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Kiosque international<br />
«Ici Tel-Aviv»<br />
Les Irani<strong>en</strong>s parl<strong>en</strong>t<br />
aux Irani<strong>en</strong>s<br />
dclg<br />
é<br />
a a<br />
Analyses &<br />
Décryptages<br />
e<br />
15<br />
Safia Kaddafi,<br />
«desperate<br />
housewife»<br />
<strong>en</strong> Algérie<br />
Youssef Aït Akdim, Jeune Afrique / Maroc<br />
Jorges.W-AFP,<br />
L’Ori<strong>en</strong>t Le Jour/ Liban<br />
Radisin, une radio irani<strong>en</strong>ne<br />
qui émet 24 heures<br />
sur 24 <strong>en</strong> persan à<br />
partir d’Israël, a pour<br />
objectif d’informer les Irani<strong>en</strong>s sur<br />
ce qui se passe vraim<strong>en</strong>t dans le<br />
monde. «Netanyahu, America...<br />
Atomi Irani... Terror... Dictator,<br />
Ahmadinejad» : le message de<br />
Kami Yitzhakyan est facile à deviner<br />
lorsqu’il lit les informations de<br />
Radisin, une radio irani<strong>en</strong>ne qui<br />
émet 24 heures sur 24 <strong>en</strong> persan à<br />
partir d’Israël. «Notre objectif,<br />
c’est que les Irani<strong>en</strong>s sach<strong>en</strong>t vraim<strong>en</strong>t<br />
ce qui se passe ici <strong>en</strong> Israël, et<br />
aussi chez eux. Le régime de<br />
Téhéran leur cache la vérité»,<br />
explique M. Yitzhakyan à la veille<br />
du nouvel an irani<strong>en</strong>. Né <strong>en</strong> Iran et<br />
immigré <strong>en</strong> Israël il y a 25 ans, il<br />
est l’un des 35 journalistes et prés<strong>en</strong>tateurs<br />
bénévoles de cette<br />
ant<strong>en</strong>ne. Après un bulletin d’informations<br />
d’une heure sur l’actualité<br />
politique <strong>en</strong> Israël, à travers le<br />
monde mais surtout <strong>en</strong> Iran, des<br />
comm<strong>en</strong>tateurs sont invités à<br />
décortiquer les évènem<strong>en</strong>ts.<br />
Ensuite, c’est l’heure de « Peivad<br />
» (Unité <strong>en</strong> persan): un programme<br />
<strong>en</strong>tier consacré à l’Iran.<br />
Trois heures durant, <strong>page</strong>s d’histoire,<br />
faits politiques, culturels et<br />
artistiques se succèd<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>trecoupés<br />
de quelques annonces publicitaires.<br />
Musique et chansons irani<strong>en</strong>nes<br />
<strong>en</strong> continu complèt<strong>en</strong>t le<br />
tout. À 73 ans, Vida Leevim est<br />
l’une des « stars » de l’ant<strong>en</strong>ne.<br />
Auteur d’ouvrages consacrés à la<br />
gastronomie irani<strong>en</strong>ne, elle fait<br />
recette avec des plats traditionnels<br />
« introuvables » sur les médias<br />
irani<strong>en</strong>s. «Le jour vi<strong>en</strong>dra où je<br />
pourrais visiter la rue où j’ai<br />
grandi <strong>en</strong> Iran», espère-t-elle.<br />
Radisin émet sur Internet. C’est sa<br />
force, car la République islamique<br />
ne peut pas se couper du satellite<br />
américain Galaxy à partir duquel<br />
ses émissions sont captées.<br />
Impossible de les brouiller. En<br />
outre, beaucoup de stations libres<br />
les retransmett<strong>en</strong>t. Résultat : une<br />
audi<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> hausse. De temps à<br />
autre, un interlocuteur se risque à<br />
appeler « de quelque part <strong>en</strong><br />
Iran». Mais la plupart des interv<strong>en</strong>tions<br />
<strong>en</strong> direct provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
Mais la plupart des interv<strong>en</strong>tions <strong>en</strong> direct<br />
provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t surtout des États-Unis,<br />
de France, d’Allemagne et évidemm<strong>en</strong>t<br />
