Dossier pédagogique - Théâtre de la Commune
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Saison 2006/2007<br />
Mères<br />
Création<br />
Chair <strong>de</strong> ma chair<br />
d’après Pourquoi l’enfant cuisait dans <strong>la</strong> polenta d’Ag<strong>la</strong>ja Veteranyi<br />
adaptation et mise en scène Ilka Schönbein<br />
avec Ilka Schönbein, Nathalie Pagnac et Bénédicte Holvoote<br />
col<strong>la</strong>boration artistique Mary Sharp et Britta Arste lumières Antonio Da Silva<br />
régie générale Simone Decloedt régie lumières Émilie Lenglet<br />
production Les Métamorphoses Singulières, Le Grand Parquet<br />
coproduction Theater Meschugge, ARCADI avec le soutien <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ville <strong>de</strong> Paris, <strong>de</strong> <strong>la</strong> DRAC et<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Région Ile-<strong>de</strong>-France, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mairie du 18 e<br />
Le spectacle a été créé le 12 octobre 2006 au Grand Parquet à Paris (avant-première le 24 septembre 2006 au<br />
Festival <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marionnette à Charleville-Mézières).<br />
Pourquoi l’enfant cuisait dans <strong>la</strong> polenta est publié aux Éditions d’En Bas / L'Esprit <strong>de</strong>s Péninsules, 2004.<br />
gran<strong>de</strong> salle<br />
du vendredi 12 au samedi 27 janvier<br />
dates adhérents / abonnés du 12 au 27 janvier<br />
le mardi, le mercredi, le vendredi et le samedi à 21h, le dimanche à 16h30<br />
relâche le lundi et le jeudi<br />
Tarifs<br />
plein tarif 22 r - tarifs réduits 16 r / 11 r - adhérents 7 r / 5 r<br />
Réservations 01 48 33 16 16<br />
Service Re<strong>la</strong>tions Publiques<br />
Hélène Bontemps au 01 48 33 15 74 / h.bontemps@theatre<strong>de</strong><strong>la</strong>commune.com<br />
Jean-Baptiste Moreno (sco<strong>la</strong>ires et universitaires) au 01 48 33 85 66 /<br />
jb.moreno@theatre<strong>de</strong><strong>la</strong>commune.com<br />
En savoir plus : theatre<strong>de</strong><strong>la</strong>commune.com<br />
Comment se rendre au Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Commune</strong><br />
• Métro : direction La Courneuve – Station "Aubervilliers Pantin 4 chemins", puis 10 mn à pied ou 3 mn en bus 150 ou 170 • Autobus 150 ou 170 –<br />
arrêt "André Karman" / 65 – arrêt "Villebois-Mareuil" • Voiture : par <strong>la</strong> Porte d'Aubervilliers ou <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Villette ; suivre direction : Aubervilliers<br />
centre – Parking gratuit • Le Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Commune</strong> met à votre disposition une navette retour gratuite du mardi au samedi. Elle <strong>de</strong>ssert les stations<br />
Porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Villette, Stalingrad, Gare <strong>de</strong> l’Est et Châtelet.<br />
1
La gran<strong>de</strong> marionnettiste alleman<strong>de</strong> Ilka Schönbein<br />
est <strong>de</strong> nouveau l’invitée du Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Commune</strong>,<br />
et cette saison avec <strong>de</strong>ux nouvelles mises en scène,<br />
l’une pour enfants, l’autre pour adultes, un cycle<br />
qu'elle a intitulé « Mamans fatales ».<br />
Le volet principal <strong>de</strong> « Mamans fatales », Chair <strong>de</strong><br />
ma chair, s’inspire d’un récit mémoire d’Ag<strong>la</strong>ja<br />
Veteranyi, ca<strong>de</strong>tte d’une famille d’artistes <strong>de</strong> cirque<br />
qui a fui <strong>la</strong> dictature roumaine pour sillonner l’Europe. Dans cet<br />
entêtant monologue, qui se penche tour à tour sur les rapports<br />
mère/enfant, <strong>la</strong> douleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> perte, <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong>, le nomadisme, le<br />
