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Parution 9 - L'Intérêt

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11 Février au 10 mars 2010 // VOLUME 54, NUMÉRO 09<br />

JOIGNEZ-NOUS SUR<br />

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L’INTÉRÊT - HEC MONTRÉAL<br />

LE JOURNAL DES ÉTUDIANTS DE HEC MONTRÉAL<br />

AU DIABLE LES<br />

BABY-BOOMERS !<br />

La guerre des générations p.07 // Le Baby Boom sur nos épaules p.08 // Dette du Québec :<br />

blamez Keynes ! p.08 // Entrevue avec un baby-boomer p.09 // vivez longtemps, mais pas trop<br />

s’il-vous-plait ! p.10 // Personnalité invitée : Joseph Facal p.11


Édito//<br />

Jean-Philippe Gagnon<br />

jean-philippe.4.gagnon@hec.ca<br />

Le cancer<br />

intergénérationnel<br />

du Québec<br />

Vivement la guerre au décrochage pour une valorisation de l’excellence<br />

L’éducation, la formation de la relève, sera l’enjeu au Québec dans les prochaines années.<br />

Un projet de société qui ne dépendra pas que des boomers ou de la « jeunesse » mais bien<br />

franchement d’une mobilisation intergénérationnelle.<br />

Le bilan du Québec en termes de décrochage n’en prouve pas<br />

le contraire. En 2008, 31 % des jeunes du secondaire quittaient<br />

les études, un fléau chez les garçons alors que 35 % d’entres eux<br />

font l’école buissonnière. Certaines sources avancent que 18 200<br />

adolescents décrochent par année; d’autres atteignent les 28 000<br />

jeunes Québécois sans diplôme annuellement rattachant des couts<br />

de près de 2 milliards de dollars à la société. Ce constat n’est rien de<br />

moins qu’un échec de masse, un échec franc DES générations.<br />

À plus long terme, fixés à une problématique de chocs démographiques,<br />

ces décrocheurs auront de sérieuses répercussions sur le monde des<br />

affaires au Québec, dont plusieurs industries de pointe subissent<br />

aujourd’hui un énorme défi, la pénurie de main-d’œuvre. En 2007,<br />

le Conférence Board du Canada identifiait un manque à gagner de<br />

363 000 travailleurs d’ici 2030 dans la province, ciblant surtout les<br />

métiers de médecins, d’ambulanciers, de professionnels de TI et<br />

d’ouvriers en aéronautique.<br />

Ce débat ne date pas d’hier. Depuis 10 ans, on nous martèle que notre<br />

avenir, notre succès à travers la globalisation des marchés ainsi que<br />

la compétition des pays émergents passent par la qualité de notre<br />

main-d’œuvre et celle de nos produits finis. Le futur du Québec est<br />

à des années-lumière des industries manufacturières! Assumons<br />

cette réalité et mettons de l’avant une vision qui maintiendra la<br />

compétence, les entreprises et la propriété intellectuelle dans les<br />

mains des Québécois.<br />

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en CMA, une journée par semaine.<br />

Possibilité temps plein durant l'été.<br />

Doit être au minimum à sa deuxième année.<br />

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martin.choquette1@gmail.com ou au 450-261-6159<br />

Situé à Mariville, QC<br />

Déjà, certaines pièces sont en mouvement :<br />

-Jacques Ménard, président de la Banque de Montréal, a d’une part<br />

dirigé en mars dernier le Groupe d’action pour la persévérance et la<br />

réussite scolaire en produisant une étude, 10 pistes d’actions pour<br />

augmenter à 80 % en 10 ans le taux de réussite des étudiants du<br />

secondaire. D’autre part, il a publié le bouquin Si on s’y mettait…<br />

visant justement à mobiliser le public sur l’urgence d’agir autour de<br />

10 chantiers porteurs.<br />

-La Ville de Québec a embauché le spécialiste du marketing<br />

Clotaire Rapaille afin de rajeunir son image dans le but d’attirer<br />

de jeunes diplômés.<br />

-Les 20 et 21 janvier derniers, le premier ministre Jean Charest<br />

présidait la Rencontre économique 2010 « permettant une discussion<br />

ouverte avec les partenaires économiques sur l’avenir du Québec<br />

et sur les meilleures conditions pour que le Québec puisse profiter<br />

pleinement de la reprise économique. »<br />

-André Pratte, dans son éditorial du samedi suivant, intitulé LA<br />

priorité, écrivait : « (…) Le gouvernement a la responsabilité de<br />

convaincre la population que l’avenir du Québec dépend de son<br />

système d’éducation, que par conséquent c’est dans ce secteur que<br />

devraient d’abord être investies les énergies du gouvernement, des<br />

entreprises, des syndicats et des familles. » Pour une fois, je ne peux<br />

être en désaccord avec l’éditorialiste en chef de La Presse, qui cerne<br />

ici l’essence du débat.<br />

Une stratégie concertée devra maintenant être bâtie afin de<br />

rassembler les initiatives dispersées. Les efforts mis de l’avant<br />

nécessiteront de briser les lignes de partis et surtout d’interpeler<br />

les jeunes (universitaires, entrepreneurs, cultivateurs, techniciens,<br />

étudiants étrangers, etc.) qui, non seulement s’intéressent à de tels<br />

débats de société, mais qui s’en sentent exclus alors qu’ils devraient<br />

en être les leaders.<br />

Je ne souhaite pas de cynisme (malgré les tentations), je souhaite<br />

une mobilisation, la naissance d’un momentum, d’une audace pour<br />

les défis à venir. Parce que l’ordinaire et le statu quo seront les<br />

souverains de phrases comme « Au diable les baby-boomers ! »<br />

SOMMAIRE<br />

INTERNATIONAL - La Chine et les États-Unis p.03<br />

AFFAIRES<br />

-Récession et stimulus p.04<br />

-Chronique entrepreneur : Kepri p.05<br />

-Steve Jobs p.06<br />

Culture urbaine - Musique et théâtre p.12<br />

Politique<br />

-Le tabac, c’est tabou / Ils se sont fait remarquer... p.13<br />

-Des inégalités injustifiables p.14<br />

-La chasse aux phoques p.15<br />

Vie étudiante<br />

-Assurances collectives p.16<br />

-Le nouveau Decelles / Kent Nagan p.17<br />

DROIT DE RÉPLIQUE - Le voile : un outil politique ? p.18<br />

L’INTÉRÊT SPORTIF - Les jeux seront faits p.19<br />

CRÉDITS<br />

Journal L’Intérêt<br />

HEC Montréal<br />

3000, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, Local RJ-718<br />

Montréal, (Québec), H3T 2A7<br />

tél. : 514 340-6105<br />

Président-directeur : Mark Lafrance-Fugère<br />

Rédacteur en chef : Jean-Philippe Gagnon<br />

VP Communications : Emmanuel Darmon<br />

VP Interne : Anne-Sophie Pratte<br />

VP Trésorerie : Cyprien Grau<br />

Webmestre : Charles Laferrière<br />

Illustrateur : Léopold Bur<br />

Correcteurs : Mark Lafrance-Fugère, Catherine LaRouche<br />

Chef de pupitre-Culture : Cyprien Grau<br />

Chef de pupitre-Politique : Alpha-Daye Diallo<br />

Chef de pupitre-Vie étudiante : Emna Braham<br />

Journalistes : Joris Boyer, Jean Raphaël Gosselin, Emmanuel<br />

Darmon, Léna Le Gall-Diop, Baptiste Geoffroy, Maude Fréchette, Marc<br />

Daoust, Antoine Lemercier, Mathilde Mur, Martin Reyre, Marouchka<br />

Franjulien, Ousmane Diarra, Elyes Ben M’Rad<br />

Collaborateurs : Abdelhamid Bioud, Simon Guertin-Armstrong,<br />

Anthony Rahib, Jean-Luc Deleurence-Paquette<br />

Correspondants à l’étranger : Marc Bouckenheimer,<br />

Sabrina Chaigneau, Lucile Benoit<br />

Graphistes : Marie-Ève Bissonnette C.<br />

Imprimeur : Hebdo Litho<br />

Distributeur : RC Graphic<br />

Pour la publicité ou la rédaction : redaction.interet@hec.ca<br />

L’Intérêt est le journal des étudiants de HEC Montréal et il est publié par l’AEHEC.<br />

Il est membre de la Presse universitaire canadienne et du University-Wire.<br />

L’Intérêt est un journal d’opinion et, à ce titre, n’est pas tenu de présenter des<br />

articles neutres et impartiaux. Le contenu de ce journal est indépendant de la<br />

direction de HEC Montréal et des associations étudiantes. Les textes n’engagent<br />

que l’auteur et ne reflètent en aucun cas l’opinion de l’École, de l’AEHEC ou des<br />

autres collaborateurs du journal. Le matériel contenu dans L’Intérêt peut être<br />

reproduit avec mention de la source.<br />

Nous avons adopté dans ces pages la majeure partie des rectifications<br />

orthographiques recommandées par l’Académie française.<br />

02 // 11 Février au 10 mars 2010 // VOLUME 54, NUMÉRO 09


La Chine et les États-Unis :<br />

comme chiens et chats<br />

International//<br />

Anne-Sophie Pratte<br />

anne-sophie.pratte@hec.ca<br />

En février, coup de théâtre dans les relations sino-américaines : une compagnie<br />

américaine livre des armes à Taïwan, Obama officialise une rencontre avec le Dalaïlama,<br />

et la pression pour réévaluer le yuan monte d’un cran.<br />

Il semblerait qu’une page<br />

d’histoire vient d’être tournée :<br />

les négociations Chine-USA<br />

ne seront plus de nature<br />

coopérative, mais conflictuelle.<br />

Certes, l’un a toujours rêvé<br />

de dominer l’autre, mais les<br />

adversaires préféraient jouer du<br />

coude plutôt que d’asséner un direct. On multipliait les promesses<br />

de coopérations, et l’on versait des concessions au compte-gouttes.<br />

Désormais, des négociations seront-elles seulement possibles<br />

entre la Chine et les États-Unis ?<br />

Les États-Unis doivent accepter qu’ils ne sont plus l’enfant unique<br />

de la planète, et qu’un nouveau petit frère est né. Ils semblent vivre<br />

le traumatisme causé par l’arrivée d’un frère cadet sur l’échiquier<br />

mondial. Lorsqu’un bébé nait, on peut s’attendre à une réaction<br />

émotionnelle de l’ainé, soit un besoin de se défendre contre la nouvelle<br />

menace, dans le but de récupérer l’amour et l’admiration de la mère.<br />

Mais rassurons-nous, ce mécanisme de défense serait temporaire.<br />

Dans les faits, les gestes diplomatiques des États-Unis font<br />

vraiment penser à des réactions d’enfant de cinq ans. Quiconque<br />

connait le moindrement la Chine sait que l’affrontement direct est<br />

loin d’être privilégié au pays du Tai Chi : Vaincre sans combattre,<br />

disait Sun Zi, Gouverner en Gentleman, enseignait Confucius, Ne<br />

pas agir, méditait Laozi. Malgré ces traits culturels, les Américains<br />

se rabattent sur la méthode on bombarde, ensuite on parle. Cette<br />

approche enfantine est idéale pour s’attirer du capital politique à<br />

court terme, mais détruira la relation Chine-États-Unis à long terme.<br />

L’histoire nous montre que les États-Unis multiplient les affronts et<br />

les contradictions dans le dossier Taïwan. En 1979, les États-Unis<br />

ont signé le Taiwan Relations Act, qui les autorise à fournir des<br />

armes à Taïwan pour se défendre. En 1982, le président Reagan<br />

s’engage à réduire progressivement les ventes de matériel militaire<br />

à Taïwan à long terme. Les États-Unis se sont opposés à Taïwan<br />

lors du référendum de mars 2008, où l’on demandait aux Taïwanais<br />

s’ils devraient siéger à l’ONU. En 2009, les États-Unis signent une<br />

résolution célébrant le 30 e anniversaire du Taiwan Relations Act. Si<br />

les États-Unis ne reconnaissent pas la souveraineté de Taïwan, de<br />

quel droit leur vendent-ils des armes ? Schizophrènes, nos voisins<br />

du Sud ?<br />

Non seulement l’influence des États-Unis sur Taïwan estelle<br />

illégitime, mais des millions de personnes en souffrent, à<br />

commencer par les Tibétains. Quel est donc le lien entre le Tibet<br />

et Taïwan ? Un indice : pensez frontières et zone tampon. Taïwan<br />

est une zone tampon entre les États-Unis et la Chine. Le Tibet relie<br />

l’Inde, l’Occident et le Moyen-Orient à la Chine.<br />

D’ailleurs, les représentants du Dalaï-lama, Lodi Gyaltsen Gyari et<br />

Kelsang Gyaltsen, se sont rendus à Beijing la semaine dernière pour<br />

négocier une plus grande autonomie du Tibet. Mais ça n’arrivera<br />

pas : la Chine croit que si elle donne un pouce d’autonomie au Tibet,<br />

l’Amérique prendra un bras d’influence sur cette zone stratégique.<br />

Les États-Unis doivent<br />

accepter qu’ils ne sont<br />

plus l’enfant unique<br />

de la planète, et qu’un<br />

nouveau petit frère<br />

est né.<br />

Et le cas de Taïwan ne fait pas mentir la Chine sur<br />

l’intrusion pernicieuse de l’oncle Sam au cœur de<br />

ses zones tampon, dans l’espoir d’affaiblir quelque<br />

peu l’Empire du Milieu 1 .<br />

Ainsi, Beijing resserre sa poigne de fer sur le Tibet,<br />

la Mongolie, le Xinjiang, et sur Taïwan si elle le<br />

pouvait. La question à mille dollars : le ferait-elle<br />

sans la pression des États-Unis sur ses frontières ?<br />

La Chine perpétuerait probablement la tradition millénaire<br />

d’absorber les peuples limitrophes au sein de son Empire, mais les<br />

cultures minoritaires seraient davantage respectées et préservées.<br />

En chinois, on emploie souvent l’expression « donner de la face »,<br />

soit rehausser le prestige de son interlocuteur, flatter son orgueil,<br />

le mettre en valeur... Plutôt que d’accuser la Chine et de lui faire<br />

perdre la face, les États-Unis doivent tout simplement s’employer<br />

à lui donner de la face, pour obtenir des concessions. Par exemple,<br />

les États-Unis pourraient s’assoir et proposer d’annuler la vente<br />

d’armes, en échange d’une réévaluation progressive du yuan.<br />

Quant au Tibet, les États-Unis pourraient s’engager à ne pas<br />

s’immiscer dans les politiques intérieures de la Chine, en échange<br />

d’un meilleur respect des cultures et des droits humains. Il faut<br />

des engagements, de l’ouverture, une compréhension des intérêts<br />

mutuels, des concessions. Voilà les fondements de la démocratie, et<br />

voilà une excellente manière de l’exporter !<br />

1 Qui a dit qu’Empire du Milieu signifiait « centre du monde » ? En fait, Zhongguo désignait plutôt<br />

« centre du pays », soit la province du Hunan où siégeait l’Empereur. On remarque chez les<br />

