Les marchés porteurs de l'ergonomie - Le Papetier de France
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Table Ron<strong>de</strong><br />
Dossier<br />
Interview<br />
Evénement<br />
Baromètre GfK<br />
Nouveaux produits<br />
<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>marchés</strong> <strong>porteurs</strong><br />
<strong>de</strong> l’ergonomie<br />
<strong>Le</strong> marché <strong>de</strong>s équipements ergonomiques est l’un <strong>de</strong>s rares <strong>marchés</strong> dans le domaine <strong>de</strong> la<br />
fourniture <strong>de</strong> bureau à conserver un certain dynamisme. Et, compte-tenu du sous-équipement<br />
<strong>de</strong>s bureaux français, il réserve encore un large potentiel <strong>de</strong> développement. Il en va <strong>de</strong> même<br />
pour l’éclairage, un élément essentiel <strong>de</strong> l’ergonomie du poste <strong>de</strong> travail, également quelque peu<br />
négligé dans les entreprises. Plus largement, l’ergonomie et la fonctionnalité <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> travail,<br />
comme les produits <strong>de</strong> classement ou les outils d’agrafage, sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s axes d’innovation<br />
majeurs pour leurs fabricants qui participent ainsi à l’amélioration du bien-être et <strong>de</strong> l’efficacité<br />
au travail.<br />
Quand on parle d’ergonomie, on pense aux TMS – troubles<br />
musculo-squelettiques - qui sont un enjeu <strong>de</strong> santé au<br />
travail, ainsi qu’un enjeu économique pour les entreprises.<br />
Premier constat, les TMS sont la première cause <strong>de</strong> maladie<br />
professionnelle en <strong>France</strong> et on enregistre une progression<br />
<strong>de</strong> 25 % par an <strong>de</strong>s tendinites <strong>de</strong> l’épaule et du cou<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s<br />
douleurs au poignet et <strong>de</strong>s lombalgies. Même s’il faut tempérer<br />
ces chiffres par le fait qu’on attribue seulement 3 à 4 % <strong>de</strong>s<br />
TMS au travail sur un poste informatique et <strong>de</strong> bureau en<br />
général. En outre, la législation en matière d’ergonomie est<br />
généralement peu connue et donc mal respectée.<br />
En ce qui concerne l’ergonomie du poste <strong>de</strong> travail, une<br />
directive européenne (la 90/270/CEE) oblige les entreprises<br />
à réaliser une évaluation annuelle <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> travail pour<br />
s’assurer qu’ils sont adaptés aux besoins <strong>de</strong> chaque individu.<br />
Mais l’étu<strong>de</strong> européenne lancée par Fellowes en 2010 révèle<br />
que 83 % <strong>de</strong>s entreprises n’ont pas respecté leur obligation<br />
annuelle <strong>de</strong> fournir un espace <strong>de</strong> travail adéquat à leurs<br />
employés au cours <strong>de</strong>s douze <strong>de</strong>rniers mois. Cependant,<br />
97 % <strong>de</strong>s personnes interrogées en <strong>France</strong> estiment qu’un<br />
espace <strong>de</strong> travail agréable et confortable a un impact direct<br />
et efficace sur leur productivité.<br />
26 / <strong>Le</strong> <strong>Papetier</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> - Novembre/Décembre 2012
Alba<br />
Durable<br />
Esselte<br />
Fellowes<br />
Maul<br />
Staples<br />
Unilux<br />
<strong><strong>Le</strong>s</strong> participants<br />
Dimitri <strong>Le</strong> Calvez, directeur marketing et<br />
communication<br />
Caroline Huguet, chef <strong>de</strong> produit<br />
Emilie Corneau, tra<strong>de</strong> marketing manager<br />
Alexandra Lèbre-Doboz, responsable marketing<br />
<strong>France</strong> & export<br />
Jérôme Larregain, directeur commercial en charge<br />
du marché français<br />
Sophie Brugman, chef <strong>de</strong> produit mobilier et<br />
éclairage<br />
Caroline Parisot, responsable marketing<br />
Bertrand <strong>Le</strong>monnier, marketing<br />
Une définition encore floue et <strong>de</strong>s normes peu<br />
respectées<br />
<strong>Le</strong> terme d’ergonomie est difficile à définir précisément, car<br />
