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Infection à parvovirus B19 et transplantation rénale

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articles originaux<br />

une copie d’ADN simple brin linéaire de 5,4 kb de long, de polarité<br />

positive ou négative. Le génome du <strong>B19</strong> a des extrémités 3’<br />

<strong>et</strong> 5’ qui s’autohybrident sur elles-mêmes en raison de l’existence<br />

de séquences complémentaires palindromiques. 8 La région<br />

gauche du génome (nucléotides 427 <strong>à</strong> 2449) code pour une protéine<br />

régulatrice de 671 acides aminés, la NS1, indispensable <strong>à</strong> la<br />

réplication virale. 9 La région droite du génome (nucléotides 2897<br />

<strong>à</strong> 3749) code pour deux protéines structurales VP1 (viral protein)<br />

<strong>et</strong> VP2 représentant respectivement les composants mineur (4%)<br />

<strong>et</strong> majeur (96%) de la capside virale. 9<br />

●<br />

Tropisme cellulaire<br />

A partir de sa porte d’entrée, le virus diffuse dans l’organisme<br />

en direction de ses cellules cibles. Récemment, le récepteur<br />

cellulaire du PV<strong>B19</strong> a été identifié. Il s’agit d’un glycosphingolipide<br />

neutre membranaire appelé globoside (Gb4) 10 connu<br />

comme étant un antigène du système de groupe érythrocytaire<br />

P. Sur des cultures de moelle osseuse in vitro, l’utilisation d’anticorps<br />

monoclonaux anti-Gb4 <strong>et</strong> de leurre Gb4 exogène confère<br />

une résistance <strong>à</strong> l’infection par le PV<strong>B19</strong>. 10,11 Un eff<strong>et</strong> identique<br />

est obtenu par l’utilisation de moelle osseuse provenant de suj<strong>et</strong>s<br />

phénotypiquement négatifs pour le Gb4. 10,11<br />

Le Gb4 est présent chez l’homme non seulement sur les érythrocytes<br />

<strong>et</strong> leurs précurseurs médullaires mais aussi sur les cellules<br />

de la lignée mégacaryocytaire, les cellules endothéliales, les<br />

fibroblastes <strong>et</strong> de nombreux tissus d’origine mésodermique (rein,<br />

cœur, poumon, cartilage). 12 C<strong>et</strong>te distribution tissulaire se calque<br />

strictement sur le spectre clinique <strong>et</strong> biologique des infections<br />

par le PV<strong>B19</strong>.<br />

La pénétration virale est donc possible dans un grand nombre<br />

de cellules, cependant, seuls les précurseurs érythroïdes sont permissifs<br />

<strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent la réplication virale. 13 C<strong>et</strong>te spécificité pourrait<br />

être due au fait que la réplication virale nécessite des facteurs<br />

de transcription spécifiques de la lignée érythrocytaire.<br />

La mort cellulaire induite par l’infection virale se fait par deux<br />

voies distinctes: une lyse cellulaire par toxicité directe de certaines<br />

protéines virales, <strong>et</strong> une induction de l’apoptose par interaction<br />

de la protéine NS1 avec la voie de signalisation du récepteur<br />

au TNF alpha. 14<br />

■ <strong>Infection</strong> chez le suj<strong>et</strong><br />

immunocompétent<br />

●<br />

Epidémiologie<br />

Le PV<strong>B19</strong> est un virus ubiquitaire. Les infections <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong>, fréquentes,<br />

évoluent le plus souvent sous forme d’épidémie<br />

hiverno-printanière. La séroprévalence du virus augmente avec<br />

l’âge: de 10% entre un <strong>et</strong> cinq ans, elle augmente rapidement <strong>à</strong><br />

60% durant la période scolaire pour atteindre 90% chez les<br />

suj<strong>et</strong>s âgés. 15<br />

Le virus est présent dans les sécrétions respiratoires des suj<strong>et</strong>s<br />

infectés <strong>et</strong> la transmission se fait par contact direct. Une transmission<br />

verticale entre la mère <strong>et</strong> le fœtus est aussi possible. 16<br />

Enfin, une contamination par transfusion sanguine a été décrite<br />

avec un risque estimé <strong>à</strong> 1/3300. 17 En eff<strong>et</strong>, le PV<strong>B19</strong> étant thermostable<br />