déracinement, <strong>la</strong> narratrice tente <strong>de</strong> conjurer ses peurs d’enfant puis<br />
d’adolescente : peur que l’extravagant numéro <strong>de</strong> sa mère ne finisse<br />
mal, peur d’ouvrir <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> caravane et que « chez nous »<br />
s’évapore dans <strong>de</strong>s pays qui sont tous à l’étranger, peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong><br />
dans un pensionnat, peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> folie qui a déjà pris sa <strong>de</strong>mi-sœur parce<br />
que le père l’aime comme une femme. Une évocation <strong>de</strong> l'enfance qui<br />
s'en va – vers <strong>de</strong>s len<strong>de</strong>mains plus sombres – drôle, naïve,<br />
mé<strong>la</strong>ncolique, parfois tragique dans sa légèreté même, traversée çà et<br />
là par <strong>de</strong>s éc<strong>la</strong>irs poétiques et <strong>de</strong>s éc<strong>la</strong>ts <strong>de</strong> rire où subsiste par-<strong>de</strong>ssus<br />
tout le désir <strong>de</strong> vivre.<br />
Comme <strong>de</strong>ux soeurs qui déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> mettre en commun leur qualité<br />
d'émotion, Ag<strong>la</strong>ja Veteranyi et Ilka Schönbein puisent toutes <strong>de</strong>ux dans<br />
<strong>la</strong> mémoire, leur poésie et dans le dialogue avec l'enfant qu'elles furent,<br />
<strong>la</strong> quintessence <strong>de</strong>s sentiments. À <strong>la</strong> magie <strong>de</strong>s mots <strong>de</strong> l'une, se greffe <strong>la</strong><br />
puissance poétique <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> l'autre.<br />
autre volet <strong>de</strong> « Mamans Fatales » :<br />
un froid <strong>de</strong> kronos<br />
Spectacle Jeune public à partir <strong>de</strong> 12 ans<br />
très librement inspiré <strong>de</strong> La Reine <strong>de</strong>s neiges d’An<strong>de</strong>rsen<br />
mise en scène Mary Sharp et Ilka Schönbein<br />
avec Mary Sharp<br />
du 16 au 26 janvier<br />
2
Entretien avec Ilka Schönbein autour <strong>de</strong> Chair <strong>de</strong> ma chair<br />
Comment a vu le jour le spectacle Chair <strong>de</strong> ma chair <br />
Ilka Schönbein : J’ai eu l’idée <strong>de</strong> travailler quelques scènes pour tout public, à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
lecture <strong>de</strong> contes <strong>de</strong> fées. Puis, j’ai croisé sur mon chemin Pourquoi l’enfant cuisait dans <strong>la</strong><br />
polenta, un texte incontournable <strong>de</strong> l’écrivaine roumaine <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngue alleman<strong>de</strong>, Ag<strong>la</strong>ja Veteranyi,<br />
qui s’est suicidée. Pourquoi l’enfant cuisait dans <strong>la</strong> polenta est un premier roman qui a connu un<br />
vif succès en Allemagne, un récit mémoire d’une enfant <strong>de</strong> cirque qui évoque les rapports <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mère et <strong>de</strong> l’enfant, <strong>la</strong> douleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> perte, <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong>, <strong>la</strong> frénésie, l’adversité, le nomadisme, le<br />
déracinement.<br />
La question est <strong>de</strong> savoir comment <strong>la</strong> fillette a grandi dans cet univers.<br />
IS : Les parents d’Ag<strong>la</strong>ja Veteranyi ont fui <strong>la</strong> Roumanie en tournant leurs spectacles dans toute<br />
l’Europe. Elle écrit sa vie à <strong>la</strong> première personne, et parle d’elle à travers <strong>la</strong> voix d’une petite fille.<br />
Cette vie qu’elle a connue n’a jamais été agréable, elle use pourtant d’un humour noir ravageur. Si<br />
