La saga-cité - Jeune Afrique
La saga-cité - Jeune Afrique
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LE PLUS<br />
DE JEUNE AFRIQUE<br />
CÔTE DʼIVOIRE<br />
Abidjan<br />
<strong>La</strong> <strong>saga</strong>-cité<br />
V. FOURNIER/J.A.<br />
Un siècle aprèssanaissance,lamétropolesa ivoirienne,<br />
qui accueille les assemblées annuelles de la BAD<br />
(27 et 28 mai), franchit le cap des 4 millions<br />
dʼhabitants. Malgré dix années de crise,<br />
elle a su préserver son aura de carrefour<br />
économique et culturel. Et maintenant?
LE PLUS<br />
DE JEUNE AFRIQUE<br />
CÔTE DʼIVOIRE<br />
LE PLUS<br />
77<br />
PRÉLUDE<br />
V. FOURNIER/J.A.<br />
PANORAMA<br />
Abidjan, retour vers le futur p. 78<br />
• Élections : radiographie<br />
avant la bataille p. 83<br />
• En attendant la BAD p. 84<br />
• Yamoussoukro, rivale<br />
ou complémentaire ? p. 85<br />
PORT<br />
Une ruche sur la lagune p. 87<br />
SÉCURITÉ<br />
Les privés à la rescousse p. 88<br />
HÔTELLERIE<br />
<strong>La</strong> nouvelle vie de lʼIvoire p. 92<br />
SOCIÉTÉ<br />
Campus business p. 94<br />
LOISIRS<br />
Les incontournables<br />
de la nuit abidjanaise p. 98<br />
TÉMOIGNAGE<br />
AʼSalfo, lead vocal de Magic<br />
System :«Je dors aux<br />
Deux-Plateaux et me réveille<br />
à Anoumabo » p. 101<br />
MÉDIAS<br />
Un coup de « Gbich ! » p. 103<br />
TÉLÉVISION<br />
Succès en séries p. 106<br />
LIVRES<br />
<strong>La</strong>sag<br />
<strong>saga</strong>-citéa-ci<br />
Un siècle après sa naissance,<br />
ance, la métropole<br />
ivoirienne,<br />
ienne,<br />
qui accueille cueille e les assemblées annuelles es de la BAD<br />
(27 et 28 mai), franchit le cap des 4 millions<br />
dʼhabitants.<br />
Malgré dix années de crise,<br />
elle a su préserver r son aura de carrefour<br />
économique et culturel.<br />
urel. Et maintenant<br />
ntenant?<br />
Isaïe Biton Koulibaly,<br />
auteur pour dames p. 108<br />
MARWANE BEN YAHMED<br />
À la recherche<br />
du temps perdu<br />
PLUS DE DIX ANS APRÈS SA DERNIÈRE RÉUNION EN CÔTE D’IVOIRE, la<br />
Banque africaine de développement (BAD) fait son grand retour à Abidjan.<br />
Le symbole est fort : les prochaines assemblées annuelles de l’institution se<br />
dérouleront, les 27 et 28 mai, dans l’enceinte d’un Palais des congrès enfi n<br />
rénové. Plus de 2 300 participants sont attendus, dont certains chefs d’État,<br />
qui assisteront à la cérémonie inaugurale, et nombre de ministres, banquiers,<br />
consultants, chefs d’entreprise, journalistes… Tous ceux qui comptent au sein<br />
de l’économie et de la fi nance africaines ont rendez-vous dans la métropole<br />
ivoirienne, qui sera, une semaine durant, sous les feux des projecteurs du<br />
continent.<br />
C’est un test grandeur nature pour tous ceux, offi ciels comme simples citoyens,<br />
qui rêvent de voir l’ex-Perle des lagunes renouer avec son glorieux<br />
passé de centre névralgique de l’<strong>Afrique</strong> de l’Ouest. Dans l’esprit des Ivoiriens,<br />
ce n’est d’ailleurs qu’une première étape. Abidjan espère toujours le retour<br />
défi nitif de la BAD, dont le siège a été délocalisé à Tunis en février 2003.<br />
Cette ville jadis mythique étouffe sous le poids de ses habitants et cherche<br />
un nouveau souffl e. Elle doit, pour cela, retrouver sa vocation première, celle<br />
de capitale économique et de centre d’affaires. Le transfert de l’administration<br />
à Yamoussoukro, une décision prise en… 1983, devrait lui permettre de mieux<br />
se projeter vers ce « Grand Abidjan » censé transformer une cité déliquescente<br />
en véritable poumon de la sous-région, grâce à son port et à son aéroport.<br />
Mais la concurrence est rude. Les voisins du « patient ivoirien » n’ont pas<br />
attendu que ce dernier guérisse, profitant de son affaiblissement pour lui<br />
tailler des croupières partout où ils le pouvaient. Le Sénégal ou le Ghana,<br />
entre autres, contestent chaque jour un peu plus la suprématie surannée de<br />
l’« Éléphant d’<strong>Afrique</strong> ».<br />
<strong>La</strong> volonté existe, les grands projets et travaux avancent. Ils n’iront pourtant<br />
pas bien loin tant que l’horizon politique restera bouché. Car le pays a besoin,<br />
pour se permettre de se projeter vers l’avenir, de tourner défi nitivement la<br />
page d’une décennie de crise qui l’a mis à genoux. Hélas, si les Ivoiriens n’ont<br />
jamais été aussi près de renouer avec le rituel oublié du vote, le scrutin n’est<br />
encore qu’un mirage qui s’évanouit chaque fois que l’on s’en approche. Et<br />
chaque jour qui passe est un jour perdu pour la Côte d’Ivoire, dans sa quête<br />
de renouveau. ■<br />
Direction : Danielle Ben Yahmed<br />
et Marwane Ben Yahmed<br />
Rédaction en chef : Cécile Manciaux<br />
Rédaction : Pascal Airault et Malika Groga-Bada ;<br />
Théophile Kouamouo et Baudelaire Mieu, à Abidjan<br />
Coordination : Myriam Karbal<br />
Difcom, 57 bis, rue d’Auteuil 75016 Paris<br />
Tél. : +33 1 44 30 19 60<br />
Fax : +33 1 45 20 08 23<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
78 LE PLUS<br />
ABIDJAN RETOUR<br />
Elle continue de fasciner<br />
les artistes du monde entier.<br />
Ses habitants adorent<br />
son ambiance, mais peinent<br />
à supporter son quotidien.<br />
Comment la ville, dont<br />
la population a plus que<br />
doublé en trente ans,<br />
sort-elle dʼune décennie<br />
de crise politique?<br />
PASCAL AIRAULT<br />
Abidjan attire, fascine,<br />
inspire les artistes.<br />
Depuis cinquante ans,<br />
écrivains, cinéastes<br />
et chanteurs l’examinent<br />
sous toutes les<br />
coutures. Les œuvres de ces témoins<br />
privilégiés nous restituent ses mutations<br />
démographique, physique, économique<br />
et sociale à travers les régimes<br />
successifs.<br />
Le gouverneur général français,<br />
François Reste de Roca, lui prédit un<br />
futur radieux quand elle devient la<br />
capitale de la colonie de Côte d’Ivoire,<br />
le 7 août 1934 : « Voyez […] Abidjan,<br />
que nous fêtons aujourd’hui, la grande<br />
ville de l’avenir, car le jour est proche<br />
où les navires mouilleront dans son<br />
port : alors elle deviendra le grand<br />
entrepôt de tout le monde. »<br />
Avec la Seconde Guerre mondiale<br />
puis les années précédant la décolonisation,<br />
c’est le temps des intrigues.<br />
Dans l’opinion populaire, on l’imagine<br />
nid d’espions et repaire des voyous<br />
en col blanc. Dans Le Gentleman de<br />
Cocody (1964), Jean Marais incarne<br />
un diplomate en poste à Abidjan ; ce<br />
dernier rencontre Baby, une ravissante<br />
chasseuse de papillons, qui s’avère<br />
être le chef d’un gang à la recherche<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
LE PLUS<br />
79<br />
Le Plateau, les deux ponts le reliant à<br />
Treichville (à dr.) et, à l’arrière-plan, Cocody.<br />
NABIL ZORKOT<br />
VERS LE FUTUR<br />
de l’épave d’un avion contenant des<br />
diamants. Au début des années 1960,<br />
Abidjan est « la perle des lagunes »,<br />
« le petit Paris ». Le musicien congolais<br />
Tabu Ley Rochereau compare<br />
alors la ville à Montréal (« Belle Abidjan,<br />
rendez-vous des grands cœurs /<br />
[…] Abidjan, belle métropole / […]<br />
Abidjan, tu as le monopole / Comme<br />
tu ressembles à Montréal. »)<br />
UN RÉEL POUVOIR DE SÉDUCTION<br />
Après l’indépendance, la métropole<br />
ivoirienne exerce un fort pouvoir de<br />
séduction. L’ancienne cité des colons<br />
devient le centre administratif et des<br />
affaires du pays. Elle abrite la présidence<br />
et les ministères. Les quartiers du<br />
sud et de l’est de la ville, en direction de<br />
l’aéroport international et des plages,<br />
sont pris d’assaut par les Européens et<br />
la classe moyenne. Cocody est déjà le<br />
quartier chic. On y trouve la résidence<br />
présidentielle, l’ambassade de France et<br />
l’hôtel Ivoire (voir p. 92), qui, avec sa<br />
piscine, ses tennis et la seule patinoire<br />
d’<strong>Afrique</strong>, ne désemplit pas.<br />
<strong>La</strong> ville connaît alors, comme tout<br />
le pays, deux décennies de prospérité,<br />
grâce à son port, au développement des<br />
exportations agricoles (cacao, café) et<br />
à l’industrialisation autour du canal<br />
de Vridi. Elle est le fer de lance d’une<br />
croissance ivoirienne qui dépasse les<br />
10 % par an entre 1960 et 1965. On y<br />
recrute à tour de bras une main-d’œuvre<br />
affl uant de toute la sous-région.<br />
À la fin des années 1970, la chute<br />
soudaine des cours du cacao affecte<br />
directement la métropole, mais n’enraye<br />
pas l’exode. Des quartiers d’habitat<br />
précaire essaiment un peu partout.<br />
Les années de « vaches maigres », puis<br />
les plans d’austérité achèveront de provoquer<br />
sa dégradation.<br />
L’espace urbain n’est plus maîtrisé,<br />
la pauvreté s’accroît. Les immigrants<br />
déchantent vite. Dans Pain sucré<br />
(1987), la romancière américaine<br />
Mary Lee Martin-Kone décrit l’arrivée<br />
d’une jeune villageoise attirée<br />
▲<br />
▲<br />
▲<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
80 LE PLUS ABIDJAN<br />
LES DIX COMMUNES D'ABIDJAN<br />
0 2 4km<br />
Parc national<br />
du Banco<br />
et piégée par les lumières de la<br />
ville. Un Attiéké pour Elgass (1993), de<br />
Tierno Monénembo, livre une image<br />
déplaisante des exilés guinéens dans<br />
la métropole. Le documentariste Jean<br />
Rouch, dans Moi, un Noir, avait décelé<br />
les prémices d’une grande fracture<br />
urbaine dès 1958, racontant l’expérience<br />
de jeunes Nigériens en quête de<br />
travail et échouant dans les quartiers<br />
populaires de Treichville.<br />
Mais Abidjan, c’est aussi ses plaisirs,<br />
notamment dans la rue Princesse (voir<br />
pp. 98 et 101), qui a donné son nom,<br />
en 1993, à l’un des fi lms de feu Henri<br />
Duparc. Le Franco-Guinéen a tourné<br />
plusieurs longs-métrages dans la métropole,<br />
où il avait élu domicile.<br />
▲<br />
▲<br />
▲<br />
YOPOUGON<br />
LA BIBLE ET LA BIÈRE, LA LOI<br />
DES DEUX « B »<br />
<strong>La</strong> calamiteuse succession de Félix<br />
Houphouët-Boigny, le coup d’État de<br />
1999 et la rébellion de 2002 creusent<br />
encore les inégalités. Dans ses<br />
Chroniques abidjanes (2007), Albert<br />
Taïeb dépeint les vicissitudes de la vie<br />
dans la capitale économique. <strong>La</strong> ville<br />
connaît une dégradation générale de<br />
ses infrastructures, les quartiers d’habitat<br />
précaire s’étendent, l’insalubrité<br />
et la pollution s’installent.<br />
Williamsville<br />
ABOBO<br />
ATTÉCOUBÉ<br />
ADJAMÉ<br />
COCODY<br />
LE PLATEAU<br />
Pont Général de Gaulle<br />
Pont Houphouët-Boigny<br />
TREICHVILLE<br />
MARCORY<br />
<strong>La</strong>gune Ébrié<br />
KOUMASSI<br />
Île Boulay<br />
Petit-Bassam<br />
Canal de Vridi<br />
Deux-Plateaux<br />
Riviera<br />
Anono<br />
PORT-BOUËT<br />
Depuis la crise, les églises évangéliques,<br />
refuges d’habitants en proie au<br />
mal-être, poussent au même rythme<br />
que les maquis. À Abidjan règne « la<br />
loi des deux b » : la Bible et la bière.<br />
L’insécurité aussi. C’est le sujet de<br />
Bronx-Barbès (2000), d’Éliane de<br />
<strong>La</strong>tour, un fi lm où deux jeunes cherchent<br />
refuge au sein des gangs des<br />
deux quartiers.<br />
Dans un autre style, les musiciens<br />
de la nouvelle génération – Billy-Billy,<br />
Yodé et Siro, Garba 50… – n’ont pas<br />
leur pareil pour décrire l’atmosphère<br />
actuelle de la ville, la cruauté de ses<br />
72 bidonvilles et la misère quotidienne<br />
des petites gens.<br />
Il en va de même des caricaturistes<br />
de l’hebdomadaire satirique Gbich !<br />
(voir p. 103), qui campent la vie des<br />
Abidjanais à travers des personnages<br />
emblématiques : le sergent Deutogo<br />
(en nouchi, argot des jeunes abidjanais,<br />
1 togo = 100 F CFA) rackette à<br />
chaque carrefour ; Cauphy Gombo,<br />
l’avide « biznessman », est toujours en<br />
quête de nouvelles combines; Gazou,<br />
la doubleuse, court après l’argent des<br />
« assoiffés de sexe », mais les laisse<br />
à chaque fois sur leur faim à l’heure<br />
de passer à l’acte… Une satire sociale<br />
également palpable dans<br />
▲<br />
▲<br />
▲<br />
LA VILLE ET SON DISTRICT<br />
Superficie de la ville 422 km 2<br />
Superficie du district 2119 km 2<br />
(superficie du pays: 322463 km 2 )<br />
Population de la ville<br />
3,9 millions d’habitants (soit plus de<br />
20 % de la population ivoirienne, qui<br />
est de 19,3 millions d’hab.)<br />
Population du district 9 millions d’hab.<br />
Abidjan est la 7 e ville la plus peuplée<br />
d’<strong>Afrique</strong> après Le Caire, <strong>La</strong>gos,<br />
Kinshasa, Khartoum, Luanda et<br />
Alexandrie, et la 2 e plus grande<br />
ville francophone au monde après<br />
Kinshasa (9,4 millions d’hab.),<br />
et avant Paris (2,2 millions).<br />
Croissance démographique 3,7 %<br />
Abidjan est passé de 1000 hab. en<br />
1910 à 1,2 million en 1978, 3,1 millions<br />
en 1998, et 3,9 millions en 2009.<br />
Densité 1475 hab./km 2 (48 hab./<br />
km 2 au niveau national)<br />
Taux d’immigration 40 %, en majorité<br />
des ressortissants de la sous-région:<br />
Burkinabè (30 %), Maliens (22 %),<br />
Ghanéens (19 %), Nigériens (11 %),<br />
Guinéens (9 %). Parmi les non-Africains<br />
(3 %), les plus nombreux sont<br />
les Libanais, viennent ensuite les Européens,<br />
majoritairement des Français.<br />
<strong>La</strong> ville compte dix communes<br />
• Abidjan Nord<br />
Abobo (maire: Adama Toungara,<br />
RDR), Adjamé (Youssouf Sylla, RDR),<br />
Yopougon (Jean Félicien Gbamnan<br />
Djidan, FPI), Le Plateau (Noël Bendjo<br />
Akossi, PDCI-RDA), Attécoubé<br />
(Paulin Danho, PDCI-RDA), Cocody<br />
(Jean-Baptiste Gomont Diagou, FPI)<br />
• Abidjan Sud<br />
Koumassi (Raymond N’Dohi Yapi,<br />
PDCI-RDA), Marcory (Marcellin Akanda<br />
Assi, FPI), Port-Bouët (Hortense<br />
Aka-Anghui, PDCI-RDA), Treichville<br />
(François Albert Amichia, PDCI-RDA)<br />
Depuis les municipales de 2001, Abidjan<br />
n’est plus dirigé par une mairie<br />
centrale et a été érigé en district.<br />
Le district d’Abidjan englobe les<br />
10 communes urbaines et 3 nouvelles<br />
sous-préfectures: Anyama, Bingerville<br />
et Songon. <strong>La</strong> fonction de maire<br />
d’Abidjan a été remplacée par celle<br />
de gouverneur du district, nommé par<br />
le chef de l’État (poste actuellement<br />
occupé par Pierre Djédji Amondji).<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010<br />
SOURCES: ONU-HABITAT, DISTRICT D’ABIDJAN
82 LE PLUS ABIDJAN<br />
V. FOURNIER/J.A.<br />
Ruelle d’un quartier<br />
précaire d’Attécoubé.<br />
Le Virus (2007), de la comédienne<br />
et réalisatrice Bleu Brigitte, tourné à<br />