il englobe <strong>de</strong> nombreux éléments. Des mesures ont été mises<br />
en place, notamment par le gouvernement, pour améliorer<br />
les conditions <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s salariés, mais l’ampleur <strong>de</strong> la<br />
tâche est importante. Alexandra Lèbre-Doboz, responsable<br />
du marketing pour la <strong>France</strong> et l’export chez Fellowes donne<br />
<strong>de</strong>s pistes : « Se pose tout d’abord un problème <strong>de</strong> définition<br />
<strong>de</strong> ce qu’est l’ergonomie. <strong>Le</strong> terme est un peu galvaudé, car<br />
aujourd’hui tout est ergonomique. L’étu<strong>de</strong> que nous avons<br />
réalisée porte uniquement sur le poste informatique et sur<br />
tous les accessoires, qui ne <strong>de</strong>vraient d’ailleurs plus l’être,<br />
permettant <strong>de</strong> réduire les tensions liées au poste. Un constat<br />
important a été fait, c’est que nous avons très peu <strong>de</strong> recul sur<br />
ce sujet et sur les éventuels maux engendrés. <strong><strong>Le</strong>s</strong> utilisateurs<br />
ne sont pas toujours conscients que leurs maux sont engendrés<br />
par le poste informatique. Aujourd’hui, nous sommes<br />
encore en phase <strong>de</strong> découverte <strong>de</strong> ces nouvelles postures<br />
face à un écran, en y travaillant à peu près 8 heures par jour.<br />
Il y a une prise <strong>de</strong> conscience, parce que le gouvernement<br />
a lancé plusieurs campagnes sur les TMS ». En effet, <strong>de</strong>puis<br />
quelques années, les pouvoirs publics ont pris conscience<br />
<strong>de</strong> l’ampleur du chantier et <strong>de</strong>s mesures à mettre en œuvre.<br />
Ainsi, l’arsenal législatif existe, mais il est mal connu et<br />
surtout mal appliqué.<br />
Pour Jérôme Larregain, directeur commercial <strong>de</strong> Maul en<br />
charge du marché français, « <strong>Le</strong> constat est que, théoriquement,<br />
l’inspection du travail est censée vérifier l’application <strong>de</strong> cette<br />
réglementation. <strong><strong>Le</strong>s</strong> entreprises doivent faire un état <strong>de</strong>s lieux,<br />
mais aujourd’hui 90 % d’entre elles ne n’en préoccupent pas,<br />
et ne se conforment pas à la norme. Un travail <strong>de</strong> communication<br />
est donc nécessaire ». Ainsi, <strong>de</strong>ux normes existent<br />
en matière d’éclairage. La norme NF X35 103, qui définit<br />
les principes d’ergonomie visuelle applicables à l’éclairage<br />
<strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> travail et la norme EN 12 464-1 sur l’éclairage<br />
<strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> travail. Elles préconisent notamment un niveau<br />
d’éclairement <strong>de</strong> 500 lux sur le plan <strong>de</strong> travail pour la lecture<br />
et l’écriture et <strong>de</strong> 300 lux pour le travail sur écran. Mais<br />
elles sont loin d’être respectées. En effet, Caroline Parisot,<br />
responsable marketing chez Unilux, nous le rappelle : « Une<br />
étu<strong>de</strong> du CEREN montre que 85 % <strong>de</strong>s bureaux en <strong>France</strong><br />
sont mal éclairés et ne respectent pas la norme européenne<br />
12464-1. C’est vrai que cela évolue énormément, grâce à un<br />
vrai travail <strong>de</strong> fond pour parler <strong>de</strong> confort visuel et <strong>de</strong> qualité<br />
d’éclairage. On explique aux entreprises qu’un mal <strong>de</strong> tête<br />
n’est pas forcément dû à une pathologie, mais peut être lié<br />
à un manque ou à un mauvais éclairage ». Mais chaque utilisateur<br />
ayant son propre besoin, la difficulté <strong>de</strong> faire passer<br />
le message est d’autant plus forte. <strong><strong>Le</strong>s</strong> pouvoirs publics ont<br />
organisé <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> sensibilisation. Initiées en avril<br />
2008 et renouvelées <strong>de</strong>puis chaque année, les campagnes <strong>de</strong><br />
sensibilisation et prévention <strong>de</strong>s TMS et leurs spots télévisés<br />