Chinois une propension à se concentrer sur les enjeux INTÉRIEURS.<br />

VOLUME 54, NUMÉRO 09 // 11 Février au 10 mars 2010 // 03


Affaires//<br />

Récession et stimulus :<br />

comment achever<br />

une économie<br />

Abdelhamid Bioud<br />

abdelhamid.bioud@umontreal.ca<br />

L’économie actuelle est comme un héroïnomane qui veut<br />

aller en désintox (récession), mais puisqu’il trouve l’idée<br />

déplaisante, il préfère s’injecter une autre dose (stimulus)<br />

pour avoir un boom artificiel. Le problème est que la prochaine<br />

fois, il sera encore plus pénible d’aller en désintox et il devra<br />

donc aller de dose en dose jusqu’à se tuer. Les politiciens et<br />

les banques centrales sont en train de tuer notre économie !<br />

En 2001, George W. Bush n’a pas voulu laisser la récession venir<br />

rééquilibrer l’économie américaine et a préféré intervenir. Comment ?<br />

En abaissant les taux d’intérêt à 1% et en injectant 700 milliards de<br />

dollars en stimulus. Résultat ? Création d’une bulle immobilière qui<br />

a « explosé » en 2008 avec tous les dommages collatéraux que l'on<br />

connait. Aujourd’hui, Barack Obama ne veut pas laisser la récession<br />

venir purger les toxines dans le « système » et a décidé lui aussi<br />

d’intervenir. Comment ? Taux d’intérêt à 0% et 2 trillions de dollars<br />

en stimulus. Résultat ? On vous laisse deviner.<br />

Rappel historique<br />

Vous n’avez pas une récession quand les ventes de maisons et<br />

de voitures augmentent. Vous n’avez pas de récession quand<br />

les consommateurs finissent avec plus de dette à la fin de la<br />

récession qu’au début ! Barack Obama est en train de promettre<br />

plus d'intervention du gouvernement. Ce n'est pas sans rappeler<br />

les gestes qu’a posés Franklin Roosevelt et qui, comme nous le<br />

savons tous, ont mené à la Grande Dépression. La différence est<br />

que les États-Unis (et le Canada !) sont en pire forme économique<br />

actuellement que durant les années 1930.<br />

Ces deux pays ne sont plus sur le Gold Standard (l’étalon-or) et sans<br />

la « discipline » que cela procure, il y a les banques centrales (dans ce<br />

cas-ci la FED et la Banque du Canada) qui peuvent créer énormément<br />

d’inflation. Si les gouvernements de ces deux pays continuent sur<br />

cette lancée (de stimulus), il y aura une dépression inflationniste ce<br />

qui est pire que la dépression des années 1930 car, lors de cette<br />

période, les prix de biens de consommations avaient chuté et rendu<br />

le fardeau moins lourd à porter pour les gens qui avaient perdu<br />

leur emploi. Par contre, dans la situation actuelle, la dépression<br />

inflationniste qui s’en vient fera en sorte que les prix des biens de<br />

consommations vont atteindre des niveaux très élevés.<br />

Le stimulus<br />

Le stimulus va uniquement stimuler les secteurs de l’économie qui<br />

sont condamnés à « disparaitre ». C’est comme si vous voulez vous<br />

débarrasser de la force gravitationnelle en ne lançant que des<br />

objets en l’air; c’est tout simplement inutile. De plus, il faut savoir<br />

que pour avoir accès à l’argent du stimulus, les pays endettés<br />

comme le Canada et les États-Unis, en plus d’emprunter de l’argent,<br />

« impriment » de l’argent à travers leur banque centrale et, résultat,<br />

le stimulus provoque seulement l’inflation et fera donc perdre encore<br />

plus le pouvoir d’achat des gens.<br />

« Mais le stimulus crée des emplois ! »<br />

Les données récentes sur l’emploi nous montrent que les emplois<br />

créés récemment sont ceux qui ont bénéficié directement de l’argent<br />

du stimulus. On les retrouve dans les secteurs de la santé, des<br />

services financiers, de l’éducation et de la vente aux détails, en<br />

L’économie actuelle est<br />

comme un héroïnomane<br />

qui veut aller en désintox<br />

(récession), mais puisqu’il<br />

trouve l’idée déplaisante, il<br />

préfère s’injecter une autre<br />

dose (stimulus) pour avoir un<br />

boom artificiel.<br />

gros des emplois de services non productifs. Pendant ce temps,<br />

les emplois manufacturiers continuent de disparaitre à un rythme<br />

alarmant. En sauvant les emplois non productifs et en laissant<br />

disparaitre les emplois productifs, cela fera en sorte qu’une fois<br />

l’argent du stimulus parti, les emplois créés par ce dernier seront les<br />

premiers à « partir ».<br />

UNE QUESTION DE COURAGE<br />

Plus le « party » fiscal du stimulus durera, plus la « punition » sera<br />

grande en bout de ligne. Il faut que nos politiciens aient le courage<br />

de mettre en péril leur réélection pour le bien commun. Comme nous<br />

l’ont dit souvent nos mamans, « le médicament ne goute pas bon<br />

mais il faut quand même l’avaler ! »<br />

Enfin, les seules choses qu’on devrait stimuler sont l’épargne et la<br />

production. Rappelez-vous que la récession actuelle est le résultat de<br />

l’administration Bush qui a voulu éviter la récession en 2002. Imaginezvous<br />

ce qui arrivera cette fois avec l’administration Obama.<br />

04 // 11 Février au 10 mars 2010 // VOLUME 54, NUMÉRO 09


AFFAIRES//<br />

Marc Daoust<br />

marc.daoust@hec.ca<br />

La découverte<br />

de nouveaux horizons<br />

avec Kepri<br />

Entretien avec Anthony Chamy,<br />

un des cofondateurs de Kepri<br />

Oubliez les voyages de masse où l’on vous offre des forfaits peu couteux pour passer une semaine sur le bord d’une plage à faire la fête en buvant<br />

de la tequila, et pensez plutôt à apprendre à connaitre les habitants des endroits que vous visitez, explorer des endroits naturels et sauvages et<br />

faire une différence auprès des gens que vous rencontrez lors de votre passage. Voilà ce que propose Kepri en offrant des voyages d’écotourisme.<br />

Œuvrant sur un marché qui prend de plus en plus d’expansion, Kepri cherche vraiment à faire vivre aux voyageurs une expérience hors du<br />

commun qui leur permet d’enrichir leurs connaissances sur les peuples à l’étranger.<br />

Les deux fondateurs de l’entreprise,<br />

Anthony Chamy et Karim Haggar, ont<br />

des origines égyptiennes. À force de<br />

voyager et d’explorer des endroits<br />

nouveaux, les fondateurs ont constaté<br />

la richesse des différentes cultures<br />

étrangères, qui est malheureusement<br />

parfois détruite par l’industrie du tourisme. En<br />

effet, ils ont constaté que certains sites devenaient malpropres<br />

et pollués à force d’être fréquentés par des touristes. Déplorant<br />

cette réalité, les deux fondateurs ont commencé à organiser des<br />

voyages en Égypte afin de faire découvrir le pays à certains de leur<br />

amis tout en respectant l’environnement et en explorant des sentiers<br />

peu battus de l’Égypte.<br />

Au départ, les deux associés n’organisaient qu’un<br />

seul voyage en Égypte une fois l’an. C’est après<br />

quelque temps qu’ils ont réalisé à quel point il serait<br />

intéressant de pouvoir organiser des voyages durant<br />

l’année au complet et d’en faire un métier. Ils ont<br />

donc voulu démarrer une entreprise qui organiserait<br />

des voyages d’écotourisme, mais ils ont vite constaté<br />

que pour ce faire, ils avaient besoin d’une agente<br />

de voyage et devaient détenir un permis. N’ayant pas les moyens<br />

au départ de se doter des deux éléments, ils décident de s’associer<br />

avec une autre agence de voyage, ce qui leur permet d’organiser<br />

des voyages avec le nom de leur propre entreprise individuelle sous<br />

la licence du permis de l’autre agence en échange de certaines<br />

redevances.<br />

Trouvant que les redevances qu’ils payaient étaient trop couteuses<br />

et qu’ils couraient un grand risque en opérant en tant qu’entreprise<br />

individuelle, les deux associés se sont par la suite incorporés<br />

en 2007, ils ont fait l’acquisition de leur propre permis et se sont<br />

engagé une agente de voyage. Ils se sont également ouvert un<br />

bureau situé actuellement au 1601 rue St-Denis. Depuis ce temps,<br />

Kepri a organisé des voyages au Pérou, en Grèce, au Japon, sur l’ile<br />

de Madagascar, etc.<br />

Pour réussir à mettre<br />

en œuvre leur<br />

entreprise, les deux<br />

e n t r e p r e n e u r s<br />

ont dû travailler<br />

avec beaucoup<br />

d’acharnement,<br />

c’est-à-dire qu’ils<br />

travaillaient le<br />

jour dans leur<br />

emploi respectif et<br />

le soir, lorsque leur<br />

journée était terminée,<br />

les deux se rassemblaient<br />

pour travailler sur leur projet. Selon<br />

Anthony Chamy, le plus gros défi qu’ils<br />

ont dû relever dans tout le processus de<br />

démarrage de l’entreprise est de créer un<br />

esprit d’entreprise pour travailler, étant<br />

donné qu'ils se retrouvaient bien souvent<br />

dans le salon pour faire évoluer le tout. Le<br />

projet a été lauréat d’un concours organisé<br />

par le Centre d’entrepreneurship HEC-Poly-<br />

UdeM ce qui leur a permis de bénéficier d’une bourse pour se financer<br />

et de recevoir une bourse de la Corporation de développement<br />

économique communautaire (CDEC).<br />

L’écotourisme permet de vivre une expérience inoubliable à<br />

l’étranger. N’est-il pas merveilleux de partir en Égypte, dormir<br />

à la belle étoile, rencontrer des bédouins vivant dans le désert,<br />

apprendre à connaitre le quotidien d’un pêcheur et participer à une<br />

fouille archéologique ? Kepri vous mènera vraiment plus loin que les<br />

principaux attraits touristiques des différents pays. D’ailleurs, pour<br />

organiser des voyages, l’entreprise fait appel à des organisateurs<br />

créatifs (COs) qui créent un itinéraire pour un voyage en choisissant<br />

minutieusement chacun des fournisseurs (restaurateurs, guides, etc.)<br />

avec qui ils feront affaire tout au long du voyage.<br />

Ainsi, l’agence crée des voyages, au contraire d’autres agences<br />

qui font simplement appel à un tour-opérateur pour planifier des<br />

voyages : elles émettent certaines exigences, tel le prix et la durée<br />

du voyage, et à partir de cela le tour-opérateur établira un itinéraire,<br />

ce qui consiste, en grosses lignes, au tourisme de masse. Kepri crée<br />

ses propres itinéraires entre autres parce que l’on veut que l’argent<br />

qui est dépensé lors du voyage reste à l’intérieur du pays et ne<br />

retourne pas dans les poches de certaines entreprises qui servent<br />

d’intermédiaire pour offrir des services aux voyageurs.<br />

Chaque COs qui organise un voyage est originaire du pays dans<br />

lequel l’entreprise veut organiser un périple. Et non seulement le<br />

COs est originaire du pays étranger, il doit en même temps très<br />

bien connaitre la culture québécoise et canadienne afin d’être en<br />

mesure d’offrir un voyage très personnalisé et qui sache interpeller<br />

les intérêts des voyageurs qui font affaire avec l’agence. Étant<br />

donné que le COs est originaire du pays à visiter, il est facile pour<br />

lui d’établir des contacts et de trouver des activités qui seraient<br />

intéressantes pour les voyageurs. Ainsi, la planification d’un voyage<br />

nécessite environ trois mois. La clientèle de Kepri est constituée de<br />

jeunes baby-boomers, mais de plus en plus d’étudiants s’intéressent<br />

aux voyages qui sont offerts par l’agence.<br />

Selon Anthony Chamy, le fait d’avoir démarré son entreprise lui a<br />

permis d’apprendre à déléguer des tâches de son travail. En effet,<br />

il affirme que parfois le fait de déléguer ne fait pas en sorte que les<br />

choses sont toutes exactement comme lui veut qu’elles le soient;<br />

cependant il arrive parfois que la personne à qui il délègue soit<br />

capable d’effectuer la tâche mieux que lui aurait pu faire ce qui<br />

amène une valeur ajoutée à l’entreprise. L’enjeu est donc de déléguer<br />

les bonnes tâches aux bonnes personnes. Kepri est maintenant prête<br />

à s’insérer dans le marché américain et commence à organiser des<br />

voyages pour des classes dans les écoles. Bref, plein de projets<br />

prometteurs continuent d’animer ces deux associés.<br />

VOLUME 54, NUMÉRO 09 // 11 Février au 10 mars 2010 // 05


Affaires//<br />

Ludmilla Wierzbinski<br />

ludmilla.wierzbinski@hec.ca<br />

Steve Jobs :<br />

un génie mégalomane ?<br />

Le destin d’Apple semble intrinsèquement lié à celui de son fondateur<br />

Steve Jobs. Les seules rumeurs de la mort de ce dernier suffisent à<br />

faire baisser le prix de l’action Apple sur les marchés. Or, les marchés<br />

sont supposés efficients et donc la mort de Steve Jobs engendrerait un<br />

risque suffisant pour que les investisseurs deviennent réticents à<br />

prêter leur argent. Est-ce que cela veut dire que le destin d’une entreprise aussi grande et<br />

belle qu’Apple et de ses salariés ne repose que sur les mains d’un seul homme ?<br />

