'exception de la classe F qui comprend les matériaux<br />

divers tels que les déchets industriels ; cette<br />

dernière classe n'est pas concernée par cette étude.<br />

Les commentaires relatifs à ces classes indiquent<br />

que deux critères président à cette classification:<br />

— L'un porte sur la granularité, en particulier sur la<br />

dimension des plus gros éléments (D) qui conditionne<br />

en premier lieu les différents aspects de la<br />

mise en œuvre (outils de terrassement ou de traitement<br />

des sols, possibilité de régalage, etc.).<br />

— L'autre est le degré de sensibilité à l'eau. Celle-ci<br />

se traduit par une variation plus ou moins rapide de<br />

consistance ou de portance du sol en fonction de<br />

l'environnement hydrique.<br />

10


À<br />

7d<br />

2,00<br />

1,90<br />

1,80<br />

1,70<br />

\* •* i £ XttÂ0T» • • v<br />

* V . " . ••••<br />

...<br />

• • . . • t . . i • • •<br />

1,60<br />

1,50<br />

10 15 20 25 30 35 lr<br />

Le pourcentage de fines contenues dans le sol est<br />

bien entendu en relation directe avec cette dernière<br />

propriété, il est par conséquent un critère de classification<br />

dans la RTR. Mais il faut bien voir que, dans<br />

beaucoup de sols, ce sont les argiles présentes dans<br />

ces fines, plus que les fines elles-mêmes, qui leur<br />

confèrent une certaine plasticité et ces fines conditionnent,<br />

à leur tour, la réaction du sol global vis-àvis<br />

de l'eau. C'est l'activité des argiles du sol qui, en<br />

fin de compte, devrait servir de critère principal de<br />

classification.<br />

Il est donc opportun d'introduire la valeur de bleu<br />

dans la RTR à côté des essais classiques. Rappelons<br />

d'abord que l'appartenance d'un sol à une classe est<br />

définie actuellement :<br />

— par plusieurs des critères granulaires suivants : la<br />

taille du plus gros élément, le pourcentage à 50 mm,<br />

11


Définition des classes: caractères généraux<br />

CLASSE<br />

DÉNOMINATION<br />

CRITÈRES<br />

CARACTÉRISTIQUES<br />

EXEMPLES<br />

COMMENTAIRES<br />

A<br />

Sols fins.<br />

D < 50 mm.<br />

Tamisât à 80 u,m<br />

> 35 %.<br />

Silts, limons,<br />

argiles, etc.<br />

Tous les sols des classes A, B et C, même non plastiques<br />

(silts, sables très fins) sont sensibles à l'eau,<br />

cette sensibilité étant considérée dans l'optique de<br />

l'exécution des terrassements (trafficabilité, compactage)<br />

et du comportement des plates-formes.<br />

B<br />

Sols sableux ou<br />

graveleux avec fines.<br />

D < 50 mm.<br />

Tamisât à 80 u,m<br />

entre 5 et 35 %.<br />

Sables et graves<br />

argileux, etc.<br />

La différence entre les classes A et B est dans le<br />

pourcentage de fines, d'où des différences de sensibilité<br />

à l'eau (plus ou moins long temps de réponse aux<br />

variations des conditions météorologiques) et de<br />

comportement mécanique (frottement, cohésion).<br />

La différence principale entre les classes B et C<br />

concerne les gros éléments : présence de cailloux et de<br />

blocs dans les sols de la classe C, d'où:<br />

C<br />

Sols comportant<br />

des fines et<br />

des gros éléments.<br />

D > 5 mm.<br />

Tamisât à 80 u,m<br />

> 5 %.<br />

Argiles à silex,<br />

alluvions grossières,<br />

etc.<br />

— emploi possible ou non selon la classe de certains<br />

outils de terrassement,<br />

— difficulté, pour les sols C, de réglage des platesformes,<br />

d'exécution des tranchées...<br />

D<br />

Sols et roches<br />

insensibles à l'eau.<br />

Tamisât à 80 |xm<br />

< 5 %.<br />

Sables et graves<br />

propres, matériaux<br />

rocheux sains, etc.<br />

L'insensibilité à l'eau est considérée dans l'optique de<br />

l'exécution des terrassements: effet négligeable des<br />

conditions météorologiques sur la qualité des ouvrages<br />

réalisés.<br />

E<br />

Roches évolutives.<br />

Fragilité et altérabilité<br />

définies par des essais<br />

dépendant de la nature'<br />

des matériaux.<br />

Craies, schistes, etc.<br />

Matériaux évoluant pendant les travaux ou par la suite<br />

vers un sol sensible à l'eau ou vers une structure<br />

différente pouvant entraîner des tassements.<br />

F<br />

Matériaux<br />

putrescibles,<br />

combustibles,<br />

solubles ou polluants.<br />

Critères caractéristiques<br />

dépendant de la<br />

nature des matériaux.<br />

Tourbe, schistes<br />

houillers, gypse,<br />

résidus industriels<br />

polluants, etc.<br />

Lorsqu'ils sont utilisables, ce matériaux doivent l'être<br />

dans les conditions applicables à la classe A, B, C, D<br />

ou E à laquelle ils.se rattachent d'après leurs caractéristiques<br />

granùlométriques ou éventuellement leur caractère<br />

de roche évolutive.<br />

2 mm et 80 pm de la courbe granulaire cumulative,<br />

— par l'indice de plasticité ou par l'équivalent de<br />

sable selon le cas.<br />

L'introduction de la valeur de bleu consiste à affecter<br />

à chaque classe de sol, outre l'Ip ou TES, la valeur de<br />

bleu correspondante, les critères granulaires restant<br />

les mêmes. Le tableau II comporte ainsi une nouvelle<br />

colonne dans laquelle figure, en regard de chaque<br />

sous-classe, une certaine étendue de valeurs de bleu.<br />

Celles-ci ont été déterminées sur la base des corrélations<br />

déjà mises en évidence et en tenant compte des<br />

observations des comportements des sols en chantier.<br />

L'introduction de la valeur de bleu dans la RTR<br />

permet d'apporter un certain nombre d'améliorations<br />

qui sont spécifiques à chaque classe de sol et<br />

qui sont contenues dans les remarques suivantes :<br />

Classes A et B : Les sols de ces classes constituent,<br />

selon l'importance respective des phases argileuses<br />

et grenues, une suite continue allant des sols cohérents<br />

aux sols pulvérulents. Pour traduire l'importance<br />

de la phase argileuse, on dispose soit de l'Ip<br />

soit de TES selon le type de sol étudié.<br />

C'est une situation guère satisfaisante que d'avoir<br />

recours à deux essais de principes très semblables.<br />

On ne sait pas a priori lequel des essais appliquer ni<br />

comment classer par exemple un sol à Ip = 4 par<br />

rapport à un sol à ES = 10 ou 15.<br />

Par ailleurs, ce sont des essais empiriques. Il n'existe<br />

pas de règle rationnelle permettant de déduire des<br />

limites d'Atterberg ou de TES un indice exprimant le<br />

caractère argileux du sol total. Sans un tel indice, il<br />

est difficile de classer les sols convenablement : ainsi<br />

il n'est pas certain qu'un sol A 3 (I_ = 25 ; % < 80 u.m<br />

= 40) soit plus argileux qu'un sol A 2 (I„ = 15 ; % <<br />

80 pm = 70).<br />

De même, comment comparer les deux sols sableux<br />

suivants :<br />

ES = 40, % < 2 mm = 90, sable dit silteux (Bj),<br />

ES = 20, % < 2 mm = 75, sable dit argileux (B2).<br />

Un exemple extrait de la RTR illustre bien ce genre<br />

de difficulté.<br />

On remarque en effet que la valeur de l'équivalent de<br />

sable qui doit séparer les matériaux B silteux et argileux<br />

est différente selon qu'il s'agit d'un sable (ES =<br />

35) ou d'une grave (ES = 25). La raison en est que<br />

TES représente l'argilosité du sol total dans le cas<br />

d'un sable, et seulement celle de la fraction < 5 mm<br />

(ou 2 mm) dans le cas d'une grave.<br />

A caractère argileux du sol total égal, on est conduit à<br />

admettre dans les sols graveleux un ES plus faible<br />

que celui des sols sableux.<br />

Au regard de ces difficultés, l'essai au bleu représente<br />

un progrès incontestable : en effet, il s'applique<br />

12


Classe<br />

Ao<br />

VB<br />

< 0,1<br />

lp < 10 Ai 0,1-1,5<br />

Sols fins.<br />

D < 50 mm<br />

10 < lp < 20 A 2<br />

1,5-5<br />

Tamisât<br />

à 80 um > 35 %<br />

20 < lp < 50 A 3<br />

5-9<br />

lp > 50 A 4<br />

> 9<br />

Sols sableux<br />

et graveleux<br />

avec fines.<br />

D < 50 mm<br />

Tamisât à 80 u.m<br />

entre 5 et 35 %<br />

Tamisât<br />

à 80 |xm<br />

de 5 à 12 %<br />

Refus à 2 mm<br />

< 30 %<br />

ES > 35<br />

ES < 35<br />

Bi<br />

B 2<br />

< 0,1<br />

0,1-0,5<br />

ES > 25 B 3<br />

< 0,1<br />

Refus à 2 mm<br />

> 30 % ES < 25 B 4<br />

0,1-0,5<br />

Sols comportant<br />

des fines et<br />

des gros éléments.<br />

D > 50 mm<br />

Tamisât<br />

à 80 u.m > 5 %<br />

Tamisât<br />

à 80 u,m<br />

de 12 à 35 %<br />

lp < 10<br />

lp > 10<br />

B 5<br />

B 6<br />

0,5-1,5<br />

1,5-5<br />

Tamisât à 80 u.m élevé Ci > 1,5<br />

Tamisât<br />

D < 250 mm c2 0,1-1,5<br />

à 80 u,m<br />

faible D > 250 mm c3 0,1-1,5<br />

Sols et roches<br />

insensibles à l'eau.<br />

Tamisât<br />

à 80 |xm < 5 %<br />

D < 50 mm<br />

Refus à 2 mm < 30 % Di < 0,1<br />

Refus à 2 mm > 30 % D 2<br />

< 0,1<br />

50 mm < D < 250 mm D 3<br />

< 0,1<br />

D > 250 mm D 4<br />

< 0,1<br />

Matériaux à structure<br />

fine, fragile avec<br />

peu ou pas d'argile.<br />

Ei < 1,5<br />

Roches évolutives.<br />

Matériaux à structure<br />

grossière, fragile avec<br />

peu ou pas d'argile.<br />

E 2 < 1,5<br />

Matériaux évolutifs<br />

argileux<br />

E 3<br />

> 1,5<br />

à tous les sols, pulvérulents et cohérents, recouvrant<br />

les domaines d'application des limites d'Atterberg et<br />

de l'équivalent de sable.<br />

On peut en outre choisir d'effectuer l'essai sur n'importe<br />

quelle fraction granulaire 0/d, il est aisé de<br />

passer de la valeur de bleu mesurée sur la classe<br />

granulaire 0/d à celle du sol total 0/D par l'expression:<br />

VB 0 / D= VB 0 / dx%d<br />

% d étant la proportion de la classe granulaire 0/d<br />

dans le sol 0/D. La valeur de bleu du sol total représente<br />

alors 1'« indice d'argilosité » qui faisait défaut<br />

aux essais classiques. Elle nous permet d'établir une<br />

échelle unique de classement des sols A et B.<br />

C'est grâce à cette possibilité que, dans l'exemple<br />

déjà cité des sols B, la valeur de bleu qui doit séparer<br />

l'état silteux de l'état argileux est la même, qu'il<br />

s'agisse d'un sol sableux ou d'un sol graveleux.<br />

La valeur de bleu permettrait de créer ultérieurement<br />

une sous-classe A 0 (VB 0,1). Il resterait à définir leurs conditions<br />

spécifiques d'utilisation en remblai et en couche de<br />

forme.<br />

Classes C et D: Les sols C et D sont définis exclusivement<br />

par des paramètres granulaires, notamment<br />

par le plus gros diamètre D et par le pourcentage de<br />

fines.<br />

La détermination de ce dernier pourcentage dans ces<br />

classes de sols pose des problèmes pratiques du fait<br />

de la présence de très gros éléments qui nécessitent<br />

la manipulation d'un volume important de matériau.<br />

On n'est jamais à l'abri d'un manque de représentativité<br />

des prélèvements. La mesure du pourcentage de<br />

fines étant peu précise, la distinction de certains sols<br />

C 2 ou C 3 des sols D apparaît parfois artificielle.<br />

On a par ailleurs observé sur de nombreux chantiers<br />

que des sols, dont les pourcentages de fines les classent<br />

comme des sols D, peuvent avoir selon la nature<br />

13


plus ou moins argileuse de leurs fines, des comportements<br />

des sols C 2 ou C 3, c'est-à-dire sensibles à<br />

l'eau, ou peu perméables ou encore difficiles à compacter.<br />

Compte tenu des difficultés de mesure du pourcentage<br />

de fines, on peut s'accomoder de l'évaluation<br />

approximative de ce pourcentage et compléter la<br />

description de ces sols par leur valeur de bleu.<br />

Celle-ci exprime le rôle de la phase argileuse, au<br />

moins aussi important que celui de la quantité de<br />

fines et actuellement sous-estimé dans la RTR.<br />

Ce nouvel essai est particulièrement adapté à la très<br />

grande diversité des fines de ces sols qui peuvent<br />

aller des poudres de roches (D3, D4) aux argiles très<br />

plastiques (sols C 2 ou C3).<br />

Classe E: Il s'agit essentiellement des roches dites<br />

évolutives. Ces roches, tout en ayant au départ une<br />

certaine cohésion, peuvent se fragmenter ou se déliter<br />

durant et après la mise en œuvre.<br />

A l'origine de ce caractère évolutif se trouve là encore<br />

la phase argileuse, l'autre facteur déterminant<br />

étant la structure de la roche qui peut être plus ou<br />

moins fragile.<br />

Certaines valeurs de bleu remarquables ont été mises<br />

en évidence. La valeur nulle sépare les roches carbonatées<br />

et les roches silicatées parfaitement saines<br />

des autres roches plus ou moins altérées.<br />

De même, il existe dans les marnes un seuil de l'ordre<br />

de 3 à 4 tel que les roches ayant une valeur de bleu<br />

supérieure apparaissent toutes comme très délitables<br />

[V].<br />

Il a donc été possible de rendre quantitatives les<br />

définitions restées très qualitatives dans la RTR, telles<br />

que « matériaux peu ou pas argileux » (E j, E 2) ou<br />

matériaux très argileux (E3).<br />

Les valeurs de bleu du tableau II ne constituent pas<br />

des délimitations rigoureuses des classes et sont proposées<br />

à titre expérimental, il est probable qu'à<br />

l'usage et avec l'avancement des études, elles seront<br />

ultérieurement ajustées.<br />

D (mm)M k<br />

D4<br />

E2<br />

C3<br />

E2<br />

Ei<br />

E,<br />

250<br />

D3<br />

E2<br />

Ei<br />

C2<br />

E2<br />

Ei<br />

Graphique I<br />

50<br />

A t ou /<br />

B,D,E,<br />

AiB2E,<br />

A i B2 E]<br />

A2B6E3 A 3 E3<br />

A 4 E3<br />

B3D2E2<br />

B 4E 2<br />

B4E2<br />

Bs<br />

0,1 0,5 1.0 1,5 9 VB (sol total)<br />

Fig. 12 - Représentation des différentes<br />

classes RTR en fonction de la valeur<br />

de bleu, du pourcentage de fines et du<br />

diamètre D.<br />

D (mm)<br />

k<br />

Ci<br />

D4<br />

c3<br />

C3<br />

250<br />

Ci<br />

•<br />

Ci<br />

Graphique II<br />

0 3 c2<br />

c2<br />

50<br />

Ui B] Bs Bs<br />

A,<br />

D2<br />

B2 B6 B6<br />

A2<br />

B3 A 3<br />

B4 A 4<br />

12 20 35 < 80 um (%)<br />

*-<br />

14


CONSÉQUENCES PRATIQUES<br />

DE L'UTILISATION DE L'ESSAI AU BLEU<br />

COMME CRITÈRE DE CLASSIFICATION.<br />

En disposant de la valeur de bleu du sol total qui est,<br />

avec le pourcentage de fines et le diamètre D des plus<br />

gros éléments, l'une des trois caractéristiques communes<br />

à toutes les classes de sol, on peut alors résumer<br />

la RTR par deux graphiques (fig. 12). Ils comportent<br />

en ordonnée le diamètre D, et en abcisses, la<br />

valeur de bleu pour le graphique I et le pourcentage<br />

de fines pour le graphique IL Cette présentation<br />

permet de percevoir la parenté et les différences qui<br />

existent entre les diverses classes. Il est ainsi apparent<br />

sur le graphique II que les sols C, sont en général<br />

des sols A dans lesquels se trouvent noyés de gros<br />

éléments. D'après le graphique I, ces sols C¡ auront<br />

des comportements du type A 2, A 3 ou A 4 selon leur<br />

valeur de bleu. La RTR comporte des renvois d'une<br />

sous-classe à l'autre lorsque les caractères principaux<br />