Yopougon, à Cocody et au Plateau.<br />
Quel avenir pour Abidjan? Les urbanistes<br />
parlent de l’émergence d’un<br />
« monstre urbain » dont les autorités,<br />
dépassées par la poussée démographique<br />
impressionnante, ne contrôlent<br />
plus l’essor. De 4 millions d’habitants<br />
aujourd’hui, elle devrait passer à<br />
▲<br />
▲<br />
▲<br />
10 millions en 2050. <strong>La</strong> ville est engorgée,<br />
insalubre. À la saison des pluies,<br />
la mort rôde : maladies, éboulements<br />
de taudis. Il est urgent de réagir.<br />
UN PLAN DÉCISIF<br />
Un think-tank d’ingénieurs, d’architectes<br />
et d’urbanistes a concocté le plan<br />
de développement du Grand Abidjan:<br />
Abidjan 2050. Ils proposent de créer de<br />
nouveaux pôles de vie, de construire<br />
des ponts sur la lagune, de multiplier<br />
les transports publics, de réintroduire<br />
des espaces verts. Il faudra surtout<br />
trouver des moyens financiers, que<br />
seule la fin de la crise politique permet<br />
d’espérer.<br />
<strong>La</strong> ville est insalubre.<br />
À la saison des<br />
pluies, la mort rôde.<br />
Il est urgent de réagir.<br />
Pour le reste, comme le dit Yacouba<br />
Konaté, professeur de philosophie à<br />
l’université de Cocody, Abidjan, ce<br />
sera toujours « les vitrines des magasins,<br />
les défi lés de mode, les concerts<br />
de musique, les matchs de football,<br />
les foires, les baratins des bonimenteurs<br />
à la Sorbonne, les soirées d’enfer<br />
rue Princesse ou place Ficgayo,<br />
la rivalité ancienne entre Adjamé et<br />
Treichville, le voisinage compétitif<br />
entre Yopougon et Abobo… Sans ceci<br />
et cela, Abidjan ne serait plus vraiment<br />
Abidjan. » ■<br />
À L’ORIGINE<br />
<strong>La</strong> rue du Commerce, au<br />
Plateau, en février 1952.<br />
À SA CONSTRUCTION, AU DÉBUT DU XX E SIÈCLE, au<br />
moment où la Côte d’Ivoire, colonie française depuis<br />
1893, est intégrée à l’<strong>Afrique</strong>-Occidentale française<br />
(AOF), Abidjan se limitait au Plateau, presqu’île dominant<br />
la lagune Ndoupé (« la lagune à l’eau chaude »,<br />
future lagune Ébrié). Elle est née d’un village de<br />
pêcheurs, déguerpis en 1902 après la mise en chantier<br />
de la ville et, en 1904, du chemin de fer – qui reliera<br />
Bouaké, au nord du pays, en 1912, et Bobo-Dioulasso,<br />
au Burkina Faso (alors Haute-Volta) en 1934.<br />
Min tchan bidjan (« Je reviens de couper des<br />
feuilles », en langue ébriée). Selon la légende, la ville<br />
tient son nom de cette réponse d’un vieil homme,<br />
qui croyait qu’on lui demandait ce qu’il faisait là, à<br />
un explorateur européen qui l’interrogeait sur le nom<br />
du village. Persuadé, de son côté, que le vieil Ébrié<br />
répondait à sa question, l’explorateur consigna dans<br />
ses notes que le village s’appelait Abidjan.<br />
En 1899, face à une recrudescence de la fi èvre jaune,<br />
le gouvernement colonial décide de transférer la capitale<br />
administrative de Grand-Bassam (située sur la<br />
côte, à 30 km à l’est) à Bingerville, près d’Abidjan. Dès<br />
1920, il admet le principe d’Abidjan, alors en pleine<br />
extension, comme capitale. Elle le devint offi ciellement<br />
en août 1934 (par décret du 10 août 1933).<br />
En 1931, Le Plateau et la future commune de Treichville<br />
(baptisée ainsi en 1934, en l’honneur de Marcel<br />
KEYSTONE/EYEADEA<br />
Treich-<strong>La</strong>plène, premier administrateur colonial de la<br />
Côte d’Ivoire) sont reliés par un premier pont fl ottant<br />
rail-route, prolongé en 1939 jusqu’à Port-Bouët. En<br />
1951, les autorités coloniales lancent la construction<br />
du canal de Vidri et aménagent un port en eau profonde<br />
à Treichville. En un siècle, les pêcheurs auront<br />
vu leurs champs de manioc et leurs plantations se<br />
transformer en quartiers populaires et en immeubles<br />
d’affaires. De 1 000 âmes en 1910, le pourtour de la<br />
lagune Ébrié s’est mué en une mégapole d’environ<br />
4 millions d’habitants dans laquelle subsistent quelques<br />
« îlots » ébriés, tels des villages, comme à Adjamé<br />
– qui signifi e « le lieu de rassemblement ». ■<br />
CÉCILE MANCIAUX<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
LE PLUS<br />
83<br />
CAMILLE MILLERAND<br />
Soirée<br />
internet et<br />
jeux vidéo à<br />
Cocody, sur<br />
le campus<br />
universitaire.<br />
Élections:radiographie avantlabataille<br />
TOUS LES GÉNÉRAUX LE DISENT:<br />
pour gagner une guerre, il y a des<br />
batailles décisives à remporter. Dans<br />
les états-majors politiques ivoiriens,<br />
on prépare celle d’Abidjan avec le plus<br />
grand soin. « Autrefois, le vote de la<br />
campagne influençait le vote de la<br />
ville, précise Gervais Coulibaly, porteparole<br />
du président <strong>La</strong>urent Gbagbo.<br />
Aujourd’hui, c’est souvent le contraire.<br />
» D’où l’impérieuse nécessité de<br />
bien appréhender les désirs profonds<br />
du premier électorat du pays: 2,1 millions<br />
d’inscrits sur un total de 6,3 millions.<br />
Le staff de campagne de <strong>La</strong>urent<br />
Gbagbo l’a bien compris et a demandé<br />
à TNS Sofres de lui donner des estimations<br />
pour la présidentielle à Abidjan.<br />
Selon la troisième vague d’enquêtes<br />
(octobre 2009), le chef de l’État sortant<br />
arriverait en tête au premier tour dans<br />
le district avec 50 % des intentions de<br />
vote, devant Henri Konan Bédié (26 %)<br />
et Alassane Ouattara (24 %). Des estimations<br />
à considérer néanmoins avec<br />
une certaine prudence. Si le sérieux du<br />
deuxième sondeur mondial ne fait pas<br />
de doute, les résultats des enquêtes en<br />
<strong>Afrique</strong> sont loin d’être aussi fiables<br />
qu’en Europe. Du côté de l’opposition,<br />
on préfère se référer aux<br />
résultats des dernières<br />
municipales, en 2001.<br />
Le Front populaire ivoirien<br />
(FPI, au pouvoir) y<br />
avait obtenu 33,5 % des<br />
voix, devant le Rassemblement<br />
des républicains<br />
(RDR, 29 %) et le Parti démocratique<br />
de Côte d’Ivoire (PDCI, 23 %).<br />
TACTIQUES D’APPROCHE<br />
« Le candidat en tête à Abidjan<br />
aura une bonne chance de remporter<br />
la présidentielle, estime également<br />
Mamadou Sanogo, secrétaire national<br />
chargé des élections au RDR. C’est<br />
pourquoi toute notre stratégie repose<br />
sur sa conquête. »<br />
Les partis font tout pour capter<br />
cette population jeune, férue<br />
de nouvelles technologies.<br />
Les partis politiques ne lésinent<br />
pas sur les moyens pour séduire cette<br />
population urbaine, jeune et férue de<br />
nouvelles technologies.<br />
Au sein de la direction de campagne<br />
du RDR, aux Deux-Plateaux, une dizaine<br />
de personnes se chargent des messages<br />
aux électeurs: alimentation des<br />
sites de campagne et des blogs, participation<br />
au forum de discussion, gestion<br />
des informations sur Facebook, envois<br />
de SMS…<br />
Sans compter que les législatives<br />
devront se tenir, théoriquement, dans<br />
les deux mois suivant le scrutin présidentiel.<br />
En 2000, le RDR les avait boycottées,<br />
laissant la grande majorité des<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
84 LE PLUS ABIDJAN<br />
sièges au FPI et au PDCI. Des poids<br />
lourds du FPI comme Simone Gbagbo<br />
(Abobo), Mamadou Koulibaly<br />
(Koumassi) et Moïse Lida Kouassi<br />
(Marcory) devraient défendre leurs<br />
sièges face à une opposition qui<br />
songe à monter des listes uniques.<br />
L’autre grande bataille sera<br />
celle des municipales (dans les<br />
dix communes d’Abidjan), dont la<br />
date reste à déterminer. L’opposition<br />
devrait maintenir tous ses<br />
L’immeuble<br />
de la BAD,<br />
au Plateau,<br />
inoccupé<br />
depuis<br />
le transfert<br />
de son<br />
personnel<br />
à Tunis,<br />
en 2003.<br />
Le candidat en tête à<br />
Abidjan remportera<br />
très certainement<br />
la présidentielle.<br />
élus. Adama Toungara (RDR) se<br />
représentera à Abobo. Hortense<br />
Aka Angui (PDCI) se repositionnera<br />
à Port-Bouët. Côté pouvoir,<br />
Marcel Gossio, directeur du Port<br />
autonome d’Abidjan, pourrait être<br />
tenté de la défi er. Raymond N’Dohi<br />
Yapi, le maire PDCI de Koumassi,<br />
se verrait bien prolonger. À Yopougon,<br />
le maire, Félicien Gbadaman<br />
Djidan (FPI), pourrait croiser le fer<br />
avec Doukouré Moustapha (PDCI).<br />
À Cocody la chic, l’ex-ministre<br />
Hamed Bakayoko (RDR) pourrait<br />
surgir pour affronter Jean Baptiste<br />
Gomon Diagou (FPI), le titulaire,<br />
et le PDCI pourrait reconduire son<br />
candidat Mathias N’Goan. À Treichville,<br />
François Amichia (PDCI), qui<br />
jouit de l’adhésion de la population,<br />
semble bien parti pour une reconduction.<br />
■<br />
PASCAL AIRAULT et BAUDELAIRE MIEU,<br />
à Abidjan<br />
En attendantlaBAD<br />
MAUDIT EYJAFJALLAJÖKULL. À un<br />
mois de l’ouverture des assemblées<br />
annuelles de la Banque africaine<br />
de développement (BAD), les 27 et<br />
28 mai à Abidjan, la fermeture de<br />
l’espace aérien européen à la suite de<br />
l’éruption du volcan islandais a failli<br />
réduire à néant des mois d’efforts.<br />
« On a frôlé la catastrophe, explique<br />
un officiel ivoirien. Heureusement,<br />
les vols ont repris juste à temps pour<br />
permettre la livraison des derniers<br />
matériaux et achever la réhabilitation<br />
de la tour de l’hôtel Ivoire qui doit<br />
accueillir les principales délégations »<br />
(voir p. 92). Symboliquement, l’architecte<br />
Pierre Fakhoury a remis les clés<br />
de l’établissement rénové au président<br />
ivoirien, le 12 mai, lors d’une visite<br />
guidée. Le Palais des congrès, qui doit<br />
accueillir les assemblées, a été achevé<br />
au mois d’avril.<br />
À GROS ENJEU, GROS MOYENS<br />
Plus de 2 000 personnes sont attendues<br />
pour la manifestation. Un certain<br />
nombre de séances de travail sont<br />
programmées et évoqueront l’impact<br />
du changement climatique sur l’agriculture<br />
et la sécurité alimentaire, le<br />
fi nancement du développement, le rôle<br />
de l’État et du marché, etc. Pour faire<br />
de cette rencontre un succès, les autorités<br />
n’ont pas lésiné sur les moyens<br />
et ont débloqué près de 7 milliards de<br />
F CFA (10,7 millions d’euros). Il faut<br />
V. FOURNIER/J.A.<br />
NOUVEAUX PANNEAUX… NOUVELLES MARMITES<br />
NOUVEAUX PANNEAUX DIRECTIONNELS ou de<br />
signalisation, longtemps laissée à l’abandon, la<br />
signalétique routière d’Abidjan fait peau neuve :<br />
700 millions de F CFA (plus de 1 million d’euros)<br />
ont été investis dans sa réhabilitation grâce à un<br />
fi nancement de la Banque mondiale. « On se croirait<br />
à Paris », raille <strong>La</strong>sso, gérant d’une cabine à<br />
quelques mètres d’un panneau « stop » fl ambant<br />
neuf. « Signalisation routière, à quoi ça sert ? Il y<br />
a longtemps que les Ivoiriens ont divorcé du code<br />
de la route », ironise Monica, qui a l’habitude d’esquiver<br />
les chauffards bravant à qui mieux mieux<br />
les règles de la bonne conduite. Blasés, les Abidjanais<br />
ne se font guère d’illusions: « Nouveaux panneaux?<br />
Nouvelles marmites », répondent-ils. Pour<br />
bon nombre d’entre eux, ces pancartes, dont les<br />
conducteurs se préoccupent peu, fi niront prématurément<br />
leur vie comme les précédentes… sur les<br />
étals des marchés. Victimes de voleurs de métaux<br />
et de ferronniers peu scrupuleux, refaçonnés avec<br />
dextérité par ces virtuoses de la débrouille, elles<br />
deviendront marmites, casseroles, louches, fourneaux<br />
ou couteaux. ■<br />
MALIKA GROGA-BADA<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
LE PLUS<br />
85<br />
dire que l’enjeu est de taille. <strong>La</strong> Côte<br />
d’Ivoire espère récupérer le siège et<br />
le personnel de la BAD, délocalisés<br />
d’Abidjan à Tunis après la crise de<br />
septembre 2002, et inciter les investisseurs,<br />
hommes d’affaires et touristes<br />
à revenir.<br />
À quelques jours des assemblées,<br />
la tension était palpable. Jusqu’au<br />
dernier moment, les autorités s’attendaient<br />
au pire : une grève du personnel<br />
de l’hôtel Ivoire (dont tous les<br />
employés n’ont pas encore été repris),<br />
une manifestation de l’opposition qui<br />
dégénère, une canalisation d’eau ou<br />
une turbine de la centrale électrique<br />
qui lâche… Il est vrai que la ville n’a<br />
pas le droit à l’erreur. Pendant une<br />
semaine, tous les projecteurs seront<br />
braqués sur elle. ■<br />
P.A.<br />
Yamoussoukro,rivalerivale ou complémentaire?<br />
« HOUPHOUËT-BOIGNY L’A RÊVÉ, LAURENT<br />
GBAGBO L’A FAIT », aiment à rappeler les proches<br />
du chef de l’État à propos du transfert<br />
effectif de la capitale administrative et politique<br />
d’Abidjan à Yamoussoukro, ville située au centre<br />
du pays, dans la région des lacs, à quelque<br />
250 km d’Abidjan. L’argument n’est pas dénué<br />
d’arrière-pensées électoralistes – la ville a vu<br />
naître le père de l’indépendance et se trouve en<br />
territoire baoulé, fi ef du Parti démocratique de<br />
Côte d’Ivoire (PDCI, opposition) –, mais le président<br />
actuel, historien de formation, y voit aussi<br />
le moyen d’asseoir la grandeur d’une nation et<br />
de poser son empreinte sur l’époque.<br />
Adopté par l’Assemblée nationale en mars<br />
1983, le processus de transfert a été réactivé<br />
depuis cinq ans. L’Hôtel des députés a été livré<br />
en 2006, les travaux du palais de la présidence<br />
ont commencé, et la construction du Parlement<br />
est en cours d’achèvement.<br />
<strong>La</strong> conception de la capitale moderne a été confiée à Pierre<br />
Fakhoury, l’architecte de la basilique Notre-Dame-de-la-Paix<br />
de Yamoussoukro (la plus grande au monde, construite de<br />
1985 à 1989, sur commande d’Houphouët-Boigny).<br />
Ce transfert des administrations et des institutions de<br />
la République fait l’objet d’un large consensus de la part<br />
des responsables politiques nationaux. Dans les prochaines<br />
années, d’autres chantiers devraient démarrer: ministères,<br />
Le transfert des administrations et institutions<br />
fait l’objet d’un large consensus.<br />
Sénat, Cour suprême et autres instances judiciaires et administratives.<br />
Ce projet de zone administrative et politique<br />
(ZAP), réalisé sur une superficie de 30 km 2 en pleine nature,<br />
sera traversé par une « Voie triomphale » de 7 km de long<br />
et de 120 m de large.<br />
De part et d’autre de la ZAP, une ville moderne doit voir<br />
le jour, avec ses îlots de logements, ses bureaux, ses centres<br />
commerciaux, ses lieux de culte, ses équipements sportifs<br />
