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voir le texte - OPI des Tescou's

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L´occitan – une langue de l´avenir<br />

(Peter Cichon, Université de Vienne/Autriche)<br />

I) Permettez-moi de commencer mon intervention sur l´avenir de l´occitan avec une petite<br />

digression : Voir venir un al<strong>le</strong>mand vous par<strong>le</strong>r de l´occitan peut vous paraître surprenant et<br />

même prétentieux. Et cela à juste titre – je m´imagine un français qui arrive en Westphalie,<br />

ma région nata<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> nord de l´Al<strong>le</strong>magne, pour me par<strong>le</strong>r du bas-al<strong>le</strong>mand ou à Vienne où<br />

je vie depuis vingt ans pour me par<strong>le</strong>r du viennois, du tyrolien ou du styrien.<br />

Vous trouvez la même situation dans <strong>le</strong>s sciences, p.ex. dans <strong>le</strong> domaine de la<br />

sociolinguistique qui est ma spécialité: on reproche souvent aux chercheurs étrangers d´être<br />

trop peu familiarisés avec <strong>le</strong>s spécificités de la société examinée pour bien comprendre ses<br />

habitu<strong>des</strong> linguistiques et pour <strong>le</strong>s pou<strong>voir</strong> décrire convenab<strong>le</strong>ment. Un tel jugement est vrai<br />

et faux à la fois. Il est vrai si 'convenab<strong>le</strong>ment' signifie <strong>voir</strong> avec <strong>le</strong>s yeux <strong>des</strong> membres de la<br />

société en question. Or l'étranger, n'étant pas actant, mais seu<strong>le</strong>ment observateur, n´a pas cette<br />

possibilité. Par contre, il est faux si l'on admet que d'autres accès, d'autres perspectives<br />

peuvent contribuer à une connaissance plus approfondie.<br />

Il est évident qu'en tant qu'étranger je n'ai pas vécu <strong>le</strong>s mêmes conditions et <strong>le</strong>s formes de<br />

socialisation linguistiques que vous, je n'ai pas internalisé <strong>le</strong>s mêmes lignes de conduite et <strong>le</strong>s<br />

mêmes évaluations culturel<strong>le</strong>s, je n'ai pas la même notion du normal et de l'exceptionnel. Par<br />

conséquent, il est fort probab<strong>le</strong> qu'en tant qu'externe j'interprète certains phénomènes sociaux<br />

d'une autre manière que <strong>le</strong>s internes. Mais à mon avis c'est justement cette différence d'accès<br />

qui comporte une chance, cel<strong>le</strong> d'acquérir <strong>des</strong> connaissances complémentaires. Cette chance<br />

épistémologique de l'étranger en tant qu´examinateur est cel<strong>le</strong> d'un enfant qui ne cesse de<br />

s'émerveil<strong>le</strong>r devant <strong>le</strong> monde et qui essaie de sonder <strong>le</strong> sens profond de tout phénomène. Le<br />

dramaturge George Tabori, Hongrois de naissance, illustre ce que je viens de dire, lorsqu´on<br />

lui décerne en 1992 <strong>le</strong> prix littéraire al<strong>le</strong>mand Georg Büchner:<br />

“[...] J'aime cette langue [l'al<strong>le</strong>mand, P.C.], bien que je ne la possède pas entièrement.<br />

Mais c'est un avantage pour l'étranger qui veut rester étranger, car ça lui permet de<br />

garder sa 'troisième oreil<strong>le</strong>', de sorte qu'il puisse, avec la curiosité de l'étranger, prendre<br />

<strong>le</strong>s mots au pied de la <strong>le</strong>ttre et fourrager dans <strong>le</strong>s intestins de la langue [...]“<br />

Bénéficier de la chance de l'étranger dans la recherche sociologique ou sociolinguistique<br />

consiste donc à capitaliser sa relative distance par rapport à son objet de recherche:<br />

a) Tandis que <strong>le</strong> scientifique occitan qui analyse <strong>le</strong> contact/conflit franco-occitan ou la<br />

conscience linguistique <strong>des</strong> locuteurs risque d'être lui-même assujetti aux effets <strong>des</strong><br />

phénomènes qu'il examine, l'étranger peut aborder son sujet sans émotion et de manière<br />

plus neutre et objective.<br />

b) Grâce à cette distance relative, <strong>le</strong> scientifique étranger peut sonder <strong>le</strong> “naturel“ apparent.<br />

Dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur cas, il peut parvenir à faire remonter à la conscience <strong>des</strong> locuteurs <strong>le</strong>urs<br />

pratiques socia<strong>le</strong>s (p. ex. langagières) patinées par la routine ou bien refoulées<br />

psychologiquement et permettre ainsi une vérification de <strong>le</strong>ur utilité socia<strong>le</strong>.<br />

c) En outre, l'étranger peut plus faci<strong>le</strong>ment aborder <strong>des</strong> tabous. Chaque société connaît <strong>des</strong><br />

interprétations de son histoire ou <strong>des</strong> règ<strong>le</strong>s de fonctionnement internes qui sont guère<br />

thématisés, car inconsciemment on craint de mettre en question <strong>le</strong> fondement de sa<br />

propre identité en <strong>le</strong>s soumettant à une révision. Deux expériences que j'ai faites lors de<br />

mes propres recherches peuvent illustrer la remarque précédente :


2<br />

Dans <strong>le</strong> cadre d'une recherche sur la situation de l'occitan dans <strong>le</strong> système scolaire<br />

français, réalisée au cours <strong>des</strong> années 80, j'ai effectué une série d'interviews de longue<br />

durée avec un certain nombre de professeurs de collège et de lycée qui enseignent<br />

l'occitan. Et là j'ai dû constater que malgré <strong>des</strong> programmes scolaires d'occitan souvent<br />

détaillés ils avaient à peine réfléchi sur la question de sa<strong>voir</strong> en fonction de quel but<br />

social, de quel<strong>le</strong> répartition socia<strong>le</strong> entre l'occitan et <strong>le</strong> français ils munissaient <strong>le</strong>urs<br />