de ces sous-classes sont considérés comme très<br />

semblables. Ce fait se vérifie sur le graphique I où ces<br />

sols (B[, D., B 3, D2) se retrouvent dans la même<br />

case. Un sol E 3 peut évoluer vers un sol C t ou un sol<br />

A plastique, selon sa fragmentabilité ou sa propension<br />

au délitage. De même, les sols E 2, Ej, peuvent<br />

conduire à l'un quelconque des sols de la classification<br />

autre que les sols Ci ou A, et ainsi de suite.<br />

Sur le plan pratique, l'utilisation de cette classification<br />

permet de tirer le meilleur parti de la simplicité<br />

du nouvel essai. En effet, on peut l'effectuer directement<br />

sur l'eau de lavage du sol à travers un tamis de<br />

large maille (10 mm). On s'affranchit ainsi de la nécessité<br />

que requièrent les essais d'Atterberg de travailler<br />

sur une masse plastique. On connaît en effet la<br />

multiplicité des opérations pour récupérer les fines et<br />

le temps ainsi perdu: lavage, tamisage à travers des<br />

mailles fines (0,4 mm), décantation, siphonage.<br />

D'une façon plus générale, un aperçu de la procédure<br />

d'essai qui est en cours d'étude permet de faire ressortir<br />

cet avantage : le sol tout-venant, éventuellement<br />

écrêté à 100 mm, est mis en dispersion dans<br />

l'eau, dans un appareil à faible coût. Après cette<br />

opération qui dure une trentaine de minutes, le bain<br />

de sol obtenu est déversé à partir de cet appareil dans<br />

un grand bac d'une cinquantaine de litres de capacité,<br />

à travers deux tamis, l'un de 50 mm, l'autre de<br />

2 mm. Ces tamis correspondent aux dimensions des<br />

éléments dont les pourcentages constituent des critères<br />

de classification de la RTR.<br />

Le liquide recueilli dans le bac servira :<br />

— à l'exécution de l'essai au bleu sur un prélèvement,<br />

— à l'essai de sédimentation dont l'objet est de déterminer<br />

très rapidement le pourcentage des inférieurs<br />

à 80 um. Il consiste à introduire dans le bac un<br />

densimètre dont l'enfoncement, lu au bout de trente<br />

secondes, permet de déterminer la concentration volumique<br />

en fines du bain de sol. Le volume liquide<br />

étant connu à l'aide du compteur dont est muni l'appareil,<br />

on évalue ainsi la masse totale de fines et par<br />

suite leur pourcentage.<br />

L'expérimentation de cet appareil de mise en dispersion,<br />

qui existe à l'état de prototype, montre qu'on<br />

atteint une excellente qualité de lavage des éléments<br />

> 2 mm. Les résultats de l'essai au bleu et de sédimentation<br />

sont relativement proches de ceux obtenus<br />

sur les fines recueillies par décantation (à 10 %<br />

près).<br />

On observe que l'ensemble de ces opérations ne<br />

porte effectivement que sur des milieux liquides;<br />

elles sont de ce fait très rapides. Lorsque tout l'équipement<br />

étudié sera mis au point, le procédé opératoire<br />

que nous venons de définir devrait fournir dans<br />

un délai qui n'excéderait pas deux heures :<br />

— les points de la courbe granulaire correspondant<br />

respectivement aux diamètres de 50 mm, de 2 mm et<br />

de 0,08 mm,<br />

— la valeur de bleu du sol.<br />

On disposerait alors, en appliquant la nouvelle classification,<br />

de toutes les données nécessaires pour déterminer<br />

la classe RTR d'un sol, hormis la valeur du<br />

diamètre D.<br />

Il convient de souligner qu'en terrassement, la lourdeur<br />

des essais d'identification décourage rapidement<br />

les identificateurs qui préfèrent s'en remettre<br />

systématiquement à leur appréciation visuelle et<br />

s'exposent de ce fait à commettre des erreurs que<br />

quelques essais de recalage de leur jugement auraient<br />

évitées.<br />

On peut donc penser que la méthode d'identification<br />

globale et rapide qui vient d'être exposée devrait<br />

apporter une amélioration sensible à cette situation.<br />

CONCLUSIONS.<br />

En fondant le nouvel essai sur le phénomène d'adsorption<br />

du bleu de méthylène, nous avons voulu<br />

caractériser la phase argileuse du sol par l'aspect<br />

même qui se situe à l'origine de toutes ses propriétés :<br />

son aptitude à fixer de l'eau.<br />

En terrassement, cet essai apporterait dans nos<br />

méthodes d'identification :<br />

— une plus grande rigueur, car il n'est pas empirique<br />

et possède au plan fondamental une signification<br />

précise,<br />

— une plus grande cohérence, car il éviterait d'avoir<br />

recours à deux essais selon la nature pulvérulente ou<br />

cohérente du sol,<br />

— une simplification opératoire notable.<br />

L'interprétation de cet essai se trouve facilitée par<br />

les corrélations avec les essais classiques. L'existence<br />

de ces corrélations s'explique par le rôle déterminant<br />

de la phase argileuse dans tous les comportements<br />

des sols.<br />

Nous avons indiqué les valeurs de bleu correspondant<br />

aux classes de la Recommandation pour les<br />

terrassements <strong>routiers</strong> au côté des essais d'Atterberg<br />

et d'équivalent de sable.<br />

15


Nous avons enfin proposé un procédé opératoire qui<br />

en un seul traitement simple et rapide de l'échantillon<br />

permettra de déterminer la classe RTR d'un sol,<br />

lorsque l'équipement nécessaire sera définitivement<br />

mis au point.<br />

En résumé, la classification proposée, appuyée sur<br />

un tel procédé opératoire, faciliterait notablement<br />

l'application de la RTR en France et hors métropole.<br />

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

[1] TRAN N. L., Un nouvel essai d'identification des sols :<br />

l'essai au bleu de méthylène, Bull, liaison Labo. P. et<br />

Ch., 88, mars-avr. 1977, p. 136-137.<br />

[2] Ministère de l'Équipement, SETRA, LCPC, Recommandation<br />

pour les terrassements <strong>routiers</strong>, 1. Établissement<br />

des projets et conduite des travaux de terrassement,<br />

2. Utilisation des sols en remblai et en couche<br />

de forme, 3. Compactage des remblais et des couches<br />

de forme, janv. 1976.<br />

[3] Ministère de l'Environnement et du cadre de vie,<br />

LCPC, dpt. de géotechnique, L'Essai au bleu de<br />

méthylène, avant-projet de Mode opératoire, oct.<br />

1979.<br />

[4] CIMPELLI C, Contrôle du compactage des sables fins<br />

pollués, Bull, liaison Labo. P. et Ch., 48, nov. 1970,<br />

p. 17-19.<br />

[5] KERGOET M., CIMPELLI C, Appréciation d'un comportement<br />

de sable fin pollué par l'essai au bleu de<br />

méthylène, Bull, liaison Labo. P. et Ch., 108,juil.-août<br />

1980, p. 89-90.<br />

[6] BOLLE G., Le rôle de l'identification des sols dans la<br />

recherche des matériaux et le contrôle du compactage<br />

sur les barrages en terre, Ann. ITBTP, 242, févr. 1968,<br />

p. 355-396.<br />

[7] DENIS A., TOURENQ C, TRAN N.L., Capacité d'adsorption<br />

d'eau des sols et des roches, 26 E Congrès<br />

géologique international, Paris, 1980.<br />

16


L'épandeur à pulvérulent à doseur pondéral<br />

Une nouvelle possibilité de développement<br />

de la stabilisation en place<br />

J.-C. Médinger, M. Schaeffner<br />

La « Recommandation pour le traitement en place<br />

des sols fins à la chaux » publiée en 1972 par le LCPC<br />

et le SETRA indiquait le chiffre de 20 % comme<br />

valeur moyenne des coefficients de dispersion des<br />

épandeurs de l'époque ; il s'agissait d'une estimation<br />

globale et approximative communiquée par les ingénieurs<br />

des LPC ayant assuré le contrôle des plus<br />

importants chantiers de traitement en place réalisés<br />

en France les années précédentes.<br />

Depuis lors, aucune amélioration sensible n'ayant<br />

été apportée dans la technologie des épandeurs, ce<br />

chiffre est resté figé dans les esprits avec sa conséquence<br />

qui est que le traitement des sols en place<br />

restait une technique peu précise qu'il convenait de<br />

cantonner pour l'essentiel à la réalisation des remblais<br />

et des couches de forme.<br />

Avec la venue du premier épandeur équipé d'un dispositif<br />

de dosage pondéral, il éfait normal de se pencher<br />

à nouveau sur le problème de la dispersion<br />

d'épandage afin de mettre en évidence les améliorations<br />

que devait logiquement apporter ce système,<br />

par rapport aux dispositifs de dosage volumétrique<br />

traditionnellement utilisés.<br />

Le présent article apporte une première réponse à<br />

cette préoccupation en rendant compte d'une étude<br />

comparative entre les résultats d'épandage mesurés<br />

d'une part avec l'épandeur à dosage pondéral précité<br />

et un modèle d'épandeur à dosage volumétrique largement<br />

représenté dans les parcs des entreprises à<br />

l'heure actuelle.<br />

L'étude a été conduite dans le cadre d'un chantier<br />

réel puisqu'il s'agissait de la réalisation du traitement<br />

en place d'une couche de forme autoroutière. Il est<br />

certain que les impératifs du chantier n'ont pas permis<br />

aux expérimentateurs d'explorer toutes les modalités<br />

qu'ils auraient souhaité, ni d'effectuer les mesures<br />

dans les conditions d'une station d'essai. En<br />

revanche, il faut reconnaître que le coût de l'étude<br />

réalisée dans ces conditions a été minimisé et que les<br />

résultats obtenus ont l'avantage d'intégrer des conditions<br />

réelles de fonctionnement des engins sur chantier.<br />

Quoi qu'il en soit, les résultats montrent déjà assez<br />

clairement l'intérêt que peut présenter l'utilisation<br />

d'un épandeur à dosage pondéral dans le traitement<br />

des sols en place.<br />

Par ailleurs, et cela nous paraît être un résultat non<br />

moins important, cette étude a été l'occasion d'entreprendre<br />

une réflexion profitable sur les problèmes<br />

posés par la formulation des prescriptions, les<br />

méthodes de réglage des matériels et les procédures<br />

de contrôle particulières à cette opération en apparence<br />

très simple qu'est l'épandage des liants pulvérulents.<br />

87


DESCRIPTION DES DEUX ÉPANDEURS<br />

UTILISÉS<br />

L'épandeur<br />

à dosage volumétrique (fig. l et 2)<br />

Caractéristiques<br />

générales<br />

— cuve de 7 m 3 de capacité disposée sur un châssis à<br />

un essieu moteur,<br />

— tracté par un tracteur agricole de 100 C V à 2 ponts<br />

moteurs, comportant un équipement hydraulique<br />

classique,<br />

— chargement de la cuve par transfert pneumatique,<br />

— vidange par inclinaison progressive de la cuve,<br />

— hauteur de chute du liant ~ 1 m,<br />

— vitesse minimale (pour l'épandage) : 900 m/h,<br />

— vitesse maximale (pour le transfert) : 25 km/h.<br />

Caractéristiques du doseur volumétrique (fïg. 3)<br />

— l'extraction et le dosage sont réalisés par un tambour<br />

alvéolaire de 170 mm de diamètre comportant<br />

8 alvéoles de 30 mm de profondeur sur 2,2 m de<br />

longueur. L'entraînement du tambour est réalisé par<br />

un moteur hydraulique alimenté par une pompe à<br />

débit variable, elle-même entraînée par le pont arrière<br />

de l'épandeur au moyen d'une chaîne ;<br />

— pour une position donnée de la commande de<br />

variation de débit de la pompe, le moteur entraîne<br />

donc le tambour à une vitesse proportionnelle à la<br />

vitesse de rotation des roues de l'épandeur; le réglage<br />

du dosage visé se fait alors en agissant sur la<br />

commande de débit de la pompe qui, dans le cas<br />

précis de cet épandeur, ne comporte toutefois aucun<br />

dispositif de repérage : vernier, compte-tour ou autres,<br />

le conducteur agissant par tâtonnements en<br />

comptant les tours ou fractions de tours qu'il applique<br />

à la commande entre chaque phase de réglage ;<br />

— les conditions normales de fonctionnement de ce<br />

doseur correspondent à une plage de dosages variant<br />

de 6 à 15 kg/m , soit dans un rapport de 2,5.<br />

2<br />

7- Manivelle de commande<br />

Fig. 1 - Épandeur volumétrique: aspect général.<br />

Fig. 3-Schéma de principe du doseur de l'épandeur volumétrique<br />

expérimenté.<br />

Appréciation générale relative à<br />

l'utilisation de cet épandeur<br />

Compte tenu de l'expérience de plusieurs années<br />

dans l'utilisation de cet épandeur, on pouvait d'entrée<br />

de jeu formuler l'appréciation suivante:<br />

— il s'agit d'un matériel rustique, fiable sur le plan<br />

mécanique et adapté à la quasi-totalité des cas de<br />

chantier de traitement en place exécutés selon les<br />

prescriptions courantes ;<br />

Fig. 2 - Épandeur volumétrique:<br />

détail du déversement du liant sur le sol.<br />

— sa précision d'épandage peut s'avérer extrêmement<br />

variable, « il est capable du meilleur comme du<br />

88


pire», suivant l'expression des gens de chantier. En<br />

fait elle dépend avant tout du maintien en bon état du<br />

doseur, ce qui constitue une sujétion importante nécessitant<br />

des examens et nettoyages fréquents rendus<br />

relativement délicats du fait du manque d'accessibilité<br />

et de l'hydraulicité des liants.<br />

Toutefois, même lorsque le fonctionnement du doseur<br />

est correct, des dispersions d'épandage importants<br />

peuvent être observées :<br />

— lors d'un nouvel arrivage de liant ; en particulier<br />

dans le cas du ciment, il est bien connu que ses<br />

conditions d'écoulement varient considérablement<br />

entre le moment où il sort chaud et fusant de l'usine<br />

et après un stockage de plusieurs jours dans un silo à<br />

l'extérieur;<br />

— lors d'éventuelles variations de vitesse de l'épandeur,<br />

et d'autant plus que le dosage visé est élevé;<br />

cela en raison du mauvais remplissage des alvéoles<br />

au-delà d'une certaine vitesse de rotation du tambour;<br />

— lors d'épandages réalisés sur des sols mous et<br />

glissants, en raison du patinage possible des roues<br />

motrices à partir desquelles s'effectue la régulation<br />

du dosage ;<br />

Fig. 4- Épandeur à dosage pondéral: aspect général.<br />

— enfin, d'une manière générale, du fait du procédé<br />

de vidange de la cuve par simple gravité qui provoque<br />

successivement la formation et l'effondrement<br />

de voûtes de liant, donc des irrégularités sensibles du<br />

remplissage des alvéoles.<br />

L'épandeur<br />

à dosage pondéral (fig. 4, 5 et 6)<br />

Caractéristiques<br />

générales<br />

— trémie de stockage : 10 m 3 ,<br />

Fig. 5 - Épandeur à dosage pondéral: détail de la roue «Jockey» qui<br />

communique l'information de la vitesse de déplacement.<br />

— trémie d'alimentation : deux trémies symétriques<br />

de 1 m chacune. La capacité de liant embarqué est<br />

3<br />

donc de 12 m ,<br />

3<br />

— l'ensemble est porté par un châssis à un essieu<br />

moteur, entraîné par la prise de force du tracteur,<br />

— tracteur de 100 CV à deux essieux moteurs,<br />

— hauteur de chute du liant : 0,40 m,<br />

— vitesse minimale (épandage) : 900 m/h,<br />

— vitesse maximale (transfert) : 20 km/h.<br />

Caractéristiques<br />

du doseur pondéral<br />

Le doseur pondéral embarqué sur l'engin utilise la<br />

technologie classique des doseurs pondéraux sur<br />

bande employés couramment dans les centrales de<br />

