Juin 2011 - Bernex

CULTURE
GILBERT VONLANTHEN, CONSEILLER ADMINISTRATIF
Littérature
Résultats du
Prix de L’Aire
concours littéraire
intercommunal
En 2009, la Commune de Bernex avait
initié un concours littéraire sur le thème
«Bernex, terre de mystère et de magie»
dans le cadre de la manifestation les
«1001 nuits de Bernex». Forte du succès
rencontré et dans un esprit de pérennisation,
elle a proposé à la Commune
de Confignon de s’associer à un nouveau
projet de concours baptisé «Prix
de l’Aire». Cette dernière, n’hésite pas,
tant le projet l’enthousiasme. Elle qui
vit passer Rousseau en ses terres, en
1728.
Le jury composé de Magistrats, de
Conseillers municipaux et de professionnels
de la branche dont M. Damien
Malefait, libraire à la librairie du Boulevard,
partenaire du concours, s’est
réuni en avril afin de délibérer sur les
nouvelles sur le thème «Aller-retour».
Dans la catégorie adultes, 19 nouvelles
nous sont parvenues et dans la
catégorie enfants, les classes de l’école
de Lully notamment ont bien joué le
jeu et 26 nouvelles produites ont été
reçues. La remise des prix s’est tenue
le 6 mai dernier.
Palmarès du concours:
CATEGORIE «A» ADULTE
1 er = Rachel Amacker Robyr (Sierre):
A quand la fin du va-et-vient
2 e = François Hussy (Genève): Djibouti
3 e = Ariane Baillat (Perly): Transports
urbains
CATEGORIE «B» Ados
1 ère = Annabelle Galland (Onex):
Aller-retour
CATEGORIE «C» enfants
1 er = Melissa Evequoz (Bernex):
Aller-Retour
2 e = Sara Maggiore (Bernex):
Les trois aller-retours
3 e = Romain Tarrit et Tibo frey
(Bernex): Les deux clowns
Nous avons le plaisir de publier dans
ce numéro le texte gagnant de la
catégorie «Adultes». Dans le prochain
numéro, vous découvrirez celui de la
catégorie enfants!
«A quand la fin du va-et-vient»
De Rachel Amacker-Robyr
Encore une nuit blanche. Blanche comme
la lune, qui m’impose, comme tous
les mois, son disque plein à travers la
lucarne. Gric-zac, gric-zac. Le lit se met
à grincer, à couiner, sous le poids du
corps de l’homme qui va et qui vient.
Pas mon homme. Pas mon lit. Ceux de
la voisine du dessus. Celle qui s’envoie
en l’air quand ça lui chante, sans se
poser de questions, sans se préoccuper
de sa courbe de température, ignorant
jusqu’à sa date d’ovulation. D’ailleurs,
elle a adopté une méthode de contraception
qui supprime ses règles, ce
qui manifestement ne change rien à
son appétit charnel. Flout-flatch, floutflatch.
Installée juste au-dessus de ma
tête, la couche des voisins adopte un
rythme de croisière des plus réguliers.
Les matelots en ont largué les
amarres pour une destination exotique,
lointaine. Lorsqu’ils repèrent un îlot
de plaisir à deux, ils accélèrent la
cadence et hululent en chœur. 00:03.
C’est en tout cas ce qu’affiche mon
réveille-matin en avance de trois
minutes. L’instant que choisit le mâle
pour couvrir le frêle gémissement de
sa compagne d’un vagissement plus
qu’animal. Minuit. 00:00. L’heure parfaite.
La seule qui soit tout en palindrome,
symétrie et translation. La seule
qui permette de ponctuer le texte
de la vie pour en écrire un nouveau
chapitre. 00:00. Minuit. L’heure du
crime, aussi. Celle qui tue Hier, empêchant
son retour. Alors, dans ma tête,
je maudis mes voisins. Je les écorche
et les trucide. J’arrache leur sexe de
mes incisives. Je plonge mes mains
dans leur bas-ventre et en extirpe les
organes un à un. Par vengeance…
Lentement, la nuit se colore. Elle prend
des teintes cramoisies. Et mon mari, à
côté de moi, endormi.
Une nuit rouge. Rouge également
l’écran du radio-réveil, qui transperce
mes paupières toutes les nuits de
pleine lune, m’interdisant le sommeil
pour ne pas devoir m’en tirer plus tard.
Une douleur me fait quitter ma rêverie
sanguinaire et castratrice. Une douleur
soudaine, familière. Ma respiration se
bloque qui contracte mon abdomen.
Je sais ce qui m’attend. Alors que làhaut
l’astre épanoui connaît l’apothéose
du milieu de cycle, le mien
prend fin, inexorablement. A croire
que le satellite féminin n’est pas de
mon côté. La souffrance me force à
me tourner et à me retourner sous
la couette. Flan gauche, flan droit, et
je reprends. A chaque fois, je grogne
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