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ATELIER :<br />
DE TAMBOURS<br />
TRADITIONS<br />
Au rythme du cœur, au son du tambour<br />
Chasseur et attaché aux traditions, Paul Desrosiers fabrique depuis plusieurs années des tambours de façon traditionnelle<br />
en utilisant la peau de chevreuil qu’il chasse à l’automne. Il a récemment donné un atelier de tambour à un petit groupe d’adultes.<br />
Françoise GÉNUIT<br />
Q<br />
uelques battements de<br />
tambour sortent de la<br />
salle des charrettes<br />
située au sous-sol du Centre des<br />
arts de <strong>Saint</strong>-Norbert. C’est Paul<br />
Desrosiers qui tape sur son<br />
tambour pour marquer la pause<br />
dîner.<br />
Loin du tumulte des galeries<br />
commerciales et des aires de<br />
stationnement embouteillées, un<br />
groupe d’adultes, a suivi, en<br />
décembre, un atelier de<br />
fabrication de tambour animé<br />
par l’enseignant à la retraite, Paul<br />
Desrosiers.<br />
« Ça fait quelques années que<br />
je fabrique des tambours, annonce<br />
Paul Desrosiers. J’en ai peut-être<br />
fabriqué une soixantaine, de<br />
plusieurs tailles mais toujours de<br />
façon traditionnelle. Parfois la<br />
structure en bois change mais<br />
c’est toujours du bois d’épinette<br />
et c’est toujours de la peau de<br />
chevreuil. »<br />
Issu d’une famille de<br />
chasseurs, élevé à la ferme,<br />
l’enseignant à la retraite a<br />
toujours été proche de la nature.<br />
Chasseur et attaché aux<br />
traditions métisses, Paul<br />
Desrosiers échangeait il y a très<br />
longtemps les peaux du gibier<br />
pour des mitaines réalisées en<br />
peau de vache. « <strong>La</strong> compagnie<br />
Western Rawhide était à l’époque<br />
intéressée par mes peaux de<br />
chevreuil pour la confection de<br />
vêtement, confie le chasseur. <strong>La</strong><br />
peau de chevreuil est une peau<br />
vraiment souple et très facile à<br />
travailler. »<br />
L’entreprise winnipegoise<br />
Western Rawhide a développé et<br />
diversifié son activité et s’est<br />
tournée vers d’autres marchés<br />
mais aussi d’autres fournisseurs<br />
« comme le Mexique ». Pendant<br />
ce temps, Paul Desrosiers voyait<br />
les peaux de chevreuil<br />
s’accumuler dans le sous-sol de<br />
sa maison.<br />
« C’est ma sœur qui m’a<br />
conseillé de faire du rawhide. Le<br />
rawhide c’est du cuir qui n’a pas<br />
été traité. C’est l’étape de la peau<br />
dont on a enlevé le poil. On s’est<br />
mis a travaillé les peaux en famille<br />
», explique Paul Desrosiers.<br />
Dans sa quête de mieux<br />
connaître les traditions<br />
autochtones, sa sœur, Simone<br />
Gosselin, l’emmène à <strong>Saint</strong>-<br />
<strong>La</strong>urent à l’occasion d’une<br />
journée lors de laquelle la culture<br />
et les traditions métisses étaient<br />
présentées. « À <strong>Saint</strong>-<strong>La</strong>urent, ma<br />
sœur m’a fait rencontrer une<br />
photo : Françoise Génuit<br />
Quoi de plus symbolique pour Bill Stevens (à droite) qu’un tambour fabriqué dans le respect des<br />
traditions pour évoquer le passé et rassembler les esprits autour d’une même quête de savoir. Son<br />
mentor, Paul Desrosiers (ici à gauche) est ravi d’avoir transmis les traditions autochtones.<br />
Autochtone, Maria Campbell.<br />
C’est Maria et ma sœur qui<br />
m’ont montré comment faire des<br />
tambours », confie l’ensei gnant à<br />
la retraite.<br />
<strong>La</strong> fabrication traditionnelle<br />
du tambour, telle que Paul<br />
Desrosiers l’a enseignée durant<br />
l’atelier, découle de<br />
l’enseignement reçu de la célèbre<br />
activiste, auteure et conteuse<br />
métisse, Maria Campbell. C’est<br />
ce même enseignement, dont la<br />
composante essentiellement<br />
autochtone, a amené Paul<br />
Desrosiers à en savoir plus sur les<br />
pratiques culturelles des<br />
Premières Nations mais<br />
également de la communauté<br />
métisse.<br />
C’est ainsi que Paul Desrosiers<br />
s’est tourné vers la fabrication<br />
traditionnelle de tambours en<br />
utilisant la peau du chevreuil<br />
qu’il chasse à l’automne.<br />
Aujourd’hui, une de ses passions,<br />
c’est de transmettre son savoir.<br />
D’ailleurs, c’est pour le plus<br />
grand plaisir de ceux qui ont été<br />
coupés de leur culture, comme<br />
le participant à l’atelier de<br />
fabrication de tambour, Bill<br />
Stevens. « Notre famille ne<br />
parlait jamais de notre connexion<br />
autochtone. Par conséquent, je<br />
n’ai rien appris de cette culture,<br />
confie Bill Stevens, originaire du<br />
Québec et dont l’arrière grandmère<br />
était Saulteaux. Grâce à<br />
cet atelier, j’ai le privilège<br />
d’apprendre auprès de gens qui<br />
ont un savoir-faire et qui vivent<br />
ici, au Manitoba. »<br />
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