ont marqué les esprits. De plus, le site www.travailler-mieux.<br />
gouv.fr, a été créé. Il regroupe toutes les informations sur la<br />
santé, la sécurité et les conditions <strong>de</strong> travail à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong><br />
tous les acteurs <strong>de</strong> l’entreprise. Son objectif est <strong>de</strong> regrouper<br />
la multitu<strong>de</strong> d’informations et d’outils <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s<br />
risques professionnels existant actuellement, qui sont trop<br />
dispersés et donc mal connus. Il s’agit <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s outils<br />
simples et concrets aux salariés et aux employeurs, notamment<br />
à ceux <strong>de</strong>s très petites et moyennes entreprises (TPE/<br />
PME) qui paraissent les plus démunis dans ce domaine. Tout<br />
en informant, ce site a également pour ambition <strong>de</strong> donner<br />
envie d’agir pour l’amélioration <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail et<br />
la réduction <strong>de</strong>s risques professionnels.<br />
Quelques avancées, mais…<br />
C’est aussi aux entreprises <strong>de</strong> s’informer et <strong>de</strong> développer<br />
<strong>de</strong>s moyens pour harmoniser les conditions <strong>de</strong> travail. Au<br />
sein <strong>de</strong> celles-ci, c’est souvent le rôle <strong>de</strong>s CHSCT, c’est-àdire<br />
les Comités d’Hygiène, <strong>de</strong> Sécurité et <strong>de</strong>s Conditions<br />
<strong>de</strong> Travail. Bertrand <strong>Le</strong>monnier, chargé du marketing chez<br />
Unilux, confirme le rôle moteur <strong>de</strong> ceux-ci et s’en explique :<br />
« Je ne pense pas que les campagnes gouvernementales ont eu<br />
véritablement un impact sur les sociétés, qui ont difficilement<br />
Alexandra Lèbre-Doboz, responsable du marketing pour la <strong>France</strong><br />
et l’export chez Fellowes : « Se pose tout d’abord un problème <strong>de</strong><br />
définition <strong>de</strong> ce qu’est l’ergonomie. <strong>Le</strong> terme est un peu galvaudé, car<br />
aujourd’hui tout est ergonomique. »<br />
<strong>Le</strong> <strong>Papetier</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> - Novembre/Décembre 2012 / 27
Table Ron<strong>de</strong><br />
Dossier<br />
Interview<br />
Evénement<br />
Baromètre GfK<br />
Nouveaux produits<br />
Dimitri <strong>Le</strong> Calvez, directeur marketing et communication chez Alba :<br />
« L’équipement qui a bien marché au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années est<br />
le repose-pied. »<br />
la possibilité <strong>de</strong> faire le calcul du ratio entre les bénéfices<br />
engendrés par l’achat d’équipements ergonomiques et leurs<br />
retombées. C’est à nous <strong>de</strong> faire cette sensibilisation et <strong>de</strong> le<br />
démontrer ». Et Caroline Parisot, responsable marketing elle<br />
aussi chez Unilux, abon<strong>de</strong> en ce sens : « C’est vrai qu’actuellement,<br />
les PME ont d’autres difficultés et l’ergonomie peut leur<br />
sembler une préoccupation secondaire ». Cependant, certains<br />
équipements sont déjà présents dans les entreprises <strong>de</strong>puis<br />
quelques années grâce à <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> sensibilisation.<br />
Sophie Brugman, chef <strong>de</strong> produit mobilier et éclairage chez Staples :<br />
« En ce qui concerne le repose-pied, il faut vraiment qu’il y ait une<br />
maladie, <strong>de</strong>s raisons médicales pour que l’équipement soit accordé<br />
par l’entreprise. »<br />
Dimitri <strong>Le</strong> Calvez, directeur marketing et communication<br />
chez Alba s’en félicite en émettant cependant un bémol :<br />
« L’équipement qui, dans cette démarche, a bien marché au<br />
cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années est le repose-pied, car tous les<br />
salariés savent, ou ont entendu parler, <strong>de</strong> leur droit à l’obtenir.<br />
Ce qui est dommage, c’est que les autres équipements ergonomiques<br />