jamais subsistait une vision romantique du cirque, celle-ci a été anéantie par le récit <strong>de</strong> cette enfant<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> balle. Une vie noma<strong>de</strong> d’errance dans une famille brisée qui ne pouvait provoquer que du<br />
malheur. C’est l’histoire d’une fillette qui n’a pas eu le droit d’être une enfant, dévolue à l’art du<br />
cirque. À treize ans, elle faisait <strong>de</strong>s variétés avec <strong>de</strong>s numéros sensuels, c’est ce qu’on appelle une<br />
enfance vendue.<br />
Entend-on <strong>la</strong> parole <strong>de</strong> cette narratrice enfant <br />
IS : L’actrice Nathalie Pagnac est présente avec moi sur le p<strong>la</strong>teau ; c’est en quelque sorte <strong>la</strong><br />
traductrice, et elle est intégrée au spectacle, en tant que personnage. Le texte recèle <strong>de</strong>s images<br />
physiques fortes que j’ai tenté d’exprimer à travers mon corps dans le ma<strong>la</strong>ise pressenti du<br />
personnage féminin. J’interprète <strong>la</strong> petite fille, et ma col<strong>la</strong>boratrice joue le rôle <strong>de</strong> l’ange, même si<br />
elle a plusieurs facettes, comme <strong>la</strong> « Madame Loyale » du cirque.<br />
Quelle est <strong>la</strong> situation initiale <br />
IS : L’enfant, constatant qu’on est en ce mon<strong>de</strong> beaucoup plus longtemps mort que vivant, pense<br />
que le bonheur est d’autant plus nécessaire pour ce temps infini <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort. Mourir serait comme<br />
dormir, si ce n’est dans <strong>la</strong> terre. Mais il faut convaincre Dieu <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> sa préférence pour<br />
l’état <strong>de</strong> mort plutôt que pour celui <strong>de</strong> vie. Si l’on échoue dans <strong>la</strong> persuasion divine, le cerveau<br />
s’éteint, et l’on doit tout recommencer. Voilà pourquoi l’enfant cherche à convaincre Dieu qu’elle<br />
ne veut plus vivre ainsi.<br />
Vous transcen<strong>de</strong>z ces expériences <strong>de</strong> <strong>la</strong> douleur <strong>de</strong> façon poétique.<br />
IS : J’essaie <strong>de</strong> transformer le mal-être et <strong>la</strong> dureté d’une scène en une danse. Le spectacle, à <strong>la</strong><br />
manière <strong>de</strong> l’écriture légère <strong>de</strong> Ag<strong>la</strong>ja Veteranyi, oscille entre scènes dures et humour, dans un jeu<br />
tendu entre <strong>la</strong> gravité et le sourire.<br />
Le titre Chair <strong>de</strong> ma chair fait référence à <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion mère et fille. La mère, une artiste suspendue<br />
au chapiteau du cirque par les cheveux, avait l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> jongler. La petite a grandi avec <strong>la</strong> peur<br />
au ventre, toutes les nuits. Une vision d’effroi même si elle est somptueuse : toute <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> cette<br />
famille était finalement suspendue aux cheveux maternels. Les sentiments <strong>de</strong> l’enfant étaient<br />
partagés entre l’amour, <strong>la</strong> haine et <strong>la</strong> peur face à une mère dominante qui aurait voulu que sa fille<br />
lui ressemble. Sa mère ne lisait jamais...<br />
3
Que diriez-vous <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong> <strong>la</strong> marionnette <br />
IS : Les marionnettes que je manipule simplement, les masques et les objets sont les éléments qui<br />
me donnent l’envie <strong>de</strong> créer. Les possibilités <strong>de</strong> <strong>la</strong> marionnette sont infinies : c’est un jeu entre soi<br />
et soi, une tension entre les facettes multiples que l’interprète contient en son for intérieur et qu’il<br />
peut exprimer dans <strong>la</strong> simultanéité. C’est un va-et-vient qu’un acteur peut aussi réussir dans les<br />
