Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
tante. Nous avons fait <strong>le</strong> choix, tant pis, de ne pas mettre en péril <strong>le</strong><br />
festival en faisant n’importe quoi pour attirer un groupe.”<br />
Car si certains comme Ben Barbaud du Hell Fest, tentent ainsi un<br />
consensus “entre <strong>le</strong> <strong>le</strong>ader d’opinion pointu et l’ultra populaire”, ce<br />
classique compromis énerve <strong>le</strong>s plus petites structures, comme Jean-<br />
Claude Barrens du Festi’Val de Marne : “Zaz est passé de 3500 à<br />
18 000 euros en un an ! Je m’y refuse… L’an dernier, on me propose<br />
Marc Lavoine pour 45 000 euros. À ce prix-là, Lavoine va avoir du blé,<br />
c’est sûr…” Vincent Mahé, du festival Couvre-Feu, atteste que “parmi<br />
<strong>le</strong>s découvertes d’aujourd’hui se trouvent <strong>le</strong>s têtes d’affiche de demain<br />
! À nous de prendre <strong>le</strong>s risques que ne prennent plus <strong>le</strong>s cafésconcerts<br />
et <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s. C’est là toute la différence entre une stratégie<br />
commercia<strong>le</strong> et un projet culturel. Le public ne doit pas non plus tomber<br />
dans l’écueil du toujours-plus et manquer de curiosité.”<br />
C’est pour ces raisons que <strong>le</strong>s festivals axent sur d’autres paramètres :<br />
“Les 5500 bénévo<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s aides aux associations loca<strong>le</strong>s” pour <strong>le</strong>s<br />
Vieil<strong>le</strong>s Charrues ; “Les artistes emmenés à la pêche ou l’emploi de<br />
chefs cuisiniers” pour Sandy Boutin du Festival des Musiques Emergentes<br />
(Québec), pour qui “la qualité de l’accueil fait beaucoup”. Mais<br />
d’autres choisissent d’al<strong>le</strong>r encore plus loin en “faisant vivre la marque<br />
au-delà de l’événement”, comme Rock en Seine, qui a décidé de ne<br />
plus communiquer sur <strong>le</strong> mot “festival”. Idem pour Gérard Pont, des<br />
Francofolies de la Rochel<strong>le</strong>, qui pense que “un festival ne peut plus<br />
être un appendice de quatre jours”, axant son travail à l’année sur <strong>le</strong><br />
Chantier des Francos, créé en 1998.<br />
Au-delà du fond (financements, artistique), <strong>le</strong>s Francofolies de Montréal<br />
tiennent enfin à avertir, en guise de conclusion, des dangers de<br />
la forme : “Le festival devient un moteur de consommation culturel<strong>le</strong>,<br />
et pas qu’en musique. Tout ce qui est “festivalisab<strong>le</strong>” devient “festivalisé”<br />
! Mais il ne faut pas oublier que c’est l’exception qui donne la<br />
force à l’événement…”<br />
A bon “entendeurs”, salut !<br />
Propos recueillis par Damien Baumal, Samuel Degasne, Alain<br />
Dode<strong>le</strong>r, Elodie Fournot, Camil<strong>le</strong> Larbey et Yan Pradeau<br />
Photo : Pierre Wetzel (Linval Thompson au Reggae Sun Ska 2010)<br />
35