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A la recherche de valeur ajoutée - Dimension

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DEBAT<br />

La coordination <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité est mal<br />

perçue. En effet, les architectes et les<br />

entrepreneurs n’en voient souvent pas<br />

<strong>la</strong> <strong>valeur</strong> ajoutée. Les donneurs d’ordre,<br />

quant à eux, renâclent <strong>de</strong>vant le surcoût.<br />

Pourtant, le coordinateur <strong>de</strong> sécurité a<br />

réellement beaucoup à offrir, comme nous<br />

l’expliquent nos interlocuteurs. Présentons-les<br />

brièvement. Luc Proesmans est<br />

conseiller en affaires sociales et sécurité<br />

chez Bouwunie. Maître Gert Geerts est<br />

avocat chez GSJ-avocats. Patrick Go<strong>de</strong>lie<br />

est directeur général <strong>de</strong> <strong>la</strong> VEKMO, une<br />

organisation qui dispense <strong>de</strong>s formations<br />

<strong>de</strong> coordinateurs <strong>de</strong> sécurité, et fournit<br />

elle-même <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> coordination.<br />

Sur les chantiers <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 500 m², l’architecte doit<br />

normalement faire appel au coordinateur <strong>de</strong> sécurité<br />

projet et au coordinateur <strong>de</strong> sécurité mise en œuvre.<br />

Quels sont les problèmes susceptibles <strong>de</strong> se poser<br />

Sécurité sur le chantier<br />

A <strong>la</strong> <strong>recherche</strong> <strong>de</strong> <strong>valeur</strong> ajoutée<br />

ne fait qu’alourdir le travail et le prix, tout en provoquant <strong>de</strong>s<br />

discussions sans fin.<br />

« Négliger cette obligation est une faute que commet fréquemment<br />

l’architecte. Il voit surtout le coordinateur <strong>de</strong> sécurité<br />

projet comme un interlocuteur supplémentaire qui vient se<br />

mêler du projet. Si c’est non pas l’architecte mais le maître<br />

d’ouvrage/employeur qui est responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation et<br />

qu’il <strong>la</strong> néglige durant <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> conception, l’architecte se<br />

trouve par contre dans une position délicate. En principe, il<br />

doit mettre fin à sa mission si aucun coordinateur n’est nommé,<br />

mais ce<strong>la</strong> implique qu’il renonce à une nouvelle mission. »<br />

« Le coordinateur <strong>de</strong> sécurité est dans une situation comparable.<br />

S’il se positionne <strong>de</strong> façon trop assertive vis-à-vis du<br />

processus <strong>de</strong> construction et se dresse contre son employeur,<br />

celui-ci s’adressera à quelqu’un d’autre <strong>la</strong> fois suivante. A<br />

l‘inverse, les coordinateurs <strong>de</strong> sécurité ne sont pas exempts<br />

<strong>de</strong> toute critique. Trop peu d’entre eux ont une connaissance<br />

approfondie et une expérience du type <strong>de</strong> projets pour lesquels<br />

ils remettent prix, et ils n’apportent donc aucune <strong>valeur</strong><br />

ajoutée notable. Il est logique que l’architecte jette alors<br />

l’éponge. Cette double spirale pèse d’emblée négativement<br />

sur <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> coopérer. »<br />

Patrick Go<strong>de</strong>lie: « Dans <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> conception, il n’est que<br />

rarement question <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité. C’est seulement<br />

si son absence motive le refus <strong>de</strong> permis d’urbanisme,<br />

ou une fois que <strong>la</strong> mise en œuvre a débuté, qu’on fait appel<br />

à lui et que l’on produit en toute hâte <strong>la</strong> paperasserie nécessaire.<br />

Pourtant, selon moi, <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité doit<br />

peser plus lourd durant <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception que pendant<br />