expressions du visage et du corps qu’il déplie, mais dans une moindre mesure. Parler avec un<br />
autre moi, c’est un geste que je réalise visuellement avec <strong>la</strong> marionnette, dans une image. Les<br />
marionnettes sont un support et un re<strong>la</strong>is dans l’expression <strong>de</strong> soi. Les représentations varient : il<br />
faut veiller à <strong>la</strong> dynamique pour que le spectateur puisse souffler ou au contraire, enclencher une<br />
nouvelle énergie attentive. Au départ, nous formions, avec mon seul technicien, le Théâtre<br />
Meschugge qui se produisait dans <strong>la</strong> rue puis, dans les théâtres. L’équipe a forcément grandi...<br />
C’est à une succession <strong>de</strong> scènes d’aveux que vous conviez le public.<br />
IS : Chair <strong>de</strong> ma chair ne consiste pas à raconter <strong>la</strong> biographie <strong>de</strong> l’auteur Ag<strong>la</strong>ja Veteranyi. Le<br />
spectacle est une façon personnelle <strong>de</strong> faire avancer le dialogue avec mon enfant intérieur, cette<br />
petite fille d’avant qui est toujours en moi, qui s’est débrouillée pour se protéger… Ce qui reste<br />
en chacun, c’est finalement ce jeu d’échanges entre <strong>de</strong>ux êtres. À chaque création, je me délivre<br />
un peu plus <strong>de</strong> ce travail que je donne au public, et qui à son tour va s’en saisir. Cet art est une<br />
p<strong>la</strong>nche ultime <strong>de</strong> salut qui s’est imposée à moi <strong>de</strong> manière évi<strong>de</strong>nte et absolue.<br />
propos recueillis par Véronique Hotte<br />
in La Terrasse, octobre 2006.<br />
4
J'ai <strong>la</strong>issé <strong>la</strong> marionnette prendre possession <strong>de</strong> mon corps<br />
La première fois que j'ai rencontré <strong>la</strong> marionnette, je <strong>de</strong>vais avoir <strong>de</strong>ux ou trois ans. Elle pouvait<br />
fermer les yeux et portait <strong>la</strong> même jupe à carreaux que moi ; je lui ai donné mon propre prénom :<br />
Ilka.<br />
La secon<strong>de</strong> rencontre eut lieu quelques années plus tard, dans une rue piétonne fourmil<strong>la</strong>nte à<br />
Paris : un violoniste minuscule, mais extrêmement précis, jouait un morceau avec <strong>la</strong> grâce et <strong>la</strong><br />
conscience d'un virtuose. Cette rencontre m'a profondément marquée, mais n'a pas eu <strong>de</strong> suite<br />
dans un premier temps du moins. C'est à Stuttgart que je fis ma troisième rencontre : avec<br />
Albrecht Roser (alias Gustav) et sa troupe assidue ; un peu plus tard avec les personnages <strong>de</strong><br />
Frank Soehnle.<br />
Le moment était venu et j'écoutais alors mes désirs <strong>de</strong> « concrétisation ». Je me suis présentée à<br />
Albrecht Roser, et il m'a initiée à <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> <strong>la</strong> marionnette à fils. Commença alors une<br />
pério<strong>de</strong> merveilleuse (et bien entendu tout autant terrifiante) d'apprentissage et <strong>de</strong> découvertes.<br />
J'ai tout <strong>de</strong> suite su que j'avais trouvé là un <strong>la</strong>ngage qui me correspondait. Je pouvais tout être en<br />
même temps : créatrice <strong>de</strong> masques, <strong>de</strong> costumes, <strong>de</strong> décors, metteur en scène, actrice,<br />
technicien, danseuse !<br />
Mais j'ai compris en même temps qu'une vie <strong>de</strong> marionnettiste ne suffit pas pour explorer tout le<br />
territoire <strong>de</strong> ces possibles. C'est pourquoi j'ai fait <strong>la</strong> <strong>de</strong>vise <strong>de</strong> ce seul mot : « limitation », me<br />
concentrer sur une seule route – qu'est-ce qui m'importe au plus profond <strong>de</strong> moi <br />
Il me faut abandonner beaucoup <strong>de</strong> choses en chemin, beaucoup, pour d'autres...<br />
