Règle de saint Benoît - Collège Montesquieu

III. Le fidèle gagnait son salut avec le
soutien de l’exemple monastique
1) Les moines obéissaient à une règle
Règle de saint Benoît
« [Chapitre 71] Obéir est un bien. C'est pourquoi tous les frères doivent obéir à l'abbé.
Mais cela ne suffit pas. Ils s'obéiront aussi les uns aux autres. Qu'ils le sachent : c'est
par ce chemin de l'obéissance qu'ils iront à Dieu. Donc, on obéit d'abord aux ordres de
l'abbé et des responsables qu'il a établis. A ces ordres-là, nous ne permettons pas de
préférer les ordres des autres frères. Mais, pour le reste, tous les frères plus jeunes
obéiront à leurs aînés de tout leur cœur et avec amour. Si quelqu'un refuse d'obéir, on
le punira. *

Abbaye de
Fontenay,
Bourgogne
XII e siècle
Saint Bernard,
bréviaire franciscain,
Italie, vers 1430

Le dortoir

Règle de saint Benoît
« [Chapitre 22] Chacun a un lit
pour dormir. On donne aux
frères ce qu'il faut pour la nuit,
selon leur genre de vie et
comme l'abbé l'a décidé.
Autant que possible, tous
dorment dans un même lieu.
Quand ils sont trop nombreux,
ils dorment par groupes de 10
ou 20, avec les anciens qui
prennent soin d'eux. Dans ce
dortoir, une lampe brûle toute
la nuit jusqu'au matin. Les
frères dorment habillés, avec
une ceinture ou une corde
autour des reins. Quand ils
sont couchés, ils n'auront pas
de couteau à leur côté, pour ne
pas se blesser en dormant. »

L’église
Règle de saint Benoît
« [Chapitre 22] Ainsi, les
moines sont toujours prêts
(Luc 12, 35-40), et quand on
donne le signal, ils se lèvent
sans retard. Et chacun se
dépêche pour arriver le
premier au Service de Dieu,
mais tout de même avec
sérieux et avec calme. *

Règle de saint Benoît
« [Chapitre 16] Le Prophète dit :
“Sept fois par jour, j'ai dit ta
louange” (Psaume 118, 164). Ce
nombre sacré de sept, voici
comment nous le garderons : en
accomplissant les devoirs de
notre service à Laudes, Prime,
Tierce, Sexte, None, Vêpres et
Complies. *

L’emploi du temps
du moine cistercien

Le cloître

Le cloître : espace-carrefour de l’abbaye

La salle capitulaire
Règle de saint Benoît
« [Chapitre 3] Chaque fois qu'il y a
des choses importantes à discuter
dans le monastère, l'abbé réunit toute
la communauté. Il présente lui-même
l'affaire. Il écoute les avis des frères.
Ensuite il réfléchit seul. Puis il fait ce
qu'il juge le plus utile. Tous les frères
sont appelés au conseil *

La salle
capitulaire de
Fontenay
aujourd’hui
Saint Bernard
enseignant, Jean
Fouquet, Le Livre
d’Heures d’Etienne
Chevalier, XV e siècle

Le réfectoire
Règle de saint Benoît
« [Chapitre 35] Les frères se serviront
les uns les autres. Donc personne ne
sera dispensé du service de la cuisine,
sauf si un frère est malade, ou s'il
s'occupe de choses plus importantes.
[Chapitre 38] Pendant le repas, on
garde un silence complet. Ainsi on
n'entend personne parler à voix basse
ou à voix haute, on entend seulement
celui qui lit. [Chapitre 39] Pour le
repas de chaque jour, vers midi ou
trois heures de l'après-midi, nous
pensons que deux plats cuits suffisent
à toutes les tables. *

La salle des moines copistes

Moine copiste, Barthélémy
l’Anglais, Livre de la propriété
des choses, avant 1416
Règle de saint Benoît
« [Chapitre 48] La paresse est
l'ennemie de l'âme. Aussi, à
certains moments, les frères
doivent être occupés à
travailler de leurs mains. A
d'autres moments, ils doivent
être occupés à la lecture de la
Parole de Dieu. *

Moine copiste,
Normandie,
entre 1113 et 1137
Moine copiste,
Barthélémy l’Anglais,
Livre de la propriété des
choses,
XIV e -XV e siècle