et de loisirs… Les urbanistes souhaitent préserver l’environnement<br />
et prévoient de tracer de grandes coulées vertes<br />
reliant les principaux sites. Yamoussoukro compte actuellement<br />
moins de 300000 habitants, mais devrait dépasser le<br />
cap du million en 2050.<br />
L’objectif est de désengorger la route nationale 1, voie de<br />
transit entre Abidjan et le nord du pays, autour de laquelle<br />
s’est construite la ville actuelle, ses commerces et ses<br />
Inauguré en 2006, l’Hôtel des députés permet, avec l’Hôtel Président,<br />
d’accueillir les délégations diplomatiques étrangères.<br />
équipements communaux. Car Yamoussoukro n’est encore<br />
qu’une ville de passage et une cité étudiante, telle qu’imaginée<br />
par Houphouët-Boigny.<br />
GENÈSE D’UNE CAPITALE<br />
Au début des années 1970, les urbanistes lui présentent<br />
les premiers plans d’aménagement en lui disant : « Le cœur<br />
de Yamoussoukro, c’est Lutèce. » Le « Vieux » va alors lancer<br />
de grands programmes d’infrastructures (Maison du<br />
parti, Fondation Houphouët-Boigny, Hôtel<br />
Président, golf), demande aux compagnies<br />
pétrolières d’y bâtir des stations-service<br />
et des motels. Ensuite, les banques et les<br />
grandes écoles s’y installent.<br />
<strong>La</strong> basilique, inaugurée en 1989 et<br />
consacrée par Jean-Paul II un an plus tard, viendra lui donner<br />
une renommée planétaire. L’euphorie retombera quelque<br />
peu sous la présidence d’Henri Konan Bédié (de 1993 à<br />
1999), qui préférera développer son village de Daoukro.<br />
À la faveur de la crise, Yamoussoukro est revenue au premier<br />
plan. Devenue un des principaux bastions des Forces<br />
armées nationales de Côte d’Ivoire et la tête de pont des<br />
troupes onusiennes, elle s’affi rme de plus en plus comme<br />
une ville de grandes rencontres diplomatiques.<br />
Le président <strong>La</strong>urent Gbagbo y a reçu le 12 e sommet du<br />
« Groupe des 77 plus la Chine » en juin 2008, la réunion<br />
des chefs d’État du Conseil de l’entente en juillet 2009, ainsi<br />
que le président burkinabè, Blaise Compaoré, en septembre<br />
dernier et, en janvier, le nouveau chef de l’État gabonais,<br />
Ali Bongo Ondimba. ■<br />
P.A.<br />
V. FOURNIER/J.A.<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
COMMUNIQUÉ<br />
<strong>La</strong> Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire<br />
<strong>La</strong> Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire<br />
(BHCI) àété créée le 12 Février 1993 et<br />
contribue depuis lors au financement<br />
de l’Economie ivoirienne.<br />
Les missions de la BHCI, de par son objet<br />
social, s’exercent dans un secteur d’activité<br />
porteur de financement du Logement<br />
en général, et plus particulièrement du<br />
logementéconomiqueetsocialreprésentant<br />
aujourd’hui un besoin effectif et urgent en<br />
Côte d’Ivoire, et dont la satisfaction devient<br />
un Indicateur de lutte contrelapauvreté.<br />
C’est d’ailleurs dans cette optique que<br />
s’inscrivent les deux axes majeurs :<br />
• <strong>La</strong> recapitalisation en cours qui répond au<br />
souci de renforcer les moyens d’action de<br />
la banque, avec une prise de participation<br />
majoritaire del’Etat de Côte d’Ivoire dans<br />
le capital, réaffirmant ainsi une plus<br />
grande implication dans la conduite de<br />
la politique du financement du logement<br />
économique et social<br />
• Le recentrage de l’activité sur l’immobilier<br />
qui s’accompagne de nouveaux produits<br />
commerciaux innovants d’épargne /<br />
crédit adaptés aux différents niveaux de<br />
salaires distribués tant dans le secteur public<br />
que dans le secteur privé, conçus en<br />
partenariat avec des opérateurs privés et<br />
l’administration publique.<br />
Ce partenariat d’expertises s’oriente dans<br />
une symbiose d’objectifs devant favoriser<br />
et faciliter, prioritairement pour les salariés<br />
domiciliés à la BHCI, l’accession à la<br />
propriété foncièreetimmobilière.<br />
Les points fort delaBanque de l’Habitat<br />
de Côte d’Ivoire sont qu’elle exerce dans<br />
un créneau qui lui est propre etsurtout<br />
qu’elle maîtrise, et que, par sa spécificité,<br />
elle intègre une mission de service public<br />
dévolue par l’Etat, soucieux de répondreaux<br />
besoins populaires de logement par la mise<br />
en place d’une structure definancement<br />
spécialisée. Enfin, l’appui effectif de<br />
l’Etat pour doter désormais la banque de<br />
ressources financières nécessaires ainsi<br />
qu’une convention d’exclusivité à signer<br />
avec le Ministère delaConstruction et du<br />
Logement, sont autant d’atouts indéniables<br />
pour le recentrage de l’activité de la BHCI.<br />
Deux nouveaux produits d’Epargne<br />
caractérisés par des taux de cotisation et<br />
frais de gestion modulés en fonction des<br />
revenus (tranches de salaires), seront<br />
proposés incessamment àlaclientèle :<br />
• Le Compte Epargne Foncier, dédié aux<br />
salariés domiciliés àlaBHCI et disposant<br />
d’une épargne suffisante pour constituer<br />
l’apportpersonnel àlamise en place d’un<br />
prêt d’acquisition de terrain viabilisé.<br />
• Le Plan Epargne Foncier, dédié aux<br />
salariés domiciliés à la BHCI et conçu<br />
pour constituer une épargne progressive<br />
en perspective du financement de<br />
l’acquisition de terrains équipés.<br />
Ces deux nouveaux produits sont en fait des<br />
relais utiles dont la dynamique débouche<br />
sur le Plan Epargne Logement classique.<br />
Les Prêts d’accession<br />
à la propriété foncière<br />
et immobilière sont<br />
adaptés également aux<br />
niveaux de salaires de<br />
leur clientèle dans le<br />
cadre d’opérations de<br />
type socio-économique,<br />
moyen et exceptionnellement haut<br />
standings.<br />
En toile de fond, un produit innovant de<br />
production de terrains équipés dans le<br />
cadre de partenariats Privés/Publics est<br />
créé pour soutenir l’assainissement et la<br />
viabilisation des terrains àAbidjan, dans les<br />
grandes villes de province, et les chefs lieux<br />
de Départements.<br />
■ AAbidjan et San<br />
PedrolaBHCI a<br />
soutenu 14 opérations<br />
en crédit acquéreurs<br />
ayant permis à2000<br />
salariés de devenir<br />
propriétaires dans ces<br />
villes pour un montant<br />
total de FCFA13Milliards<br />
700Millions.<br />
Parce qu’on<br />
est mieux<br />
chez soi !<br />
■ AAbidjan<br />
construction de deux<br />
marchés pour un<br />
montant de FCFA<br />
700Millions<br />
■ Lesprêts àla<br />
consommation de<br />
masse (CREDICON-<br />
SO) ont été lancés<br />
Monsieur Souleymane DOGONI,<br />
Directeur Général de la BHCI<br />
Afin de renforcer la présence<br />
sur le terrain et la consolidation<br />
de la Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire,<br />
Monsieur Souleymane DOGONI,<br />
Directeur Général depuis Janvier 2009 nous<br />
confie ses suggestions :<br />
“Ilnous faut un appui indispensable<br />
àtravers certains<br />
privilèges administratifs et<br />
fiscaux :allègement des procédures<br />
foncières, exonération<br />
fiscale des programmes de<br />
viabilisation des terrains,<br />
appui àlamobilisation et àladotation de<br />
ressources longues, transfertpartiel de<br />
privilèges du Trésor dans des opérations<br />
de recouvrement de créances directement<br />
liées au financement immobilier.<br />
L’ouverturedufinancement des marchés<br />
publics de projets àretour certain et rapide,<br />
nous permettrad’avoir des emplois sains et<br />
donc de prendredes risques maîtrisables.”<br />
EXEMPLE DE PROJET FINANCÉ PARLABANQUE DE L’HABITAT DE CÔTED’IVOIRE :<br />
par la BHCI<br />
àcompter de 2003;<br />
àcetitre, FCFA3milliards<br />
489 millions<br />
ont été décaissés<br />
au profit de salariés<br />
de sociétés privées,<br />
publiques et parapubliques<br />
■ Lesprêts scolaires<br />
groupés démarrés en<br />
2001 ont également<br />
permis àplusieurs<br />
salariés selon le<br />
même schéma de<br />
bénéficier cumulativement<br />
de FCFA<br />
10 milliards 711<br />
millions àcejour<br />
Au total, un soutien actif de 245,136 milliards FCFAaété apporté au financement de<br />
l’Economie ivoirienne sur huit ans.<br />
PHOTO :D.R.<br />
LesproduitsouservicesdontdisposentlaBHCI<br />
sont la constitution des Produits d’épargne et<br />
les prêts d’accession àlapropriété foncière<br />
(acquisition de terrain) et/ou immobilière<br />
(acquisition ou construction de logement).<br />
SIEGE :22, avenue Joseph ANOMA<br />
01 BP 2325 Abidjan 01<br />
Tél. :(225) 20 25 39 38/39 /Fax :(225) 20 22 58 18<br />
Site :www.bhci.ci /E-mail :info@bhci.ci<br />
DIFOM -FC
LE PLUS<br />
87<br />
PORT<br />
Uneruche surlalagune<br />
lagune<br />
Principal point dʼentrée<br />
en <strong>Afrique</strong> de lʼOuest,<br />
la zone portuaire est<br />
un concentré de lʼéconomie<br />
ivoirienne.<br />
Toujours hautement stratégique<br />
après plus de cinquante ans<br />
de bons et loyaux services,<br />
le Port autonome d’Abidjan,<br />
couramment appelé « PAA », concentre<br />
la majorité des activités économiques<br />
du pays et est l’une des premières<br />
portes d’entrée de l’<strong>Afrique</strong> de l’Ouest<br />
par voie maritime. Sa plateforme, qui<br />
s’étend sur plusieurs milliers d’hectares,<br />
est au cœur de la dynamique de relance<br />
ivoirienne. « Le PAA représente 78 %<br />
du tissu industriel du pays, il génère<br />
45 % des emplois directs et indirects,<br />
et 80 % des recettes douanières sont<br />
tirées des activités portuaires », souligne<br />
Marcel Gossio, son directeur général.<br />
En 2009, le volume global du trafic<br />
a atteint 24 millions de tonnes (+ 8,8 %<br />
par rapport à 2008) et devrait dépasser<br />
les 25 millions cette année, une croissance<br />
due en grande partie à la hausse<br />
du trafic des produits pétroliers.<br />
Des dizaines d’industries métallurgiques,<br />
agroalimentaires, chimiques,<br />
pétrochimiques et électriques,<br />
ainsi que les nombreux entrepôts de<br />
matières premières agricoles prêtes à<br />
l’export implantés sur la zone industrielle<br />
du port contribuent au dynamisme<br />
de ses activités et à l’ambiance de<br />
ruche qui y règne. Les fi liales des plus<br />
grands armateurs mondiaux (Maersk,<br />
Bolloré Africa logistic, MSC…) sont<br />
présentes dans le port d’Abidjan, qui<br />
sert de base logistique sur le continent<br />
à la plupart d’entre elles.<br />
À CHAQUE QUAI SA SPÉCIALITÉ<br />
Les autorités portuaires ne ménagent<br />
pas leurs efforts pour faire du PAA<br />
« le » hub maritime de la sous-région<br />
CAP SUR LA MODERNISATION<br />
V. FOURNIER/J.A.<br />
En 2009, 24 millions de tonnes ont transité par les terminaux d’Abidjan.<br />
POUR QUE LE PORT AUTONOME D’ABIDJAN (PAA) soit compétitif, les<br />
autorités portuaires ont engagé un ambitieux programme d’investissements,<br />
dont la première phase est consacrée à la modernisation et à la<br />
réhabilitation des infrastructures et des équipements. <strong>La</strong> seconde phase<br />
consistera en l’extension du port sur l’île Boulay, par la construction d’un<br />
nouveau terminal à conteneurs de 17 m de profondeur et de 3000 m de<br />
quai, pour réceptionner les navires de grande taille et à fort tirant d’eau.<br />
Ce programme de 100 milliards de F CFA (152,5 millions d’euros) sera<br />
couplé avec la réalisation d’une seconde zone industrielle portuaire et<br />
d’une deuxième raffinerie. Marcel Gossio, le directeur général du PAA,<br />
s’est transformé en VRP de luxe pour séduire les investisseurs susceptibles<br />
d’être intéressés par ses projets de développement. En attendant,<br />
il a décidé d’accélérer le plan d’investissement du PAA en lançant, en<br />
avril, un emprunt obligataire sur le marché fi nancier ouest-africain, dans<br />
le but de récolter 25 milliards de F CFA. ■<br />
B.M.<br />
et ont lancé une stratégie de spécialisation<br />
des quais pour optimiser et rationaliser<br />
les opérations. L’objectif est de<br />
reconquérir des marchés de l’hinterland,<br />
perdus pendant la crise au profit<br />
des ports de Lomé au Togo, de Cotonou<br />
au Bénin ou de Tema au Ghana.<br />
Le quai pétrole, appelé dans le jargon<br />
portuaire « Vridi Pétrole », concentre<br />
toutes les opérations offshore et de raffinage.<br />
Le groupe Bolloré, concessionnaire<br />
du terminal à conteneurs, a annoncé<br />
un plan d’investissement de 50 milliards<br />
de F CFA (76 millions d’euros) pour l’acquisition<br />
d’équipements de pointe. Du<br />
côté du quai minéralier, le belge Sea-<br />
Invest prévoit d’investir 60 milliards<br />
de F CFA. L’important terminal fruitier<br />
traite plus de 400000 t par an. Son plateau<br />
technique a été entièrement rénové<br />
l’an dernier par l’Union européenne, à<br />
laquelle sont destinés 80 % des volumes<br />
exportés de fruits ivoiriens, en particulier<br />
bananes et ananas. Enfin, le terminal<br />
céréalier a traité l’an dernier plus de<br />
450 000 t de blé, dopé par l’entrée en<br />
activité, en 2009, des Moulins modernes<br />
de Côte d’Ivoire (MMCI). Quant au port<br />
de pêche, créé en 1963, il s’étend sur<br />
280 000 m 2 et est la principale source<br />
d’approvisionnement du district en produits<br />
halieutiques. ■<br />
BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
88 LE PLUS ABIDJAN<br />
SÉCURITÉ<br />
Les privés à la rescousse<br />
Lʼurbanisation accélérée a entraîné une recrudescence des<br />
crimes et délits dans la capitale économique. Une situation<br />
qui a favorisé la multiplication de sociétés spécialisées<br />
au service des entreprises, de la ville... et même de lʼÉtat.<br />
Leurs patrouilles, leurs opérations<br />
et leurs agents – reconnaissables<br />
par les uniformes<br />
impeccables qu’ils arborent<br />
à bord de leurs 4x4 jaunes flambant<br />
neufs dans les rues défoncées<br />
d’Abidjan – font penser à des scènes<br />
de fi lms d’action hollywoodiens. D’une<br />
cinquantaine d’entreprises en 2000, le<br />
secteur de la sécurité privée en compte<br />
aujourd’hui plus de 300 en activité.<br />
<strong>La</strong> crise armée survenue en septembre<br />
2002 et, surtout, les événements<br />
anti-Français de novembre 2004 ont<br />
favorisé l’explosion du secteur, qui<br />
affi che une croissance continue depuis<br />
Tenues impeccables<br />
et véhicules flambant<br />
neufs, comme<br />
à Hollywood.<br />
plusieurs années. Les sociétés privées,<br />
qui ne lésinent pas sur les moyens, sont<br />
parfois mieux équipées que les forces<br />
de l’ordre du pays.<br />
On estime à 60 000 le nombre<br />
d’employés du secteur, un effectif qui<br />