fabrication du béton ou des graves traitées.<br />

Rappelons-en brièvement les principes (fig. 7).<br />

1 - Bras d'attelage 5 - Vis d'extraction<br />

2 - Tapis doseur-extracteur 6 - Trémie d'alimentation des tapis<br />

3 - Trémie de stockage 7 - Répartiteur transversal<br />

4 - Essieu et pont-moteur<br />

Fig. 6 - Épandeur à dosage pondéral: disposition des principaux<br />

organes.<br />

Un moteur à courant continu entraîne un tapis qui<br />

extrait le matériau de la trémie d'alimentation par<br />

l'intermédiaire d'une trappe réglable dont le rôle est<br />

de maintenir sur le tapis une veine de matériau de<br />

section approximativement constante (pour une position<br />

de la trappe donnée).<br />

Ce moteur est équipé en bout d'arbre d'une dynamo<br />

tachymétrique qui délivre donc une tension propor-<br />

89


CF : capteur de force<br />

MT : multiplicateur de tension<br />

DT : diviseur de tension<br />

CCT : comparateur-correcteur de tension<br />

E : enregistreur<br />

RJ : roue «Jockey»<br />

DyT1 : dynamo tachymétrique n° 1<br />

DyT2 : dynamo tachymétrique n° 2<br />

MotT : moteur d'entraînement du tapis<br />

CAD : consigne d'affichage du dosage<br />

U7 : tension corrigée<br />

Fig. 7 - Schéma de principe du doseur pondéral de l'épandeur expérimenté.<br />

tionnelle à sa vitesse V. Le tapis extracteur est par<br />

ailleurs supporté par un système comportant 3 rouleaux<br />

; les 2 rouleaux extrêmes sont liés rigidement<br />

aux châssis alors que le rouleau central l'est par<br />

l'intermédiaire d'un capteur à jauges de contraintes<br />

qui délivre une tension proportionnelle en poids du<br />

matériau porté par le tapis entre les deux rouleaux<br />

extrêmes, c'est-à-dire à un facteur près, au poids P<br />

du matériau par unité de longueur du tapis.<br />

Le signal électrique proportionnel à la vitesse V du<br />

tapis et celui proportionnel au poids P par unité de<br />

longueur du tapis chargé sont envoyés sur un circuit<br />

électronique (multiplicateur de tension) qui réalise le<br />

produit P. y et sort donc une tension proportionnelle<br />

au débit pondéral réel délivré.<br />

Dans le cas général des doseurs pondéraux sur<br />

bande, cette valeur est comparée en permanence à<br />

une « tension de consigne », image du débit pondéral<br />

désiré. Le signal représenté par l'écart entre ces<br />

deux tensions est alors utilisé après amplification<br />

pour «piloter» la tension d'alimentation du moteur<br />

d'entraînement du tapis et, par là même, réguler sa<br />

vitesse.<br />

est obtenue à partir d'une dynamo tachymétrique<br />

entraînée par une roue jockey roulant sans glissement<br />

sur le sol.<br />

Par ailleurs, la tension proportionnelle au débit pondéral<br />

linéaire délivré, ainsi que celle proportionnelle<br />

à la vitesse de déplacement de l'engin, sont envoyées<br />

sur un enregistreur permettant ainsi d'avoir une<br />

connaissance continue et permanente de ces deux<br />

paramètres.<br />

Les quantités épandues avec cet engin peuvent varier<br />

entre 7,5 et 150 kg au mètre linéaire (soit 3 à<br />

60 kg au mètre carré) donc dans un rapport de 20.<br />

Pour faire varier le débit pondéral linéaire, il suffit de<br />

modifier la tension de consigne, ce qui est obtenu en<br />

agissant sur un potentiomètre comportant 1 000 graduations<br />

(soit théoriquement 130 g/ml par graduation).<br />

Enfin, les alertes et sécurités suivantes ont été aménagées:<br />

voyant de sur et de sous-vitesse du tapis<br />

extracteur et arrêt de la répartition dès qu'un manque<br />

de produit intervient.<br />

Toutefois, dans le problème de l'épandage des liants,<br />

ce n'est pas une valeur de débit pondéral qui est<br />

recherchée mais un poids de produit répandu par<br />

mètre linéaire parcouru par l'engin. Il convenait<br />

donc de réaliser une tension proportionnelle à cette<br />

valeur ; celle-ci est obtenue en opérant dans un circuit<br />

électronique (diviseur de tension) le quotient de<br />

la tension proportionnelle au débit pondéral P x V<br />

par une tension proportionnelle à la vitesse de déplacement<br />

v de l'engin. C'est donc la tension résultante<br />

P x VIv, proportionnelle au poids du produit épandu<br />

par mètre linéaire, qui est alors comparée en continu<br />

à la tension de consigne et c'est l'écart entre ces deux<br />

tensions qui pilote l'excitation, donc la vitesse du<br />

moteur d'entraînement du tapis extracteur.<br />

Dans le cas de l'épandeur considéré, la tension proportionnelle<br />

à la vitesse de déplacement v de l'engin<br />

Contrairement à l'épandeur à dosage volumétrique,<br />

il n'était pas possible de formuler une appréciation a<br />

priori<br />

sur les performances et les caractéristiques<br />

d'utilisation de l'engin puisqu'il s'agissait d'un prototype.<br />

DÉROULEMENT DES ESSAIS ET<br />

RÉSULTATS<br />

L'étude comparative des deux épandeurs a été réalisée<br />

dans le cadre d'un marché portant sur la réalisation<br />

de 100 000 m 2 de couche de forme par traitement<br />

en place de sables plus ou moins pollués (classes<br />

90


RTR Bi /B^) et défini par les prescriptions suivantes:<br />

— profondeur de traitement : 0,35 m,<br />

— liant : ciment CPJ classe : 35,<br />

— dosage nominal : 5 % par rapport au poids sec du<br />

matériau, ce qui correspond à une quantité à épandre<br />

de 30 kg/m 2 pour une densité du sol estimée à<br />

1,7 t/m 3 ,<br />

— tolérances relatives à l'épandage du liant : aucune<br />

valeur < 30 kg/m 2 ,<br />

— les essais de contrôle prévus dans le marché<br />

étaient assurés par le Laboratoire régional de l'Ouest<br />

parisien, lequel a également dirigé l'exécution des<br />

mesures spécifiques à cette expérimentation et procédé<br />

au premier dépouillement des résultats.<br />

Les mesures exécutées au cours de l'expérimentation<br />

ont principalement consisté à peser le ciment<br />

recueilli sur des bâches en toile de coton et sur des<br />

bâches en PVC disposées sur le sol avant le passage<br />

des épandeurs. Deux procédés de pesées ont été<br />

simultanément employés: un système utilisant un<br />

peson venant soulever chaque bâche (fig. 8) et un<br />

système utilisant une bascule de chantier nécessitant<br />

donc un transvasement du liant dans un bac (fig. 9).<br />

Fig. 8 - Pesée de la quantité de liant épandue à l'aide d'un peson.<br />

Les différentes séquences de mesures (ou planches<br />

d'essai) destinées à l'étude comparative des deux<br />

épandeurs ont, suivant les cas, comporté entre 5 et 18<br />

pesées de bâches, chaque séquence se différenciant<br />

par ailleurs par des modalités particulières (tableaux<br />

I et II).<br />

Certaines des modalités considérées avaient été décidées<br />

a priori compte tenu des considérations développées<br />

précédemment sur les causes de dispersion<br />

des épandeurs :<br />

Fig. 9 - Pesée de la quantité de<br />

liant épandue à l'aide d'une<br />

bascule de chantier (après<br />

transvasement de la bâche<br />

dans un bac).<br />

— la vitesse de déplacement de l'engin,<br />

— la valeur du dosage recherché,<br />

— le nombre de passes d'épandeur,<br />

— le niveau de remplissage de la cuve.<br />

L'étude d'autres modalités s'est par ailleurs révélée<br />

intéressante en cours d'expérimentation, en particulier:<br />

— l'épandage avec et sans fonctionnement des vis<br />

d'extraction (on avait en effet constaté que la pointe<br />

d'intensité demandée au démarrage des moteurs<br />

d'entraînement des vis perturbait la chaîne de régulation)<br />

;<br />

— l'espacement des bâches, afin de déceler un éventuel<br />

caractère systématique de la dispersion et caler<br />

l'enregistrement de la masse épandue par mètre de<br />

déplacement.<br />

moins présenté un certain nombre de difficultés et en<br />

particulier :<br />

— la lenteur d'exécution des pesées qui n'a pratiquement<br />

jamais permis de réaliser plus de 2 planches<br />

d'essais par jour et le plus souvent une seule bien que<br />

l'on ait disposé en permanence d'une équipe de 4 à 5<br />

personnes;<br />

— le caractère physiquement pénible que présente<br />

l'exécution de telles mesures en raison de l'atmosphère<br />

continuellement chargée de poussières de ciment<br />

dans laquelle on travaille et en raison des masses<br />

relativement importantes qu'il est nécessaire de<br />

manipuler.<br />

II convient de signaler que cette expérimentation,<br />

pour aussi simple qu'elle puisse paraître, a néan-<br />

Ces difficultés d'ordre purement pratique ont eu<br />

pour conséquence une réduction considérable du<br />

91


programme expérimental par rapport à ce qui avait<br />

été prévu initialement ; elles ont d'ailleurs convaincu<br />

les expérimentateurs que toute nouvelle expérimentation<br />

concernant l'étude des performances des<br />

épandeurs passait obligatoirement par une nouvelle<br />

conception de la méthodologie des mesures.<br />

Venant encore accentuer le phénomène, des erreurs<br />

de mesures ont été décelées alors que le plan d'expérience<br />

était largement amorcé. C'est ainsi que l'on a<br />

découvert des divergences entre les pesées délivrées<br />

par la balance et celles du peson, mais surtout—et là<br />

il n'a pas été possible de procéder à une quelconque<br />

correction et les résultats ont donc été éliminés de<br />

l'interprétation — on a constaté des variations aléatoires<br />

du poids des bâches en coton, non négligeables<br />

à l'échelle de la dispersion que l'on voulait mesurer,<br />

imputables à la succion du coton qui absorbait des<br />

quantités plus ou moins grandes d'eau selon l'état<br />

hydrique du sol sur lesquelles elles étaient posées.<br />

Tout cela explique le nombre relativement réduit des<br />

résultats présentés dans les tableaux eu égard à la<br />

durée de l'expérimentation qui s'est déroulée sur<br />

presque 3 semaines.<br />

INTERPRÉTATION<br />

Justification du choix de la masse épandue<br />

au mètre linéaire de déplacement de l'engin<br />

comme «variable<br />

statistique»<br />

On peut en effet s'interroger sur ce choix, étant<br />

donné que les prescriptions d'épandage habituelles<br />

spécifient une masse au mètre carré et que le contrôle<br />

qui en découle consiste le plus souvent à peser directement<br />

la quantité de liant épandue sur une bâche ou<br />

dans un bac d'un mètre carré de surface. En fait,<br />

dans le cadre de cette étude, les expérimentateurs<br />

ont préféré comparer les deux épandeurs sur la base<br />

de la masse de liant épandue par mètre linéaire pour<br />

les raisons suivantes :<br />

— la précision d'un épandeur dépend en premier<br />

heu de son aptitude à pouvoir épandre des quantités<br />

constantes de liant par mètre de déplacement ; par la<br />

suite, répartir uniformément cette quantité sur une<br />

certaine largeur est un problème dont les solutions<br />

techniques sont connues et relativement simples (répartiteur<br />

transversal par vis ou diffuseur à goulettes,<br />

etc.). En outre, de légères hétérogénéités de répartition<br />

dans le profil en travers ne sont pas gênantes au<br />

niveau global du traitement car elles sont corrigées<br />

par le brassage énergique qui se produit sous le carter<br />

d'un pulvimixer lors du malaxage ;<br />

— l'épandeur prototype n'était pas encore équipé de<br />

son répartiteur transversal définitif et le liant tombait<br />

donc provisoirement directement des tapis extracteurs<br />

sur le sol, provoquant de visu une mauvaise<br />

répartition transversale. Celle-ci aurait donc eu pour<br />

effet de compliquer encore l'analyse statistique en se<br />

superposant à la dispersion longitudinale.<br />

Constatations déduites directement des<br />

tableaux, engin par engin<br />

Cas de l'épandeur à dosage volumétrique<br />

(tableau I)<br />

— Influence de la vitesse : les résultats des planches<br />

6 et 7 montrent bien qu'avec ce type de doseur une<br />

augmentation de vitesse conduit à une diminution de<br />

la quantité de liant épandue. On constate en effet que<br />

le fait de passer de 900 à 1 800 m/h, variation qui<br />

passe totalement inaperçue de visu, réduit de 9 % la<br />

quantité épandue et double le coefficient de variation.<br />

Il serait évidemment nécessaire de compléter<br />

l'étude de l'influence de la vitesse en explorant une<br />

plage de vitesse plus large (1 à 5 km/h par exemple),<br />

mais les chiffres précités font déjà entrevoir que ce<br />

phénomène a des conséquences importantes sur le<br />

réglage de l'appareil et sur le contrôle de l'épandage.<br />

— Influence du degré de remplissage : elle appraît<br />

dans le cas des planches 1 et 2 où l'on constate<br />

effectivement qu'il se produit un sous-dosage en fin<br />

de vidange. Ce sous-dosage apparaît d'ailleurs bien<br />

plus nettement sur les mesures individuelles, non<br />

représentées ici, où il s'avère que c'est essentiellement<br />

dans les derniers 20 % qu'un fort sous-dosage<br />

apparaît en même temps qu'une brutale augmentation<br />

de la dispersion (o/m atteint 32 % si l'on ne<br />

considère dans la planche 2 que les résultats mesurés<br />

sur les 5 dernières bâches). Cela confirme donc le<br />

phénomène de formation de voûtes avec progressivement<br />

sous-dosage puis brutalement effondrement<br />

avec surdosage sur quelques mètres. Une chambre<br />

de «calmage» où viendrait s'alimenter le tambour<br />

alvéolaire constituerait certainement un remède à<br />

cette cause importante de dispersion.<br />

— Influence du nombre de passes d'épandage :<br />

comme on pouvait s'y attendre du fait des lois statistiques,<br />

l'exécution de l'épandage en plusieurs passes<br />

réduit considérablement les dispersions, comme le<br />

montrent les résultats des planches 3 et 4. On pourrait<br />

donc être tenté, et c'est d'ailleurs la tendance<br />

actuelle, d'ériger en règle d'exécution la pratique de<br />

l'épandage en 3 passes ou même davantage. Il faut<br />

cependant être conscient des risques que cela comporte.<br />

Le premier risque est relatif à l'organisation<br />

du chantier car, pour des distances de remplissage<br />

relativement faibles, le temps d'épandage est en gros<br />

proportionnel au nombre de passes ; il faudra donc,<br />

92


TABLEAU I - Épandeur à doseur volumétrique<br />

N° de la<br />

planche<br />

1<br />

Modalités considérées<br />

Dosage recherché :<br />

30 kg/m 2 en 2 passes<br />

Vitesse : 900 m/h<br />

Espacement des bâches :<br />

5 m environ<br />

Variation du taux<br />

de remplissage<br />

de la trémie de stockage :<br />

de 100 à 50 %<br />

Nombre<br />

de pesées<br />

Moyenne<br />

in (kg/m)<br />

Dosage linéaire<br />

Ecart-type<br />

o (kg/m)<br />

Coeff. de<br />

variation Moyenne<br />

aim . 100 (%) l(m)<br />

Largeur d'épandage<br />

Ecart-type<br />

0 (m)<br />

Coeff. de<br />

variation<br />

ail . 100 (%)<br />

Dosage au<br />

m moyen<br />

2 (kg/m )<br />

2 mil<br />

10 81,4 6,2 7,6 2,58 0,11 4,4 31,5<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