Moines copistes offrant leur manuscrit au Christ et à l’Eglise,
Augustin, Commentaire sur les Psaumes, XII e siècle

Le jardin (plantes potagères et herbes simples)

Moines fendant du bois (avec hache et maillet),
Moralia in Job, Abbaye de Cîteaux, 1111

La forge

Règle de saint Benoît
« [Chapitre 66] Si cela est possible, on doit construire le monastère de telle
sorte qu'on y trouve tout le nécessaire, c'est-à-dire : de l'eau, un moulin, un
jardin et différents ateliers. Alors tout se fait à l'intérieur du monastère. Ainsi
les moines n'ont pas besoin de circuler un peu partout au dehors, ce qui ne
vaut rien du tout pour eux. Nous voulons qu'on lise souvent cette Règle en
communauté. Alors aucun frère ne pourra s'excuser en disant : “Je ne la
connaissais pas.” »

Le marteau hydraulique

La chapelle des étrangers

Abbaye de Fontfroide, Languedoc, XI e siècle

Plan de l’abbaye de Fontfroide, XI e siècle

Saint Bernard de Clairvaux,
XV e siècle
Un monastère regroupait
des hommes ou des
femmes, qui avaient
choisi de se retirer de la
société pour se consacrer
à Dieu. Les moines
obéissaient à une règle
inspirée de celle de saint
Benoît. Ils alternaient
prière, travail et repos.

2) Des écarts à la règle
Visite d’un évêque au monastère féminin de Saint-Aubin au XIII e siècle
Ce [1er octobre 1263], nous sommes allés au prieuré de Saint-Aubin. Y
résidaient onze moniales ; deux étaient parties en France pour y chercher
des aumônes et deux autres, à savoir Alice de Rouen et Béatrice de
Beauvais, avaient pris la fuite par légèreté d’âme, à l’instigation du diable.
(

A partir du milieu du XIII e siècle, l’Église
prit des mesures pour discipliner la vie
des religieux qui s’écartaient de leur
règle.

3) Un monde clos ?
Une donation à une abbaye
« Richard, fils de Gislebert, comte, donne à Dieu et à
Saint Pierre de Jumièges, toute la dîme que le clerc
Adelin a l’habitude de recevoir à Dreule (Cottevrard),
la dîme de cette église, la dîme du moulin de Rosay,
et la dîme du bois de Druelle, pour le rachat de son
âme et de celles de ses ancêtres. »
Source : Charte de l’abbaye de Jumièges, vers 1079.

Donation à l’Abbaye de Saint-Denis du domaine de Fornelos,
par Alphonse VIII, roi de Castille, Palencia, 10 janvier 1194

Etienne (1070-1127), comte d’Aumale, donne au prieuré
de Saint-Martin-des-Champs (Paris) tout ce qu’il
possède dans les églises d’Arènes (Picardie).

Galeran II (XII e siècle), comte de Meulan
(Yvelines), énumère les donations faites au
prieuré de Gournay (Seine-Saint-Denis),
dépendant de Saint-Martin-des-Champs
(Paris), 1165

Innocent II, pape de 1130 à
1143, confirme une donation
faite au prieuré de Saint-
Martin-des-Champs (Paris),
février 1130
Honorius II meurt le 13 février 1130. Le 14
février de cette même année est élu
Innocent II, alors que la frange romaine du
Collège choisit de porter au Saint Siège
un concurrent, Anaclet II. Dans ce
schisme, Innocent II est soutenu par le roi
de France Louis VI, par l’abbé Bernard de
Clairvaux et par l'abbé de Cluny Pierre le
Vénérable. Le prieuré de Saint-Martindes-Champs
est un prieuré bénédictin
rattaché à la congrégation de Cluny. En
confirmant cette donation, Innocent II
affirme son soutien à l'ordre clunisien et
s’assure ainsi son appui…

Donation de la duchesse Gonnor
aux moines du mont Saint-Michel, XII e -XIII e siècle

A l’origine coupé du monde, le
monastère était conçu comme pouvant
vivre en autonomie. Mais l’accueil des
pauvres et des pèlerins ainsi que les
nombreux dons des laïcs montrent qu’il
entretenait de nombreux liens avec la
société.