<strong>la</strong> mise en œuvre. Faute d’intervention du coordinateur<br />

<strong>de</strong> sécurité projet, les mesures que celui-ci aurait éventuellement<br />

pu préconiser n’ont pas été intégrées au cahier <strong>de</strong>s<br />

charges. Suggérer ces mesures en phase <strong>de</strong> mise en œuvre<br />

Luc Proesmans: « Dans <strong>la</strong> pratique, nous voyons en effet<br />

souvent que le coordinateur projet n’est engagé que trop<br />

tard, voire pas du tout. Par <strong>la</strong> suite, l’entrepreneur doit alors<br />

prendre certaines mesures concernant les outil<strong>la</strong>ges à mettre<br />

en œuvre - par exemple prévoir <strong>de</strong>s échafaudages ou faire<br />

appel à un lift - qui ne sont pas repris dans le prix ou font<br />

augmenter celui-ci, et ce<strong>la</strong> fait tout un cirque. Normalement,<br />

le coordinateur projet doit donner, dans son PSS (P<strong>la</strong>n Sécurité<br />

et Santé), <strong>la</strong> possibilité aux entrepreneurs <strong>de</strong> prévoir plusieurs<br />

solutions pour éviter certains risques. C’est <strong>la</strong> même<br />

chose pour <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions collectives comme les toilettes,<br />

»<br />

DIMENSION<br />

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DEBAT<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité. En économisant sur le coordinateur, le donneur<br />

d’ordre passe à côté <strong>de</strong> nombreux avantages potentiels<br />

et finit par se retrouver dans <strong>la</strong> paperasserie c<strong>la</strong>ssique. »<br />

Patrick Go<strong>de</strong>lie<br />

une cantine etc. Si elles font l’objet d’une p<strong>la</strong>nification commune,<br />

le prix baisse pour les différents entrepreneurs.<br />

Patrick Go<strong>de</strong>lie: « L’entrepreneur ne peut faire une analyse<br />

<strong>de</strong> risques que pour ses propres travaux, pas pour tout le<br />

chantier. Par contre, le coordinateur projet va regar<strong>de</strong>r les<br />

risques liés aux autres travaux qui ont lieu en même temps,<br />

aux conditions <strong>de</strong> chantier à prévoir, et à l’environnement.<br />

Un bon coordinateur est doté d’une certaine imagination.<br />

Lors <strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> démolition et <strong>de</strong> reconstruction, par<br />

exemple, il doit pouvoir se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r où sont les phases critiques<br />

et quelles solutions il peut proposer. L’entrepreneur a-<br />

t-il d’autres solutions équivalentes en vue Très bien. Elles ne<br />

sont pas équivalentes Dans ce cas, on cherchera ensemble<br />

un compromis répondant au moins aux dispositions légales. »<br />

Luc Proesmans: « Le coordinateur se penche également sur<br />

<strong>de</strong>s facteurs externes. Y a-t-il un hôpital à proximité, faudrat-il<br />

utiliser <strong>de</strong>s palp<strong>la</strong>nches Y a-t-il une école dans les environs,<br />

ce qui implique d’éviter si possible toute circu<strong>la</strong>tion<br />

intensive sur le chantier le matin et en fin d’après-midi Les<br />

travaux ont-ils lieu dans un centre commercial où <strong>de</strong>s clients<br />

circulent constamment Y a-t-il un marché un jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> semaine<br />

»<br />

Gert Geerts: « J’aimerais souligner l’aspect ‘imagination’. Un<br />

bon coordinateur projet fait en réalité <strong>la</strong> même chose qu’un<br />

architecte, mais d’un autre point <strong>de</strong> vue. Il ne lie pas les mains<br />

à l’architecte et ne crée pas d’administration supplémentaire,<br />

mais il contribue à <strong>la</strong> conception d’un bâtiment qui aura une<br />

<strong>valeur</strong> ajoutée pour les utilisateurs. C’est pourquoi l’architecte<br />

doit s’abstenir <strong>de</strong> geindre avec l’entrepreneur, qui ne<br />

voit dans le coordinateur qu’un coût supplémentaire. Comme<br />

on l’a déjà dit, ce coût supplémentaire survient surtout quand<br />

il faut prendre tardivement certaines dispositions au niveau<br />

Un coordinateur <strong>de</strong> sécurité est-il obligatoire quand on<br />

construit soi-même<br />

Patrick Go<strong>de</strong>lie: « La loi stipule qu’un coordinateur <strong>de</strong> sécurité<br />

doit être nommé dès que <strong>de</strong>ux ou plusieurs entrepreneurs<br />

travaillent successivement ou simultanément sur le chantier.<br />

Le concept d’entrepreneur est <strong>la</strong>rge: quelqu’un qui emploie<br />