6<br />

7<br />

Dosage recherché :<br />

30 kg/m 2 en 2 passes<br />

Vitesse : 900 m/h<br />

Espacement des bâches :<br />

10 m environ<br />

Variation du taux<br />

de remplissage<br />

de la trémie de stockage :<br />

de 100 % à 0<br />

Dosage recherché :<br />

45 kg/m 2 en 3 passes<br />

Vitesse : 900 m/h<br />

Espacement des bâches :<br />

5 m environ<br />

Variation du taux<br />

de remplissage<br />

de la trémie de stockage :<br />

de 100 % à 0<br />

Idem planche 3,<br />

mais modification<br />

du réglage de l'épandeur<br />

Dosage recherché :<br />

dosage minimal réalisable<br />

avec l'épandeur en 1 passe<br />

Vitesse : 900 m/h<br />

Espacement des bâches :<br />

5 m environ<br />

Dosage recherché :<br />

15 kg/m 2 en 1 passe<br />

Vitesse : 900m/h<br />

Espacement des bâches :<br />

5 m environ<br />

Idem planche 6 à l'exception<br />

de la vitesse qui a été portée<br />

à 1 800 m/h<br />

10 76,8 9,83 12,8 2,52 0,35 13,8 30,4<br />

10 88,75 1,33 1,5 2,4 0,07 3,1 37<br />

10 100,4 3,04 3 2,37 0,07 3,2 42,4<br />

10 13,26 1,08 8,2 2,12 0,04 1,8 6,3<br />

5 31,6 2,5 7,9 2,4 0,18 7,6 13,2<br />

5 28,8 3,8 13,1 2,28 0,12 5,3 12,6<br />

en principe, rajouter des engins d'épandage par rapport<br />

aux pratiques actuelles, mais la tentation sera<br />

plutôt de compenser par une augmentation de la vitesse<br />

des engins, avec les inconvénients que l'on<br />

vient de voir. Un autre danger résulte du fait que, le<br />

réglage de l'épandeur étant réalisé, pour des raisons<br />

pratiques évidentes au cours de la première passe,<br />

toute erreur de réglage se trouve multipliée par le<br />

nombre de passes au niveau du résultat final. Enfin,<br />

et cela nous semble être le risque le plus important,<br />

on ne peut nier la possibilité que le conducteur oublie<br />

de temps à autre d'exécuter une passe, étant donné<br />

qu'une fois la première passe épandue, il ne peutplus<br />

s'appuyer que sur sa méthode et sa mémoire pour<br />

exécuter le nombre de passes imposé. Pour ces raisons,<br />

l'épandage en plusieurs passes ne nous paraît<br />

donc pas à recommander.<br />

• Dosage minimal : on s'est donné comme définition<br />

du dosage minimal réalisable avec cet épandeur la<br />

quantité de liant épandu correspondant à la première<br />

apparition d'une veine de liant continue sur le sol. On<br />

a donc procédé, en ouvrant progressivement la<br />

commande de débit de l'épandeur depuis la position<br />

fermée jusqu'à l'obtention jugée visuellement d'une<br />

veine continue sur le sol, et étudié pour cette position<br />

la dispersion de l'épandeur. On constate (planche 3)<br />

qu'une quantité de 13,2 kg/m soit 6,3 kg/m de liant a<br />

2<br />

pu être répandue avec ce type d'épandeur dans des<br />

conditions de dispersion analogues à celles consta-<br />

93


tées sur les autres planches. Une telle quantité correspond<br />

en fait à un dosage pondéral de l'ordre de<br />

1 % dans le cas d'un sol de yd = 18 kN/m malaxé<br />

3<br />

sur une épaisseur de 0,3 m. Ce chiffre confirme<br />

donc, contrairement à l'opinion fréquemment exprimée,<br />

que des traitements à des dosages aussi faibles<br />

peuvent très bien être réalisés avec ce type<br />

d'épandeur. Il est même apparu qu'avec l'engin dont<br />

on disposait, des valeurs moitié de celles indiquées<br />

pouvaient encore être obtenues avec une précision<br />

acceptable, mais il serait évidemment nécessaire de<br />

le confirmer.<br />

• Largeur d'épandage : ce paramètre a été relevé en<br />

cours d'expérimentation en raison de son caractère<br />

aléatoire introduisant une dispersion supplémentaire<br />

dans une bande de 0,5 m de largeur située dans la<br />

zone de raccordement entre deux bandes adjacentes.<br />

On constate, d'une manière générale, que les variations<br />

relatives de la largeur d'épandage sont du<br />

même ordre que celles de la quantité épandue au<br />

mètre linéaire, ce qui n'est donc pas négligeable au<br />

niveau du calcul de la quantité moyenne épandue au<br />

mètre carré. L'origine de ces variations se trouve<br />

dans les éclaboussures de liant à la suite de sa chute ;<br />

il devrait donc être possible d'y remédier en réduisant<br />

considérablement la hauteur de chute ou mieux,<br />

en réalisant un répartiteur transversal muni de jupes<br />

latérales tel qu'il en existe sur d'autres modèles<br />

d'épandeurs.<br />

Cas de l'épandeur à dosage pondéral<br />

(tableau II)<br />

Il convient tout d'abord d'indiquer que l'influence du<br />

nombre de passes sur la dispersion d'épandage n'a<br />

pas été étudiée étant donné que l'on savait que la<br />

plage des quantités pouvant être épandues en une<br />

passe de cet engin couvrait largement le domaine des<br />

dosages couramment pratiqués dans les opérations<br />

de traitement en place.<br />

— Influence du démarrage des vis d'alimentation<br />

des trémies « tampon » : c'est le facteur dont l'influence<br />

est apparue le plus rapidement grâce notamment<br />

aux indications de l'enregistreur. C'est en fait<br />

la pointe d'intensité demandée au démarrage des vis,<br />

commandée par la sonde de niveau mini dans les 2<br />

trémies «tampon», qui perturbe le fonctionnement<br />

de la chaîne de régulation car c'est le même générateur<br />

qui fournit la puissance électrique aux moteurs<br />

d'entraînement et la tension d'alimentation à la<br />

chaîne de régulation. Il s'avère donc nécessaire de<br />

modifier l'engin actuel de manière à embarquer deux<br />

sources de courant indépendantes : l'une, largement<br />

dimensionnée, pour assurer la puissance exigée par<br />

les différents moteurs, l'autre de faible puissance,<br />

mais délivrant une tension parfaitement constante<br />

pour alimenter la chaîne de régulation.<br />

On pourrait peut-être considérer, en examinant les<br />

résultats des planches n° 1 et 2, que l'influence de ce<br />

facteur n'est pas très importante (a/m passe de 3,7 à<br />

2,62 % selon que les vis fonctionnent ou non), mais il<br />

ne faut pas oublier que la zone ou se manifeste la<br />

perturbation de régulation est relativement courte<br />

(de l'ordre de 1 à 2 m d'après les enregistrements) et,<br />

de ce fait, pouvait n'être que partiellement détectée<br />

par les pesées des bâches puisque ces dernières<br />

étaient disposées tous les 5 m. C'est d'ailleurs ce que<br />

montrent les résultats de la planche 3 où l'on avait<br />

pour cette raison ramené l'écartement des bâches à<br />

2 m ; dans ce cas, le coefficient de variation atteint en<br />

effet 6 %.<br />

Dans la suite de l'expérimentation on a donc procédé,<br />

chaque fois que cela a été possible, «à vis<br />

d'alimentation bloquée », c'est-à-dire que l'on a étudié<br />

la dispersion de l'épandeur, celui-ci fonctionnant<br />

uniquement sur la capacité de ses trémies «tampons<br />

».<br />

• Dosage minimal : pour caractériser la valeur minimale<br />

de la quantité de liant pouvant être épandue<br />

avec cet engin, on a procédé comme pour l'épandeur<br />

à dosage volumétrique. Les quantités mesurées<br />

(planche 4) sont de l'ordre de 4 kg/m , ce qui correspond<br />

à un dosage pondéral de 0,6 % dans le cas des<br />

2<br />

hypothèses précédentes ou de 1 % si l'on suppose la<br />

profondeur de malaxage limitée à 0,20 m. Le coefficient<br />

de dispersion pour de telles valeurs ne dépasse<br />

pas 6 % ce qui peut être considéré comme tout à fait<br />

satisfaisant.<br />

Par ailleurs et comme cela a déjà été souligné dans le<br />

cas de l'épandeur volumétrique, les expérimentateurs<br />

ont eu l'impression que des dosages nettement<br />

plus faibles pouvaient encore être obtenus dans des<br />

conditions de dispersion acceptables. En conséquence,<br />

l'exigence d'une veine de liant parfaitement<br />

continue ne doit pas être considérée systématiquement<br />

comme la limite opérationnelle d'utilisation de<br />

ces engins, car des manques de liant localisés sur<br />

quelques centimètres, voire décimètres carrés, ne<br />

doivent pas grever rédhibitoirement la précision<br />

dans le cas où l'on cherche à épandre de faibles<br />

quantités (moins de 2 à 3 kg/m ).<br />

2<br />

— Influence de la vitesse de déplacement : les résultats<br />

des planches 6 et 7 montrent que la vitesse de<br />

déplacement a également une influence significative<br />

sur les résultats d'épandage, mais qui se traduit, à<br />

l'inverse cette fois, par une augmentation de la quantité<br />

moyenne épandue au mètre linéaire (d'environ<br />

7 % lorsque la vitesse croît de 900 à 1 800 m/h).<br />

L'explication de cette constatation n'apparaît pas<br />

clairement, mais on peut toutefois faire observer que<br />

l'enregistrement de la masse épandue et de la vitesse<br />

a parfaitement révélé les accroissements simultanés<br />

94


TABLEAU II - Épandeur à doseur pondéral<br />

N° de la<br />

planche<br />

Modalités considérées<br />

Nombre<br />

de pesées Moyenne<br />

m (kg/m)<br />

Dosage linéaire<br />

Ecart-type<br />

a (kg/m)<br />

Coeff. de<br />

variation<br />

o7m . 100 (%)<br />

Largeur d'épandage<br />

Dosage au<br />

Coeff. de<br />

m 2<br />

moyen<br />

(kg/m<br />

Moyenne Ecart-type variation<br />

2 )<br />

m/1<br />

T(m) a (m) all . 100


COMPARAISON GLOBALE DES DEUX<br />

ÉPANDEURS<br />

A l'origine de l'expérimentation, on avait pensé pouvoir<br />

comparer la dispersion propre de chaque épandeur<br />

à condition de travail identiques, c'est-à-dire<br />

pouvoir étudier l'influence des paramètres : dosage,<br />

vitesse de déplacement, nature et état de la plateforme,<br />

niveau de remplissage dans la cuve de l'épandeur,<br />

etc., sur les valeurs de la dispersion.<br />

En fait, comme on l'a vu, la lourdeur des manipulations<br />

n'a jamais permis d'avoir un nombre de mesures<br />

suffisant pour entreprendre une comparaison statistique<br />

des deux engins modalité par modalité. On a<br />

donc entrepris une comparaison globale, toutes modalités<br />

confondues, sur la base d'une variable pondérée<br />

définie comme le rapport d'une pesée à la<br />

moyenne de la planche correspondante. On dispose<br />

ainsi de 63 valeurs dans le cas de l'épandeur à dosage<br />

pondéral et de 60 valeurs dans le cas de l'épandeur<br />

volumétrique qui permettent de tracer les histogrammes<br />

de la figure 10 et de calculer les écarts-types<br />

qui peuvent être assimilés dans ce cas aux coefficients<br />

de variation des deux engins étant donné la<br />

nature de la variable aléatoire choisie.<br />

par les valeurs relativement faibles (par rapport au<br />

chiffre de 20 % cité par la Recommandation de 1972)<br />

des coefficients de dispersion ainsi déterminés, aussi<br />

faut-il rappeler les réserves qui doivent nuancer ces<br />

résultats :<br />

— il s'agit de dispersion mesurée sur des quantités<br />

au mètre linéaire et non au mètre carré (non prise en<br />

compte des dispersions dans le sens travers) ;<br />

— il s'agit de deux matériels en parfait état de fonctionnement<br />

servis par un personnel minutieux et très<br />

expérimenté ;<br />

— un certain nombre de modalités seulement ont pu<br />

être considérées ; en particulier, il manque des mesures<br />

avec d'autres liants (chaux éteinte, cendres volantes)<br />

d'autres vitesses, d'autres rigidités et nivellement<br />

de plate-forme, d'autres équipes, etc.;<br />

— enfin et surtout, il ne faut pas oublier qu'il s'agit<br />

de la seule dispersion observée pour différentes positions<br />

de la commande de débit des doseurs et non pas<br />

d'écarts entre les valeurs observées et une valeur<br />

imposée. Dans de tels écarts s'ajoute, on le conçoit<br />

aisément, une erreur de réglage qui, on le verra dans<br />

la suite, dépend plus ou moins du coefficient de variation<br />

de l'engin selon la procédure utilisée pour<br />

effectuer le réglage.<br />

C'est ainsi que l'on trouve :<br />

pour l'épandeur pondéral : CV = -^-= 0,035,<br />

Compte tenu de ces réserves, il nous apparaît somme<br />

toute que la valeur de 20 % pour les épandeurs volumétriques<br />

semble même assez optimiste.<br />

pour l'épandeur volumétrique : CV = —= 0,114.<br />

INTERPRÉTATION<br />

ÉCONOMIQUE<br />

Il apparaît donc que l'épandeur à dosage pondéral se<br />

caractérise par un coefficient de dispersion environ<br />

trois fois plus faible que celui de l'épandeur volumétrique.<br />

Par ailleurs, on peut également être surpris<br />

En partant de ces premiers résultats, et en fonction<br />

des types de prescriptions en vigueur, on peut déjà<br />

étudier quelle peut être l'incidence économique du<br />

choix entre deux épandeurs dont l'un serait caracté-<br />

A - Cas du doseur pondéral<br />

B - Cas du doseur volumétrique.<br />

Fig. 10 - Histogrammes des valeurs de xi/x.<br />

96


ise paruri coefficient de dispersion de 3,5 % et l'autre<br />

de 11,4 %.<br />

On suppose d'une part que l'on sait réaliser le réglage<br />

des deux engins, de sorte que l'erreur de réglage<br />

reste négligeable (ce qui nécessite, on le verra, d'effectuer<br />

un grand nombre de mesures dans la phase<br />

réglage de l'épandeur) et, d'autre part, que la dispersion<br />

d'épandage produite par chacune d'eux obéit à<br />

une loi normale (une vérification par la méthode de la<br />

droite de Henry montre à partir des résultats précédents<br />

que cette hypothèse peut être admise en première<br />

approximation).<br />

Les prescriptions d'épandage figurant dans les cahiers<br />

des charges sont généralement formulées de la<br />

manière suivante:<br />

1 - soit au moins X % des valeurs doivent être supérieures<br />

à la valeur nominale No imposée dans le marché;<br />

2 - soit aucune valeur (il faut comprendre 99,9 % des<br />

valeurs) ne doit être inférieure à k % (en général<br />

80 %) de la valeur nominale No dans le marché.<br />

Pour satisfaire ces prescriptions, il est donc nécessaire<br />

d'épandre une quantité moyenne par unité de<br />

surface supérieure à la valeur nominale du marché.<br />

Le surdosage ainsi nécessité dépend des coefficients<br />

de dispersion de l'engin et de l'exigence de la prescription.<br />

Le tableau de la figure 11 donne, dans le cas<br />

de quelques prescriptions courantes, les surdosages<br />

rendus nécessaires par l'emploi de l'un ou l'autre des<br />

deux épandeurs. Ces quelques chiffres, bien que découlant<br />

de considérations statistiques élémentaires,<br />

permettent déjà de juger l'intérêt qu'il y a à utiliser<br />

des épandeurs précis, et d'autant plus que le niveau<br />

de qualité recherché est élevé.<br />

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les chiffres<br />

précédents permettent seulement une estimation du<br />

surdosage moyen auquel il est nécessaire de procéder<br />

pour avoir la garantie que la quantité épandue<br />

est, avec la probabilité définie dans la prescription,<br />

au moins égale à la quantité No déduite de l'étude du<br />

laboratoire. Or, outre le surcoût financier imputable<br />

à ce surdosage, il faut encore s'interroger en particulier<br />

dans le cas du traitement à la chaux, sur la qualité<br />

du traitement réalisé lorsque l'on considère les valeurs<br />

maximales de liant épandu pouvant être rencontrées.<br />

Il est en effet bien connu que les caractéristiques<br />

mécaniques d'un mélange sol chaux compacté<br />

dans un état d'humidité et à une énergie donnée sont<br />

maximales pour un dosage en chaux bien déterminé<br />

et peuvent décroître sensiblement au-delà de ce dosage.<br />

Ainsi par exemple, dans le cas de la prescrip-<br />

Valeur de réglage à effectuer<br />

Surdosage exigé<br />

Cas<br />

Type de prescription formulée<br />

dans le marché<br />

à l'épandeur A<br />

à l'épandeur B<br />

par l'épandeur B<br />

par rapport à<br />

Représentation schématique<br />

o/m = 3,5 %<br />

a/ m = 11,4%<br />

l'épandeur A<br />

j<br />

a= 0,036<br />

b= 0,128<br />

84 % (1 o) des valeurs > No<br />

1,036 No<br />

1,128 No<br />

0,09 No<br />

1 a c<br />

3<br />

97,5 % (1,96 a) des valeurs » No 1,073 No 1,288 No 0,21 No<br />

a= 0,073<br />

b= 0,288<br />

c= 0,21<br />

a= 0,094<br />

b= 0,41<br />

c= 0,316<br />

Aucune valeur (3 a) < 0,8 No 0,894 No 1,21 No 0,316 No<br />

Fig. 11 - Surdosages exigés par deux épandeurs de coefficient de variation = 0,114 et 0,035 dans le cas de différents types de prescriptions.<br />