Retour sur une « success story »<br />

américaine comme on les aime<br />

Steve Jobs et son ami Steve Wozniak fondent l’entreprise Apple<br />

Computer Inc. le 1er avril 1976 dans leur garage. Ensemble ils<br />

fabriquent l’ordinateur Apple I, que Steve Wozniak a inventé.<br />

Un premier élément d’analyse nous montre que c’est le savoir de<br />

Wozniak qui a permis le lancement de la compagnie, aidé par le<br />

talent de visionnaire de Jobs. C'est tout de suite le succès et ils<br />

ne peuvent répondre à la demande. Ils réinvestissent les bénéfices<br />

gagnés pour améliorer leur produit en intégrant une interface<br />

graphique et une souris aux ordinateurs. On voit déjà le souci de<br />

Jobs de créer des ordinateurs faciles d’utilisation pour les quidams,<br />

Wozniak s’intéressant surtout à la partie technique.<br />

L’Apple II est encore une fois un succès commercial. En 1980, l’entrée<br />

en bourse d’Apple fait la fortune de leurs fondateurs mais, comme<br />

ils ne sont plus les seuls propriétaires de l’entreprise, Jobs est forcé<br />

de démissionner en 1985. Sculley, le PDG, débauché de Pepsi par<br />

Jobs, en profite pour<br />

licencier 20% des<br />

effectifs de l’époque.<br />

La concurrence entre<br />

les PC de Microsoft<br />

et le Macintosh<br />

d’Apple fait rage et<br />

chacun lutte pour<br />

sa survie. Seulement<br />

voilà, après plus rien,<br />

plus aucune innovation<br />

pendant toutes les<br />

années 1990 ! Apple perd<br />

de son aura, d’aucuns lui<br />

prédisent même la faillite !<br />

Parallèlement,<br />

Jobs crée d’autres<br />

compagnies dont la<br />

société d’animation Pixar, qui sera vendue au groupe<br />

Disney en 2006 pour plus de 7 milliards de dollars !<br />

Jobs reviendra par hasard chez Apple en 1996 lorsque<br />

ce dernier, à la recherche d’un nouveau système<br />

d’exploitation, achètera NeXT, une autre compagnie<br />

fondée par Jobs après son départ forcé d'Apple, pour<br />

400 millions de dollars. Dès lors, c’est le début du<br />

renouveau pour Apple qui connaitra le succès que tout<br />

le monde lui connait aujourd’hui.<br />

Le hasard d’un homme ?<br />

Oui, les analystes ont raison de dire que les destins de<br />

Jobs et d’Apple sont liés puisque Apple périclite quand<br />

Jobs n’est pas là mais décolle lors de sa présence.<br />

Ça ferait beaucoup de hasards pour un seul homme !<br />

Qu’arriverait-il à Apple si Jobs n’était plus là ? On ne<br />

peut pas le dire avec certitude mais le talent d’un<br />

visionnaire dans une entreprise de hautes technologies<br />

est indispensable. Si Apple était privée de Jobs, il lui<br />

On ne peut pas le dire<br />

avec certitude mais le<br />

talent d’un visionnaire<br />

dans une entreprise de<br />

hautes technologies est<br />

indispensable. Si Apple était<br />

privée de Jobs, il lui<br />

faudrait trouver un<br />

autre talent de la<br />

même envergure,<br />

ce qui serait difficile<br />

faudrait trouver un autre talent de la même envergure,<br />

ce qui serait difficile. D’où le climat d’incertitude qui<br />

règne. C’est un fait, « Steve Jobs est le principal<br />

actif d’Apple et son plus grand risque », selon la<br />

formule bien trouvée d’un analyste.<br />

S’il est souhaitable que les entreprises aient<br />

des PDG talentueux, il n’est pas souhaitable<br />

que le sort d’une entreprise soit lié au destin<br />

d’un seul homme, car c’est le futur de milliers<br />

de salariés qui est en jeu. En fait, on peut même<br />

dire que le climat d’incertitude est reprochable à<br />

Steve Jobs, qui concentre tous les pouvoirs et qui n’a pas<br />

formé sa relève. Le fondateur d’Apple est donc un brin mégalomane !<br />

On peut saluer ici le travail de Bill Gates qui, lui, a su passer<br />

le flambeau.<br />

L’ambigüité de la fonction de PDG<br />

Le PDG a une place très importante dans l’entreprise, mais sa<br />

fonction est délicate à définir. Qu’attend-on de lui ? On attend d’un<br />

PDG qu’il prenne les choses en main et qu’il donne une vision à<br />

l’entreprise, mais on veut aussi que sa gestion soit impersonnelle<br />

afin de le rendre interchangeable pour le plus grand plaisir des<br />

conseils d’administration. Une solution serait de décentraliser une<br />

partie de ses responsabilités, mais l’information que le PDG détient<br />

n’est pas tangible car elle est surtout issue de liens informels.<br />

De plus, l’information est quelque chose qui se dévoile toujours<br />

au compte-gouttes parce que les projets doivent souvent rester<br />

secrets jusqu’à leur lancement afin de s’assurer que les concurrents<br />

en auront connaissance le plus tard possible - c’est une question<br />

d’avantage compétitif ! Alors, quoi faire ?<br />

06 // 11 Février au 10 mars 2010 // VOLUME 54, NUMÉRO 09


DOSSIER// Au diable les BABY-BOOMERS !<br />

Maude Fréchette<br />

maude.frechette@hec.ca<br />

babyboomers<br />

La guerre<br />

des générat ons<br />

Cohabitation de personnes différentes<br />

On qualifie de génération l’ensemble des individus qui ont à peu<br />

près le même âge à la même époque. Selon M. Bernard Préel, des<br />

« générations » seraient décelables tous les dix ans environ au cours du<br />

vingtième siècle. Cependant, les sociologues ont tendance à regrouper<br />

sous le terme génération ceux qui ont été élevés de la même façon suite<br />

à des évènements historiques et politiques importants. Les différentes<br />

générations possèdent des systèmes de valeurs différents ce qui les met<br />

souvent en situation de conflit. Ces manières de penser différentes sont<br />

dues à l’évolution des mœurs qui elles-mêmes résultent de l’évolution<br />

de la situation socioéconomique. De manière générale, il n’y a jamais eu,<br />

avant aujourd’hui, trois générations en même temps sur le marché du<br />

travail. La situation actuelle résulte de la dénatalité et de l’allongement<br />

de la longévité.<br />

Les générations présentes sur le marché du travail aujourd’hui<br />

Les trois générations qui se partagent actuellement le milieu du travail sont les « boomers » (nés entre<br />

1947 et 1965), les « x » (nés entre 1966 et 1976) et les « y » (nés entre 1977 et 1997).<br />

Suite à la Deuxième Guerre mondiale et la crise des années 30, la situation socioéconomique de la classe<br />

moyenne s’améliore, et se déclenche alors un baby-boom. Actuellement, certains d'entre eux ont des<br />

adolescents à la maison, aident un enfant aux études, s'occupent de leurs parents âgés ou passent du<br />

bon temps avec leurs petits-enfants. Certains travaillent à temps plein, d'autres à temps partiel, d'autres<br />

songent à la retraite et, finalement, d’autres ont quitté le travail. Leurs principales valeurs sont la loyauté,<br />

la hiérarchie du statut, le processus, la carrière, l’ancienneté, les clauses collectives et la sécurité. Tout au<br />

long de leur carrière, ce groupe a provoqué de l’innovation et de la création d’emploi.<br />

La génération d’après, la « x », est celle dite « coincée » et même qualifiée de « perdue ». Issue de la<br />

Révolution tranquille, cette génération, arrivée à l'âge de travailler, a été confrontée à une crise de<br />

x<br />

l'emploi. Elle a grandi dans l'ombre des baby-boomers, maintenus par ceux-ci dans une marginalisation<br />

économique et sociale, coincés aux échelons inférieurs d’emploi avec des salaires plus faibles, et ce, en<br />

plus de devoir négocier avec des taux immobiliers gonflés par le passage des boomers qui précédaient.<br />

Les enfants des « baby-boomers », les « y » ou « échos », eux, sont aussi choyés que l’ont été leurs<br />

parents quant à la quantité d’emplois disponibles, car les « boomers » se retirent. Cependant, un diplômé<br />

universitaire de 25 ans gagne 1 000 $ de moins par mois, en dollars constants, qu’en 1985, et les<br />

emplois ne nécessitant que peu d’études disparaissent de plus en plus à cause de l’informatisation.<br />

Ils doivent donc faire beaucoup d'études pour se garantir un bon emploi. Les « y » se déclarent agent<br />

libre. Ils recherchent de l’indépendance, de l’autonomie et des défis. Ils accordent plus d’importance au<br />

résultat qu’au processus, et plus à la compétence qu’à l’ancienneté.<br />

Conflits sur le marché du travail<br />

Tandis que le « boomer » type privilégiait un emploi une vie, le « x » et le « y » ont tendance à ne pas être<br />

fidèles et à rechercher toujours la meilleure offre. En conséquence, les « x » et les « y » sont beaucoup<br />

plus exigeants envers leurs employeurs. De plus, ayant toujours eu le droit de parole dans le milieu<br />

familial, ils veulent participer de plus en plus à une gestion participative, alors que les « boomers »<br />

étaient généralement satisfaits de ne faire que l’exécution de tâches prédéterminées. Leurs patrons<br />

étant généralement partisans d’une gestion très traditionnelle, il en résulte des conflits.<br />

y<br />

VOLUME 54, NUMÉRO 09 // 11 Février au 10 mars 2010 // 07


DOSSIER// Au diable les BABY-BOOMERS !<br />

Anthony Rahib<br />

anthony.rahib@hec.ca<br />

Le Baby-Boom<br />

sur nos épaules<br />

Un Seconde Guerre mondiale se termine, et voilà que nos<br />

chers prédécesseurs s’activent. La période après-guerre<br />

marque le début du baby-boom, qui se traduira pendant une<br />

vingtaine d’années par des naissances à foison. Mais cette<br />

période a débuté il y a soixante-cinq ans, et maintenant<br />

les natifs de l’époque, les boomers, ont atteint l’âge de la<br />

retraite. Regardons un peu le monde qu’ils nous laissent.<br />

Les baby-boomers, à leur époque, ont eu beaucoup plus de facilité que les étudiants<br />

actuels à trouver un emploi. Le développement de l’éducation a fait qu’actuellement,<br />

de longues études sont pratiquement obligatoires pour travailler selon nos désirs et<br />

les baby-boomers ont eu tendance à<br />

vivre au-dessus de leurs moyens, et les<br />

gouvernements ont fait de même.<br />

surtout selon nos choix. Il est donc normal qu’aujourd’hui, les baby-boomers se distinguent en nombre<br />

sur le marché du travail. La retraite arrive pour eux, mais deux problèmes se posent.<br />

Le premier est dû à l’augmentation de l’espérance de vie. Les boomers ne veulent pas vivre plus d’une<br />

trentaine d’années de façon inactive, et à juste titre. Il n’est pas dit que ces derniers garderont leur<br />

travail, mais si certains continuent à exercer, les difficultés pour les nouveaux diplômés de se faire<br />

une place dans la vie active ne vont que s’accroitre. Ce sera donc un réel défi et une obligation pour<br />

nous de faire mieux qu’eux, car les meilleurs sont toujours les premiers servis. Un autre problème,<br />

c’est le financement de la retraite de ceux qui ne souhaitent pas poursuivre leur activité. Selon<br />

l'enquête de Fidelity Investments Canada sur la retraite (2007-2008), peu de boomers mettent de<br />

l’argent pour financer leur vie après le travail. Aussi bien dire que ce sera aux petits enfants d’aider<br />

leurs grands-parents.<br />

Et la dette publique dans tout ça ? Juste après la guerre, les baby-boomers ont eu tendance à vivre audessus<br />

de leurs moyens, et les gouvernements ont fait de même. Il faut donc réparer ça maintenant,<br />

en remboursant les dettes qu’ont certains pays envers d’autres. Bien sûr, on ne peut pas en vouloir<br />

aux gens d’avoir voulu se faire plaisir une fois la guerre passée, mais encore fallait-il penser aux<br />

générations suivantes ! Un des grands enjeux de notre génération est de ne pas faire comme les<br />

boomers en se disant « moi d’abord ! ».<br />

Ces dépenses énormes n’ont fait qu’accentuer les disparités sociales. Pour la plupart, les riches<br />

deviennent de plus en plus riches, et les pauvres prennent le sens inverse. Le chemin vers l’égalité,<br />

qui est un des souhaits principaux des communautés mondiales, se retrouve une fois de plus barré…<br />

Il nous faudra donc tout faire pour que ce souhait se réalise.<br />

Mais l’enjeu qui reste de taille est l’environnement. Pensons notamment à la rareté de certaines<br />

ressources naturelles comme l'eau ou le pétrole, ou bien encore à la fonte des glaces. Pourtant, ce<br />

ne sont pas des faits récents. Dès le baby-boom, le niveau de la mer augmentait, mais à l’époque<br />

les gens ne s’en préoccupaient pas vraiment, ce qui n’est pas le cas au 21 e siècle. À cela s’ajoutent<br />

bien évidemment les problèmes de pollution, de déforestation, l’extinction d’espèces animales et<br />

végétales. Bien sûr, nous ne pouvons pas blâmer entièrement nos prédécesseurs, mais le fait qu’ils ne<br />

s’en soient pas préoccupés à l’époque n’a fait qu’aggraver les choses. Nous nous devrons de réussir à<br />

protéger notre environnement de la meilleure façon qui soit.<br />

On peut donc dire que les baby-boomers nous ont légué de graves problèmes, autant d’un point de<br />

vue social qu’économique ou environnemental. À nous de prendre la relève et de leur montrer que l’on<br />

peut réparer leurs erreurs.<br />

We’re all<br />

Keynesians<br />

now !<br />

Abdelhamid Bioud<br />

abdelhamid.bioud@umontreal.ca<br />

Dette du Québec :<br />

blamez Keynes !<br />

« À long terme nous seront tous morts », disait John Maynard<br />

Keynes. Il faut se rendre à l’évidence qu’il avait au moins<br />

raison sur une chose, c’est que nous seront tous morts ! Pour<br />

autant, est-ce une raison valable pour ne gouverner qu’à<br />

court terme et mettre en péril l’avenir de la relève ?<br />

Le constat en chiffre<br />

En février 2010, la dette du Québec est actuellement de plus de 216 milliards de dollars, sans compter<br />

la partie de la dette fédérale attribuable au Québec. Selon l’Institut économique de Montréal, cette<br />

dernière augmente de 9 milliards de dollars par année, de 25 millions de dollars par jour, de 17 215<br />

dollars par minute ou, pour les ponctuels, de 287$ par seconde 1 .<br />

À qui la faute ?<br />

Qui ne se souvient pas de cette fameuse phrase lancée par le president américain Richard Nixon en<br />

1971 : «We’re all Keynesians now ! » Étant donné la nature du keynésianisme qui n'est de prendre des<br />

décisions économiques qu’à court terme (car à long terme on sera mort, n’est-ce pas ?), ceci fait en<br />

sorte que les politiciens de carrière peuvent promettre toutes sortes de choses à l’électorat. Pourquoi<br />

se serrer la ceinture ? En empruntant de l’argent et en consommant, profitons du moment présent !<br />

Naturellement, les politiciens de l’époque ont été piqués eux aussi par cette nouvelle tendance, le<br />

keynésianisme, avec pour résultat le bourbier économique actuel. Enfin, sachez qu’au début des<br />

années 70, la dette du Québec était de 5 milliards de dollars.<br />

Perspectives d’avenir ou plutôt... le party est fini !<br />

Au vu des décisions économiques prises actuellement par le gouvernement du Québec, le<br />

keynésianisme est encore à la mode. La question est de savoir combien de temps cette fuite en avant<br />

peut encore durer. Pour le savoir, il suffit de faire une analyse rapide de la situation économique<br />

actuelle. Sachant que 70% de notre économie est basée sur les services et que ces emplois ne sont<br />

pas productifs, il faut s’attendre à des pertes d’emplois majeures à court et moyen terme (ce qui<br />

signifie moins de contribuables à taxer pour le gouvernement). Aussi, le vieillissement trop rapide de<br />

la population fera en sorte d’augmenter le fardeau fiscal sur les jeunes générations. Rajoutez à cela<br />

que le Québec est la province la plus endettée au Canada, avec un fardeau fiscal plus lourd que ses<br />

provinces voisines... et bye bye investisseurs !. L’avenir ne sera pas rose.<br />

