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CHAPITRE 10 Certificats médicaux. Décès et législation ...

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

<strong>CHAPITRE</strong> <strong>10</strong><br />

<strong>Certificats</strong> médicaux. Décès <strong>et</strong> législation. Prélèvements<br />

d’organes <strong>et</strong> législation (Item 8)<br />

Bertrand LUDES<br />

INSTITUT DE MEDECINE LEGALE<br />

11 rue Humann – 67085 STRASBOURG Cedex<br />

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

<strong>Certificats</strong> médicaux. Décès <strong>et</strong> législation. Prélèvements d’organes<br />

Introduction :<br />

<strong>et</strong> législation.<br />

Selon l’article 76 du Code de Déontologie, « l'exercice de la médecine comporte<br />

normalement l'établissement par le médecin, conformément aux constatations médicales<br />

qu'il est en mesure de faire, des certificats, attestations <strong>et</strong> documents dont la production est<br />

prescrite par les textes législatifs <strong>et</strong> réglementaires ».<br />

La délivrance d’un rapport tendancieux ou d'un certificat de complaisance est interdite <strong>et</strong> est<br />

punie sur le plan déontologique mais aussi pénal (article 441-8) : « Est puni de deux ans<br />

d'emprisonnement <strong>et</strong> de 30000€ d'amende le fait, par une personne agissant dans l'exercice<br />

de sa profession, de solliciter ou d'agréer, directement ou indirectement, des offres,<br />

promesses, dons, présents ou avantages quelconques pour établir une attestation ou un<br />

certificat faisant état de faits matériellement inexacts. Est puni des mêmes peines le fait de<br />

céder aux sollicitations prévues à l'alinéa précédent ou d'user de voies de fait ou de<br />

menaces ou de proposer, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des<br />

dons, des présents ou des avantages quelconques pour obtenir d'une personne agissant<br />

dans l'exercice de sa profession qu'elle établisse une attestation ou un certificat faisant état<br />

de faits inexacts. La peine est portée à cinq ans d'emprisonnement <strong>et</strong> à 75000€ d'amende<br />

lorsque la personne visée aux deux premiers alinéas exerce une profession médicale ou de<br />

santé <strong>et</strong> que l'attestation faisant état de faits inexacts dissimule ou certifie faussement<br />

l'existence d'une maladie, d'une infirmité ou d'un état de grossesse, ou fournit des indications<br />

mensongères sur l'origine d'une maladie ou d'une infirmité su sur la cause d'un décès. »<br />

La rédaction d’un certificat médical engage donc la responsabilité de son rédacteur.<br />

Différents types de certificats médicaux peuvent être rédigés par un médecin, que l’on peut<br />

distinguer en deux catégories : les certificats prévus par la loi <strong>et</strong> les autres.<br />

<strong>Certificats</strong> prévus par la loi Civile<br />

1.Certificat prénuptial<br />

Art. 63 du Code Civil, 2ème alinéa. "L'officier d'Etat-Civil ne pourra procéder à la publication<br />

des bans qu'après la remise par chacun des futurs époux d'un certificat médical datant de<br />

moins de 2 mois attestant que l'intéressé(e) a été examiné en vue du mariage, à l'exclusion<br />

de toute autre indication".<br />

Art. L 153 du Code de la Santé Publique (puisqu'il s'agit d'une mesure de santé publique)<br />

dispose "que le médecin ne pourra délivrer le certificat médical prénuptial qu'au vu des<br />

résultats d'analyses ou d'examens dont la liste est fixée par décr<strong>et</strong>".<br />

Ainsi, devra-t-il disposer, pour une femme âgée de moins de 50 ans :<br />

- d'une sérologie rubéole <strong>et</strong> toxoplasmose<br />

- d’un groupage A, B, O <strong>et</strong> Rhésus standard complété éventuellement par la recherche<br />

d'anticorps irréguliers.<br />

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

Le médecin communique ses constatations <strong>et</strong> les résultats à la personne <strong>et</strong> non au futur<br />

conjoint. Dans les cas graves, il doit faire une communication par écrit. Il peut aussi indiquer<br />

des examens complémentaires à réaliser ou des consultations spécialisées à subir<br />

(notamment des consultations génétiques si une pathologie transmissible est identifiée).<br />

