La Maison écologique n°8 - Free
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À droite :<br />
Le chenal planté<br />
en serpentin<br />
16<br />
Pietrasanta, maire, et Daniel Bondon, directeur de la<br />
station de lagunage, ont écrit un livre (1) dans lequel<br />
ils présentent le lagunage comme la solution aux problèmes<br />
d’assainissement des petites villes.<br />
À Saint-Jean-de-Daye, village de la Manche situé<br />
dans le Parc naturel régional des Marais du Bessin et<br />
du Cotentin, le choix s’est porté sur un système<br />
alliant d’une part le lagunage, et d’autre part des bassins<br />
plantés de roseaux et de scirpes. En service<br />
depuis 1994, elle satisfait pleinement aux exigences<br />
sanitaires et épure les eaux usées de près de 500<br />
habitants.<br />
Si vous êtes raccordé au réseau d’assainissement<br />
collectif de votre commune, et que celle-ci n’a pas<br />
encore opté pour son futur système d’épuration,<br />
quelques documents cités dans la bibliographie,<br />
pourront vous aider à participer à la réflexion, et pourquoi<br />
pas l’orienter vers un de ces systèmes.<br />
L’assainissement autonome des<br />
autres immeubles<br />
Comme cela a été mentionné plus haut, les assainissements<br />
des autres immeubles que les maisons<br />
d’habitation individuelles, peuvent également bénéficier<br />
de systèmes d’épuration alternatifs. C’est dans<br />
cette catégorie que l’on trouve le plus de choix en<br />
matière d’épuration alternative. En effet, les quelques<br />
entreprises et bureaux d’études qui proposent ces<br />
systèmes pour des villages ou des communes, sont<br />
en général capables de les adapter aux petits projets.<br />
Ainsi, fermes, gîtes, campings, associations, entreprises,<br />
éco-villages... peuvent s’en faire installer (ou<br />
les installer eux-mêmes).<br />
C’est dans ce cadre-là que Willy Vogt a mis en place<br />
une phytoépuration pour une coopérative viticole.<br />
Voici, raconté par Michel Jambon, l’histoire de cette<br />
aventure. Où nous verrons comment les plantes<br />
d’eau sauvèrent, tout simplement, la nature.<br />
Willy au pays des phragmites :<br />
Alors que notre ami Willy se promenait tranquillement<br />
dans les vignobles de la jolie campagne rhodanienne,<br />
il rencontra un homme qui semblait<br />
désespéré. L’homme en question était le président<br />
de la Cave coopérative viticole locale,<br />
entreprise faisant partie de la Communauté<br />
de communes du canton qui, comme chacun<br />
sait, est une institution hautement responsable<br />
du bien commun naturel.<br />
Notre homme désespéré, était en procès<br />
devant le tribunal du pays, et risquait de se<br />
voir infliger de lourdes amendes. En effet, <strong>La</strong><br />
Société locale des pêcheurs avait assigné en<br />
justice la Cave coopérative pour pollution des<br />
rivières. Pour assassinat du milieu naturel, si<br />
l’on peut dire. <strong>La</strong> Cave coopérative devait<br />
donc prestement cesser de rejeter ses<br />
effluents dans le fossé, parce que le-dit fossé<br />
aboutissait dans le petit ruisseau du coin.<br />
Mais que contenaient donc les rejets de cette<br />
Cave viticole pour tuer la faune et la flore du<br />
milieu aquatique <br />
Les effluents de la Cave représentent un important<br />
volume de pollution diluée, notamment au moment<br />
des vendanges, sous forme de liquide assez fluide<br />
ayant l’apparence du vin et contenant essentiellement<br />
de la cellulose (un sucre particulier ), des glucoses<br />
et fructoses (autres sucres), ayant un PH très<br />
n°8 avril-mai 2002<br />
acide (en dessous de 4), et des matières organiques<br />
dissoutes . <strong>La</strong> fermentation de ce liquide provoque<br />
l’explosion des colonies de bactéries qui vont<br />
consommer l’oxygène de l’eau et donc provoquer<br />
l’asphyxie des autres éléments du milieu aquatique.<br />
Comment et pourquoi la Cave a-t-elle opté pour de la<br />
phytoépuration <br />
On sera étonné de voir comment ce milieu viticole,<br />
pourtant si conventionnel et conservateur, et aux<br />
structures professionnelles obscures, si soucieux de<br />
son bon droit et de ses prérogatives, sourd à ce qui<br />
vient de l’extérieur, adoptera finalement un procédé<br />
novateur de phytoépuration.<br />
L’affaire fut confiée dans un premier temps à la<br />
Compagnie de traitement des eaux qui installa un<br />
traitement primaire par dégrillage, et un traitement<br />
secondaire, sous forme d’une station d’épuration biologique<br />
avec apport artificiel d’oxygène (air pulsé<br />
dans l’eau sous forme de fines bulles). Cet apport<br />
d’oxygène permet un développement en grand<br />
nombre de bactéries aérobies qui vont digérer les<br />
matières dissoutes. Tout se passe dans des cuves<br />
géantes. Malgré l’intérêt du système les résultats<br />
d’épuration furent insuffisants. C'est alors que Willy<br />
intervint...<br />
En effet, la Cave coopérative est confrontée aux<br />
impératifs de contrôle et à une pression réglementaire<br />
draconienne car ses rejets se déversent dans un<br />
petit ruisseau intermittent. Or le système de notre<br />
ami Willy permet de respecter les normes de la Police<br />
de l’eau, alors que les systèmes conventionnels ont<br />
de plus faibles rendements épuratoires et restent<br />
hors de ces normes. De plus le système de Willy possède<br />
un coût de fonctionnement bien meilleur marché<br />
qu'un système industriel. <strong>La</strong> Cave confia donc à<br />
Willy la conception et le suivi de réalisation d’un système<br />
de finition de traitement des eaux usées avec<br />
des plantes.<br />
Willy passe à l’acte<br />
Willy réalise alors un chenal planté en pente très<br />
faible, variant de 1,2 m à 2 m de large, pour 40 cm de<br />
profondeur, et 75 m de long. Le tout prolongé par une<br />
mare de sécurité (en cas de déversement accidentel<br />
et très volumineux ). À l’entrée on trouve une vasque<br />
en cascade pour oxygéner l’eau polluée, puis vient<br />
une succession de plantes d’eau agencées selon leur<br />
voracité épuratoire.<br />
Ce chenal planté est à la fois un beau fossé et un jardin<br />
décoratif exubérant, parfaitement intégré au paysage<br />
et aux vignobles du Rhône. Les voisins y récupèrent<br />
aujourd’hui une eau très pure pour arroser