du personnel, un sous-traitant, un indépendant, une entreprise<br />

<strong>de</strong> service qui fait <strong>de</strong>s travaux d’excavation, un fournisseur<br />

qui pose <strong>de</strong>s travées sur le toit à l’ai<strong>de</strong> d’une grue. Étant<br />

donné cette définition très <strong>la</strong>rge, l’auto-construction n’existe<br />

pas selon <strong>la</strong> lettre <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi, surtout lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> réaliser<br />

une maison au complet. Dans <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce, par exemple,<br />

le fait <strong>de</strong> ne pas nommer un coordinateur <strong>de</strong> sécurité a été<br />

puni dans le cas d’un chantier ou <strong>de</strong>s parents construisaient<br />

ensemble un local pour les scouts et où un acci<strong>de</strong>nt s’était<br />

produit. Le juge a estimé que ces personnes travail<strong>la</strong>ient ensemble<br />

pour créer une <strong>valeur</strong> ajoutée. »<br />

A quoi l’architecte doit-il faire attention en nommant<br />

un coordinateur <strong>de</strong> sécurité<br />

Gert Geerts: « Son <strong>de</strong>voir va au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> simple désignation,<br />

et c’est un élément que l’on perd souvent <strong>de</strong> vue. En fait,<br />

l’architecte s’engage en partie sur le résultat. Il doit nommer<br />

un coordinateur en temps utile. Il doit en principe désigner<br />

le bon coordinateur, ce qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une certaine connaissance<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> règlementation. Il doit veiller à ce que le coordinateur<br />

exerce sa tâche convenablement, et établisse à tout le<br />

moins les instruments <strong>de</strong> coordination requis par <strong>la</strong> loi: PSS,<br />

carnet <strong>de</strong> coordination et DPI (dossier post-intervention). Il<br />

doit suivre tout ce<strong>la</strong>, du moins formellement. Il ne doit bien<br />

entendu contrôler que <strong>de</strong> manière marginale si le coordinateur<br />

s’acquitte aussi du contenu <strong>de</strong> sa mission. A chacun son<br />

travail. »<br />

Patrick Go<strong>de</strong>lie: « Le contrat peut être conclu entre coordinateur<br />

et architecte, ou entre coordinateur et maître <strong>de</strong><br />

l’ouvrage. Je trouve toutefois important que l’architecte ne<br />

le fournisse pas comme une sorte <strong>de</strong> service supplémentaire<br />

gratuit pour obtenir <strong>la</strong> mission, mais que le rôle du coordinateur<br />

soit estimé à sa juste <strong>valeur</strong>. Le coordinateur peut être<br />

un indépendant ou un homme du maître d’œuvre, <strong>de</strong> l’entrepreneur,<br />

du bureau d’architecte ou du bureau d’étu<strong>de</strong>s. La légis<strong>la</strong>tion<br />

ne parle pas <strong>de</strong> conflit d’intérêts. Les entrepreneurs<br />

doivent seulement éviter <strong>de</strong> mettre, dans <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> mise<br />

en œuvre, l’exécution <strong>de</strong>s travaux dans le même contrat que<br />

<strong>la</strong> fourniture <strong>de</strong>s services. S’il s’agit d’un travailleur <strong>de</strong> l’entrepreneur,<br />

il doit bien entendu répondre aux qualifications<br />

exigées et disposer d’un certain nombre d’heures pour mener<br />

DIMENSION<br />

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DEBAT<br />

sa tâche à bien. En fixant ce point par contrat, le travailleur<br />

confirme que ce temps lui suffira. »<br />

« En ce qui concerne <strong>la</strong> qualification, un coordinateur <strong>de</strong> sécurité<br />

doit répondre à cinq critères. Il doit possé<strong>de</strong>r un diplôme<br />

technique <strong>de</strong> base. Il doit pouvoir faire preuve d’une<br />

certaine expérience pertinente, en fonction <strong>de</strong> son diplôme.<br />

Il doit suivre une formation complémentaire ou passer un<br />

examen pour le niveau A ou B ou en tant que conseiller en<br />

prévention niveau I. Il doit connaître <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion ad hoc. Il<br />

doit souscrire une assurance RC pour les missions <strong>de</strong> coordination.<br />

