Lecture analytique : Chapitre 30 de Candide, de « Candide en ...
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<strong>Lecture</strong> <strong>analytique</strong> :<br />
<strong>Chapitre</strong> <strong>30</strong> <strong>de</strong> Candi<strong>de</strong>, <strong>de</strong> « Candi<strong>de</strong> <strong>en</strong> retournant<br />
dans la métairie » jusqu’à la fin<br />
C’est l’épilogue du conte qu’on ne peut compr<strong>en</strong>dre que si l’on regar<strong>de</strong><br />
rétrospectivem<strong>en</strong>t quelques autres chapitres du conte.<br />
Préambule<br />
Un certain nombre <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contres ont préparés ce dénouem<strong>en</strong>t. Apres l’Eldorado,<br />
Candi<strong>de</strong> fera beaucoup <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contres déterminantes.<br />
1. <strong>Chapitre</strong> 20<br />
Il r<strong>en</strong>contre Martin qui est l’antithèse <strong>de</strong> Pangloss, pour qui tout est mal.<br />
2. <strong>Chapitre</strong> 25<br />
Candi<strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre Pococuranté : riche et comblée par la vie qui n a jamais eu <strong>de</strong><br />
chagrin => piste vers l’idée du bonheur. Mais au contraire, il est blasé sans<br />
<strong>en</strong>thousiasme et Candi<strong>de</strong> <strong>en</strong> arrive a l idée <strong>de</strong> « être heureux n’est pas n’être pas<br />
malheureux ». Pococuranté a pourtant une sérénité matérielle, intellectuelle.<br />
3. <strong>Chapitre</strong> 26<br />
Candi<strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre les rois déchus qui incarn<strong>en</strong>t le malheur a ceux qui avait tous les<br />
privilèges sur terre, mais qui ont tout perdus. Il arrive a la conclusion que ceux ne<br />
sont pas les garants du bonheur puisqu on peut tout perdre.<br />
4. <strong>Chapitre</strong> <strong>30</strong><br />
Candi<strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre le <strong>de</strong>rviche, il va répondre aux questions <strong>de</strong> métaphysique <strong>de</strong><br />
Pangloss. Il représ<strong>en</strong>te la posture <strong>de</strong> la résignation.<br />
5. <strong>Chapitre</strong> <strong>30</strong><br />
Candi<strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre un vieillard musulman heureux qui vit <strong>en</strong> Autarcie et énonce une<br />
vérité importante : « Le travaille éloigne <strong>de</strong> nous trois grands maux : l’<strong>en</strong>nui, le vice,<br />
et le besoin ».<br />
Introduction<br />
A la suite d’un certain nombre <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contres déterminantes qui <strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t la vie <strong>de</strong><br />
toute la petite communauté et déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> composer une sorte <strong>de</strong> microcosme (mon<strong>de</strong><br />
<strong>en</strong> miniature) dans lequel chacun trouvera sa place et son équilibre. L’épilogue du<br />
conte décrit cette installation et souligne l’évolution <strong>de</strong>s personnages. La fin du conte<br />
n’est elle pas l’affirmation <strong>de</strong> l’avènem<strong>en</strong>t d’un mon<strong>de</strong> ou l’homme pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong>fin son<br />
<strong>de</strong>stin <strong>en</strong> mains ?<br />
I. Une clôture du récit<br />
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A. Clôture Spatiale<br />
La formule par laquelle débute le conte : « Il y avait <strong>en</strong> Westphalie » nous permet d<br />
att<strong>en</strong>dre une clôture du conte du g<strong>en</strong>re « Ils se marièr<strong>en</strong>t et eur<strong>en</strong>t beaucoup<br />
d’<strong>en</strong>fants » comme horizon narrative du conte. Mais <strong>en</strong> fait, c’est un horizon trompé :<br />
le jardin a succédé au château : régression spatiale ; la Turquie a remplacée la<br />
Westphalie et un <strong>de</strong>rviche remplace Pangloss. Pour Candi<strong>de</strong> le mon<strong>de</strong> est<br />
désormais plus vaste et ne se limite pas à la province <strong>de</strong> Thun<strong>de</strong>r-T<strong>en</strong>-Tronc ou à la<br />
Westphalie. Ł L’espace se clôt <strong>de</strong> manière ambival<strong>en</strong>te : rétrécissem<strong>en</strong>t social, du<br />
château a la métairie, et l’élargissem<strong>en</strong>t Politique. En opposition à l’Occi<strong>de</strong>nt, l’Ori<strong>en</strong>t<br />
apparaît comme la terre du retour aux origines, retour à la sagesse faites<br />
d’expéri<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> pragmatisme. D’ailleurs, le discours du vieillard eu <strong>de</strong>rviche<br />
rappell<strong>en</strong>t le discours du vieillard <strong>de</strong> l’utopie <strong>de</strong> l’Eldorado et la religion est réhabilité.<br />