élèves d'une compétence en occitan. En insistant sur la question, bon nombre d´entre eux<br />

admettaient qu´ils craignaient qu'un approfondissement de cette question <strong>le</strong>s oblige à<br />

reconnaître l'échec social de l'occitan.<br />

J´ai pu faire une autre observation du même genre en Suisse où j'ai réalisé une enquête<br />

sur <strong>le</strong> comportement linguistique <strong>des</strong> Romands en contact avec <strong>des</strong> Suisses al<strong>le</strong>mands.<br />

Nous savons tous que par rapport au contact <strong>des</strong> langues dans d'autres pays européens la<br />

coprésence <strong>des</strong> langues en Suisse fonctionne de manière assez paisib<strong>le</strong>, mais cela<br />

n'empêche pas qu'el<strong>le</strong> ait connu et connaisse encore <strong>des</strong> situations de conflit (il suffit de<br />

penser à la séparation de la partie francophone du canton de Berne pour former un propre<br />

canton - <strong>le</strong> canton du Jura - dans <strong>le</strong>s années 70). L'existence de ce genre de conflit semb<strong>le</strong><br />

être systématiquement nié dans <strong>le</strong> discours public suisse. Or, <strong>le</strong> refou<strong>le</strong>ment systématique<br />

<strong>des</strong> conflits latents qui souvent sont de courte durée et pourraient être faci<strong>le</strong>ment résolus,<br />

risque de nourrir de véritab<strong>le</strong>s tensions interethniques. Ici pour l'étranger, il est plus aisé<br />

de sensibiliser à <strong>des</strong> développements problématiques.<br />

d) Enfin, l'étranger a plus de facilités à faire <strong>des</strong> analyses contrastives et à présenter <strong>des</strong><br />

solutions alternatives à <strong>des</strong> problèmes sociaux ou sociolinguistiques. A l'intérieur d'une<br />

société, <strong>le</strong>s solutions envisagées sont souvent <strong>le</strong>s mêmes, tandis qu´entre <strong>le</strong>s sociétés el<strong>le</strong>s<br />

peuvent bien diverger.<br />

En somme, il me semb<strong>le</strong> que pour parvenir à une meil<strong>le</strong>ure compréhension <strong>des</strong><br />

fonctionnements sociolinguistiques, on devrait combiner <strong>le</strong> regard de l´intérieure et celui de<br />

l'extérieur.<br />

II) Je suis donc un étranger, mais pourtant la situation de l´occitan m´est assez familière. J´ai<br />

passé toute une année dans <strong>des</strong> fermes occitans – au pied du Mont Ventoux, sur <strong>le</strong> Larzac, aux<br />

a<strong>le</strong>ntours d´Agen, près de Grenade sur Garonne est évidemment ici, plus précisément à<br />

Monclar-de-Quercy chez <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s Robert et Yves Linas – pour apprendre la langue du<br />

pays. J´ai ramassé <strong>des</strong> prunes, j´ai taillé la vigne, j´ai même eu la possibilité de traire <strong>des</strong><br />

brebis – 504 <strong>le</strong> matin et 504 <strong>le</strong> soir, et à travers tout cela je suis tombé amoureux de la langue<br />

et de la culture occitanes. Donc je crains de ne pas disposer pas vraiment de cette distance<br />

affective du chercheur étranger dont je viens de par<strong>le</strong>r.<br />

Etant romaniste al<strong>le</strong>mand, je proviens d´un monde universitaire qui depuis toujours a eu<br />

beaucoup d´affinité pour la langue et la culture occitane. Laissez-moi donc vous par<strong>le</strong>r un peu<br />

de l´occitan dans <strong>le</strong> monde universitaire germanophone et commençons par l´université de<br />

Vienne où j´enseigne.<br />

Parlar coma romanista Vienés de la situacion de l´occitan al nivèl universitari es un<br />

ofici puslèu agradiu perque la situacion q´avèm ailà es favorabla a la <strong>le</strong>nga – i sèm tres<br />

professors (Georg Kremnitz, Fritz-Peter Kirsch et ièu)<br />

- (a) qu´asseguram regularament de seminaris comp<strong>le</strong>tament o per lo mens parcialament<br />

dedicats a la linguistica e la literatura occitanas,<br />

- (b) paral<strong>le</strong>lament iniciam cada an dins un cors de <strong>le</strong>nga un detzenat d´estudiants a l<br />

´occitan referencial


3<br />

- (c) e los tres ensems capitam a crear un sòl noiriçièr, del que sortisson bon nombre de<br />

memòrias e de tèsis de doctorat.<br />

Cresi que dins tot monde germanoparlant i a pas d´universitat mai occitanisada que la de<br />

Viena. Alavetz parlar de l´occitan coma romanista vienés fornís un imatge un pauc atipic.<br />

Caquela l´istòria dels estudis occitans o estudis provençals cossi s´apelavan dins lo<br />

passat dins las universitats de <strong>le</strong>nga a<strong>le</strong>manda, comencèt d´un biais glorios. Tot lo long del<br />

sèg<strong>le</strong> detz-e-nòu e cap a la segonda guèrra mondiala l´occitan et los estudis occitans èran plan<br />

ancorats dins lo domeni dels estudis romans; cada romanista de renommat sabiá <strong>le</strong>gir los<br />

trobadors dins la <strong>le</strong>nga originala e consacrava una partida de son ensenhament y de sa recerca<br />

cientifica a aquesta <strong>le</strong>nga. I a de monde que sosten l´ipotèsi que lo caractèr especific –<br />

romantic - dels estudis occitans dins lo monde germanoparlant – e que consistís dins una<br />

amira pancronica e dins l´integracion d´estudis literaris e linguistics - es una de las rasons qu<br />

