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Parution 9 - L'Intérêt

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Affaires//<br />

Récession et stimulus :<br />

comment achever<br />

une économie<br />

Abdelhamid Bioud<br />

abdelhamid.bioud@umontreal.ca<br />

L’économie actuelle est comme un héroïnomane qui veut<br />

aller en désintox (récession), mais puisqu’il trouve l’idée<br />

déplaisante, il préfère s’injecter une autre dose (stimulus)<br />

pour avoir un boom artificiel. Le problème est que la prochaine<br />

fois, il sera encore plus pénible d’aller en désintox et il devra<br />

donc aller de dose en dose jusqu’à se tuer. Les politiciens et<br />

les banques centrales sont en train de tuer notre économie !<br />

En 2001, George W. Bush n’a pas voulu laisser la récession venir<br />

rééquilibrer l’économie américaine et a préféré intervenir. Comment ?<br />

En abaissant les taux d’intérêt à 1% et en injectant 700 milliards de<br />

dollars en stimulus. Résultat ? Création d’une bulle immobilière qui<br />

a « explosé » en 2008 avec tous les dommages collatéraux que l'on<br />

connait. Aujourd’hui, Barack Obama ne veut pas laisser la récession<br />

venir purger les toxines dans le « système » et a décidé lui aussi<br />

d’intervenir. Comment ? Taux d’intérêt à 0% et 2 trillions de dollars<br />

en stimulus. Résultat ? On vous laisse deviner.<br />

Rappel historique<br />

Vous n’avez pas une récession quand les ventes de maisons et<br />

de voitures augmentent. Vous n’avez pas de récession quand<br />

les consommateurs finissent avec plus de dette à la fin de la<br />

récession qu’au début ! Barack Obama est en train de promettre<br />

plus d'intervention du gouvernement. Ce n'est pas sans rappeler<br />

les gestes qu’a posés Franklin Roosevelt et qui, comme nous le<br />

savons tous, ont mené à la Grande Dépression. La différence est<br />

que les États-Unis (et le Canada !) sont en pire forme économique<br />

actuellement que durant les années 1930.<br />

Ces deux pays ne sont plus sur le Gold Standard (l’étalon-or) et sans<br />

la « discipline » que cela procure, il y a les banques centrales (dans ce<br />

cas-ci la FED et la Banque du Canada) qui peuvent créer énormément<br />

d’inflation. Si les gouvernements de ces deux pays continuent sur<br />

cette lancée (de stimulus), il y aura une dépression inflationniste ce<br />

qui est pire que la dépression des années 1930 car, lors de cette<br />

période, les prix de biens de consommations avaient chuté et rendu<br />

le fardeau moins lourd à porter pour les gens qui avaient perdu<br />

leur emploi. Par contre, dans la situation actuelle, la dépression<br />

inflationniste qui s’en vient fera en sorte que les prix des biens de<br />

consommations vont atteindre des niveaux très élevés.<br />

Le stimulus<br />

Le stimulus va uniquement stimuler les secteurs de l’économie qui<br />

sont condamnés à « disparaitre ». C’est comme si vous voulez vous<br />

débarrasser de la force gravitationnelle en ne lançant que des<br />

objets en l’air; c’est tout simplement inutile. De plus, il faut savoir<br />

que pour avoir accès à l’argent du stimulus, les pays endettés<br />

comme le Canada et les États-Unis, en plus d’emprunter de l’argent,<br />

« impriment » de l’argent à travers leur banque centrale et, résultat,<br />

le stimulus provoque seulement l’inflation et fera donc perdre encore<br />

plus le pouvoir d’achat des gens.<br />

« Mais le stimulus crée des emplois ! »<br />

Les données récentes sur l’emploi nous montrent que les emplois<br />

créés récemment sont ceux qui ont bénéficié directement de l’argent<br />

du stimulus. On les retrouve dans les secteurs de la santé, des<br />

services financiers, de l’éducation et de la vente aux détails, en<br />

L’économie actuelle est<br />

comme un héroïnomane<br />

qui veut aller en désintox<br />

(récession), mais puisqu’il<br />

trouve l’idée déplaisante, il<br />

préfère s’injecter une autre<br />

dose (stimulus) pour avoir un<br />

boom artificiel.<br />

gros des emplois de services non productifs. Pendant ce temps,<br />

les emplois manufacturiers continuent de disparaitre à un rythme<br />

alarmant. En sauvant les emplois non productifs et en laissant<br />

disparaitre les emplois productifs, cela fera en sorte qu’une fois<br />

l’argent du stimulus parti, les emplois créés par ce dernier seront les<br />

premiers à « partir ».<br />

UNE QUESTION DE COURAGE<br />

Plus le « party » fiscal du stimulus durera, plus la « punition » sera<br />

grande en bout de ligne. Il faut que nos politiciens aient le courage<br />

de mettre en péril leur réélection pour le bien commun. Comme nous<br />

l’ont dit souvent nos mamans, « le médicament ne goute pas bon<br />

mais il faut quand même l’avaler ! »<br />

Enfin, les seules choses qu’on devrait stimuler sont l’épargne et la<br />

production. Rappelez-vous que la récession actuelle est le résultat de<br />

l’administration Bush qui a voulu éviter la récession en 2002. Imaginezvous<br />

ce qui arrivera cette fois avec l’administration Obama.<br />

04 // 11 Février au 10 mars 2010 // VOLUME 54, NUMÉRO 09

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