dépasse de loin ceux de la gendarmerie<br />
(17 000 hommes) et de la police<br />
(19 000). Leurs clients : des fi liales de<br />
multinationales, des bureaux d’organisations<br />
internationales (notamment<br />
ceux des Nations unies), des ambassades,<br />
des sociétés d’État, des restaurants,<br />
des grandes surfaces… « Nous<br />
nous sommes professionnalisés au<br />
point d’inspirer confiance », ironise<br />
André Séripka, président de l’Union<br />
patronale des entreprises de sécurité<br />
privée de Côte d’Ivoire (UPESP-CI).<br />
Ainsi, une nouvelle compagnie de<br />
sécurité privée a innové en installant<br />
des caméras pour surveiller certains<br />
points stratégiques d’Abidjan. L’État<br />
lui-même n’hésite pas à transférer<br />
certaines compétences aux agents privés<br />
: missions de surveillance de sites<br />
sensibles, intelligence économique<br />
et militaire… Ils viennent aussi en<br />
appui au Centre de commandement<br />
des opérations de sécurité (Cecos),<br />
« Je suis le maître de mon destin,<br />
je suis le capitaine de mon âme...»<br />
PRIX VPC<br />
SPÉCIAL LECTEUR*<br />
35 <br />
48 <br />
OFFRE VALABLE<br />
JUSQU’AU 30/06/2010
LE PLUS<br />
89<br />
la force spéciale créée en juillet 2005<br />
pour lutter contre la criminalité et le<br />
grand banditisme à Abidjan. « Il existe<br />
une parfaite complémentarité entre<br />
nos éléments et les sociétés de sécurité<br />
privées, reconnaît le commissaire<br />
Joachim Robé, commandant en second<br />
du Cecos. Nous avons régulièrement<br />
recours à leurs agents dans la planification<br />
des opérations de sécurité. »<br />
Le siège de Risk, l’un des leaders du secteur, à Marcory.<br />
Le groupe G4 Securicor, fi liale de la<br />
multinationale anglaise du même nom,<br />
est l’unique société à capitaux étrangers<br />
et le leader du secteur. Il emploie<br />
plus de 3 000 personnes et a réalisé<br />
un chiffre d’affaires d’une dizaine de<br />
milliards francs CFA en 2009, talonné<br />
de près par Risk et Vision, les deux<br />
entreprises fondées par l’homme d’affaires<br />
franco-ivoirien Frédéric <strong>La</strong>font<br />
FALONNE<br />
qui, de l’avis de certains, ont révolutionné<br />
le métier.<br />
Aujourd’hui, ces deux sociétés<br />
emploient quelque 3 000 agents très<br />
bien formés aux techniques de la sécurité<br />
et disposent d’un parc logistique<br />
impressionnant, composé d’une centaine<br />
de motos, de Hummer, de vedettes<br />
et même d’avions (en cas d’évacuation<br />
d’urgence). Grâce à son expertise,<br />
Vision rafl e d’ailleurs, depuis plusieurs<br />
années, auprès des armateurs le juteux<br />
contrat de la sécurisation des bateaux<br />
et du plan d’eau lagunaire.<br />
À côté des leaders, de nombreuses<br />
compagnies privées nationales (BIP,<br />
<strong>La</strong>vegarde, Vigassistance, Koneco<br />
Force…) essaient de jouer leur partition<br />
et de se démarquer face à la concurrence<br />
en diversifiant leurs offres: géolocalisation,<br />
maintien de l’ordre public<br />
dans les grandes entreprises, service<br />
d’escorte, garde rapprochée, convoyage<br />
de fonds, audit de sécurité, plans d’évacuation,<br />
chiens de garde, sécurisation<br />
d’événements… Le secteur a encore de<br />
beaux jours devant lui. ■<br />
BAUDELAIRE MIEU
L’ACIER AU SERVICE DE L’AFRIQUE<br />
ACIERIES DE CÔTE D’IVOIRE<br />
Zone Industrielle de Youpougon 6<br />
01 BP 3622 -Abidjan 01<br />
République de Côte d’Ivoire<br />
Tél. :(225) 23 50 17 54 -Fax :(225) 23 46 69 25<br />
Site Internet :www.acierie-ci.ci<br />
Adresse mail :contact@acierie-ci.ci
LES ACIERIES DE CÔTE D’IVOIRE<br />
sont nées de la longue expérience<br />
du groupe EUROFIND dans le<br />
secteur de l’acier. Plus de 30 années<br />
d’expérience dans la transformation<br />
de l’acier àfroid avec<br />
la société SOTACI.<br />
Les Aciéries de Côte d’Ivoire ont<br />
déployé sur un site de 12 hectaresenZone<br />
Industrielle de Yopougon<br />
l’ensemble des équipements<br />
industriels du process intégré de<br />
production de produits métallurgiques<br />
à partir de recyclage de<br />
ferraille triée.<br />
15 milliards<br />
de francs CFA<br />
d’investissement<br />
350<br />
emplois<br />
directs<br />
50 000<br />
tonnes de<br />
produits finis<br />
■Première unité de transformation d’acier<br />
à chaud de la zone UEMOA, les Aciéries de<br />
Côte d’Ivoire ont investi 15 milliards de FCFA<br />
(22,867 millions d’euros) et créé 350 emplois directs<br />
pour une capacité de production la première année<br />
(2010) de 50 000 tonnes de produits finis.<br />
Les partenaires financiers :B.O.A.D, A.F.D. (Garantie<br />
Ariz), S.G.B.C.I., S.I.B., B.I.A.O, ECOBANK et B.I.C.I.C.I.<br />
Les Equipements<br />
• Deux fours àinduction de fusion<br />
des ferrailles.<br />
• <strong>La</strong> coulée continue courbe<br />
de production de billettes.<br />
• Un train de laminage des profilés<br />
et poutrelles.<br />
• Un train de laminage des ronds àbéton<br />
et profilés marchands.<br />
■ Les capacités annuelles de production<br />
de 50 000 tonnes seront portées progressivement<br />
à100 000 tonnes.<br />
■ Les produits métallurgiques commercialisés<br />
conformes aux normes internationales<br />
et ivoiriennes permettent de satisfaire<br />
les exigences de nos clients notamment<br />
pour les projets d’infrastructures et d’investissements<br />
industriels.<br />
■ <strong>La</strong> démarche qualité et environnementale<br />
mise en œuvre dèsledémarrage de la production<br />
conduit naturellement àlacertification<br />
ISO 9001 VERSION 2008 en 2011.<br />
■ Dans le cadre del’intégration des marchés de<br />
l’<strong>Afrique</strong> de l’Ouest, tous les produits de la gamme<br />
des Aciéries de Côte d’Ivoire sont agréés par<br />
l’UEMOA et la CEDEAO comme produits communautaires<br />
et bénéficient àcetitre dumécanisme<br />
d’exonération des droits de douane.<br />
<strong>La</strong> gamme de produits<br />
• POUTRELLES / BEAMS<br />
• RONDS ABETON / REINFORCING BARS<br />
• CORNIERES AAILES EGALES / EQUAL ANGLES<br />
• FERS PLATS / FLAT BARS<br />
• FERS CARRES / SQUARE BARS<br />
• BILLETTES / BILLETS<br />
Les marchés<br />
• Côte d’Ivoire • Angola<br />
• Bénin • Burkina-Faso<br />
• Cameroun<br />
• Centrafrique<br />
• Congo • Gabon<br />
• Gambie • Ghana<br />
• Guinée Bissau<br />
• Guinée Equatoriale<br />
• Guinée Conakry<br />
• Liberia • Mali<br />
• Mauritanie • Niger<br />
• Nigeria • RDC<br />
• Sénégal • Sao Tomé<br />
• Sierra Leone • Tchad • Togo.<br />
DIFOM -FC/PHOTOS :DR
92 LE PLUS ABIDJAN<br />
ferme pour permettre à la société Pierre<br />
Fakhoury Operator (PFO) de lui redonner<br />
vie. Au terme d’une véritable course<br />
contre la montre, elle vient de livrer,<br />
pour la tenue des assemblées annuelles<br />
de la Banque africaine de développement<br />
(BAD), une tour de 250 chambres,<br />
un casino et un Palais des congrès<br />
<strong>La</strong> rénovation est<br />
achevée, au terme<br />
d’une véritable course<br />
contre la montre.<br />
HÔTELLERIE<br />
<strong>La</strong> nouvelle vie<br />
de lʼIvoire<br />
«<br />
C<br />
de la chirurgie<br />
’est lourde, explique un<br />
chef de travaux. Nous<br />
ne gardons que l’armature<br />
du complexe. On réhabilite entièrement<br />
toutes les infrastructures. »<br />
Près de 135 milliards de F CFA (près<br />
de 206 millions d’euros) sont consacrés<br />
à la rénovation de l’hôtel, dont le<br />
chantier se terminera en 2012. Objectif:<br />
rendre à l’Ivoire le statut de palace<br />
qu’il avait du temps de Houphouët-<br />
Boigny, qui le fi t ériger en 1963, mais<br />
aussi faire oublier les traumatismes<br />
d’un passé récent. Oublier qu’il a été<br />
le témoin, en novembre 2004, des tirs<br />
de l’armée française contre des patriotes<br />
ivoiriens. Oublier aussi qu’un avocat<br />
parisien, Xavier Ghelber, y a été<br />
enlevé par des « corps habillés », et a<br />
échappé de peu à la mort, alors qu’il<br />
réalisait un audit de la stratégique<br />
fi lière café-cacao. Oublier encore que<br />
Le Palais des congrès<br />
devant l’hôtel, en travaux.<br />
Symbole de la folie des grandeurs dʼHouphouët-Boigny,<br />
puis du déclin dʼune nation en proie à la crise politique,<br />
le palace retrouve progressivement son rang.<br />
des jeunes à peine sortis de l’adolescence<br />
y logeaient et s’y promenaient<br />
en toute liberté, kalachnikov en<br />
main, du temps où le « ministre de la<br />
Rue » de <strong>La</strong>urent Gbagbo, Charles Blé<br />
Goudé, avait pour mission de protéger<br />
le régime. Cette époque sombre<br />
avait fini par décourager les clients<br />
de séjourner à l’Ivoire, son personnel<br />
était démotivé, les commerçants de la<br />
galerie marchande avaient fui, le cinéma<br />
était fermé et les piscines étaient<br />
vides, faute de baigneurs.<br />
DE LA TOUR AU VILLAGE<br />
En novembre 2008, le chef de l’État<br />
charge son conseiller spécial, Aubert<br />
Zohoré, de trouver un repreneur. Au<br />
plus fort de la crise ivoirienne, Intercontinental<br />
a abandonné la gérance et<br />
celle-ci a été reprise par les autorités.<br />
Mais les postulants ne se bousculent<br />
pas. En août 2009, l’établissement<br />
NABIL ZORCOT<br />
entièrement rénovés. Ces quatre derniers<br />
mois, quelque 1 500 ouvriers<br />
opéraient sur le site (tour et Palais des<br />
congrès) pour des travaux estimés à<br />
65 milliards de F CFA.<br />
Le chantier de rénovation du Palais<br />
des congrès a commencé par la coque<br />
extérieure, recouverte de corian (résine<br />
utilisée pour les laboratoires) sur<br />
plus de 8 000 m 2 . Sous la structure,<br />
une double bulle en staff (l’une blanche,<br />
l’autre dorée) où sont installés<br />
les éclairages et des équipements de<br />
sonorisation de la salle de conférences.<br />
Les sièges, plus confortables, ont<br />
été changés pour accueillir jusqu’à<br />
1 600 congressistes.<br />
<strong>La</strong> tour a quant à elle été complètement<br />
désossée. À l’intérieur, certains<br />
niveaux ont été recomposés afin<br />
de disposer de suites plus spacieuses<br />
et d’aménager des bureaux. Les<br />
250 chambres, toutes refaites, ont été<br />
remeublées.<br />
Une fois les assemblées de la BAD<br />
achevées, l’hôtel fermera ses portes<br />
pendant un mois afin de permettre au<br />
personnel de parfaire sa formation.<br />
Au cours des deux prochaines années,<br />
PFO prévoit de réhabiliter le reste des<br />
infrastructures (le complexe sportif<br />
avec bowling et patinoire, les restaurants,<br />
la boîte de nuit…) et avancera<br />
parallèlement le chantier de l’Ivoire<br />
Trade Center, quatre immeubles de<br />
bureaux et de commerces, en cours de<br />
construction. L’ensemble du complexe,<br />
qui s’inscrira dans un grand parc<br />
paysager, est baptisé Village Ivoire.<br />
Des négociations sont engagées pour le<br />
retour d’Intercontinental. <strong>La</strong> gérance<br />
est actuellement, et jusqu’à la fi n de<br />
l’année, assurée par PFO. ■<br />
PASCAL AIRAULT<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
Arrivage du thon<br />
NOS ENGAGEMENTS<br />
Pour assurer àses clients une sécurité de leurs<br />
approvisionnements en poisson appertisé,<br />
Thunnus Overseas Group s'engage et garantit :<br />
Une sélection rigoureuse<br />
des matières premières utilisées.<br />
Une mise en place de contrôle pour assurer une<br />
qualité et une hygiène irréprochables<br />
àchaque étape.<br />
Une réactivité permanente<br />
àtoutes les demandes du marché.<br />
Une livraison rapide et adaptée<br />
àlademande de chacun.<br />
Atelier de parage des thons<br />
Effectifs du groupe :4000 personnes<br />
PÊCHE ET FROID CÔTE D’IVOIRE<br />
SCODI<br />
Située sur le port<br />
de pêche d’Abidjan<br />
Située sur le port<br />
de pêche d’Abidjan<br />
Débarquement du thon<br />
Superficie : 34 500 m 2<br />
Usine : 17 500 m 2<br />
Entrepôt :6500 m 2<br />
Frigo : 10 500 m 2<br />
Capacité de production<br />
(tonnes poisson<br />
brut) : 35 000<br />
Capacité de stockage<br />
(tonnes poisson brut) :<br />
10 000<br />
Effectifs : 950 personnes<br />
Superficie : 22 000 m 2<br />
Capacité de production<br />
(tonnes poisson brut) :<br />
40 000<br />
Capacité de stockage<br />
(tonnes poisson brut) :<br />
10 000<br />
Effectifs : 1000 personnes<br />
<strong>La</strong>boratoire physico chimique<br />
PHOTOS :D.R.<br />
PÊCHE ET FROID OCÉAN INDIEN<br />
1ENTREPÔT DESTOCKAGE<br />
Stérilisation<br />
Située àAntsiranana<br />
(Diego Suarez), àl’extrême<br />
nord deMadagascar<br />
Superficie : 35 000 m 2<br />
Capacité de production<br />
(tonnes poisson brut) :<br />
40 000<br />
Capacité de stockage<br />
(tonnes poisson brut) :<br />
10 000<br />
Effectifs : 1700<br />
THUNNUS CÔTE D’IVOIRE<br />
Port de Pêche<br />
Tél. :(225) 21 25 32 72<br />
Fax:(225) 21 25 07 52<br />
www.pompon-rouge.com<br />
Situé dans la zone<br />
portuaire deDunkerque<br />
Superficie : 10 000 m 2<br />
Terrain : 23 000 m 2<br />
Capacité de stockage<br />
(palettes produits finis) :<br />
11 000<br />
CONSERVERIES DES 5OCÉANS<br />
37, rue Adam Ledoux<br />
92400 Courbevoie (France)<br />
Tel. +33 149678116<br />
Fax+33 149678112<br />
Conditionnement<br />
DIFOM -FC/PHOTOS :DR-ILLUSTRATION :FOTOLIA
94 LE PLUS ABIDJAN<br />
SOCIÉTÉ<br />
Campus business<br />
Les abords de lʼuniversité de Cocody sont devenus<br />
un haut lieu de la consommation. Toute la ville vient<br />
sʼy approvisionner à moindre coût.<br />
Le premier bâtiment qui s’impose<br />
au visiteur quand il franchit<br />
le massif portail de l’Université<br />
de Cocody-Abidjan n’est ni un<br />
amphithéâtre, ni un laboratoire, ni une<br />
bibliothèque, mais un centre commercial.<br />
Baptisé « Les Halles<br />
de l’Université », protégé<br />
des regards par un haut<br />
mur blanc, il abrite de<br />
nombreux commerces<br />
et boutiques. Lunetterie,<br />
librairie, lieux de restauration,<br />
photocopieuses<br />
publiques…<br />
Le ton est donné! Quand on explore<br />
les dédales du campus et des cités universitaires<br />
comme Mermoz ou la Cité<br />
rouge, plus d’ambiguïté, le sentiment de<br />
départ se transforme en constat: ici, le<br />
temple du savoir est aussi, et peut-être<br />
avant toute autre chose, le royaume<br />
du business informel. Tout se vend et<br />
s’achète, à n’importe quelle heure du<br />
jour et de la nuit. Les commerçants?<br />
Des étudiants, souvent en fi n de cycle,<br />
mais pas seulement. Les acheteurs ?<br />
Des étudiants, évidemment, mais pas<br />
seulement.<br />
Beaucoup d’Abidjanais viennent aussi<br />
sur le campus et dans les cités universitaires,<br />
attirés par les bas prix qui y<br />