Depuis 1993, à l'occasion de c<strong>et</strong> examen après information sur les risques de contamination,<br />

un test de dépistage de l'infection par le V.I.H. est proposé aux futurs conjoints.<br />

2. Certificat de décès<br />

Art. 78 du Code Civil. "L'acte de décès sera dressé par l'officier d'Etat-Civil de la commune<br />

de décès, sur la déclaration d'une personne possédant sur l'état civil du défunt les<br />

renseignements les plus exacts <strong>et</strong> les plus compl<strong>et</strong>s qu'il sera possible".<br />

Mais... l'Art. R. 363-18 du Code des Communes dispose "La ferm<strong>et</strong>ure du cercueil <strong>et</strong> donc<br />

l'inhumation sera autorisée par le même officier d'Etat-Civil après production du certificat<br />

établi par le médecin qu'il aura chargé de s'assurer du décès <strong>et</strong> de constater l'absence de<br />

problème médico-légal".<br />

Classiquement, le certificat de décès est délivré par le médecin ayant apporté ses soins les<br />

jours précédents le décès. Au vu du certificat de décès, l'officier d'état civil délivre le permis<br />

d'inhumer qui sera nécessaire à l'inhumation. En cas de signes laissant penser à une mort<br />

violente, l'inhumation n'aura lieu qu'après procès-verbal d'un Officier de Police Judiciaire <strong>et</strong><br />

le constat d'un médecin. L'établissement du décès perm<strong>et</strong> le commencement des<br />

démarches successorales <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> le versement des capitaux (assurances vie,<br />

remboursement des prêts...).<br />

Rédaction du certificat de décès<br />

Le formulaire qui nous est proposé depuis un arrêté du 24/12/1996, est disponible à la<br />

DDASS.<br />

Il comporte deux parties qui sont détachables :<br />

1ère partie (partie supérieure) Nominative :<br />

- Commune de décès<br />

- Etat civil du défunt ( nom, prénom, âge, domicile)<br />

- Date <strong>et</strong> heure de la mort<br />

- Caractère réel <strong>et</strong> constant de la mort<br />

- Signature du médecin <strong>et</strong> son cach<strong>et</strong><br />

- Différentes rubriques perm<strong>et</strong>tant à l'officier d'état civil d'autoriser ou de refuser certaines<br />

opérations funéraires :<br />

• obstacle médico-légal<br />

• obligation de mise en bière immédiate<br />

• dans un cercueil hermétique<br />

• dans un cercueil simple<br />

• obstacle au don du corps<br />

• prélèvement en vue de rechercher la cause du décès<br />

• présence de prothèse fonctionnant au moyen d'une pile<br />

• date, lieu, signature <strong>et</strong> cach<strong>et</strong> du médecin.<br />

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

C<strong>et</strong>te partie est en triple exemplaire autoduplicant, elle est destinée à :<br />

- La mairie de la chambre funéraire<br />

- La chambre funéraire<br />

- La mairie du lieu de décès.<br />

2ème partie (partie inférieure) :<br />

Partie anonyme séparable de la partie supérieure. (c<strong>et</strong>te partie est en un seul exemplaire)<br />

Le médecin devra la replier <strong>et</strong> coller les bordures porteuses de gomme afin de rendre les<br />

renseignements médicaux confidentiels.<br />

C<strong>et</strong>te partie sera détachée de la partie supérieure par l'officier d'état-civil qui l'adressera au<br />

médecin de la DDASS, afin d'effectuer des statistiques.<br />

Rubriques :<br />

- Commune du décès, du domicile,<br />

- date de décès,<br />

- date de naissance<br />

- sexe<br />

- cause du décès :<br />

• différents états morbides ayant abouti au décès avec un classement par ordre de<br />

causalité, avec une appréciation de délai entre le début de l'affection <strong>et</strong> la mort.<br />

• Les autres états morbides ou les états physiologiques ayant contribué au décès.<br />