et notamment la lumière, n’aient pas fait l’objet <strong>de</strong><br />
cet argumentaire. Qu’ils n’aient pas été placés sur le même<br />
échelon. C’est à cela que nous essayons <strong>de</strong> remédier. Or le<br />
propre <strong>de</strong>s nuisances liées au manque d’ergonomie du poste<br />
<strong>de</strong> travail se révèlent souvent sur le long terme ».<br />
Sophie Brugman, chef <strong>de</strong> produit mobilier et éclairage chez<br />
Staples, nuance le propos : « En ce qui concerne le repose-pied,<br />
il faut vraiment qu’il y ait une maladie, <strong>de</strong>s raisons médicales<br />
pour que l’équipement soit accordé par l’entreprise. Ce n’est<br />
pas <strong>de</strong> la prévention, c’est du curatif ».<br />
C’est donc aux entreprises <strong>de</strong> prendre conscience <strong>de</strong>s possibles<br />
avancées afin d’améliorer les conditions <strong>de</strong> travail <strong>de</strong><br />
leurs employés et par conséquent la productivité <strong>de</strong> la<br />
société.<br />
Alexandra Lèbre-Doboz <strong>de</strong> Fellowes met le doigt sur la<br />
complexité à appliquer ces mesures au sein-même <strong>de</strong> l’entreprise<br />
: « Il y a plusieurs centres <strong>de</strong> décision et d’influence<br />
dans les entreprises, les CHSCT mais aussi les RH, qui sont<br />
très concernées par un indicateur très important : le taux<br />
d’absentéisme. Et ce taux peut être lié à <strong>de</strong>s problèmes<br />
d’ergonomie. Dans nos étu<strong>de</strong>s, nous avons i<strong>de</strong>ntifié que le<br />
coût moyen d’un TMS, ce qui englobe l’absence du salarié<br />
et d’éventuelles interventions médicales, s’élève à plus <strong>de</strong><br />
20 000 € par personne. Si on remet en perspective le coût<br />
d’un équipement global, le ratio est évi<strong>de</strong>nt et intéressant, et<br />
le coût d’équipement <strong>de</strong>vient alors presque économique ».<br />
Des points noirs encore très nombreux au sein<br />
<strong>de</strong> l’entreprise… et ailleurs !<br />
Si les entreprises sont actuellement parties à la chasse aux<br />
TMS, il reste cependant <strong>de</strong> nombreux points noirs, sur<br />
lequel une réflexion et <strong>de</strong>s mesures sont encore à prendre<br />
en termes d’ergonomie sur le lieu <strong>de</strong> travail. Fort d’une<br />
étu<strong>de</strong> récemment réalisée par son entreprise, Alexandra<br />
Lèbre-Doboz <strong>de</strong> Fellowes dévoile une autre facette <strong>de</strong> ces<br />
observations. « Au-<strong>de</strong>là du poste <strong>de</strong> travail proprement dit,<br />
il y a la question du traitement <strong>de</strong> l’air, qui est extrêmement<br />
importante, notamment pour les assèchements oculaires.<br />
<strong>Le</strong> chauffage l’hiver et la climatisation l’été causent <strong>de</strong>s problèmes.<br />
Un autre point, qui peut entrer dans l’ergonomie<br />
également, ce sont toutes les nuisances sonores, les appareils<br />
qui tournent, une imprimante ou les ordinateurs. La qualité<br />
<strong>de</strong> l’air au-<strong>de</strong>là du chauffage et <strong>de</strong> la climatisation, c’est la<br />
qualité <strong>de</strong> l’air en général. Quant aux maux liés au poste<br />
informatique, chez Fellowes, nous avons eu une approche<br />
consistant à regrouper tout ce qui est lié à l’informatique en<br />
trois zones principales. La zone tête, cervicales et épaules<br />
où on apporte <strong>de</strong>s solutions pour rehausser l’écran, pour le<br />
positionner à une hauteur convenable, c’est-à-dire d’avoir<br />
le haut <strong>de</strong> l’écran en alignement avec les yeux. La <strong>de</strong>uxième<br />
zone est le fameux canal carpien au niveau <strong>de</strong>s poignets avec<br />
le positionnement <strong>de</strong> la main dans l’alignement du bras et<br />
afin d’éviter d’avoir une pression sur le poignet. Et puis, la<br />
troisième zone concerne le dos et les jambes. Globalement,<br />
28 / <strong>Le</strong> <strong>Papetier</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> - Novembre/Décembre 2012
Table Ron<strong>de</strong><br />
Dossier<br />