sont pratiqués. Quand une heure de<br />
connexion à internet dans un cybercafé<br />
en ville revient en moyenne à<br />
Ici, le temple du savoir est<br />
aussi, et peut-être avant tout,<br />
le royaume du petit commerce.<br />
LES GROS SOUS DE LA FESCI<br />
SOUVENT MISE EN CAUSE pour son activisme politique violent, la<br />
Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) est aussi<br />
une vraie machine à sous, qui a « privatisé » à son profi t les centaines<br />
d’hectares relevant des franchises universitaires. Non seulement ses<br />
dignitaires disposent, dans une sorte d’accord tacite avec le Centre<br />
régional des œuvres universitaires (Crou), d’un « quota » de chambres<br />
qu’ils mettent en location sans rien reverser à personne, mais en plus<br />
ils perçoivent des loyers qui représentent des centaines de millions de<br />
francs CFA par an. Cette « cagnotte » est sans doute un des enjeux des<br />
batailles sanglantes qui précèdent et suivent en général les congrès<br />
électifs de l’organisation étudiante. Ainsi, l’omniprésence de fi gures<br />
comme celle de Kouakou Brou, alias KB, pourtant inséré professionnellement<br />
au sein de la marine nationale, mais dont la réputation est de<br />
faire et de défaire les secrétaires généraux de la Fesci, peut s’expliquer<br />
par le fait qu’il possède une boîte de nuit très célèbre à la Cité rouge<br />
et prélève à titre personnel de nombreux loyers. ■<br />
T.K.<br />
CAMILLE MILLERAND<br />
<strong>La</strong> vocation de la plupart des<br />
chambres estudiantines est d’être<br />
transformées en boutiques.<br />
400 F CFA (0,60 euro) et peut même<br />
aller jusqu’à 1 000 F CFA, ici, on peut<br />
surfer à 200 F CFA l’heure dans un<br />
petit box climatisé en préfabriqué.<br />
Avec 500 F CFA, les fonctionnaires<br />
et les salariés travaillant aux abords<br />
de l’université peuvent venir manger<br />
un bon repas dans un environnement<br />
propre sur le campus, alors qu’il leur<br />
faut débourser au moins le double pour<br />
avoir un plat à peine consistant dans<br />
un maquis du voisinage. Les tarifs de<br />
la salle de gymnastique sont deux,<br />
voire trois fois moins élevés que ceux<br />
des structures du même type se trouvant<br />
dans la commune résidentielle de<br />
Cocody. Salons de coiffure, pressings,<br />
vendeurs de téléphones mobiles et d’ordinateurs<br />
d’occasion (dont certains ont<br />
même réussi à imposer leur réputation<br />
dans toute la ville, comme Alonzo GSM<br />
ou Le Pasteur, appartenant à un informaticien<br />
ecclésiastique), marchands de<br />
crédits téléphoniques, etc., les services<br />
sont divers et résolument low cost. Une<br />
compétitivité qui s’explique…<br />
SERVICES RÉSOLUMENT LOW COST<br />
Dans les périmètres qui relèvent des<br />
franchises universitaires, nul impôt<br />
d’aucune sorte n’a droit de cité. Pas<br />
question, pour les commerçants d’un<br />
genre particulier qui y exercent, de<br />
payer des factures d’eau ou d’électricité,<br />
l’État prenant en charge l’infrastructure<br />
universitaire dans son ensemble. « <strong>La</strong><br />
seule obole dont il faut s’acquitter ici,<br />
c’est une redevance versée à la Fédération<br />
estudiantine et scolaire de Côte<br />
d’Ivoire (Fesci), syndicat infl uent et historiquement<br />
proche du Front populaire<br />
ivoirien (FPI), parti fondé par <strong>La</strong>urent<br />
Gbagbo. Par exemple, il faut payer<br />
25 000 F CFA pour pouvoir bénéfi cier<br />
d’une chambre dont la vocation est<br />
d’être transformée en boutique ou en<br />
lieu de travail », souffl e un étudiant.<br />
De fait, les communiqués et circulaires<br />
rédigés par la Fesci sont placardés<br />
à l’entrée de nombreux commerces. Le<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
LE PLUS<br />
95<br />
kiosques où l’on mange rapide, gérés par<br />
des jeunes non scolarisés, souvent originaires<br />
d’autres pays de la sous-région<br />
(Niger, Mali), parsèment le campus.<br />
Quant aux étudiants, dont les perspectives<br />
d’emploi ont été obscurcies<br />
par la longue crise sociopolitique que<br />
vit la Côte d’Ivoire, ils s’auto-emploient<br />
dans leur espace naturel, le campus, où<br />
ils bénéfi cient d’avantages comparatifs<br />
certains.<br />
business est tellement juteux pour l’organisation<br />
qu’elle n’a pas hésité à investir<br />
dans la construction de dizaines de<br />
boutiques, qui bordent désormais les<br />
barrières des principales cités universitaires.<br />
« Même une des pharmacies qui<br />
se trouvent dans le secteur paie un loyer<br />
à la Fesci », confie un habitué (voir encadré<br />
ci-contre).<br />
Le processus de transformation de<br />
l’espace estudiantin en centre commercial<br />
prisé a commencé à la fi n des<br />
années 1980, quand il n’y a plus eu<br />
assez de chambres pour loger des étudiants<br />
toujours plus nombreux. Ce fut<br />
la naissance du phénomène des « Cambodgiens<br />
», étudiants qui ne se sont pas<br />
vu attribuer offi ciellement de chambre<br />
Des cybercafés bien équipés et<br />
deux fois moins chers qu’en ville.<br />
et « dédommagent » ceux qui en ont<br />
une pour pouvoir cohabiter avec eux.<br />
Aujourd’hui, les critères d’obtention<br />
d’une chambre sur le campus sont on<br />
ne peut plus flous. En marge du Centre<br />
régional des œuvres universitaires<br />
(Crou), la Fesci gère désormais des<br />
centaines de chambres. Les privilégiés<br />
qui en bénéfi cient font payer des loyers<br />
à leurs colocataires, qui peuvent être<br />
jusqu’à huit dans un 9 m 2 .<br />
De la même façon, la qualité relative<br />
des prestations des restaurants universitaires<br />
a ouvert la voie à des initiatives<br />
privées. Aujourd’hui, on se bouscule<br />
au Palmier, vaste espace où plusieurs<br />
« cases » proposent des menus variés à<br />
des prix défi ant toute concurrence. Des<br />
MILLE PETITES ENTREPRISES<br />
POUR TRAVERSER LA CRISE<br />
Coincés dans les locaux de leur petite<br />
entreprise tenant dans une unique<br />
chambre, mais qui est tout de même<br />
spécialisée dans l’impression de documents,<br />
le tirage photos, l’infographie, le<br />
traitement de texte et la maintenance<br />
informatique, Albert, Wilfried<br />
et Ruben, étudiants<br />
en fi n de cycle, ne sont pas<br />
peu fi ers de leur aventure<br />
commune. « Nos clients,<br />
explique Albert, sont<br />
des étudiants qui veulent<br />
imprimer thèses et<br />
mémoires, mais aussi des<br />
entreprises confrontées à<br />
des problèmes de temps<br />
ou de moyens comme le<br />
coût d’achat de cartouches<br />
ou d’impression de<br />
papier à en-tête. Nous<br />
avons même une fois reçu<br />
des membres du protocole<br />
de la République qui voulaient<br />
imprimer des corrections<br />
sur le discours du<br />
CAMILLE MILLERAND<br />
chef de l’État ! Parce que<br />
nous avons cette activité,<br />
nous nous sentons capables<br />
d’aller travailler en<br />
entreprise sans avoir peur. Nous nous<br />
faisons la main ici. Nous savons travailler<br />
en équipe, sous-traiter. »<br />
L’ambition de ces trois jeunes? Sortir<br />
de l’informel et créer leurs propres entreprises…<br />
hors du campus. « Aujourd’hui,<br />
nous ne pouvons pas accéder aux gros<br />
marchés parce que nous n’existons pas<br />
légalement. Mais nous avons des projets,<br />
des rêves, c’est l’argent qui manque.<br />
Et nous nous souvenons que Bill<br />
Gates a commencé dans un garage ! »<br />
lance Ruben. <strong>La</strong> débrouillardise sur le<br />
campus serait-elle, plus que les différents<br />
fonds étatiques mis en place sans<br />
grand résultat, une voie royale vers l’insertion<br />
professionnelle? ■<br />
THÉOPHILE KOUAMOUO, à Abidjan<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
PETROCI ● PETROCI ● PETROCI ● PETROCI ● PETROCI ●<br />
PETROCI<br />
PETROCI, Société Nationale d’Opérations Pétrolières<br />
de la Côte d’Ivoire, s’inscrit aujourd’hui dans la<br />
lignée des compagnies pétrolières mondiales. Elle<br />
est aujourd’hui la clé de voûte du développement de<br />
l’industrie pétrolière en Côte d’Ivoire.<br />
Les activités de PETROCI se concentrent essentiellement<br />
sur la recherche et l’exploitation de gisements<br />
d’hydrocarbures et autres substances associées,<br />
mais aussi sur les secteurs de l’industrie, du transport,<br />
du stockage et du commerce de ces matières.<br />
Son objectif majeur est de :«Bâtir une économie<br />
pétrolière intégrée et diversifiée, en optimisant les efforts<br />
de recherche et la valorisation des ressources<br />
en hydrocarbures ».<br />
<strong>La</strong> rationalisation des ressources, la recherche d’une<br />
meilleure productivité, la consolidation de la capacité<br />
d’autofinancement sont aujourd’hui des missions intégrées<br />
par PETROCI dans le but de renforcer ses<br />
capacités d’intervention dans la production pétrolière<br />
àl’extérieur de la Côte d’Ivoire.<br />
Par l’acquisition du champ de pétrole de « Bay<br />
Springs »aux Etats-Unis et ses projets similaires<br />
déjà identifiés en <strong>Afrique</strong>, PETROCI affirme sa volonté<br />
de se tourner vers l’International.<br />
Soucieuse de la protection de l’environnement, la<br />
Société nationale d’Opérations Pétrolières s’est engagée<br />
dans un vaste programme de modernisation<br />
de ses structures et de relance de ses activités.<br />
De grands projets<br />
AFIN D’ÉRIGER LA CÔTE D’IVOIRE EN « CAPITALE<br />
DU PÉTROLE »del’<strong>Afrique</strong> de l’ouest en augmentant<br />
sa capacité de raffinage pour combler les besoins<br />
et les carences en produits pétroliers de l’<strong>Afrique</strong><br />
de l’ouest et centrale, PETROCI aentrepris la<br />
construction d’une raffinerie neuve d’une capacité de<br />
100 000 bls/jour pouvant augmenter jusqu’à 200 000<br />
bls/jour.Elle apour ambition la mise en place d’un terminal<br />
de stockage.<br />
<strong>La</strong> construction de ces nouvelles installations permettra<br />
au pays de répondre aux nouveaux enjeux nationaux<br />
et régionaux.<br />
PETROCI envisage la création d’un Institut du pétrole,<br />
ouvert aux jeunes ingénieurs africains. Les premiers<br />
cours pourraient débuter àlafindel’année 2010.<br />
COMMUNIQUÉ
PETROCI ● PETROCI ● PETROCI ● PETROCI ● PETROCI ●<br />
Chiffres clés 2009<br />
•Chiffre d’affaires de 189 milliards de FCFA (288<br />
millions d’euros) avec un résultat net de 30<br />
milliards.<br />
•Entrois ans, l’activité aété multipliée par trois.<br />
•Tous les bénéfices sont réinvestis.<br />
•Effectif :plus de 500 employés, soit deux fois<br />
plus qu’en 2005.<br />
Nos objectifs<br />
PRODUCTION/EXPLORATION :<br />
• Atteindre une production de 300 000 barils<br />
d’huile par jour et 250 milliards de pieds cube de<br />
gaz par jour.<br />
GAZ NATUREL<br />
•Doubler le nombre de clients (gaz)<br />
•Etendre le réseau de gaz naturel àtoutes les<br />
zones industrielles d’Abidjan<br />
GAZ BUTANE<br />
•Atteindre 200 000 T. soit une part de marché de<br />
67 %dans les prochaines années<br />
•Augmenter les capacités de stockage et de<br />
raffinage<br />
•Etre présent sur l’ensemble du territoire<br />
national<br />
•Contribuer efficacement à la lutte contre la<br />
déforestation<br />
DISTRIBUTION DES PRODUITS PETROLIERS<br />
•Etendre le réseau à100 stations service<br />
•Couvrir l’ensemble du territoire national<br />
•Etre leader du marché et étendre le réseau en<br />
<strong>Afrique</strong> de l’ouest et du centre.<br />
Mot du directeur général,<br />
Monsieur Kassoum Fadika<br />
«Pour réussir notre pari de<br />
hisser PETROCI au niveau<br />
des plus grandes compagnies<br />
pétrolières d’<strong>Afrique</strong>,<br />
la Société Nationale<br />
d’Opérations Pétrolières<br />
s’est engagée résolument<br />
depuis 2001 dans un vaste<br />
programme de modernisation<br />
de ses structures (sites<br />
opératoires, ressources humaines)<br />
et de relance de ses activités àl’effet de<br />
se donner les moyens d’atteindre cette ambition<br />
légitime, cet objectif de développement ».<br />
De récentes études géologiques et géophysiques<br />
ont mis en évidence de nombreux prospects prometteurs,<br />
surtout en eaux profondes.<br />
Le succès de Baobab en eau profonde dans le<br />
bloc CI-40 et la découverte de la structure Acajou<br />
sont autant de facteurs qui permettent d’établir la<br />
prospectivité de notre bassin sédimentaire et de<br />
nourrir raisonnablement nos nouvelles ambitions,<br />
notamment celle de Produire l’Energie d’une Nation<br />
Forte.<br />
Plusieurs projets porteurs sont donc en attente de<br />
partenaires forts disposant d’une avance technologique<br />
et de capitaux nécessaires. 4blocs onshore,<br />
8enmer peu profonde et 5eneau profonde, renfermant<br />
des ressources estimées àplusieurs milliards<br />
de barils de pétrole et de pieds cubes de gaz sont<br />
disponibles pour être offerts àl’industrie pétrolière<br />
internationale. Aussi, avons-nous le grand plaisir<br />
de vous inviter àdécouvrir un partenaire sérieux,<br />
doté d’équipements et de matériels modernes<br />
et performants, aux qualités techniques<br />
éprouvées et expérimenté : PETROCI ».<br />
PETROCI HOLDING<br />
SOCIETE NATIONALE D’OPERATIONS PETROLIERES DE CÔTE D’IVOIRE<br />
Immeuble Les Hévéas –14bdCarde –BPV 194 Abidjan –CÔTE D’IVOIRE<br />
Tél. :(225) 20 20 25 00 –Fax :(225) 20 21 68 24 -Site web :www.petroci.ci mail :info@petroci.ci<br />
COMMUNIQUÉ<br />
DIFOM -FC/PHOTOS :DR
98<br />
LOISIRS<br />
«<br />
Un samedi soir de mai,<br />
devant un maquis<br />
de la rue Princesse.<br />
Lesincontournables<br />
de la nuit abidjanaise<br />
<strong>La</strong> géographie de lʼambiance a-t-elle changé sous lʼeffet de<br />
la situation politique? Revue des lieux où il fait bon sortir.<br />
Même Paris connaît,<br />
Abidjan est le plus<br />
doux au monde. »<br />
Cette phrase lancée<br />
dans une chanson du groupe de zouglou<br />
Espoir 2000 illustre à merveille<br />
l’orgueil national ivoirien tel qu’il s’est<br />
exprimé ces dernières années. Malgré la<br />
crise militaro-politique, la plus grande<br />
ville du pays devait demeurer « la capitale<br />
de la joie ». L’effervescence musicale<br />
ivoirienne, de plus en plus conquérante,<br />
témoigne de cet état d’esprit. Si, durant<br />
les premiers mois du conflit, les maquis<br />
de quartier (mélange de bars, de restaurants<br />
et de dancings) ont imposé<br />
une forme de divertissement de proximité,<br />
notamment en raison du couvrefeu<br />
et du sentiment latent d’insécurité,<br />
les choses se sont de nouveau normalisées.<br />
Effet du temps et de mode, les<br />
lieux incontournables ont tout de même<br />
changé. L’Abidjan by night d’aujourd’hui<br />