- les informations complémentaires :<br />

• au décès pendant une grossesse ou un an après ;<br />

• précision sur le lieu de l'accident.<br />

Des exemples en bas de la page, facilitent sa rédaction.<br />

Règles de rédaction<br />

1 Obstacle à l'inhumation<br />

♦ A Partie supérieure<br />

Rappel : il y a différentes formes de mort :<br />

- mort naturelle<br />

- mort violente (accidentelle, délictuelle, suicidaire, criminelle)<br />

- mort suspecte.<br />

Mort violente<br />

- mort délictuelle<br />

ex. accident de voiture mortel, avec tiers responsable.<br />

- mort suicidaire<br />

nécessite une levée de corps minutieuse recherchant d'un homicide maquillé en suicide (si<br />

doute, cocher obstacle médico-légal à l'inhumation). L'hypothèse suicidaire ne peut être<br />

r<strong>et</strong>enu qu'après avoir écarté une mort criminelle.<br />

- mort criminelle évidente<br />

l'action volontaire d'un tiers a occasionné le décès. Une enquête <strong>et</strong> une autopsie judiciaire<br />

seront réalisées, pour éclairer sur les circonstances de la mort.<br />

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

Mort suspecte<br />

- cause inconnue, le recours du médecin légiste s'impose.<br />

2 Obligation de mise en bière immédiate<br />

- pour les pathologies justifiant une mise en cercueil hermétique ou en cercueil simple.<br />

3 Obligation de mise immédiate en cercueil hermétique<br />

- variole ou autres orthopoxviroses<br />

- choléra<br />

- charbon<br />

- fièvres hémorragiques virales<br />

4 Obligation de mise immédiate en cercueil simple<br />

- peste<br />

- hépatites virales, sauf hépatite A confirmée<br />

- SIDA<br />

- rage<br />

- mauvais état du corps.<br />

5 Présence de Prothèse<br />

Il y a une obligation générale à r<strong>et</strong>irer les prothèses contenant des radioéléments avant<br />

l'inhumation.<br />

6 Prélèvement en vue de rechercher la cause du décès<br />

Dans un intérêt purement médical ou scientifique pour faire un dernier examen<br />

complémentaire. Ces opérations sont impossibles en cas de pathologie contagieuse ou<br />

d'obstacle médico-légal.<br />

7 Soins du corps, crémation, transport du corps<br />

Ils sont suspendus en cas de décès avec obstacle médico-légal, accident du travail ou<br />

maladie professionnelle.<br />

♦<br />

♦<br />

♦<br />

♦<br />

B Partie inférieure<br />

C'est la partie à visée épidémiologique. Il n'y a pas de nom. Si on veut de bonnes<br />

statistiques, il faut de bonnes données. Seules les dates de naissance <strong>et</strong> de décès ainsi que<br />

les communes de décès <strong>et</strong> de domicile doivent être notées.<br />

1 Cause de décès<br />

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

Maladie ayant directement provoqué le décès, les autres maladies ayant joué un rôle<br />

dans la survenue du décès <strong>et</strong> le temps entre le début de l'affection. Il faut déterminer la<br />

cause principale de la mort. La précision est très importante en raison du codage OMS qui<br />

est précis, le cancer du col, ou le cancer du col de l'utérus, correspondent à deux codes<br />

différents.<br />

Les états morbides <strong>et</strong> les états physiologiques ayant contribués au décès.<br />

2 Les informations complémentaires<br />

Le décès est-il survenu pendant la grossesse ou dans l'année suivante ? Le lieu du décès ?<br />

S'agit-il d'un accident de travail ? Une autopsie a t-elle été pratiquée ?<br />

Comment le certificat de décès est utilisé ?<br />

Le certificat est remis à la famille qui le transm<strong>et</strong> à l'officier d'état civil, à la Mairie. La partie<br />

supérieure est détachée <strong>et</strong> gardée en Mairie (Acte d'Etat Civil). La partie inférieure, au dos<br />

de laquelle, l'officier d'état civil note :<br />

- le département<br />

- la commune<br />

- le numéro d'ordre du décès est transmis au Médecin de Santé Publique de la DDASS avec<br />

le bull<strong>et</strong>in de décès, formulaire administratif comportant des renseignements d'état-civil <strong>et</strong><br />

socioprofessionnel.<br />

Ce dernier l'ouvre <strong>et</strong> transm<strong>et</strong> les données au service INSERM, en charge des statistiques<br />

médicales.<br />

Si le décès est survenu en prison, la déclaration est faite par le greffier.<br />