<strong>et</strong> dépourvu d’enveloppe lipidique, il ne peut être<br />

308<br />

détruit par les procédés physicochimiques utilisés aujourd’hui<br />

pour l’inactivation du VIH <strong>et</strong> des virus des hépatites.<br />

●<br />

Clinique<br />

Des infections expérimentales chez des volontaires sains non<br />

immuns ont permis d’étudier le déroulement des infections <strong>à</strong><br />

PV<strong>B19</strong> in vivo. 18 La symptomatologie évolue en deux phases:<br />

une fébricule, une sensation de malaise <strong>et</strong> des courbatures marquant<br />

la phase virémique autour du huitième jour, puis au cours<br />

de la troisième semaine, certains patients présentent un rash<br />

cutané <strong>et</strong>/ou des douleurs articulaires. 18<br />

A côté de c<strong>et</strong>te primo-infection d’allure banale, le PV<strong>B19</strong><br />

peut aussi être <strong>à</strong> l’origine de manifestations cliniques plus spécifiques.<br />

Chez l’enfant, il est responsable du mégalérythème épidémique,<br />

ou cinquième maladie, caractérisé par un rash maculopapuleux<br />

débutant au niveau du visage <strong>et</strong> s’étendant au tronc <strong>et</strong><br />

aux extrémités avant de disparaître après cinq <strong>à</strong> neuf jours. Chez<br />

l’adulte, l’atteinte cutanée est moins fréquente <strong>et</strong> la symptomatologie<br />

articulaire prédomine, surtout chez la femme jeune, sous<br />

la forme de polyarthralgies symétriques, régressant habituellement<br />

en deux <strong>à</strong> trois semaines mais qui peuvent se chroniciser<br />

dans 10% des cas. 19<br />

Chez les suj<strong>et</strong>s ayant une érythropoïèse normale, l’infection <strong>à</strong><br />

PV<strong>B19</strong> entraîne une érythroblastopénie qui reste cliniquement<br />

inapparente car de durée brève. En revanche, chez les suj<strong>et</strong>s<br />

ayant une destruction globulaire accélérée (anémies hémolytiques<br />

chroniques), l’infection peut aboutir <strong>à</strong> une érythroblastopénie<br />

aiguë <strong>et</strong> profonde s’exprimant par une anémie sévère. 20,21<br />

D’autres manifestations cliniques ont aussi été rattachées au<br />

PV<strong>B19</strong>: augmentation du risque de mort fœtale <strong>et</strong> d’anasarque<br />

fœto-placentaire en cas d’infection chez la femme enceinte, 22<br />

manifestations rhumatologiques multiples, 23 vascularites, 24,25<br />

myocardites, 26 <strong>et</strong>c.<br />

Enfin, en <strong>transplantation</strong> d’organe des infections <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong><br />

ont été décrites après tout type d’organe transplanté. En dehors<br />

des manifestations généralement liées au PV<strong>B19</strong> telles que l’anémie<br />

ou la pancytopénie, des cas de pneumonies, de myocardites<br />

<strong>et</strong> d’hépatites ont été rapportés. 27<br />

■ <strong>Infection</strong> <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong> en <strong>transplantation</strong><br />

<strong>rénale</strong><br />

Si l’infection <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong> est le plus souvent <strong>à</strong> l’origine d’une<br />

symptomatologie bénigne <strong>et</strong> brève chez le suj<strong>et</strong> immunocompétent<br />

du fait d’une élimination rapide du virus, le problème est<br />

tout autre chez les suj<strong>et</strong>s immunodéprimés. Ainsi, des cas d’infections<br />

chroniques ont été décrits chez des patients porteurs du<br />

VIH, 28 présentant un déficit immunitaire congénital, 29 atteints de<br />

leucémie ou de lymphome 30 <strong>et</strong> enfin chez des patients ayant<br />

bénéficié d’une <strong>transplantation</strong> d’organe en particulier d’une<br />

<strong>transplantation</strong> <strong>rénale</strong>. 6<br />

●<br />

Epidémiologie<br />

La prévalence des infections <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong> en <strong>transplantation</strong><br />

<strong>rénale</strong> est difficile <strong>à</strong> estimer car l’ensemble des cas rapportés l’est<br />

sous forme de « case report » ou de très p<strong>et</strong>ites séries. Par<br />

Néphrologie Vol. 24 n° 6 2003

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