s’articule autour de quatre quartiers: le<br />
Plateau (qui avait été déserté au début<br />
de la crise), les Deux-Plateaux, la Zone 4<br />
(commune de Marcory) et Yopougon.<br />
FALONNE<br />
LA CITÉ DE LA JOIE<br />
Célèbre pour ses gratte-ciel, le Plateau,<br />
quartier des affaires, abrite surtout<br />
des restaurants et night-clubs pour<br />
happy few. Après un dîner à <strong>La</strong> Croisette,<br />
Chez Tuan, Chez Georges ou à<br />
<strong>La</strong> Case Ébène, il est toujours temps<br />
d’aller danser au Life Star, pour goûter<br />
son ambiance cosmopolite et sa couleur<br />
musicale très dance. Ceux qui, il y<br />
a quelques années, avaient l’habitude<br />
d’aller à <strong>La</strong> Place Vendôme ou à <strong>La</strong> Piedra<br />
retrouveront leur atmosphère très<br />
« jeunes cadres dans le vent » au Ritz.<br />
Les amoureux de la restauration,<br />
qu’elle soit rapide et chic (Pako, <strong>La</strong><br />
Gourmandine) ou plus classique (<strong>La</strong><br />
Nuit de Saigon, cuisine vietnamienne à<br />
bon prix), trouveront leur bonheur dans<br />
la rue des Jardins. C’est aussi le coin des<br />
lounges, comme L’Hollywood Boulevard<br />
ou L’Acoustic, où l’on peut commencer la<br />
soirée en se mettant quelque chose sous<br />
la dent, puis écouter de la musique, en<br />
CD ou en live, avant d’aller en boîte, un<br />
peu plus tard dans la nuit.<br />
UNE ZONE 4 FORMATÉE « EXPATS »<br />
Située à Marcory (dans le sud de la<br />
ville), la Zone 4, où vivent beaucoup<br />
d’expatriés français et d’Ivoiro-Libanais,<br />
se distingue par son nombre impressionnant<br />
de restaurants et de night-clubs au<br />
kilomètre-carré. On y trouve Le Montparnasse,<br />
restaurant très couru, l’un<br />
des deux Kaiten (japonais), Le Méchoui<br />
(oriental) ou le restaurant de l’hôtel Le<br />
Wafou. Pour continuer la soirée, des<br />
boîtes comme le Saint-Germain (très<br />
européen), L’Atlantis IV, le Via Cavour<br />
ou le Parker Place (pour les puristes du<br />
reggae en live) vous tendent les bras.<br />
Surnommée Yop City, Joy City ou Poy<br />
la belle, Yopougon est la plus grande<br />
commune de la ville et du pays. Célèbre<br />
grâce à son incontournable rue<br />
Princesse, « la rue la plus animée de<br />
toute l’<strong>Afrique</strong> », lieu vibrionnant de<br />
créativité urbaine spontanée et riche<br />
de nombreux maquis, dans la plus pure<br />
tradition. L’ambiance y est authentiquement<br />
ivoirienne. « C’est impressionnant,<br />
mais ce n’est pas aussi dangereux que<br />
certains le prétendent. L’ambiance y est<br />
populaire, mais bon enfant », rassure<br />
William Kouassi, directeur d’un site spécialisé<br />
sur l’événementiel abidjanais. Les<br />
amoureux des boîtes de nuit pourront<br />
aussi faire un tour au Métropolis. ■<br />
THÉOPHILE KOUAMOUO<br />
DES SAVEURS DE L’ATTIÉKÉ À CELLES DU FOUTOU BANANE<br />
DEUX SPÉCIALITÉS SE DISPUTENT LE STATUT DE PLAT<br />
national. Typique du sud du pays, l’attiéké, semoule de<br />
manioc précuite, en appelle au savoir-faire des femmes<br />
ébriées: éplucher le manioc, couper, laisser fermenter,<br />
essorer, presser, moudre, sécher, cuire, ensacher… Si<br />
aujourd’hui le procédé s’est industrialisé, sa confection<br />
continue de mobiliser des groupes de femmes pendant<br />
des heures. Servi en accompagnement de plats de viande<br />
ou de poisson, son succès a dépassé les frontières.<br />
Il est exporté sous forme de boule vers les pays de la<br />
sous-région et sous forme déshydratée vers l’Europe.<br />
Le foutou banane, base du plat traditionnel baoulé,<br />
consiste quant à lui en une préparation de bananes<br />
plantain (de préférence un mélange de bananes vertes<br />
et de bananes mûres) et de manioc cuits à la vapeur,<br />
puis pilés ou mixés, à laquelle on ajoute de la farine<br />
de manioc jusqu’à obtenir la consistance désirée pour<br />
former de grosses boules. Comme l’attiéké, il se sert<br />
seul avec une sauce ou en accompagnement d’un plat<br />
en sauce. ■<br />
CÉCILE MANCIAUX<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
Hôtel TIAMA<br />
Vous recevoir est un Art!<br />
<strong>La</strong> courtoisie<br />
Le confort<br />
Le plaisir<br />
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<strong>La</strong> détente<br />
«Ilenest d’un sourire<br />
comme d’un présent,<br />
le notrevous enchantera<br />
dès votrearrivée<br />
et vous accompagnera<br />
de ces petites attentions<br />
discrètes et réconfortantes<br />
que nous savons si bien<br />
vous réserver!»<br />
Bd de la République<br />
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Côte d’Ivoire<br />
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CLUB SOCOCE<br />
Premier centre commercial intégré d’<strong>Afrique</strong> de l’Ouest, sur une surface de 20 000 m 2 ,<br />
ouvert depuis novembre 1996.<br />
LE CENTRE COMMERCIAL SOCOCE ESPACE LATRILLE COMPREND :<br />
■ 1hypermarché de 3000 m 2<br />
de surface devente ;<br />
■ 30 boutiques etservices repartis<br />
sur 2niveaux (rdc +1 er étage) ;<br />
■ 1cafétéria de 200 places<br />
(Cuisine du monde) ;<br />
■ 1salon de thé et 1bar ;<br />
■ 1salle polyvalente<br />
(cinéma et spectacles) ;<br />
■ 1garderie ;<br />
■ Une construction nouvelle de<br />
1800 m 2 accueille les enseignes<br />
GIFI, CITY SPORT etWRANGLER.<br />
CENTRE COMMERCIAL SOCOCE<br />
ESPACE LATRILLE COCODY 2PLATEAUX -ABIDJAN<br />
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Tél. :225 22 41 92 88 -Fax :225 22 41 92 68<br />
LE GROUPE CDCI<br />
Repris en 2002, par M. Yasser Ezzedine, le groupe CDCI,<br />
avec prèsde100 magasins de gros, demi-gros et détail, est<br />
devenu leader dans la distribution de produits alimentaires<br />
et non alimentaires en Côte d’Ivoire.<br />
S’adressant àune clientèle « variée », la CDCI, par le biais<br />
de son réseau des supermarchés KING CASH,est proche<br />
de la population avec une offreadaptée de produits locaux<br />
et marques internationales « àpetits prix ».<br />
COMPAGNIE DE<br />
DISTRIBUTION<br />
DE CÔTE D’IVOIRE<br />
Bd du Port -01BP1271<br />
ABIDJAN 01<br />
Tél. :22521240151<br />
Fax :22521242751 www.<br />
cdcitrading.com<br />
CDCI PARTENAIRE DE CHOIX !
LE PLUS<br />
101<br />
Témoignage<br />
A’SALFO<br />
Lead vocal du groupe Magic System<br />
«Jedorsaux<br />
Deux-Plateauxetme<br />
et réveilleàAnoumabo»<br />
«<br />
APRÈS<br />
AVOIR SILLONNÉ nombre<br />
de cités africaines, je le dis sans<br />
hésiter : Abidjan est l’une de celles<br />
où il y a la meilleure ambiance.<br />
Ville de brassage, il est presque<br />
impossible d’y distinguer l’Ivoirien de l’étranger. Tous<br />
s’accaparent les mêmes modes. Une fois la nuit tombée,<br />
bien malin celui qui peut les distinguer, même si<br />
les écarts de niveaux de vie sont énormes.<br />
Comme je le dis souvent, je dors aux Deux-Plateaux<br />
et je me réveille à Anoumabo. Les Deux-Plateaux, dans<br />
le nord de la ville, c’est chic, classe, mais mes journées<br />
commencent à Marcory-Anoumabo, quartier<br />
populaire du sud, où je suis né. C’est aussi le<br />
berceau de Magic System. Ici, ni villas cossues ni<br />
grosses cylindrées, le lot quotidien des habitants c’est la<br />
« mort subite » [un seul repas par jour, NDLR]. Imaginez<br />
leur fi erté quand nous, enfants du quartier, avons dîné<br />
à l’Élysée !<br />
Avant de passer au quartier général du groupe pour<br />
mettre au point l’organisation du prochain Festival des<br />
musiques urbaines d’Anoumabo [le Femua, dont la<br />
3 e édition se déroulera du 3 au 6 juin, NDLR], je m’arrête<br />
chez Abdou Kaye, le meilleur vendeur de garba de la<br />
ville. Un abri en bois et tôle situé, s’il vous plaît, sur la<br />
place Magic System. Pas besoin de passer commande,<br />
Abdou connaît nos habitudes. En deux temps, trois mouvements,<br />
chaque Magicien a une assiette d’attiéké et de<br />
poisson chaud devant lui. Après ce petit déjeuner, direction<br />
Le Superchoc, un maquis de Marcory-Sicogi. Nous y<br />
retrouvons Vieux Gazeur, Posso, Yodé, Siro… Le noyau<br />
dur du zouglou. On discute, on débat, on rit beaucoup. Il<br />
fait chaud. Quelques bières viennent nous rafraîchir.<br />
L’APRÈS-MIDI, NOS EMPLOIS DU TEMPS nous mènent<br />
partout dans la ville. À Port-Bouët, c’est un ballet incessant<br />
de gros camions. À Treichville, c’est le port et<br />
le marché de Belleville, où les coquettes peuvent s’habiller<br />
chic pour pas grand-chose. À Adjamé, le Black<br />
Market, célèbre pour ses centaines de magasins de<br />
téléphones portables et, plus loin, Yopougon, une ville<br />
dans la ville.<br />
Abidjan est tout aussi remuante la nuit que le jour.<br />
Seule différence, tout le monde cherche à passer du<br />
Visiter<br />
Abidjan sans<br />
passer par<br />
la rue Princesse,<br />
c’est chercher<br />
le pape sans<br />
aller au Vatican!<br />
bon temps. On se presse<br />
dans les maquis et les<br />
boîtes in. Il y a du choix !<br />
Le Marcory Gasoil ou<br />
<strong>La</strong> Cour des grands se<br />
livrent une compétition<br />
acharnée pour être numéro<br />
un des maquis.<br />
Pour une ambiance soft,<br />
il y a <strong>La</strong> Case blanche à<br />
Cocody, juste derrière<br />
l’hôtel communal, là où<br />
l’on a le plus de chances<br />
de croiser des stars de<br />
la musique, du foot ou<br />
de la télé. Et puis il y a Yopougon, la cité de la joie et<br />
sa rue Princesse… Visiter Abidjan sans passer par là,<br />
c’est chercher le pape sans aller au Vatican ! Le tout-<br />
Abidjan se donne rendez-vous dans cette rue, commerçante<br />
le jour, temple de l’ambiance la nuit. Il y a encore<br />
quelques années, les maquis étaient à ciel ouvert, on<br />
buvait sur des chaises bancales, riches et pauvres sur<br />
un pied d’égalité. Aujourd’hui, les maquis se sont « industrialisés<br />
» et n’ont rien à voir ceux qu’on fréquentait.<br />
Qu’importe, le show reste le même. Vrai et faux Vuitton<br />
se côtoient sans jalousie, les DJ rivalisent de décibels<br />
sans que les musiques se chevauchent – ce qui m’a toujours<br />
surpris –, bières, vins mousseux et champagnes<br />
se livrent une joyeuse concurrence.<br />
Abidjan, c’est la ville des mélanges. Crise politique ou<br />
économique, on est ensemble. Et nous avons une arme<br />
plus forte que tout : la joie de vivre. » ■<br />
Témoignage recueilli par MALIKA GROGA-BADA<br />
V. FOURNIER/J.A.<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
LA DIRECTION GÉNÉRALE DES IMPÔTS<br />
UNE FISCALITÉ ATTRACTIVE ET MODERNE PROPICE ÀLARELANCE<br />
DE L’ÉCONOMIE IVOIRIENNE<br />
<strong>La</strong> Côte d’Ivoireasufaireface aux<br />
contrecoups de la crise sociopolitique<br />
survenue en 2002 et renoue<br />
progressivement ces dernières<br />
années avec la croissance économique.<br />
Le pays aretrouvé la<br />
confiance des bailleurs de fonds et<br />
se prépareàêtreéligible au point<br />
d’achèvement du programme PPTE.<br />
M. KESSE Feh, Directeur Général<br />
des Impôts de Côte d’Ivoire.<br />
● Une fiscalité allégée et rationalisée<br />
Plusieurs mesures prises sur la période<br />
2000-2010 ont permis d’alléger le poids de<br />
la fiscalité sur le secteur moderne. <strong>La</strong> politique<br />
de réduction des taux d’imposition<br />
aporté sur les principaux impôts professionnels,<br />
dont :<br />
➦ <strong>La</strong> taxe sur la valeur ajoutée (TVA) avec<br />
un taux normal de 18 %et untaux réduit<br />
de 9%pour certains produits de première<br />
nécessité ;<br />
➦ L’impôt sur les bénéfices dont le taux est<br />
passé de 35 %à 25 %pour les sociétés ;<br />
➦ <strong>La</strong> taxe sur les opérations bancaires qui<br />
est passée de 20 %à10%etmême à5%<br />
pour certaines opérations financières afin<br />
de réduire le coût du crédit.<br />
Par ailleurs, les mesures suivantes ont été<br />
prises permettant de renforcer la compétitivité<br />
des entreprises ivoiriennes :<br />
➦ Le renforcement de la neutralité de la<br />
TVApar la mise en place d’une procédure<br />
accélérée remboursement de crédits de<br />
taxes ;<br />
➦ <strong>La</strong> mise en place d’un système d’achat<br />
en franchise de TVA auprofit de certains<br />
secteurs d’activité (café, cacao, hévéa, palmier<br />
àhuile, banane) ;<br />
➦ <strong>La</strong> détaxation de l’outil de production grâce<br />
àlaréduction de l’assiette de la contribution<br />
des patentes et de l’impôt foncier.<br />
● Des mesures fiscales incitatives<br />
au profit des zones Centre, Nord et<br />
ouest (zones ex-assiégées).<br />
Afin d’aider à lareconstitution du tissu<br />
économique et de favoriser la relance des<br />
activités dans ces zones, des avantages<br />
fiscaux importants ont été adoptés.<br />
Les mesures prises en faveur de la création<br />
ou de la réouverture d’entreprises en<br />
zones Centre Nord et Ouest, sont :<br />
➦ L’exonération de l’impôt sur les bénéfices<br />
;<br />
➦ L’exonération de la contribution des patentes<br />
;<br />
➦ L’exonération de l’impôt sur le patrimoine<br />
foncier.<br />
Ces exonérations sont accordées pour<br />
une période de huit (8) ans. Elles sont totales<br />
les six (6) premières années et réduites<br />
à75% les deux dernières années.<br />
Il est également prévu l’exonération de la<br />
taxe sur les opérations bancaires sur les<br />
intérêts des prêts accordés entre 2010 et<br />
2012.<br />
Les mesures prises en faveur de la transformation<br />
des grands produits d’exportation.<br />
Message<br />
Les entreprises agro-industrielles intervenant<br />
dans les secteurs du coton, de l’anacarde<br />
et du karité, créées et réimplantées<br />
en zones CNO avant le 31 décembre 2012<br />
bénéficient d’importants avantages fiscaux,<br />
dont :<br />
➦ L’exonération de la TVAsur les équipements,<br />
matériels et premiers lots de pièces<br />
détachées ;<br />
➦ L’exonération pendant 8ans de l’impôt<br />
sur les bénéfices, de la contribution à la<br />
charge des employeurs, de la contribution<br />
des patentes et licences et de l’impôt foncier.<br />
➦ Des mesures fiscales en faveur de certains<br />
secteurs d’activité.<br />
Le Gouvernement accorde une place de<br />
choix au développement de certains secteurs<br />
de l’économie nationale. Il s’agit de<br />
l’agriculture, pour assurer la sécurité alimentaire<br />
et du commerce, pour la modernisation<br />
de ce secteur en luttant contre le<br />
secteur informel.<br />
Àcet effet, les entreprises de production,<br />
de conditionnement, de conservation et de<br />
transformation industrielle des produits<br />
agricoles alimentaires, bénéficient des<br />
mesures suivantes :<br />
➦ L’exonération de la TVAetsur les équipements<br />
et matériels nécessaires àlaréalisation<br />