S'il s'agit de déclarer le décès d'un enfant mort avant que sa naissance ait été déclarée à<br />

l'Etat Civil (enfant de moins de trois jours), l'officier d'état-civil établit un acte de naissance <strong>et</strong><br />

un acte de décès sur production d'un certificat médical indiquant que l'enfant est né vivant <strong>et</strong><br />

viable <strong>et</strong> précisant les jours <strong>et</strong> heures de sa naissance <strong>et</strong> de son décès. A défaut du certificat<br />

médical prévu ci-dessus, l'officier d'état-civil établit un acte d'enfant sans vie. C<strong>et</strong> acte est<br />

inscrit sur le registre des décès en énonçant la date de l'accouchement sans préjuger de<br />

savoir si l'enfant a vécu ou non (art. 79-1 du Code Civil).<br />

N.B. : Un certificat de décès spécifique pour les décès néonataux survenus entre la<br />

naissance <strong>et</strong> les 27 premiers jours de vie, si l'enfant avait plus de 22 semaines d'aménorrhée<br />

ou pesait moins de 500 g. - Arrêté du 24/12/1996.<br />

Des renseignements sont demandés concernant :<br />

- l'état de l'enfant à la naissance,<br />

- le mode d'accouchement,<br />

- les caractéristiques des parents,<br />

- les causes du décès, les causes obstétricales, les causes matérielles.<br />

3. Mesures de sauvegarde des majeurs incapables (tutelle, curatelle, sauvegarde de<br />

justice)<br />

Art. 490 du Code Civil : lorsqu'il existe des altérations des facultés mentales ou des facultés<br />

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

corporelles ne perm<strong>et</strong>tant pas l'expression de la volonté, des mesures de protection de la<br />

personne <strong>et</strong> de ses biens peuvent être prises. L'altération des facultés mentales doit être<br />

immédiatement établie.<br />

C<strong>et</strong>te constatation est faite par le médecin traitant, qui établi un certificat.<br />

4. Testaments<br />

Art. 901 du Code Civil. "Pour faire une donation entre vifs ou un testament, il faut être sain<br />

d'esprit".<br />

Il appartient au Juge du Fond d'apprécier si le testateur est sain d'esprit. La jurisprudence a<br />

r<strong>et</strong>enu la possibilité pour le juge de s'aider des témoignages des médecins ou des infirmières<br />

pour tenter d'évaluer la démence au moment de la rédaction du testament. Ces témoignages<br />

peuvent prendre la forme de certificats.<br />

<strong>Certificats</strong> prévus par le Code de la Santé Publique<br />

1. Certificat prénuptial :<br />

Le CSP détermine les examens médicaux obligatoires à pratiquer avant la rédaction du<br />

certificat, dans un but de santé publique. (voir plus haut)<br />

2. Certificat de santé (Protection Infantile)<br />

Art. L 163 du Code de la Santé Publique (CSP) "Un carn<strong>et</strong> de santé est donné par l'officier<br />

d'Etat Civil lors de la déclaration de la naissance d'un enfant".<br />

Les résultats des examens médicaux obligatoires doivent y être inscrits :<br />

- 9 examens au cours de la 1ère année<br />

- 3 examens du 13ème au 25ème mois<br />

- 2 examens par an pour les 4 années suivantes<br />

- A 8 jours, aux 9ème <strong>et</strong> 24ème mois certificat d'état de santé <strong>et</strong> attestation d'examen.<br />

3. <strong>Certificats</strong> de vaccination<br />

D’après l’Art. L 215 du CSP le BCG est obligatoire.<br />

Le BCG est effectué par un centre organisé par le Ministère de la Santé. Si la vaccination a<br />

lieu en dehors d'un tel centre, les personnes doivent fournir un certificat établi par un<br />

médecin selon un modèle fixé par le Ministère de la Santé.<br />

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

4. <strong>Certificats</strong> établis dans le cadre de la procédure d'I.V.G. (Interruption Volontaire de<br />