97


tion n° 2 ci-dessus et avec l'épandeur B, il serait<br />

intéressant de quantifier la diminution des caractéristiques<br />

d'un mélange sol-chaux traité à un dosage de<br />

1,342 N, situation qui peut en principe se présenter<br />

avec une probabilité de 16 %.<br />

ENSEIGNEMENTS TIRÉS DE<br />

L'EXPÉRIMENTATION EU ÉGARD A LA<br />

NATURE DES PRESCRIPTIONS :<br />

réglage des engins, et contrôle<br />

des prestations<br />

Les résultats de l'étude comparative des deux épandeurs<br />

ont conduit les expérimentateurs à se pencher<br />

sur les problèmes posés par la nature des prescriptions<br />

d'épandage à formuler dans les marchés de<br />

traitement en place, les méthodes de réglage des<br />

épandeurs et le contrôle des prestations.<br />

FORMULATION DES PRESCRIPTIONS<br />

D'ÉPANDAGE<br />

Compte tenu des considérations précédentes relatives<br />

au surdosage nécessité par la dispersion des<br />

épandeurs, il semblerait logique de formuler des<br />

prescriptions qui imposent des limites minimales<br />

maximales entre lesquelles devront se situer toutes<br />

ou au moins une certaine proportion des mesures<br />

portant sur une surface d'un mètre carré par exemple.<br />

Pour être réaliste, une telle formulation de la<br />

prestation implique de connaître avec une précision<br />

suffisante les caractéristiques de dispersion des<br />

épandeurs utilisés actuellement pour apprécier s'ils<br />

sont en mesure ou non de satisfaire la prescription.<br />

En effet, si l'on impose par exemple la prescription<br />

suivante :<br />

95 % des valeurs de la masse répandue au mètre carré<br />

devront être comprises entre No (valeur nominale<br />

déduite de l'étude de laboratoire) et 1,4 No, la figure<br />

12 montre qu'une telle prescription ne pourra être<br />

satisfaite qu'avec des épandeurs dont le coefficient<br />

de variation est:<br />

2 No<br />

1,96 Q,<br />

< 1,4 No - No, d'où Cv < 8 %.<br />

N (m,|=CV)<br />

Le même calcul montre que si 'Ion considère une<br />

valeur de C v de 20 % ; 95 % des valeurs répandues au<br />

mètre carré seront comprises entre No et 2,2 No.<br />

Et encore, cela suppose d'une part que les valeurs de<br />

la masse épandue au mètre carré se distribuent réellement<br />

selon une loi normale, et d'autre part que l'on<br />

sache régler parfaitement l'appareil comme on le<br />

verra plus loin. Or, à l'heure actuelle, il faut reconnaître<br />

que personne ne connaît avec une précision<br />

acceptable le coefficient de variation qu'il convient<br />

d'affecter aux différents modèles d'épandeurs usuels<br />

et qu'aucun de ces engins n'est muni d'une commande<br />

du débit du doseur faisant correspondre à une<br />

position donnée de cette commande une valeur précise<br />

de la quantité moyenne au mètre carré effectivement<br />

épandue (on a même vu que dans le cas de<br />

l'épandeur à doseur volumétrique étudié, il n'y avait<br />

aucun système de repérage prévu sur la commande<br />

du doseur).<br />

Il apparaît donc nécessaire d'améliorer considérablement<br />

la situation actuelle si l'on veut être en mesure<br />

de proposer des prescriptions qui soient à la fois<br />

réalistes et techniquement fondées.<br />

Dans l'état actuel des choses, si l'on s'en tient au<br />

coefficient de variation de 20 % mentionné dans la<br />

Recommandation de 1972 et si l'on retient une formulation<br />

des prescriptions du type de celle examinée<br />

précédemment, il ne semble pas réaliste d'exiger que<br />

la condition sur les valeurs maximales pouvant être<br />

observées dans 5 % des cas soit inférieure à 2 à<br />

2,2 No.<br />

RÉGLAGE DE<br />

L'ÉPANDEUR<br />

Les considérations précédentes supposent comme<br />

on l'a dit que l'on sache régler parfaitement les épandeurs,<br />

c'est-à-dire que la valeur moyenne mesurée<br />

durant la phase de réglage corresponde exactement à<br />

la moyenne des valeurs que l'on pourrait mesurer<br />

tout au long de l'opération d'épandage en effectuant<br />

un très grand nombre de pesées de la quantité répandue<br />

au mètre carré.<br />

En théorie, pour régler exactement un épandeur, il<br />

suffirait de connaître son coefficient de variation<br />

ainsi que la loi de variation du débit de son doseur.<br />

Dans ces conditions, on obtient le réglage cherché en<br />

ajustant la commande du débit du doseur sur la position<br />

correspondant à :<br />

N, réglage NO +-<br />

t .<br />

-N0 = N0(1 + t . Cv<br />

1 - tCy 1 - tCy<br />

avec t : terme de probabilité caractérisant l'exigence<br />

sur le respect de la prescription.<br />

En pratique, l'entrepreneur ne connaissant pas ces<br />

paramètres, procède au réglage par tâtonnements<br />

successifs en augmentant progressivement le débit<br />

98


du doseur, estimant que l'engin est correctement<br />

réglé dès que la moyenne de 2 ou 3 mesures consécutives<br />

(portant souvent sur une surface inférieure au<br />

mètre carré), présente une valeur supérieure à la<br />

valeur contractuelle No. Cette manière de fixer la<br />

valeur de réglage de l'engin ne doit pas être considérée<br />

comme satisfaisante car ne prenant pas en<br />

compte le coefficient de variation de l'engin, la valeur<br />

ainsi déterminée ne constitue pas un estimateur<br />

précis de la valeur moyenne qui sera réellement<br />

épandue par la suite.<br />

Fig. 13 - Mode de détermination d'un estimateur précis de la quantité<br />

moyenne de liant épandue par mètre carré.<br />

En effet, en vertu des règles statistiques, si une variable<br />

aléatoire se distribue suivant une loi normale<br />

de moyenne m et d'écart-type o, les estimateurs de<br />

cette moyenne calculés à partir de n mesures se<br />

distribuent également suivant une loi normale de<br />

moyenne m mais d'écart-type o/VnT<br />

Dans les pratiques courantes actuelles, la moyenne<br />

m estimée à partir de 2 ou 3 mesures se trouve donc<br />

affectée d'un écart-type égal à celui de la distribution<br />

divisé par V20U Vàseulement. On risque donc ainsi<br />

de commettre une erreur de réglage importante,<br />

compte tenu des valeurs vraisemblablement élevées<br />

des coefficients de variation des épandeurs actuels ;<br />

il importe par conséquent de régler les épandeurs en<br />

déterminant un estimateur calculé à partir d'un grand<br />

nombre de mesures (100, voire 200).<br />

Fig. 13 a - Pesées des essieux de l'épandeur avant et après épandage<br />

d'une certaine surface (> 100 m 2 ).<br />

Il est évidemment hors de question d'envisager de<br />

régler un engin en exécutant 100 ou 200 pesées sur<br />

bâches, mais une solution intéressante consiste à<br />

peser la masse de liant répandu sur une certaine<br />

surface qui serait mesurée par ailleurs et dont la<br />

valeur ne seait pas inférieure à 100 m 2 .<br />

Fig. 13 b- Mesure de la surface<br />

recouverte par le liant précédemment pesé.<br />

La pesée du liant peut s'exécuter commodément par<br />

pesée, avant et après épandage, des essieux de<br />

l'épandeur à l'aide de pesons spéciaux; quant à la<br />

mesure de surface elle relève des moyens topographiques<br />

simples et classiques (fig. 13 a et 13 b).<br />

Connaissant la masse de liant épandue sur la surface<br />

correspondante, il est simple de calculer une masse<br />

au mètre carré qui constitue alors un très bon estimateur<br />

de la valeur moyenne qui sera répandue dans la<br />

suite de l'opération.<br />

Dans ce cas, comme on le voit sur la figure 14, à toute<br />

valeur de l'estimateur satisfaisant la condition minimale<br />

suivante :<br />

^estimateur >No(l + -<br />

minimal<br />

te,<br />

t' Q<br />

- +<br />

1 - t Cv (1 - t' Cy) Vn<br />

n : nombre d'observations ayant servi à l'estimation de<br />

la moyenne. Dans le processus opératoire proposé n =<br />

nombre de mètres carrés de surface couverte dans la<br />

phase « réglage » (n > 100) ;<br />

t: terme de probabilité caractérisant l'exigence de la<br />

prescription : par exemple si on exige que 97,5 % des<br />

observations soient 3= No, t = 1,96 dans l'hypothèse<br />

d'une distribution normale ;<br />

t' : terme de probabilité caractérisant l'erreur que l'on<br />

tolère sur le réglage, il est raisonnable de se fixert' >t<br />

dans le cas du processus opératoire proposé ;<br />

correspond un réglage de l'engin satisfaisant la spécification,<br />

c'est-à-dire par exemple : 97,5 % des observations<br />

3s No.<br />

Toutefois, pour préciser complètement les conditions<br />

de réglage d'un engin, il convient encore de<br />

définir la valeur maximale de l'estimateur à partir de<br />

laquelle une réduction du réglage s'impose.<br />

Pour conclure à la nécessité de procéder à une réduction<br />

du réglage, il faut être assuré qu'une fois cette<br />

action exécutée on ne risque qu'avec une très faible<br />

probabilité de mesurer un nouvel estimateur dont la<br />

valeur serait inférieure à la condition minimale définie<br />

précédemment.<br />

99


f cv f cv V J<br />

tfir ^i-f cv +i-t- cv/ f<br />

t<br />

N en kg/m 7<br />

2tCV _2. t'CV 1. t"CV 1<br />

JiT X-fCV l-t"Cv|<br />

1 - Distribution extrême des observations pouvant être constatées pour<br />

' a v a '<br />

e u r<br />

^estimateur minimal-<br />

2 - Distribution extrême des observations pouvant être constatées pour<br />

la valeur N e s t i m a t eur minimal- , ,<br />

3 - Distribution des estimations de la moyenne des observations de la<br />

population 1.<br />

4 - Distribution des estimateurs de la moyenne des observations de la<br />

population 2.<br />

5 - Valeur minimale d'un estimateur garantissant un réglage correct de<br />

l'épandeur.<br />

6 - Valeur maximale d'un estimateur garantissant un réglage correct de<br />

l'épandeur.<br />

A: Intervalle des valeurs des estimateurs garantissant un réglage correct de l'épandeur.<br />

B: Intervalle des valeurs moyennes des quantités épandues pouvant être observées pour un réglage correct de l'épandeur.<br />

C: Intervalle des valeurs ponctuelles des quantités épandues pouvant être observées pour un réglage correct de l'épandeur.<br />

No: Valeur prescrite dans le marché.<br />

ô: Quantité moyenne épandue pour une variation d'une graduation de la commande du débit du doseur.<br />

