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M. Alten / Le Conservatoire de musique et d'art dramatique

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est <strong>de</strong>s élèves, ils ont également un pied dans le mon<strong>de</strong> professionnel en diverses occasions.<br />

La section d’art <strong>dramatique</strong> collabore avec la Comédie-française en lui fournissant <strong>de</strong>s acteurs<br />

(à l’inverse ce sont ses machinistes qui montent les décors <strong>de</strong>s soirées d’exercices<br />

<strong>dramatique</strong>s du <strong>Conservatoire</strong>) <strong>et</strong> les musiciens sont amenés à se produire en concert public<br />

soit lors du concert annuel <strong>de</strong>s premiers prix, soit pour soutenir <strong>de</strong>s camara<strong>de</strong>s dans le besoin,<br />

soit pour assurer <strong>de</strong>s distractions aux étudiants parisiens. Dès le 28 août 1940, le directeur<br />

Henri Rabaud revendique c<strong>et</strong>te double i<strong>de</strong>ntité en évoquant les concerts publics à venir <strong>de</strong>s<br />

élèves, dans lesquels leur interprétation <strong>de</strong> Bach <strong>et</strong> <strong>de</strong> Be<strong>et</strong>hoven pourrait œuvrer au<br />

rapprochement entre les peuples 3 . Et le 11 septembre 1940, il propose un programme <strong>de</strong><br />

<strong>musique</strong> française à l’approbation du lieutenant chargé <strong>de</strong>s concerts à la Propaganda Staffel.<br />

« La gran<strong>de</strong> <strong>et</strong> vénérable école <strong>de</strong> <strong>musique</strong> » qu’il dirige ne saurait que forcer le respect <strong>de</strong><br />

l’occupant 4 .<br />

C<strong>et</strong>te fragilité institutionnelle suscite <strong>de</strong>s convoitises <strong>et</strong> dès le début <strong>de</strong>s années 1930 les<br />

archives du secrétariat d’État aux Beaux-Arts témoignent <strong>de</strong>s appétits dont fait preuve le<br />

mon<strong>de</strong> artistique, individuellement ou collectivement, pour prendre pied dans le<br />

<strong>Conservatoire</strong>. La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est i<strong>de</strong>ntique pour tous : faire partie <strong>de</strong>s jurys <strong>de</strong> concours. Des<br />

l<strong>et</strong>tres d’instrumentistes, <strong>de</strong> compositeurs, <strong>de</strong> chanteurs sont transmises au directeur par son<br />

administration <strong>de</strong> tutelle. Lorsqu’il s’agit, en 1931, <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong>s artistes <strong>dramatique</strong>s,<br />

lyriques <strong>et</strong> cinématographiques, une note interne précise que « le directeur du <strong>Conservatoire</strong>,<br />

au terme du règlement, à tous pouvoirs pour constituer le jury sous sa seule responsabilité » 5 .<br />

Pour plai<strong>de</strong>r sa cause, l’Association <strong>de</strong>s directeurs <strong>de</strong> théâtre argumente, en 1931, <strong>de</strong>s emplois<br />

futurs qu’elle serait susceptible d’offrir. <strong>Le</strong> 12 juin 1931, la réponse <strong>de</strong> Rabaud tombe<br />

« aucune association ne peut se faire représenter dans un jury <strong>de</strong> concours » 6 . Tenant compte<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te réponse, c’est alors un directeur <strong>de</strong> théâtre, Robert Trebor directeur du théâtre privé<br />

<strong>de</strong> La Ma<strong>de</strong>leine <strong>et</strong> ami <strong>de</strong> Sacha Guitry, qui assaille pendant presque dix ans l’administration<br />

<strong>de</strong>s Beaux-Arts. Sa première l<strong>et</strong>tre date <strong>de</strong> 1932 <strong>et</strong> sera suivie <strong>de</strong> nombreuses autres.<br />

En 1933, il propose une réforme <strong>de</strong>s jurys qui introduirait l’obligation <strong>de</strong> présence <strong>de</strong>s<br />

usagers, mais celle-ci n’est pas r<strong>et</strong>enue 7 . Lorsque Georges Huisman <strong>de</strong>vient directeur général<br />

<strong>de</strong>s Beaux-Arts en février 1934, la tournure <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres se fait plus personnelle <strong>et</strong> plus<br />

insistante. En 1938, à <strong>de</strong>ux reprises, il se plaint auprès <strong>de</strong> son cher Georges <strong>de</strong> la mauvaise<br />

volonté <strong>de</strong> Rabaud qui n’a qu’hostilité ou dédain pour lui 8 . Soucieux <strong>de</strong> satisfaire celui qui<br />

est <strong>de</strong>venu prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s directeurs <strong>de</strong> théâtre, Huisman fait adresser, le<br />

29 juin 1939, un courrier comminatoire à Rabaud l’informant que le ministre voudrait que<br />

Trebor soit membre du jury du conservatoire 9 . Mais Rabaud ne cè<strong>de</strong> pas d’un pouce sur ses<br />

prérogatives (il craint l’embauche au rabais dans les théâtres privés) <strong>et</strong> il gar<strong>de</strong> pour<br />

principe <strong>de</strong> ne jamais appeler à un jury une personne ayant <strong>de</strong>mandé à l’être. <strong>Le</strong> conflit reste<br />

ouvert. <strong>Le</strong> 20 décembre 1939, Rabaud accepte que Trebor fasse partie du Conseil supérieur du<br />

<strong>Conservatoire</strong>, à titre purement individuel 10 . C<strong>et</strong>te instance vali<strong>de</strong> les nominations <strong>de</strong>s<br />

nouveaux professeurs <strong>et</strong> nomme <strong>de</strong>s délégués au jury <strong>de</strong> concours. Sa composition est<br />

approuvée annuellement par l’État. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier conseil <strong>de</strong> la III e République, nommé le<br />

3 AN, AJ37/427, <strong>Le</strong>ttre H. Rabaud au lieutenant Ra<strong>de</strong>macher, 28 août 1940.<br />

4 AN, AJ37/427, <strong>Le</strong>ttre H. Rabaud à M. le lieutenant chargé <strong>de</strong>s concerts, Propaganda Staffel, 11 septembre<br />

1940.<br />

5 AN, F21/5325/7A, minute <strong>de</strong>s Beaux-Arts au ministre <strong>de</strong> l’Éducation <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Beaux-Arts, 1931.<br />

6 AN, F21/5325/7A, <strong>Le</strong>ttre H. Rabaud à M. le sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts, 12 juin 1931.<br />

7 AN, F21/5325/8, Note R. Trebor, 26 juin 1933.<br />

8 AN, F21/5325/8, <strong>Le</strong>ttres R. Trebor à G. Huisman, 25 <strong>et</strong> 30 juin 1938.<br />

9 AN, F21/5325/7B, <strong>Le</strong>ttre du ministère <strong>de</strong> l’Éducation nationale <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Beaux-Arts à H. Rabaud, 29 juin 1939.<br />

10 AN, AJ37/427, <strong>Le</strong>ttre H. Rabaud au directeur général <strong>de</strong>s Beaux-Arts, 20 décembre 1939.<br />

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