Interview<br />
Evénement<br />
Baromètre GfK<br />
Nouveaux produits<br />
nous sommes tous mal installés, <strong>de</strong> travers ou avachis, alors<br />
que la position idéale est d’avoir les fesses calées au fond<br />
<strong>de</strong> sa chaise, d’avoir les lombaires qui soient soutenues, soit<br />
par un siège ergonomique, soit par <strong>de</strong>s accessoires supports<br />
dorsaux, qui soulagent les lombaires ».<br />
On le constate, les maux peuvent être très nombreux sur<br />
un poste <strong>de</strong> travail. Pourtant, là aussi, les choses changent<br />
et évoluent très rapi<strong>de</strong>ment, surtout dans la manière <strong>de</strong> travailler.<br />
En effet, l’ordinateur <strong>de</strong> bureau laisse <strong>de</strong> plus en plus<br />
sa place au portable. Mauvaise position <strong>de</strong> l’écran, du clavier,<br />
éclairage non-prévu… <strong><strong>Le</strong>s</strong> équipements ergonomiques manquent<br />
cruellement et pourtant l’essor du nomadisme est très<br />
concret. Alexandra Lèbre-Doboz dresse un constat alarmant :<br />
« Aujourd’hui la situation est précaire, bureau d’emprunt,<br />
canapé chez soi… Et la situation ne va pas s’arranger avec<br />
les tablettes. <strong><strong>Le</strong>s</strong> possibilités d’aménager son bureau dans les<br />
aéroports ou sur une chaise <strong>de</strong> jardin <strong>de</strong>viennent très faciles.<br />
Et aujourd’hui le nomadisme concerne 30 % <strong>de</strong> la population<br />
qui travaille sur informatique ». Même si le fait <strong>de</strong> travailler<br />
<strong>de</strong> chez soi implique probablement moins <strong>de</strong> stress et <strong>de</strong><br />
tensions, cela risque <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> nouveaux problèmes que,<br />
justement, le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise commence tout juste à<br />
tenter <strong>de</strong> résoudre.<br />
Par ailleurs, si <strong>de</strong> nombreux efforts ont été réalisés sur les<br />
équipements divers qui composent le poste <strong>de</strong> travail, le<br />
problème <strong>de</strong> l’éclairage pose lui aussi <strong>de</strong> très nombreuses<br />
questions.<br />
Chez Unilux, on a une vision claire du problème, comme<br />
l’explique Caroline Parisot : « Pour nous, l’éclairage ergonomique<br />
est un éclairage asymétrique, qui éclaire à la fois<br />
le clavier et la feuille <strong>de</strong> papier sur laquelle on écrit, ou le<br />
document que l’on consulte à côté, donc qui va éclairer une<br />
large surface sur le bureau. Elle doit, bien sûr, être bien positionnée<br />
pour ne pas provoquer d’éblouissement. Une lampe<br />
<strong>de</strong> bureau est supposée être choisie parce qu’elle convient à<br />
sa <strong>de</strong>stination : le travail au bureau. Mais souvent l’utilisateur<br />
Bertrand <strong>Le</strong>monnier, service marketing chez Unilux : « Il faut peut-être<br />
argumenter sur l’aspect économique pour convaincre l’utilisateur<br />
final ».<br />
Caroline Parisot, responsable marketing chez Unilux : « Pour nous,<br />
l’éclairage ergonomique est un éclairage asymétrique, qui éclaire à la<br />
fois le clavier et la feuille <strong>de</strong> papier sur laquelle on écrit. »<br />
final ne la choisit pas sur ce critère, mais plutôt par rapport à<br />
son <strong>de</strong>sign. Il va préférer un abat-jour comme chez lui avec<br />
un éclairage, une température <strong>de</strong> couleur très chau<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
2700 Kelvin, comme à la maison. Actuellement, quand on<br />
leur donne un budget, les gens privilégient d’abord le <strong>de</strong>sign.<br />
Dans un catalogue, ils vont choisir celle qu’ils trouvent la plus<br />
jolie par rapport à leurs goûts et sans se préoccuper <strong>de</strong> la<br />
qualité <strong>de</strong> l’éclairage ».<br />
Alors, comment mener <strong>de</strong>s actions utiles et efficaces pour<br />
un travail <strong>de</strong> prévention et d’information performant ? <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />
entreprises ont pris conscience <strong>de</strong> leur rôle pédagogique<br />
auprès du consommateur et <strong>de</strong>s reven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> leurs produits.<br />
Jérôme Larregain <strong>de</strong> la société Maul va dans ce sens : « Nous<br />
avons bien entendu un rôle d’information <strong>de</strong>s utilisateurs,<br />
mais en tant qu’industriel, je n’ai pas la prétention <strong>de</strong> savoir<br />
et <strong>de</strong> pouvoir informer tous les utilisateurs. On peut faire <strong>de</strong>s<br />
salons, nous le faisons tous, mais notre priorité est <strong>de</strong> donner<br />
un maximum d’outils à la distribution et <strong>de</strong> convaincre, car<br />
nous savons qu’il y a un vrai potentiel, qu’il y aurait une vraie<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’ergonomie ».<br />
Par conséquent, pour être efficaces tous ensemble, il faut<br />
que les pouvoirs publics agissent <strong>de</strong> concert. C’est le constat<br />
d’Alexandra Lèbre-Doboz <strong>de</strong> Fellowes : « <strong>Le</strong> travail du gouvernement<br />
sur les TMS est extraordinaire. Ils ont réalisé un<br />
très bon site notamment, mais ils n’ont pas su communiquer<br />
en <strong>de</strong>hors. Mais sur le site, il y a une foule d’informations, il<br />
est presque ludique et sympathique. <strong>Le</strong> problème est que les<br />
sites faits par les pouvoirs publics et les différents ministères<br />
sont peu visités et utilisés ».<br />
Comme souvent, et notamment en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise, la solution<br />
pourrait peut-être venir du porte-monnaie. C’est ce que met<br />
en avant Bertrand <strong>Le</strong>monnier <strong>de</strong> la société Unilux : « Nous<br />
<strong>de</strong>vons prémâcher le travail en fournissant aux distributeurs<br />
<strong>de</strong>s arguments économiques, auxquels les clients finaux seront<br />
sensibles. Il faut peut-être argumenter sur l’aspect économique<br />
pour convaincre l’utilisateur final ».<br />
30 / <strong>Le</strong> <strong>Papetier</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> - Novembre/Décembre 2012
chercher l’information directement sur Internet. <strong>Le</strong> Français<br />
reste particulièrement attaché au papier par rapport aux autres<br />
pays européens, qui n’ont pas le même comportement par<br />
rapport à la source d’information ». Par conséquent, si Internet<br />
s’est considérablement développé ces <strong>de</strong>rnières années pour<br />
arriver dans la majeure partie <strong>de</strong>s foyers, le papier semble<br />
avoir encore <strong>de</strong> beaux jours <strong>de</strong>vant lui.<br />
Des innovations technologiques qui vont<br />
générer <strong>de</strong> nouveaux besoins<br />
Jérôme Larregain, directeur commercial <strong>de</strong> Maul en charge <strong>de</strong> marché<br />
français : « Il y a une vraie mutation du marché du travail en <strong>France</strong>,<br />
la mobilité n’est pas un phénomène <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>, mais un phénomène<br />
concret. »<br />
Développer l’information passe par plus <strong>de</strong><br />
communication<br />
L’important aujourd’hui est donc <strong>de</strong> sensibiliser la clientèle.<br />
Chez Staples, on l’a bien compris et Sophie Brugman nous<br />
parle <strong>de</strong>s actions mises en place : « Nous avons rajouté à<br />
notre catalogue la luminothérapie, cela répond à la fois au<br />
besoin d’éclairage et ce sera accompagné d’un discours sur<br />
le bien-être au travail. Staples va faire un essai pour voir si<br />
cela fonctionne. C’est l’enjeu <strong>de</strong>s produits ergonomiques,<br />
leur esthétique ne plaît pas forcément. La lampe que nous<br />
proposons existe déjà dans le commerce. Elle est équipée <strong>de</strong><br />
LED qui ont un effet au niveau neurologique via la couleur,<br />
<strong>de</strong>s effets inconscients <strong>de</strong> motivation au travail et <strong>de</strong> bien-être.<br />
Cela a une action déstressante et en plus la lampe est jolie ! »<br />