Rester ou partir ?<br />

Ayant brossé brièvement le portrait économique actuel et futur du Québec, la question qui vient à<br />

l’esprit est de savoir s’il faut rester au Québec ou partir ailleurs. Cette question est tout aussi importante<br />

que celle de la dette. Si on ne réussit pas à retenir nos jeunes, qui va payer pour les frais de santé des<br />

baby-boomers ? Vu le faible taux de natalité au Québec, attendez-vous à une augmentation du nombre<br />

d’immigrants et à un alourdissement du fardeau fiscal afin de soutenir ce système économique qui est<br />

appelé à disparaitre. Alors, rester ou partir ?<br />

LA FIERTÉ D’UN HÉRITAGE<br />

Évidemment, les baby-boomers ont agi de bonne foi, en ne pensant qu’à notre bien. Malheureusement,<br />

la méthode n’était pas la bonne. Il faut se rappeler que ces derniers ont vécu durant une période<br />

sombre de notre histoire et que, malgré les problèmes actuels, on ne peut qu’être fiers de leurs<br />

accomplissements. De plus, comme disait Isaac Newton, « Si j’ai pu voir aussi loin, c’est parce que<br />

j’étais assis sur des épaules d’un géant »<br />

1 Pour consulter la valeur de la dette du Québec en temps réel : http://www.iedm.org/main/main_fr.php<br />

À long<br />

terme<br />

nous<br />

seront<br />

tous<br />

morts<br />

08 // 11 Février au 10 mars 2010 // VOLUME 54, NUMÉRO 09


Martin Reyre &<br />

Mathilde Mur<br />

martin.reyre@hec.ca<br />

mathilde.mur@hec.ca<br />

DOSSIER// Au diable les BABY-BOOMERS !<br />

Entrevue avec un baby-boomer<br />

Notre avis sur les baby-boomers est une chose, mais c'en est une autre de savoir ce qu’eux-mêmes<br />

pensent de leurs responsabilités quant à la situation mondiale actuelle, l’héritage qu’ils nous lèguent,<br />

leurs espoirs pour les générations futures. À l’heure de leur départ à la retraite, il est sans doute temps<br />

de faire un constat sur la manière dont ils ont traversé les soixante dernières années. C’est ce que nous<br />

