La Maison écologique n°8 - Free
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Ci-dessus :<br />
Schémas d’installation<br />
de filtres<br />
plantés.<br />
à l’autre extrémité du bassin. À l’entrée et à la sortie<br />
du bassin, un “tas” de galets permet à l’effluent une<br />
distribution horizontale homogène et une collecte<br />
plus facile.<br />
Des végétaux aquatiques spécifiques sont plantés<br />
directement dans le substrat de pouzzolane. Le système<br />
sera en pleine productivité lorsque le complexe<br />
racinaire des plantes aura atteint le fond du bassin.<br />
Cela peut prendre deux années.<br />
Du point de vue des analyses chimiques, les bassins-filtres<br />
permettent d’assurer les traitements :<br />
- primaire (filtration physique),<br />
- secondaire (abattement des matières en suspension<br />
-MES- et de la demande chimique et biologique<br />
en oxygène -DCO-DBO),<br />
- tertiaire (abattement de l’azote et du phosphore).<br />
Rejet final<br />
Une mare terminale permet d’affiner l’épuration des<br />
eaux sortant du dernier niveau horizontal et de<br />
constituer une réserve pour arroser le jardin. <strong>La</strong><br />
mare n’est toutefois pas indispensable car les eaux<br />
sont suffisamment propres pour être rejetées au<br />
fossé ou irriguer un bosquet de saules ou de bambous.<br />
Parfois, une forêt humide peut constituer la<br />
dernière partie du système.<br />
Le principe de l’épuration<br />
Le processus épurateur est celui d’un filtre bactérien<br />
fonctionnant en aérobiose, c’est-à-dire grâce à<br />
l’oxygène de l’air.<br />
C’est pour cette raison que les eaux vannes et les<br />
eaux grises ne sont pas mélangées au départ. Les<br />
études du professeur Jozsef Orszagh de l’université<br />
de Mons ont montré que l’azote ammoniacal des<br />
eaux vannes ralentit la fermentation des eaux<br />
grises tandis que les savons et détergents contenus<br />
dans celles-ci ont un effet inhibiteur sur les eaux<br />
vannes. Lorsqu’elles sont mélangées dans une<br />
fosse de type “toutes eaux”, elles sortent “septiques”<br />
de la fosse, nauséabondes et chargées en<br />
bactéries anaérobies. Au sein du premier niveau, il<br />
se produit un “choc bactérien” : les populations de<br />
bactéries aérobies du bassin perdent un temps précieux<br />
à pouvoir dominer les bactéries anaérobies.<br />
De plus, des odeurs peuvent se manifester en raison<br />
de l’épandage en surface.<br />
Les plantes aquatiques développent rapidement un<br />
complexe racinaire important. Grâce à l’énergie<br />
solaire et lors de la photosynthèse, elles émettent<br />
de l’oxygène par leurs racines. L’oxygène arrive<br />
également au sein du substrat par “appel d’air” lorsqu’une<br />
bâchée d’effluent est évacuée rapidement et<br />
par l’appareillage d’oxygénation passive installée<br />
dans le bassin (tubes verticaux, drains, etc.).<br />
Au voisinage du système racinaire, sur les km2 de<br />
surface offerte par les pores de la pouzzolane, des<br />
milliards de bactéries aérobies (fonctionnant grâce<br />
à l’oxygène) s’activent et transforment la matière<br />
organique contenue dans les eaux usées en matière<br />
minérale assimilable par les plantes. C’est le processus<br />
général d’épuration de l’eau, le même que<br />
celui mis en œuvre dans les micro-stations ou les<br />
grosses stations d’épuration mais ici les bassins de<br />
plantes remplacent économiquement (elles fonctionnent<br />
à l’énergie solaire gratuite), et esthétiquement<br />
les systèmes mécanisés et sophistiqués.<br />
Les plantes aquatiques jouent encore bien d’autres<br />
rôles en dehors d’émettre de l’oxygène et de servir<br />
d’habitat aux bactéries au niveau racinaire.<br />
Leurs autres propriétés sont les suivantes :<br />
- en se balançant sous le vent, elles participent à<br />
l’aération mécanique du substrat et empêchent son<br />
colmatage,<br />
- leurs racines produisent une grande variété de substances<br />
colloïdales qui sont capables de casser les<br />
molécules fort complexes de nos médicaments chimiques<br />
de synthèse et de nos détergents modernes,<br />
- elles abritent toute une faune de détritivores (escargots...)<br />
et même des oiseaux qui se mangent les uns<br />
les autres en commençant par les bactéries mortes,<br />
selon une chaîne alimentaire bien organisée.<br />
En reconnaissant les stratégies très subtiles mises<br />
en œuvre naturellement dans ces écosystèmes, on<br />
ne peut pas simplifier le processus en disant que<br />
“les plantes mangent les effluents”. Il s’agit au<br />
contraire de modes opératoires à basse énergie,<br />
très sophistiqués et que certains scientifiques, avec<br />
beaucoup d’humilité, commencent tout juste à<br />
appréhender.<br />
Anne Rivière<br />
n°8 avril-mai 2002<br />
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