Et comme les catalogues ne disposent pas d’un nombre <strong>de</strong><br />
pages extensibles, la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s enseignes se reportent<br />
sur Internet, qui est <strong>de</strong>venu un média support <strong>de</strong> plus en<br />
plus efficace et surtout <strong>de</strong> plus en plus consulté. Devenu un<br />
réflexe chez l’usager, il tente à le <strong>de</strong>venir chez les sociétés.<br />
Sophie Brugman le confirme : « Nous développons <strong>de</strong> plus<br />
en plus les arguments sur le Web. Ils concernent les produits<br />
et les normes, <strong>de</strong> façon à ce que le client ait une information<br />
complète sur les bénéfices du produit. Pour autant, ce n’est<br />
pas un discours technique, cela reste un discours commercial.<br />
On a mis en ligne <strong>de</strong>s textes plus tournés vers le client avec<br />
les bénéfices, plus que les arguments techniques ». Même<br />
si la clientèle classique se réfère toujours énormément au<br />
catalogue, qu’elle trouve plus agréable à feuilleter, les clients,<br />
qui ont déjà défini leur recherche, vont directement sur le<br />
web. Un comportement typiquement français, semble-t-il,<br />
comme le souligne Alexandra Lèbre-Doboz <strong>de</strong> Fellowes :<br />
« Il faut savoir qu’en B2B, la première source d’information<br />
reste le catalogue papier. Ce sont <strong>de</strong>s sources Fevad. 55 %<br />
consultent un catalogue et ils sont moins <strong>de</strong> 50 % à aller<br />
Nous l’avons vu, les nouvelles technologies ont vu naître <strong>de</strong><br />
nouvelles pathologies dues essentiellement à <strong>de</strong> nouvelles<br />
façons <strong>de</strong> travailler. <strong><strong>Le</strong>s</strong> évolutions sont notoires dans le mo<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> travail dans l’informatique notamment, dans les métho<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> travail au bureau et le développement du télétravail<br />
y contribue également. Cependant, tous ces changements<br />
dans nos habitu<strong>de</strong>s ont vu émerger <strong>de</strong> nouveaux besoins,<br />
auxquels les entreprises doivent s’adapter. Pour Alexandra<br />
Lèbre-Doboz, le constat est clair : « Il y a plus <strong>de</strong> PC portables,<br />
donc plus d’accessoires ergonomiques. Mais si la mobilité<br />
permet <strong>de</strong> gagner du temps, elle peut être génératrice <strong>de</strong><br />
stress supplémentaire. On va encore soumettre son corps à<br />
<strong>de</strong> nouvelles positions et à terme peut-être que <strong>de</strong> nouveaux<br />
maux vont apparaître ». Et la démocratisation <strong>de</strong>s tablettes va<br />
elle aussi nécessiter <strong>de</strong>s innovations, même si nous sommes<br />
encore dans l’inconnu quant aux conséquences <strong>de</strong> son utilisation.<br />
C’est ce qu’observe Alexandra Lèbre-Doboz : « <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />
tablettes apportent une solution, ne serait-ce qu’au niveau<br />
du poids, tout comme les smartphones. Forcément, c’est plus<br />
ergonomique car le matériel est allégé, mais nous sommes<br />
encore en phase <strong>de</strong> découverte. On le voit aussi pour les<br />
smartphones et la maladie du SMS, le mal <strong>de</strong> pouce. Avec<br />
la tablette, on tend vers la même chose, donc il va falloir<br />
proposer <strong>de</strong>s solutions d’accessoires ergonomiques autour <strong>de</strong><br />
Caroline Huguet, chef <strong>de</strong> produit chez Durable : « Il y a une<br />
différence d’usage dans la tablette, qui est actuellement un matériel<br />
d’appoint tandis que l’ordinateur est un outil <strong>de</strong> travail quotidien. »<br />
<strong>Le</strong> <strong>Papetier</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> - Novembre/Décembre 2012 / 31
Table Ron<strong>de</strong><br />
Dossier<br />
Interview<br />
Evénement<br />
Baromètre GfK<br />
Nouveaux produits<br />
l’informatique mobile et découvrir aussi les risques liés à la<br />
tablette ». Caroline Huguet <strong>de</strong> Durable tempère cependant la<br />