Fig. 14 - Schéma explicatif du mode de réglage d'un épandeur.<br />

Autrement dit, et ainsi que l'indique le graphique de<br />

la figure 14, la valeur maximale d'un estimateur à<br />

partir de laquelle il convient de réduire le réglage<br />

s'obtient en ajoutant à la condition minimale le terme<br />

2 No --T^V - augmenté de la quantité ô cor-<br />

(1 - t" CL) Vn<br />

respondant à la quantité de liant épandue au mètre<br />

carré pour une modification d'une graduation de la<br />

commande de variation du doseur.<br />

La condition maximale définissant la nécessité de<br />

procéder à une réduction du réglage s'écrit donc :<br />

N ssNo (1+ + ^—-+<br />

estimateur 1 — t Cy (1 — t' Cy) Vn<br />

maximal<br />

2 — —fc-<br />

Cl - t" C y ) Vn^<br />

avec t": terme de probabilité caractérisant l'exigence<br />

sur la certitude de régler l'engin à bon escient ; a priori<br />

on pourra considérer : t" = t'.<br />

En définitive, un épandeur sera considéré comme<br />

correctement réglé pour toute valeur de l'estimateur<br />

satisfaisant la double condition :<br />

N «S N . s= N .<br />

estimateur estimateur estimateur<br />

minimal<br />

minimal<br />

et l'intervalle A des valeurs des estimateurs garantissant<br />

un réglage correct est :<br />

t" C,<br />

A = 2 NO — +ô<br />

(1 - t" Q) W<br />

Toujours à l'appui de la figure 14, on peut également<br />

constater l'intervalle B des valeurs des moyennes<br />

des distributions et celui C des valeurs extrêmes<br />

pouvant être constatées dans les conditions de réglage<br />

correct de l'engin.<br />

Ces différentes expressions font apparaître l'importance<br />

des paramètres C y , ô et n dans les valeurs<br />

pouvant être prises par ces intervalles et permettent<br />

donc d'évaluer les surdosages qu'il convient d'admettre<br />

lorsqu'on utilise des matériels et des processus<br />

d'estimation de la moyenne différents pour satisfaire<br />

une prescription donnée.<br />

100


C'est ainsi par exemple que, si l'on considère:<br />

— un épandeur caractérisé par un Q de 20 % et un ô<br />

de 1 kg/m par graduation,<br />

2<br />

— un processus opératoire définissant l'estimateur<br />

de la valeur de réglage à partir de la moyenne de<br />

quatre observations,<br />

— une valeur No = 30 kg/m et des exigences caractérisées<br />

par t = t' = t" = 2, on trouve que les valeurs<br />

2<br />

minimale et maximale entre lesquelles doit se situer<br />

l'estimateur pour que le réglage puisse être considéré<br />

comme correct'sont respectivement de 60 et 81 kg/<br />

m et dans ces conditions 95% des observations seront<br />

comprises entre 30 et 110 kg/m soit dans un<br />

2<br />

2<br />

rapport de plus de 2. C'est effectivement ce que l'on<br />

constate en pratique, lorsqu'on fait un nombre de<br />

mesures suffisant (fig. 15).<br />

Si l'on fait les mêmes calculs avec :<br />

— un épandeur caractérisé par un Cy de 5 % et un ô<br />

de 0,2 kg/m par graduation,<br />

2<br />

— un processus opératoire définissant l'estimateur<br />

de la valeur de réglage à partir de la moyenne de 100<br />

observations,<br />

— les mêmes valeurs pour No, t, t', t",<br />

on trouve que les nouvelles valeurs minimales et<br />

maximales de l'estimateur sont respectivement:<br />

33,6 kg/m et 34,5 kg/m et que, dans ces conditions,<br />

2 2<br />

95 % des observations seront comprises entre 30 et<br />

38,12 kg/m .<br />

2<br />

Il serait certainement intéressant d'établir les graphes<br />

montrant l'influence relative des différents paramètres<br />

Cy, à et n pour différentes exigences caractérisées<br />

par les valeurs des t, t' ett", mais peut<br />

déjà estimer à partir de ces deux exemples tout l'intérêt<br />

qu'il y a à utiliser des épandeurs précis et à les<br />

régler à partir d'un estimateur issu d'un grand nombre<br />

d'observations.<br />

On a vu que la procédure, consistant à peser l'engin<br />

avant et après épandage sur une certaine surface<br />

mesurée par ailleurs, constitue une solution très opérationnelle<br />

pour déterminer un estimateur de qualité.<br />

En revanche, il faut reconnaître que l'on connaît<br />

encore insuffisamment les performances des épandeurs<br />

en usage actuellement pour être en mesure de<br />

mettre en pratique les considérations précédentes. Il<br />

convient donc de progresser dans cette voie, en engageant<br />

des actions qui pourraient prendre les formes<br />

suivantes :<br />

— des études, en station d'essai des différents types<br />

de doseurs équipant les épandeurs actuels. Dans ce<br />

cas, il faudra toutefois considérer que les valeurs de<br />

coefficient de variation annoncées seront des valeurs<br />

minimales qu'il conviendra de majorer par un coefficient<br />

forcément arbitraire pour tenir compte des<br />

conditions réelles de chantier. Néanmoins, il est clair<br />

que c'est par le passage d'une telle station que l'on<br />

pourra explorer dans les meilleures conditions le<br />

maximum de modalités ;<br />

— des études directement sur chantier, consistant<br />

en des interventions inopinées pour procéder à des<br />

séquences de 30 à 50 pesées sur bâche, cela pour<br />

différents modèles d'épandeurs, différents liants,<br />

différentes valeurs du dosage, pour le même modèle<br />

d'épandeur, différentes équipes ou différents états<br />

d'entretien.<br />

De telles actions supposent évidemment que l'on<br />

repense la méthodologie et les moyens utilisés<br />

jusqu'à présent pour réaliser les pesées sur bâches<br />

car il importe, dans toute la mesure du possible,<br />

qu'une séquence de mesures ne dépasse pas la demijournée.<br />

A partir des résultats de ces études, on peut espérer<br />

être en mesure de proposer un classement des épandeurs<br />

donnant, pour les différents modèles rencontrés<br />

ou de préférence pour les différentes technologies<br />

des doseurs utilisés, la classe de coefficient de<br />

variation qui leur est propre.<br />

En attendant, on pourra s'appuyer sur la valeur de<br />

20 % donnée dans la Recommandation de 1972, sachant<br />

que si l'on se satisfait de cette valeur qui est à la<br />

101


fois élevée et qui ne discrimine pas les engins, peu de<br />

progrès sont à espérer dans le développement de la<br />

technique du traitement en place vers des couches<br />

plus performantes que les couches de remblai ou les<br />

couches de forme.<br />

— vérifier la valeur de réglage en répétant périodiquement<br />

la phase de réglage (après chaque arrêt de<br />

chantier, nouvel arrivage de liant, etc.);<br />

— exécuter, autant que faire se peut, quelques séries<br />

de mesures sur bâches pour confirmer la qualité<br />

effectivement obtenue.<br />

CONTRÔLE DES PRESTATIONS<br />

D'ÉPANDAGE<br />

A première vue on pourrait penser que l'épandage<br />

est une opération dont le contrôle peut être valablement<br />

réalisé en appliquant les schémas habituels du<br />

contrôle statistique. En fait, il faut considérer que<br />

l'application des théories du contrôle statistique est<br />

en partie compromise par la nature des observations<br />

exigées par ce type de contrôle. En effet, on ne voit<br />

pas actuellement d'autres méthodes pour mesurer<br />

les quantités de liant épandues que celles de pesées<br />

de bâches ou d'essieux dont la mise en œuvre nécessitera<br />

toujours des préparatifs, supprimant ainsi tout<br />

caractère inopiné au contrôle. Or, on a vu en particulier<br />

qu'en jouant sur la vitesse de translation on pouvait<br />

notablement faire varier les quantités épandues,<br />

principalement avec les épandeurs à doseur volumétrique<br />

asservi à la vitesse de déplacement; il faut<br />

donc admettre comme préalable à ce type de contrôle<br />

la nécessité d'équiper ces engins d'un enregistreur de<br />

la vitesse de déplacement. Pour les épandeurs non<br />

asservis à la vitesse, imposer un tel enregistreur est<br />

évidemment encore davantage justifié.<br />

Avec des engins ainsi équipés, on doit pouvoir réaliser<br />

un contrôle « de réception» au sens statistique du<br />

terme; toutefois, il est vraisemblable qu'un tel<br />

contrôle pour apporter la garantie souhaitée, exigera<br />

des interventions à la fois lourdes et pénibles qu'il<br />

sera difficile de justifier. On peut donc penser, qu'à<br />

l'image de ce que l'on constate souvent dans la plupart<br />

des travaux de génie civil, il sera plus réaliste de<br />

s'orienter vers un contrôle des moyens d'exécution<br />

et des modalités d'utilisation de ces moyens (réglage,<br />

état d'entretien, etc.).<br />

INTÉRÊT DE L'ÉPANDEUR<br />

A DOSEUR PONDÉRAL<br />

VIS-A-VIS DES PROBLÈMES POSÉS<br />

PAR LES PRESCRIPTIONS,<br />

LE RÉGLAGE ET LE CONTRÔLE<br />

A l'issue de l'expérimentation, il apparaît clairement<br />

que l'épandeur à dosage pondéral présente des avantages<br />

incontestables par rapport aux épandeurs actuels<br />

vis-à-vis des problèmes examinés précédemment.<br />

Ces avantages sont bien évidemment à mettre<br />

à l'actif de la régulation de débit pondéral, mais ils<br />

résultent également de la possibilité de réaliser, à<br />

partir d'une telle chaîne de régulation, un enregistrement<br />

continu de la masse épandue par unité de<br />

surface dans des conditions suffisamment simples<br />

pour que, compte tenu de l'intérêt de l'information<br />

ainsi procurée, il soit justifié de considérer un tel<br />

enregistrement comme devant faire partie intégrante<br />

du système de régulation.<br />

En effet, la régulation du débit pondéral, déjà responsable<br />

de la réduction du coefficient de variation<br />

constatée dans l'étude, avec les avantages techniques<br />

et économiques qui en découlent, permet par<br />

ailleurs une simplification pratique considérable des<br />

opérations de réglage. Si en outre on dispose de<br />

l'enregistrement continu de la masse épandue par<br />

unité de surface, c'est toute la phase de contrôle qui<br />

est considérablement améliorée du double point de<br />

vue de la fiabilité et de l'exécution opérationnelle.<br />

C'est ainsi en particulier qu'avec un épandeur du<br />

type de celui étudié, on peut prévoir une importante<br />

réduction :<br />

Concrètement, si on applique cette démarche au cas<br />

de l'épandage, les tâches qui reviennent alors à<br />

l'échelon de contrôle sont les suivantes :<br />

— agréer le matériel d'épandage, c'est-à-dire vérifier<br />

d'une part que sa classe de coefficient de variation<br />

est compatible avec la prescription et, d'autre<br />

part, s'assurer de son bon état de fonctionnement;<br />

— participer, voire organiser, la phase de réglage de<br />

l'appareil;<br />

— surveiller le recouvrement des bandes ;<br />

— exploiter les enregistrements de la vitesse<br />

d'épandage (beaucoup d'éléments peuvent être tirés<br />

de l'analyse de ces enregistrements) ;<br />

— du nombre des mesures nécessaires au réglage de<br />

l'engin, car il sera possible après étalonnage d'établir<br />

une échelle faisant correspondre les différentes positions<br />

de la commande du débit du doseur à la valeur<br />

moyenne de la masse épandue. Cela permet<br />

d'échapper en grande partie à la procédure par tâtonnements<br />

successifs nécessitant des mesures à<br />

chaque nouvelle position de la commande puisqu'il<br />

suffira en principe d'ajuster la commande sur la valeur<br />

indiquée par l'échelle ;<br />

— de la fréquence des opérations de vérification du<br />

réglage ; en effet l'échelle ainsi établie est, dans un<br />

bon intervalle de confiance, indépendante de la nature<br />

du liant épandue, de son état de foisonnement,<br />

102


de ses conditions d'écoulement, de la vitesse de déplacement<br />

de l'engin tous paramètres dont une variation<br />

sensible devrait nécessiter la répétition d'un<br />

nouveau réglage dans le cas des épandeurs à dosage<br />

volumétrique ;<br />

— des mesures exécutées dans le cadre du contrôle<br />

de réception. Dès que l'on aura constaté une précision<br />

suffisante de l'enregistrement, la plus grande<br />

partie du contrôle de réception pourrait être limitée à<br />

l'examen des enregistrements en prévoyant toutefois<br />

quelques mesures des quantités épandues pour vérifier<br />

la constance de la précision de l'enregistrement.<br />

Un autre avantage de ce type d'épandeur découle de<br />

la possibilité d'épandre de faibles quantités et de la<br />

grande souplesse dans la commande des variations<br />

de ces quantités et cela dans une large plage de débit,<br />

comme nous l'avons déjà dit.<br />

L'utilisation de cette propriété est en particulier intéressante<br />

dans le traitement en place des sols argileux<br />

trop humides en vue de permettre leur réemploi en<br />

remblai, alors que l'on pourrait considérer à première<br />

vue que cette nature de travaux devrait se<br />

satisfaire d'épandeurs beaucoup plus rustiques. En<br />

effet, ces travaux se caractérisent par :<br />