´en A<strong>le</strong>manha e Austria avèm totjorn d´ estudis romans que se son pas subdivisat dins una<br />

tièra de filologías nacionalas coma dins d´autres paises. E naturalament se discutís fòrça d´ont<br />

ven aqueste grand interés dels universitaris a<strong>le</strong>mands per l´occitan. Se crei que i doas rasons,<br />

doas rasons que se succedisson. Abans l´impèri a<strong>le</strong>mand de 1871 i aviá benlèu l´affeccion<br />

dels a<strong>le</strong>mands per una Occitania considerada coma autra “nacion empachada”; e aprèp, quand<br />

s´agrava la polarisacion politica entre França e A<strong>le</strong>manha l´occitan ofrís als galloromanistas<br />

a<strong>le</strong>mands un domeni d´estudis politicament inocent – e mai <strong>des</strong>considerada pels universitaris<br />

franceses. Cap a la primièra guèrra mondiala i aviá pas d´institut d´estudis romans sens per lo<br />

mens un professor qu´èra sustut o tanben occitanista (provencalista). Los centres universitaris<br />

èran Marburg (Stengel), Greifswald (Koschwitz), Hal<strong>le</strong> (Suchier) e Berlin (Tob<strong>le</strong>r, Levy,<br />

Apel, Schultz-Gora). Es solament aprèp la seconda guèrra mondiala que los estudis occitans<br />

commençan a declinar ; las rasons <br />

- (a) los trabalhs realisats avián ja satisfach una bona partida dels <strong>des</strong>iderata cientifics ;<br />

- (b) autre factor son los occitanistas que pendent lo govern dels nazis devián quitar lo<br />

país;<br />

- (c) un tresen factor son de reorganisacions utilitaristas dels estudis romans qu´an<br />

marginalisat los estudis occitans.<br />

Caquela se mantenon; sufís de mencionar de noms coma Köh<strong>le</strong>r, Mölk, Krauß, Rieger,<br />

Baldinger, Stimm, Pfister, Maas, Schlieben-Lange, Kirsch e Kremnitz, e i a plan d´autres. Es<br />

totjorn impressionant lo nombre de professors titularis acutals qu´an escrich lor tèsis de<br />

doctorat o la tèsi d´estat sus un tèma occitan. Lo sol problèma de la recerca es l´inegalitat dels<br />

temas investigats : las recercas sus la literatura medievala e los estudis linguistics, sustot de<br />

sociolingüistica son plan avancats, mentre que d´autres domènis coma la literatura occitana<br />

moderna lo son plan mens (aquí tanben Viena fa excepcion de la règla).<br />

Mentre que la situation de la recerca occitana es totjorn plan bona dins las universitats<br />

de <strong>le</strong>nga a<strong>le</strong>manda e – quicòm agradiu - i a totjorn un fum de joves universitaris que<br />

mantenon aquesta tradicion, sa presencia dins l´ensenhament universitari es mens florissanta :<br />

la collèga Trudel Meisenburg dins son analisi de l´annada universitaria 1998/99 constata que<br />

dins los seminaris o los cors l´occitan es rarament matèria a part entièra mas fonciana ambe lo<br />

sosten d´autras disciplinas (p. ex. francés, italian, espanhòl, literatura comparativa, istòra,<br />

musicología etc.).<br />

Bon, Fin de la digrecion e tornem veire la situacion a Viena…<br />

Cossi s´integrís l´occitan dins lo nòstre plan d´estudis Es plan simp<strong>le</strong> : los estudiants que<br />

vòlon estudiar una de las grandas <strong>le</strong>ngas romanas - francés, italian, espanhòl, portugués o<br />

romanés - coma primièra matièra devon sègre pendent doas semestres un cors de base dins<br />

una segunda <strong>le</strong>nga romana – doas oras per setmana dins lo primièr e quatre oras dins lo<br />

segond semestre. Al costat d´una de las cinc <strong>le</strong>ngas mencionadas pòdon causir tanben una


4<br />

<strong>le</strong>nga romana mens espandida y que son a l´ora d´ara a nòstre institut l´occitan, lo catalan e lo<br />

papiamentu. Naturalament ambe un total de sieis oras de cors de <strong>le</strong>nga aqueste pòt pas fornir<br />

grand causa. Caquelà los estudiants sabon mantener una conversacion de basa, coneisson l<br />

´envergadura tematica de la literatura occitana (anciana e moderna) e coneisson tanben las<br />

rasons e las etapas mas importantas de la decadéncia e de la renaissença de la cultura occitana.<br />

Mas la foncion primièra dels corses es de lor donar apetit a l´occitan, de lor inspirar l´enveja<br />

de dintrar mai e tot sol dins la cultura occitana e d´apprigondir son saber sus ela, un biais que<br />

practica p.ex. Madama Elisabeth Bazant que ven de parlar.<br />

Una question que s´inspira naturalament es : perqué los estudiants s´interesson a l<br />

´occitan dins un país tan luénh e tan pauc romanisat – vos daisssetz pas embolhar per l<br />