Grossesse)<br />

Art. L 162-6 du CSP<br />

"Si le médecin refuse de pratiquer l'I.V.G. demandée par la femme qui s'estime en état de<br />

détresse, il doit lui fournir un certificat indiquant qu'il s'est acquitté de l'information <strong>et</strong> que le<br />

délai a été respecté."<br />

Art. L 162-12 du CSP<br />

"S'il s'agit d'une I.V.G. pour motif thérapeutique, deux médecins dont un médecin expert,<br />

inscrit sur une liste de Cour d'Appel, ou agréé par la Cour de Cassation, établissent un<br />

certificat attestant que la poursuite de la grossesse m<strong>et</strong> en péril la santé de la mère ou que<br />

l'enfant à naître est atteint d'une affection d'une particulière gravité reconnue comme<br />

incurable au moment du diagnostic".<br />

Dans c<strong>et</strong>te seconde éventualité (incurabilité au moment du diagnostic), un diagnostic<br />

prénatal a été effectué.<br />

Le certificat est alors établi par deux médecins :<br />

- l'un expert (inscrit sur une liste de Cour d'Appel, ou agréé par la Cour de Cassation).<br />

- l'autre appartient à un Centre de diagnostic prénatal pluridisciplinaire (Loi du 29 juill<strong>et</strong><br />

1994).<br />

5. Hospitalisations en milieu spécialisé<br />

Lors de l'hospitalisation à la demande d'un tiers, deux certificats médicaux doivent être<br />

rédigés par deux médecins différents. Ces certificats sont remis au tiers qui demande<br />

l'hospitalisation. C'est à lui qu'il appartiendra de les fournir à l'administration de<br />

l'Etablissement Spécialisé. Ces certificats n'ont pas a être circonstanciés sur le plan du<br />

diagnostic de la maladie. Ils doivent seulement attester de ce que les conditions<br />

d'hospitalisation sont remplies.<br />

D'autres certificats sont établis secondairement par les médecins psychiatres institutionnels.<br />

Lors d'une hospitalisation d'office, un certificat médical doit obligatoirement être rédigé (par<br />

un médecin extérieur à l'établissement).<br />

6. Toxicomanie<br />

La loi de 1970 qui réprime l'usage <strong>et</strong> le trafic de stupéfiants, dispose de mesures<br />

préventives à l'égard des toxicomanes. Ainsi, lorsqu'un toxicomane est interpellé (pour<br />

usage) <strong>et</strong> déféré devant le Procureur de la République, celui-ci peut lui enjoindre de se<br />

soigner (au lieu d'engager directement les poursuites).<br />

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

Le toxicomane doit alors faire parvenir aux autorités administratives, un certificat médical<br />

indiquant le lieu de son traitement <strong>et</strong> la durée prévue.<br />

Par ailleurs, un toxicomane, peut s'il le désire, suivre, de sa propre initiative, une cure de<br />

désintoxication, <strong>et</strong> ce de manière anonyme.<br />

A l'issue de c<strong>et</strong>te cure, il se fait délivrer par le médecin, un certificat nominatif indiquant les<br />

dates, lieu <strong>et</strong> raison de ce traitement. Ce certificat pourra être présenté au magistrat, en cas<br />

d'interpellation pour usage de stupéfiants.<br />

<strong>Certificats</strong> destinés à l'obtention d'avantages sociaux<br />

Ils sont très nombreux <strong>et</strong> très divers, leur rédaction est rendue nécessaire pour l'application<br />

des lois sociales.<br />

Simples attestations (certificats de santé, certificats de grossesse <strong>et</strong>c...).<br />

<strong>Certificats</strong> descriptifs : Accident de Travail, Maladie Professionnelle <strong>et</strong>c... (L 441-6 <strong>et</strong> L 461 5<br />

du CSP). Arrêt de Travail Maladie.<br />

<strong>Certificats</strong> médicaux en matière pénale<br />

Il s’agit ici essentiellement de définir les certificats de coups <strong>et</strong> blessures.<br />

1. Finalités du certificat de coups <strong>et</strong> blessures :<br />

Art. 222.11 du Nouveau Code Pénal<br />

"Les violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail pendant<br />

plus de 8 jours sont punies de 3 ans d'emprisonnement <strong>et</strong> de 300.000 Frs d'amende".<br />

Art. 222.19 du Nouveau Code Pénal<br />

"Le fait de causer à autrui par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou<br />

manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou les<br />

règlements, une ITT de plus de 3 mois est punie de 2 ans d’emprisonnement <strong>et</strong> de 200.000<br />

Frs d'amende".<br />

L’'infraction est donc qualifiée selon la durée de l’incapacité totale de travail.<br />