Le problème est que l’on omet souvent d’examiner<br />

ces éléments jusqu’à ce qu’un acci<strong>de</strong>nt survienne. S’il s’avère<br />

alors qu’un coordinateur <strong>de</strong> niveau B a été engagé sur un trop<br />

grand chantier, l’assurance refusera sans doute d’intervenir.<br />

« Comment résoudre ce problème Les pouvoirs publics fédéraux<br />

<strong>la</strong>issent une éventuelle certification à l’initiative du<br />

secteur, mais celui-ci est tellement fragmenté et compte <strong>de</strong>s<br />

personnes aux profils tellement diversifiés qu’il est impossible<br />

d’arriver à un consensus. Nous avons étudié l’opportunité<br />

d’une instance <strong>de</strong> certification, mais celle-ci n’atteindrait<br />

qu’un nombre limité <strong>de</strong> coordinateurs et <strong>de</strong>vrait donc pratiquer<br />

<strong>de</strong>s tarifs élevés. Si ces personnes vou<strong>la</strong>ient ensuite récupérer<br />

leur investissement via leur rémunération, leurs prix<br />

seraient excessifs par rapport au marché. »<br />

Gert Geerts: « Si les pouvoirs publics et le secteur restent<br />

en défaut <strong>de</strong> créer un tel cadre, on ne peut que difficilement<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à l’architecte <strong>de</strong> disposer au cas par cas, à peine<br />

<strong>de</strong> sa responsabilité, <strong>de</strong>s connaissances qui lui permettraient<br />

<strong>de</strong> savoir exactement quel coordinateur engager sur tel ou tel<br />

chantier, pour vérifier ensuite si les candidats répon<strong>de</strong>nt à<br />

ces critères. Il faut d’ailleurs re<strong>la</strong>tiviser cette responsabilité.<br />

Si l’architecte désigne un coordinateur qui ne convient pas<br />

et qu’un acci<strong>de</strong>nt se produit par <strong>la</strong> suite sur le chantier, il<br />

ne sera pas nécessairement question <strong>de</strong> faute <strong>de</strong> l’architecte<br />

ni d’un lien <strong>de</strong> cause à effet entre cette éventuelle faute et<br />

l’acci<strong>de</strong>nt. Mais le seul fait que l’on puisse se retrouver dans<br />

une telle procédure en responsabilité <strong>de</strong>vrait inciter les architectes<br />

à <strong>la</strong> pru<strong>de</strong>nce. S’il s’agit d’un acci<strong>de</strong>nt mortel, il y a<br />

en effet poursuites correctionnelles et l’on peut se retrouver<br />

parmi <strong>de</strong>s criminels <strong>de</strong> droit commun.<br />

La responsabilité <strong>de</strong> l’architecte et <strong>de</strong> l’entrepreneur ne<br />

diminue-t-elle pas avec <strong>la</strong> présence d’un coordinateur<br />

<strong>de</strong> sécurité<br />

Luc Proesmans: « Le coordinateur <strong>de</strong> sécurité doit coordonner<br />

les risques qui sont communs à tous les entrepreneurs du<br />

chantier, mais il n’est pas responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sur le<br />

chantier. Ce<strong>la</strong> reste l’affaire <strong>de</strong>s divers employeurs, qui doivent<br />

garantir <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong> leur personnel. »<br />

Gert Geerts: « Comme il y a un coordinateur <strong>de</strong> sécurité, <strong>la</strong><br />

responsabilité <strong>de</strong>s autres parties ne diminue pas, au contraire.<br />

Un bon coordinateur fournira <strong>de</strong>s conseils que ses interlocuteurs<br />

<strong>de</strong>vront appliquer, et au besoin imposer. Lorsqu’il s’agit<br />

<strong>de</strong> mise en œuvre, c’est surtout <strong>la</strong> tâche <strong>de</strong> l’entrepreneur.<br />