´ambicion d´Autria d´aderir a l´Associacion internacionala de la francofonía – Austria es pas<br />

un país romanic). De segur i a de rasons plan diverses:<br />

- son corioses de conéisser una <strong>le</strong>nga e cultura de la qu´aprenon a l´universitat qu´es un<br />

breç mai que mai important de la literatura occidentala e segon Dante Alighieri, la mai<br />

polida de las <strong>le</strong>ngas romanas ;<br />

- en seguida son curioses de conéisser las rasons de la vitalidad d´una cultura que viu e<br />

que subreviu <strong>des</strong>empuèi gaireben uèch sèg<strong>le</strong>s jos l´escantidor de la <strong>le</strong>nga francesa,<br />

coma diguèt Felix Castan; volon comprene cossi resistís a l´acculturacion e volon<br />

naturalament saber lo qu´a l´ora d´ara fa son originalitat;<br />

- ausisson qu´es una <strong>le</strong>nga p<strong>le</strong>nament accessib<strong>le</strong> per qualqu´un que conéis ja lo catalan o<br />

lo francés, e agantan aital l´escacenca de dintrar sens granda pena dins una novèla<br />

cultura, e mai dins una <strong>le</strong>nga de pont, coma la qualifiquèt Badia i Margarit, que lor<br />

facilita l´accès a d´autras <strong>le</strong>ngas. Ai d´amics occitans que me dison, parli pas italian,<br />

alavetz quand vau en Itàlia, parli occitan e ai l´impression que i a de monde que me<br />

compren melhor que quand parli franchimand;<br />

- sai que i a tanben las condicions de trabalh : dins los corses d´occitan, que son puslèu<br />

pichons – e tot lo contrari de l´ensenhamant dins un institut ambe 4000 estudiants d<br />

´estudis romands e solament 80 professors. Dins los corses d´occitan nos coneissem<br />

plan, sèm coma en familha, e i s´espandis lèu una solidaritat entre nosautres que ven<br />

del partiment de l´affecion per una <strong>le</strong>nga e cultura que son valor se revèla pas per la<br />

granda massa, ni en França ni mai en A<strong>le</strong>manha o en Austria; lo vam ambe lo qual los<br />

estudiants sortisson dels corses d´occitan se manifesta p. ex. dins lo fach que gaireben<br />

cada an i a de monde que va a Nîmes per participar a l´universitat occitana d´estiu ; al<br />

costat d´aquò cada an i a entre vint e trenta d´estudiants de nòstre institut pels que mon<br />

amic Robèrt Linas de Montalban - aqui present - tròba de familhas d´Occitània ont los<br />

estudiants pòdon melhorar lor francés mas ont an a l´encòp la possibilitat d´ausir e de<br />

practicar l´occitan;<br />

- e finalament cal pas oblidar qu´en causissent l´occitan los estudiants manifestan su<br />

sensibilitad per una Euròpa, que professa la pluralitat de sas <strong>le</strong>ngas e culturas.<br />

Encara que la situacion de l´occitan a l´institut d´estudis romans de l´universitat de Viena es<br />

pas cap maissanta, cal pas claure los uelhs als problèmas e als revendicacions del avenir :<br />

- un problèma etèrn que tot lo monde conéis es que sèm forçats d´estalviar, sustot dins<br />

lo con<strong>texte</strong> de l´implantacion del programa de Bologna, aquesta triparticion<br />

bachelierat - master – doctorada - dels estudis universitaris europèus; dins la mesura<br />

que deven viru<strong>le</strong>nt per totas las <strong>le</strong>ngas romanas, aquò fa créisser la pression<br />

justificadora sus las <strong>le</strong>ngas romanas mens espandidas; solament ont i a prob<strong>le</strong>ma i a<br />

tanben escasença : una de las tòcas d´aquesta nivelacion dels programas d´estudis en<br />

Euròpa – ne sèm encara luènh - es de melhorar la mobilitat dels estudiants a l´interior<br />

de l´union europèa; en consequéncia aurèm una mai granda concurréncia entre las<br />

universitats per atraire d´estudiants; soi membre de la comicion de nòstre institut que


5<br />

definís lo novèl programa d´estudis segon lo modèla de Bologna; es evident que per<br />

atraire d´estudiants cal presentar quicòm d´atractiu ; a nòstre vejaire aquò exigís<br />

- (a) d´un costat que los estudis sián capitalisab<strong>le</strong>s sul mercat de trabalh,<br />

- (b) e de l´autre que sián originals.<br />

Per asegurar aquesta originalitat e per donar a nòstre institut un perfil que lo <strong>des</strong>tria<br />

dels autres, avèm l´intencion de manténer e benlèu d´acentuar una especialitat de<br />

nòstre institut e qu´es la diversitat de las <strong>le</strong>ngas romanas ensenhadas – entre autre l<br />

´occitan.<br />

- Caquelà sèm pas òrbs e sabèm que i a una diferéncia entre l´atractitat universataria de l<br />

´occitan e sa mai pichona atractvitat en defòra de l´universitat aquò vòl dire sul mercat<br />

de trabalh d´Austria e d´A<strong>le</strong>manha e que d´aqueste punt de vista la pression socia<strong>le</strong><br />

sear de mai en mai granda. Alavetz pensam que d´assegurar sa preséncia d´un biais<br />

duradís a l´universitat lo cal ancorar dins una concepcion romanista: cal ensajar d<br />

´occitanisar dins una amira contrastiva los estudis d´autras <strong>le</strong>ngas romanas; a l´encòp<br />

cal ensajar de manténer lo mai possib<strong>le</strong> d´estudis occitans autonoms.<br />

Sèm optimistas que capitarèm !<br />

III) L´occitan est donc une langue du monde et une langue avec p<strong>le</strong>in d´histoire. Mais l<br />

´occitan peut être et sera à la fois une langue de l´avenir.<br />

Qu´est-ce qui me rend optimiste – Il y a trois motifs d´optisme :<br />

1) Premier motif : sensibilisation politique au niveau européen<br />

Tout maintien social d'une langue, qu'el<strong>le</strong> soit régiona<strong>le</strong> ou nationa<strong>le</strong>, est fonction de sa va<strong>le</strong>ur<br />

d'échange sur <strong>le</strong> marché de la communication. Là où cette va<strong>le</strong>ur diminue, on assiste à une<br />

diminution dans la pratique de cette même langue. D'autre part, si l'on veut que <strong>le</strong>s locuteurs<br />