d’Israël.<br />
surtout des États-Unis, de France,<br />
d’Allemagne et évidemm<strong>en</strong>t<br />
d’Israël. L’État hébreu compte 300<br />
000 ressortissants d’origine irani<strong>en</strong>ne,<br />
dont des personnalités<br />
comme l’ex-ministre de la Déf<strong>en</strong>se<br />
Shaoul Mofaz, l’ex-chef d’étatmajor<br />
Dan Haloutz ou la chanteuse<br />
Rita, qui vi<strong>en</strong>t d’obt<strong>en</strong>ir un<br />
Disque d’or avec un album <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> persan. Les studios de<br />
Radisin ne pai<strong>en</strong>t pas de mine.<br />
Installés dans un petit c<strong>en</strong>tre commercial<br />
de la périphérie de Tel-<br />
Aviv, ils jouxt<strong>en</strong>t une ag<strong>en</strong>ce<br />
immobilière et des laboratoires de<br />
dialyse. Un minuscule salon d’accueil<br />
et un studio-son att<strong>en</strong>ant,<br />
équipé d’une batterie de micros et<br />
d’ordinateurs, font l’affaire.<br />
Patron de Radisin, Amir Shaï,<br />
âgé de 42 ans, r<strong>en</strong>d volontiers<br />
hommage à « l’œuvre imm<strong>en</strong>se»<br />
accomplie par Ménashé Amir, un<br />
vétéran qui anime depuis plusieurs<br />
déc<strong>en</strong>nies une émission hebdomadaire<br />
d’une heure et demie <strong>en</strong> persan<br />
à la radio publique israéli<strong>en</strong>ne.<br />
« Créée <strong>en</strong> 2009, Radisin est totalem<strong>en</strong>t<br />
indép<strong>en</strong>dante. Nous ne<br />
recevons aucune subv<strong>en</strong>tion du<br />
gouvernem<strong>en</strong>t (israéli<strong>en</strong>). Le<br />
régime irani<strong>en</strong> sait que c’est beaucoup<br />
plus dangereux pour lui »,<br />
estime Amir Shaï. « J’ai été élevé<br />
<strong>en</strong> Iran, et je connais très bi<strong>en</strong> le<br />
peuple irani<strong>en</strong>, hospitalier et épris<br />
de paix (...). Les Irani<strong>en</strong>s aspir<strong>en</strong>t à<br />
la démocratie et à la liberté. Ils<br />
croul<strong>en</strong>t sous la dictature et sav<strong>en</strong>t<br />
que le prix à payer pour le programme<br />
nucléaire du régime, c’est<br />
le chômage, la pauvreté et la vie<br />
chère», ajoute-t-il. Même point de<br />
vue pour Elie Ran, technici<strong>en</strong> du<br />
son, l’œil fixé sur sa console et ses<br />
amplificateurs.<br />
Cet Irani<strong>en</strong> de la troisième<br />
génération, né <strong>en</strong> Israël, qui s’exprime<br />
parfaitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> persan,<br />
assure « vouloir lutter contre les<br />
idées reçues, refléter la réalité <strong>en</strong><br />
Israël et <strong>en</strong> Iran afin de servir de<br />
relais à tous les Irani<strong>en</strong>s à travers le<br />
monde».<br />
Hier, dans un message spécial<br />
diffusé sur le programme <strong>en</strong> perse<br />
de la radio publique israéli<strong>en</strong>ne, <strong>en</strong><br />
prévision du nouvel an, le présid<strong>en</strong>t<br />
Shimon Pérès a « souhaité au<br />
peuple irani<strong>en</strong> une bonne année et<br />
(...) qu’il se débarrasse d’un régime<br />
dictatorial (qui fabrique) des missiles<br />
nucléaires ».<br />
Rester aux côtés du fantasque et redoutable Mouammar<br />
Kaddafi p<strong>en</strong>dant quarante ans, Safia l'a fait. En sil<strong>en</strong>ce<br />
et <strong>en</strong> donnant au "Guide" liby<strong>en</strong> sept <strong>en</strong>fants.<br />
L'infirmière dev<strong>en</strong>ue milliardaire se trouve à prés<strong>en</strong>t à Alger<br />
avec les survivants d'une famille emportée par le v<strong>en</strong>t de<br />
l'Histoire.La lég<strong>en</strong>de veut que Mouammar Kaddafi r<strong>en</strong>contre<br />