2. Le rôle du médecin est de constater :<br />

• la matérialité des blessures,<br />

• la durée de l'incapacité totale de travail liée aux blessures.<br />

Des conclusions médicales dépendront la qualification de l'infraction <strong>et</strong> par là, la juridiction<br />

devant laquelle l'agresseur sera jugé.<br />

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

En matière de violences volontaires :<br />

Si l'ITT est supérieure à 8 jours => Tribunal de Grande Instance (Correctionnelle) + peine de<br />

prison <strong>et</strong> amende.<br />

Si l'ITT est inférieure ou égale à 8 jours => Tribunal de Police + contravention.<br />

En matière de violences involontaires :<br />

Si l'ITT est supérieure à 3 mois => Tribunal de Grande Instance (Correctionnelle) + peine de<br />

prison <strong>et</strong> amende.<br />

Si l'ITT est inférieure ou égale à 3 mois => Tribunal de Police + contravention.<br />

3. Les règles de rédaction<br />

Le médecin qui l'établit constate, il n'atteste pas (il n'a pas été témoin des faits), il<br />

n'interprète pas les dires de la victime.<br />

La rédaction du constat se fait après examen de la victime par le rédacteur. Il s'établit sur<br />

papier libre perm<strong>et</strong>tant l'identification (ex: feuille d'ordonnance).<br />

Le certificat est daté <strong>et</strong> signé, établi en double exemplaire dont un est remis à la victime,<br />

l'autre conservé par le médecin.<br />

Les blessures sont décrites<br />

Il n'est pas obligatoire de rapporter les dires de la victime. Si cela se fait, ce ne peut être<br />

qu'en employant le conditionnel.<br />

Le certificat doit faire apparaître la durée de l'ITT <strong>et</strong> doit être remis à la personne pour<br />

laquelle il a été établi. Il peut être remis aux parents d'un mineur.<br />

4. Fixation de l'ITT<br />

La définition de l'ITT (incapacité totale de travail) a longtemps correspondu à la période<br />

pendant laquelle la victime était dans l'incapacité de travailler (le travail étant entendu<br />

comme source de revenu).<br />

Jusqu'au début du XXème, le travail rémunérateur était, pour 80 % de la population, de<br />

nature physique.<br />

Actuellement, la diversification des activités professionnelles ne correspond plus à c<strong>et</strong>te<br />

équation simplifiée.<br />

Jurisprudence (1960 <strong>et</strong> 1982) : actes de la vie quotidienne<br />

Il y a donc lieu de distinguer :<br />

la période pendant laquelle, le blessé est dans l'incapacité de subvenir à ses propres<br />

occupations (travail personnel aussi simple que se laver, préparer ses repas, faire ses<br />

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

courses simples), <strong>et</strong> doit parfois même se faire aider c'est la période d'ITT, telle que<br />

comprise par le Code Pénal <strong>et</strong> qui détermine la juridiction de jugement.<br />

La période qui peut être plus longue pendant laquelle, les activités personnelles sont<br />

progressivement reprises, sans que le travail rémunérateur puisse être envisagé. C<strong>et</strong>te<br />

période relève d'un arrêt de travail <strong>et</strong> non de l'ITT.<br />

Ex : enfant, femme au foyer, r<strong>et</strong>raité : leur capacité de travail personnel peut être amputée <strong>et</strong><br />

justifier la fixation d'une période d'ITT.<br />

Donc il faut apprécier au plus juste la période d'ITT totalement imputable aux violences.<br />

Il n'existe pas de barème d'ITT, le médecin l’évalue souverainement.<br />

Prélèvements <strong>et</strong> transplantations d’organes<br />

Les premières transplantations rénales datent de 1951, les transplantations cardiaques de<br />

1968. Depuis, ces activités n'ont cessé de croître <strong>et</strong> la mise en place d'une législation<br />

concernant les prélèvements <strong>et</strong> transplantations d'organes s'est avérée nécessaire. La<br />

première législation date de la loi du 22 décembre 1976 (Loi Caillav<strong>et</strong>). Depuis, la Loi du 29<br />

juill<strong>et</strong> 1994 (Loi n° 94-654) a donné un cadre législatif très précis à ces activités. C<strong>et</strong>te loi<br />

intéresse les organes <strong>et</strong> la moelle hématopoïétique. Une rapide définition des organes est<br />

intéressante :<br />

- l'organe est une partie du corps destinée à remplir une fonction nécessaire à la vie<br />