<strong>des</strong> langues dites minoritaires continuent de <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>r et qu'ils <strong>le</strong>s retransmettent à la<br />

génération suivante, il faut que <strong>le</strong>ur usage reste ou là il ne l´est plus, devienne socia<strong>le</strong>ment<br />

capitalisab<strong>le</strong>. D'où la nécessité d'assurer ce que <strong>le</strong>s sociolinguistes catalans appel<strong>le</strong>nt la<br />

normalisation de la langue, c'est-à-dire d'une part, l'adaptation de sa forme et de sa structure (à<br />

sa<strong>voir</strong> de son vocabulaire et de sa codification) aux besoins d'une langue véhiculaire moderne<br />

et de sa mise en pratique dans tous <strong>le</strong>s circuits importants de la communication.<br />

C'est bien la compréhension de ce mécanisme qui a amené <strong>le</strong> Conseil de l'Europe et <strong>le</strong><br />

Par<strong>le</strong>ment Européen à voter au cours <strong>des</strong> dernières années un certain nombre de résolutions<br />

ou de chartes dont <strong>le</strong> but commun est d'améliorer la présence <strong>des</strong> langues minoritaires dans la<br />

vie publique. A titre d'exemp<strong>le</strong>, je cite la charte <strong>des</strong> langues régiona<strong>le</strong>s présentée par Gaetano<br />

Arfé, accompagnée d'un catalogue de mesures de soutien - établi par Cirici Pellicier - que <strong>le</strong><br />

Conseil de l'Europe a voté en 1981. Willy Kuypers soumet en 1987 un catalogue similaire au<br />

Par<strong>le</strong>ment européen. Le dernier <strong>texte</strong> de ce genre est la Charte européenne pour <strong>le</strong>s langues<br />

régiona<strong>le</strong>s ou minoritaires, que <strong>le</strong> Conseil de l'Europe a approuvé en 1992. Tous ces <strong>texte</strong>s<br />

européens revendiquent une meil<strong>le</strong>ure présence avant tout dans l´administration publique,<br />

dans <strong>le</strong> domaine de l'enseignement étatique et dans celui <strong>des</strong> mass média. Or cela va presque<br />

sans dire: L'éco<strong>le</strong> est l'instrument-clé du contrô<strong>le</strong> culturel d'une société et à la fois un <strong>des</strong> plus<br />

importants multiplicateurs culturels et linguistiques. Quant aux mass média, ils sont purement<br />

et simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> système central de diffusion d'idées et de par <strong>le</strong>ur prestige, l'instrument peutêtre<br />

<strong>le</strong> plus apte à corroborer la conscience linguistique souvent déficitaire <strong>des</strong> minorités.<br />

Maintenant, nous savons qu´un statut politique même é<strong>le</strong>vé d'une langue régiona<strong>le</strong> n'est point<br />

suffisant pour assurer de manière durab<strong>le</strong> sa présence socia<strong>le</strong> (pensez à l´irlandais – langue


6<br />

coofficiel<strong>le</strong> en Irlande, mais peu utilisée dans la communication quotidienne). Il doit<br />

impérativement al<strong>le</strong>r de pair avec un prestige correspondant auprès <strong>des</strong> locuteurs, sinon il<br />

risque de rester socia<strong>le</strong>ment inopérant. C´est donc une très bonne chose que <strong>le</strong>s langues et<br />

cultures régiona<strong>le</strong>s en France figurent dorénavant dans la constitution française, mais il faut<br />

que <strong>le</strong>ur mention soit accompagnée par <strong>des</strong> projèts concrèts d´application sinon <strong>le</strong>ur<br />

valorisation reste symbolique<br />

Nous savons à quel point la pratique et la présence publique de toute langue régiona<strong>le</strong> est<br />

tributaire de la bienvieillance du groupe linguistique majoritaire. En même temps nous<br />

connaissons l'influence néfaste que la propagande du monoculturalisme de la langue<br />

dominante exerce sur la conscience et la pratique <strong>des</strong> cultures minoritaires.<br />

Dans l'usage administratif, <strong>le</strong>s langues régiona<strong>le</strong>s sont exposées à la concurrence souvent<br />

écrasante de la langue dominante, car à ce niveau, c'est avant tout sa va<strong>le</strong>ur fonctionnel<strong>le</strong> qui<br />

détermine <strong>le</strong> choix d'une langue. Et comme l'infrastructure communicative et la codification<br />

<strong>des</strong> langues régiona<strong>le</strong>s sont souvent lacunaires, <strong>le</strong>s langues dominantes <strong>le</strong>ur sont fréquemment<br />

préférées.<br />

Le problème <strong>des</strong> mass média est avant tout un problème financier et un problème de<br />

professionnalisme. Ce qu'il est possib<strong>le</strong> de faire dans <strong>le</strong> domaine de l'audiovisuel, ce sont <strong>le</strong>s<br />

Catalans qui nous <strong>le</strong> montrent <strong>le</strong> mieux: l'attractivité de <strong>le</strong>ur chaîne de télévision est tel<strong>le</strong>ment<br />

forte que l´Etat espagnol a créé sa propre chaîne de télé en catalan pour ne pas perdre<br />

l'emprise télévisuel<strong>le</strong> sur la population catalane.<br />

Malgré la présence très déficitaire <strong>des</strong> langues régiona<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s mass média, ce sera<br />

surtout à ce niveau-là que se décidera <strong>le</strong>ur avenir dans nos sociétés médiatisées.<br />

