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Avant-propos Nous pouvons changer le monde, chaque jour ! Ce guide s’adresse à vous tous, consommateurs de jouets, que vous ayez des enfants, des nièces, des neveux ou des petits-enfants, que vous travailliez dans une crèche, un jardin d’enfants ou une école, que vous soyez responsable d’un groupe de jeunes ou que vous soyez vous-même resté jeune et aimiez les jouets. Ce guide du militant fournit des informations de fond sur les tenants et les aboutissants de la campagne C’est pas du jeu ! Campagne pour des conditions de travail décentes dans l’industrie du jouet. Nous voulons vous aider à vous impliquer. Pour faire changer les choses et obtenir des conditions de travail décentes partout dans le monde, nous avons besoin de votre soutien ! Ce guide présente les possibilités d’agir pour de meilleures conditions de travail dans une industrie du jouet mondialisée. Notre but est de vous aider à mener vos propres actions en vous donnant quelques trucs et astuces. À partir d’exemples, nous voulons vous encourager à agir, tout en vous garantissant de passer un bon moment. Les moyens d’action sont nombreux : participer à un « Appel Urgent », collecter les signatures de vos amis pour une pétition, ou bien encore organiser une grande opération de solidarité pour la campagne C’est pas du jeu ! dans votre ville ou votre village … Ce sont vos actions qui feront le succès de la campagne C’est pas du jeu ! Elles n’ont pas forcément besoin d’être grandes ; le plus important est d’agir et ainsi de contribuer, avec des centaines d’autres, à l’amélioration des conditions de travail dans l’industrie du jouet. Introduction La plupart des jouets que nous achetons en Europe sont produits en Chine. Les multinationales délocalisent leur production dans des pays à faible coût de revient afin de bénéficier de faibles coûts salariaux et de production. Les salaires y sont souvent inférieurs aux normes fixées par le droit du travail chinois, et même en faisant de nombreuses heures supplémentaires, les ouvriers et leurs familles ne parviennent pas à en vivre dignement. Les conditions de travail dans nombre de ces usines sont inacceptables. C’est le cas par exemple dans l’usine Tianyu Toys qui produit des jouets pour Disney dans la province chinoise du Guangdong. Chaque jour, les ouvriers sont exposés à des risques pour leur santé et leur sécurité. A l’atelier peinture, ils sont soumis à une chaleur insupportable. Les ventilateurs fixés au plafond sont généralement éteints pour préserver la qualité de la peinture et celle du produit fini. Les ouvriers transpirent tellement que leurs t-shirts sont trempés. De plus, les émanations chimiques de peinture et de diluants ne se dissipent pas. Des ouvriers racontent que certains soirs, ils sont victimes de violents maux de tête et de vomissements. PRESENTATION DE LA CAMPAGNE Les salaires versés par Tianyu Toys sont bien en dessous du salaire minimum légal fixé par la région. Une ouvrière explique qu’elle gagne l’équivalent de 50 à 60 euros par mois : « En saison creuse, je gagne seulement 500 à 600 yuans, ce qui est loin du minimum légal de 690 yuans. Pire, le dortoir et la nourriture ne sont pas inclus ; 130 yuans sont déduits chaque mois de mon salaire pour les frais quotidiens – soit un quart de mon revenu. Ce qui fait que je ne peux rien économiser du tout ». Tianyu Toys impose à ses ouvriers de travailler 12 à 15 heures par jour, 28 jours par mois. Les ouvriers pointent à 8 heures et quittent le travail à minuit, épuisés. « Je suis trop fatiguée pour prêter la moindre attention aux détails et à la beauté des jouets qui passent entre mes mains », témoigne une jeune ouvrière. En haute saison, les ouvriers n’ont droit à aucun jour de repos, ils travaillent plus de 400 heures par mois. Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Les avantages sociaux tels que les congés maladie ou maternité n’existent presque pas et toute tentative de création de syndicats ou de comités d’entreprise est étouffée par des menaces de licenciement. Les ouvriers sont victimes de mauvais traitements, de discrimination et de harcèlement moral de la part de leur direction. Le respect des normes fondamentales du travail, comme l’exige la campagne C’est pas du jeu ! permettrait une nette amélioration de la situation des ouvriers dans l’industrie du jouet. #1 PEUPLES Solidaires en association avec