Mais pour l’architecte aussi, c’est un facteur préjudiciable:<br />

il doit signaler à l’entrepreneur que celui-ci doit intervenir<br />

compte tenu <strong>de</strong>s conseils du coordinateur. Et si le coordinateur<br />

reste c<strong>la</strong>irement en défaut dans sa tâche, l’architecte doit<br />

s’opposer à lui, tout en sachant bien qu’évi<strong>de</strong>mment, ce n’est<br />

jamais aussi simple dans <strong>la</strong> pratique. »<br />

Patrick Go<strong>de</strong>lie: « Le coordinateur s’engage à <strong>la</strong> fois sur les<br />

moyens et les résultats. Il met ses connaissances et son temps<br />

à disposition dans un engagement sur les moyens. Mais <strong>la</strong><br />

fourniture <strong>de</strong>s documents <strong>de</strong> coordination aux moments prévus<br />

constitue un engagement sur le résultat. Parfois, il dépend<br />

<strong>de</strong>s informations que lui fournissent les autres parties. L’architecte<br />

est fautif s’il ne fournit pas les documents requis pour<br />

que le coordinateur puisse faire son travail, par exemple établir<br />

son DPI. Je pense par exemple au built p<strong>la</strong>n architecture<br />

ou égouts. C’est <strong>la</strong> même chose pour l’entrepreneur au niveau<br />

du built p<strong>la</strong>n électricité, sanitaire, chauffage ou climatisation,<br />

et pour les fournisseurs au niveau <strong>de</strong>s fiches techniques. Si<br />

ces documents ne suivent pas, le coordinateur ne peut que<br />

noter dans son DPI que tel ou tel élément est manquant.<br />

« Cet engagement sur le résultat du coordinateur porte aussi<br />

sur les moments <strong>de</strong> son intervention. Dans son contrat,<br />

il doit par exemple faire établir certains moments pour ses<br />

Luc Proesmans<br />

»<br />

DIMENSION<br />

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DEBAT<br />

pour tous les travailleurs <strong>de</strong>s sous-traitants, et les parties qui<br />

prennent les décisions concernant le chantier: l’architecte en<br />

tant que directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction chargé <strong>de</strong> contrôler <strong>la</strong><br />

mise en œuvre, le maître d’œuvre, le coordinateur <strong>de</strong> sécurité.<br />

La loi n’impose pas <strong>de</strong> fréquence. Généralement, le donneur<br />

d’ordre prévoit une réunion mensuelle. Chaque partie<br />

impliquée peut convoquer une réunion pour <strong>de</strong>s motifs fondés,<br />

par exemple un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> travail. Malheureusement,<br />

dans <strong>la</strong> pratique, <strong>la</strong> structure <strong>de</strong> coordination est trop peu<br />

utilisée comme un instrument permettant d’anticiper.<br />

Gert Geerts<br />

interventions: constatation du p<strong>la</strong>nning et <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure <strong>de</strong><br />

travail: entrepreneurs principaux, sous-traitants, cotraitants,<br />

influence sur le voisinage avec par exemple l’obligation d’une<br />

signalisation adéquate, métho<strong>de</strong>s et matériaux pour <strong>la</strong> mise<br />

en œuvre. Si sa présence est contractuellement prévue à ces<br />

moments-là, c’est un engagement sur le résultat. L’architecte<br />

doit alors l’inviter à cette réunion, et le coordinateur commet<br />

une faute s’il y est absent. Si l’architecte ne l’invite pas, c’est<br />

bien entendu différent. Chaque partie prend ses responsabilités.<br />

Si l’architecte veut limiter les prestations du coordinateur<br />

à un minimum pour faire baisser le coût, le coordinateur doit<br />

réagir. Si un coordinateur mis en œuvre découvre qu’il n’y a<br />

pas eu <strong>de</strong> coordinateur projet et qu’on lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un PSS,<br />

il doit noter qu’il s’agit d’un PSS a posteriori et qu’il ne peut<br />

donc être tenu pour responsable <strong>de</strong>s suggestions manquantes<br />

qu’un coordinateur projet aurait pu émettre.<br />

Gert Geerts: « Pour moi, le fait <strong>de</strong> savoir si <strong>la</strong> fourniture <strong>de</strong><br />

certaines informations par l’architecte ou l’entrepreneur peut<br />

être considérée comme un engagement sur le résultat est sujet<br />

à débat. Mais ce qui est très c<strong>la</strong>ir, c’est que l’architecte<br />

porte une responsabilité si vaste qu’il a intérêt à y réfléchir<br />

à <strong>de</strong>ux fois sur <strong>la</strong> manière d’abor<strong>de</strong>r <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

sécurité. »<br />

Quand faut-il établir une structure <strong>de</strong> coordination<br />

Patrick Go<strong>de</strong>lie: « Une structure <strong>de</strong> coordination est obligatoire<br />

sur les chantiers où trois entrepreneurs ou plus sont<br />

actifs simultanément et où soit le coût <strong>de</strong>s travaux s’élève à<br />