Je n'ai pas gardé les fils entre les mains. J'ai <strong>la</strong>issé <strong>la</strong> marionnette prendre possession <strong>de</strong> moi, <strong>de</strong><br />
mes mains, puis <strong>de</strong> mes jambes, <strong>de</strong> mon visage, <strong>de</strong> mes fesses, <strong>de</strong> mon ventre et <strong>de</strong> mon âme. Il<br />
n'y a que <strong>la</strong> voix que je ne lui ai pas (encore) livrée.<br />
Je n'ai pas supporté <strong>la</strong> distance, et parfois sa proximité m'est insupportable.<br />
C'est <strong>de</strong> <strong>la</strong> passion et <strong>de</strong> l'obsession – est-ce aussi <strong>de</strong> l'amour <br />
Si <strong>la</strong> marionnette joue bien, elle attire toute l'attention et <strong>la</strong> faveur du public ; si elle joue mal,<br />
c'est l'acteur/l'actrice que l'on regar<strong>de</strong>, il/elle est responsable quand <strong>la</strong> marionnette se tait. La<br />
marionnette reste intacte, et malgré son évi<strong>de</strong>nte dépendance, toujours elle-même.<br />
Quel homme peut en dire autant <strong>de</strong> lui-même <br />
En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> sphère théâtrale, le mot « marionnettiste » fait poindre en moi un sourire à <strong>la</strong><br />
fois nostalgique (enfant, j'ai ri au spectacle <strong>de</strong> Kasper) et, en même temps, quelque peu étonné<br />
(est-ce un métier ). Ce mot qui a le pouvoir <strong>de</strong> rendre soudain humain, même le visage du<br />
policier le plus sévère...<br />
Mais dans <strong>la</strong> sphère théâtrale, le mot marionnettiste ravive une imaginerie à <strong>la</strong>quelle je ne<br />
m'i<strong>de</strong>ntifie pas.<br />
Pourtant je préfère le mot « marionnette » riche en évocations et transformations possibles à<br />
celui <strong>de</strong> « figure », tellement rigi<strong>de</strong>.<br />
Ilka Schönbein<br />
in Alternatives Théâtrales, n°72, avril 2002<br />
5
Ag<strong>la</strong>ja Veteranyi<br />
J'ai l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> m'installer partout <strong>de</strong> manière à me sentir bien.<br />
Pour ce<strong>la</strong>, je n'ai qu'à poser mon fou<strong>la</strong>rd bleu sur une chaise.<br />
C'est <strong>la</strong> mer.<br />
À côté <strong>de</strong> mon lit, j'ai toujours <strong>la</strong> mer.<br />
Je n'ai qu'à <strong>de</strong>scendre du lit pour nager.<br />
Dans ma mer à moi, pas besoin <strong>de</strong> savoir nager pour pouvoir nager.<br />
La nuit, je recouvre <strong>la</strong> mer avec <strong>la</strong> robe <strong>de</strong> chambre à fleurs <strong>de</strong> ma mère, pour que<br />
les requins ne me happent pas quand je vais aux toilettes.<br />
À l’étranger, on peut <strong>de</strong>venir célèbre sans être membre du parti du dictateur.<br />
Mes poupées ont beaucoup maigri. Elles ne comprennent pas les <strong>la</strong>ngues<br />
étrangères.<br />
Quand ma mère est suspendue par les cheveux, elle court dans les airs.<br />
On reste mort beaucoup plus longtemps que vivant, voilà pourquoi il faut aux<br />
morts beaucoup plus <strong>de</strong> bonheur.<br />
Pas <strong>de</strong> doute, Dieu existe, puisque presque tous les artistes, qu’ils soient <strong>de</strong>s nôtres<br />
ou <strong>de</strong>s étrangers, se signent avant leur numéro. Quel sens est-ce que ça pourrait<br />
avoir, sans Dieu <br />
Extraits <strong>de</strong> Pourquoi l’enfant cuisait dans <strong>la</strong> polenta<br />
Éditions d’En bas / L’Esprit <strong>de</strong>s Péninsules, 2004<br />
Repères<br />
Ag<strong>la</strong>ja Veteranyi est née en 1962 à Bucarest dans une famille d’artistes <strong>de</strong> cirque. Elle<br />
apparaît dans <strong>de</strong>s numéros avec son père dès 1965. En 1967, <strong>la</strong> famille fuit <strong>la</strong> Roumanie et<br />
s’établit à Zürich. Dès 1979, elle entreprend une formation <strong>de</strong> comédienne et commence à<br />