pas du C'est jeu ! décentes dans travail l'industrie de du jouet pour Campagne des conditions Le commerce international du jouet ne date pas d’hier. Mais l’industrie du jouet est aujourd’hui fortement mondialisée et repose sur des chaînes de production complexes reliant les pays, les ouvriers et les consommateurs du monde entier. La consommation mondiale de jouets et de jeux vidéo représente 60 milliards de dollars par an. Environ la moitié des jouets est vendue aux États-Unis, le reste du monde se partageant l’autre moitié. Le marché du jouet est dominé par un petit nombre de multinationales. Ces entreprises s’occupent surtout de la conception et de la distribution, c’est-à-dire la partie la plus lucrative de l’industrie du jouet, alors que la production est essentiellement sous-traitée en Chine. Aujourd’hui, 80 % des jouets vendus dans le monde sont produits en Chine du Sud, dans environ 10 000 usines. Avec cette division internationale du travail, la plupart des jouets sont produits à l’autre bout du monde, dans une autre langue, une autre culture. Les transactions font souvent intervenir un réseau complexe d’agents, de sous-traitants et de fournisseurs. L’industrie est si fragmentée que même les entreprises à l’origine des commandes ne savent pas toujours exactement où et dans quelles conditions leurs jouets ont été produits. Mais cela n’excuse pas les grandes marques qui devraient supporter la responsabilité des violations des droits humains des travailleurs tout au long de leurs chaînes de production. 2. 1 Problèmes liés au genre La majorité des ouvriers sont des femmes. Dans de nombreux cas, ce sont des jeunes filles qui ont quitté leurs villages pour partir gagner en ville l’argent nécessaire à leurs familles. Certaines ont des enfants à charge. Si les usines préfèrent les ouvrières – et surtout les jeunes femmes – c’est parce qu’elles sont considérées comme plus vulnérables et donc plus faciles à exploiter. Stigmatisées socialement et souvent privées d’éducation, les femmes ont peur de parler des difficultés qu’elles rencontrent à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs lieux de travail. 2. 2 Liberté d’association et droit de négociation collective En théorie, la Constitution chinoise garantit aux citoyens « la liberté … de se réunir, de s’associer, de défiler et de manifester ». En pratique, il n’existe qu’un syndicat officiel, les autres ayant été interdits. La plupart des travailleurs ne connaissent pas leurs droits et leur direction ne les autorise pas à créer de syndicat au sein de l’usine. Dans certaines usines, les ouvriers tentent d’organiser des grèves pour essayer de faire changer leur situation, mais si les meneurs sont identifiés, ils sont généralement licenciés. « Même si nous voulons faire grève, nous ne le pouvons pas. Les ouvriers ici sont tous assez âgés. Ils ont peur d’être licenciés et de ne pas retrouver de travail », raconte un ouvrier de l’usine Xin Wei Toy de la ville de Dongguan, qui produit des jouets en plastique, des jouets électriques, des voitures télécommandées, etc. pour les marchés américain et européen. 2. 3 Des salaires qui ne permettent pas de vivre dignement Qu’est ce qu’un revenu minimum vital Les salaires d’une semaine standard de travail devraient au moins être conformes aux normes légales ou professionnelles. Ils devraient toujours permettre de satisfaire les besoins élémentaires des travailleurs et de leurs familles ainsi que leur assurer un revenu discrétionnaire. En Chine, le salaire minimum légal est fixé par la province. En 2007, le minimum se situait entre 690 et 700 yuans (environ 100 euros) dans les principales villes de production des jouets. C’est bien en dessous de ce dont ont besoin les travailleurs pour couvrir leurs dépenses courantes. En 2007, dans une usine chinoise travaillant pour Disney et Carrefour, les nouveaux ouvriers étaient payés 13 yuans par jour (soit 1,30 euro). Après une période d’essai de trois mois, leur salaire passait à 15 yuans (soit 1,50 euro). Il ne correspondait même pas à la moitié du salaire minimum légal fixé par la région à environ 33 yuans par jour (3,30 euros). Dans une autre usine, il n’est possible d’atteindre le salaire minimum qu’en travaillant LES CONDITIONS DE TRAVAIL DANS L’INDUSTRIE DU JOUET #2
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