Images du désir - Activités culturelles de l'Université de Genève
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Éditorial<br />
par Charlotte Rey<br />
Le propre <strong>du</strong> cinéma est <strong>de</strong> susciter quelque<br />
chose chez le spectateur, que ce soit <strong>de</strong> la<br />
fascination, <strong>de</strong> la peur ou encore <strong>de</strong> la joie. Ce<br />
quelque chose, comment en parler quand il s’agit <strong>du</strong><br />
désir charnel, parfois tendre et toujours impulsif Le<br />
choc <strong>de</strong>s corps sublimés dans la petite mort n’est que<br />
l’ultime étape <strong>de</strong> tout ce que comprend l’érotisme.<br />
Avant le choc, le glissement. Un regard, un geste et<br />
l’imagination s’emballe.<br />
La littérature évoque sans pouvoir montrer. Pour<br />
leur part, la peinture et la photographie laissent à la<br />
force <strong>de</strong> l’évocation ce qui relève <strong>de</strong> la progression, <strong>du</strong><br />
mouvement, <strong>de</strong> ce qui, au fond, rend chaque instant<br />
éphémère. Au cinéma toutes les conditions semblent<br />
réunies pour offrir une représentation concrète <strong>de</strong> la<br />
montée effrénée ou lascive <strong>du</strong> désir. Mais cette force<br />
peut <strong>de</strong>venir aussi une faiblesse. Dans la représentation<br />
cinématographique <strong>du</strong> désir, quelle place, en<br />
effet, reste-t-il à l’évocation, à l’imaginaire Certains<br />
affirment que le cinéma in<strong>du</strong>it l’obscénité. Le texte ou<br />
l’image fixe, qui sont également la proie <strong>de</strong> la censure,<br />
ne sont cependant pas en reste. Toujours, la morale a<br />
posé <strong>de</strong>s limites à ne pas franchir avec une censure<br />
restreignant l’expression <strong>de</strong> l’imagination et <strong>de</strong> la<br />
pensée.<br />
Dans ce contexte, la notion d’érotisme occupe un<br />
espace indéfini qui varie d’une époque, d’une culture,<br />
d’une tradition à l’autre: ce qui gêne les uns est accepté<br />
par les autres. Plus que <strong>de</strong> s’attacher à une définition<br />
puritaine <strong>de</strong> l’érotisme qui consiste à le rattacher<br />
à une part d’ombre, <strong>de</strong> caché, <strong>de</strong> non-représentable,<br />
l’enjeu consiste à délimiter ce qui est montrable, et à<br />
reconnaître comment ce montrable s’est fondamentalement<br />
déplacé au cours <strong>de</strong>s siècles.<br />
Dans cette revue portant sur les <strong>Images</strong> <strong>du</strong> désir,<br />
les différentes formes que prend l’érotisme cinématographique<br />
en fonction <strong>de</strong>s cultures et <strong>de</strong>s époques<br />
seront questionnées: comment est-il représenté Lors<br />
<strong>de</strong> la libération <strong>de</strong>s mœurs, comment est-il exulté Et<br />
quand <strong>de</strong>vient-il au contraire objet <strong>de</strong> dégoût Dans<br />
tous les cas, le corps désiré n’est jamais représenté<br />
uniquement pour lui-même, simplement dans sa<br />
beauté ou sa lai<strong>de</strong>ur: il sert davantage comme arme;<br />
une arme <strong>de</strong> sé<strong>du</strong>ction, ou une arme permettant <strong>de</strong><br />
défendre <strong>de</strong>s idées politiques.<br />
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