Infection à parvovirus B19 et transplantation rénale
Infection à parvovirus B19 et transplantation rénale
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articles originaux<br />
ordre d’idée, un cas de réinfection par une nouvelle souche<br />
virale, favorisée par le traitement immunosuppresseur, a été rapporté<br />
par Pillay <strong>et</strong> coll. 35<br />
Enfin, une transmission du virus par le biais du greffon rénal<br />
est aussi envisageable comme décrit par Bertoni <strong>et</strong> coll. 36 ou<br />
Uemura. 37 Cependant, devant la faible prévalence des infections<br />
<strong>à</strong> PV<strong>B19</strong> en <strong>transplantation</strong> <strong>rénale</strong> malgré une séroprévalence<br />
importante dans la population générale, un dépistage systématique<br />
chez les donneurs ne semble pas indiqué.<br />
● Complications de l’infection <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong><br />
en <strong>transplantation</strong> <strong>rénale</strong><br />
La complication de loin la plus fréquente de l’infection <strong>à</strong><br />
PV<strong>B19</strong> après <strong>transplantation</strong> <strong>rénale</strong> est l’anémie puisqu’elle<br />
touche 100% des cas décrits (tableau I). Il s’agit d’une anémie<br />
normocytaire, normochrome, arégénérative avec réticulopénie<br />
quasi complète. Le diagnostic de l’anémie chez ces patients n’est<br />
pas sans poser de problème tant les causes d’anémie en début<br />
de <strong>transplantation</strong> <strong>rénale</strong> sont multiples avec en particulier les<br />
saignements postopératoires, le syndrome inflammatoire engendré<br />
par les décollements tissulaires, la reprise r<strong>et</strong>ardée de fonction<br />
<strong>rénale</strong>, les toxicités médicamenteuses, <strong>et</strong>c. Le caractère arégénératif<br />
de l’anémie avec réticulopénie quasi complète doit<br />
orienter le diagnostic <strong>et</strong> pousser <strong>à</strong> réaliser des investigations supplémentaires,<br />
en particulier un myélogramme.<br />
L’importance de l’érythroblastopénie chez ces suj<strong>et</strong>s peut<br />
être majorée par l’administration d’érythopoïétine recombinante.<br />
En eff<strong>et</strong>, la stimulation induite de l’érythropoïèse offre au<br />
virus une majorité de cellules érythroblastiques en activité de<br />
synthèse d’ADN ou de division, remplissant toutes les conditions<br />
pour l’obtention d’un cycle compl<strong>et</strong> de réplication virale. Toutes<br />
les cellules permissives sont donc lysées laissant une moelle<br />
déplétée en précurseurs érythrocytaires.<br />
Si la lignée rouge est de loin la plus fréquemment touchée<br />
par l’infection <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong>, les autres lignées sanguines peuvent<br />
elles aussi présenter des anomalies. La thrombopénie est expliquée<br />
par la capacité qu’a le virus <strong>à</strong> parasiter la lignée mégacaryocytaire.<br />
Bien que non permissive, c<strong>et</strong>te lignée cellulaire qui<br />
exprime le globoside Gb4, subit les eff<strong>et</strong>s délétères de certaines<br />
protéines virales. La leucopénie <strong>et</strong> la lymphopénie, elles, sont<br />
probablement dues aux interactions entre antigènes viraux, cellules<br />
immunocompétentes <strong>et</strong> cytokines comme au cours des<br />
autres infections virales.<br />
Outre l’atteinte médullaire, de nombreuses autres complications<br />
des infections <strong>à</strong> PVB 19 après <strong>transplantation</strong> <strong>rénale</strong> ont été<br />
récemment décrites.<br />
En premier lieu viennent les atteintes <strong>rénale</strong>s. La première<br />
observation remonte <strong>à</strong> 1992 lorsque Leray <strong>et</strong> coll. ont décrit un<br />
cas d’insuffisance <strong>rénale</strong> aiguë spontanément résolutive associée<br />
<strong>à</strong> une infection <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong> chez une ancienne toxicomane. Malheureusement,<br />
le type histologique de l’atteinte <strong>rénale</strong> n’a pas<br />
été précisé. 38 Par la suite, quatre cas de microangiopathie thrombotique<br />
(MAT) associés <strong>à</strong> une primo-infection <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong> après<br />
<strong>transplantation</strong> <strong>rénale</strong> ont été rapportés. 39 La coïncidence de survenue<br />
dans le temps entre MAT <strong>et</strong> infection <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong>, la mise en<br />
évidence d’ADN viral dans les biopsies <strong>rénale</strong>s de ces patients <strong>et</strong><br />