— des quantités à épandre relativement faibles<br />

(souvent moins de 10 kg/m 2 ), étant donné que l'on<br />

recherche une amélioration du sol juste suffisante<br />

pour permettre la mise en remblai, et que les matériels<br />

de malaxage utilisés ont souvent une faible profondeur<br />

de travail (moins de 0,20 m avec les charrues<br />

à disques) ;<br />

— le grand intérêt économique qu'il y a à pouvoir<br />

adapter au mieux la quantité épandue à l'humidité du<br />

sol constatée dans le déblai, ce qui suppose des réajustements<br />

fréquents (souvent plusieurs fois par<br />

jour) de cette quantité en fonction des résultats des<br />

mesures de teneur en eau. Pour ce faire avec l'épandeur<br />

à dosage pondéral, il est vraisemblable qu'il<br />

suffise d'agir sur la commande du débit du doseur,<br />

c'est-à-dire sans passer par un nouveau réglage, pour<br />

obtenir avec une précision suffisante la modification<br />

de la quantité épandue cherchée.<br />

Vis-à-vis de ce problème, dont l'importance économique<br />

est grande étant donné que cela concerne généralement<br />

de grandes masses de sol, l'idéal serait<br />

évidemment de réaliser un ajustement continu de la<br />

quantité épandue en fonction de la teneur en eau du<br />

sol. Cela est d'ores et déjà concevable à partir d'un<br />

épandeur à dosage pondéral en introduisant dans la<br />

chaîne un élément de régulation supplémentaire qui<br />

asservisse le débit du doseur à l'information d'une<br />

sonde électromagnétique de teneur en eau.<br />

CONCLUSION<br />

Cette étude a mis en évidence la nette supériorité des<br />

épandeurs à dosage pondéral et à enregistrement<br />

continu de la masse épandue, tant sur le plan de<br />

l'homogénéité et de la précision des quantités épandues<br />

que sur celui des améliorations apportées dans<br />

les opérations du réglage des engins et de contrôle de<br />

l'exécution.<br />

Elle a également été l'occasion d'une réflexion sur le<br />

mode de réglage des épandeurs, qui a débouché sur la<br />

proposition d'une procédure rationnelle de réglage<br />

d'un épandeur, connaissant son coefficient de dispersion,<br />

la sensibilité de la commande de son doseur<br />

et le mode de détermination de l'estimateur de la<br />

valeur de réglage.<br />

En fonction de ces paramètres, cette procédure permet<br />

de chiffrer les surdosages auxquels il faut<br />

consentir pour réaliser un épandage de qualité imposée<br />

et, le cas échéant, choisir objectivement entre<br />

plusieurs matériels de caractéristiques données.<br />

L'utilisation de cette nouvelle génération d'épandeurs<br />

se heurtera au surcoût qu'elle implique, car il<br />

est acquit que le coût d'épandage réalisé avec de tels<br />

matériels sera sensiblement plus élevé que celui réalisé<br />

avec les épandeurs volumétriques actuels plus<br />

rustiques et, pour la plupart, déjà en grande partie<br />

amortis.<br />

Le bilan coût-qualité déterminera donc, in-fine, le<br />

développement que connaîtront les épandeurs à dosage<br />

pondéral ; mais pour être en mesure de chiffrer<br />

en toute objectivité ce bilan, il importe de compléter<br />

l'étude des performances des principaux modèles<br />

d'épandeurs recensés dans les parcs des entreprises,<br />

de manière à pouvoir en proposer un classement.<br />

Actuellement, on prévoit de conduire cette étude en<br />

procédant, sur des chantiers de traitement traditionnels,<br />

à des actions de mesure très concentrées d'une<br />

journée au maximum, mais avec des moyens permettant<br />

l'exécution d'un nombre de mesures statistiquement<br />

suffisant pour caractériser un épandeur.<br />

Toutefois, si les conditions pratiques de chantier<br />

étaient telles que l'on ne soit pas en mesure de dégager<br />

des valeurs claires, on pourrait alors envisager<br />

des essais en site propre.<br />

Enfin, en fonction des performances ainsi mises à<br />

jour, il conviendra de réexaminer les résultats des<br />

nombreuses études de comportement des sols stabilisés<br />

aux liants hydrauliques déjà réalisés, de manière<br />

à définir le domaine d'application de la stabilisation<br />

en place propre à chaque classe d'épandeurs. •<br />

103


ABSTRACTS<br />

A mechanized system of rapid soil identification<br />

M. KERGOET<br />

The identification of earthworking soils currently often takes too long to<br />

enable fully effective measures to be taken when on-site controle are<br />

carried out.<br />

This article describes a method and an equipment for the rapid<br />

identification of soils developed by the Laboratoire Regional de l'Est<br />

parisien in Melun.<br />

Experiments have revealed a satisfactory correspondence with tests<br />

performed using conventional procedures.<br />

The method proposed is therefore reliable, and makes it possible to<br />

identify an earthworking soil on the basis of granulometric criteria and<br />

the results of the methylene blue test in less than two hours, which meets<br />

desirable conditions of efficacity.<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch.. n°I20, juil.-aout 1982, p. 27.<br />

The double gamma-ray probe and the associated drilling<br />

apparatus<br />

J.-C. VALEUX<br />

The double gamma-ray probe is an instrument for measuring, by<br />

gamma-ray transmission, the density at different depths of most materials<br />

used in civil engineering.<br />

The measurement is accurate and not very destructive. It is performed<br />

automatically in steps of 2.5 or 10 cms and recorded on a print-out or on<br />

a minicassette, with identification of the measurement profiles.<br />

The depth to which the double probe can work is theoretically unlimited,<br />

and it is possible to determine the wet densities of one or more layers of<br />

material through a vertical axis.<br />

This instrument is particularly useful for assessing or testing the efficacity<br />

of laying procedures and compactors ; it can also detect the presence of<br />

voids or segregation in materials, control the thickness of different<br />

courses after laying, follow up the evolution of densities in an<br />

embankment over a period of time, and track the movements of water in<br />

soils.<br />

This article reviews the principle of operation of the double probe, and<br />

describes the instrument and its associated drilling apparatus.<br />

The record of different operations performed on site by the specialized<br />

team of the Rouen Experimental Road Engineering Centre provides<br />

practical examples of the use of this instrument.<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch., n°I20, juil.-aout 1982. p. 33.<br />

A rapid particle size test for aggregates and soils of low clay<br />

content<br />

N.-L TRAN • R. BARBARAS<br />

The particle size test described in this article is an attempt to simplify the<br />

conventional screening test. All it retains of the latter is the screening of<br />

the coarse fraction (> 0.5 mm), which is a relatively easy operation. The<br />

rest of the test comprises:<br />

- a modified method of sedimentation, using a sensitive and<br />

unbreakable plastic densimeter;<br />

- gauging operations making it possible to determine the dry masses of<br />

the various rejects of the coarse fraction.<br />

This avoids the tedious screening of fines, as well as drying and weighing.<br />

The equipment required for this test is relatively rudimentary and of low<br />

cost, for it does not use advanced physical and electronic techniques. No<br />

electric current is necessary.<br />

The test is particularly useful in situations where :<br />

- no installation comprising curing chamber, electric current and<br />

balance is available (as in the case of certain working sites outside<br />

continental Francs);<br />

- a very short response time is essential (as in the case of control at the<br />

production plant, at the quarry, or on site).<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch., n° 120, juil.-aout 1982, p. 40.<br />

Application of the RTR (Recommendation Concerning Road<br />

Earthworks) to small projects. Findings<br />

J. PUIG-G. VERON<br />

The article deals with findings made concerning the application of the<br />

Recommandation pour les <strong>Terrassements</strong> Routiers (RTR - Recommendation<br />

Concerning Road Earthworks) to small earthwork projects (45.000<br />

to 100,000 cubic meters).<br />

The six projects chosen lie in the area covered by the Toulouse<br />

Laboratory. They involve earthworks using class A 2, B 6, C 1, C 2, C 3.<br />

D 4, and E 3 materials.<br />

For four of the six projects, the nature of the materials made testing by in<br />

situ density measurements impossible, and the continuous testing method<br />

turned out to be highly suitable: it was the only method capable of giving<br />

the project supervisor the information he needed to make sure of the<br />

quality of the work.<br />

Application of the RTR as applied to compaction conditions makes it<br />

possible to require from the outset that the contractor should possess<br />

suitable compaction equipment.<br />

Analysis of the results obtained (Q/S objective versus Q/S attained; Q/S a<br />

characteristic compaction intensity parameter) showed that, for these<br />

projects, this equipment is often overdimensioned for the amount of<br />

materia! to be applied each day.<br />

Constant knowledge of the geotechnical characteristics of the materials is<br />

essential. This means that a preliminary geotechnical survey is necessary,<br />

and that (at least) one person must be assigned full-time to the site to<br />

supervise the various modes of application of the RTR called for in the<br />

CCTP specification (a set of specific technical rules).<br />

Analysis of the texts of the various instructions shows, however, that<br />

work is still required in this area to assure that this recommendation is<br />

properly followed, and especially to avoid the simultaneous specification<br />

of the results to be obtained and the means to be employed for this<br />

purpose.<br />

Finally, it was found that taking the weather conditions at the time the<br />

work is done into account had its largest impact on the problems of road<br />

platform trafficability and deformability.<br />

While, on the whole, the application of this method has raised no<br />

problems and has been accepted by all project supervisors, it should be<br />

pointed out that it obliges the laboratories to do a great deal of work to<br />

inform and train all concerned (project supervisor and contractors).<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch., n° 121, sept.-oct. 1982, p. 61-76.<br />

Checking the execution of embankments and subgrades.<br />

Presentation of fascicule four of the RTR (Recommendation<br />

Concerning Road Earthworks)<br />

M. SCHAEFFNER<br />

In the last fiveyears, there have been notable additions to the means of<br />

solving the problems of checking the execution of embankments and<br />

subgrades, thanks in particular to the technical information concerning<br />

the conditions of use of soils published in the firstthree fascicules of the<br />

Recommandation pour les <strong>Terrassements</strong> Routiers (RTR - Recommendation<br />

Concerning Road Earthworks) and to the development of<br />

performing testing equipment.<br />

Fascicule four of this recommendation takes these recent contributions<br />

into account. It is intended as a guide for project supervisors, to help them<br />

choose the checking procedure best suited to the special conditions of<br />

each project.<br />

The main body of the document is in four parts. The first reviews a<br />

number of general considerations concerning the need for checking, the<br />

responsibility of the project supervisor, the stage in the progress of the<br />

work at which checking is necessary, and so on.<br />

The second part analyses the problems of checking compaction, a tricky<br />

operation but the key to assessing the quality of an embankment. Special<br />

emphasis is placed on the advantages of the method based on checking<br />

that the rollers have been used as specified in fascicules two and three.<br />

Part three deals with testing the deformability of road platforms. Here,<br />

the emphasis is on the performing measurement devices (dynaplaque.<br />

deflectograph) already available to tackle this problem.<br />

Part four sums up the control operations specific to soil stabilization work<br />

and deplores the relative lack of progress in this fieldin the past decade.<br />

Finally, this fascicule is completed by two appendices: one deals with<br />

project supervision and its close imbrication with control operations; the<br />

other briefly reviews the main characteristics of the major tests used in<br />

the fulfilment of the control work.<br />

Bull liaison Labo. P. et Ch., n°I21, sept.-oct. 1982, p. 77-87.