écrire. Ag<strong>la</strong>ja Veteranyi s’est donné <strong>la</strong> mort en 2002 à Zürich.<br />
6
Ilka Schönbein<br />
Originaire <strong>de</strong> Darmstadt (Allemagne), Ilka Schönbein s’est formée à <strong>la</strong> danse eurythmique <strong>de</strong><br />
Rudolph Steiner qui prône l’alliance <strong>de</strong> l’âme et du geste plutôt que l’effort et <strong>la</strong> technique. Puis<br />
elle a étudié avec le marionnettiste Albrecht Roser à Stuttgart. Ses étu<strong>de</strong>s terminées, elle a<br />
tourné une dizaine d’années avec d’autres compagnies avant <strong>de</strong> se <strong>la</strong>ncer sur les routes avec ses<br />
propres spectacles.<br />
Métamorphoses a été créé pour <strong>la</strong> rue, pour toucher tous les publics. Puis, sans abandonner <strong>la</strong><br />
rue, Ilka Schönbein a accepté d’adapter son spectacle aux scènes <strong>de</strong> théâtre en y ajoutant un<br />
<strong>de</strong>uxième personnage, interprété successivement par Thomas Berg, Alexandre Haslé, Mô<br />
Bunte. Chaque fois, Ilka Schönbein a créé une nouvelle variante : Métamorphoses est au fil du<br />
temps <strong>de</strong>venu Métamorphoses <strong>de</strong>s Métamorphoses qu'elle a joué début 2003 à nouveau en<br />
solo. Le Roi Grenouille, créé en mai 1998, a connu <strong>de</strong>ux versions avant d’être recréé en 2005<br />
sous le titre Le Roi Grenouille III. En 2003, elle s’est inspirée <strong>de</strong> <strong>la</strong> musique <strong>de</strong> Franz Schubert<br />
et du livret <strong>de</strong> Wilhelm Müller pour imaginer Le Voyage d’hiver.<br />
Le Théâtre Meschugge d’Ilka Schönbein<br />
Le Théâtre Meschugge, fondé par Ilka Schönbein, a tourné dans toute l’Europe avec les<br />
spectacles Métamorphoses et Le Roi grenouille, <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> cinq ans.<br />
Festivals Internationaux <strong>de</strong> Marionnettes<br />
Charleville-Mézières, Barcelone, Bochum, Er<strong>la</strong>ngen, Saarbrücken, Ségovie, Montréal<br />
Festivals Internationaux <strong>de</strong> Mime<br />
Londres et Périgueux<br />
Festivals<br />
Paris Quartier d’Eté, Théâtre en Mai – Dijon, Les Fantaisies, Maison <strong>de</strong>s Arts – Créteil, Le<br />
Printemps <strong>de</strong>s Comédiens – Montpellier, Festival Européen – Grenoble, VivaCité – Sotteville-les-<br />
Rouen, Festival Off – Chalon-sur-Saône, Festival Off – Auril<strong>la</strong>c, Festivals <strong>de</strong> Louvain…<br />
Scènes nationales et Centres dramatiques nationaux<br />
Amiens, Angers, Armentières, Apt, Aubervilliers, Bar-le-Duc, Belfort, Bergerac, Besançon, Blois,<br />
Brest, Caen, Ca<strong>la</strong>is, Carcassonne, Cavaillon, Châlons-sur-Marne, Chambéry, Chartres, Cognac,<br />
Dieppe, Dijon, Douai, Fécamp, Florange, Joué-les-Tours, La Roche-sur-Yon, Le Havre,<br />
Libourne, Montreuil, Metz, Orléans, Pa<strong>la</strong>iseau, Rennes, Rochefort, Saint-Brieuc, Sedan,<br />
Terrasson, Thonon, Toulouse, Troyes, également au Théâtre <strong>de</strong> Vidy – Lausanne…<br />
Exposition Mondiale <strong>de</strong> Scénographie – Prague<br />
Les spectacles d’Ilka Schönbein présentés au Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Commune</strong><br />
Métamorphoses, juin 1999<br />
Le Roi grenouille I, juin 1999<br />
Voyage d’hiver, mai 2004<br />
Le Roi grenouille III, janvier 2006<br />
du 12 janvier au 9 février 2007<br />
au Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Commune</strong><br />
exposition<br />
Marinette De<strong>la</strong>nné Photographies<br />
Marinette De<strong>la</strong>nné immortalise <strong>de</strong>puis Métamorphoses les créations <strong>de</strong> <strong>la</strong> marionnettiste alleman<strong>de</strong>.<br />
Un voyage sublime tout en noir et b<strong>la</strong>nc dans l’univers singulièrement beau d’Ilka Schönbein.<br />
7