avons cherché à savoir en interrogeant Jacques Boisvert, enseignant.<br />

Quels sont les évènements marquants, les transformations<br />

sociales et technologiques importantes qui ont pu vous<br />

marquer en tant que baby-boomer ?<br />

Le dénouement de la crise d’Octobre en 1970, avec la prise d’otage<br />

et le meurtre du ministre du Travail, Pierre Laporte, est l’un des<br />

évènements qui m’ont le plus marqué. Ce fut une erreur de la part du<br />

FLQ (Front de Libération du Québec), qui a toutefois été un élément<br />

moteur du réveil de la société québécoise.<br />

Étant issu d’un milieu modeste, peu stable au niveau financier, j'ai été<br />

profondément marqué par les progrès technologiques, notamment<br />

la télévision en noir et blanc. Dans ma jeunesse, la culture était<br />

vraiment restreinte et la télévision nous a permis de nourrir notre<br />

imaginaire, de nous ouvrir et de découvrir le monde extérieur. Les<br />

premiers baladeurs sont arrivés dans les années 80. Une radio AM-<br />

FM, pas de disques… Dans les voitures, le seul système de son était<br />

fait pour des cassettes huit pistes.<br />

J’ai aussi commencé le secondaire avec une règle<br />

à calculer et tous nos travaux étaient effectués<br />

avec une dactylo. Les outils de travail étaient<br />

plus d’ordre mécanique que technologique. Puis<br />

lorsque je suis parti travailler en Europe en 1990,<br />

le fax n’existait pas encore et je devais écrire des<br />

lettres à mes proches pour garder un contact.<br />

Au niveau technologique, j’ai donc connu la petite radio<br />

transistor, le baladeur en MFM, le tapedeck cassette, le discman, le<br />

Mp3, le Mp4. J’ai aussi des flippers mécaniques, avant les premiers<br />

jeux vidéo qui étaient le ping-pong et Pacman.<br />

Les évènements politiques et sociaux qui m’ont<br />

le plus marqué sont :<br />

- La mort de JF Kennedy en direct.<br />

- Les premiers pas de l’homme sur la Lune.<br />

- L’émergence des partis québécois.<br />

- Les Jeux Olympiques de Mexico en 1968, jeux télévisés,<br />

les premiers pour moi. J’avais 11 ans. J’ai été tellement<br />

marqué que je suis allé courir dans la rue et cela ma donné<br />

la vocation.<br />

- Les Jeux Olympiques de Montréal en 1976.<br />

- La Loi 101 dans les années 80, qui obligea tout le monde à<br />

parler français et qui fit beaucoup de vagues.<br />

- La création de la Société d’assurance d’automobile du<br />

Québec, qui définit le nouveau régime d’assurance pour<br />

les voitures et rendit obligatoire et accessible l’assurance.<br />

Quel recul avez-vous<br />

sur la Révolution Tranquille ?<br />

Elle a permis l’épanouissement de la société<br />

québécoise et a développé son potentiel grâce à l’accès<br />

aux études supérieures. Le Québec a pris conscience<br />

de sa force. La Révolution tranquille a aussi mené à une<br />

véritable reconnaissance de l’État québécois. Les grandes grèves,<br />

dans les années 60 et 70, ont permis l’accès en masse aux études et<br />

ont développé la syndicalisation au Québec.<br />

Comment était la situation politique au Canada<br />

à votre époque ?<br />

La situation politique était tendue. On pouvait identifier tes<br />

tendances politiques par ta famille, comme aux États-Unis. Si ta<br />

famille est républicaine, tu nais républicain et tu meurs républicain.<br />

C’était comme cela dans certaines zones du Canada…<br />

Moi, j’ai évolué à cause de l’échec et de la peur que les Canadiens ont<br />

eu de la séparation du Québec. Le deuxième référendum a beaucoup<br />

affecté les gens, car il polarisait la population en deux clans. Cela<br />

a provoqué de grands affrontements politiques, idéologiques et a<br />

déchiré des familles entières.<br />

Je me rappelle un argument des fédéralistes qui m’avait frappé. Ils<br />

disaient aux retraités : « Vous allez perdre votre pension qui vient du<br />

Canada », ce qui était faux. C’était de la désinformation, mais cela<br />

leur a fait peur et les a influencés.<br />

Quel l’héritage pensez-vous laisser<br />

à la prochaine génération ?<br />

L’héritage que nous laissons est très contrasté. D’un côté, la nouvelle<br />

génération va pouvoir profiter d’une société unie, pluriethnique<br />

et dans laquelle il fait bon vivre. Nous lui laissons un accès à<br />

l’éducation et aux études supérieures plus facile ainsi qu’une plus<br />

grande ouverture sur le monde. Les futurs adultes pourront être<br />

beaucoup plus précoces, d'un point de vue culturel, par les voyages,<br />

les médias… Nous leur léguons aussi une société avec des règles<br />

bien définies au plan des gouvernements et des syndicats.<br />

Du côté de l’environnement, rien n’est clair. Particulièrement pour<br />

ce qui est de la couche d’ozone. On reste dans une certaine routine<br />

politique même si les idées évoluent. On peut voir qu’il y a toujours<br />

peu d’implication à ce sujet au niveau municipal, car ça parait moins<br />

important. Elle devra aussi évoluer avec une société canadienne<br />

économique endettée.<br />

Qu’espérez-vous de la prochaine génération ?<br />

Le fait d’avoir accès à toute l’information que l’on ne pouvait pas<br />

avoir auparavant permettra à la prochaine génération de faire des<br />

choix plus éclairés. Mais un trop grand nombre d’informations peut<br />

devenir perturbant et mener à l’indécision.<br />

Cette génération me permet déjà de bénéficier des nouvelles<br />

technologies et de tout ce qui les accompagne. C’est un plus non<br />

négligeable de pouvoir profiter des nouvelles modes, des nouvelles<br />

façons de penser, de la nouvelle musique, de la culture, de l’art... Mon<br />

plus grand désir serait une génération de culture, aux connaissances<br />

riches et diverses !<br />

De quelle génération auriez-vous préféré faire partie ?<br />

Pourquoi ?<br />

À mon avis, il est impossible de répondre à cette question. La seule<br />

chose dont je suis certain est que j’aimerais revenir en arrière mais<br />

avec tout ce que je sais désormais, car je n’avais pas un accès aussi<br />

vaste à la culture avant. En fait, cette question est très hypothétique.<br />

Je ne peux pas dire si votre génération est meilleure ou pire. J’ai<br />

bien vécu la mienne. Néanmoins, je dirais qu’au niveau financier,<br />

tout devient possible aujourd’hui, même si cela rend plus complexes<br />

certaines choses qui paraissaient simples à mon époque.<br />

À quel âge comptez-vous partir à la retraite ?<br />

Théoriquement, je partirai dans six ans car j’aurais effectué 35 ans<br />

dans l’enseignement. Mais même après cela je resterai actif et<br />

trouverai un autre travail.<br />

VOLUME 54, NUMÉRO 09 // 11 Février au 10 mars 2010 // 09


DOSSIER// Au diable les BABY-BOOMERS !<br />

Retraite au pays du Soleil Levant:<br />

vivez longtemps,<br />

mais pas trop s’il-vous-plait !<br />

Léna Le Gall-Diop<br />

lena.le-gall-diop@hec.ca<br />

Au Japon, pays de la longévité,<br />

les personnes âgées de 65<br />

ans et plus sont fortement<br />

encouragées à continuer à<br />

travailler pour préserver leur santé… et les finances publiques.<br />

Le vieillissement de la population y est une grande<br />

préoccupation, et pour cause : près de 25% des habitants<br />

ont plus de 65 ans, et on prévoit que ce chiffre montera à 40%<br />

d’ici 2050 – ce qui ne laissera que 1,3 travailleur par retraité.<br />

À côté, les données « alarmantes » du Québec, dont 25% de la<br />

population devrait avoir plus de 65 ans d’ici 2050, font pâle figure.<br />

Pour se préparer à des transformations démographiques qui pèsent<br />

lourd sur son budget, le Japon a repoussé l’âge de la retraite de 60<br />

à 63 ans en 2007, et compte poursuivre sur sa lancée en le faisant<br />

passer à 65 ans d’ici 2013. Pendant que la transition se fait sur<br />

l’archipel, l’idée séduit certains économistes à l’étranger, au Québec<br />

entre autres, où le tiers de la population de plus de 65 ans affirme<br />

souhaiter travailler plus longtemps si elle peut le faire à temps partiel.<br />

Des exemples de « mamis » et « papis » énergiques viennent<br />

témoigner en la faveur de telles mesures. Qui ne s’est pas étonné<br />

devant sa télévision de voir une Mme Yamazaki, 103 ans, affirmer<br />

tout sourire qu’elle ne s’imaginait pas cesser de travailler dans<br />

le dépanneur de sa famille ? Un M. Suzuki de 60 ans heureux de<br />

poursuivre ses activités chez Matsuya, un détaillant de kimonos ?<br />

Mais ne nous berçons pas d’illusions : à l’heure actuelle, la majorité<br />

des entreprises ne croient pas en la productivité des personnes<br />

âgées, et la seule bonne volonté du gouvernement ne suffira pas à<br />

assurer le fonctionnement de ces politiques.<br />

Une fois que leurs employés ont atteint la soixantaine, les patrons<br />

les poussent gentiment vers la porte, et à l’heure de l’embauche,<br />

être senior est rédhibitoire. Les doyens se retrouvent donc contraints<br />

de chercher un poste ailleurs, et récupèrent des emplois précaires et<br />

mal payés. Or, le travail que l’ainé aimerait avoir à temps partiel n’est<br />

pas celui d’un caissier chez Wal-Mart. C’est sans doute en partie<br />

pour cette raison que, même s’il en a évalué la possibilité, le Québec<br />

n’a pas l’intention de repousser l’âge de la retraite dans les années à<br />

venir. Sans des politiques adéquates dans les entreprises, repousser<br />

le versement des retraites reviendrait à condamner les ainés à<br />

accepter le type d’emplois qu’ils avaient lorsqu’ils étaient étudiants.<br />

Au Japon, le secteur privé a posé des premiers jalons en faveur de<br />

l’emploi des ainés (retarder l’âge de la retraite obligatoire, favoriser<br />

le travail à temps partiel). Malgré cela, un long chemin reste à<br />

parcourir, et le gouvernement encourage les entreprises à poursuivre<br />

leur travail en ce sens. Au Québec, suivant les conseils de l’ancien<br />

ministre Claude Castonguay, le gouvernement lance le même appel<br />

aux entreprises. Par contre, contrairement à celui du Japon, il<br />

compte beaucoup sur l’immigration pour compenser les faibles taux<br />

de natalité et le vieillissement de la population.<br />

Y aura-t-il assez d’argent dans les caisses de l’État pour payer les<br />

retraites des baby-boomers ? Les statistiques actuelles ne sont pas<br />

encourageantes, mais pour le reste, seul le temps nous le dira… En<br />

attendant, on peut toujours faire des enfants !<br />

010 // 11 Février au 10 mars 2010 // VOLUME 54, NUMÉRO 09


DOSSIER// Au diable les BABY-BOOMERS !<br />

Personnalité invitée<br />

Joseph Facal<br />

Dans<br />

le cadre de notre dossier sur la guerre des générations,<br />

<strong>L'Intérêt</strong> publie un extrait du dernier livre de M. Joseph<br />

Facal, ex-politique québécois et professeur à HEC Montréal.<br />

«Douze générations ont fait du Québec ce qu’il est<br />

aujourd’hui. Elles ont admirablement bien travaillé, surtout si<br />

on considère l’adversité qu’elles ont affrontée. À intervalles<br />

irréguliers, nos prédécesseurs sont périodiquement parvenus<br />

à des carrefours déterminants pour l’avenir de notre nation.<br />

À quelques nuances près, ils ont toujours fait les bons choix,<br />

qui n’étaient à peu près jamais les plus faciles.<br />

Le Québec d’aujourd’hui, j’en suis absolument persuadé, est parvenu<br />

à un autre de ces moments-charnière de son histoire. J’ai essayé<br />

de documenter de mon mieux, sans prétention à l’exhaustivité et<br />

en essayant de ne pas accoucher d’un ouvrage dont l’épaisseur<br />

aurait découragée, cette constellation de facteurs démographiques,<br />

économiques, politiques, culturels, technologiques, éthiques, qui<br />

nous imposent aujourd’hui de faire, à nouveau, des choix collectifs<br />

exigeants, dont j’ai aussi dessiné les contours.<br />

Notre peuple ressent tout cela. Il<br />

voit bien ce qui ne tourne plus rond<br />

du tout, mais aussi ce à quoi il est<br />

attaché et qu’il veut préserver.<br />

Il reçoit aussi de ses élites<br />

des messages contradictoires.<br />

Jusqu’à un certain point, c’est le<br />

propre du débat démocratique.<br />

Nous faisons cependant face à<br />

un certain nombre de réalités si<br />

indiscutables, dans leurs grandes<br />

lignes en tout cas, qu’elles<br />

s’imposent progressivement à tous<br />

les courants de pensée, sauf les<br />

plus marginaux.<br />

Évidemment, si notre peuple<br />

montre des signes d’ambivalence,<br />

c’est non seulement parce que<br />

celle-ci est la fille de notre<br />

histoire compliquée, mais aussi<br />

parce que nous sentons tous que<br />

les réformes dont le Québec a<br />

besoin seraient très exigeantes.<br />

Je n’ai d’ailleurs pas cherché à<br />

en minimiser les difficultés. Il y a<br />

donc comme une part de nous qui<br />

hésite, très naturellement, à s’y engager. Presque par définition,<br />

des gains escomptés sont aussi plus intangibles que des sacrifices<br />

concrets et immédiats. Nous craignons donc plus les seconds que<br />

nous ne désirons les premiers.<br />

J’ose tout de même penser<br />

que nous voudrons offrir<br />

à ceux qui nous suivront<br />

autre chose que des<br />

excuses.<br />

J’ose tout de même penser que nous voudrons offrir à ceux qui<br />

nous suivront autre chose que des excuses. Il faudra donc nous<br />

décider à poser résolument la culture de la majorité francophone<br />

comme culture de référence, à protéger les valeurs et les traditions<br />

qui le méritent, à nous soucier<br />

de productivité économique,<br />

à refonder nos mécanismes<br />

institutionnels de solidarité, à<br />

cesser d’hypothéquer notre avenir<br />

financier, à faire ce qu’il faut<br />

pour atténuer le bouleversement<br />

démographique dans lequel nous<br />

sommes engagés, et, bien sûr, à<br />

regarder lucidement notre rapide<br />

perte d’influence politique dans le<br />

Canada et en tirer des conclusions.<br />

Je répète que je mesure pleinement<br />

les immenses difficultés de tous<br />

ces chantiers. D’autant plus<br />

immenses que le Québec est<br />

traversé, comme toutes les sociétés<br />

occidentales, par des sensibilités<br />

qui compliquent bien plus qu’elles<br />

ne facilitent les redressements<br />

collectifs : un matérialisme forcené,<br />

un individualisme amnésique, un<br />

cynisme galopant, une idolâtrie<br />

de la nouveauté confondue avec<br />

le progrès, un relativisme dont on<br />

cherche parfois les limites.<br />

Je reste pourtant d’un optimisme prudent. D’une part, parce que notre<br />

peuple a déjà fait, dans le passé, la démonstration de sa capacité à<br />

se ressaisir, et qu’il dispose encore aujourd’hui, et même plus que<br />

jamais, de tous les atouts requis pour cela. D’autre part, parce que<br />

l’alternative serait une sorte de consentement à notre propre déclin,<br />

qui me semble proprement impensable, bien que la vérité oblige ici<br />

à dire que l’histoire est remplie d’exemples de peuples qui n’ont pas<br />

su éviter la folklorisation.<br />

Dans l’immédiat, ce sont ceux qui nous tiennent lieu d’élites qui sont<br />

évidemment les premiers interpellés. On trouve certes dans l’histoire<br />

des exemples d’accélération subite des événements qui placent<br />

les peuples en avant, en quelque sorte, de leurs propres élites, qui<br />

se retrouvent alors comme dépassées par la situation. Mais c’est<br />

plutôt l’inverse qui est la norme. Quand les nations parviennent à<br />

des carrefours décisifs, ce sont leurs dirigeants politiques qui sont<br />

les premiers convoqués à la barre.<br />

À cet égard, il me semble que nous fait défaut en ce moment un<br />

leadership politique qui, plutôt que de se soucier de questions<br />

d’intendance, de l’apparence des choses ou de simplement durer,<br />

proposerait à notre peuple un récit de lui-même, de sa trajectoire<br />

historique jusqu’ici et du monde qui se dessine devant nous, qui serait<br />

porteur de sens et dans lequel nos concitoyens se reconnaîtraient.<br />

Mais croyez-moi, il est trop facile de blâmer nos dirigeants, de<br />

les taxer de lâches ou d’incompétents quand ils n’ont, démocratie<br />

oblige, d’autres espaces de manœuvre que ceux que nous-mêmes<br />

leur laissons.<br />

Nous disons vouloir entendre d’eux la vérité, mais nous ne<br />

l’acceptons vraiment que si elle est plaisante. Nous trouvons normal<br />

qu’ils aillent faire les pitres dans des émissions de variété, et nous<br />

leur reprochons ensuite de manquer d’envergure. Trop souvent, nous<br />

récompensons aux urnes ceux qu’ils veulent durer plutôt que ceux<br />

qui veulent faire. Nous leur demandons de se rendre «populaires»<br />

pour récolter nos votes, alors qu’il nous faudrait ensuite accepter<br />

qu’ils doivent parfois se rendre impopulaires pour bien gouverner.<br />

Dans l’histoire des peuples, rien n’est jamais écrit d’avance, sauf<br />

dans les cas où la loi du nombre prend la forme d’un courant trop<br />

fort pour être remonté et devient implacable. Nous approchons de ce<br />

moment. Nous y sommes presque. Nous y entrons à vrai dire.»<br />

EXTRAIT TIRÉ DE : J.FACAL, QUELQUE CHOSE COMME UN GRAND PEUPLE,<br />

Boréal, 2010, pp. 289-292.<br />

VOLUME 54, NUMÉRO 09 // 11 Février au 10 mars 2010 // 011


culture urbaine//<br />

Tosca :<br />

« Je vis d’art et d’amour »<br />

Andréea Beleciu<br />

andreea.belecciu@hec.ca<br />

Pour ses 30 ans, l’Opéra de Montréal<br />

renoue avec la tradition (c’est<br />

le premier opéra que l’Opéra de<br />

Montréal a présenté à ses débuts<br />

en 1980) en nous offrant un grand<br />

classique de Puccini : Tosca. Ayant<br />

débuté la saison 2009-2010 sous des<br />

éclats de rires avec Pagliacci et<br />

Gianni Schicchi, l’Opéra laisse place<br />

au drame avec cette œuvre ayant eu<br />

sa première représentation en 1900<br />

au Teatro Costanzi à Rome. C’est en<br />

compagnie de Michael Ignatieff, de<br />

Luc Plamondon, de Bernard Landry,<br />

de Raymond Bachand et de Nicole<br />

Lorange (l’interprète originale de 1980)<br />

que l’Opéra de Montréal a présenté la<br />

première d’une œuvre qui a su toucher<br />

les cœurs au plus profond. Ainsi, la<br />

salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts a été envoutée par la tragique et attachante<br />

histoire de la cantatrice Floria Tosca du 30 janvier au 13 février.<br />

À Rome, dans l’église Sant’Andrea della Valle, l’artiste Mario Carvadossi peint le portrait d’une jeune<br />

femme quand, tout à coup, entre le fugitif Angelotti cherchant à se cacher des foudres de Scarpia,<br />

chef de la police. Mario reconnait alors son tendre ami et décide de l’aider dans sa fuite. Leurs<br />

plans sont interrompus par Floria Tosca, cantatrice amoureuse de Carvadossi et très jalouse de la<br />

jeune femme dans le portrait. Suite à cet élan d’affection, Tosca quitte la pièce et les deux amis<br />

planifient la cachette d’Angelotti, qui se déguise en femme afin de passer inaperçu. S’ensuivra alors<br />

une poursuite de Scarpia et de ses hommes qui ne sauront qu’user de malice afin de retrouver les deux<br />

conspirateurs. La belle se retrouvera alors au milieu d’une manipulation alliant sentiments de jalousie,<br />

d’intimidation sexuelle, de trahison, d’amour et de mort…<br />

Les décors sont une toile de fond idéale pour la mise en scène créée par le regretté concepteur Jean-<br />

Pierre Ponnelle. Dès le premier acte, on se sent transporté en Italie à l’intérieur d’une église des<br />

années 1600. L’environnement, sculpté par un éclairage d’antan, présent tout au long des trois actes,<br />

contribue à nous faire ressentir la passion et la tragédie de cette histoire. D’un autre coté, la voix de<br />

Nicola Berner Carbone, soprano interprète de Floria Tosca, manque des fois de souffle et de solidité,<br />

malgré que son jeu d’actrice reste impressionnant.<br />

Par contre, lorsqu’elle combine sa voix à celle puissante de David Pomeroy, ténor interprétant Mario<br />

Carvadossi, c’est une autre histoire : un enchantement parcourt la salle. Greer Grimsley, baryton<br />

interprète de Scarpia, nous laisse aussi sans voix lorsqu’il atteint des sommets qui résonnent jusqu’au<br />

fond de la salle. Paul Nadler, chef d’orchestre, dirige remarquablement les musiciens et le chœur qui<br />

donnent le ton à l’intrigue. Tous les éléments du spectacle donnent alors vie à une fin tragique qui<br />

nous laisse une réflexion sur l’art et l’amour à vivre…<br />

TOSCA de Puccini<br />

Salle Wilfrid-Pelletier, Place des Arts<br />

Dernière représentation : 13 février 2010 à 14h<br />

Marouchka Franjulien<br />

marouchka.franjulien@hec.ca<br />

Sex, Drugs<br />

and Cocoa Puffs<br />

de Chuck Klosterman<br />

Journaliste sportif, littéraire et musical, Chuck Klosterman semble être capable de disserter<br />

sur n’importe quel sujet, tout en suscitant l’intérêt et la réflexion du lecteur.<br />

En véritable manifeste, Sex, Drugs ans Cocoa Puffs analyse la culture populaire américaine des années<br />

1980 avec humour et profondeur. En utilisant les trivialités du quotidien comme sujet de pensée,<br />

Klosterman force l’esprit critique et pousse à la réévaluation d’une opinion souvent dénigrante quant<br />

aux banalités d’une déchéance culturelle patente. Quand ce n’est pas l’opposition entre supporters<br />

des Lakers et des Celtics qui est utilisée pour expliquer la plupart des rivalités connues à ce jour, c’est<br />

l’émission de téléréalité The real world, en véritable microcosme social, qui pousse l’auteur à une<br />

analyse sociologique sur le mimétisme et la conformité des comportements humains.<br />

Le penchant avéré de Klosterman pour cette culture populaire, de Pamela Anderson au tribute band, lui<br />

permet d’éviter une déblatération néophyte, redondante et arrogante, et crédibilise son jugement, en<br />

tant qu’observateur averti. Il fait partie de ces écrivains en décalage, appréciés pour leur manière de<br />

penser visionnaire et leur originalité prononcée. Amusante et détaillée, la voix de Klosterman est un<br />

one-man show littéraire, entre la frivolité des sujets choisis et le sérieux de son analyse. Il faut de tout<br />

pour faire un monde, et Klosterman le prouve deux fois plutôt qu’une.<br />

À lire sans a priori.<br />

Micky Green<br />

HONKY TONK<br />

Antoine Lemercier<br />

antoine.lemercier@hec.ca<br />

Une petite note pour vous annoncer que Micky Green a sorti numériquement Honky Tonk, son deuxième<br />

album, le 18 janvier dernier. Dans un style tout à fait différent du premier opus (White T-Shirt révélé<br />

grâce à Oh, son titre phare), cet album va rencontrer un succès certain auprès des adhérents au style<br />

Green mais risque quand même de ne pas plaire à tout le monde.<br />

Reposant, c’est le premier mot qui vient quand on écoute les différents morceaux proposés. La chanteuse<br />

australienne mélange les styles – peut-être un peu trop d’ailleurs. Elle innove sur les rythmes et joue sur<br />

ses différentes possibilités vocales : sa voix soul n’est pas pour déplaire. Installée à Paris, Micky Green<br />

avait su conquérir un public européen grâce à ses morceaux électro pop teintés de hip hop. La tâche<br />

s’avère un peu plus difficile cette fois-ci.<br />

Cependant le choix est fait : Honky Tonk est définitivement l’album qu’il vous faut pour réviser<br />

sereinement les intras ! // Sortie officielle : 15 février<br />

012 // 11 Février au 10 mars 2010 // VOLUME 54, NUMÉRO 09


Ils se sont fait remarquer<br />

ces derniers jours...<br />

Alpha Daye Diallo<br />

alpha-daye.diallo@hec.ca<br />

Notre rubrique est de retour pour faire la part belle à nos babyboomers<br />

et vieux politiciens. S’il est un domaine où un âge<br />

avancé est souvent bon signe, c’est bien la politique. Mais<br />

ces derniers temps, de jeunes politiciens surfent habilement<br />

sur la vague du changement et de la nouveauté pour réussir<br />

à se hisser au sommet de leur hiérarchie. Voici notre top cinq, consacré à ces politiciens<br />

d’âge avancé que nous, les jeunes, avons souvent du mal à comprendre.<br />

5 e : Chef de Vision Montréal, Madame Harel n'aurait jamais pensé devoir utiliser son fameux balai<br />

pour faire le ménage dans son propre camp. Cette histoire de corruption avec Benoît Labonté lui a sans<br />

doute fait perdre les élections municipales mais au-delà de cela, elle aurait dû comprendre que les<br />

balais sont désuets pour convaincre les électeurs à notre époque. Madame Harel, à l’époque de l’iPad<br />

et du GPS, l’aspirateur est plus efficace, surtout à la Ville de Montréal.<br />

4 e : Michaëlle Jean, baby-boomer de 1957, actuellement gouverneur général du Canada. Originaire<br />

d’Haïti, elle n’a pu retenir ses larmes devant le désastre laissé par le tremblement de terre du 12 janvier.<br />

Certains médias l’ont blâmée pour ce geste qu’ils considèrent comme déplacé vu ses hautes fonctions.<br />

Être la représente de la Reine d’Angleterre au Canada ne veut pas dire que l’on doit pour autant en<br />

perdre son humanité. Devant cette tragédie, on ne peut que respecter l’attitude de Madame Jean.<br />

3 e : Les baby-boomers furent parmi les premières générations à rejeter en bloc les ordres préétablis.<br />

Mai 68 c’était eux; la génération peace and love c’était encore eux. Mais avec l’âge, ils se sont souvent<br />

assagis. Hugo Chavez, président du Venezuela, semble toutefois avoir évité l'étape de l'assagissement.<br />

Réputé pour sa virulence à critiquer la mainmise des États-Unis sur l’Amérique latine, il s’est encore<br />

illustré dernièrement en affirmant que si l’on ne faisait rien, l’intervention humanitaire américaine en<br />