des investissements et sur le premier<br />
lot de pièces de rechange, en phase<br />
d’investissement ;<br />
➦ L’exonération pendant 5ans de l’impôt<br />
sur les bénéfices industriels et commerciaux<br />
et réduction de moitié du taux après<br />
la période d’exonération ;<br />
➦ L’exonération pendant dix (10) ans de<br />
la contribution des patentes et de l’impôt<br />
sur le patrimoine foncier.<br />
S’agissant du secteur du commerce, des<br />
avantages fiscaux sont prévus en faveur<br />
des investissements dans le domaine de la<br />
création de grands centres commerciaux,<br />
pourvoyeurs d’emplois. Ces avantages qui<br />
s’appliquent aux programmes agréés au<br />
plus tard le 31 décembre 2012, concernent<br />
les projets dont le coût est supérieur à10<br />
milliards de FCFA. Il s’agit de :<br />
➦ L’exonération de la taxe sur la valeur<br />
ajoutée sur divers matériaux et services en<br />
phase d’investissement ;<br />
➦ L’exonération de la taxe sur les opérations<br />
bancaires sur les crédits d’investissement<br />
;<br />
➦ L’exonération de la patente, de l’impôt<br />
sur les bénéfices pour une période de 5<br />
ans au titre de la phase d’exploitation.<br />
<strong>La</strong> mise en œuvre de ce dispositif fiscal est<br />
assurée par une administration moderne<br />
qui privilégie le dialogue permanent avec<br />
le secteur privé, àtravers des structures<br />
paritaires.<br />
Par ailleurs, la Direction générale des Impôts<br />
de Côte d’Ivoire s’est engagée dans<br />
une démarche qualité qui devrait aboutir à<br />
sa certification à lanorme ISO 9001 version<br />
2008, au 31 décembre 2010.<br />
BP V103 Abidjan<br />
Tour ECité Administrative, 11 ème étage<br />
Tél. : +225 20 21 75 61 /20226582/2022 95 55<br />
Email : infodgi@dgi.gouv.ci<br />
Site web : www.dgi.gouv.ci<br />
Ligne verte :+225 80 08 88 88
LE PLUS<br />
103<br />
Le dessinateur <strong>La</strong>ssane<br />
Zohoré, fondateur et<br />
directeur de publication.<br />
V. FOURNIER/J.A.<br />
MÉDIAS<br />
Un coup de «Gbich!»<br />
Depuis dix ans, le titre<br />
satirique livre sa bouffée<br />
hebdomadaire de blagues,<br />
caricatures et BD qui<br />
égratignent tout le monde<br />
sans jamais prendre parti.<br />
À chaque montée<br />
de mercure, ses ventes<br />
explosent.<br />
Mieux vaut en rire qu’en<br />
pleurer. C’est sans doute<br />
parce qu’une bonne partie<br />
des lecteurs de presse<br />
ivoiriens ont fait leur cet adage que<br />
Gbich!, « l’hebdomadaire d’humour et<br />
de BD qui frappe fort », connaît le succès<br />
qui est le sien depuis dix ans.<br />
Créé en 1999 par une équipe de<br />
joyeux drilles, regroupée autour de<br />
<strong>La</strong>ssane Zohoré, ancien du groupe de<br />
presse Fraternité-Matin et de l’agence<br />
de publicité McCann, Gbich ! (onomatopée<br />
qui signifie « coup de poing » en<br />
Côte d’Ivoire) gagne le gros de ses aficionados<br />
aux débuts de la crise politique<br />
ivoirienne qui s’ouvre avec le coup<br />
d’État du 24 décembre 1999.<br />
Cet objet éditorial non identifié<br />
n’épouse pas les forts clivages qui divisent<br />
la presse et la classe politique ivoiriennes,<br />
mais réconcilie tout le monde<br />
autour de l’humour et de la dérision.<br />
UN ANTIDÉPRESSEUR EN KIOSQUE<br />
Ses titres et dessins de une, toujours<br />
inspirés, sont tels des révélateurs<br />
d’ambiance. À la fin de 2009, deux<br />
titres expriment ainsi le désarroi d’une<br />
population paupérisée: « On a reporté<br />
les élections, reportez les fêtes aussi »<br />
et « On prépare les fêtes de faim d’année<br />
». À chaque montée de mercure, les<br />
ventes de Gbich! augmentent, comme si<br />
l’hebdo jouait, pour ses lecteurs, un rôle<br />
d’antistress, voire d’antidépresseur.<br />
Le journal fait vivre des personnages<br />
fi ctifs, parmi lesquels des archétypes,<br />
tels l’avide « biznessman » Cauphy<br />
Gombo ou le corrompu sergent Deutogo,<br />
qui permettent de mieux croquer<br />
les dérives morales de la société.<br />
Certains membres de la corporation<br />
policière ne s’y sont pas trompés, qui<br />
ont, il y a quelques années, exercé des<br />
violences et des intimidations contre<br />
le titre satirique.<br />
Gbich! raille aussi, chaque semaine,<br />
le président <strong>La</strong>urent Gbagbo – qui se<br />
proclame « fan » du titre – et la classe<br />
politique ivoirienne dans son ensemble,<br />
mais sans jamais prendre parti ni<br />
attiser les dissensions.<br />
Désormais solidement installé<br />
dans le paysage médiatique ivoirien,<br />
malgré une baisse des ventes<br />
(de 25 000 exemplaires par semaine<br />
durant les années de crise, le journal<br />
en vend environ 10 000 par numéro<br />
actuellement, ce qui en fait le troisième<br />
hebdo du pays), Gbich ! est<br />
aujourd’hui le doyen d’un groupe de<br />
presse ambitieux, Gbich éditions, qui<br />
détient notamment le féminin Go<br />
Magazine – lancé en 2004 et devenu<br />
le premier hebdo du pays avec plus de<br />
20 000 ventes par numéro –, et Allo<br />
Police (5 000 exemplaires par semaine),<br />
spécialisé dans les faits divers,<br />
lancé en 2009. Le groupe, qui dispose<br />
déjà d’un site web (gbich.com), songe<br />
désormais à s’installer solidement sur<br />
la Toile et à investir les territoires de<br />
la radio et du dessin animé. ■<br />
THÉOPHILE KOUAMOUO<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
Politique sociale mise en place<br />
par Marcel Zadi Kessy<br />
COMMUNIQUÉ<br />
En gestation depuis 2004, la mutuelle<br />
des agents de l'eau et de l'électricité<br />
(MA2E) aété portée sur les fonts baptismaux<br />
le 29 septembre 2006, avec<br />
l'adoption des statuts et règlements<br />
intérieurs, lors d'une assemblée générale<br />
au Palais de la culture. D'où est<br />
venue l'idée de sa création, qu'apporte-t-elle<br />
aux collaborateurs ?Où<br />
veut-elle aller? Autant de questions<br />
qui méritent d'être élucidées.<br />
Pour ce faire, nous avons rencontré<br />
Marcel Zadi Kessy, leconcepteur de<br />
ce formidable instrument de financement.<br />
Marcel Zadi Kessy, n'est pas devenu<br />
seulement en quelques années<br />
un manager émérite, internationalement<br />
reconnu mais aussi une personnalité<br />
àl'humanisme et au sens<br />
des valeurs humaines bien achevés.<br />
Le regard et l'esprit vifs, «levagabond<br />
de la lutte contre la pauvreté »,<br />
auteur d'une politique sociale hardie<br />
au sein des entreprises qu'il dirige<br />
et qui fait école en Côte-d'Ivoire, est<br />
un homme de convictions profondes,<br />
très souvent -force est de le reconnaître<br />
-enavance sur son temps.<br />
Quels changements faut-il apporter<br />
pour préparer l’avenir ?<br />
C'est en se projetant dans l'avenir,<br />
indique t-il, qu'il acréé le fonds de<br />
solidarité pour desserrer l'étau social,<br />
le FCP pour préparer sereinement<br />
la retraite, le FEE pour désendetter<br />
les collaborateurs et leur inculquer<br />
l'effort de l'épargne. Cependant, souligne<br />
t-il, le système du FEE, tel que<br />
fonctionnant depuis longtemps était<br />
appelé à disparaître à un moment<br />
donné, parce que le «taux zéro »ne<br />
saurait résister au temps, essentiellement<br />
pour des raisons économiques.<br />
C'est pourquoi, principalement pour<br />
coller aux règles de bonne gestion<br />
et faire en sorte que le FEE survive,<br />
le PCA dit avoir imaginé la création<br />
d'une mutuelle. Cette décision qui<br />
relève pour lui de la responsabilité,<br />
permet d’anticiper en mettant les collaborateurs<br />
àl'abri d'un marché financier<br />
aux taux excessifs. Par un jeu de<br />
solidarité entre le FCP et la mutuelle,<br />
Le FCP concèdera un prêt de deux<br />
milliards àlamutuelle. Ce qui aura<br />
l'avantage de rémunérer l'argent du<br />
FCP, etdeprêter aux collaborateurs<br />
àdes taux faibles. Les intérêts générés<br />
retournent dans les caisses de<br />
la mutuelle et l'enrichissent. L'avenir<br />
se construit et M. Zadi invite chacun<br />
àassumer ses responsabilités, àse<br />
projeter dans le futur,às'approprier la<br />
mutuelle, leur mutuelle, qui évoluera<br />
sans doute demain vers une banque<br />
des travailleurs… pourquoi pas ?<br />
Les fonds mis en place àlaCIE pour<br />
renforcer cet esprit de famille sont :<br />
•Mutuelle des agents de l’eau<br />
et de l’électricité (MA2E)<br />
•Fonds de solidarité<br />
•Fonds commun de placement<br />
(FCP)<br />
•Assurance maladie des retraites<br />
(Asmar)<br />
•Instance de recours social (Irs)<br />
•Régime maladie<br />
•Fonds épargne logement<br />
Créée en 1990, CIE est un acteur majeur dans la gestion du service public<br />
d'électricité en <strong>Afrique</strong>. Société privée chargée de la production, du<br />
transport et de la distribution de l'électricité en Côte d'Ivoire, elle est liée<br />
àl'État ivoirien par un contrat de concession d'une durée de 15 ans.<br />
Àcetitre, elle assure la gestion technique des équipements de production<br />
électrique, la coordination du système de distribution d'énergie et la desserte<br />
en électricité de plus d’un millions de clients en Côte d'Ivoire.<br />
<strong>La</strong> Compagnie Ivoirienne d'électricité occupe aujourd'hui une place prépondérante<br />
dans l'économie de la Côte d'Ivoire. Sa stratégie de développement fondée<br />
sur la satisfaction du client et l'esprit de service fait de CIE une entreprise<br />
moderne au service de ses abonnés.<br />
MISSIONS DE CIE<br />
•Exploiter les ouvrages de production, de transport, de distribution,<br />
d'importation, d'exportation d'électricité ;<br />
•Supporter l'intégralité des charges de fonctionnement, d'entretien courant<br />
et de gestion ;<br />
•Facturer et encaisser ;<br />
•Réaliser les travaux de branchement ;<br />
•Proposer dans le cadre des conventions périodiques, les travaux d'extension<br />
et de renouvellement ;<br />
•Réaliser les travaux de renouvellement qui lui sont confiés par l'État.<br />
CIE :1,Avenue Christiani –Treichville /01BP6923 Abidjan 01 (Côte D’Ivoire)<br />
Tél. :(225) 21 23 33 00 /Fax :(225) 21 23 30 06 /www.cie.ci
Biographie<br />
du président Marcel Zadi Kessy<br />
Né en 1936 àYacolidabouo dans le<br />
Département de Soubré, Marcel Zadi<br />
Kessy a, pendant tout son parcours<br />
professionnel, adapté les valeurs et la<br />
culture de l'<strong>Afrique</strong> àl'entreprise moderne.<br />
Cette voie est àl'origine d’une<br />
Success Story reconnue tant àses initiatives,<br />
qu'aux entreprises qu'il dirige<br />
depuis de longues années.<br />
Auteur de l'ouvrage intitulé «Culture<br />
africaine et gestion de l'entreprise<br />
moderne » et spécialiste en équipement<br />
rural, Marcel Zadi Kessy adébuté<br />
sa carrière en 1964 comme chef<br />
de circonscription du génie rural, puis<br />
Directeur Départemental pour l'ouest<br />
et le centre-ouest au ministère de<br />
l'agriculture.<br />
En 1972 il intègre la Société de<br />
Distribution d'Eau de Côte d'Ivoire<br />
(SODECI), pour une remarquable carrière<br />
qui se poursuit àlaCompagnie<br />
Ivoirienne d'Électricité (CIE).<br />
PDG de la SODECI depuis 1985 et<br />
de la CIE depuis 1990, Marcel Zadi<br />
Kessy est aujourd'hui Président du<br />
Conseil d'Administration (PCA) de ces<br />
deux structures.<br />
Fondateur de l'Union Africaine des<br />
Producteurs et Distributeurs d'Eau,<br />
Marcel Zadi Kessy est aussi le Président<br />
d'honneur du Conseil National du<br />
Patronat ivoirien, qu'il adirigé de 1993<br />
à1998.<br />
Officier de l'Ordre National de Côte<br />
d'Ivoire et Chevalier de l'Ordre<br />
National de la Légion Française,<br />
Marcel Zadi Kessy est vice-président<br />
national et délégué départemental de<br />
Soubré, du Parti Démocratique de<br />
Côte d'Ivoire (PDCI).<br />
Par souci de participer au développement<br />
de son village natal, il acréé<br />
le groupement d'intérêt économique<br />
(GIE-Ouyiné), chargé de l'encadrement<br />
des masses paysannes et des<br />
jeunes.<br />
En vertu de tout ce qui précède, le<br />
PCA de la CIE et de la Sodeci est le<br />
leader des managers africains, qui<br />
l'ont choisi comme modèle.<br />
Il est l’auteur de 3livres :<br />
•Culture africaine et gestion de l'entreprise<br />
moderne.<br />
•Developpement de proximite et gestion<br />
des communautes villageoises.<br />
•Responsabilite politique et developpement<br />
de proximite.<br />
Créée en 1959, la Sodeci est la première entreprise<br />
privée de service public en <strong>Afrique</strong>. Depuis 1960, elle<br />
gère les services publics d’eau potable et d’assainissement<br />
en côte d’Ivoire par le biais de contrats successifs<br />
de délégation de gestion.<br />
LES MISSIONS DE SODECI<br />
•Assurer la production, le traitement et la distribution<br />
d’eau potable,<br />
•Assurer l’exploitation des installations et la gestion<br />
de la clientèle,<br />
•Assurer l’exploitation et l’entretien d’ouvrages d’assainissement<br />
de la ville d’Abidjan,<br />
•Gèrer l’ensemble des installations de traitement des<br />
eaux usées des dix communes d’Abidjan.<br />
En 50 ans d’existence, l’entreprise arelevé un défi vital :<br />
Fournir de l’eau potable àplus de sept millions de consommateurs<br />
en zone urbaine. Grâce àune politique hardie de<br />
décentralisation, soutenue par un plan informatique novateur,<br />
rendant effective la responsabilisation des hommes,<br />
la SODECI s’est rapprochée de sa clientèle.<br />
Ces efforts soutenus ont suscité la confiance de l’État ivoirien<br />
qui aconfié àlaSODECI, en 1999, l’exploitation des installations<br />
de drainage et d’assainissement de la ville d’ABIDJAN<br />
par le biais d’un contrat d’affermage d’une durée de 16 ans.<br />
En 2007, la SODECI aobtenu le renouvellement de son<br />
contrat d’exploitation du service d’eau potable avec l’État de<br />
Côte d’Ivoire pour une durée de 15 ans.<br />
Unité d’exploitation d’Ayaman<br />
SODECI :Avenue Christiani –Treichville /01BP1843 Abidjan 01 (Côte D’Ivoire)<br />
Tél. :(225) 21 23 30 00 /Fax :(225) 21 23 35 88 /www.sodeci.ci<br />
DIFOM -FC/PHOTOS :DR
106 LE PLUS ABIDJAN<br />
TÉLÉVISION<br />
Succèsenséries<br />
séries<br />
Les sitcoms abidjanaises font un tabac à lʼétranger.<br />
Un exploit, compte tenu de la difficulté quʼont les<br />
producteurs à les financer et à se faire rémunérer pour<br />
leur diffusion. <strong>La</strong> réussite va-t-elle finir par payer?<br />
Bohiri est un père de famille<br />
respectable en apparence,<br />
mais il est surtout un<br />
homme à femmes qui fait<br />
le désespoir de son épouse, Akissi.<br />
Boris, médecin, également coureur<br />
de jupons patenté, n’est pas encore<br />
marié. Nafi, une jeune fille issue<br />