L’installation dans le jardin marque la fermeture <strong>de</strong> l’espace géographique.<br />
B. Le recyclage <strong>de</strong>s personnages<br />
Le Turc au début du texte dit : « Je n’ai que vingt arp<strong>en</strong>ts. » A son image, la métairie<br />
est une « petite ère » dans laquelle vie une « petite société ». La mo<strong>de</strong>stie <strong>de</strong> la<br />
surface est comp<strong>en</strong>sée par les principes d’une sage économie. Même les vestiges<br />
dérisoires du mon<strong>de</strong> aristocratique sont recyclés. Le conte recycle la lai<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />
Cunégon<strong>de</strong> <strong>en</strong> utilité. Giroflée est recyclée <strong>en</strong> honnête homme qui passe du vice à la<br />
vertu. Tous les personnages du début trouv<strong>en</strong>t leurs places et leurs <strong>de</strong>stins sont<br />
scellés.<br />
Le baron n’est pas recyclable car il est <strong>en</strong>core attaché à ses préjugés et à ses<br />
stéréotypes.<br />
Fermeture du conte : Candi<strong>de</strong> prononce la morale finale et sa parole est créatrice<br />
d’un nouvel age.<br />
A. Le refus <strong>de</strong>s ambitions<br />
II. Les critères <strong>de</strong> la sagesse<br />
Candi<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s le début du texte montre sa préfér<strong>en</strong>ce pour une vie simple,<br />
notamm<strong>en</strong>t il dit : « Ce bon vieillard … <strong>de</strong>s 6 rois »<br />
Ł Une vie mo<strong>de</strong>ste réglée est plus <strong>en</strong>viable qu’à celle d’un roi Ł Il r<strong>en</strong>once à toute<br />
ambition <strong>de</strong> pouvoir et <strong>de</strong> richesse. De toute façon, il y a un caractère éphémère et<br />
aléatoire à une gloire <strong>de</strong>s hommes. Dans le texte, il y a une litanie <strong>de</strong>s rois qui ont<br />
subit <strong>de</strong>s malheurs Ł montre que le fait d’être puissant et riche ne fait ri<strong>en</strong>. Réf<br />
chapitre XXVI les rois déchus. Par contraste, la vie simple dans la métairie est<br />
valorisée.<br />
B. Refus <strong>de</strong>s raisonnem<strong>en</strong>ts stériles<br />
Il ne s’agit pas pour Voltaire <strong>de</strong> s’opposer à toute forme <strong>de</strong> raisonnem<strong>en</strong>t puisque<br />
Candi<strong>de</strong> au début du texte est plongé dans <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s réflexions mais il s agit<br />
d’une p<strong>en</strong>sée nourrie d’expéri<strong>en</strong>ces et d’observations. Ce qui est par exemple rejeté<br />
est le discours <strong>de</strong> Pangloss et <strong>de</strong>s métaphysiques qui a une t<strong>en</strong>dance affirmer à<br />
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avar<strong>de</strong>r, à brasser <strong>de</strong>s idées, à délayer. Et ses p<strong>en</strong>sées débouch<strong>en</strong>t toujours sur<br />
une action cohér<strong>en</strong>te. D’ailleurs, Pangloss ne travaille pas. Dans le 2° discours, on<br />
voit bi<strong>en</strong> qu’il n a pas r<strong>en</strong>oncé a l’absurdité et à l’incohér<strong>en</strong>ce. Critique <strong>de</strong>s<br />
raisonnem<strong>en</strong>ts interminables sur <strong>de</strong>s questions métaphysiques. Pangloss use <strong>en</strong>core<br />
<strong>de</strong> la terminologie optimiste quand il parle du meilleur <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s possibles.<br />
Candi<strong>de</strong> contredit et interrompt à 2 reprises Pangloss : « Je sais », « Mais » et Martin<br />
s’y oppose aussi.<br />
C. Les bi<strong>en</strong>faits du travail<br />
Le travail est prés<strong>en</strong>té comme une conc<strong>en</strong>tration <strong>de</strong> toutes les vertus. Notamm<strong>en</strong>t si<br />
on analyse la phrase du vieillard « Le travail… » Ł Le travail est une nécessité<br />
spécifique, il éloigne l’<strong>en</strong>nemie. C’est aussi une nécessité morale car il éloigne <strong>de</strong><br />
nous le vice et c’est une nécessité économique puisqu’il éloigne <strong>de</strong> nous le besoin.<br />
Dans la 2° partie du texte on note l’importance <strong>de</strong>s activités manuelle préservé <strong>de</strong><br />
manière laudative : « très bonne pâtissière ».<br />
Champs lexical <strong>de</strong>s activités artisanales connotés laudativem<strong>en</strong>t : « Roda, très bon<br />
m<strong>en</strong>uisier » On peut voir que le verbe « travailler » et « cultiver » vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t 2 fois dans<br />
le texte. Cela montre l’ori<strong>en</strong>tation claire <strong>de</strong> la spécificité <strong>de</strong> Candi<strong>de</strong> vers les bi<strong>en</strong>faits<br />
du travail. « La petite terre rapporta beaucoup » montre une satisfaction personnelle<br />