Haïti se transformerait en entreprise de colonisation.<br />

2 e : Il Cavaliere, de son vrai nom Silvio Berlusconi,<br />

accumule les années et les gaffes politiques. Cette<br />

2 e place lui a été attribuée pour souligner sa bêtise et son<br />

comportement qui frisent souvent la comédie. Malgré des<br />

résultats décevants, sa cote de popularité reste bonne en<br />

Italie. Dernier scandale à son actif, le 27 janvier, il signe<br />

un décret restreignant les libertés des sites internet<br />

télévisuels en Italie. Il a aussi été soupçonné en 2009<br />

d’entretenir une relation avec une jeune lolita à peine<br />

majeure. Qu’attendent les Italiens pour que cette farce<br />

politique s’arrête ?<br />

1 er : Né bien avant le baby-boom, ex-personnalité<br />

politique, Nelson Mandela à 91 ans mérite bien sa<br />

1 re place dans notre classement. Cet ancien prix Nobel de<br />

la paix de 1993 est reconnu pour avoir lutté toute sa vie<br />

pour l’atteinte de l’égalité raciale dans son pays. Après<br />

avoir passé 27 ans en prison, il devint le premier président<br />

noir de l’Afrique du sud en 1994. Hollywood, avec invictus,<br />

vient de lui consacrer un film retraçant une partie de sa<br />

vie et de son combat pour unifier une Afrique du Sud postapartheid<br />

déchirée par les inégalités.<br />

Au moment où nous entrons sur le marché du travail, les baby-boomers et les politiciens en général<br />

sont en train de nous léguer leur vision du monde. Dans certaines circonstances, par leurs actes, ils ont<br />

amélioré notre sort. Mais, dans d’autres, il n’appartient qu’à nous de faire de notre monde un endroit<br />

encore meilleur.<br />

Baptiste Geoffroy<br />

baptiste.geoffroy@journalinteret.com<br />

politique//<br />

Le tabac,<br />

c’est tabou...<br />

Et si on vous empêchait<br />

de manger du sucre ?<br />

On cache les paquets de cigarettes dans les<br />

tabagies, on y imprime des poumons cancéreux, les<br />

lieux publics sont non-fumeurs : réponses évidentes<br />

à un problème de santé publique. Proposition de lois<br />

pour interdire de fumer sur une terrasse, tentative<br />

d’instauration de classification cinématographique, plainte pour bruit sur les voies<br />

publiques : une chasse aux sorcières contre les fumeurs.<br />

En une cinquantaine d’années, la cigarette est devenue un ennemi de la société alors qu’elle en<br />

avait été jadis la reine. Nos parents ont connu les vols fumeurs, les plateaux de télévision fumeurs,<br />

les universités fumeuses… Même les hôpitaux ! Loin de moi l’idée de brandir mon poing et mes<br />

pancartes pour que tout ceci revienne.<br />

Nous avons vécu l’interdiction du tabac dans les discothèques et les<br />

bars, l’instauration des neuf mètres autour des bâtiments publics,<br />

et toutes ces mesures sont des plus agréables : plus de vêtements<br />

aux odeurs infects de tabac froid en rentrant aux petites heures<br />

du matin, plus de bouffée inopinée en s'assoyant pour une bière<br />

à un 5 à 7 ! Je ne connais pas de fumeurs (de notre génération)<br />

qui ne reconnaissent pas les bienfaits de ces mesures. Mais ces<br />

derniers temps, on va trop loin !<br />

Puisque Avatar est disséqué de tous côtés, il n’a pas fallu longtemps<br />

pour que les groupes anti-tabac, et plus spécifiquement le site<br />

http://www.smokefreemovies.ucsf.edu/index.html, se déchainent sur<br />

James Cameron et le personnage de Sigourney Weaver, qui fume beaucoup dans le film. On peut<br />

ajouter à cela les affiches de films qui font scandale quand on y voit une cigarette, même lorsqu’il<br />

s’agit de personnages charismatiques et historiques comme Coco Chanel ou Sherlock Holmes; ou les<br />

films retouchés pour effacer les cigarettes des mains des acteurs, modèles et autres.<br />

Qu’ils sont loin les John Wayne ou les Clint Eastwood qui fumaient clope sur clope, allumant la<br />

nouvelle avec la précédente, tout en sauvant la veuve et l’orphelin. Le site assure, statistiques à<br />

l’appui, que l’exposition à des films dans lesquels le tabac apparait « embrigade » l’adolescent, et qu’il<br />

s’agit ni plus ni moins d’une entente entre Hollywood et l’industrie tabatière puisqu’un seul converti<br />

rapporterait 10 millions de dollars. Je vous invite à fouiller dans le site… Je vous laisserai seul juge<br />

des aberrations qu’on peut faire dire à des chiffres.<br />

Je suis bien sur d’accord avec la disparition progressive mais certaine des marques de tabac à l’écran.<br />

Le problème du placement de produit est encore entier de nos jours, spécialement dans l’industrie du<br />

cinéma, avec les gros sous qui sont en jeu. Est-il éthique puisqu’on ne peut s’y souscrire ? Il est normal<br />

qu’il y ait un accord sur les produits sensibles comme le tabac. De là à vouloir instaurer une échelle de<br />

classification… Dans cette optique, les armes devraient largement être bannies, tout comme l'alcool<br />

et le junk-food. Je rappelle, à toutes fins utiles, que l’obésité coute plus chère à la société étatsunienne<br />

que la cigarette.<br />

La mode est au film historico-biographique et, qu’on le veuille ou non, la cigarette fait partie de notre<br />

société. On peut ne pas en être fier, on peut vouloir diminuer sa présence, mais on ne peut ni ne doit<br />

l’empêcher à tout prix, ni jeter l’opprobre sur les fumeurs. Une fois n’est pas coutume; citons une autre<br />

tranche de notre société avec laquelle il faut bien vivre : « Pourquoi regardes-tu le brin de paille qui est<br />

dans l'oeil de ton frère, tandis que tu ne remarques pas la poutre qui est dans ton oeil ? »<br />

VOLUME 54, NUMÉRO 09 // 11 Février au 10 mars 2010 // 013


politique//<br />

Simon Guertin-Armstrong<br />

simon.guertin-armstrong@umontreal.ca<br />

Étudiant au baccalauréat bidisciplinaire en philosophie et politique<br />

L'inégalité de revenu a sans cesse augmenté au Canada dans<br />

les 30 dernières années. C'est ce que les données officielles<br />

de Statistique Canada rapportent. Et non seulement<br />

cette inégalité augmente, mais elle apparait également<br />

injustifiable parce que l'on peut montrer qu'une bonne partie<br />

de notre revenu n'est pas mérité.<br />

C'est en conséquence des réformes fiscales menées par les<br />

gouvernements fédéral et provinciaux que cette inégalité augmente.<br />

Entre autres, la diminution du taux d'imposition marginal des<br />

palliers de revenu supérieur, les baisses de taxes et l'allègement<br />

du « fardeau » fiscal des entreprises ont réduit la progressivité des<br />

politiques fiscales. Ce qui est étrange, c'est que cette inégalité<br />

de revenu croissante soit acceptée par la majeure partie de la<br />

population. Comme si l'inégalité allait de soi.<br />

Une étude récente de Hugh Mackenzie, chercheur au Centre canadien<br />

de politiques alternatives, démontre l'ampleur de l'inégalité au<br />

Canada. Mackenzie compare le revenu annuel moyen des 100 PDG<br />

les mieux payés du Canada [7 300 884 $] au revenu annuel moyen<br />

gagné au salaire minimum moyen au Canada [18 833 $]. Le rapport<br />

est de 388:1, de telle sorte qu'en moins d'une journée de travail, un<br />

Justice sociale et revenu de marché au Canada<br />

Des inégalités injustifiables :<br />

l'illusion du mérite<br />

PDG gagne en moyenne ce qu'une personne travaillant au salaire<br />

minimum prend un an à engranger.<br />

Habituellement, on justifie les inégalités avec la notion de mérite.<br />

Untel mérite davantage parce qu'il travaille mieux ou plus. Le concept<br />

de productivité marginale de la théorie économique néoclassique<br />

justifie ainsi les différences de salaire : le salaire doit être égal<br />

à la productivité marginale, qui augmente généralement avec<br />

l'expérience et la formation. Pourtant, l'on peut démontrer à l'aide<br />

de modèles statistiques que la variation des revenus n'est expliquée<br />

qu'à 30% par les variables objectives d'âge, de scolarité et de sexe<br />

(l'âge témoigne de l'expérience et la scolarité de la formation). Estce<br />

à dire que 70% de l'inégalité de revenu est aléatoire ?<br />

Il existe une théorie alternative qui conçoit le salaire comme<br />

convention entre le travailleur et l'employeur. La convention est<br />

nécessaire parce qu'il y a une double incertitude : d'une part, le<br />

rendement du travailleur est inconnu lors de son embauche; d'autre<br />

part, la demande sectorielle à laquelle répond l'entreprise est<br />

variable et conjoncturelle et ainsi l'employeur ne sait pas s'il aura<br />

suffisamment de travail pour ses employés. Cette conception du<br />

salaire comme convention explique que la distribution des revenus<br />

n'est pas entièrement déterminée par des variables qui caractérisent<br />

les travailleurs. Si le revenu n'est pas complètement aléatoire, on ne<br />

peut pas non plus dire qu'il est « mérité » par le travailleur.<br />

Le revenu de marché doit donc être compris comme le résultat de<br />

multiples hasards. Par exemple, la coexistence d'un talent particulier<br />

et d'une forte demande pour celui-ci crée une rareté et génère un<br />

revenu élevé. Ou encore : l'embauche dans une entreprise qui détient<br />

un grand pouvoir de marché permet d'obtenir un salaire plus élevé à<br />

formation égale, à expérience égale et pour le même travail accompli<br />

que dans une entreprise oeuvrant dans un marché plus compétitif.<br />

Au niveau conceptuel, le mérite est le fruit de l'effort et du talent.<br />

Mais les raisons pour lesquelles les individus sont talentueux et<br />

capables d'effort soutenu demeurent en bonne partie hors de leur<br />

volonté. Pour s'en convaincre, il suffit de constater comment l'origine<br />

socioéconomique détermine le parcours des enfants dans le système<br />

d'éducation : plus les enfants sont issus de familles dont le revenu est<br />

bas, moins ils ont de chances de décrocher un diplôme universitaire.<br />

Comment donc imputer une responsabilité, sinon partielle et<br />

inconcluante, aux individus pour leurs talents et aptitudes à l'effort ?<br />

014 // 11 Février au 10 mars 2010 // VOLUME 54, NUMÉRO 09


Maude Fréchette<br />

maude.frechette@hec.ca<br />

politique//<br />

Le loup marin : mignon tueur<br />

Retour sur un sujet chaud de l’hiver 2009,<br />

qui ne semble plus être à la cote<br />

Les amis des bêtes font des progrès. En effet, dans la classe intellectuelle, la mode est au<br />

végétarisme et au synthétique. Ainsi, on veille à préserver, pour les générations futures,<br />

toutes les plus jolies bêtes… Mais pas les moches. Le poisson, ce n’est pas important. Un<br />