d’une famille défavorisée, persévère<br />
dans ses études en dépit des obstacles.<br />
Betty est une étudiante à la<br />
personnalité bien trempée et au tempérament<br />
de cheftaine… Leur point<br />
commun? Tous sont des personnages<br />
de fiction créés en Côte d’Ivoire, et<br />
leur célébrité dépasse désormais les<br />
frontières du pays.<br />
Abidjan régnerait-elle désormais<br />
sur l’univers des séries télévisées africaines?<br />
À Brazzaville, Bamako, Cotonou,<br />
Douala et dans les diasporas, en<br />
Europe et en Amérique du Nord, on<br />
suit passionnément Ma famille, Nafi ,<br />
Dr Boris, Class’A ou Teenager.<br />
Chroniques conjugales, récits de<br />
vie lycéenne, scènes de « cour commune<br />
», ces séries télévisées font un<br />
tabac. « Les acteurs ivoiriens dégagent<br />
un naturel particulier. En plus, ils<br />
savent faire rire sans être ridicules »,<br />
juge une diplômée en communication<br />
camerounaise. « Ces séries sont en<br />
français, elles n’ont pas besoin d’être<br />
sous-titrées. Ce sont des histoires qui<br />
parlent à toute l’<strong>Afrique</strong>, dans lesquelles<br />
de nombreux Africains peuvent se<br />
reconnaître. En plus, les dialogues<br />
sont mis en valeur par un phrasé très<br />
imagé, plein d’humour », argumente<br />
un consultant parisien.<br />
ACTEURS STARISÉS<br />
Ces productions se font progressivement<br />
une place à côté des telenovelas<br />
sud-américaines, des soaps nord-américains<br />
et des sitcoms britanniques.<br />
Pourtant, elles sont écrites, tournées<br />
et fi lmées de façon encore très artisanale.<br />
« Nous avons un vrai problème<br />
avec l’écriture suivie et structurée,<br />
explique Armand Brice Tchikamen,<br />
réalisateur de Class’A. Au départ,<br />
l’intrigue est bien pensée, mais une<br />
sorte de navigation à vue finit par<br />
s’imposer. Alors, on improvise. On<br />
retravaille certains rôles, sans s’éloigner<br />
de l’idée principale. »<br />
De manière générale, les équipes<br />
techniques – réalisateurs, cameramen,<br />
preneurs de son, éclairagistes, etc.<br />
– sont des professionnels ayant fait<br />
leurs armes à la télévision nationale<br />
ou au sein d’entreprises privées de<br />
production audiovisuelle. Les acteurs,<br />
eux, ont deux types de profil. Il y a<br />
ceux qui se sont fait connaître dans<br />
les émissions de sketchs (Comment ça<br />
va ?, Faut pas fâcher) créées au sein<br />
de la Radiodiffusion télévision ivoirienne<br />
(RTI) par des professionnels<br />
AKISSI DELTA, LA MÈRE DE FAMILLE<br />
C’EST L’HISTOIRE D’UNE JEUNE FILLE ANALPHABÈTE<br />
à la poursuite de ses rêves. Delphine Akissi Loukou,<br />
alias Akissi Delta, est aujourd’hui une star en Côte<br />
d’Ivoire. Née à Dimbokro, en pays baoulé, elle a fi guré<br />
jeune dans quelques romans-photos, avant d’être remarquée<br />
par Léonard Groguhet, producteur de l’émission<br />
Comment ça va ?.<br />
Une chance qu’elle met à profi t. Dès 1979, Akissi<br />
imagine elle-même des personnages et des histoires<br />
qu’elle couche sur le papier, avec l’aide d’amis.<br />
Elle se rêve productrice et souhaite donner vie à ses<br />
scénarios. « Mais les patrons de la télévision ne me<br />
faisaient pas confiance, raconte-t-elle. Au mieux, on<br />
m’a proposé de faire des gags de cinq minutes. Mais<br />
je ne suis pas une comique ! »<br />
Qu’à cela ne tienne. <strong>La</strong> jeune femme s’endette afin<br />
de produire Ma famille, dont le premier épisode est<br />
tourné en juillet 2002. Elle bénéfi cie du soutien d’un<br />
sponsor, mais doit payer des frais de diffusion à la RTI.<br />
Sa série est abondamment piratée. Après 260 épisodes<br />
tournés, elle fait une pause…<br />
Aujourd’hui, elle se prépare à produire deux nouvelles<br />
saisons. Elles seront fi nancées par des régies<br />
qui ont obtenu les droits d’exploitation pour leurs<br />
pays respectifs. Puis, elle s’engagera dans un projet<br />
qu’elle nourrit depuis longtemps: un feuilleton intitulé<br />
Le Rêve d’Akissi. Au-delà de la fi ction, elle rêve du jour<br />
où les fi nancements bancaires et autres subventions<br />
étatiques soutiendront l’industrie que ses efforts ont<br />
participé à faire éclore. ■<br />
T.K.<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
LE PLUS<br />
107<br />
venus du théâtre. À<br />
l’image de Léonard<br />
Groguhet, l’un des<br />
<strong>La</strong>ncée à la fin de janvier<br />
par Martika Production,<br />
la série Teenager est déjà<br />
diffusée au Cameroun<br />
et au Gabon.<br />
rares artistes ivoiriens à avoir, de son<br />
vivant, une rue baptisée à son nom.<br />
Il y a aussi les amateurs, repérés lors<br />
de castings ouverts à tous, puis formés<br />
par la maison de production.<br />
« Nous avons fait le choix de choquer<br />
en allant chercher le talent dans la<br />
rue », explique Jean-Hubert Nankam,<br />
patron de Martika Production. Avait-il<br />
vraiment le choix ? Ses séries Class’A<br />
et Teenager mettent en scène des personnages<br />
jeunes. Or il n’existe aucune<br />
formation au métier d’acteur en Côte<br />
d’Ivoire.<br />
Comment tourner des épisodes<br />
à un rythme rapide – pour des raisons<br />
fi nancières évidentes – quand il<br />
n’existe pas de studios adaptés ? <strong>La</strong><br />
majorité des sociétés de production<br />
noue des partenariats avec des propriétaires<br />
de lieux publics ou privés<br />
– maisons, écoles, hôpitaux, maquis<br />
(bars), hôtels, etc. – qui mettent leur<br />
espace à disposition des équipes de<br />
tournage contre une<br />
exposition publicitaire<br />
ou une indemnité<br />
symbolique. LAD Production, de la<br />
célèbre actrice Akissi Delta (voir encadré),<br />
a choisi de louer en permanence<br />
trois villas pour pouvoir tourner sans<br />
aucune contrainte. « Même la maison<br />
dans laquelle je vis tient lieu de studio<br />
de tournage », confie la<br />
comédienne.<br />
Le modèle économique<br />
des séries ivoiriennes<br />
n’est pas encore<br />
arrivé à maturité. Par<br />
manque d’argent ou<br />
de bonne volonté, de<br />
nombreuses chaînes de télévision<br />
ne veulent pas payer pour les diffuser.<br />
Ou alors très peu. « En général,<br />
elles déboursent au plus 200 000 F<br />
CFA [moins de 305 euros, NDLR] par<br />
épisode, déplore Akissi Delta. Elles<br />
peuvent descendre jusqu’à 50 000 F<br />
CFA. » Quand le tournage d’un épisode<br />
coûte entre 2 millions et 4 millions<br />
de F CFA.<br />
D.R.<br />
Productrice de Nafi , Eugénie Ouattara,<br />
alias Djuédjuessi, a quant à elle<br />
arrêté sa série avant son terme faute<br />
de moyens fi nanciers. « J’ai tout fait<br />
pour intéresser les sponsors, mais<br />
personne ne m’a répondu favorablement.<br />
Même les demandes d’aide que<br />
j’ai adressées aux institutions ou aux<br />
“grands types” de ce pays n’ont pas eu<br />
de suite », s’est-elle indignée dans une<br />
interview accordée à l’hebdomadaire<br />
people Top Visages.<br />
DE L’ARTISANAT À L’INDUSTRIE<br />
Les succès à l’international représentent<br />
une vraie bouffée d’air frais.<br />
Certains producteurs signent désormais,<br />
dans chaque pays, des contrats<br />
de bartering avec des annonceurs –<br />
ces derniers s’engageant à payer pour<br />
la diffusion à condition d’apparaître<br />
comme sponsor dans les génériques<br />
de début et de fi n ou dans les intermèdes<br />
publicitaires.<br />
Outre le bartering, un modèle<br />
alternatif existe, actuellement expérimenté<br />
par la société française Rox<br />
Africa, représentée en Côte d’Ivoire<br />
par Studio 225 Production. L’entreprise<br />
ne passe pas par les chaînes<br />
de télévision et les annonceurs. Elle<br />
salarie ses acteurs (dont le célèbre<br />
Michel Gohou, qu’elle « loue » en cas<br />
de nécessité) et produit des comédies<br />
qu’elle distribue en DVD, surtout au<br />
sein de la diaspora, et qu’elle diffuse,<br />
contre rémunération, dans des lieux<br />
publics (avions, lounges…).<br />
<strong>La</strong> libéralisation de l’espace audiovisuel<br />
dans de nombreux pays – mais<br />
pas encore en Côte d’Ivoire –, le début<br />
d’intérêt manifesté par les bailleurs<br />
de fonds institutionnels comme la<br />
Francophonie et l’Union européenne,<br />
Ces histoires, mises en valeur<br />
par un phrasé très imagé,<br />
parlent à toute l’<strong>Afrique</strong>.<br />
ainsi que le développement de la<br />
vidéo à la demande à l’international<br />
sont de vraies opportunités économiques.<br />
Cependant, les producteurs sont<br />
catégoriques : sans une forte volonté<br />
politique des autorités nationales, il<br />
sera difficile de passer des initiatives<br />
artisanales à une véritable « approche<br />
de marché ». ■<br />
THÉOPHILE KOUAMOUO<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
108 LE PLUS ABIDJAN<br />
LIVRES<br />
IsaïeBiton Koulibaly,<br />
auteur pourdames<br />
Boudé par la critique, méprisé par les puristes de la littérature,<br />
lʼécrivain compte en tout cas trois ouvrages dans le top 10<br />
des meilleures ventes du pays, tous genres confondus.<br />
Isaïe Biton Koulibaly<br />
est l’écrivain le plus<br />
populaire et le plus lu<br />
de Côte d’Ivoire. Avec<br />
plus de 90 nouvelles, essais et romans<br />
publiés à son actif, c’est aussi l’un des<br />
plus prolifiques du pays. Son désir<br />
d’être écrivain naît alors qu’il a 9 ans,<br />
à la lecture du Petit Chose et de Jack,<br />
d’Alphonse Daudet. Il dévorera ensuite<br />
presque tout Pearl Buck (alors qu’il a à<br />
peine 15 ans, à la bibliothèque Kennedy<br />
de Treichville, la commune d’Abidjan<br />
où il est né), puis Pouchkine, auquel<br />
il dit devoir les principes clés de son<br />
esthétique : simplicité, clarté, rapidité<br />
et concision.<br />
Son succès, IBK le doit en partie à<br />
la thématique de ses œuvres. Toutes<br />
décrivent les états d’âme, tribulations et<br />
drames de la femme ivoirienne. Il s’est<br />
particulièrement illustré à travers la littérature<br />
sentimentale et a signé deux<br />
romans de la collection à l’eau de rose<br />
Biographie,<br />
bonnes feuilles,<br />
photos…<br />
le fan-club<br />
panafricain<br />
d’IBK dédie un<br />
site à son idole.<br />
lancée par les Nouvelles<br />
éditions ivoiriennes (NEI),<br />
« Adoras », sous le pseudonyme<br />
B. Williams (Sugar<br />
Daddy, une jeune fi lle aime un tonton et<br />
Tu seras mon épouse). Tantôt défenseur,<br />
tantôt pourfendeur des comportements<br />
féminins, à la fois paillard et, ainsi qu’il<br />
se définit lui-même, « catholique militant<br />
» – et très pratiquant –, IBK est en<br />
tout cas devenu la coqueluche de la gent<br />
féminine. « Écrire des livres sur des histoires<br />
vécues par les femmes, avec des<br />
illustrations de jeunes et belles femmes,<br />
en couverture fait un tabac, expliquet-il.<br />
Les hommes ont toujours été obsédés<br />
par les femmes… » Ses livres sont<br />
devenus des best-sellers et, aujourd’hui,<br />
sa notoriété dépasse largement les frontières<br />
ivoiriennes. À Niamey, à Bamako<br />
et à Cotonou, les fan-clubs Isaïe Biton<br />
Koulibaly ont essaimé.<br />
Sa carrière en tant qu’auteur a commencé<br />
à la fi n des années 1970, avec<br />
l’écriture d’ouvrages pour enfants, dont<br />
<strong>La</strong> Légende de Sadjo (Centre d’édition et<br />
de diffusion africaines, Ceda), puis de<br />
nouvelles. De 1979 à 1985, il animera<br />
à la radio et à la télévision d’État des<br />
talk-shows littéraires.<br />
« AH! LES FEMMES… »<br />
VERSUS « AH! LES HOMMES… »<br />
Premier grand rendez-vous d’Isaïe<br />
Biton Koulibaly avec ses lecteurs en<br />
1982, à la publication du recueil Le<br />
Domestique du président, au Ceda.<br />
Son plus grand succès sera, en 1987,<br />
la parution du recueil de nouvelles<br />
Ah! Les Femmes… (5 000 exemplaires<br />
vendus en un mois, un record dans<br />
l’édition africaine). Ce dernier a déjà<br />
connu plusieurs rééditions et a été traduit<br />
en espagnol (¡Ah, <strong>La</strong>s Mujeres…!)<br />
par l’éditeur Primerapersona. Dans la<br />
foulée, l’auteur donna une réplique<br />
à son best-seller en publiant Ah! Les<br />
hommes… Son cinquième roman, Et<br />
pourtant, elle pleurait (2005, éditions<br />
Frat-Mat), a également pulvérisé les<br />
records de vente (10 000 exemplaires<br />
vendus et épuisé).<br />
Après Le lit est tout le mariage (2009,<br />
éditions Frat-Mat), classé parmi les<br />
meilleures ventes, son tout dernier<br />
roman, Christine (2009, Les Classiques<br />
ivoiriens), fait aussi un tabac à Abidjan.<br />
Le sujet : une histoire d’amour entre<br />
une jeune fi lle et un vieil homme… Ou<br />
comment inciter les jeunes femmes à<br />
ne pas « sortir » avec les « seniors » pris<br />
par le démon de midi. En fi ligrane, le<br />
roman aborde les travers du pouvoir et<br />
des diplomates africains.<br />
En janvier 2005, Isaïe Biton Koulibaly<br />
a lancé sa propre maison d’édition,<br />
Koralivre, et a racheté les droits de<br />
ses livres à succès. À presque 61 ans,<br />
Ses principes clés, il dit<br />
les devoir à Pouchkine:<br />
simplicité, clarté,<br />
rapidité et concision.<br />
il ne s’accorde aucun répit. À ses heures<br />
perdues, il écrit une chronique,<br />
« Savoir aimer », pour l’hebdomadaire<br />
féminin Go Magazine, ainsi que « Les<br />
samedis de Biton », pour le quotidien<br />
L’Intelligent d’Abidjan. Et il peaufi ne son<br />
dernier ouvrage, qui devrait paraître<br />
en fi n d’année. ■ BAUDELAIRE MIEU<br />
JEUNE AFRIQUE N° 2576 • DU 23 AU 29 MAI 2010
Les acquis et le vécu de la SOTRA, qui célèbre<br />
son cinquantenaire le 16 décembre 2010,seconfondent<br />
avec l’histoire delaCôte d’Ivoire indépendante.<br />
Première entreprise de transport public créée en<br />
<strong>Afrique</strong> de l’Ouest, elle accompagne ledéveloppement<br />
de ce pays, transportant des millions de clients par<br />
voies terrestres et lagunaires.<br />
Au fil de la réalisation de ses lignes de vie,laSOTRA est<br />
devenue unvéritable baromètre delacité.Toujours au<br />
rendez-vous, aux côtés des populations, pour assumer<br />
son destin et assurer sa mission de service public.<br />
Aujourd’hui, la SOTRA se positionne comme l’un des<br />
acteurs majeurs de la renaissance du pays.<br />
Après avoir fourni, début 2010, dix autobus àla<br />
SOGATRA (Société gabonaise de transports), la SOTRA<br />
continue de multiplier les prospections afin<br />
de transformer,encommandes fermes, l’intérêt manifesté<br />
par le Bénin, le Congo, la Guinée,leTogo,<br />
le Ghana, la Guinée Equatoriale,leLibéria,leNiger,etc.<br />
Elle s’impose ainsi comme une référence dans le<br />
domaine du transport public pour le continent.