(exemple : poumons, cœur, reins, foie, pancréas...).<br />

- la peau, les os, les valves cardiaques ne sont pas des organes mais plus exactement des<br />

tissus.<br />

Après avoir rappelé les grands principes attachés aux transplantations d'organes. Il<br />

conviendra de distinguer les prélèvements d'organes effectués sur des personnes vivantes,<br />

des prélèvements d'organes effectués sur des personnes décédées.<br />

1 Les principes généraux<br />

La gratuité des dons est de principe, un simple dédommagement des frais inhérents aux<br />

prélèvements peut être accordé au donneur vivant. L'anonymat du donneur ou du receveur<br />

doit être conservé, toute information perm<strong>et</strong>tant une identification ne doit être relevée. Seul,<br />

l'intérêt thérapeutique peut perm<strong>et</strong>tre d'accéder aux informations utiles (c'est-à-dire,<br />

antécédents de la personne donneuse d'organe). Des règles sanitaires doivent être<br />

observées. Il faut dépister certaines maladies transmissibles en recherchant la présence des<br />

marqueurs biologiques d'infection : VIH1, VIH2, HTLV1 <strong>et</strong> HTLV2, hépatites B <strong>et</strong> C,<br />

infections à cytomégalovirus, infections à virus Epstein Barr, Syphilis, Toxoplasmose.<br />

2 Prélèvement d'organe sur une personne vivante<br />

Ce prélèvement sur personne vivante nécessite un "intérêt thérapeutique direct" pour le<br />

receveur.<br />

Il doit exister entre le donneur <strong>et</strong> le receveur des liens de parenté (père, mère, fils, fille, frère<br />

ou sœur). En cas d'extrême urgence, le conjoint peut être le donneur à titre exceptionnel.<br />

Une exception existe en ce qui concerne le don de moelle osseuse, le lien de parenté n'est<br />

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Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

pas utile. Une information compréhensible doit être fournie au donneur concernant les<br />

risques qu'il encourt <strong>et</strong> les conséquences du prélèvement. Le consentement du donneur est<br />

reçu par le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance. A tout moment,<br />

le donneur peut r<strong>et</strong>irer son consentement à c<strong>et</strong> acte sans qu'il soit pour lui nécessaire de se<br />

justifier. Aucun prélèvement d'organe à l'exception du prélèvement de moelle osseuse ne<br />

peut être fait sur un mineur ou un incapable majeur vivant. Le prélèvement de moelle<br />

osseuse est possible chez le mineur au profit de sa soeur ou de son frère. Dans ce cas, le<br />

consentement des personnes exerçant l'autorité parentale ou du représentant légal est<br />

indispensable ; ce consentement est recueilli par le Président du Tribunal de Grande<br />

Instance. Le simple refus du mineur, même en cas de demande des deux parents empêche<br />

tout prélèvement. Pour vérifier ces conditions, un comité de trois personnes comprenant<br />

deux médecins dont un pédiatre <strong>et</strong> une autre personne non médecin vérifie que l'information<br />

a été délivrée au mineur, qu'il accepte ce prélèvement s'il est en âge de le faire. Ce comité<br />

vérifie également les indications de l'intervention chirurgicale <strong>et</strong> évalue les risques physiques<br />

<strong>et</strong> psychiques pour le donneur.<br />

3 Prélèvement sur une personne décédée<br />

Ce type de prélèvement nécessite un intérêt thérapeutique ou scientifique.<br />

Intérêt thérapeutique : le prélèvement d'organe sur le corps d'une personne décédée se fait<br />

dans l'intérêt de la santé d'un tiers.<br />

Intérêt scientifique : le prélèvement d'organe sur la personne décédée se fera dans l'intérêt<br />

de la science ou pour établir un diagnostic des causes de la mort (autopsie clinique).<br />

4 Le constat de décès<br />

Le ou les prélèvements d'organes ne peuvent être effectués qu'après la constatation du<br />

décès. Toutefois, un constat de décès précoce est souhaitable. Le taux de réussite de la<br />

transplantation de l'organe est en relation avec le délai entre la mort <strong>et</strong> le prélèvement. Le<br />

constat de décès préalable au prélèvement d'organe à des fins thérapeutiques ou<br />

scientifiques est prévu par le Décr<strong>et</strong> du 2 décembre 1996 :<br />