phoque c’est si mignon ! C’est ce que semblent dire certains animalistes.<br />

Les barbares canadiens<br />

En 1969 apparaissent les premières images de chasse aux bébés<br />

phoques en France. Par la suite, Brigitte Bardot rejoint Brian Davis, de<br />

l'association IFAW, et déclenche une vaste campagne internationale<br />

pour dénoncer « l'horrible massacre des bébés phoques canadiens ».<br />

Les Inuits et les Madelinots<br />

récupéraient depuis toujours<br />

la peau, la chair et l'huile<br />

des bêtes après les avoir<br />

tuées pour leurs besoins.<br />

Cependant, à partir de<br />

1950, avec l'engouement de<br />

l'industrie européenne de la<br />

mode pour la peau blanche<br />

des bébés, les méthodes de<br />

chasse se sont transformées;<br />

les barques ont fait place<br />

à des chalutiers européens<br />

aux méthodes douteuses. En<br />

1987, le Canada commence<br />

à remédier à la situation<br />

et adopte le règlement sur<br />

les mammifères marins<br />

interdisant notamment la<br />

chasse aux blanchons et encadrant davantage les pratiques de<br />

chasse pour les rendre plus humaines.<br />

Aujourd’hui, des agents des pêches ont recours à divers moyens<br />

pour surveiller les chasseurs et les activités de chasse au phoque<br />

pour obtenir un programme d'application des règlements équilibrés.<br />

De l’activisme activiste<br />

Malgré ces changements, les chasseurs de phoques sont toujours<br />

traités de barbares par les défenseurs des droits des animaux, car<br />

ils tuent les phoques avec un gourdin, bien qu’ils appliquent une<br />

technique que nombre d’études appuient comme étant peu souffrante<br />

et rapide. Les animalistes ont changé d’objectif et ne demandent plus<br />

une chasse humaine, mais tout simplement l’abolition de la chasse.<br />

Pour ce faire, ils ne se gênent pas pour donner des informations<br />

biaisées et erronées sur leurs divers sites internet.<br />

Grâce à leur acharnement, ces extrémistes animalistes ont<br />

récemment obtenu de l’Union européenne qu’elle se prononce en<br />

faveur de l’interdiction des importations des produits dérivés de la<br />

chasse aux phoques. En conséquence, les marchés du monde entier<br />

se ferment aux produits dérivés<br />

du phoque. Le prix des meilleures<br />

peaux a chuté de 62 $ en 2007 à<br />

33 $ en 2008 et à 15 $ en 2009.<br />

Le Canada ne peut maintenant<br />

que se retourner vers l’Asie pour<br />

écouler ses stocks.<br />

La chasse… un bien ?<br />

Je peine à comprendre cet élan<br />

international pour les loups<br />

marins. Comme l’a déjà dit le<br />

directeur régional de Pêches et<br />

Océans Canada, « Tout le monde<br />

trouve normal le même jour qu'on<br />

abatte 19 millions de poulets en<br />

Colombie-Britannique, sans la<br />

moindre goutte de sang pour<br />

illustrer les articles. »<br />

Tout d’abord, la chasse au phoque doit continuer pour des raisons<br />

économiques. Le gouvernement du Canada ne subventionne pas<br />

la chasse au phoque, car c’est une industrie rentable. Elle apporte<br />

une importante contribution au revenu annuel des personnes qui<br />

vivent dans les collectivités côtières rurales, favorisant d'autant le<br />

maintien des liens familiaux et sociaux traditionnels et réduisant<br />

l'émigration vers les grands centres urbains. La perte de perspectives<br />

économiques résultant d'une interdiction aurait des répercussions<br />

importantes sur les habitants de ces petites localités (elle représente<br />

jusqu’à 35% de leurs revenus).<br />

Ensuite, le Canada doit maintenir son droit à la chasse au loup marin,<br />

car c’est une chasse qualifiable d’écologique. Le phoque n’est pas<br />

un animal en voix d’extinction et pas un seul groupe écologiste ne<br />

fait campagne contre la chasse de cet animal à Terre-Neuve ou aux<br />

îles de la Madeleine, pas même Greenpeace, un mouvement qui<br />

affirme ne plus voir de menace écologique pour le troupeau de loups<br />

marins du golfe Saint-Laurent. Selon un rapport gouvernemental,<br />

la population aurait même plus que triplé depuis 1970 et cette<br />

hausse pourrait nuire à la préservation de certaines espèces en voix<br />

d’extinction comme la morue.<br />

En conclusion, il faut être réaliste. Dans la nature, les phoques n’ont<br />

plus de prédateurs et il est rentable d’exploiter cette ressource. De<br />

la souffrance, il y en aura toujours et il est plus éthique de chasser<br />

un phoque que d’exploiter des mégaporcheries. Nous avons la<br />

responsabilité morale, une fois que nous sommes intervenus<br />

dans un écosystème tel que celui de cet animal, de faire en sorte<br />

que l'écosystème survive. Dans ce cas précis, la sauvegarde de<br />

plusieurs espèces de poissons qui ont été mis en danger par la faute<br />

de l’homme passe par un contrôle du cheptel proportionnel aux<br />

ressources disponibles.<br />

VOLUME 54, NUMÉRO 09 // 11 Février au 10 mars 2010 // 015


Vie étudiante//<br />

Cyprien Grau<br />

cyprien.grau@hec.ca<br />

En quoi cela consiste-t-il ?<br />

Il s'agit d'assurances collectives de soins<br />

de santé qui couvriront la vision, le voyage<br />

et les soins dentaires. L'inscription à<br />

ce régime deviendra automatique pour<br />

tous les étudiants de HEC, quel que<br />

soit leur programme. En effet, toutes<br />

les associations d'étudiants de l'école,<br />

des certificats au MBA, se sont déjà<br />

prononcées en faveur de l'adoption de ce<br />

régime. On n'attendait plus que les étudiants<br />

du BAA représentés par l'AEHEC pour que<br />

l'administration de HEC se voit officiellement<br />

proposer le projet.<br />

Les frais seront d'environ 200$ par an, répartis sur les trimestres<br />

d'automne et d'hiver. Il y aura bien évidemment la possibilité de se<br />

désinscrire de façon permanente ou annuelle pour les étudiants non<br />

intéressés. Pour plus d'informations sur les assurances collectives,<br />

lire l'article de Emna Braham sur ce sujet dans la dernière parution<br />

de <strong>L'Intérêt</strong>.<br />

Rôle de l'ASÉQ et fonctionnement<br />

de l'assurance<br />

L'ASÉQ (Alliance pour la Santé Étudiante au Québec) est le courtier<br />

en assurances collectives pour les étudiants universitaires qui nous<br />

a proposé ce régime, fondé sur un choix « à la carte » en fonction<br />

des besoins de chaque étudiant. Ainsi, il sera possible de souscrire<br />

à l'intégralité de l'assurance ou seulement choisir un des régimes<br />

proposés (dentaire, santé ou voyage), qui couvriront toute l'année,<br />

quelle que soit la configuration choisie.<br />

Selon l'ASÉQ, les couts seront nuls pour l'administration de HEC et<br />

pour les associations étudiantes. En outre, l'ASÉQ étant en liaison<br />

avec un grand nombre de professionnels de la santé, il sera possible<br />

aux adhérents d'obtenir des rabais sur les frais dentaires (20 à 30%<br />

offerts chez certains dentistes) ou de vision (150$ de rabais offert par<br />

Lasik MD; 15% de rabais chez Greiche & Scaff). L'assurance pour les<br />

voyages est encore plus avantageuse : ainsi, on pourra obtenir une<br />

couverture de 120 jours et jusqu’à 5 000 000 $ par accident lors d'un<br />

voyage, d'un stage ou d'un échange à l'étranger.<br />

Responsabilité de l'AEHEC<br />

L'association étudiante du BAA aura pour rôle de trouver quel<br />

courtier en assurance peut assurer les tarifs les moins chers, et<br />

dans le cas où l'ASÉQ se révélerait moins attrayante, il sera de<br />

Assemblée générale de l'AEHEC<br />

Assurances collectives :<br />

ce qui va changer pour vous<br />

Mercredi 3 février, l'AEHEC tenait son assemblée générale de la<br />

session. Le point fort de cette AG a été l'adoption à l'unanimité de<br />

l'accord sur la future adoption d'un régime d'assurances collectives.<br />

leur responsabilité de négocier le régime<br />

avec l’ASÉQ, de choisir les plans les<br />

plus intéressants pour les étudiants et<br />

finalement de choisir l’assureur. Bref,<br />

l'AEHEC devra représenter le mieux les<br />

étudiants du BAA dans la négociation du<br />

régime d’assurance collectif et veiller à<br />

leurs intérêts.<br />

Il ne faut pas considérer qu'avec ce régime<br />

nous serons une exception à HEC, bien au<br />

contraire : beaucoup d'écoles au Québec ont<br />

déjà souscrit à l'ASÉQ (parmi lesquelles l'Université<br />

de Montréal, Polytechnique, ou encore l'UQAM).<br />

Autres sujets abordés<br />

lors de l'AG<br />

4à7<br />

Afin d'augmenter les capacités du Salon L'Oréal, des travaux ont été<br />

commandés par l'École, notamment le changement des portes de<br />

sortie, l'installation de panneaux indiquant les portes de sortie et la<br />

réévaluation de la capacité de la salle. Cependant, ces travaux sont<br />

conditionnels à l'adoption du budget par l'École… Rien n'est donc<br />

encore bien planifié. Nous savons cependant que les aménagements<br />

sont prévus pour l'été. Malgré tout, il y aura désormais toujours la<br />

queue à l'entrée du Salon; en effet, il est dans la nouvelle législation<br />

de l'École de « carter » et d'estamper tous les étudiants désirant<br />

boire quelques bières, histoire de vérifier si des cégépiens de<br />

Brébeuf ne se cacheraient pas parmi eux. Par ces mesures, l'École<br />

entend garder un certain contrôle sur le 4à7; il y aura donc toujours<br />

une limite de personnes, bien que cette limite soit revue à la hausse<br />

dans les mois à venir.<br />

Écrans et babillards électroniques<br />

Le statu quo demeure de mise sur ce sujet entre l'École et l'AEHEC,<br />

qui refuse toujours de participer au paiement des babillards<br />

électroniques. Cependant, sachant que c'est un droit pour les<br />

étudiants d'afficher les informations relatives aux associations<br />

ailleurs qu'au niveau des casiers, HEC a décidé d'adopter la politique<br />

du cas par cas. Les associations désireuses de faire paraitre un<br />

communiqué devront contacter Sylvie Brisson aux Communications<br />

pour faire leur demande. Certaines associations passeront en priorité,<br />

de même qu'un droit de regard sera exercé sur les messages. Il<br />

faudra prévoir un délai d'environ 48 h pour permettre au Service des<br />

communications d'insérer l'annonce dans la bande visuelle diffusée<br />

sur les écrans.<br />

Emna Braham<br />

emna.braham@hec.ca<br />

Afinida : une<br />

nouvelle forme<br />

de volontariat<br />

Qu’est ce que c’est ?<br />

Afinida est un organisme à but non lucratif qui a pour<br />

objectif d’envoyer des étudiants ayant des connaissances<br />

en administration des affaires dans des micro-entreprises ou<br />

coopératives de pays en voie de développement. Ils peuvent<br />

ainsi aider les gestionnaires de ces organisations à développer<br />

leurs projets.<br />

Quels en sont les bénéfices ?<br />

Pour les micro-entreprises, gagner une expertise en<br />

administration des affaires qui leur permettra une meilleure<br />

gestion de leurs projets. Pour les étudiants, acquérir une<br />

expérience pratique de gestion en plus de vivre une aventure<br />

humaine. L’expérience Afinida permet également d’obtenir une<br />

composante internationale de plus en plus demandée par les<br />

écoles et les employeurs.<br />

Mais qui est derrière Afinida ?<br />

Afinida a été fondée par deux étudiants en baccalauréat à HEC,<br />

Yannick Sanchez et Stephen Michetti, auxquels est venu s’ajouter<br />

un étudiant français, Mathieu Castaings. Passionnés de voyages<br />

et conscients des problématiques de développement durable, les<br />

deux fondateurs ont effectué leur première mission à l’été 2008.<br />

Le projet Amazonie 2008 avait pour objectif le démarrage d’un<br />

projet éco-touristique dans une communauté Quechua.<br />

Où en est le projet aujourd’hui ?<br />

Après le succès du projet Amazonie, l’équipe a prospecté<br />

d’autres micro-entreprises en Amérique centrale et a créé des<br />

partenariats avec cinq d’entre elles au Mexique. Au début de<br />

l’année, les trois étudiants ont débuté le profil Entrepreneur au<br />

BAA et, dans ce cadre, ont effectué les analyses sectorielles et<br />

stratégiques d’Afinida.<br />

Et après ?<br />

Cet été, Afinida enverra 10 étudiants d’écoles de gestion<br />

montréalaises dans les cinq micro-entreprises mexicaines<br />

partenaires. Ils suivront, au mois de mai, une formation qui leur<br />

permettra de comprendre les besoins des micro-entreprises sur<br />

le terrain et d’y répondre le mieux possible.<br />

Si vous avez envie de participer à l’aventure Afinida cet été,<br />

visitez leur site Internet et inscrivez-vous pour une des missions<br />

au Mexique. Départ : juin 2010.<br />

www.afinida.com<br />

016 // 11 Février au 10 mars 2010 // VOLUME 54, NUMÉRO 09


Cyprien Grau &<br />

Camille Nantois<br />

cyprien.grau@hec.ca<br />

camille.nantois@hec.ca<br />

Entrevue du<br />

Réseau HEC avec<br />

Kent<br />

Nagano<br />

Kent Nagano<br />

et l'OSM<br />

Le 27 janvier dernier, les membres<br />

du Réseau HEC avait rendez-vous<br />

avec un leader assez atypique,<br />

mais excellent dans son domaine :<br />

Kent Nagano, le chef de l'Orchestre Symphonique de Montréal.<br />

Depuis la saison 2006-2007, c'est sous sa baguette d'exception<br />

que répète l'OSM, qui a acquis avec Nagano un chef à son image :<br />

international, talentueux et ambitieux. L'OSM est l'un des meilleurs<br />

orchestres symphoniques du Canada et envisage de devenir une<br />

référence en Amérique du Nord dans les années futures.<br />

Malgré les grands progrès de l'OSM, Kent Nagano reste un chef<br />

d'orchestre aux pieds sur terre. Il est avant tout un homme humble et<br />

ouvert qui n'a pas hésité à nous accorder une entrevue d'une demiheure,<br />

alors qu'il arrivait quelques heures plus tôt de Berlin où il avait<br />

dirigé une répétition, qu'il avait enchainée avec une répétition de<br />

trois heures avec l'OSM. Lorsqu'on lui demande s'il est fatigué, il<br />

nous répond avec un sourire que la fatigue ne nait en lui que lorsqu'il<br />

manque d'inspiration et de concentration, qu'il devient ennuyant.<br />

L'art du management selon Nagano<br />

C'est alors qu'a débuté une véritable leçon de management par<br />

celui qui se définit plus comme un « conductor » que comme un chef<br />

Vie étudiante//<br />

d'orchestre : quelqu'un qui occupe un poste de décision ne doit pas<br />

se percevoir comme un chef mais plutôt comme quelqu'un qui montre<br />

le chemin, qui propose à ses subordonnés de le suivre. De la même<br />

manière que ce n'est pas le chef d'orchestre qui produit la musique,<br />

mais bien l'orchestre; un gestionnaire n'est qu'au service de ceux<br />

qu'il dirige. Tout dirigeant qui se respecte doit faire entrer son âme<br />

et son cœur dans ce qu'il fait, et non pas seulement s'appuyer sur<br />

ses compétences techniques. Ce qui fait le succès d'une œuvre, ce<br />

n'est pas la performance technique des exécutants, mais le surplus<br />

humain qu'ils y ont apporté.<br />

Lorsqu'une personne de talent arrive dans un groupe, il y a un<br />

fort risque que, pensant être invisible parmi les autres, elle perde<br />

sa motivation. C'est alors le rôle du gestionnaire de reconnaitre<br />

ce talent, de le mettre en valeur, de façon à ce que chacun puisse<br />

exprimer pleinement sa créativité. Le gestionnaire doit donner<br />

à ses subordonnés la liberté d'être courageux et ainsi favoriser<br />

l'innovation. Car, seul, un chef d'orchestre ne peut réaliser l'idée<br />

qu'il a d'une œuvre. Il faut développer une ambiance de travail pleine<br />

de challenge et continuellement se poser les mêmes questions :<br />

qu'allons-nous développer ensemble ? Comment engager dans un<br />

projet commun l'imagination de chacun ?<br />

Il nous a semblé en apprendre plus sur le management en une demiheure<br />

à écouter Kent Nagano qu'en un semestre de management<br />

à HEC…<br />

Le nouveau Decelles,<br />

revu et amélioré<br />