2) Deuxième motif d´optimisme : l´amélioration de sa situation scolaire<br />

L´enseignement de l´occitan est tributaire de son con<strong>texte</strong> politique et administratif, et celuici,<br />

nous <strong>le</strong> savons, est assez incohérent. On peut constater à l´heure actuel<strong>le</strong> un petit souff<strong>le</strong><br />

qui anime la politique à l´égard <strong>le</strong>s langues régiona<strong>le</strong>s. Depuis 1989, <strong>le</strong>s langues régiona<strong>le</strong>s<br />

figurent dans <strong>le</strong> code de l´éducation, qui stipu<strong>le</strong>: « Un enseignement <strong>des</strong> langues et cultures<br />

régiona<strong>le</strong>s peut être dispensé tout au long de la scolarité selon <strong>des</strong> modalités définies par voie<br />

de convention entre l´Etat et <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s où ces langues son en usage. » Dans<br />

une perspective d´européanisation et suite au constat d´un retard de la France dans <strong>le</strong> domaine<br />

<strong>des</strong> langues étrangères, l´Etat redécouvre <strong>le</strong> potentiel auxiliaire <strong>des</strong> langues régiona<strong>le</strong>s, dans l<br />

´apprentissage <strong>des</strong> langues européennes ; dans ce sens, il œuvre pour faciliter p. ex. l´accès à l<br />

´al<strong>le</strong>mand à travers l´alsacien, à l´italien à travers <strong>le</strong> corse et au catalan et à l´espagnol à<br />

travers l´occitan. Ce n´est pas qqch. de particulièrement nouveau : on en par<strong>le</strong> déjà dans l<br />

´artic<strong>le</strong> 2 de la loi Deixonne (1951) et, contrairement aux consignes de la Loi Ferry, tout au<br />

long du 19 e et au début du 20 e sièc<strong>le</strong>s, maints instituteurs se sont appuyés sur l´occitan pour<br />

faciliter à <strong>le</strong>urs élèves l´apprentissage du français. Au niveau <strong>des</strong> régions et <strong>des</strong> rectorats d<br />

´académies certains d´entre eux (p. ex. cel<strong>le</strong> de Toulouse) affirment a<strong>voir</strong> l´intention de<br />

permettre à chaque élève d´a<strong>voir</strong> à un moment de son cursus, un contact avec la langue<br />

occitane. Et au niveau <strong>des</strong> établissements scolaires, il y a <strong>des</strong> éco<strong>le</strong>s exemplaires comme <strong>le</strong>s<br />

collèges de Gramat et de Saint-Sulpice dans <strong>le</strong> Lot, où l´occitan jouit d´une présence de type<br />

´immersion´, c´est-à-dire où existent <strong>des</strong> cours d´histoire-géographie en occitan, assurant ainsi<br />

la continuité <strong>des</strong> classes bilingues du premier degré, existant dans ces communes.<br />

D´autre part, nous savons que la réalité scolaire occitane est loin d´être satisfaisante.<br />

Les cours de langue sont souvent rigoureusement marginalisés ou même supprimés <strong>des</strong><br />

programmes, soit par négligence, soit sous pré<strong>texte</strong> de manque de moyens financiers, soit par


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obstruction à l´intérieur du corps enseignant. Encore tout récemment j´ai eu <strong>le</strong> témoignage d<br />

´une enseignante qui a entendu un proviseur de lycée, confronté à la demande de parents d<br />

´ouvrir <strong>des</strong> cours d´occitan, dire publiquement : « Si votre enfant veut faire du patois<br />

envoyez-<strong>le</strong> chez ses grands-parents en week-end ! ». Pourtant, <strong>le</strong> problème majeur de l<br />

´enseignement de l´occitan, en dehors évidemment du fait général qu´il est de moins en moins<br />

capitalisab<strong>le</strong> dans la communication quotidienne et perd ainsi de son prestige social, est de<br />

nature structura<strong>le</strong> : manque de continuité <strong>des</strong> cours tout au long de la scolarité, et manque de<br />

continuité surtout dans la transition de l´éco<strong>le</strong> maternel<strong>le</strong> à l´éco<strong>le</strong> élémentaire et de l<br />

´enseignement primaire à l´enseignement secondaire. J´ignore <strong>le</strong>s chiffres <strong>des</strong> élèves<br />

actuel<strong>le</strong>ment inscrits dans <strong>des</strong> cours d´occitan, mais je doute fort qu´une déclaration comme<br />

« Le nombre d´élèves suivant un enseignement de langue régiona<strong>le</strong> a […] augmenté de 40%<br />

en cinq ans », prononcé par <strong>le</strong> ministre de l´éducation <strong>le</strong> 18 mars 2005, lors d´un débat au<br />

Sénat, soit fidè<strong>le</strong> à la réalité de l´enseignement de l´occitan.<br />

L´un <strong>des</strong> défis majeurs de l´enseignement de l´occitan semb<strong>le</strong> être la permanence du<br />

contact entre <strong>le</strong>s élèves et <strong>le</strong> monde occitan a<strong>le</strong>ntour. Jusqu´après la seconde guerre mondia<strong>le</strong>,<br />

l´enseignement de l´occitan, à travers la méthode Freinet, s´appuyait sur <strong>le</strong> lien étroit entre l<br />

´éco<strong>le</strong> et <strong>le</strong> monde occitan a<strong>le</strong>ntour. Aujourd´hui, suite à la régression de ce contact, l<br />

´enseignement de l´occitan se rapproche de plus en plus de celui <strong>des</strong> langues étrangères.<br />

Ainsi, non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s jeunes néolocuteurs occitans risquent de se singulariser mais encore,<br />

on ne voit pas comment l´occitan pourrait subsister sans communication entre <strong>le</strong>s générations.<br />