<strong>en</strong> même temps qu’une satisfaction du travail.<br />
Conclusion du II.<br />
On peut voir que la parabole (petit apologue du jardin (chap. <strong>30</strong>) oppose clairem<strong>en</strong>t<br />
l’activité aux discours inutiles. « Cultiver son jardin » signifie travailler socialem<strong>en</strong>t,<br />
travailler intérieurem<strong>en</strong>t son raisonnem<strong>en</strong>t ainsi que sa p<strong>en</strong>sée. Ca veut dire aussi se<br />
cultiver intellectuellem<strong>en</strong>t. En effet, la situation que décrit Candi<strong>de</strong> dans ce chapitre<br />
est aussi la situation <strong>de</strong> Voltaire à Carnet. La conclusion <strong>de</strong> ce conte est très<br />
sibylline. Leçon <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>stie et <strong>de</strong> simplicité qui donne à l’homme une place<br />
acceptée dans une situation matériellem<strong>en</strong>t supportable.<br />
III.<br />
L’évolution <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux protagonistes<br />
Un protagoniste est un personnage principal et c’est moi. Pangloss est le maître à<br />
p<strong>en</strong>ser <strong>de</strong> Candi<strong>de</strong>. Bi<strong>en</strong> qu’il ait beaucoup douté, il ne l’a jamais confronté.<br />
Dans ce texte Candi<strong>de</strong> coupe la parole à Pangloss 2 fois. C’est Candi<strong>de</strong> qui a le<br />
<strong>de</strong>rnier mot : le maître a perdu tout son prestige aux yeux <strong>de</strong> Candi<strong>de</strong>.<br />
R<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s rôles par rapport a l’incipit.<br />
A. Candi<strong>de</strong><br />
Candi<strong>de</strong> apparaît mûrit. Il a tiré profit <strong>de</strong> ses expéri<strong>en</strong>ces, <strong>de</strong> son voyage initiatique et<br />
<strong>de</strong> ses observations Il a <strong>en</strong> plus acquis <strong>de</strong> l’autorité, et il peut même juger <strong>de</strong> luimême.<br />
Candi<strong>de</strong> est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u philosophe. D’après Voltaire, un philosophe est<br />
quelqu'un qui possè<strong>de</strong> un esprit critique sur un raisonnem<strong>en</strong>t qui lui est propre.<br />
Candi<strong>de</strong> est au début un personnage sans épaisseur. Il acquiert une dim<strong>en</strong>sion<br />
patriarcale car c’est le chef, figure c<strong>en</strong>trale <strong>de</strong> la communauté, celui dont la parole<br />
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ésume et rassemble. Sa fonction n’est plus d’apporter une contradiction à Pangloss,<br />
il est désormais le maître financier et intellectuelle.<br />
B. Pangloss<br />
Contrairem<strong>en</strong>t a Candi<strong>de</strong>, Pangloss n’a pas évolué. Il s’<strong>en</strong>tête dans <strong>de</strong>s<br />
raisonnem<strong>en</strong>ts qui tourn<strong>en</strong>t à vi<strong>de</strong>. Il est incapable <strong>de</strong> p<strong>en</strong>ser par lui-même car son<br />
premier raisonnem<strong>en</strong>t est « selon le rapport <strong>de</strong> tous ». Il se réfère <strong>en</strong> effet a la bible<br />
« Ut operatum eum » = « pour qu’il travailla » et aux philosophes. C’est pourquoi<br />
Pangloss ne maîtrise pas les théories dont il adhère. Raisonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> fausse<br />
logique. Toute l’ironie du faux rapport logique dans « les cédrats confits et<br />
pistaches ». Il n’a jamais été philosophe car il n’a pas aptitu<strong>de</strong> à modifier son<br />
jugem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong>s informations qu’il <strong>en</strong>registre<br />
Conclusion Générale<br />
Candi<strong>de</strong> est un conte et on aurait pu s’att<strong>en</strong>dre à un dénouem<strong>en</strong>t heureux du conte.<br />
Mais c’est un conte philosophique. Ce n’est pas merveilleux mais Candi<strong>de</strong> trouve<br />
une paix dans un choix <strong>de</strong> vie supportable bi<strong>en</strong> loin <strong>de</strong>s rêves <strong>de</strong> l’Eldorado. Ce<br />
choix est un aboutissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> tout un parcours et bi<strong>en</strong> que ce ne soit pas<br />
merveilleux il ne dép<strong>en</strong>d plus <strong>de</strong>s caprices du sort.<br />
Le héros se libère <strong>de</strong>s illusions du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance pour <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong>fin adulte et<br />
autonome ce qui est le projet même <strong>de</strong>s lumières.<br />
(1773, Voltaire écrit a D’Alembert : « si j’ai <strong>en</strong>core quelque temps à vivre, je le<br />
passerai a cultiver mon jardin comme Candi<strong>de</strong>. J’ai assez vécu comme lui »)<br />
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