Emna Braham<br />

emna.braham@hec.ca Mal éclairé, étroit, triste,<br />

l’édifice de Decelles n’était<br />

pas particulièrement attrayant. Mais depuis le mois<br />

de janvier, le bruit des marteaux piqueurs égaye le<br />

lugubre bâtiment. Mais que se passe-t-il au 5255 Avenue<br />

Decelles ? Tout simplement un vaste plan de rénovation et<br />

de modernisation.<br />

Le 4 janvier dernier, la directrice du developpement du campus,<br />

Loretta Cianci, a présenté aux étudiants les plans de renovation du<br />

campus Decelles. Le projet, en gestation depuis l’année dernière,<br />

s’est concretisé à la rentrée de l’hiver 2010. Afin de ne pas geler les<br />

activités se déroulant normalement sur le campus, les chantiers ont<br />

été divisés. Cette session, c’est au tour du bloc sud (vers l’avenue<br />

Decelles); à la session d’hiver 2011, ce sera le bloc nord (vers le<br />

campus de l’UdeM). Plus qu’un simple lifting, le projet présenté par<br />

Mme Cianci montre un bâtiment transfiguré. Baies vitrées, écrans<br />

géants et œuvres d’art marqueront bientôt le paysage de notre<br />

campus. Le projet s’articule autour de trois thèmes soit la lumière<br />

naturelle, la transparence et la lumière artificielle.<br />

Lumière naturelle. Une large baie vitrée couvrant les 3 e et 4 e étages<br />

marquera la façade nord du bâtiment, éclairant ainsi les couloirs<br />

des deux étages. Aussi, de larges surfaces vitrées seront mises<br />

en place sur la façade opposée ce qui permettera à la lumière de<br />

traverser le bâtiment.<br />

Transparence. Aux 3 e et 4 e étages, de nombreux cubicules complètement<br />

vitrés et insonorisés seront constuits. Cela créera un<br />

espace de travail plus agréable pour les étudiants mais également<br />

des espaces communs plus dynamiques.<br />

Lumière artificielle. De nouveaux matériaux plus lumineux seront<br />

utilisés. Aussi, des marquages de couleurs aux murs et aux<br />

planchers permetteront de distinguer les sections et de mieux se<br />

repérer. Enfin, les œuvres d’art seront mises en valeur.<br />

Les traveaux seront également l’occasion de mettre à niveau les<br />

standards de sécurité et de confort de l’École. Désamiantage de la<br />

section nord, amélioration de l’isolation thermique et mise à jour<br />

du matériel informatique et audiovisuel seront autant de chantiers<br />

ouverts. Plusieurs autres points promettent de faire du bâtiment<br />

Decelles un lieu agréable et fonctionnel : un amphithéatre, une<br />

salle polyvalante pour les compétions universitaires et les débats<br />

oratoirs, des tables dynamiques, un babillard électronique, des<br />

aires de repos et des postes internet.<br />

La beauté du projet pourra donc réconforter ceux qui s'inquiétaient<br />

des inconvénients liés aux travaux, comme le manque de salles et<br />

le bruit. Au fait, sachez que l'École tente de réduire au minimum<br />

ces inconvénients.<br />

VOLUME 54, NUMÉRO 09 // 11 Février au 10 mars 2010 // 017


Droit de réplique//<br />

Droit de réponse<br />

Le voile :<br />

un outil<br />

politique ?<br />

Jean-Luc Deleurence-Paquette<br />

jean-luc.deleurence-paquette@hec.ca<br />

La réponse à cette question est quant à elle<br />

forcément politique. Aucun doute possible làdessus.<br />

Ce qui veut dire qu'il y a une multitude<br />

de points de vue possibles et donc aussi<br />

des divergences d'opinions. Monsieur Ben<br />

M'Rad a présenté le sien dans une publication<br />

précédente. Consciemment ou pas, il a rempli<br />

son texte de raccourcis qui peuvent apparaitre<br />

dangereux pour une nation comme la nôtre.<br />

Le premier ne se fait d'ailleurs pas attendre. Dès l'introduction, il<br />

limite le débat sur la question de la légitimité du voile dans l’espace<br />

public avec la question « est-ce réellement un outil de soumission ? »<br />

Pour répondre à la question, il se base sur son interprétation du<br />

Coran. Ce point est d’ailleurs crucial. Sommes-nous revenus au<br />

19 e siècle pour que l’argument religieux aille de nouveau sa place<br />

dans ce genre d’argumentation ? Cela veut-il dire que l’assemblée<br />

nationale québécoise devrait dorénavant consulter le Coran et la<br />

Bible avant de décider si elle doit oui ou non bannir la burqa ? Il est<br />

certain que ça ne déplairait pas à certains Maghrébins arabistes<br />

qui ont inscrit l’islam jusque dans la constitution de leur pays. De<br />

plus, l’utilisation qui est faite du voile et ce que le livre de l’islam est<br />

supposé dire sont deux choses complètement différentes.<br />

L’argument de la soumission écarté, l’auteur présente le voile<br />

comme un symbole de l’identité et de « l’authenticité » de celles qui<br />

le portent. C’est du moins l’opinion que les principales intéressées<br />

ont, selon lui. Ainsi donc, la religion musulmane serait pour elles la<br />

composante fondamentale de leur identité et elles auraient besoin de<br />

la montrer. Si la religion est si déterminante dans l’identité, pouvonsnous,<br />

dès lors, reconnaitre aussi l’identité catholique ? Si la réponse<br />

à cette question est oui, alors musulmans et catholiques qui ont deux<br />

identités différentes peuvent-il faire partie de la même nation ? Les<br />

Français ont depuis fort longtemps senti le danger que le sectarisme<br />

représente pour la cohésion nationale et ils y ont opposé la laïcité.<br />

En d’autres mots, ils ont voulu reléguer la religion à l’espace privé.<br />

Or, force est de constater que nous assistons au Québec et en<br />

France à une recrudescence des signes religieux ostentatoires dans<br />

l’espace public. Les musulmans n’ont d’ailleurs pas le monopole<br />

de cette pratique. Les juifs semblent leur avoir emboité le pas et<br />

certains portent la kippa. Il est vrai que ce phénomène inquiète<br />

plusieurs d’entre nous. Surtout à l’heure où des extrémistes religieux<br />

ont commis de graves attentats dans la dernière décennie. Alors, il<br />

est normal que nos médias en parlent et informent nos concitoyens.<br />

La burqa qui est le symbole même de cette extrémisme religieux<br />

provoque grands remous en France. À savoir s’il est sain que le<br />

gouvernement français s’interroge sur cette pratique, chacun est<br />

apte à juger.<br />

Quant à son attaque à peine voilée (c’est le cas de le dire) contre<br />

la société française, elle n’est tout simplement pas justifiable, voire<br />

lâche. Selon lui, celle-ci a tort d’avoir interdit le port du voile dans la<br />

fonction publique et à l’école sous prétexte que la loi a provoqué des<br />

tensions communautaires. Sauf que la France a été fondée sur un<br />

modèle assimilateur, ce qui la rend différente des pays anglosaxons.<br />

Par ailleurs, ce pays au centre de l’Europe a une histoire bien plus<br />

ancienne en immigration. En d’autres mots, l’État français essaye de<br />

combattre le communautarisme en ne faisant que la différence entre<br />

Français et étrangers.<br />

Il reproche à la France d’être la France, en quelque sorte. Selon lui,<br />

les Français devraient, je le cite, « ne pas se préoccuper de savoir<br />

si cet habit nuit à la bonne marche du pays » comme au Québec où<br />

« c’est un choix, on le respecte ». Il est certain qu’il est plus facile<br />

pour le gouvernement de ne pas intervenir et il est alors possible<br />

l’État français essaye<br />

de combattre le<br />

communautarisme en ne<br />

faisant que la différence entre<br />

Français et étrangers.<br />

d’avoir à Montréal un « China town », un petit Maghreb, un quartier<br />

italien, etc. Mais on peut se questionner sur la pertinence de ce choix<br />

à long terme alors qu’à Toronto, il est fort probable de tomber sur<br />

quelqu’un qui ne parle pas plus anglais que français. Voulons-nous<br />

vraiment vivre au milieu d’étrangers ?<br />

Notre peuple ne doit pas se laisser influencer par les fanatiques<br />

et les terroristes de ce monde. Ça serait la plus belle des victoires<br />

pour eux. Nous devons prendre nos décisions dans l’optique de la<br />

prospérité de la nation québécoise en notre âme et conscience et<br />

justement à l’abri de toutes influences dogmatiques. La politique est<br />

la solution, pas le problème.<br />

APPEL À TOUS<br />

Vous voulez réagir à cet article ?<br />

redaction.interet@hec.ca<br />

018 // 11 Février au 10 mars 2010 // VOLUME 54, NUMÉRO 09


L’INTÉRÊT SPORTIF//<br />

LES JEUX SERONT FAITS<br />

Ça y est, les yeux du monde entier sont tournés vers l’Ouest canadien pour la présentation des Jeux Olympiques<br />

d’hiver. Vous découvrirez dans les lignes qui suivent que l’avenir du sport amateur canadien se joue à Vancouver.<br />

Jean Raphaël Gosselin<br />

jean-raphael.gosselin@hec.ca<br />

Deux cents Canadiens ont été<br />

officiellement sélectionnés<br />

pour représenter le Canada<br />

à Vancouver, dont 49<br />

Québécois. Cela fait 4 ans<br />

qu’ils n’ont qu’une chose en<br />

tête, faire partie de cette<br />

liste d’athlètes sélectionnés. Pour les autres, meilleure chance<br />

la prochaine fois. Participer aux Jeux Olympiques est un énorme<br />

tremplin financier pour un athlète amateur. Bien sûr, ce n’est pas<br />

la contribution du gouvernement canadien de 20 000 $ qui fait<br />

la différence dans leurs poches, mais plutôt les commandites du<br />

secteur privé qui se multiplient.<br />

Lorsqu’il est question de JO, les commanditaires sont<br />

effectivement au rendez-vous et surtout cette tenue des<br />

compétitions en sol canadien. Ça ne faisait pas deux<br />

semaines qu’il avait obtenu son billet pour Vancouver<br />

qu’Alexandre Bilodeau, jeune skieur acrobatique,<br />

posait déjà sur les rideaux des restaurants<br />

McDonald’s partout en province, un Big Mac<br />

à la main. Bilodeau, qui entamera des études<br />

à HEC après les Jeux, n’aurait jamais eu pareil<br />

contrat sans sa participation à<br />

Vancouver. Via Rail offre des<br />

billets de train gratuits à tous<br />

les membres des familles des<br />

athlètes entre le 25 janvier et<br />

le 6 mars. La banque RBC a<br />

mis sur pied un programme appelé Athlètes<br />

Olympiques RBC qui consiste à embaucher<br />

des sportifs canadiens olympiques et<br />

paralympiques à titre d'ambassadeurs,<br />

qui sont appelés à diffuser le message<br />

olympique d'excellence et de leadership au<br />

sein des collectivités du pays.<br />

À QUI LE PODIUM ?<br />

Outre les commanditaires privés, les gouvernements<br />

font leur part pour venir en aide aux athlètes canadiens.<br />

Le programme À Nous le Podium, lancé en 2005, a pour objectif<br />

de mener le développement des athlètes au Canada pour qu'ils<br />

réalisent les meilleures performances aux Jeux Olympiques.<br />

Mené par le Comité olympique canadien (COC), cet organisme est<br />

supporté par de nombreux commanditaires dont le plus important<br />

est Bell Canada. Pour 2009-2010, le programme a amassé 22<br />

millions de dollars pour les athlètes d’hiver de haut niveau. De cette<br />

somme, 11 millions (50%) proviennent du gouvernement du Canada<br />

et 5 millions ont été généreusement fournis par la province de la<br />

Colombie-Britannique, hôte des Jeux Olympiques. Pour la même<br />

période, le financement pour les athlètes d’été a été de 26 millions,<br />

pour un total de plus de 50 millions.<br />

La création de cet organisme et l’augmentation des fonds dédiés<br />

à la formation des athlètes canadiens ont presque immédiatement<br />

porté leurs fruits. L’an dernier, le Canada a devancé pour la première<br />

fois de l’histoire ses rivaux, l’Allemagne et les États-Unis, au total<br />

des médailles (29) de toutes les compétitions des championnats du<br />

monde de sports d’hiver. Cette part est toutefois minime quand on la<br />

compare à certains concurrents du Canada. Par exemple, les États-<br />

Unis ont un programme de récompenses pour les récipiendaires<br />

de médailles, 25 000$ en bonus pour l’or, 15 000$ pour l’argent et<br />

10 000$ pour le bronze. En Russie, le même programme prend des<br />

mesures bien plus grandes : 100 000$ pour l’or, 60 000$ pour l’argent<br />

et 40 000$ pour le bronze.<br />

Bon nombre d’athlètes présents à Vancouver peuvent compter<br />

sur le support d’organismes sans but lucratif comme<br />

B2ten, qui supporte 24 athlètes, dont 20 seront<br />

aux Jeux. L’organisme qui a été fondé en 2005<br />

par l’entraineur de Jennifer Heil, Dominik<br />

Gauthier, met en lumière le fait que le<br />

secteur privé peut contribuer d’une autre<br />

manière que celle des commandites.<br />

L’une des belles réalisations de B2ten<br />

est l’amendement qui a été porté à la Loi<br />

de l’impôt sur le revenu des fiducies d'un<br />

athlète amateur. Les gens de l’organisme,<br />

appuyés d’athlètes et de comptables, ont<br />

entamé les discussions avec le gouvernement<br />

en 2008. Grace à leurs démarches, « tous les<br />

athlètes amateurs ont aujourd’hui droit aux fiducies<br />

du gouvernement et peuvent mieux se préparer pour<br />

la vie, une fois retraités des compétitions. »<br />

LES OUBLIÉS<br />

Qu’en est-il de ceux qui devront attendre 2014,<br />

ou simplement renoncer à leur rêve ? En termes<br />

de support financier, c’est ici que le bât blesse. En<br />

effet, les 200 athlètes que vous verrez à l’œuvre à<br />

Vancouver ne représentent qu’une minorité d’athlètes<br />

amateurs au pays qui travaillent sans relâche en vue d’une<br />

éventuelle participation olympique. En plus de renoncer à leur<br />

rêve, tous ceux qui ne figurent pas sur la liste doivent renoncer à<br />

toutes les commandites et aux lucratifs contrats de publicité qui<br />

viennent avec une participation aux Jeux. L'une des rares entreprises<br />

à soutenir ces exclus est General Mills. Dale Storey, VP marketing,<br />

chez la compagnie qui distribue entre autres les Cheerios et les Lucky<br />

Charms, affirme que les couts financiers associés à l’entrainement<br />

et aux qualifications sont énormes et que ces couts sont suffisants<br />

pour forcer des champions potentiels à renoncer à leur rêve.<br />

En plus de cela, les quelques chanceux qui seront des hostilités<br />

seront laissés à eux-mêmes, au lendemain de la cérémonie de<br />

clôture. C’est pourquoi le COC a fait une demande au parlement<br />

canadien l’automne dernier pour un financement additionnel de 22<br />

millions afin de soutenir l’ensemble des athlètes amateurs, à chaque<br />

année. Marcel Aubut, nouveau président du comité, attend donc<br />

le jour du dépôt du budget – le 4 mars – avec impatience. Pour le<br />

gouvernement conservateur, ce qui fera pencher la balance en faveur<br />

des athlètes, c’est le retour sur les investissements passés, qui sera<br />

démontré à Vancouver. Ils doivent prouver que les fonds engagés<br />

apportent des résultats. Il n’est donc pas exagéré de dire que l’avenir<br />

du sport amateur canadien se joue à Vancouver. Aux derniers Jeux,<br />

le Canada avait terminé 5e au classement des médailles. Cette fois,<br />

quoi que ce soit d’autre que le sommet du tableau sera un échec.<br />

CLASSEMENT DES MÉTAILLES 2006<br />

JEUX OLYMPIQUES D’HIVER - TURIN 2006<br />

Rang PAYS OR BRONZE ARGENT TOTAL<br />

1 Allemagne 11 12 6 29<br />

2 États-Unis 9 9 7 25<br />

3 Autriche 9 7 7 23<br />

4 Russie 8 6 8 22<br />

5 Canada 7 10 7 24<br />

6 Suède 7 2 5 14<br />

7 Corée du Sud 6 3 2 11<br />

8 Suisse 5 4 5 14<br />

9 Italie 5 0 6 11<br />

10 France 3 2 4 9<br />

CLASSEMENT DES MÉTAILLES 2002<br />

JEUX OLYMPIQUES D’HIVER - SALT LAKE CITY<br />

Rang PAYS OR BRONZE ARGENT TOTAL<br />

1 Norvège 13 5 7 25<br />

2 Allemagne 12 16 8 36<br />

3 États-Unis 10 13 11 34<br />

4 Canada 7 3 7 17<br />

5 Russie 5 4 4 13<br />

6 France 4 5 2 11<br />

7 Italie 4 4 5 13<br />

8 Finlande 4 2 1 7<br />

9 Pays-Bas 3 5 0 8<br />

10 Autriche 3 4 10 17<br />

VOLUME 54, NUMÉRO 09 // 11 Février au 10 mars 2010 // 019

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