Les enseignants d´occitan semb<strong>le</strong>nt être bien conscients de ce problème. Dans <strong>le</strong> cadre d<br />

´une enquête que j´ai réalisé il y a juste trois ans, j´ai posé la question s´ils ont l´impression<br />

que <strong>le</strong>ur enseignement diffère de celui <strong>des</strong> autres langues, au niveau <strong>des</strong> métho<strong>des</strong>. Alors<br />

quelques réponses:<br />

- oui, bien sûr il y a tant à découvrir, cela dépasse <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> cadre d´une langue<br />

étrangère ;<br />

- l´enseignement de l´occitan s´appuie directement sur une réalité socia<strong>le</strong> qui entoure l<br />

´élève ;<br />

- oui, car il ne s´agit pas d´une langue étrangère, je pars de ce que <strong>le</strong>s élèves connaissent<br />

déjà […] <strong>le</strong>s thèmes de civilisation sont plus proches d´eux mais touchent aussi à l<br />

´universel, on peut tout dire en oc ;<br />

- relation avec <strong>le</strong> milieu extérieur, <strong>le</strong>s habitu<strong>des</strong> linguistiques et culturel<strong>le</strong>s du milieu<br />

familial.<br />

Par conséquent <strong>le</strong>s enseignants s´efforcent, dans la mesure du possib<strong>le</strong>, d´intégrer cet<br />

environnement dans <strong>le</strong>ur programmes de cours :<br />

- je sollicite au maximum <strong>le</strong>s connaissances familia<strong>le</strong>s ;<br />

- la démarche s´appuie sur <strong>le</strong>ur environnement naturel et sur ce qu´ils vivent au<br />

quotidien, sur <strong>le</strong>ur rapport quotidien avec la langue ;<br />

- je <strong>le</strong>ur demande de procéder à <strong>des</strong> enquêtes (pour la langue) ; <strong>le</strong>s retours sont positifs ;<br />

mais <strong>le</strong> revers de la médail<strong>le</strong> c´est qu´ils ne voient la langue parlée que par <strong>le</strong>s vieux ;<br />

- c´est rarement une langue vivante, si c´est <strong>le</strong> cas, j´essaie de l´intégrer à mon cours en<br />

demandant <strong>le</strong>s mots qui <strong>le</strong>s ont marqués ;<br />

- je peux me servir <strong>des</strong> connaissances de certains élèves pour systématiser un point de<br />

langue ou illustrer la diversité dia<strong>le</strong>cta<strong>le</strong> ; cependant, il faut penser aux élèves de<br />

famil<strong>le</strong> nouvel<strong>le</strong>ment arrivées dans notre région (et ils sont de plus en plus<br />

nombreux) ; <strong>le</strong>s ressources en support documentaires régionaux, <strong>des</strong> <strong>texte</strong>s de presse,<br />

magazines et reportages télévisés, même s´ils restent encore trop rares, sont <strong>le</strong>s


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bienvenus ; c´est une occasion de sensibiliser <strong>le</strong>s jeunes à la pénurie de moyens<br />

frappant <strong>le</strong>s langes minoritaires et à l´intérêt de préserver la glottodiversité.<br />

Pour assurer la présence de l´occitan à long terme, il semb<strong>le</strong> impératif de doter <strong>le</strong>s élèves non<br />

seu<strong>le</strong>ment d´une bonne compétence linguistique - d´ail<strong>le</strong>urs sensib<strong>le</strong> aux variantes dia<strong>le</strong>cta<strong>le</strong>s<br />

et référentiel<strong>le</strong>s - mais aussi d´une compétence pragmatique, qui <strong>le</strong>ur permet en effet d<br />

´engager et de maintenir <strong>le</strong> contact avec <strong>le</strong>s locuteurs primaires. Doter <strong>le</strong>s élèves d´une<br />

compétence linguistique qui ne déboucherait pas sur la pratique ne sert à rien. Alors, en quoi<br />

pourrait consister une tel<strong>le</strong> compétence pragmatique qui permettrait de renouve<strong>le</strong>r la<br />

communication intergénérationnel<strong>le</strong> A mon avis, el<strong>le</strong> reposerait sur<br />

a) une connaissance approfondie <strong>des</strong> mécanismes du refou<strong>le</strong>ment social et situationnel de l<br />

´occitan,<br />

b) une conscience linguistique et un sa<strong>voir</strong> culturel suffisamment importants pour inspirer la<br />

pratique ;<br />

c) l´appropiation par <strong>le</strong>s élèves d´un stock de stratégies discursives qui <strong>le</strong>ur permettrait de s<br />

´intégrer dans la communication occitane.<br />

En même temps l´enseignement doit répondre aux besoins linguistiques <strong>des</strong> élèves qui, en tant<br />

que néolocuteurs, auront à se créer de nouveaux domaines de communication. Là, on peut se<br />

demander si la compétence dont on <strong>le</strong>s dote est toujours à la hauteur de <strong>le</strong>urs besoins<br />

linguistiques. S´efforce-t-on suffisamment de sonder la spécificité de ces besoins, qui ne sont<br />

pas forcément identiques aux besoins d´un locuteur primaire A-t-on jamais fait l´inventaire<br />

<strong>des</strong> sujets et <strong>des</strong> situations de communication typiques d´un jeune locuteur secondaire en<br />

occitan, de ses besoins en langue standard et en langue loca<strong>le</strong>, du vocabulaire, <strong>des</strong> genres de<br />