l'infirmière Safia Farkash <strong>en</strong> 1971, au cours de sa convalesc<strong>en</strong>ce<br />
après une app<strong>en</strong>dicite. Ils se mari<strong>en</strong>t la même année et<br />
leur premier <strong>en</strong>fant naît <strong>en</strong> 1972. Seif el-Islam supplantera<br />
son aîné Mohamed, fils de Fatiha, la première épouse du<br />
«Guide» liby<strong>en</strong>. Avec sa deuxième épouse, Mouammar aura<br />
six autres <strong>en</strong>fants : Saadi, Moatassim, Hannibal, Aïcha, Seif el-<br />
Arab et Khamis.<br />
Née <strong>en</strong> 1952 à El-Baïda au sein de la tribu des Braassa de<br />
Cyrénaïque, Safia a été propulsée dans un monde de pouvoir<br />
et d'arg<strong>en</strong>t sans jamais se départir de son rôle de femme au<br />
foyer. Dans ses Mémoires, Des personnes autour de Kaddafi<br />
(parues <strong>en</strong> janvier aux éd. Madarek), l'ex-ministre des<br />
Affaires étrangères Abderrahmane Chalgham raconte comm<strong>en</strong>t<br />
Safia a essayé d'arranger sans succès le mariage de sa<br />
fille Aïcha avec Khaled, le fils de Khouildi Hamidi, longtemps<br />
commandant des r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts militaires.<br />
En digne membre du clan, elle a malgré tout profité de sa<br />
position pour se lancer dans les affaires. Sa compagnie<br />
aéri<strong>en</strong>ne, Buraq Air, avait obt<strong>en</strong>u un quasi-monopole sur le<br />
transport vers La Mecque. Pourtant, Safia n'<strong>en</strong> profitait pas<br />
pour faire le tour du monde : son jet privé servait uniquem<strong>en</strong>t<br />
aux trajets internes. En 2008, elle est élue vice-présid<strong>en</strong>te de<br />
l'organisation africaine des premières dames sans avoir jamais<br />
mis les pieds à une réunion. Car Mme Kaddafi pèse plusieurs<br />
tonnes d'or. Sa fortune, estimée à plus de 22 milliards d'euros,<br />
a d'ailleurs été placée sous la surveillance du comité des<br />
sanctions du Conseil de sécurité après le décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t de la<br />
guerre <strong>en</strong> Libye.<br />
Une influ<strong>en</strong>ce politique négligeable<br />
En revanche, l'influ<strong>en</strong>ce politique de Safia sur son fantasque<br />
et instable mari était notoirem<strong>en</strong>t négligeable. Une<br />
exception : elle avait l'oreille de Mouammar pour obt<strong>en</strong>ir<br />
l'avancem<strong>en</strong>t de ses proches. Son frère Abouchaaria avait<br />
ainsi hérité du poste de directeur des communications de la<br />
sécurité extérieure. Pour mieux raffermir les li<strong>en</strong>s des g<strong>en</strong>s de<br />
la t<strong>en</strong>te, Fatima Farkash, sa soeur, a été mariée à Abdallah<br />
S<strong>en</strong>oussi, l'homme des basses oeuvres du régime. Elle était la<br />
première dame, mais pas la seule. Depuis la chute du régime,<br />
Tripoli bruit de découvertes sur les multiples relations extraconjugales<br />
du « Frère Guide ». Safia au grand coeur a même<br />
donné le nom de sa mère à la petite Hana, fille adoptive dev<strong>en</strong>ue<br />
célèbre <strong>en</strong> 1986 comme victime « virtuelle » d'un bombardem<strong>en</strong>t<br />
américain. Or, à <strong>en</strong> croire la rumeur, Hana serait<br />
<strong>en</strong> fait la fille de Mouammar et d'une de ses favorites, Houda<br />
B<strong>en</strong> Amer. Depuis son exil, après la chute de Tripoli <strong>en</strong> août<br />
2011, Safia Farkash doit ruminer son destin de « desperate<br />
housewife » dans la luxueuse résid<strong>en</strong>ce d'État mise à sa disposition<br />
près d'Alger.<br />
ALGERIE NEWS Mercredi 21 mars 2012