2,5 millions d’euros au moins hors TVA et in<strong>de</strong>xation, soit <strong>la</strong><br />

charge <strong>de</strong> travail estimée est d’au moins 5000 jours/homme.<br />

Légalement, toute une batterie <strong>de</strong> participants a été définie,<br />

mais dans <strong>la</strong> pratique, on tolère que <strong>la</strong> structure soit complétée<br />

par les éventuels entrepreneurs principaux, les éventuels<br />

sous-traitants qui exécutent durant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> suivante <strong>de</strong>s<br />

travaux qui impliquent certains risques, un seul représentant<br />

Que faut-il faire pour que l’intervention d’un coordinateur<br />

<strong>de</strong> sécurité se déroule mieux<br />

Patrick Go<strong>de</strong>lie: « Les concepteurs et les entrepreneurs doivent<br />

être convaincus <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>valeur</strong> ajoutée que le coordinateur<br />

peut apporter grâce à ses connaissances et son expérience<br />

d’autres projets. Les coordinateurs doivent disposer <strong>de</strong>s<br />

connaissances nécessaires, ce qui n’est pas toujours le cas<br />

actuellement. La formation différencie uniquement projet et<br />

mise en œuvre, mais sans faire <strong>de</strong> distinction au niveau <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s missions: maisons, bureaux, hôpitaux, travaux<br />

hydrauliques, infrastructures routières ou ferroviaires… Sur<br />

ce p<strong>la</strong>n, il faudrait mieux organiser <strong>la</strong> formation en modules<br />

avec attestations correspondantes en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> mission. Ce<strong>la</strong> permettrait d’adapter les critères <strong>de</strong> sélection<br />

et d’adjudication pour les missions publiques, <strong>de</strong> sorte que ce<br />

ne soit plus <strong>la</strong> soumission réglementaire <strong>la</strong> moins élevée qui<br />

obtienne nécessairement l’adjudication. »<br />

« Les coordinateurs doivent aussi en finir avec l’utilisation<br />

<strong>de</strong> documents standard. Ils doivent être payés raisonnablement<br />

pour leur apport. Ils doivent mieux se vendre et insister<br />

sur <strong>la</strong> <strong>valeur</strong> ajoutée qu’ils offrent, pas seulement en termes<br />

<strong>de</strong> sécurité pendant <strong>la</strong> mise en œuvre, mais aussi en ce qui<br />

concerne <strong>la</strong> sécurité et l’exploitation du bâtiment proprement<br />

dit. Dans <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> type PPP et DBFM, où il est fait honneur<br />

à <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> conception, le nom du bureau <strong>de</strong> coordination<br />

fait parfois <strong>la</strong> différence pour le donneur d’ordre.<br />

Pourquoi, par exemple, ne pas donner un autre contenu au<br />

DPI En fin <strong>de</strong> compte, c’est le seul élément tangible qui reste<br />

après l’intervention du coordinateur <strong>de</strong> sécurité. On pourrait<br />

en faire une sorte <strong>de</strong> manuel <strong>de</strong> l’utilisateur. »<br />

« En fin <strong>de</strong> compte, une révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion s’impose.<br />

Nous sommes tous d’accord pour dire qu’elle n’est pas satisfaisante<br />

sous sa forme actuelle et que l’on peut mieux faire.<br />

Pourquoi le secteur ne chercherait-il pas un consensus pour<br />

obtenir un concept nouveau et plus rationnel pour un arrêté<br />

royal que nous présenterions alors au légis<strong>la</strong>teur<br />

Avec nos remerciements à Mobica pour le lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> rencontre.<br />

Photos: Studio Dann - Texte: Staf Bellens<br />

DIMENSION<br />

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