<strong>texte</strong>s et <strong>des</strong> types d´usage oral et écrit de la langue Il faudrait, quoi qu´il en soit, procéder à<br />

ce type de questionnement et de tenter d´y répondre, afin que <strong>le</strong>s jeunes locuteurs puissent<br />

capitaliser <strong>le</strong>urs connaissances acquises. Sinon, on risquerait de <strong>le</strong>s <strong>voir</strong> se détourner<br />

définitivement de <strong>le</strong>ur langue.<br />

Pour améliorer l´ancrage scolaire et social de l´enseignement quatre taches me<br />

semb<strong>le</strong>nt donc être prioritaires:<br />

- assurer une bien meil<strong>le</strong>ure intégration de l´occitan dans l´enseignement primaire;<br />

- améliorer l´intégration linguistique et idéologique <strong>des</strong> locuteurs primaires et secondaires<br />

afin de pou<strong>voir</strong> intégrer l´enseignement dans <strong>le</strong> monde occitanophone ambiant;<br />

- pour<strong>voir</strong> <strong>le</strong>s élèves d´une compétence occitane pas seu<strong>le</strong>ment linguistique, mais aussi<br />

pragmatique, pour qu´ils parviennent vraiment à faire passer l´occitan dans la<br />

communication (es pas lo nòstre patoes…)<br />

- engager une discussion approfondie sur la future fonction socia<strong>le</strong> de l´occitan dans un<br />

monde forcément plurilingue et formu<strong>le</strong>r <strong>des</strong> programmes d´enseignement<br />

correspondants.<br />

3) Troisième motif d´optimisme : amélioration de la conscience linguistique <strong>des</strong><br />

locuteurs<br />

Grâce aux étu<strong>des</strong> nous disposons aujourd'hui <strong>des</strong> connaissances approfondies sur la<br />

conscience linguistique et culturel<strong>le</strong>, sur ses déterminantes et sur ses conséquences.


9<br />

- Nous connaissons mieux <strong>le</strong>s types courants de socialisation linguistique individuel<strong>le</strong>, surtout<br />

parmi <strong>le</strong>s jeunes; la place de l'occitan dans la communication familia<strong>le</strong> et socia<strong>le</strong>; <strong>le</strong>s<br />

influences psychosocia<strong>le</strong>s, surtout <strong>le</strong>s représentations individuel<strong>le</strong>s de la connotation<br />

socia<strong>le</strong> de l'occitan.<br />

- Et là nous pouvons constater que la conscience linguistique <strong>des</strong> locuteurs primaires dans<br />

l'ensemb<strong>le</strong> s'est considérab<strong>le</strong>ment dépatoisée, surtout grâce à une restitution du sa<strong>voir</strong><br />

culturel et une présence publique légèrement améliorée.<br />

- En même temps <strong>le</strong>s recherches de terrain révè<strong>le</strong>nt que la conscience linguistique <strong>des</strong><br />

locuteurs primaires et secondaires – ce sont <strong>des</strong> gens qui s´occitanisent suite à une décision<br />

personnel<strong>le</strong> (élèves, étudiants, intel<strong>le</strong>ctuels et autre) connaît <strong>des</strong> divergences, de sorte que<br />

la communication entre eux n'est pas toujours faci<strong>le</strong>.<br />

- L´affermissement de la conscience n'a pas, du moins jusqu'à présent, conduit à un<br />

renforcement de la pratique. Nous en connaissons aussi la cause: bien que la conscience<br />

linguistique <strong>des</strong> occitanophones se soit améliorée, ce processus n'est pas accompagné d<br />

´une revalorisation de la langue parmi <strong>le</strong>s locuteurs francisés ou non-occitans qui ne sont<br />

pas prêts à s'ouvir à la langue. Par conséquent, l´occitan ne peut pas élargir ses champs<br />

d'application et perd de nouveau <strong>le</strong> prestige qu'il vient de gagner parmi ses locuteurs. La<br />

langue étant dépourvu d'utilité socia<strong>le</strong> en dehors de ses cerc<strong>le</strong>s traditionnels, ces mêmes<br />

locuteurs ne voient pas <strong>le</strong> sens de s´occitaniser davantage dans la pratique langagière et<br />

d'étendre l´occitan à de nouveaux domaines.<br />

- Un autre facteur qui réduit <strong>le</strong> prestige de l'occitan et qui en même temps affaiblit la<br />

conscience linguistique <strong>des</strong> locuteurs est <strong>le</strong> constat d'une perdition accélérée de la langue,<br />

aussi dans <strong>le</strong>s niches géographiques (régions montagnar<strong>des</strong>) ou socia<strong>le</strong>s (vie rura<strong>le</strong>), un<br />

processus qu´ils ne croient pas pou<strong>voir</strong> freiner, faute d'un soutien politique massif.<br />

- D'autre part, <strong>le</strong>s locuteurs font aussi <strong>des</strong> observations qui pourraient affermir <strong>le</strong>ur conscience<br />

linguistique: l'existence <strong>des</strong> locuteurs secondaires, en général jeunes, citadins, sachant à la<br />

fois par<strong>le</strong>r et écrire la langue et représentant ainsi une occitanité moderne.<br />

Vous voyez, <strong>le</strong>s observations que l´on peut faire au sujet de l´occitan sont très diverses. On<br />

peut-en déduire une vision optimiste ou pessimiste sur son avenir. Moi je me mets du côté <strong>des</strong><br />

optimistes: je vois encore p<strong>le</strong>in de locuteurs, ici et ail<strong>le</strong>urs, je vois beaucoup d´engagement<br />

dans tous <strong>le</strong>s domaines, pas seu<strong>le</strong>ment au niveau de la politique, de l´administration, de l<br />

´éco<strong>le</strong> et <strong>des</strong> mass media, mais à la fois au niveau culturel, que ce soit la musique, la danse, <strong>le</strong><br />

théatre, <strong>le</strong> film, l´artisanat et tant d´autres. Et tant qu´il y a autant de vitalité linguistique d<br />

´engagement, il y aura aussi un avenir.

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