• si la personne présente un arrêt cardio-respiratoire prolongé. il faut :<br />

- une absence totale de conscience <strong>et</strong> d'activité motrice spontanée ;<br />

- une abolition de tous les reflexes du tronc cérébral ;<br />

- une absence totale de ventilation spontanée.<br />

• si la personne cliniquement décédée assistée par ventilation artificielle, conserve<br />

une hémodynamique :<br />

- l'absence de respiration spontanée est vérifiée par une épreuve d'hypercapnie ;<br />

- les 3 critères précédents doivent être constatés ;<br />

- il faut 2 EEG nul <strong>et</strong> aréactifs effectué à 4 heures d'intervalle avec une durée<br />

d'enregistrement de 30 minutes ou une angiographie objectivant l'arrêt de la<br />

circulation encéphalique.<br />

D'autre part, il est recommandé aux médecins certificateurs de vérifier que le corps ne<br />

présente pas de problème médico-légal (obstacle médico-légal à l'inhumation).<br />

Le constat de décès est établi par deux médecins, ces deux médecins ne doivent appartenir<br />

ni à l'équipe qui procédera au prélèvement ni à celle qui réalisera la greffe. L'un des deux<br />

médecins doit être chef de service.<br />

Le procès verbal de constatation du décès est établi en 3 exemplaires :<br />

126


Chapitre <strong>10</strong>. <strong>Certificats</strong> médicaux / législation décès / prélèvements d’organes<br />

- un pour chaque médecin,<br />

- un qui sera conservé par l'établissement dans lequel le prélèvement a lieu.<br />

5 Le consentement<br />

Dans le cas d'un prélèvement d'organe à visée thérapeutique, le prélèvement peut être<br />

effectué dès lors que la personne concernée n'a pas fait connaître de son vivant son refus de<br />

prélèvement (art. L 671-7 du Code de Santé Publique). La loi du 29 juill<strong>et</strong> 1994 prévoit la<br />

mise en place d'un registre national informatisé des personnes refusant le prélèvement. Ce<br />

fichier sera géré par l'établissement français des greffes. La consultation de ce registre<br />

revient au coordinateur régional de l'établissement français des greffes.<br />

En tout état de cause, le médecin devra s'efforcer de recueillir le témoignage de la famille<br />

(art. L 671-7 du CSP). Si la personne décédée est un mineur ou un incapable majeur, le<br />

consentement de chacun des titulaires de l'autorité parentale ou du représentant légal est<br />

nécessaire. La présomption de consentement ne s'applique pas pour les prélèvements à<br />

visée de recherche scientifique. Il est nécessaire que le défunt ait exprimé sa volonté de son<br />

vivant ou que les médecins aient recueilli un témoignage favorable de la part de la famille.<br />

6 Conditions de réalisation<br />

La loi prévoit qu'une restauration correcte du corps du défunt doit être assurée par l'équipe<br />

qui réalise le prélèvement. Les établissements où sont effectués les prélèvements mais<br />

également les transplantations sont soumis à une autorisation préalable accordée par<br />

l'autorité administrative.<br />

Un établissement français des greffes est créé par la loi du 18 janvier 1994. C<strong>et</strong><br />

établissement a pour mission l'enregistrement des patients en attente de greffe sur une liste<br />

nationale. Il assure la gestion de c<strong>et</strong>te liste, la répartition des greffons <strong>et</strong> l'élaboration des<br />

règles de bonnes pratiques de prélèvement <strong>et</strong> de transplantation. C<strong>et</strong> établissement donnera<br />

également un avis favorable ou défavorable à l'autorisation des établissements pour réaliser<br />

les prélèvements ou les transplantations.<br />

Références<br />

1. F. PAYSANT, site Intern<strong>et</strong> de la faculté de médecine de Rennes.<br />

http://www.med.univ-rennes1.fr/<strong>et</strong>ud/medecine_legale<br />

2. Loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades <strong>et</strong> à la qualité du<br />

système de santé. JO n°54 du 5 mars 2002 p. 4118.<br />

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