l’existence du récepteur du PV<strong>B19</strong> (globoside Gb4) sur les cellules<br />
endothéliales sont autant d’arguments pour une relation de<br />
cause <strong>à</strong> eff<strong>et</strong> entre ces deux pathologies.<br />
310<br />
On note par ailleurs, un cas de « collapsing glomerulopathy »<br />
décrit en association avec une infection <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong> après <strong>transplantation</strong><br />
<strong>rénale</strong>. 40 Chez le suj<strong>et</strong> non transplanté, le PV<strong>B19</strong> a aussi<br />
été incriminé dans la survenue de « collapsing glomerulopathy ».<br />
Il a ainsi été montré par PCR que la prévalence de l’ADN du<br />
PV<strong>B19</strong> dans les biopsies <strong>rénale</strong>s de patients atteints de « collapsing<br />
glomerulopathy » est significativement plus élevée que celle<br />
d’une population témoin. En hybridation in situ, c<strong>et</strong> ADN est<br />
localisé dans les cellules épithéliales <strong>rénale</strong>s (viscérales <strong>et</strong>/ou<br />
pariétales) qui sont les cellules directement impliquées dans la<br />
physiopathologie de ce type de néphropathie. Par ailleurs, c<strong>et</strong>te<br />
localisation intracellulaire perm<strong>et</strong> d’éliminer une contamination<br />
des biopsies par du sang circulant PV<strong>B19</strong> positif. 6,41 Une association<br />
entre PV<strong>B19</strong> <strong>et</strong> purpura rhumatoïde a aussi été évoquée 42 <strong>et</strong><br />
plusieurs cas de glomérulonéphrite proliférative endocapillaire<br />
ont été décrits. 43,44<br />
Enfin, chez l’animal, des cas de néphrites interstitielles sans<br />
atteinte glomérulaire ont été rapportés au cours d’infection <strong>à</strong><br />
<strong>parvovirus</strong>. 45<br />
Les infections <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong> après <strong>transplantation</strong> <strong>rénale</strong> sont aussi<br />
<strong>à</strong> l’origine d’atteintes hépatiques allant de la simple perturbation<br />
biologique du bilan hépatique <strong>à</strong> une hépatite fulminante. 46-49<br />
De plus, un cas d’hépatite cholestatique fibrosante associée au<br />
PV<strong>B19</strong> a été rapporté. 50<br />
En dehors du cadre de la <strong>transplantation</strong> <strong>rénale</strong>, d’autres<br />
complications liées au PV<strong>B19</strong> ont été signalées. Plusieurs cas de<br />
myocardite aiguë ont ainsi été décrits dans la population générale<br />
26 <strong>et</strong> après <strong>transplantation</strong> cardiaque 51 dont certains ont<br />
abouti au décès des patients. Enfin, le PV<strong>B19</strong> a été associé <strong>à</strong> de<br />
nombreuses maladies systémiques: périartérite noueuse, 24 maladie<br />
de Wegener, 52 lupus érythémateux. 53<br />
■ Diagnostic de l’infection <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong><br />
La mise en évidence des particules virales dans le sérum ou<br />
la moelle osseuse n’est pas d’usage courant. En eff<strong>et</strong>, la culture<br />
du PV<strong>B19</strong> n’est obtenue que par inoculation des prélèvements<br />
sur des cellules fraîches de moelle humaine provenant de donneur<br />
sain. C’est une technique lourde <strong>et</strong> coûteuse réservée <strong>à</strong> la<br />
recherche.<br />
Le diagnostic direct de l’infection par le PV<strong>B19</strong> va donc reposer<br />
sur des techniques de biologie moléculaire qui m<strong>et</strong>tent en<br />
évidence la présence de l’ADN viral. L’hybridation moléculaire<br />
selon la technique de dot blot perm<strong>et</strong> de détecter la présence<br />
d’environ 10 6 particules virales par millilitre de sérum. La mise en<br />
évidence directe du PV<strong>B19</strong> dans les tissus atteints est possible<br />
par l’hybridation in situ. La PCR utilise des amorces qui perm<strong>et</strong>tent<br />
d’amplifier un fragment du gène codant pour les protéines<br />
structurales virales. Elle perm<strong>et</strong> de détecter jusqu’<strong>à</strong> dix particules<br />
virales par millilitre de sérum.<br />
Le diagnostic indirect de l’infection <strong>à</strong> PV<strong>B19</strong> repose sur la<br />
sérologie qui fait appel <strong>à</strong> des techniques d’immunocapture ou<br />
d’immunofluorescence avec révélation isotopique ou enzymatique.<br />
Des anticorps IgG <strong>et</strong> IgM sont détectables par ces tests. La<br />
présence d’IgM spécifiques témoigne d’une primo-infection<br />
récente (moins de six mois), tandis que la présence d’IgG seule<br />
signe une infection ancienne.<br />
Néphrologie Vol. 24 n° 6 2003