Images du désir - Activités culturelles de l'Université de Genève

de Dante, donne l’impression d’être pris dans une
mécanique de l’horreur, et accroît par là même le sentiment
de nausée qui s’installe en nous petit à petit.
L’amour comme acte de résistance politique
Dans ce contexte, pas de place pour le plaisir gratuit
et encore moins pour l’amour: placés en zone
interdite dans le château, l’amour et le plaisir, quand
ils surgissent, par exemple, entre un pensionnaire et
une servante, sont sanctionnés comme des actes de
transgression intolérables, et punis de peine de mort
immédiate. Car dans une société totalitaire, régie
par les lois de la consommation d’autrui et des corps,
l’amour et le plaisir apparaissent comme des actes de
résistance politique ultime.
comme le dit Pasolini, «scandaliser est un droit et être
scandalisé est un plaisir. Et celui qui refuse le plaisir
est, comme on dit, un moraliste».
On peut arguer que paradoxalement, la satisfaction
qu’apporte un tel film est plutôt d’ordre intellectuel
et critique en ce que ses outrances dénoncent
des dérives et agissent, par la nausée, comme une
sorte de repoussoir: une thérapeutique par l’excès en
somme, une dénonciation cathartique de la nudité et
de l’érotisme comme moyen d’asservissement, voire
d’oppression. Salò serait donc en dernière analyse
non pas un film érotique, mais un film anti-érotique
qui jouerait le rôle d’agent révélateur, un peu comme
un miroir qui nous permet de mieux voir un objet,
alors même que son image est inversée.
L’anti-érotisme de Salò
Salò est moins un film sur la sexualité qu’un film
philosophique sur le pouvoir et ses dérives fascistes.
Un film politique qui nous fait réfléchir sur le pouvoir,
la soumission, l’autorité, et la réification d’autrui.
Peut-on dès lors encore parler d’érotisme dans ce
contexte Si la plupart des spectateurs ne ressentiront
aucune excitation à la vision du film, d’aucuns
trouveront tout de même, dans le côté extrême de
cette expérience cinématographique, une forme de
plaisir scopique ou un plaisir de transgression. Car
Du goût des corps
LOCO motion nous a fait voir des chairs mêlées de mécanique, des anatomies
humaines en effort, le déplacement de l’individu grâce aux moyens de transport. Les
corps enflammés, l’érotisme et la volupté sont à l’honneur dans Images du désir.
Denis, dont le cinéma témoigne d’une fascination pour la morphologie humaine, les
jeux de regard, la gestuelle et la texture de la peau.
Cette année, le Ciné-club a mis du corps à l’ouvrage…
Ce voyage charnel s’achèvera ce printemps avec une rétrospective consacrée à Claire
35