situation : « Il y a une différence d’usage dans la tablette, qui<br />
est actuellement un matériel d’appoint tandis que l’ordinateur<br />
est un outil <strong>de</strong> travail quotidien. L’ordinateur est un outil <strong>de</strong><br />
base. La tablette, c’est le plus ». Jérôme Larregain <strong>de</strong> Maul<br />
constate également un changement dans les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
travail : « Il y a une vraie mutation du marché du travail en<br />
<strong>France</strong>, la mobilité n’est pas un phénomène <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>, mais<br />
un phénomène concret. Il faut trouver <strong>de</strong>s réponses, car les<br />
gens n’ont pas les mêmes budgets, ni les mêmes besoins ».<br />
Ainsi, dans un marché en constante évolution, les fabricants<br />
se trouvent face à <strong>de</strong> nouvelles données. Cependant, celles<br />
ne sont pas en reste et proposent d’ores et déjà <strong>de</strong>s solutions<br />
en termes d’accessoires et <strong>de</strong> technologie. C’est notamment<br />
le cas pour l’éclairage, qui voit la LED se développer à grands<br />
pas. Caroline Parisot d’Unilux confirme ce changement :<br />
« La LED existe <strong>de</strong>puis plusieurs années, mais aujourd’hui<br />
cette technologie évolue très vite et permet aux industriels <strong>de</strong><br />
développer <strong>de</strong>s produits. Maintenant en termes <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign, on<br />
peut faire <strong>de</strong> très jolies choses avec les LED et en offrant un<br />
éclairage très confortable. En effet, on peut varier l’intensité,<br />
la température <strong>de</strong>s couleurs, etc. et avoir une plus gran<strong>de</strong><br />
maîtrise qu’auparavant ». En ce qui concerne les nouveaux<br />
supports informatiques, comme les tablettes et les smartphones,<br />
Emilie Corneau du marketing chez Esselte constate une<br />
modification <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : « <strong>Le</strong> marché change et bouge,<br />
on le voit. Nous avons lancé une nouvelle gamme justement<br />
d’accessoires pour IPad et pour IPhone pour poser ces objets<br />
sur son bureau. Nous avons une très bonne écoute <strong>de</strong> la part<br />
<strong>de</strong>s distributeurs, qui eux-mêmes ont <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour ce<br />
type <strong>de</strong> produit. Il s’agit d’accessoires pour poser son IPad<br />
avec un certain angle <strong>de</strong> vue et un bon angle d’écriture. Ce<br />
n’est sans doute pas une problématique ergonomique plus<br />
importante, mais cela le <strong>de</strong>vient ».<br />
On l’a vu, l’ergonomie dans le mon<strong>de</strong> du travail revêt d’une<br />
importance <strong>de</strong> plus en plus forte, car elle conditionne<br />
Emilie Corneau, tra<strong>de</strong> marketing manager chez Esselte : « Nous avons<br />
lancé une nouvelle gamme d’accessoires pour IPad et pour IPhone<br />
pour poser ces objets sur son bureau. »<br />
directement le bien-être au travail et par conséquent la<br />
productivité et la compétitivité <strong>de</strong>s salariés. Améliorer le<br />
confort <strong>de</strong>s postes dans le but <strong>de</strong> réduire les maladies et les<br />
traumatismes <strong>de</strong>vient au fur et à mesure une donnée que les<br />
entreprises prennent <strong>de</strong> plus en plus en compte. <strong><strong>Le</strong>s</strong> pouvoirs<br />
publics, eux aussi, ont lancé <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> prévention<br />
sur les TMS notamment, tandis que les fabricants travaillent<br />
en parallèle sur l’éclairage, responsable du déclin <strong>de</strong> l’acuité<br />
visuelle. Aujourd’hui, communiquer et faire comprendre<br />
aux entreprises que l’ergonomie peut réduire le coût dû à<br />
l’absentéisme et aux arrêts <strong>de</strong> maladie, est un enjeu d’autant<br />
plus grand qu’il est économique.<br />
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32 / <strong>Le</strong> <strong>Papetier</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> - Novembre/Décembre 2012