Synthesis of an investigation of controlographs<br />

J.-P. BERTHIER<br />

The continuous monitoring of the compaction of embankments and<br />

subgrades (the so-called "Q/S characteristic compaction intensity<br />

parameter") requires the installation of controlographs on the rollers to<br />

check compliance with the specified operating procedures. At the request<br />

of the "earthworks" G.S.C. (special coordinating group), the SETRA has<br />

investigated the problem of the fitting of these controlographs (derived<br />

from the speed recorders required on certain vehicles) on the rollers. It<br />

was found that there is no major obstacle when the various parties<br />

involved have accepted and assimilated the method. However, there are<br />

many problems with the installation, operation, and maintenance of the<br />

controlographs, especially in connection with recording the frequency of<br />

vibration of vibratory rollers. It should be possible to improve this<br />

situation.<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch., n°!21, sept.-oct. 1982, p. 88-92.<br />

The « Dynaplaque »<br />

J. BENOIST - M. SCHAEFFNER<br />

This is a new apparatus specially designed for measuring the<br />

deformability of supporting natural ground; a precise knowledge of this<br />

characteristic has progressively proved essential for the laying of<br />

pavement bases and subbases.<br />

It was decided to construct this apparatus by reason of the limitations of<br />

use of the different instruments for measuring deformability employed up<br />

to the present (Lacroix deflectograph, Benkelman beam, static plate tests).<br />

The Dynaplaque applies a dynamic load to the soil, generated by the fall<br />

of a mass on to a circular bedplate through the intermediary of a coil of<br />

springs. The resulting impact is of the same order of magnitude as that<br />

created by the passage of a heavy axle or a heavy vibratory compactor.<br />

The reaction of the supporting natural ground to this impact is measured<br />

in an original and practical manner on the basis of the coefficient of<br />

restitution which expresses the ratio between the height of fall and the<br />

height of rebound of the falling mass. It has been shown that subject to a<br />

judicious choice of the functional parameters of the apparatus (absolute<br />

values and ratio of masses, rigidityof springs) one observes a considerable<br />

range of variation of this coefficient (between 0.1 and 0.7) in the range of<br />

moduli of reaction usually encountered on pavement subgrades (between<br />

10 and lQOMPa).<br />

In the construction of the apparatus, priority was given to the practical<br />

aspect of its operational use (mounting on a cross-country vehicle,<br />

partially automated hydraulic manceuvering, automatic calculation and<br />

recording of the coefficient of restriction, etc.). This led to an extremely<br />

mobile apparatus which, once in position, can test a subgrade at the rate<br />

of 30 to 40 tests an hour with only one operator.<br />

The Dynaplaque can also be used to study a number of problems where<br />

an impact generator scaled to road traffic is required. Some of these<br />

problems are referred to in this article : structural fatigue, the evolutive<br />

nature of certain materials, contamination of granular materials, control<br />

of the compaction of embankment courses, etc.).<br />

Lastly, the authors stress the fact that the Dynaplaque, as a measuring<br />

instrument, must have its metrological characteristics rigorously and<br />

periodically checked. The nature and frequency of the necessary<br />

verifications are specified.<br />

Bull liaison Labo P. el Ch., n" 122, nov.-dec. 1982, p. 61-72.<br />

Results of the continuous control (Q/S, e) of road earthworks<br />

in Normandy<br />

The third part reviews the different operations to be performed by the<br />

person responsible for controls in order to comply with the standard<br />

practice laid down in the recommendation concerning road earthworks.<br />

Lastly, the authors present the Laboratory's point of view on available<br />

methods of control, and in particular they specify the means that have to<br />

be employed in the context of the Q/S, e method.<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch., n° 122, nov.-dec. 1982, p. 73-81.<br />

The waterproofing of supporting natural grounds<br />

D. PUIATTI - A. QUIBEL<br />

It is often recommended to waterproof supporting natural grounds the<br />

efficiency of available techniques is not known. In view of this, the<br />

authors attempted to find out the present state of affairs either through a<br />

bibliographic study or through half-scale tests carried out at the Rouen<br />

Experimental Highway Centre (CER - Centre d'Expérimentations<br />

Routières). The results of the bibliographic study were disappointing ;<br />

few references were found to earthworks proper. On the other hand, the<br />

first series of tests carried out at the CER provided interesting information<br />

and even revelations.<br />

The authors recall firstof all that a proper « sealing » of the surfaces can<br />

limit the risksof water penetration in significant proportions. Treatment<br />

with hydraulic binders modifies permeability : lime increases it, while<br />

cement or a combination of lime and cement reduces it. Surface dressings<br />

of the single layer or two-layer type, with or without prior application of<br />

pre-coated chippings (which are quite often pure and simple transpositions<br />

of pavement formulae) are of doubtful efficiency or even of no<br />

efficiency at all, because of the perforation of the waterproof filmby the<br />

chips. A simple thin filmof bitumen with sand spreading is much more<br />

effective, but it poses the problem of resistance to traffic. Waterproofing<br />

membranes are at present not widely used. Moreover they are fragile.<br />

Water repellants have been more widely used up to the present in<br />

landscaping work than in road construction. Their efficiency over a short<br />

period is certain, but tests need to be continued. There exist many other<br />

products which claim to be stabilizing of waterproofing agents but which<br />

quite often possess none of these properties. The advice of a laboratory<br />

can be useful.<br />

Bull, liaison Labo P. et Ch., n° 122, nov.-déc. 1982, p. 82-92.<br />

The classification of chalks and conditions of re-utilization as<br />

fill material<br />

M. RAT - M. SCHAEFFNER<br />

The authors propose a new classification of chalks, and specify the<br />

conditions of re-utilization of this material, which is of such a special<br />

nature. In the firstpart, the properties of this evolutive material are<br />

reviewed. Then the advantages and drawbacks of the two existing<br />

classifications (that contained in the "Recommendations for Highway<br />

Earthworks", and the British classification) are discussed on the basis of<br />

observations made on a number of recent working sites. Stemming from<br />

this discussion, a classification is proposed, adopting only two<br />

parameters: dry density and water content in situ. Lastly, the authors<br />

show that chalk is a very difficult material to compact.<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch.. n° 123, janv.-fevr. 1983, p. 65-74.<br />

A. FEVRE - J J. CORBIN - G. VIGEA<br />

Since 1978 the authors have counted nineteen working sites, representing<br />

a potential of 4,100,000 m^, for which project managers in the<br />

Normandy region made provision, in the special technical specifications<br />

(C.C.T.P.), for a continuous control of the earthworks by the Q/S and e<br />

method (where Q is the volume of packed soil, measured after<br />

compaction, S is the surface rolled by the compactor to compact this<br />

volume, and e is the maximum thickness after compaction).<br />

The firstpart of this article presents what ought to have been done (to<br />

conform to the specifications in question) and what was actually done<br />

during the performance of the work, in respect of the delegation of<br />

responsability for the controls: who does what, and how ? There<br />

emerges a very marked shift on the part of those concerned.<br />

In the second part, the authors list a certain number of anomalies<br />

encountered during the carrying out of the work, which are not<br />

compatible with a correct application of this method.<br />

The validity of weather forecasting for the management of<br />

working sites<br />

A. QUIBEL<br />

The automatic answering devices of regional meteorological stations<br />

provide a forecast bulletin updated in the light of the evolution of general<br />

and local weather data.<br />

The use of this information for the management of working sites can be<br />

very appreciable, provided that the forecasts are reliable.<br />

A test of their validity in Rouen over a limited period showed that the risk<br />

of being misled unfavourably on a twice-a-day basis is three in a<br />

hundred, for the site and the period concerned.<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch., n° 123, janv.-fevr. 1983. p. 75-77.


The choice of sources of weather data: hydrologic balance and<br />

work stoppates<br />

M. SEGOUIN<br />

Comparison of the rainfall recordsof several stationary weather stations<br />

close to an earthwork site, and of mobile stations set up on the site,<br />

revealed over two complete seasonal cycles that it could be justifiable to<br />

rely on the data of a neighbouring fixed recording point when the<br />

geographical site is homogeneous.<br />

The hydrologic balance study revealed that the year is divided into two<br />

distinct periods, and that trie number of days of work stoppage, for<br />

scraping units can be determined either monthly, from the monthly<br />

hydrologic balance, or by periods of the same hydrologic balance on the<br />

basis of the number of rainy days exceeding a certain well-defined<br />

threshold.<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch., n° 123, janv.-fevr. 1983, p. 78-84.<br />

The treatment of soils with air-slaked lime and cements :<br />

methodology of laboratory studies<br />

D. PUIATT1 - J. PU1G - M. SCHAEFFNER<br />

The extensive development of soil treatments in the fieldof roadmaking<br />

over the past ten years has revealed the need to standardize<br />

methodologies of laboratory studies, and notably those which lead to<br />

fixing the proportions of treatment products introduced into soils so as to<br />

guarantee that the required objectives will be met.<br />

The purpose of this article is to propose a methodology of study<br />

developed on the basis of the experience of engineers of the Laboratoires<br />

des Ponts et Chaussées who have studied and followed up the principal<br />

soil treatment projects undertaken in recent years.<br />

The proposed methodology successively covers three aspects :<br />

- Studies of soil identification in the light of suitability for treatment.<br />

- Studies of identification of different treatment products falling into<br />

the general category of air-slaked lime and cement.<br />

- Studies of the formulation of mixtures of soil and treatment product,<br />

leading to the general designation of the proportion to be incorporated.<br />

This third aspect is dealt with at greatest length ; the authors describe the<br />

consistency of the studies to be undertaken in the light of the objective<br />

sought (construction of embankments or improved subgrades) and of the<br />

adequation of the soil treatment product.<br />

Bull. Liaison Labo. P. et Ch., n" 124, mars-aw. 1983, p. 123.<br />

The behaviour of soils underlying pavements under the triaxial<br />

repeated-loading test apparatus<br />

J.-L. PAUTE<br />

The study of untreated soils and well graded aggregates has for long been<br />

of an empirical nature. In this respect the CBR test is universally<br />

considered as the only test making it possible to evaluate the bearing<br />

capacity of the soil underlying a pavement in function of its water<br />

content.<br />

But its empirical nature does not make it possible either to improve our<br />

knowledge of the behaviour of the soil or to tackle the rational study of<br />

the structural design on flexible pavements.<br />

The triaxial repeated-loading test is seen by many research workers as a<br />

means of rational approach to the study of the behaviour of soils and well<br />

graded aggreagates, because of its similarity to the stresses generated by<br />

traffic.<br />

In this article the author describes an apparatus developed for the twin<br />

purpose of carrying out standard studies and further improving general<br />

knowledge. The principal properties of untreated well graded aggregates<br />

proposed by specialists in recent years are reviewed, and illustrated by the<br />

results of various studies. It is shown that the behaviour of soils observed<br />

with the triaxial repeated-loading test apparatus requires analysis in terms<br />

of effective stresses. Partially saturated soils must therefore be previously<br />

consolidated under controlled suction. Lastly, the author shows how<br />

reversible and permanent deformations are related to the initial state of<br />

the soil thus defined.<br />

The use of the methylene blue test in<br />

roadmaking earthworks<br />

TRAN NGOC LAN<br />

The autor explains in detail the operational principle of the<br />

methylene blue test. With reference to the mineralogy of<br />

clays, the fundamental significance of this test is made clear<br />

and it is proposed as a criterion of soil classification in terms<br />

of argillaceous phases. Applied to the classification described<br />

in the «Recommendation for Roadmaking Earthworks »<br />

(RTR), this test brings :<br />

— A simplification, for it is applicable to both pulverulent<br />

and cohesive soils.<br />

— An improvement in various respects, in particular in the<br />

case of materials for which no satisfactory tests exist (rocks,<br />

gravels with a low fines content, etc.).<br />

Furthermore, advantage is taken of the fact that the new<br />

test is performed on an aqueous suspension to develop an<br />

operational procedure which, in a single simple and rapid<br />

treatment of the sample, makes it possible to determine the<br />

RTR category of the soil once all the data have been gathered.<br />

The results of studies of correlation with conventional soil<br />

tests show that the behaviour of a soil can be presumed on<br />

the basis of the value obtained from the methylene blue test.<br />

Bull, liaison Labo. P. et Ch., n° 111, janv.-fevr. 1981, p. 5.<br />

Bull. Liaison Labo. P. et Ch., n° 124, mars-avr. 1983, p. 101.<br />

The structural design of untreated subgrades<br />

R. BICKARD • R. Z WINGEtSTEIN<br />

The bearing capacity of the natural ground plus the subgrade depends<br />

mainly on three parameters: the bearing capacity of the natural soil and<br />

the thickness and nature of the subgrade. For a given natural soil and a<br />

given subgrade it is possible to establish a correspondence between the<br />

thickness of the subgrade and the bearing capacity at its upper surface.<br />

The authors give examples of this correspondence for untreated granular<br />

subgrades whose bearing capacity is assessed by the modulus Ev2 of the<br />

plate bearing test or by the coefficient of rebound of the Dynaplaque.<br />

These correspondences make it possible to compare the effects of the<br />

increase in bearing capacity produced by different kinds of materials,<br />

determine the thickness of subgrade necessary to achieve a given bearing<br />

capacity, or to define the depths of drainage in an underlying soil. They<br />

can be used for the structural design of an improved subgrade at the stage<br />

of a geotechnical reconnaissance, provided it is possible to previously<br />

asses the modulus Ev2 of the underlying soil; this seems possible for fine<br />

soils on the basis of the CBR test. It is also possible to achieve a<br />

quantitative assessment of the bearing capacity of categories of<br />

underlying soils defined in the Catalogue of Pavement Structures.<br />

Bull. Liaison Labo. P. et Ch., n° 124, mars-avr. 1983, p. 115.<br />

IV. In situ treatment machines<br />

Techniques of in situ soil treatment may, in certain cases, be<br />

of value for the treatment of subgrades, thereby enabling the<br />

latter to be considered, from the point of view of structural<br />

design, as courses forming an integral part of the pavement<br />

structure.<br />

This implies the in situ production of a treated material whose<br />

characteristics, notably in respect of homogeneity, are close<br />

to those of a material produced in a plant. This obviously<br />

supposes the in situ availability of efficient mixers, and also<br />

efficient binder spreaders. We shall concern ourselves here<br />

with this latter category of equipment.<br />

In this section, the results obtained on a given working site<br />

are compared respectively with a conventional volumebatching<br />

spreader and a weight-batching spreader using the<br />

principle of weight batchers of pulverized material. The latter<br />

type of equipment proves to be much more efficient. The<br />

second part of the article deals with methods of adjusting<br />

the equipment, taking account of the intrinsic dispersion of<br />

the spreader, the sensitivity of its adjustment control, and the<br />

method of determining the average batching spread. This<br />

procedure shows the value of accurate spreaders ensuring a<br />

regular batching of binder, avoiding over-batching and underbatching.<br />

A better assessment of the performances of different types of<br />

spreaders should make it possible in the future to envisage a<br />

trend, in specifications, towards the prescription of means<br />

to be employed in function of the site, and requirements<br />

concerning batching. The more general use of weight spreaders<br />

could thus lead to the in situ stabilization of materials as<br />

pavement bases and subbases.

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